La participation québécoise à la 18ème édition du festival “Caméras des Champs” n’est pas passée inaperçue : Pascal Gélinas  y a remporté le Prix du Public pour son nouveau documentaire, “Un pont entre deux mondes”.

Retour sur un événement fertile en chaleureuses rencontres pour ce cinéaste québécois. Et même en retrouvailles avec l’auteur-compositeur-interprète Régis Cunin.

 

 

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Heureux et ému, Pascal Gélinas vient de recevoir le Prix du public : un sabot de Lorraine ! Photo Monique Poukrat

 

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Pascal Gélinas et l’auteur-compositeur-interprète Régis Cunin. Photo Gérard Lesquoy

 

UNE SUITE LOGIQUE AU “PORTEUR D’EAU”

Le chanteur et le cinéaste ne s’étaient pas revus depuis 2008, lors des Déferlantes Francophones créées par Françoise et Maurice Segall à Capbreton.

Pascal Gélinas y avait en effet présenté “Le porteur d’eau” également consacré à Gilles Raymond en Indonésie.

Ce documentaire s’affirme en quelque sorte le premier épisode d’une aventure collective dont “Un pont entre deux mondes” offre une suite pleine de promesses et surtout de réalisations concrètes menées à bien avec les paysans de l’ile de Florès en Indonésie.

 

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Tous les détails du palmarès dans Le Républicain Lorrain

 

UN FESTIVAL DE CINÉMA DANS LE PARC NATUREL RÉGIONAL DE LORRAINE

 

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LES CINÉASTES VENUS PRÉSENTER LEUR FILM LOGEAIENT CHEZ L’HABITANT

Loin du brouhaha des villes, la 18ème édition de “Caméras des Champs” s’est déroulée dans le village de Ville-sur-Yron situé dans le Parc naturel régional de Lorraine, un des partenaires de l’événement. Sandrine Close, Responsable du service Ingénierie culturelle et transfrontalière, est aussi la coordinatrice du festival de cinéma.
 
Assurément des précisions de taille qui en disent long sur l’esprit de ce festival bénéficiant d’une originale signalétique à l’entrée du village.
 
Car dès qu’on approche de cette commune, on plonge dans un univers champêtre à des années-lumière du strass et du stress du festival de Cannes.
 
Ici les budgets sont réduits, et le bénévolat constitue un des conviviaux atouts de cet événement synonyme de lien social, de discussions, de retrouvailles, de repas pris en commun sous un vaste chapiteau.

Quant aux cinéastes venus pour présenter leurs films, ils logeaient chez l’habitant.

 

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Échange avec la coordonnatrice du festival Sandrine Close (Parc naturel régional des Vosges)
 
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 “CAMÉRAS DES CHAMPS” LOIN D’UN REGARD PASSÉISTE SUR LES CAMPAGNES

Ce Festival international du film documentaire sur la ruralité est organisé par la commune et le foyer rural de Ville-sur-Yron, avec le concours du Parc naturel régional de Lorraine et de l’Université de Lorraine.

Il est soutenu par le Conseil Régional de Lorraine, le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Lorraine et la Communauté de Communes du Jarnisy.

Comme l’explique sur le site du festival son directeur Luc Delmas, “depuis 17 ans «Caméras des Champs» permet de montrer les mutations des mondes ruraux. Aussi, loin d’un regard passéiste sur les campagnes, l’objectif du 18ème festival reste le même que celui des précédents :

- susciter un échange sur les évolutions des paysages, sur les pratiques sociales des ruraux et néoruraux, sur l’impact des techniques, sur les villages et les habitats,

- voir comment changent aussi les représentations que chacun peut avoir du monde rural, habitants des villes, artistes, créateurs, décideurs divers et ruraux eux-mêmes”.

 
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15 DOCUMENTAIRES EN COMPÉTITION

Du 19 au 22 mai, le festival a mis en évidence 15 documentaires classés en huit thèmes : Des bêtes et des hommes; Un monde solidaire; C’est la fête, culture en milieu rural; Elles ont choisi la lutte; La vie au grand air; La terre d’où je viens; Maîtriser son territoire; Une autre agriculture demain ?
 
Tous ces films ont été présentés à la salle René Bertin de Ville-sur-Yron avec entrée libre et gratuite. Plusieurs cinéastes avaient effectué le déplacement pour la circonstance et ont échangé avec le public après les projections.
 
Attention, le festival Caméras des Champs ne se limitait pas à la projection de ces 15 documentaires, loin de là.
 
Par ailleurs, plusieurs projections pour scolaires ont eu lieu pour un film hors-compétition, “Les Saisons” réalisé par Jacques Perrin.

Et, chaque soir du festival, les projections de films présentés eux aussi hors-compétition étaient suivis de tables rondes et débats comme “L’avenir des villages en France” ou bien “Quelles solutions pour maîtriser notre avenir ?”

 
Et dimanche 22 mai, en attendant la proclamation du palmarès, des films d’archives de la Cinémathèque du Ministère de l’Agriculture ont été projetés durant les délibérations du jury.
 
Voir tous les détails sur les films en compétition et hors-compétition sur le site du festival.
 
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UN FILM QUÉBÉCOIS DANS LA CATÉGORIE  “UN MONDE SOLIDAIRE”

 Et Pascal Gélinas alors ?
 
 Comme tous les cinéastes participant à cette 18ème édition, Pascal Gélinas a été filmé en vue d’un entretien qui sera prochainement mis en ligne ICI sur le site du festival
 
Un de ses films n’avait pas été retenu lors d’une précédente éditions alors que la candidature avait été envoyée, mais le cinéaste québécois n’a pas pour autant baissé les bras. Il a donc, une nouvelle fois, tenté sa chance avec “Un pont entre deux mondes”.
 
Voir ICI la bande annonce de de documentaire de 52 minutes présenté vendredi 20 mai à 16 heures dans la catégorie “Un monde solidaire”.
 
Ce film est une suite du fameux “Porteur d’eau” réalisé en 2006 par Pascal Gélinas, à compte d’auteur en Indonésie : un documentaire présenté dans une vingtaine de pays et récompensé par cinq prix au Québec, en France, en Tunisie et en Australie.
 
Dix ans plus tard, caméra au poing, Pascal Gélinas est retourné sur les traces de son ami québécois Gilles Raymond installé sur l’ile de Florès depuis 15 ans. D’où un formidable film tourné en Indonésie mais aussi au Québec, notamment lors du passage de Gilles Raymond au micro de Radio-Canada dans l’émission “Médium Large” de Catherine Perrin.
 
S’y glissent aussi divers entretiens de Québécois sensibles aux initiatives de leur compatriote. Ces séquences mettent en évidence la solidarité très concrète suscitée par l’action de longue haleine de Gilles Raymond en Indonésie.
 
Ici pas de grandes considérations abstraites mais des exemples précis de mobilisation de citoyens désireux de soutenir Gilles Raymond, notamment par des prêts d’argent sans intérêt.
 
 
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Gilles Raymond au micro de Catherine Perrin en direct à Radio-Canada. Image du film

 

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GILLES RAYMOND DU MOUVEMENT “OPÉRATION DIGNITÉ”  EN GASPÉSIE AU PROGRAMME “OTONOMI” EN INDONÉSIE

Il est vrai que son destin est assurément hors du commun !

Originaire de Donnacona au Québec, Gilles Raymond s’est impliqué pendant une vingtaine d’années dans le mouvement “Opération Dignité “qui combattait la fermeture des villages en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent.

Il a également été le président fondateur du mouvement pancanadien “Dignité Rurale”. En 2000, il arrive à titre de coopérant en Indonésie, un pays qui renoue avec la démocratie après 32 ans de dictature.

Et Pascal Gélinas de préciser : ” Constatant qu’une bonne partie des sommes versées par l’aide internationale est détournée, il décide de mettre sur pied une autre forme d’aide qu’il a baptisé «programme Otonomi ». Avec l’aide du clergé et du gouvernement local, Gilles travaille à établir une démocratie directe où les résultats dépendent de l’action responsable de la collectivité”.

 

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Une des photos prises durant la projection du film

 

 
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Face au public avec Hervé Roesch réalisateur alsacien de “Chaos” tourné à Haïti

UNE AUTHENTIQUE SOLIDARITÉ ENTRE HABITANTS DE FLORÈS ET  QUÉBECOIS

En remportant le Prix du public et des habitants pour  “Un Pont entre deux mondes”, Pascal Gélinas confirme ce que j’ai entendu et ressenti en découvrant enfin ce film sur grand écran.

Entre plusieurs réflexions relevées autour de moi durant la projection et surtout durant l’échange à bâtons rompus avec le public, une évidence s’impose : ce film retient immédiatement l’attention pour plusieurs raisons.

Gilles Raymond y est montré dans sa vraie vie quotidienne,  car au-delà des fameux projets et des réalisations menées à bien avec les habitants de Florès, le documentaire raconte un destin pas comme les autres. En somme la vraie vie loin des bureaux des ONG, avec une adaptation permanente aux contraintes quotidiennes puisque Gilles Raymond n’a même pas de voiture pour se déplacer !

Mais attention, Gilles Raymond n’est pas décrit comme un super-héros.

Il est à l’origine de l’étincelle qui a mis le feu à une prise de conscience, à des actes concrets. Ici pas de baratin mais une aventure humaine collective vraiment synonyme de solidarité entre Indonésiens, et aussi entre Indonésie et Québec.

Cette solidarité a également été efficace durant la préparation et le tournage du film. Nombre de donateurs ont en effet contribué au financement de ce fameux pont entre deux deux mondes via des chèques envoyés directement au cinéaste !

Sans passer par une plate-forme de collecte de fonds retenant son pourcentage au passage, Pascal Gélinas a réussi un sacré tour de force, en bénéficiant d’un formidable élan populaire ne se réduisant pas à de belles promesses.

 

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Le temps des questions pour Philippe Roesch, Pascal Gélinas et Luc Delmas

 

RÔLE DES ONG, CULTE DES ANCÊTRES ET SOLIDARITÉ ENTRE PAYSANS MUSULMANS ET CATHOLIQUES

A l’issue de la projection, le dialogue spontané entre Pascal Gélinas et l’assistance a notamment mis en évidence nombre de facettes du documentaire.
 
Au gré des questions et des commentaires du public, il a été entre autres été question du  fonctionnement des ONG assurément … très différent de celui de Gilles Raymond et de ses amis indonésiens.

Autre thème du film qui n’est pas passé inaperçu: la fraternelle collaboration entre paysans musulmans et catholiques de  l’île indonésienne de Florès qui sortent ainsi de la pauvreté et transforment leur environnement.

Et dans un autre registre le public du festival “Caméras des Champs” a aussi découvert l’importance du culte des ancêtres. Assurément un repère essentiel à Florès auquel Pascal Gélinas n’est pas demeuré insensible, comme il l’a confié aux spectateurs …
 
… avant de continuer à discuter avec plusieurs personnes venus à sa rencontre dès la fin du débat.
 
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Dès la fin du débat,  plusieurs spectateurs ont continué à dialoguer avec le cinéaste
 
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Image du début du film de Pascal Gélinas …

 

“LA GENÈSE D’UNE FAMILLE PLANÉTAIRE QUE LA DISTANCE N’ATTEINT PAS”

Laissons le mot de la fin au cinéaste québécoise.

Comment définit-il son film ?

“C’est la genèse d’une famille planétaire que la distance n’atteint pas, un récit rythmé par l’âpreté du travail, le sourire des enfants et le lien avec les ancêtres. Une aventure qui ouvre à largeur d’épaules un chemin entre nos deux hémisphères, à une époque où le développement international est trop souvent remis en question”.

Bref, un film à voir, vous l’aurez compris !

Texte ALBERT WEBER

Photos NICOLE GIGUÈRE, GÉRARD LESQUOY, MONIQUE POURKAT ET ALBERT WEBER

UN FESTIVAL FERTILE EN RENCONTRES ET RETROUVAILLES

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Pascal Gélinas et Régis Cunin. Photo Monique Pourkat

 

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Discussion avec des bénévoles du festival ci-dessus et ci-dessous

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Échange avec un des jurés, Christian Barbier, agriculteur à la retraite

 

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Rencontres sous le chapiteau entre deux projections. Photo Monique Pourkat
 
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Un sabot lorrain pour le Prix du public. Photo Monique Pourkat
 
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Un original trophée à ramener au Québec. Photo Nicole Giguère