“ICH BIN DO” D’ISABELLE GRUSSENMEYER : TALENTUEUSE DÉTERMINATION

C’est au Théâtre de la Choucrouterie créé en 1984 par Roger Siffer à Strasbourg qu’Isabelle Grussenmeyer a présenté dimanche 14 mai “Ich bin do” (“Je suis là”) son 4ème album solo.

Retour sur cet événement marqué par une intense prestation de l’auteure-compositrice-interprète accompagnée par quatre efficaces musiciens.

S’en est suivie une séance de dédicace animée par une artiste visiblement très heureuse de présenter son nouvel opus de 38 minutes et 50 secondes réparties en 11 chansons.

 

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Une vraie complicité sur scène et dans la vie aussi

 “PAS DU FOLKLORIQUE MAIS DES MUSIQUES ACTUELLES”

Premier constat : “Le titre  “Ich bin do” veut dire pleines de choses ! C’est aussi pour dire que le dialecte est bien vivant ! Et qu’il existe ! “explique la chanteuse.

Non à la nostalgie, oui à la chanson pleine d’entrain, joyeuse, audacieuse, qui donne envie de chanter, d’avoir du plaisir. Et aussi de se poser des questions De bon sens, voire de tirer une très inquiète sonnette d’alarme sur la non-reconnaissance, l’indifférence, voire le mépris et le rejet suscité par un artiste soucieux de créer dans sa langue natale.

Ainsi pourrait-on résumer en quelques phrases la démarche artistique d’une des rares chanteuses alsaciennes qui continue à défendre sa langue natale sur des accents résolument modernes.

“Des textes avec des notes d’humour, une touche de poésie une invitation à transformer le quotidien en rêve” explique Isabelle Grussenmeyer.

Franchement, c’est toujours difficile de caser ma musique dans un style, un genre musical. “Ich pàss nit guet in e Käschtel nin” ! Mais ça reste toujours des chansons en alsacien pour les grands, …et pour les petits. Et ce n’est pas folklorique, ce sont des musiques actuelles”.

Bien sûr qu’en cette époque de mondialisation effrénée il est vital de continuer à créer, à chanter dans sa langue natale. Mais la langue ne doit surtout pas être l’unique atout d’une démarche artistique. 

Il est essentiel que l’inspiration soit elle aussi au rendez-vous. Pas pour offrir de nouvelles versions de refrains alsaciens qu’on aurait envie de dépoussiérer mais bel et bien dans l’affirmation d’un répertoire enraciné dans des réalités actuelles.

Après Morjerot en 2002 et Hin un her en 2007, voici donc le 3ème album autoproduit d’Isabelle Grussenmeyer. S’y ajoute Sunnebluem (2004) “Sunnebluem” sur des textes de Conrad Winter et musiques de son fils Jean-Philippe.

Avec obstination, Isabelle Grussenmeyer trace sa voie de “Liedermacherin” (“faiseuses de chansons”):  “Je me définis souvent par ce mot, c’est comme Songwriter en anglais, ça résume en un mot : auteur-compositeur-interprète“.

 

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A l’aise sur scène …

 

 ÉVIDENTE AISANCE SCÉNIQUE

Pour bien mettre en valeur son envie et son besoin de parler et de chanter en alsacien, l’artiste s’est entourée à la Choucrouterie de quatre talentueux musiciens : Adrien Geschickt (contrebasse), Jean Bernhardt (batterie, percussions), Kalévi Uibo aux guitares et Thomas Etterlé (claviers, cuillères, kazou). Et aussi au thérémine qui intrigue toujours le public : un des plus anciens instruments de musique électronique.

Créé en 1919 par le Russe Lev Sergueïevitch Termen connu sous le nom de Léon Theremin, il se compose d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, l’instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste.

Histoire de mieux faire comprendre son fonctionnement, la chanteuse cherchera une spectatrice dans la salle pour qu’elle en joue devant le public !

 

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1ère leçon de thérémine pour Huguette, une des spectatrices de la Choucrouterie

 

 SURMONTER LE TRAC ET ÊTRE (TRÈS) HEUREUSE FACE AU PUBLIC

Cette pause dans le spectacle, c’est aussi tout un symbole. Celui d’une artiste bien à l’aise sur scène, évoluant entre ses musiciens, s’avançant dans le public pour chercher un(e) volontaire pour jouer du thérémine.

Une fois surmontées les premières minutes du début de son spectacle entamé dans un certain stress, Isabelle s’en donne à cœur joie, expressive autant dans ses intonations que sa gestuelle : une réelle aisance qui aura eu raison de l’obsédant trac

De quoi lui inspirer une de mes chansons préférées de “Ich bin do” : “De Bühnedatteri” exprime avec humour et réalisme les divers symptômes qui s’emparent d’elle avant d’affronter le public. 

 

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Pris sur le vif, au moment des rappels …

 

“SPINNERLIED” : CLIN D’ŒIL À RENÉ ÉGLÈS

En plus des titres de son nouvel album, elle aura, ici et là, glissé des refrains plus anciens de son répertoire forgé au fil des années. Sa discographie est marquée par trois albums solo pour adultes), plusieurs participations à des compilations sans oublier quatre albums pour enfants en duo avec Jean-Pierre Albrecht et un livre-CD avec Gérard Dalton  (et toujours Jean-Pierre Albrecht, également co-auteur de “Ich bin do”).

Selon son site, il existe neuf albums pour tout public ! Et on peut y ajouter les CD produits par l’OLCA (Office pour la langue et la culture d’Alsace) pour les enfants : une compilation pour les carnets de santé, une autre pour les écoles.

Isabelle Grussenmeyer chante ses compositions et aussi divers auteurs alsaciens tels Conrad Winter, Henri Mertz, Emma Muller. Sans oublier René Egles, Gustave Stoskopf (“Spinnerlied”), Jean-Pierre Albrecht, surtout pour le répertoire enfant …  et aussi Germain Muller, dans le projet “Barabli Hit”, et Roland Engel pour “Gospel Gsang”.

Après un premier rappel, c’est d’ailleurs avec “Spinnerlied” qu’elle termine seule à la guitare son lancement d’album. Assurément un superbe clin d’oeil à ses débuts discographiques …. puisqu’elle a enregistré en 1996 ce poème de Gustave Stosskopf mis en musique par René Egles.

En l’occurrence sa première expérience en studio, pour la compilation “Lieder fer’s Herz” (“Chansons pour le cœur”) produite par l’association  Liederbrunne. Plus d’un artiste de cette compilation a depuis longtemps cessé de chanter, mais pas la femme en rouge, sans doute sa couleur fétiche sur scène. Mais pas elle …

 

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PREMIÈRE SCÈNE A 11 ANS

Il est vrai qu’elle se passionne pour l’alsacien depuis son jeune âge.

D’où cette anecdote bien connue de ceux qui s’intéressent à la carrière d’Isabelle Grussenmeyer. En 1990, elle a 11 ans et apprécie tant un concert de René Eglès à Ingwiller qu’elle va voir l’artiste durant l’entracte en lui lançant : “Tu sais, moi aussi j’aime chanter en alsacien !”.

Imaginez la surprise de René Eglès, une des figures majeures de la chanson alsacien dont il fut un des pionniers dans les années 70. Il la prend au mot et la fait monter sur scène.

Ce seront ses premiers pas suivis peu de temps après par une invitation à chanter au Palais des Congrès de Strasbourg, un lieu dont Isabelle ignore alors tout. Une fois sur place elle se rendra compte de l’importance de cette vaste salle où elle sera applaudie aux côtés de son mentor.

Retenu par un concert prévu de longue date, René Eglès n’aura hélas pas pu être présent à la Choucrouterie le 14 mai. Et c’est bien dommage. En effet, il aurait apprécié l’épanouie personnalité de la chanteuse : une femme aussi déterminée que talentueuse. Finie la jeune fille timide, réservée, qui chantait à l’ombre du célèbre “troubadour alsacien”.

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11 CHANSONS POUR RACONTER LA VIE

Depuis sa plus tendre enfance, elle a toujours aimé chanter ! D’abord des comptines alsaciennes avec son arrière-grand-mère et ensuite diverses chansons au sein d’une chorale.

A 38 ans, maman de deux filles, Isabelle Grussenmeyer est une femme épanouie. Jonglant toujours entre répertoire pour adultes et chansons pour jeune public, elle avance à son rythme. Et de plus en plus à l’affut d’un monde en perpétuelle (r)évolution.

Aucun titre de “Ich bin do” ne ressemble à l’autre, chacun met en évidence un constat, une réalité, une évidence. Du vécu aussi pour l’album débute par des cris de bébé … qui ont également résonné ce jour-là à la Choucrouterie. Avec cette chanson sur les premiers pas d’un enfant, elle se dévoile encore un peu plus sur scène, notamment accompagnée par le thérémine.

Tour à tour enjouée et sérieuse, Isabelle Grussenmeyer passe en revue quantité de tranches de vie et de constats qui s’envolent parfois bien au-delà de son Alsace natale tel “Klimablues” , un blues enraciné dans des préoccupations écologiques.

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ENVIE D’UN DUO AVEC ALDEBERT

Isabelle Grussenmeyer se sent “proche des artistes comme Aldebert. J’aime son style, sa façon d’écrire pour les grands et les petits, ses musiques parfois très dynamiques, parfois plus douces“.

Enregistrer un jour avec lui ? “Bien sûr ! Et pourquoi pas même en alsacien, il aime travailler avec d’autres artistes et même d’autres langues, c’est peut-être un rêve réalisable !”.

Et parmi ses autres repères ? Bien sûr René Egles, et Jean-Pierre Albrecht, dans la famille des Liedermacher” répond-t-elle, précisant aussitôt qu’elle n’est pas du tout fermée à la chanson d’expression française.

Bien au contraire : “Oui, ça m’est déjà arrivé d’écrire des chansons en français, mais peu, entre autres, la chanson “Ensemble nous voyageons autour du monde”, c’est l’adaptation de “Mit’nander han mr de Kehr vun de Walt gemacht” sur l’album “Morjerot”. Une strophe y est “parlée” en français par Jean-Pierre Albrecht”.

 

 

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“NE M’ENFERMEZ SURTOUT PAS DANS UN TIROIR MUSICAL “

Jazz, folk, rock, pop, électro ? Impossible pour la chanteuse de s’enfermer dans un seul univers.

Et c’est en jonglant avec entrain entre divers espaces musicaux en ponctuant ses mélodies de diverses ruptures de rythmes : ““Nous avons souhaité mettre des musiques aux couleurs latines, dynamiques, mais aussi d’autres pour rêver … et pour sourire !

Je ne sais pas trop dire ce que c’est, mais je sais bien ce que ce n’est pas : ce n’est pas de la musique folklorique, ni rap, ni punk, ni hard rock, ni classique, …. . C’est plutôt pop, folk, latin,  voir jazzy et touches d’electro, c’est léger, joyeux, rêveur.. avec des notes d’humour. Des chansons en alsacien avec les couleurs du soleil ! De la musique du monde, version en alsacien ?!”.

Attention, , ne croyez surtout pas que l’album “Ich bin do” soit réservé aux Alsaciens maîtrisant leur langue à la perfection. Certes, il s’adresse aux dialectophones et germanophones mais   – pour selon l’artiste – “il interpelle aussi les jeunes générations et tous ceux qui ne connaissent pas encore la langue et qui sont attirés par les sonorités actuelles de la musique”.

Enregistrement et mixage ont été assurés au studio Dub & Sound par Patrick Wetterer, et en plus des musiciens venus à la Choucrouterie, notons aussi la participation sur cet opus de Julien Grayer (guitares), Jean-René Mourot (accordéon et trompette)  Marion Schmitt (flûte traversière).
 
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 “PERSONNE N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS”

Outre la chanson sur le trac, mention spéciale à deux autres titres de “Ich bin do”.

D’abord “Waje de Litt” (à cause des gens) : elle se glisse dans la peau d’une femme toujours obsédée par ce que pensent les autres et dont la manière de s’habiller et de se comporter sont adoptées en fonction de la pression sociale.

Jusqu’au jour où Trudel fait exploser sa peur et s’affiche avec une liberté qui, évidemment, suscite une avalanche de commérages. Cette chanson devrait faire l’objet d’un clip tant elle reflète la vie de trop de personnes, non ?

Et bien sûr, il y a “Kenner isch Prophet in sim Lànd” : autre chanson qui pourrait donner lieu à un clip tant il est plus que jamais d’actualité dans une Alsace où langue et culture régionale sont plus que jamais en danger. Et où un artiste chantant dans sa langue natale a bien du mal à sortir d’un certain ghetto médiatique.

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Andréas Ottmayer en pleine action : ce seront les seuls images du concert 

 

 UN RÉALISATEUR VENU DE STUTTGART POUR FILMER LE CONCERT

Nul n’est prophète en son pays ?

En regardant Isabelle Grussenmeyer chanter ce titre, une évidence s’est imposée pour moi à la Choucrouterie : ce concert a été filmé par Andréas Ottmayer, réalisateur allemand venu spécialement de Stuttgart !

Hé oui, aucune prise de vue du spectacle n’a été effectuée par un cinéaste d’Alsace ou d’ailleurs en France.

Ce professionnel allemand d’une trentaine d’années se passionne pour l’identité alsacienne. D’où  “Schmierwurst & baguette” (saucisse à tartiner et baguette), son documentaire sur la musique, le dialecte et la culture en Alsace. Soit 50 minutes ponctuées par plusieurs interventions d’artistes entre témoignages et chansons dont Isabelle Grussenmeyer, Jean-Pierre Albrecht, Roger Siffer, Serge Rieger, le groupe Les Hopla Guys, etc.

 

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Jean-Pierre Albrecht et Gérard Dalton

 

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Gérard Dalton face à la caméra d’Andréas Ottmayer après le concert

 

OTTMAYER, ALBRECHT, DALTON, SCHLEEF, LORBER ET LES AUTRES …

“D’après les réservations, la salle devait être complète jusqu’à la dernière place. Mais finalement, plusieurs personnes qui avaient réservé ne sont pas venues, m’explique Isabelle Grussenmeyer en précisant : Oui, heureusement qu’Andreas est venu, lui s’est proposé de filmer, et je suis bien contente qu’il restera une trace !”.
 
 A part Jean-Pierre Albrecht, co-auteur des textes et Gérard Dalton, aucun autre artiste d’Alsace n’était présent à la Choucrouterie pour le lancement de cet album. Ces deux auteurs-compositeurs-interprètes sont des complices de longue date ‘Isabelle Grussenmeyer sur plusieurs albums et spectacles pour enfants.
 
Soulignons aussi l’absence des caméra de “Rund Um”, l’émission alsacienne de France 3 Alsace…  Un reportage avait été convenu mais il y a eu désistement de leur part deux jours avant le concert. D’où l’importance – au risque de me répéter – des prises de vues réalisées par Andréas Ottmayer. Hé oui, nul n’est prophète …
 
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Andréas Ottamyer, Jacques Schleef et Jean-Marie Lorber
 
Le lancement de cet album aura aussi été l’occasion de retrouvailles avec des Alsaciens sensibles à l’identité et l’avenir de leur terre natale.
 
Et surtout qui l’affichent sous diverses formes d’action tels le président du Centre culturel alsacien Jean-Marie Woerhling, également directeur de publication de “Land Sproch”, Les Cahiers du Bilinguisme, et président de Culture et Bilinguisme d’Alsace et de Moselle …
 
Jean-Marie Lorber, créateur de l’association Liederbrunne et candidat du parti Unser Land (Notre Pays) aux législatives aux élections de juin … et Jacques Schleef, créateur du Festival Summerlied et fondateur du Club Perspectives Alsaciennes.  Ce concert lui aura permis de distribuer des exemplaires du journal gratuit de 12 pages réalisé par le CPA.
 
 
 
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Distribution du journal du Club Perspectives Alsace par Jacques Schleef
 

“J’AI PROFITÉ DE CE MOMENT SUR SCÈNE AVEC MES MUSICIENS”

C’est certain, ce concert a été un défi pour la chanteuse et ses proches. Il a fallu préparer tout l’aspect matériel, artistique, mais aussi médiatique… même si peu d’artistes, de médias ainsi que de producteurs (pourtant invités nominativement par TRÜDEL Production) se sont déplacés.
 
J’étais contente, j’ai profité de ce moment sur scène avec tous mes musiciens” confie l’énergique chanteuse en précisant au sujet de TRÜDEL Production : “‘C’est une association qui a à coeur de soutenir les projets artistiques autour de la langue et la culture régionale”.
 
Reste au final une évidence : ce concert aura été synonyme d’authentique réussite.
 
Idem pour l’album soutenu entre aides et subventions à hauteur de 65% par divers partenaires associations : Liederbrunne, et Culture et Bilinguisme, Région Grand Est; OLCA (Office pour la langue et la culture d’Alsace).
 
“Ce sont des soutiens financiers ou bien des aides logistiques (comme la diffusion via le site Liedebrunne). Effectivement, je n’ai pas de maison de disque, Le Liederbrunne est distributeur et un soutien financier et logistique. Pour Culture et Bilinguisme intervient en tant qu’aide logistique administrative”.
 
 
En somme un  CD qui confirme – tout simplement – de l’incontestable et réjouissante vitalité d’une chanson alsacienne qui ne demande qu’à être MIEUX mise en valeur. Et pas seulement en Alsace.
 
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Albert WEBER
  
Écouter des extraits et acheter le CD ? ICI à l’association LIEDERBRUNNE.
Chansons également disponibles en téléchargement sur Itunes, Deezer, Spotify.
 
SITE  D’ISABELLE GRUSSENMEYER ET SA PAGE FACEBOOK
 
Émission d’une demie-heure en alsacien dans “Lieder un Gedichtle unter uns” avec Antoine Jacob sur Fréquence Verte
… et une heure en français dans “Note in Blue” avec François Pinganaud sur France Bleu Alsace
 
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Les photos de la pochette sont signées Paola Guigou

“UNE LIMONADE ?” DU MORAND CAJUN BAND A SAVOURER SANS MODÉRATION !

“Une limonade ? “, c’est le nom du 3ème album du Morand Cajun Band.

51 minutes et trois secondes à savourer sans modération même si ces chansons ne sont pas souvent diffusées sur les ondes et que le groupe fondé en 1994 est plus que jamais invisible sur le petit écran.

Coup de projecteur sur un album anti-morosité qui vous (re)donne ne sourire, et vous donne envie de danser de de chanter. D’être heureux sur des rythmes enracinés dans une attachante Louisiane et offerts par le MCB dans une réjouissante décontraction.

 

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 SURTOUT PAS DE COPIÉ-COLLÉ DE LA MUSIQUE DE LOUISIANE

“Un quatuor qui ne s’embarrasse pas des conventions en ne cherchant pas à faire du copié/collé de la musique de nos cousins de Louisiane, mais en y mettant tout leurs bagages musicaux et leurs sensibilités qu’ils trimballent depuis longtemps”.

Signée Roger Morand, cette présentation en dit long sur l’esprit qui règne sur scène en coulisses dans ce groupe offrant une musique entièrement acoustique puisée dans un large registre d’airs cajun et créole, zydeco,

S’y ajoute un zeste de musique acadienne et country, et une pincée de rock comme en témoigne un titre caché glissé malicieusement dans cet enregistrement : le genre de titre qui vous met d’aplomb dès le matin, pour que vous ayez eu un réveil quelque peut difficile !

Ce nouvel album a largement de quoi ravir “les amateurs de blues que ceux des planchers de danses cajun, zydeco, rock ou country… On y retrouve des two step, jitterbug, côtoyant des one step, line dance, polka, baisse bas et même biguine”.

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“BELLES CHANSONS TANTÔT BRAILLARDES OU MÉLANCOLIQUES”

Pour ceux qui ne sont pas de redoutables spécialistes des rythmes de la Louisiane, normal qu’ils aient un peu de mal à s’y retrouver dans les divers genres musicaux mis en relief au fil des titres.

Mais pas de panique ! La pochette met en valeur chaque titre avec une brève explication mêlant références historiques et repères musicaux, précisions sur le créateur et sur l’impact de la chanson au moment de sa sortie.

Ces précisions sont d’autant plus précieuses qu’elles témoignent de la vaste diversité des sources d’inspiration des quatre compères. Mais soyons francs : on peut très bien se laisser emporter par l’ambiance de l’album sans nécessairement s’accrocher à ces informations.

Car il faut bien affirmer haut et fort une évidence : “Une limonade ?” ne s’adresse pas à l’esprit, à l’intellect, mais au corps. Bref à l’envie et au besoin de s’abandonner à l’ambiance de ces “belles chansons tantôt braillardes ou mélancoliques, tranches de vie, d’amour et de dérision”.

 

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A la une de Trad Magazine, mars-avril 2015

 

CLIN D’ŒIL A CLIFTON CHÉNIER

En somme du “vrai french Cajun blues boogie & Zydeco quoi !” selon Roger Morand, créateur du groupe. Un sacré passionné de musique qui apprend l’accordéon chromatique à l’âge de 6 ans avant de s’intéresser durant son adolescence au mélodéon : deux des instruments qu’il joue au sein du MCB qui a subi plus d’un changement dans sa déjà longue histoire de plus de 20 ans.

Aujourd’hui le groupe comprend aussi Guy Vasseur aux percussions, Patrick Plouchart (violons, chant et choeurs) et Jean-Marie Ferrat (guitares, basses, choeurs) qui a également enregistré et produit l’album aux arrangements signés Roger Morand.

Mention spéciale, au fil des refrains de “La limonade ?” au “Bon temps rouler” créé en 1967 par Clifton Chenier (1925-1987).

D’où une évidente passerelle entre ce 3ème CD et le précédent album du MCB, “Marcher Plancher” : un clin d’œil à ce pionnier de la renaissance d’une certaine Louisiane francophone, influencé à la fois par le blues et le jazz  et inoubliable musicien de zydeco. L’impressionnante discographie de cet inventif pionnier en dit long sur le parcours de ce créateur assurément cher à Roger Morand.

S’il est évident que le Morand Cajun Band célèbre avec talent la Louisiane, notons que le groupe s’est également forgé une belle réputation dans un registre plus folk, notamment avec l’animation de bals avec danses traditionnelles  (mazurka, polka, danses en ligne et en cercle, etc

Albert Weber

Page Facebook du Morand Cajun Band

Agence artistique  Cap Enragé

L’album “Une limonade ?” présenté ICI sur youtube
En vente sur www.albumtrad, portail des musiques traditionnelles et acoustiques
En vente sur www.cdmail, le disquaire de toutes les musiques

 

 

MABLY A L’HEURE QUÉBÉCOISE : BIENVENUE AU FESTIVAL DE PETITE-VALLÉE 2017 ! (3/3)

Avis aux personnes venues à Mably, près de Roanne, pour l’exposition photographique et sonore, le concert de Benoît Paradis Trio ou la causerie sur l’Histoire de la Chanson Québécoise : hé oui, la programmation 2017 est enfin connue.

Place à une éclatante 35e édition qui se déroulera du 29 juin au 8 juillet entre artistes confirmés et talents émergents.

Alors pas d’hésitation ! Rendez-vous dans cet attachant village de Gaspésie comptant 224 habitants en 1996 et 142 aujourd’hui : grâce à son festival, Petite-Vallée a assurément acquis une renommée internationale.

 

 

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ALAN CÔTÉ : “35 ANS DE VAGUES D’ARTISTES VENUS SE POSER SUR LES GALETS DE LA LONGUE-POINTE”

Voici le 3ème et dernier volet de notre dossier sur Petite-Vallée.

Après un 1er article sur l’exposition photographique et sonore signée Jean-Charles Labarre, Nathalie Dion et Alan Côté, et sur la causerie sur la chanson québécoise … et un 2ème consacré au concert de Benoît Paradis Trio, voici un tour d’horizon de ce qui attend les festivaliers en 2017 !

Pour commencer, une citation signée Alan Côté, directeur général et artistique du festival :

“Cette année on célèbre 35 ans de vagues d’artistes qui sont venus se poser sur les galets de la Longue-Pointe. C’est l’année du retour de la vague, du retour à bon port de certains qui en étaient à leurs premières marées lors de leur passage initial à Petite-Vallée. De nouvelles déferlantes d’artistes viendront également brasser les plages de nos villages et à leur tour, marquer l’histoire de notre événement”.

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PROGRAMMATION TRÈS ÉCLECTIQUE EN GASPÉSIE

Fidèle à sa tradition, l’incontournable événement gaspésien propose une programmation éclectique qui viendra célébrer la chanson sous toutes ses formes.

Plus de 30 spectacles seront présentés pour le plus grand plaisir des quelque 15 000 festivaliers attendus.

C’est évident, il y en aura pour tous les goûts ! 

Au programme : Sarah Toussaint-Léveillé / La Petite École de la chanson / Dumas / Vague de cirque / Amylie / Patrick Norman et ses invités / Les Hôtesses d’Hilaire / Les Rencontres qui chantent / Klô Pelgag / Les Soeurs Boulay / Samito / Catherine Major / Patrice Michaud / Vincent Vallières / Fuudge / Dick Annegarn / Hommage à Patrick Norman et aux Soeurs Boulay / Métissages : Quatuor en chaises berçantes / Bon Débarras / Joëlle St-Pierre / Les chansonneurs / Dans l’shed / Les Hay Babies / Louis Jean-Cormier / Matt Holubowski / Ponteix / Laurie Leblanc / Shawn Barker / Clay and friends / Richard Séguin / Éric Lapointe / Marie-Pierre Arthur / Raton Lover … et la liste n’est pas exhaustive …

 

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 PATRICK NORMAND : ARTISTE PASSEUR 2017

L’artiste passeur et les artistes complices seront à l’honneur de quatre soirées.

D’abord, près de 400 jeunes interpréteront le répertoire des artistes porte-paroles le 29 juin lors de la Petite École de la chanson.

Le lendemain, Patrick Norman montera sur la scène du chapiteau pour présenter un concert en compagnie d’artistes invités. Le 1er juillet, Les Sœurs Boulay offriront leur plus récent spectacle. Enfin, elles seront au coeur d’un spectacle hommage, en compagnie de Patrick Norman, le lundi 3 juillet. 

Les chansonneurs qui participeront à la Destination Chanson Fleuve termineront leur périple à Petite-Vallée. Les festivaliers pourront voir ces artistes de la relève à deux reprises, soit le 5 juillet et le 7 juillet en fin de soirée au Théâtre de la Vieille Forge.

Les fêtes du 175e anniversaire de Grande-Vallée présenteront deux concerts lors du Festival en chanson, soit un double plateau à saveur country mettant en vedette l’acadien Laurie Leblanc et Shawn Barker le 7 juillet, ainsi qu’Éric Lapointe le 8 juillet. 

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GRANDE PREMIÈRE : PLACE AUX ARTS DU CIRQUE

A signaler une nouveauté dans la programmation 2017. Les arts du cirque donneront une couleur particulière à la 35e édition du Festival en chanson.

En effet, Vague de cirque présentera son spectacle “Barbecue” à six reprises durant l’événement. La venue de cette compagnie circassienne est le fruit d’une collaboration avec la Municipalité de Grande-Vallée.

Les passeports et billets de spectacle sont en vente le lundi 6 auprès de la billetterie du Festival en chanson (418-393-2222 / 1-844-393-2226) ou via le réseau Admission (www.admission.com). 

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 “DESTINATION CHANSON FLEUVE” AVEC LE FESTIVAL DE TADOUSSAC

Cette année, le Festival de Petite-Vallée sera aussi marquée par une nouvelle étape, à tous les sens du terme.

Place à “La Destination Chanson Fleuve” : l’union des Chemins d’écriture du Festival de la Chanson de Tadoussac et de la sélection officielle des chansonneurs du Festival en chanson de Petite-Vallée.

Dédié aux artistes de la chanson de demain, ce parcours offrira de nombreuses tribunes et un accompagnement artistique et professionnel singulier à cinq auteurs-compositeurs-interprètes du Québec, deux créateurs de chanson de la francophonie canadienne et un chansonneur français qui formeront la première cuvée de ce projet artistique.

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TÉLÉ-QUÉBEC, PARTENAIRE MÉDIA OFFICIEL

Les airs portés par la Destination Chanson Fleuve trouveront une tribune d’exception grâce à Télé-Québec, qui devient le partenaire média officiel de ce parcours artistique unique.

Les auteurs-compositeurs-interprètes qui feront naviguer leurs chansons entre Montréal et Petite-Vallée, en passant par Québec et Tadoussac, bénéficieront de la couverture de sa plateforme numérique, La Fabrique culturelle, tout au long de l’aventure.

Ce nouveau partenariat permettra de mettre en lumière et de documenter le travail des artistes sélectionnés, comme précisé par Sophie Dufort, directrice générale des médias numériques et régions de Télé-Québec : “Nous sommes très enthousiastes à l’idée de nous associer à la première édition la Destination Chanson Fleuve. Dans le cadre de L’Année de notre chanson, Télé-Québec offre une place de choix à la musique francophone d’ici. De plus, notre plateforme numérique La Fabrique culturelle s’engage chaque jour à faire rayonner la culture dans tout le Québec”.

 

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“POUR LE RAYONNEMENT DES ARTISTES DE LA CHANSON DE DEMAIN”

Alors Petite-Vallée et Tadoussac même combat ?

Oui, surtout lorsqu’il s’agit d’unir ses forces en faveurs des talents émergents qui s’affirment du côté des Chemins d’écriture du Festival de la Chanson de Tadoussac ET AUSSI de la sélection officielle des chansonneurs du Festival en chanson de Petite-Vallée.

Laissons le mot de la fin à Charles Breton, directeur général du Festival de la Chanson de Tadoussac : “Télé-Québec, avec La Fabrique culturelle, s’investit dans la culture et dans les régions en devenant partenaire média de la Destination Chanson Fleuve. Il s’agit d’un partenaire de choix pour nos événements et pour le rayonnement des artistes de la chanson de demain”. 

 

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PHOTOS ALBERT WEBER (FESTIVAL 2016)

Source : Marc-Antoine Dufresne, adjoint à la direction artistique et directeur des communications

SITE DU VILLAGE EN CHANSON DE PETITE-VALLÉE

PAGE FACEBOOK DU FESTIVAL DE PETITE-VALLÉE

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224 habitants en 1996, 142 aujourd’hui : grâce à son Village en Chanson, Petite-Vallée a assurément acquis une renommée internationale
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Souvenirs, souvenirs …

 

 

MABLY À L’HEURE QUÉBÉCOISE : QUAND BENOÎT PARADIS TRIO MET DE L’AMBIANCE … (2/3)

Un des 15 panneaux de l’exposition “Re-tour de chant de Petite-Vallée” présentée du 25 février au 11 mars à la Médiathèque Georges Sand de Mably était consacrée à Benoit Paradis Trio.

Après un premier article sur cette exposition photographique et sonore signée Jean-Charles Labarre, Nathalie Dion et Alan Côté, bienvenue dans le monde survolté, à la fois jazzy et drôle de Benoît Paradis et de ses deux complices.

 

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ACROBATE ENTRE CHANSON ET JAZZ

Oui, samedi 11 mars le groupe québécois a assuré la première partie du trio Karpatt, dans le cadre du festival “Chant sur Paroles” organisé à l’Espace Culturel Pierre Hémon.

Pas de doute. Benoît Paradis Trio a mis le feu ce samedi à la salle de Mably, pour le plus grand bonheur des spectateurs qui le voyaient pour la première fois. 

Jonglant avec brio, entre chanson et jazz, le trio ne laissera assurément pas une seconde répit au public visiblement ravi de découvrir ces trois compères plein de bonne humeur, de groove aussi.

 

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FORTE DOSE D’HUMOUR ET PLUSIEURS RAPPELS

Efficacement accompagné par la pianiste Chantal Morin et le contrebassiste Benoit Coulombe, le chanteur- percussionniste – tromboniste -guitariste s’envolera ce soir-là, sans hésitation, dans son univers rythmé et percutant, aux accents québécois faussement désespérés.

Un répertoire offert avec une intense dose d’humour et ponctué par plusieurs rappels d’un public conquis par tant de décontraction et de virtuosité également.

Ce concert organisé dans le cadre du festival “Chant sur Paroles” était la 2ème étape de la tournée internationale d’une dizaine de dates mise sur pied par Klakson Production ainsi que Ülrich Schuwey et sa bande de mordus de rythmes francophones : une initiative “pas mal bien” au service des talents francophones d’Amérique du Nord !

 

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Médiathèque Georges Sand à Mably

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NOUVELLE TOURNÉE EN FRANCE ET EN SUISSE

Hé oui, l’infatigable trio se produit ces temps-ci en Suisse et en France, dans des lieux aux configurations fort variées.

S’y est également glissé un concert à domicile à Beaucourt, près de Belfort, grâce à Sylvie Renaud et Luc Renaud chez qui j’ai apprécié des soirées signées Geneviève Morissette, Jeff Moran accompagné par Thomas Carbou.

Si vous n’avez pas encore vu ce trio en pleine action, un conseil d’ami : ne le manquez pas. Il faut dire que les trois compères sont aussi complices sur scène que dans la vie, comme en témoigne la bonne humeur communicative vécue en gare de Roanne.

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TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

A SUIVRE …

SITE DE BENOIT PARADIS TRIO

MABLY À L’HEURE QUÉBÉCOISE : EFFICACE “RE-TOUR DE CHANT DE PETITE-VALLÉE” (1/3)

Exposition, causerie sur la chanson québécoise, concert de Benoît Paradis Trio : la ville de Mably près de Roanne, vient de vivre à l’heure québécoise. En l’occurrence celle du Village en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie.

Retour sur cette opération en plusieurs étapes, toutes synonymes de découvertes pour tant d’habitants et également de coups de cœur à en juger par le nombre de personnes intéressées par un séjour du côté de Petite-Vallée à l’heure du festival.

 

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Jean-Charles Labarre et Cécile Comby (Photo Guy Plotton)

 

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Intervention de Marc-Antoine Dufresne entouré par Jean-Charles Ladet, maire de Mably, Cécile Comby et  Albert Weber (Photo Guy Plotton)

L’histoire débute en mars 2016 quand Alan Côté, directeur général et artistique du festival, fait escale à Mably.

Le temps d’évoquer en paroles et en musiques l’histoire de cette aventure artistique lancée en 1983, à la médiathèque Georges Sand, puis d’offrir un concert  à l’Espace Culturel Pierre Hémon.

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A l’entrée de l’Espace Culturel Pierre Hémon, un des panneaux consacrés aux concerts met en valeur le passage d’Alan Côté et aussi de Marcie

 

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CÉCILE COMBY : INTENSE IMMERSION AU CŒUR DU FESTIVAL

Et voilà comment Cécile Comby se retrouve fin juin 2016 à Petite-Vallée pour vivre ce fameux festival dont Alan Côté a tant vanté les mérites. L’animatrice culturelle vivra intensément, jour après jour, cet événement unique en son genre au Québec.

Unique ? Oui et pour plusieurs raisons liées entre autres à l’environnement géographique et la diversité de la programmation.

S’y ajoute aussi cette ambiance tout à fait unique qui marque la vie quotidienne du Village en Chanson entre concerts à la Vieille Forge, sous chapiteau et dans le désormais célèbre “shed à Léon”; résidence d’artistes pour talents émergents; émissions quotidiennes de Radio Gaspésie en direct depuis Petite-Vallée, “guitare de course”; matinée des enfants … et la liste est assurément bien loin d’être exhaustive !

 

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Réception à la Médiathèque Georges Sand en l’honneur de l’expo sur Petite-Vallée (Photo Jean-Charles Labarre)

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AVEC LE SOUTIEN DE MUSICACTION

Et plusieurs matins de suite, lors de petits déjeuners partagés tous deux au bord du Saint-Laurent, avec force échanges sur l’histoire de la chanson québécoise et du festival, une idée germe doucement mais sûrement chez Cécile Comby :  et si Mably accueillait une exposition racontant le festival ?

Son départ de Mably pour la MJC de Charrrieu ne va pas mettre en péril le projet. C’est là qu’intervient François Collonge, responsable du Service Culture de Mably.

Encouragé par le maire Jean-Jacques Ladet, il avait envoyé Cécile Comby en mission du côté de Petite-Vallée et pas étonnant donc que l’idée d’une exposition suit donc son bonhomme de chemin. Mieux, elle décroche un soutien de Musicaction, structure créée voici 30 ans pour soutenir le développement de la musique vocale francophone canadienne. 

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TALENTS QUÉBÉCOIS A L’HONNEUR

Résultat ? “Re-tour de chant de Petite-Vallée”, superbe exposition de 15 panneaux, aura été présentée du 25 février au 11 mars à la Médiathèque Georges Sand à Mably.

Cette exposition est à la fois photographique grâce à Jean-Charles Labarre et Nathalie Dion, et également sonore.

Muni d’un casque, le visiteur s’y promène en compagnie du créateur et directeur du festival ayant enregistré un texte de présentation sur chacun des talents mis en valeur : Alan Côté, Koriass, Les Trois Accords, Chloé Sainte-Marie, Dans l’Shed, Tire le Coyotte, Pierre Flynn, Émile Bilodeau, Dumas, Florent Vollant, Yves Lambert et Benoît Paradis Trio.

 

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Juillet 2016 : sortie du dernier Rappel du festival 2016.

 

 LE RAPPEL, UNE AVENTURE QUOTIDIENNE DURANT LE FESTIVAL

“Re-tour de chant de Petite-Vallée” met aussi en valeur des extraits d’article du journal Le Rappel diffusé tous les jours durant le festival : ces compte-rendus de concerts sont rédigés à chaud, après les spectacles.

Le Rappel résulte d’un intense travail d’équipe mené à bien par près d’une dizaine de personnes : Marc-Antoine Dufresne, Albert Weber et Alain Saint-Yves, Danielle Vaillancourt, Jean-Charles Labarre, André Bujold, Nathalie Dion, Emilie Rioux, Marie-Eve Forest, …

 

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Le fameux concert acoustique de Dumas dans la Vieille Forge privée d’électricité …

 

 UNE EXPOSITION À FAIRE CIRCULER ET A ENRICHIR …

Espérons que cette exposition continuera a circuler dans la région, autour de Roanne et bien plus encore.

Car au-delà de quelques grands noms du show-business québécois, bien rares sont les artistes de la Belle Province qui arrivent à sortir de l’ombre et SURTOUT à s’imposer durablement en France.

D’où l’intérêt d’une telle initiative qui pourrait, au gré de la prochaine édition du festival de Petite-Vallée, être enrichie de nouveaux panneaux.

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UNE HEURE AU CŒUR DE LA CHANSON QUÉBÉCOISE

L’incroyable diversité des talents québécois aura été un des axes de la causerie sur la chanson animée durant une heure à la Médiathèque Georges Sand, juste après une présentation des panneaux de l’exposition et du festival de Petite-Vallée, et …

… et avant une réception et un vin d’honneur marqué par les interventions du maire de Mably, Jean-Charles Ladet; de Marc-Antoine Dufresne, adjoint d’Alan Coté et de Cécile Comby à l’origine du projet.

A défaut de pouvoir s’aventurer durant une (petite) heures dans les multiples méandres de la chanson québécoise, place à quelques-unes des ses figures marquantes d’hier et d’aujourd’hui, à l’incroyable diversité des genres musicaux, et à l’évocation de certains événements d’une si passionnante histoire… qui continue de s’écrire aujourd’hui, évidemment !

Cette causerie aura aussi été marquée par l’évocation de “10 talents coup de cœur” avec à chaque fois présentation d’un de leurs albums : Marcie ; Thomas Hellman; Steve Nirmandin; Philippe Garon; Sylvain Lelièvre; Richard Desjardins; Stéphane Côté; Paule-André-Cassidy ; Moran /Catherine Major ; Geneviève Morissette ; Yann Perreau.

C’est évident … On pourrait sans aucune hésitation dresser d’innombrables autres listes de 10 noms tant le Québec est riche de talents !

 

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Geneviève Morissette : une des 250 pochettes d’albums signées Jean-Charles Labarre

 

DE CHARLEBOIS A ERIC JOHN KAISER EN PASSANT PAR PHILIPPE GARON

Parle de chanson c’est bien, en faire écouter c’est encore mieux !

D’où un autre temps fort de cette causerie historique sur la chanson québécoise : la diffusion d’une bonne demie-douzaine de chansons chaque fois située dans leur contexte : “Les ailes d’un ange” (‘Robert Charlebois); “Oh Secourez moi” (Michel Rivard, extrait des “12 hommes rapaillés” de Gilles Bélanger/Gaston Miron) ; “Petit peuple” (Philippe Garon); “Quand j’aime une fois j’aime pour toujours” (Richard Desjardins); “Saint-Pierre et Miquelon” (Pierre Calvé);  “Les sirènes de Petite-Vallée” (Eric John Kaiser).

Et en guise de conclusion “Comme dans un film” (Geneviève Morissette/Oldelaf), histoire de mettre en relief – avec humour – les inévitables différences entre la langue française parlée en France et au Québec.

 

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En compagnie du chanteur Michel Grange et de François Collonge (Photo Guy Plotton)

 

A SUIVRE …

TEXTE ALBERT WEBER

PHOTOS JEAN-CHARLES LABARRE, GUY PLOTTO ET ALBERT WEBER

SITE DU VILLAGE EN CHANSON DE PETITE-VALLÉE

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Une exposition photographique et sonore à faire circuler en France !

 

GEMMA BARRA : ÉLECTRON LIBRE ET PIONNIÈRE MULTI-DISCIPLINAIRE AU QUÉBEC !

“De ses débuts jusqu’à aujourd’hui, Gemma Barra a su allier les activités de diverses disciplines artistiques : comédienne, animatrice à la radio et la télé, scénariste, écrivaine, éditrice… sans oublier une contribution remarquée comme auteure- compositrice et interprète. En un mot, une artiste multidisciplinaire, bien avant que l’expression ne soit entrée dans le vocabulaire”.

Signé Richard Baillargeon, spécialiste de l’Histoire de la chanson québécoise, ce constat met en valeur Gemma Barra, première auteure-compositrice à avoir sa propre émission de radio au Québec en 1956.

Coup de projecteur sur une des pionnières des arts de la scène originaire de Québec, Capitale nationale du Québec. Elle a été honorée mardi 21 février lors de la période des Déclarations de députés à l’Assemblée nationale par Véronyque Tremblay, députée de la circonscription de Chauveau (photo ci-dessus).

 

Rencontre avec

PLUS DE 60 ANS DE CRÉATION ET DE PRODUCTION AU QUÉBEC

Gemma Barra a à son actif plus de six décennies de création et de production dans les disciplines de comédienne, animatrice à la radio et à la télé, scénariste, romancière, éditrice …  sans oublier une contribution remarquée comme auteure- compositrice et interprète.

Promenant ses chansons au pays et à l’étranger, elle présentait déjà une grande polyvalence. De sa première continuité radiophonique, “Mes chansons” (1956), aux scénarios de la série d’animation “Hirsy la fabuleuse” (1991), en passant par son premier roman “Avortement sur rendez-vous” (1972), Gemma Barra a précédé les courants plutôt que de s’y conformer.

Comme le souligne la mention officielle de Véronyque Tremblay, députée de Chauveau “Mme Barra était une artiste multidisciplinaire avant même que l’expression ne soit inventée”. Voir ICI son intervention à l’Assemblée Nationale du Québec.

 

Une artiste s'autoproduit en 1965

1ère AUTEURE-COMPOSITRICE-INTERPRÈTE A AVOIR SA PROPRE ÉMISSION DE RADIO AU QUÉBEC

Dès l’adolescence, l’attrait de la scène l’amène à prendre la route au sein d’une première troupe de théâtre. À l’entracte, on la retrouve devant le rideau, livrant ses premières chansons, un peu comme le faisait Félix.

Entre les tournées, la jeune auteure signe quelques refrains, paroles et musique, sous le pseudonyme de Claude Romance et a le plaisir d’entendre ses chansons interprétées dans le cadre de l’émission “Les chansonniers canadiens” à CKVL.

De retour dans sa ville natale de Québec, elle débute à la station radiophonique CHRC avec l’émission “Mes Chansons” en février 1956, une première pour une artiste féminine au Québec. Une expérience médiatique qu’elle partage bientôt avec un autre jeune chansonnier de la Capitale, Hervé Brousseau.

Quelques années plus tard, Gemma se joindra aux “Créations de Québec”, mouvement fondé par un noyau d’auteurs-compositeurs pour alimenter l’émission éponyme à CHRC. Elle grave quelques 45 tours, est invitée à la télé montréalaise, notamment une apparition consistante à l’émission “Music-Hall”.

 

la 'famille' des Créations de Québec
La “famille” des Créations de Québec

 

DOCUMENTARISTE, SCÉNARISTE, CHANTEUSE, ROMANCIÈRE …

En 1965, elle initie une production multidisciplinaire regroupant 28 personnes sur scène. L’année suivante est l’occasion d’une autre première : deux récitals en “one woman show” dont un au Palais Montcalm. L’événement est bientôt suivi de l’album “Rencontre … avec Gemma Barra”.

La notoriété que lui apportent ces expériences lui ouvre de nouvelles portes : invitations en Europe, passage à l’émission d’actualités de Radio- Canada Aujourd’hui, animée par Wilfrid Lemoyne.

Au cours de la saison 1966-1967, on la retrouve comme narratrice de la série “Mon pays, mes chansons” à la télévision de Radio-Canada. Elle passe ensuite de l’autre côté de la caméra, pour le projet “High Tide / Quand la marée monte”.

Suivent les scénarios de plusieurs documentaires en collaboration avec son complice le cinéaste Anton Van de Water, dont celui portant sur l’implantation du régime québécois de l’Assurance-Maladie (prix Urkunde 1971 du Medikinale International à Marburg en Allemagne).

Cette expérience et des situations désespérées dont elle a été témoin dans le milieu hospitalier l’ont d’ailleurs amenée à rédiger un premier roman intitulé “Avortement sur rendez-vous” en 1973 (Publications Éclair) … ce qui était audacieux à l’époque où le docteur Morgentaler avait tous les tribunaux à ses trousses.

S’y ajouteront  un long métrage And I Love You Dearly / La maîtresse pour lequel elle est co-scénariste et directrice de production et une série de 37 émissions radio sur le thème de Noël à CKCV au début des années 1980.

Topaze
Assurément une pionnière …

 

“KERMESSE D’ENFER” : UNE TRILOGIE  (HÉLAS) D’ACTUALITÉ

La carrière d’auteure-compositrice de Gemma Barra a été soulignée par la monographie “Sous le ciel de Québec” parue en 1987 (Les Éditions Vient de la Mer). Cette publication sera suivie d’une compilation d’une vingtaine de ses quelque 300 chansons. L’année 1991 sera celle de la série de films d’animation  “Hirsy la fabuleuse” dont Gemma écrit les scénarios.

Les années 2000 sont marquées par un retour dans le domaine de la chanson alors que les Productions Ancyma lancent leurs premiers CD avec le concours du chef d’orchestre Réjean Yacola.

Ces projets intergénérationnels mettent en vedette les interprètes Danielle Oddera, Guy Bélanger, Colombe Dufour, Chantal Blanchais, Jean Proteau et autres. L’album “Les mots entre nous” rappelle un concert de Gemma Barra au Théâtre Petit Champlain.

Parallèlement, elle conçoit et produit les livrets des comédies musicales “Valses et tangos en fête”, “Boum sur la ville”, “Féérie et envolée de temps des fêtes” et “Marilda”, un hommage à la ville de Québec et à ses citoyens.

Ces travaux lui laissent tout de même un peu de temps pour tremper sa plume à de nouveaux projets. Et notamment une trilogie “La kermesse d’enfer” dont les premières ébauches remontent au milieu des années 1980. Le sujet portant sur le mal-être et sur la violence banalisée de plus en plus présente dans nos vies est malheureusement plus que jamais d’actualité. Le projet voit enfin le jour en 2017.

 

2 Jacques valent mieux qu'un

“UNE ARTISTE TRÈS EN AVANCE SUR SON ÉPOQUE”

 Selon Richard Baillargeon, “comme référence stylistique, un des interlocuteurs à Radio-Luxembourg lui a dit qu’elle était du niveau de Cora Vaucaire. Les caprices du hasard et sa réorientation vers la caméra (documentaires) ont fait qu’elle n’a pas donné suite à ce premier pas vers la France”.

En 1966, où elle s’était finalement faite à l’idée d’interpréter des chansons reconnues, elle a choisi plusieurs classiques d’auteurs parmi les plus exigeants comme “Est-ce ainsi que les hommes vivent”, “Surabaya Johnny” ou “Les nuits d’une demoiselle”. 

Ce disque l’a amenée à se rendre brièvement en Europe. Malheureusement, à son retour, après qu’elle ait été la présentatrice de l’émission télévisée  ‘Mon pays, mes chansons’ où a elle a pris, pour la 3e saison, la relève de Pauline Julien, elle est passé, sitôt ces tournages terminés, derrière la caméra et a recommencé une nouvelle carrière.

 “Bref, elle a œuvré en “électron libre” et se trouve de ce fait une des premières artistes multidisciplinaires, un peu trop tôt pour ses contemporains ! ” constate Richard Baillargeon.
 
Avec les ministres Lise Thériault et Luc Fortin 2017-02-21
Gemma Barra entourée par Lise Thériault, vice-Première Ministre et Ministre responsable de la Condition Féminine et Luc Fortin, Ministre de la Culture et des communications
 
ALBERT WEBER

 GEMMA BARRA POCHETTE

QUAND GEMMA BARRA SE CONFIE A RICHARD BAILLARGEON  …

Richard Baillargeon – De la chanteuse ou de l’animatrice, laquelle s’est d’abord manifestée, au début de votre carrière?

Gemma Barra – Dans mon cas, j’ai surtout débuté en écrivant des chansons. Dès l’âge de 9 ans j’ai voulu écrire des pièces qui étaient bien à moi.J’ai donc greffé des mélodies à mes textes de petite fille, comme cela se présentait.

Un jour, j’ai voulu faire du théâtre – j’avais 15 ans à l’époque – et j’ai réussi à convaincre mes parents que c’était sérieux. Je me suis retrouvée à faire des tournées de plusieurs mois, d’un océan à l’autre, où l’on jouait trois ou quatre pièces différentes simultanément, apprenant à la plus rude école qui soit, la scène même, mon métier de comédienne.L’ambiance était inimaginable, la troupe formait vraiment une grande famille !

Je prenais de plus en plus confiance en moi. Durant les longs voyages, je fredonnais mes propres refrains dans l’auto. Un jour, le directeur de la troupe m’a dit: “Il faudrait que tu chantes, entre le premier et le deuxième acte”.

C’est ce que j’ai fait : un petit quart d’heure à l’entracte. Je ne dépassais pas trois ou quatre chansons, parce que les gens applaudissaient du bout des doigts. Je chantais mes propres pièces ; j’avais posé cette condition-là dès le départ, car je voulais connaître la réaction du public vis-à-vis mes compositions.Les gens étaient gentils, ayant sans doute apprécié ma participation comme comédienne, mais de là à aller chercher les applaudissements, il y avait une bataille à mener.

Le directeur me disait: “Essaie au moins une chanson connue. Tu vas voir la différence. » Certains soirs j’acceptais d’en faire une pour une occasion très spéciale et c’était toute une différence, en effet.Mais comme j’avais la tête très dure, je voulais qu’on connaisse mes chansons!

Parallèlement, j’avais fait parvenir quelques textes de chansons à l’émission Les Chansonniers canadiens de CKVL, à Verdun, sous le nom de Claude Romance. J’y ai eu des chansons interprétées par Louise Robidoux, par Margot Leclair…

RB – Vous avez vous-même animé des émissions de radio. C’est un peu plus tard?

GB – Je suis venue à Québec, pendant une période de vacances; j’ai communiqué avec Magella Alain de CHRC et je lui ai dit: “J’ai 60 compositions, paroles et musiques. Est-ce qu’il y aurait possibilité d’auditionner? “.

Mon but était qu’elles soient interprétées par Pierrette Roy ou Madeleine Lachance, toutes deux très connues à l’époque. Nous sommes en janvier 1956 et il me répond : “Venez dans une quinzaine de jours”.

Après l’audition, le directeur des programmes m’appelle à son bureau et me demande : “Accepteriez-vous, en plus d’écrire vos chansons, de les interpréter vous-même et d’écrire des textes d’enchaînement?”.C’est comme ça que j’ai débuté une série d’émissions qui s’appelait “Mes chansons” et qui devait durer treize semaines, à raison de deux fois la semaine, le 14 février 1956.

Chacune durait dix minutes et j’y chantais deux ou trois de mes pièces. Dès les premières émissions, les gens ont commencé à téléphoner et à écrire pour donner leur appréciation.

Peu de temps après, Monsieur Alain m’a demandé de partager l’émission “Mes chansons” avec un autre jeune auteur, promettant d’allonger chacune d’elles à quinze minutes, et j’ai accepté.Le mardi c’était donc Gemma Barra et le jeudi, Hervé Brousseau. Vers la fin de décembre, il y a eu une émission spéciale qui s’appelait Créations avec Guy Godin, André Lejeune, Marc Gélinas et moi-même.

À la fin de la saison, je repartais en tournée théâtrale et Hervé allait à Montréal. Je n’ai donc rien fait en chanson au cours de l’année 57.En 58, il y a eu un mouvement qui s’appelait “Créations de Québec”, fondé par Geneviève Aubin-Bertrand et Marius Delisle.

Comme je revenais d’une tournée, Geneviève Aubin-Bertrand m’a téléphoné et a dit: “Écoutez, Monsieur Alain m’a appris que vous écriviez beaucoup de chansons ; il faut absolument que vous veniez à l’émission”.

J’ai rencontré tout le monde de l’association, j’en ai fait partie, j’ai donné une cinquantaine de chansons à des interprètes dont Nicole Danis, Claudette Avril, Ghislaine Cimon, Paul Landry…

sur scène dans les années 1960
Sur scène dans les années 60

 

RB – Qui étaient tous des gens de la région de Québec?

GB – Qui étaient des gens de Québec, essentiellement. J’ai par contre interprété les chansons d’autres auteurs du groupe, dont Georgette Lefrançois, Georgette Lacroix, Paul Bédard, Jean Royer…Il fallait aider nos camarades; tous ceux qui étaient capables de chanter se faisaient un plaisir d’interpréter les chansons des autres auteurs.

On formait vraiment une sorte de famille musicale.Avant nous, il ne se passait pas grand chose, il faut bien le dire. Quand j’y repense, c’est un grand vide que je vois.

Il fallait créer un mouvement. Moi, j’étais convaincue qu’on pouvait danser avec des chansons faites à Québec, mais sur des rythmes internationaux.Faire un tango, une cha-cha ou un calypso: pourquoi pas?

Les Américains le faisaient, les Français le faisaient, pourquoi est-ce qu’on ne pouvait pas le faire, nous ?Je voulais voir les couples dans les restaurants danser devant le juke-box, sur nos propres chansons, sur mes propres chansons; et ça s’est produit. Après l’enregistrement de Jacques, les gens dansaient sur ma musique. Ça, c’est un beau souvenir…

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Article sur son 1er 45 tours en 1961

 

 

 
 

DE MALTOSH A BERGAME : LA NOUVELLE VIE DE VINCENT SALVI

Nombre d’artistes embarqués dans des aventures collectives éprouvent à un moment l’intense besoin de s’aventurer dans des nouveaux espaces plus personnels, tant dans le répertoire que la couleur musicale.

Certains s’enfoncent et disparaissent dans les sables mouvants, d’autres s’élancent vers une prometteuse carrière. En témoigne l’histoire de Vincent Salvi devenu Bergame bien que le terme de “carrière” ne soit pas le plus approprié pour évoquer son parcours.

 

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ENTRE ÉDUCATION NATIONALE, STUDIO ET SCÈNE

Vincent Salvi n’est pas un inconnu dans le monde artistique.

Durant une quinzaine d’années, il aura été l’âme du groupe Maltosh : une demi-douzaine de musiciens, une intense aventure collective ponctuée par près de 400 concerts en Europe et même un en Chine, quatre EP et un album …

Et, entres autres la chanson “Le meilleur des mondes” dont le clip est une p’tite merveille, tant dans le scénario mis en scène que la chanson.

De quoi susciter nombre de réactions sur Youtube de la part de ses élèves, histoire de saluer et d’encourager leur prof d’histoire-géo ! Hé oui quand il n’est pas auteur-compositeur-interprète, Bergame travaille dans l’Éducation Nationale. Une double vie entre enseignement et agenda d’artiste qui ne lui réussit pas mal, ma foi.

 

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 UN DES SEPT FINALISTES DU 7ème PRIX GEORGES MOUSTAKI

En effet, Bergame fait partie des sept finalistes du 7ème Prix Georges Moustaki en compagnie de L’ArthurClio, Léopoldine HH., Maud Lübeck, Jeanne Rochette et Nicolas Séguy .Rendez-vous le 16 février à 20h au Centre Universitaire Malesherbes, Université Paris IV Sorbonne – avec Alex Beaupain ‘président 2017) et Boulevard des Airs BDA (parrain 2017).

Cette envie de voler de ses propres ailes, ça fait un bon moment qu’elle le travaillait. Nous en avions longuement parlé voici trois ou quatre ans. Fin d’une quinzaine d’années de concerts enracinés dans des chansons signées Salvi et “envie de changer de style de musique et d’un projet plus personnel”.

D’où ce mini-album de six titres signé Bergame.

“C’est le nom d’une ville du nord de l’Italie d’où sont originaires mes grands-parents paternels, ce sont mes racines, même si je les connais mal ou pas très bien, je pars à la découverte de qui je suis vraiment, de qui je suis au fond” explique l’article en évoquant cet EP “bouclé en trois semaines”.

Assurément le résultat d’un long travail personnel enraciné dans l’impatiente envie de “nouvelles chansons, d’un nouveau son, et surtout de nouvelles choses à raconter”. 

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Photo avec un de ses enfants mise en valeur sur l’album de six titres

 

AVEC L’EFFICACE COMPLICITÉ D’ALEXIS CAMPET

A l’instar de plus en plus d’artistes en quête d’argent pour leur nouvel enregistrement, Bergame s’est lancé dans une campagne de financement participatif avec un lancement public, le 9 juin 2016 lors d’un concert à l’Alhambra à Paris, en première partie de d’Oldelaf.

“Je suis soutenu par l’association “Si J’ai des Ailes”. Elle s’occupe de mon management, et bien plus encore : coaching musical, coaching scénique, coaching de vie. Elle me pousse à aller toujours plus loin pour que mes chansons soient connues par le plus de gens possibles. Je leur dois beaucoup”.

On le croit bien volontiers ! Avec au final un EP de six titres écrits et composés par Bergame et un sacré travail d’équipe avec le réalisateur Alexis Campet  enregistrement, mixage, direction artistique.

Mais pas seulement : “Alexis y fait des guitares, électriques et folk, mais aussi du banjo, de la guitalélé, de la basse, des batteries, des pianos, des Rhodes, du beatbox. Et encore bien d’autres choses dont il a le secret. Cet homme sait tout faire !”.

Sur scène, Bergame s’accompagne au piano, à la guitare ou la guitalélé : “Mais sur l’album tout est d’Alexis, sauf les voix et les chœurs”.

“Mon nom est personne”, Au nom du père”, “Tout pour moi”, “Bruges en hiver”, “America”,” Dors” : six chansons … et 20 minutes et 22 secondes pour raconter les choses vues, entendues et subies.

Pour se raconter avec un son, une ambiance, une rythmique qui me fait parfois penser à des chansons de Philippe Chatel ou d’Yve Simon : des titres à la fois dépouillés et cependant très intenses qui incitent, par ailleurs, Bergame à avouer sa sensibilité envers les répertoires signés Albin de la Simone et Alex Beaupain.

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LE SENS DU REFRAIN QUI NE VOUS LÂCHE PLUS

Bergame a le sens de la mélodie, du refrain qui vous happe et ne vous lâche plus comme dans “Mon nom est personne” : “Le jour turbin la nuit en veille
/La tête sous l’eau manque de sommeil/ Simple mortel pas fils de l’homme/Mon nom est personne”.  Ce titre aura été la chanson du jour ajoutée le 14 janvier par Catherine Laugier sur le site www.nosenchanteurs

“Est-ce que les fils décevront toujours leurs pères ? ” Question assurément éternelle lancée dans  “Au nom du père”. Oui, pas évident de se parler entre père et fils déchiré entre l’envie de ressembler et le besoin de devenir adulte.

“Docile, gentil, à bien faire ma prière/Au pied du lit, toujours au nom du père/Je voulais être ton portrait
/Pardon de ne pas être parfait
/On fait c’qu’on peut, avec c’qu’on est/ Mais aujourd’hui je suis devenu un homme Ce que je suis j’n’le dois à personne
/Mes choix, mes remords, mes regrets/ J’en paierai 
/Mes erreurs, mes choix mes regrets/ J’en paierai le prix à mes frais”.

Changement de rythme avec “Tout pour moi” efficacement illustré par un clip à découvrir ici : une drôle de partie de poker au dénouement inattendu. Et encore une fois un refrain qui vous trotte dans la tête : “Moi je prends ce qui me revient de droit/ La nature est bien faite car/Je te laisse les miettes et/
Moi je prends ce qui me revient de droit/Que tu l’acceptes ou pas/C’est un pour tous et tout pour moi”

P’tit détour par “Bruges en hiver” teinté de mélancolie, de remise en question : “Le long des canaux
/Chauffé par la bière/
Coule le sang de Bruges en hiver/La foule des badauds
/Remplit ses artères
/Le plein de vide à Bruges en hiver/Au milieu des flots
/Mais trop loin de la mer
”.

 

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PLUS C’EST INTIME, PLUS C’EST UNIVERSEL”

Et pourquoi ailleurs chercher ailleurs ? “Tu voudrais partir voir du pays
/La terre est grande, Paris tout petit
/Moi je m’en fous je sais qu’elle est ronde
/Pas besoin pour le savoir de faire un tour du monde”.

“Plus c’est intime plus c’est universel” : cette formule de Bergame convient bien aux thèmes de cet enregistrement à écouter autant pour ses mots que ses musiques, comme pour “Dors” : “Dors/ Passé minuit/Jusqu’à l’aurore/
Promis je garderai les yeux ouverts/
Oui dors/
De tout ton saoul/
Et sans remord/Tandis qu’entre les doigts la vie s’écoule je veille/Veille, veille sur ton sommeil”.

 Le voici désormais lancé dans divers concerts privés en France et même un à Londres suite à l’invitation lancée par un des souscripteurs.

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“UN CD D’UNE DOUZAINE DE TITRES PRÊTS À ÊTRE ENREGISTRÉS”

Rendez-vous est aussi pris le samedi 28 janvier en première partie de Soan à La Celle Saint-Cloud.

S’y glisse aussi le projet d’un groupe avec musiciens trois ou quatre musiciens : mais attention rien de figé, mais plutôt une formation à géométrie variable au gré des scènes.

Cet EP de six titres est évidemment le premier pas d’une nouvelle histoire signée Bergame. Lequel me parle aussi d’un album d’une douzaine de titres prêts à être enregistrés et même d’un album pour enfants également en vue.

Nul doute que les contributeurs remerciés sur la pochette de cet EP seront sans doute à nouveau mis à contribution, au gré de l’évolution des projets de Bergame qui dédie cet enregistrement  “ à celle qui me supporte, dans tous les sens du terme, depuis toutes ces années”.

Il est vrai qu’aujourd’hui être artiste exige non seulement du talent mais aussi une détermination à tout épreuve pour financer un nouvel album auto-produit, trouver des dates, fidéliser un public. Autant de perspectives qui donnent plus que jamais envie à Bergame d’avancer avec confiance.   

 Texte ALBERT WEBER

Photos Aurélie LACAILLE

Page Facebook de Bergame

Site de Bergame

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Toutes les photos de cet article sont signées Aurélie Lacaille

 

 

PIERRE DONORÉ : L’EXIGENCE D’UNE QUALITÉ POPULAIRE

Certaines rencontres d’artistes sont assurément plus marquantes que d’autres. Plusieurs séjours à Astaffort m’ont permis de croiser nombre de jeunes talents réunis dans l’ancienne école de Francis Cabrel pour une expérience unique sous l’égide de l’association Voix du Sud.

Parmi ces regards échanges, ces conversations entamées, rares sont aujourd’hui les “astagiaires” avec lesquels le contact a été maintenu. Parmi eux, Pierre Donoré, originaire de Grenoble.

Son nouvel album “L’amour en deux” résulte de six ans de d’écriture et de composition. Il s’affirme avec aisance entre chanson à texte et variété de qualité.

 

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 ATTENTION AUX ÉTIQUETTES RÉDUCTRICES DE TALENTS

C’est sûr, il faut évidemment se méfier des étiquettes stéréotypées si faciles à coller sur un répertoire.

Et si vous écoutez bien ce nouvel opus, vous verrez que Pierre Donoré échappe justement à cette irritante manière d’enfermer les chanteurs et les chanteuses dans un registre dont ils ne peuvent trop souvent plus s’échapper.

Ce fameux grand écart, les ayatollahs d’une chanson à texte pure et dure vont sans doute “l’aimer détester”. Pas grave, car il éclate ici avec conviction dans une série de chansons qu’on écoute et réécoute avec plaisir.

L’’amour en deux”, c’est le 2ème album de Pierre Donoré. Il fait suite à l’EP “Maintenant” sorti en 2014 et au premier album “Je viens à toi” en 2010, dans la foulée d’un premier EP éponyme en 2007. Ce nouvel opus regroupe 11 chansons françaises, dont  “Houala” parsemé de mots en allemand et en anglais.

Guitares acoustique et électrique, piano, claviers, chœurs : aux talents de Pierre Donoré s’ajoutent diverses autres complicités signées Cyril Tarquiny (guitares acoustiques, classique et électrique, ukulélé, basse et charengo, un luth essentiellement utilisé dans la musique traditionnelle sud-américaine), aux percussions Olivier Baldissera et Denis Benarrosh (batteur de Francis Cabrel et Benjamin Biolaly).

 

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Tournage du clip de “Vivants”

 

“UNE PROMESSE” : ÉTRANGE DESTIN POUR UNE PHOTO SI SYMBOLIQUE

A ces musiciens s’ajoute Sonny Landreth, en occurrence le guitariste d’Alain Bahung pour “Osez Joséphine” … présenté par Eric Clapton comme “un des meilleurs guitaristes au monde” !

En 2011, c’est au Festival International de Louisiane, que Pierre Donoré avait rencontré ce musicien dont la “guitare slide” illustre “Une promesse”, incontestable chanson autobiographique. Cet hommage aux premières émotions musicales de Donoré pourrait très bien retenir l’attention d’un large public grâce à une médiatisation digne de ce nom sur les ondes et le petit écran. Un sacré pari à relever pour cet artiste ayant bénéficié d’un large soutien de contributeurs grâce au financement participatif dont tous les “kissbankers” sont cités dans le livret.

Cette chanson, une des plus marquantes de l’album, est illustré dans le livret par une photo dont l’histoire mérite d’être racontée.

La photo a été prise par le frère du chanteur et la pellicule est restée 8 ans sur l’armoire de la cuisine. Et voici qu’un jour sa mère la trouve et se demande évidemment ce qu’elle contient ! Elle la fait développer et voilà comment est retrouvée cette photo du chanteur à 13 ans. Photo prise précisément le jour où lui a été offert sa première guitare !

 

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AVEC GILLES ROUCAUTE, CLAUDE LEMESLE ET LES AUTRES

Donoré allie avec une apparente décontraction des textes de qualité à des mélodies qui se retiennent facilement. Du genre de celles qu’on aime reprendre au chœur durant un concert d’un “artiste populaire”.

Le savoir-faire de Pierre Donoré s’épanouit autant avec les chansons dont il est l’auteur et le compositeur que celles auxquels ont collaboré divers créateurs qui devraient retenir votre attention, que vous appréciez la fameuse “chanson à texte” de Gilles Roucaute ou la “variété de qualité” signée Claude Lemesle.

Oui, Donoré, c’est le champion du grand écart entre Gilles Roucaute (un de ces authentiques artisans d’une chanson accueillie chaque année à cœur ouvert au festival de Barjac) et Claude Lemesle … dont les textes ont été chanté par tant d’artistes appréciés à juste titre par le “grand public”, dont Joe Dassin par exemple.

Effectivement, plusieurs auteurs aux itinéraires des plus divers ont participé à cet album… dont Claude Lemesle (“Debout”), Gilles Roucaute (“L’amour en deux”), Kerredine Soltani (“Mon pote”), Mad Mahé (“Le Mont Fuji” et “Vivants”), Christophe Andréani (“Chanter”), etc.

 

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Tournage du clip “Vivants” avec utilisation de la 3D, notamment “sur des fluides de peintures colorées”

 

 ENFANCE BALLOTÉE ENTRE DEUX FAMILLES DE PARENTS DIVORCÉS

La chanson éponyme “L’amour en deux”, c’est l’histoire d’un enfant balloté entre les deux familles de ses parents divorcés. Pas de mélancolie larmoyante mais une vie quotidienne composée de mille et une réalités qu’il faut désormais couper en deux au rythme des allers-retours entre deux univers tellement différents.

Cet album, c’est de la chanson française pop folk. Mais attention, les définitions et les qualificatifs peuvent être dangereux car réducteurs … comme évoqué durant ma conversation téléphonique avec Pierre Donoré.

Sans disséquer à l’infini son répertoire, ces nouvelles chansons peuvent se résumer de la sorte : “On y retrouve toujours des sonorités acoustiques qui me sont chères depuis le début (“Regarde”), et j’explore aussi de nouvelles orientations tantôt pop rock (“Vivants”, “Une promesse”, “Chanter”), et électro (“Barcelone”, “Qui me tiendra la main”).

 

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Pierre Donoré (Photo Seb Pol)

 

“J’PRÔNERAI LA LIBERTÉ À LA BARBE DES TYRANS DE TOUTES CONFESSIONS, CROYANTS ET NON-CROYANTS”

Nombre de titres de cet album sont positifs : besoin de prendre son destin en main, de ne pas se laisser abattre, de vivre sa vie, de résister aux intolérances …

Le ton est donné dès le premier titre, “Debout” sur des paroles de Claude Lemesle. Pierre Donoré s’adresse à Lucile, une jeune femme de presque 20 ans : “Ne va plus, la tête basse/Te plaindre que l’azur te fuit/Emprunte à l’enfant qui passe/ L’étonnement et l’appétit”.

Même rage de vivre intensément dans “Vivants”, qui était le titre initial de l’album. Une chanson-choc aussi entraînante que déterminée née après les attentats de 2015 : “J’ mordrai à pleines dents tous les fruits de la vie/ J’prônerai la liberté à la barbe des tyrans/ De toutes confessions, croyants ou non-croyants/ Nous resterons unis, courageux, vigilants/Je peindrai mes pensées pour qu’elles ne soient plus noires/Je dirai haut et fort l’envie d’aimer, de boire”.

Cet album, il faut prendre le temps de l’écouter. D’en savourer les détails comme cet apaisant bruit des vagues enrichies de cris de mouettes qui apparaisse dans les dernières secondes de “Barcelone”, chanson planante, teintée du temps qu’on prend pour vivre chez “la belle de Catalogne” entre “blanc du ciel en été” et “sa brume de chaleur qui couronne l’esprit de liberté“.

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“QUI ME TIENDRA LA MAIN ?” DÉDIÉ À LAURE HUBIDOS DE L’ASSOCIATION CARPE DIEM

A découvrir aussi dans un tout autre registre “Mon pote” sur l’amitié volée en éclats. Terrible déception envers l’ami qui vous lâche quand vous avez besoin de lui. Simple, direct, réaliste : un fulgurant dialogue de sourds qui explose dans une ambiance qui ne déplairait pas aux amateurs de slam. De quoi inspirer un clip ?

Quant au titre “Qui me tiendra la main”, il évoque tout simplement l’élan de (sur)vie qui anime celui qui est frappé par une maladie incurable. “Qui atténuera les éclairs de douleur des nuits d’orage si un jour en suis otage ? Si mon corps s’en va en guerre/ Que le mal s’abat sur moi/Si je connais cette misère si le malheur s’abat sur moi ? “

Cette chanson est dédiée à Laure Hubidos, de l’association Carpe Diem consacrée à la Maison de Vie ouverte à Besançon en 2011 : “Un lieu d’accompagnement pour des personnes en situation de soins palliatifs ne nécessitant pas une hospitalisation et ne pouvant rester à domicile. L’objectif est de leur permettre de bénéficier d’un accompagnement axé avant tout sur la dimension humaine et sur la vie. La volonté est de démédicaliser la maladie et la fin de vie et d’en faire un enjeu de société” comme expliqué sur son site.

Dans nombre d’articles qui lui sont consacrés depuis des années, il est fait référence aux trois influences majeures de Pierre Donoré : Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel et Renaud. Cela peut vous donner une idée de l’univers, ou plutôt des univers dans lesquels aime se retrouver cet attachant auteur-compositeur-interprète entre textes exigeants et refrains qu’on n’oublie pas.

 

Pierre Donoré

 

ARRÊTEZ DE VOUS PRENDRE LA TÊTE ! 

En guise de conclusion, me revient la citation de Claude Lemesle au sujet de Pierre Donoré : “Ses textes font mouches parce qu’ils sont simples sans jamais être banals et a musique, bien que parfaitement ancrée dans l’air de notre temps, propose, sur des rythmes toujours renouvelés, de vraies mélodies, ce qui devient rare aujourd’hui”.

Alors soyez zen ! Car pour savourer cet album de toute beauté, oubliez donc (un peu) vos préjugés sur la barrière entre chanson à texte et variété de qualité. Le CD a été arrangé et réalisé par Pierre Donoré et Christophe Battaglia. Lequel a notamment travaillé en studio pour des enregistrements de Garou, Yannick Noah, Christophe Maé, Céline Dion, etc.

Vous verrez, ça fait du bien de lâcher prise durant 44 minutes et deux secondes, durant 11 chansons qui n’ont rien à voir avec tant de produits préfabriqués et sans saveur du show-biz.

Pour une fois, arrêtez de vous prendre la tête, d’enfermer le talent dans un tiroir tellement étanche qu’il finit par y dessécher. Et écoutez en toute liberté “L’amour en deux” dédié par Pierre Chatard à son père Honoré Chatard. D’où le pseudo de Donoré tout simplement.

ALBERT WEBER

PHOTOS JEAN-MARC GOURDON

PAGE FACEBOOK de Pierre Donoré

SITE de Pierre Donoré

A retrouver samedi 28 janvier au Zèbre de Belleville et ailleurs en France aussi …

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“SOUS MON CHAPEAU” D’ERIC FRASIAK, CHANTEUR LIBRE

Inutile de tourner autour du pot … euh du chapeau. “Sous mon chapeau”,  7ème CD d’Eric Frasiak, est une belle, une très belle réussite. Sans doute son album le plus personnel. Le plus intense aussi entre émotion et révolte, entre tendresse et coup de gueule.
 
Un CD où textes et musiques se conjuguent avec une efficace alchimie. Et chaque écoute de ces 15 chansons distillées en 61 minutes et 41 secondes est synonyme de nouvelle découverte. Avec ici et là divers clins d’oeil à sa vie, car cet opus est également le plus autobiographique.

 

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Patrick Leroux au violoncelle

UN AGENDA DES PLUS CHARGÉS

Mais attention ! Ne croyez surtout pas que Frasiak se regarde le nombril et ramène tout à lui.

Au fil des enregistrements et concerts face à des publics toujours croissants, il s’est forgé un répertoire entre introspection et démarche citoyenne.

Sans esbroufe et sans baratin, Frasiak poursuit son bonhomme de chemin en relevant en toute décontraction un défi permanent : conserver le public “acquis à sa cause” et retenir l’attention de  nouveaux passionnés.

Frasiak, c’est un marathonien. L’artiste agissant sur le long terme, sans se presser mais avec une détermination sans failles. Pas étonnant que depuis l’album “Itinéraires” en 2006, il aie participé à une incroyable quantité de tremplins, concours et autres prix. Voir TOUS les détails sur sa page wikipedia.

Cet agenda des plus chargés lui aura permis de chanter dans des lieux extrêmement variés, entre concerts à domicile, petites salles et grands espaces. D’où quantité de premières parties de Michel Bühler, Pierre Perret, Michel Fugain, Sanseverino, Hubert-Félix Thiefaine, Alain Bashung (mais oui), Paul Personne, Clarika, Les Wampas, Pauline Croze, et la liste n’est pas exhaustive.

 

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Steve Normandin

AVEC TALENT, DÉTERMINATION ET ENDURANCE

Grâce à cette immersion permanente un peu partout en France, voire au Québec grâce à un efficace complice nommé Steve Normandin – oui, l’infatigable l’Accordéoniste Voyageur qu’il aura rencontré pour la première fois à Saint-Pierre et Miquelon-  Frasiak a beaucoup vu, entendu, et appris.

Et c’est pas fini, loin de là : “Il y a une espèce de cercle vertueux qui fait que plus tu as de concerts, plus tu en fais. Je me débrouille tout seul. C’est le circuit court, directement du producteur au spectateur”

Au-delà de ces affirmations lancées au rédacteur en chef de FrancoFans, Benjamin Valentie qui lui consacre une double page dans le dernier numéro, une évidence s’impose : le capitaine Frasiak tient la barre de son bateau avec talent et détermination. Avec endurance aussi, à voir le nombre de dates annoncées sur son site.

Un drôle d’oiseau que ce Frasiak ! Car en plus d’exceller en tant qu’auteur, compositeur et évidemment interprète, il est aussi aux manettes pour TOUT ce qui se déroule en coulisses : enregistrement, mixage, réalisation… et même distribution via “Crocodile Studio” à Bar-le-Duc.

 

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Eric Frasiak, un artiste libre à tous les sens du terme. Photo Fred Mercenier

 

 “MON BÉRANGER”, “DIMEY PLURIEL” DVD ET RECUEIL DE PARTITIONS

Alors raison de plus de saluer comme il se doit ce nouvel album : rien que du Frasiak, à l’exception notable d’une reprise de Léo Ferré, “La solitude” !

Mais n’allez surtout pas croire qu’il n’y ait pas eu d’enregistrements depuis “Chroniques” sorti en 2012. En plus de “Mon Béranger”  (17 titres plus une chanson-hommage à son “maître à chanter”) en 2014, Frasiak s’est lancé dans une sacrée aventure collective avec l’album “Dimey Pluriel” réunissant 12 artistes et groupes de Haute-Marne.

Cette (superbe) initiative lancée par le journaliste-chanteur Anicet Seurre et relayée par Yves Amour, président du Festival Bernard Dimey, Frasiak en a assuré la direction artistique en 2015.

S’y ajoutent aussi un DVD de 21 titres enregistrés à Bar-le-Duc sorti en 2016 … sans oublier, en 2013, la parution d’un recueil de 27 partitions : les titres de “Parlons-nous” et “Chroniques”. Cet indispensable document pour qui veut chanter Frasiak est aujourd’hui épuisé.

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 DU CŒUR ET DE L’ESPRIT, DU BON SENS, DE L’AUDACE

Hé oui, voilà comment, en une dizaine d’années, Frasiak s’est affirmé comme une des voix majeures d’une chanson française qui a du cœur et de l’esprit, du bon sens, de l’audace.

En maîtrisant paroles que musiques (et technique), il est assurément seul maître à bord de ses choix artistiques. De ses décisions esthétiques quant à la pochette de ce nouveau CD bénéficiant d’un livret sobre et chic, sur fond noir … avec ici et là des chapeaux photographiés par Frasiak au gré des voyages en France et au Québec.

S’y ajoutent des photos de l’artiste siggnées Dominique Becker, Sebastien Cholier, Pierre Bureau, Frédéric Mercier et Chantal Bou-Hanna, créatrice du site Au doigt et à l’œil que je vous recommande (vivement) de découvrir.

On peut donc savourer ces 15 titres aussi bien en voiture que chez soi, en suivant les textes mot à mot. D’où certaines trouvailles évidement passées inaperçues lors de précédentes écoutes !

 

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Signée Chantal Bou-Hanna, une des photos de l’album

UN SON AUTHENTIQUE ET CHALEUREUX

Artisan, Frasiak l’est assurément. Mais du genre imaginatif et organisé, avec une évidente décontraction qui me surprend à chacune de nos retrouvailles.

Pas du genre stressé à la sortie de ce nouvel album. Loin d’une insolente certitude, Frasiak l’obstiné avance pas à pas. Sans relais des “grands médias” à l’exception de rares soutiens tels Philippe Meyer et son émission “La prochaine fois je vous le chanterai” hélas passée aux oubliettes sur France-Inter depuis septembre dernier.

Solitaire pour ses choix artistiques, il sait s’entourer d’efficaces complices, comme la quinzaine de musiciens et choristes mobilisés ici. Car “Sous mon chapeau”” c’est aussi un efficace travail d’équipe … d’où un son authentique et chaleureux, de la douceur, du rythme et de l’entrain avec accordéon, piano, guitares, violon, batterie, orgue, percussions, bugle, trompette, harmonica, clarinette, tambourin, violoncelle, etc. Assurément rien à voir avec un album en formule guitare-voix en quête de  relief.

 

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Benoit Dangien

DES VRAIS MUSICIENS POUR DE VRAIES CHANSONS

Ici place à de vrais musiciens pour de vraies chansons qui, plus d’une fois, vous donnent envie de chanter, de taper dans les mains…  Avec en prime Jérémie Bossone aux chœurs de “Migrant” mais aussi – et surtout – en duo dans le salutaire “Espèce de cons” : une de ces chansons aussi réjouissante que réaliste, sans langue de bois, que j’aimerai retrouver sur des radios “grand public”.

On peut rêver, non ? En attendant, j’espère que “Sous mon chapeau” (CD auto-produit à 5 000 exemplaires) bénéficiera d’un impact aussi important que l’album “Parlons Nous” sorti en 2009 et écoulé à 6 000 copies.

Alors que vous dire de cet album pour vous inciter à découvrir ce 7ème album ?

Premier constat : les textes ont, à mon sens, autant d’importance que les mélodies.

Place à un “univers mélangé de chansons sociales, chansons rebelles et chanson d’amour. Cet album parle du monde d’aujourd’hui et de la difficulté a y trouver sa place. Il y parle aussi beaucoup d’amour, l’amour comme seul rempart à la barbarie et la haine” comme l’explique Frasiak.

 “Moitié chanteur, moitié anar” : en se présentant ainsi dans le 1er titre, Frasiak se livre avec bon sens et réalisme aussi, regrettant ses cheveux d’Indien disparus “sous mon chapeau”. Et toujours ce besoin et cette envie d’avancer, avec en mémoire le souvenir de “mon père dans son camion parti trop tôt”.

 

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Raphaël Schuler

 

CHAQUE CHANSON A SON CARACTÈRE, SA PERSONNALITÉ

Sans donner de leçon, il passe en revue tant de réalités quotidiennes auxquelles nous sommes confrontées de visu ou via les médias.

Ici chaque titre a sa personnalité, son caractère drôle et grinçant (“C’est beau Noël”) ou révolté (“Espèce de cons”), enjoué et délicieusement subversif (“Cuisine politique”) ou d’une désespérante tragédie dans “la Russie de Poutine, la nostalgie de Staline” (“Colonie 6″).

Que de tranches de vie dans cet album ! Du migrant échappé de Libye au prisonnier de l’inhumaine terrible “Colonie 6″, de la société de con-sommation survoltée à l’approche de Noël, du poignant “Je suis humain” dédié aux “victimes de Charlie-Hebdo et de l’Hyper Casher et à toutes les victimes de la barbarie à travers le monde” …

… sans oublier la “Cuisine politique” des plus pimentées qui termine l’album en une jubilatoire apothéose. Une chanson de près de sept minutes avec quantité de références aux prétendants en lice aux prochaines élections présidentielles. Un kaléidoscope de portraits de politiciens  en décalage avec la vraie vie : “Dans nos restos du cœur, libres, égaux en fin de droits/ On rêve de jours meilleurs en digérant tout ça / Comme on compte pour des prunes faut nous lâcher la grappe / C’est jamais dans les urnes que le bonheur s’attrape”.

 

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Jean-Pierre Fara

 “MON PÈRE DANS SON CAMION PARTI TROP TÔT”

Fils d’un couple de Polonais arrivés en France en 1958, il se met dans la peau d’un “migrant”. Sans pathos mais avec une humanité à fleur de peau. Des mots aussi simples que tranchants : “Les côtes de Libye s’effacent/ Et mon espoir avec elles/ Si je vis, je ferai face/ Si je meurs, j’irai te rejoindre ma belle”.

Et puis il y a aussi le Frasiak plus personnel, plus secret qui entrouvre ici son jardin secret. Un jardin hélas à l’abandon depuis le décès de son père (“Le jardin de papa”) … oui ce père qui fut routier … d’où un émouvant “44 tonnes” dédié “A Romän et aux routiers de L’Air Bleu (et d’ailleurs… “).

Intense description aussi de cette fameuse “ville de l’Est” à laquelle il demeure si attaché malgré ses envies d’évasion :”Des fois je rêve d’Espagne, d’Amérique ou d’ailleurs / De plages ou de montagnes pour y poser mon cœur / Mais mon avenir est là, où veux-tu donc que j’aille / Ils ont besoin de moi et j’aime  leurs batailles“. Un de ces titres-choc, à l’instar de “Monsieur Boulot”…

Cet album est aussi des plus travaillés au niveau des textes. D’où une une ambiance toute particulière comme “Je t’écris” aux nombreuses trouvailles littéraires. Pas de jeux de mots gratuits pour faire joli mais de quoi susciter un climat teinté de confidences : “Je t’écris au temps imparfait / De ce passé décomposé / Tu vas me trouver un peu barge / J’ai toujours été dans la marge”.

C’est sûr, chaque chanson pourrait inspirer un clip, notamment  “T’as c’qu’il faut'” et “De l’amour , des fétiches” (“Je lègue mon corps à sa science”) … deux titres qui vous emmènent vers des territoires autant poétiques qu’érotiques …

De quoi inspirer plus d’un réalisateur pour des images qui, évidemment, vont bien plus suggérer que détailler : “La nudité souvent s’affiche / Des seins, des fesses un peu partout / La beauté est tellement plus riche/ Quand elle ne nous montre pas tout”.

 

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Jérémie Bossone

 DUO DÉCAPANT AVEC JÉRÉMIE BOSSONE

Peut-être, oui peut-être que mes deux titres préférés sont “Espèce de cons” … énergique et décapant duo avec Jérémie Bossone : “Ça s’agenouille, ça prie des dieux/ Mais faut qu’ç zigouille dès qu’ça peut/ Ça inquisitionne, ça croisades / Ça colonise et ça djhiad”

… et aussi “Hôtel Richelieu” ; magnifique évocation du temps qui s’enfuit, des rêves et des utopies de jeunesse enfouis, et puis la nouvelle génération de “loulous un peu rebelles” qui, à son tour, fréquente cet “Hôtel Richelieu” que nous avons tous connu. A l’instar des personnages, eux aussi haut en couleurs, des bourgeois immortalisés par Brel.

Je dis bien “peut-être” … car l’un des atouts de cet album c’est justement de vous faire changer de “chansons préférée” au gré des écoutes !

 

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Philippe Gonnand (basse) Olivier Baldissera (batterie)

 

 “DES TRUCS QUI FONT CHIALER OU QUI GUEULENT DANS LE VENT DES CYCLONES”

“Sous mon chapeau” ? Un opus plein de coups de cœur, de coups de gueule aussi. Avec toujours l’élégance des mots et la maîtrise de mélodie qui ne peuvent laisser indifférent celui/celle qui aime la chanson.

“Ici pas de manichéisme malsain, ni de refrains pour vous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais attention, les “chansons frasiakiennes” n’ont rien à voir avec des pamphlets ravageurs et pessimistes sur notre pauvre planètes où tout va mal, entre chômage croissant ou sur nos années qui s’enfuient trop vite“.

Rédigés en 2013 dans la préface du recueil de partitions, ces mots résonnent aujourd’hui avec encore davantage de pertinence ici “Sous mon chapeau”.

Plus que jamais bravo Monsieur Frasiak pour vos “trucs qui font chialer ou qui gueulent dans le vent des cyclones”. Plus que jamais restez fidèle à Ferré, Béranger, et aussi (et surtout) vos choix artistiques et vos valeurs. Loin du cirque médiatique, et sensible à une “chanson de proximité” conjuguant amitié, rébellion, utopie et humanisme.

Aujourd’hui plus que jamais, Frasiak est un CHANTEUR LIBRE qui connait BIEN le prix de sa liberté. A tous les sens du terme comme le confirme avec éclat sa discographie à compte d’auteur assurée sans aucune subvention. Le seul soutien, c’est celui d’un public au rendez-vous de ses concerts et sorties d’albums.

Albert Weber

Photos collection Eric Frasiak

Site d’Eric FRASIAK

A retrouver en direct vendredi 6 janvier de 13h à 14 h au micro de Guy Zwinger dans “Je viens vous voir” sur RNC Nancy.

“IN EXTREMIS TOUR” : LES MAURICIENS SOUS LE CHARME DE CABREL

Après la sortie, l’an dernier, d’ “In extremis”, son 13e album, Francis Cabrel a effectué une tournée d’une centaine de dates durant plus d’un an en France, Suisse, Belgique, Québec, la Réunion et aussi l’Ile Maurice.

Retour sur cet événement avec la journaliste mauricienne Kovillina Durbarry.

En concert à Maurice pour la cinquième fois, Francis Cabrel a une fois de plus fait chavirer et chalouper plus d’un.

Lors d’un unique concert avec salle comble au Centre Swami Vivekananda à Pailles, le samedi 22 octobre dernier, le célèbre chanteur français a interprété les 10 nouvelles chansons de son album “In extremis” ainsi que nombre de ses classiques. Le temps d’une “corrida”endiablée et d’un “C’est écrit” à la sauce pimentée bien de chez nous, Francis Cabrel a livré un concert de pas moins de deux heures devant un millier de Mauriciens.

Le chanteur qui a posé ses valises … et sa guitare sur le sol mauricien le mercredi 19 octobre, est resté fidèle à lui-même : simple et authentique.

Lors d’une conférence de presse jeudi après-midi à l’hôtel Le Paradis au Morne, le chanteur s’est dit ravi d’être à Maurice. Et dans un entretien accordé au quotidien L’Express, il affirme approcher la fin de son parcours sans pour autant s’être fixé une date.

Accompagné de ses très talentueux musiciens, c’est en trempant la chemise que Francis Cabrel a repris des morceaux qui ont fait à la fois danser et sangloter toute une salle.

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En mode décontracté lors de la conférence de presse, jeudi 20 octobre à l’hôtel Le Paradis. (Source : BAO Comm)

 

 Une énergie folle sur scène

En effet, celui qu’on ne présente plus et dont les chansons passent en boucle sur toutes les chaines radio locales, a envouté son audience de par sa présence sur scène.

Accompagné ou seul, Francis Cabrel – qui a gardé le même timbre de voix d’il y a dix ans lors de son dernier concert sur l’île – dégage une énergie folle. Une énergie qu’il a d’ailleurs su transmettre en toute complicité à son public.

Une prestation hors-pair plébiscitée par un auditoire comblé. Le chanteur a, au cours du concert, offert un moment des plus inoubliables aux Mauriciens conquis.

Ainsi, avec son interprétation du méga tube “Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai” de son album “Samedi soir sur la terre”, Cabrel seul sur scène avec sa guitare et en toute simplicité est parvenu à figer un peu plus de mille personnes. Toutes figées par le talent d’un seul homme sur scène.

 

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Francis Cabrel a illuminé la scène du centre Swami Vivekananda, à Pailles le samedi 22 octobre Photo Kovillina Durbarry

 

 “Zot mari top”

De plus, Francis Cabrel s’est aussi prêté au jeu devant une foule mauricienne très taquine.

“Zot mari top” devait lancer le chanteur français, tout en répétant les quelques mots écrits en kreol morisien sur son antisèche. Et c’est en esquissant de temps à autre quelques pas de danse, que Francis Cabrel s’est dévoilé petit à petit au public mauricien … qui a dansé et chanté avec lui pendant tout le concert.

Par ailleurs, ce nouvel album “In extremis” lancé en avril 2015 regorge d’une myriade de petites perles … Avis donc aux mélomanes avisés ! Tantôt émouvantes tantôt endiablées, la douzaine de chansons engagées et à caractère politique par moment ont connu un véritable succès auprès du public.

Ainsi “Mandela, pendant ce temps” a fait vibrer de passion tous ceux présents, de par le rythme africanisant et les paroles sensées et engagées – soit un ultime hommage à Mandiba.

Autant de belles chansons dans un album complet et parfaitement réussi. Bref, un pari relevé haut la main à 63 ans et des poussières !

Vivement un autre concert à Maurice … et un 14ème album.

 KOVILLINA DURBARRY

Site de Francis Cabrel avec présentation du coffret (2 CD plus un DVD) de la tournée IN EXTREMIS : concert enregistré au Forest National de Bruxelles les 4 et 5 mars 2016 avec “making of” de 40 minutes et clip de Dur comme fer. Le “making-of” inclut les témoignages de Carla Bruni, Julien Doré, Thomas Dutronc, Patrick Fiori, Serge Lama, Maxime Le Forestier, Nolwenn Leroy, Renan Luce et Pascal Obispo.

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Photo site officiel de Francis Cabrel