QUEBEC/ MARCIE : TOUJOURS “prendre garde aux sirènes” …

Barbara, Françoise Hardy, voire “Amélie Poulain de la chanson québécoise”… Il faut toujours se méfier des comparaisons artistiques, si flatteuses soient-elles, reprises dans la presse québécoise.

Certes, depuis la sortie de son album homonyme de dix titres en mai 2013, Marcie a bénéficié de (très) nombreux coups de projecteurs dans les médias québécois. Et, pour cerner la personnalité et le style d’une illustre inconnue – si talentueuse soit-elle – il est toujours tentant d’en référer  à des voix reconnues, à des répertoires renommés.

Mais à force de faire allusion à ses illustres aînées, subsiste le danger d’offrir une image déformée – donc partielle et partiale – de cette jeune auteure-compositrice-interprète originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

Alors en piste pour l’univers de Marcie Michaud-Gagnon qui fait carrière sous son seul prénom.

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ONTARIO/ CHANSON FRANCOPHONE : Pierrette et Guy Madore, infatigables archivistes

A travers divers articles de www.planetefrancophone.fr, nous avons découvert la vitalité et la diversité de la chanson franco-ontarienne. Cette réalité artistique si peu connue au Québec et en Acadie est devenue une raison de vivre de Pierrette et Guy Madore.

Rencontre avec un incroyable couple qui voue un amour sans faille aux talents francophones de sa province, au point d’en être devenu de (très) fervents archivistes !

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CHANSON FRANCAISE : il s’appelait Jean-Yves Vincent …

Oui, il s’appelait Jean-Yves Vincent …

Voici déjà un an, le 4 juillet 2012, il s’en est allé subitement, à 67 ans, victime d’une crise cardiaque. Journaliste, auteur-compositeur-interprète, amoureux de la langue française, Jean-Yves Vincent a retrouvé Félix Leclerc, Georges Brassens, Serge Gainsbourg, …

Autant de figures majeures parmi tant d’autres de la chanson qu’il aimait chanter en public, lors de divers festivals en France, ou dans un contexte amical, chez lui dans la grande maison de Marcoussis, en région parisienne.

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ILE DE LA REUNION/ JEROME GALABERT: “La culture : une locomotive pour l’économie !”

A l’heure où la chanson québécoise s’apprête à vivre  – une nouvelle fois – au rythme de festivals tels Tadoussac ou Petite-Vallée, l’entretien réalisé à l’île de la Réunion par Geoffroy Géraud Legros et Nathalie Valentine Legros, créateurs de notre site partenaire “7 Lames La Mer”, prend un relief particulier.

Personnage majeur de la vie artistique et culturelle de cette île française de l’Océan Indien depuis des années, Jérôme Galabert surprend toujours par ses prises de position, son regard lucide et décalé sur les réalités locales et ses nombreuses initiatives : des événements musicaux enracinés aussi bien dans des talents émergents que des artistes confirmés.

En témoigne notamment le fameux festival Sakifo fondé en 2004 et dont la notoriété dépasse largement l’archipel des Mascareignes. D’où l’intérêt de cet article paru le 11 mai chez notre site partenaire … le reflet d’une certaine réalité réunionnaise d’où émerge notamment cette affirmation : “Quand on parle culture, on s’adresse à l’âme et on a peur de traduire cela en valeur financière, en potentiel économique”.

“Lorsqu’il parle du passé, il le conjugue au présent. Nous rencontrons Jérôme Galabert dans un bureau du Kabardock à l’heure où le piapia des oiseaux dans les arbres accompagne une fin de journée bien remplie : conférence de presse, coups de fil, rendez-vous… Quelques banalités échangées devant la machine à café et l’interview s’engage sur la « réunionnaiseté » de Jérôme Galabert… avant d’aiguiller vers un thème cher à « 7 Lames la Mer » : création culturelle et initiative économique vont-elles de pair ?


7 Lames la Mer : Jérôme Galabert, vous définissez-vous comme Réunionnais ?

Jérôme Galabert : Bien-sûr ! Lorsque mes parents arrivent à La Réunion en 1968, j’ai six mois. Mes enfants sont nés là. La grande majorité de ma famille est là. C’est là que je me suis construit.

Je n’ai pas de problème par rapport à cela : je me sens profondément Réunionnais, malgré le regard de certains ; avec l’âge, on apprend à dépasser ces regards. J’ai grandi à Saint-Denis, Sainte-Suzanne, Saint-André… A partir du collège, j’ai habité Trois Bassins, puis la Saline… Plus tard, lorsque j’ai pris mon particulier, je me suis installé à Saint-Leu.

7 Lames la Mer : Votre nom, Galabert, est prédestiné…

Jérôme Galabert : C’est effectivement un nom qui a plusieurs traductions en créole. « Corbeille d’or » est la plus valorisante. « Caca Martin » l’est un peu moins… Il y a aussi la chenille. Galabert, c’est une jolie plante avec plein de petites fleurs… Une plante qui grafine in ta… Cette image me convient bien.

7 Lames la Mer : Votre première émotion artistique.

Jérôme Galabert : Il y a des choses dans lesquelles on baigne tous les jours sans y prêter attention. Je quitte l’île en 1984, après le Bac, pour faire des études de langues. Bordeaux, Toulouse, Londres, Les Canaries… Confronté à d’autres réalités, je prends conscience de ce que j’ai laissé dans l’île. Après quelques années, je rentre et ma première émotion artistique, c’est un concert de Ziskakan au théâtre de Saint-Gilles.

7 Lames la Mer : A quelle occasion mettez-vous le pied à l’étrier ?

Jérôme Galabert : A cette époque, Pierre Macquart monte le premier « Ti Bird » au dessus du Rallye. Je lui donne un coup de main sur le suivi des travaux, l’aménagement, puis, de fil en aiguille, sur la programmation. Derrière le bar, il avait même affiché un télégramme de félicitations de Jack Lang, alors ministre de la culture ! Pierre organisait des concerts tous les soirs. C’était la folie… Cette affaire n’a pas tenu longtemps mais quelle belle aventure !

7 Lames la Mer : Vos premières armes dans la culture.

Jérôme Galabert : D’abord j’ai la chance de travailler comme VAT [1] à la communication du conseil général, sous la présidence d’Eric Boyer. Là je rencontre Paul Mazaka. C’est aussi la rencontre avec un courant de pensée politique. C’est l’époque de créations fondatrices dans le secteur culturel, comme l’ODC [2], l’époque de la « politique du haut niveau » et de « l’homme réunionnais », deux notions couplées. C’est le discours sur la « réunionnaiseté », leitmotiv d’Eric Boyer.

7 Lames la Mer : Cette « réunionnaiseté » prônée par Eric Boyer, comment la vivez-vous alors ?

Jérôme Galabert : Je construisais mon parcours et cela m’a profondément marqué. J’ai alors une vingtaine d’années et je suis fortement impliqué dans certaines opérations… Je travaille avec Paul Mazaka sur le « Carrefour des cultures ». Avec Jacqueline Farreyrol aussi. C’est l’époque des CES musique et de la prise d’initiatives : bousculer les choses acquises sur l’action culturelle, bousculer le rapport emploi-culture…

Toutes ces préoccupations étaient déjà présentes. Il y avait un courage politique sur l’initiative en matière de culture. Peu d’acteurs politiques ont réussi à incarner cela comme l’a fait Eric Boyer. Il y avait une volonté de construire un discours fondateur.

7 Lames la Mer : Caméléon, Carrousel, groupes mythiques, devenus des références. Un tournant dans le champ culturel réunionnais ?

Jérôme Galabert : Incontestablement, ces groupes ont été marquants. Outre l’aspect musical, c’était presque un nouveau mode de vie. Ils ont vite fait des petits.

Dans la lignée, on peut dire aussi que le festival de Château-Morange a joué un rôle énorme sur l’évolution de la musique réunionnaise. Par rapport à l’offre culturelle, il y avait une forme de modernité qui alliait la promotion de la tradition musicale et une programmation audacieuse. Cela a accéléré le processus.

7 Lames la Mer : Sakifo, un enfant de Chateau-Morange ?

Jérôme Galabert : J’ai toujours dit que moi, j’étais un enfant de Château-Morange. Le virus des festivals, je l’attrape sur Château-Morange. Par la suite, avec Pierre Macquart, on s’est occupé de la décentralisation pour la dernière édition.

Indéniablement, Sakifo a hérité de Château-Morange : l’ouverture, l’éclectisme, la mise en valeur de pratiques endogènes, les rencontres entre artistes, les rencontres professionnelles, la revendication du rôle de locomotive joué par le territoire, etc. L’aventure humaine aussi ! La façon de conduire l’équipe, le fonctionnement de l’organisation en interne… C’est là que j’ai appris.

7 Lames la Mer : Une rencontre marquante ?

Jérôme Galabert : Il y en a beaucoup… Paul Mazaka, Pierre Macquart… Comment les citer tous ! Dans mon parcours professionnel, Jean-Pierre Clain a été un de mes mentors. Il m’a beaucoup appris. Premier directeur de l’ODC, il avait une réflexion sur la globalité du territoire. Il n’était pas un directeur de théâtre mais bien un directeur d’ODC.


7 Lames la Mer : On assiste depuis quelques années à la multiplication des festivals, voire à leur « communalisation ». Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?

Jérôme Galabert : J’avais prédit cela juste au lendemain des dernières élections municipales.Quand nous avons eu le conflit avec Thierry Robert, j’ai pris conscience que plus rien ne serait comme avant et que l’on allait direct vers la “festivalite”. Chaque commune ou communauté d’agglomération allait vouloir son Sakifo. La suite a montré que certains ont essayé et peu ont réussi.

7 Lames la Mer : Ce conflit avec Thierry Robert sera à l’origine de la migration du Sakifo vers Saint-Pierre. Avec le recul, acceptez-vous de revenir sur cet épisode ?

Jérôme Galabert : Oui et en toute transparence. Ce que je vais dire là, je peux le redire devant lui et en public. A l’époque, je ne connaissais pas Thierry Robert. Il m’aborde un samedi matin dans un commerce et me dit : «Je suis le futur maire, il va falloir que l’on travaille ensemble »… J’ai connaissance plus tard qu’il prend un certain nombre d’engagements sur le Sakifo (tarif pour les Saint-Leusiens, concerts décentralisés dans les hauts…). Il est en campagne, il fait feu de tout bois. Ce n’est ni le premier ni le dernier.

7 Lames la Mer : Comment réagissez-vous ?

Jérôme Galabert : La rosée sur feuille songe… mais cela produit quand même un certain agacement car est-ce-qu’il me viendrait à l’idée d’aller faire des promesses, si j’étais en campagne, sur le thème : « vous aurez accès aux appartements de Thierry Robert gratuitement » ? Rien n’est neutre : il sait que j’ai travaillé à la construction de la politique culturelle de Saint-Leu pour Jean-Luc Poudroux…

7 Lames la Mer : Thierry Robert gagne les élections…

Jérôme Galabert : Oui et le festival approchant, je demande à la commune d’honorer les engagements de l’équipe précédente. Nous n’avions pas de convention, les engagements étaient verbaux…

Face à l’absence de réaction, je finis par annoncer dans les médias la suspension du festival. Panique à bord. Le maire nous reçoit et nous explique — je résume — que la ville n’a plus les moyens…

Donc, après quelques péripéties, le Sakifo s’est tourné vers d’autres interlocuteurs : Saint-Pierre et Saint-Paul. On demandait une convention de partenariat de trois ans. Saint-Pierre a proposé sept ans. Il nous incombait de réinventer un festival. Une semaine à peine s’était écoulée depuis l’annonce de la suspension… C’était compliqué.

7 Lames la Mer : Cet épisode démontre aussi qu’un évènement comme le Sakifo repose, inévitablement, sur des fonds tant privés que publics.

Jérôme Galabert : Evidemment. Aujourd’hui, dans tous les domaines, on considère le maillage public-privé comme naturel, sauf pour la culture où l’on constate encore des blocages — psychologiques ou autres. Or c’est un secteur où historiquement, il y a peu de moyens et de moins en moins parce que l’offre et les besoins augmentent alors que l’enveloppe ne fait que diminuer.

7 Lames la Mer : Comment expliquez-vous ce blocage ?

Jérôme Galabert : Il y a là une sorte de paradoxe qui tient à un apriori culturel : quand on parle culture, on s’adresse à l’âme et on a peur de traduire cela en valeur financière, en potentiel économique.

Par exemple, il est admis que le cinéma et la chanson sont des industries mais ce modèle là n’est pas descendu jusqu’aux instances décisionnelles, qui agissent dans le cadre de la décentralisation. C’est descendu pour tout le reste : on subventionne l’agriculture, le tourisme, le social, la redynamisation des centre-villes… Pas de problème.

Le seul secteur qui semble poser problème, c’est la culture. Dans le domaine musical, il y a en plus cet aspect fantasmatique du « producteur-qui-va-faire-fortune », ce qui amène certains à me comparer à Eddie Barclay… Comme si j’étais la Metro-Goldwyn-Mayer de la musique réunionnaise ! C’est ridicule. Il faut arrêter de déconner : j’ai une PME qui fait 2 millions de chiffre d’affaire, qui dégage entre 50 et 100.000 euros de bénéfices les bonnes années. Ou sa nou sava avek sa ?

7 Lames la Mer : La culture peut-elle devenir un levier économique ?

Jérôme Galabert : Oui. C’est là que nous avons un des plus forts potentiels de création d’emplois, en particulier à La Réunion. Un exemple : il y a 4 à 5 ans, le projet « Tournée générale » est né des rencontres professionnelles de Sakifo. A l’époque, le Kabardock — qui est une SMAC [3] — est isolé sur un territoire sans partenaires : Palaxa fermé, K/véguen moribond, Théâtres Départementaux pas concernés…

Seul, le Kabardock est comme une locomotive sans wagons. Dans le même temps, les cafés-concert constituent le premier réseau de diffusion de l’île : c’est là où jouent tous les groupes. Le boushé-manjé des musiciens, c’est ce réseau informel, cette économie souterraine.

Donc avec Stéphane Rochecouste, le directeur du Kabardock, nous avons travaillé à créer du lien entre ce réseau là — les privés — qui a besoin d’être structuré et l’institution qu’est le Kabardock — le public. Au bénéfice de qui ? Des artistes : cinq groupes au début, cinq lieux… A l’époque, le PRMA et l’Etat ne nous suivent pas. En revanche, la Région et la SACEM nous soutiennent.

7 Lames la Mer : Un premier bilan de « Tournée générale » ?

Jérôme Galabert : Concrètement, aujourd’hui le dispositif « Tournée générale », c’est 40 groupes inscrits et un potentiel de 600 cachets. Ainsi, on permet à des artistes d’accéder à un statut, ce qui avant n’était pas toujours possible mathématiquement.

Avant, ces groupes s’adressaient directement au Kabardock ou au Sakifo pour se produire mais — toutes proportions gardées — c’est comme si un groupe de la Creuse essayait de faire l’Olympia ou le Printemps de Bourges sans avoir expérimenté des scènes intermédiaires. Aujourd’hui, avec le dispositif « Tournée générale », les groupes peuvent acquérir de l’expérience.

7 Lames la Mer : « Tournée générale » se veut aussi un dispositif économique, grâce au maillage public-privé évoqué plus haut. Une expérience concluante ?

Jérôme Galabert : Oui. L’autre aspect, c’est effectivement l’impact économique de ce dispositif. On crée un appel d’air en sollicitant les fonds de l’intermittence et il y a un effet boule de neige.

Quand un artiste effectue un certain nombre d’heures, il bénéficie d’une compensation mécanique à travers le système de l’intermittence. Donc ses revenus augmentent. Cet artiste, il vit ici et dépense ici. Il fait vivre des lieux — les cafés-musique — qui eux-même embauchent, qui vendent des produits qu’ils achètent à des gens qui sont embauchés pour les leur vendre. On recrée ainsi une économie dont 80% de la dépense a lieu sur le territoire.

7 Lames la Mer : « Tournée générale », un modèle économique, à votre avis ?

Jérôme Galabert : Ce que je peux dire c’est que La Réunion est dans une situation catastrophique. Cela ne va pas nous tomber tout cuit dans la gueule.

Le truc que je sais faire, c’est creuser mon cerveau pour imaginer des choses pour m’en sortir. Mon modèle, c’est ça. On s’en sortira si on est capable d’imaginer des systèmes qui collent à notre réalité territoriale.

A suivre…

Propos recueillis par Geoffroy Géraud Legros & Nathalie Valentine Legros

• Suivez ce lien pour en savoir plus sur le dispositif Tournée générale.

 

Nathalie Valentine Legros & Geoffroy Géraud Legros

Chroniques réunionnaises à quatre mains, avec Geoffroy Géraud Legros et Nathalie Valentine Legros.

 

Notes

[1Volontaire à l’aide technique

[2Office départemental de la culture

[3Scène des Musiques Actuelles

 

CHANSON FRANCOPHONE/ LISA LEBLANC : PRIX RAPSAT-LELIEVRE 2013

Le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Maka Kotto, et le ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, ont annoncé lundi 6 mai 2013 l’attribution du prestigieux prix Rapsat-Lelièvre 2013 à Lisa LeBlanc pour “la qualité et la singularité de son tout premier album” lancé en mars 2012.

LISA LEBLANC PV CITATION

Juillet 2012, Festival de Petite-Vallée, en Gaspésie

Le prix Rapsat-Lelièvre souligne l’excellence d’un album de chansons. Il est remis chaque année, en alternance, à un artiste québécois à l’occasion des Francofolies de Spa, et à un artiste de Wallonie-Bruxelles, au Coup de cœur francophone de Montréal. Ce fut le cas en novembre dernier au Lion d’Or pour le groupe Suarez.

Il est attribué par un jury international composé de spécialistes de la chanson issus du Québec et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le prix comprend une bourse de 5 000 $ pour l’auteur-compositeur-interprète et une aide financière de 10 000 $ au producteur du disque afin d’en assurer la diffusion sur le marché belge.

“Cette étoile montante de la musique dont la carrière est déjà bien ancrée au Québec”

“Le prix Rapsat-Lelièvre met en relief le talent et la créativité de nos artistes avec un rayonnement grandissant de chaque côté de l’Atlantique. Je veux féliciter chaleureusement Lisa LeBlanc, cette étoile montante de la musique dont la carrière est déjà bien ancrée au Québec. C’est maintenant au tour de la communauté de la Wallonie-Bruxelles d’apprécier l’immense talent et l’originalité de cette auteure-compositrice-interprète qui n’en est pas à sa première incursion en Europe et qui est loin d’avoir fini de conquérir de nouveaux publics” a déclaré le ministre Maka Kotto.

« Parce qu’elle puise largement dans cette langue que nous avons en partage, la culture constitue naturellement l’un des moteurs de la riche coopération du Québec et de la Wallonie-Bruxelles. Je salue l’attribution du prix Rapsat-Lelièvre à cette artiste singulière qui est appelée à contribuer au rayonnement de la culture québécoise auprès des francophones de la Belgique », a indiqué le ministre Jean-François Lisée.

Et le communiqué de préciser : “Originaire du petit village de Rosaireville au Nouveau-Brunswick et maintenant installée au Québec, Lisa LeBlanc écrit des chansons aux propos sans détour, empreintes d’une grande sensibilité. Son charisme, sa fraîcheur, son sens de la mélodie et la qualité de réalisation de l’album sont autant d’éléments qui ont su convaincre le jury international”.

Remise du prix en juillet prochain durant la 20e édition des Francofolies de Spa, en Belgique

Certifié disque d’or au Québec, l’album éponyme de Lisa LeBlanc réalisé par Louis-Jean Cormier est maintenant distribué en Belgique, en France et en Suisse, sous l’étiquette Tôt ou tard. C’est en juillet prochain, dans le cadre de la 20e édition des Francofolies de Spa, en Belgique, que l’auteure-compositrice-interprète recevra son prix et y présentera son spectacle.

Créé en 1984, le prix Rapsat-Lelièvre, initialement connu sous le nom Prix Québec/Wallonie-Bruxelles du disque de chanson, vise à encourager le développement et la promotion de la langue française et à stimuler la production et la diffusion de disques francophones tout en favorisant les échanges entre le Québec et la Communauté Wallonie-Bruxelles.

Ce prix est décerné par un jury international composé de spécialistes de la chanson du Québec et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le prix comprend une bourse de 5 000 $ pour l’auteur-compositeur-interprète et une aide financière de 10 000 $ au producteur du disque afin d’en assurer la diffusion sur le marché belge.

PF LISA RL CD

Certifié disque d’or au Québec, l’album éponyme réalisé par Louis-Jean Cormier est maintenant distribué en Belgique, en France et en Suisse, sous l’étiquette Tôt ou tard

En mémoire de Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre

En 2003, lors du 20e anniversaire de sa création, changement d’appellation … On parle désormais du prix Rapsat-Lelièvre : un hommage à Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre, deux grands artisans de la chanson disparus à quelques jours d’intervalle en avril 2002.

Ce prix évoque en effet la mémoire de deux figures incontournables de la chanson francophone : le Belge Pierre Rapsat et le Québécois Sylvain Lelièvre. Durant leur carrière, qui s’est étalée sur une trentaine d’années, Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre ont su traverser les modes. Ils n’ont pas hésité à pratiquer leur art sans compromis, en empruntant souvent des chemins moins fréquentés, loin du show-business… Chacun avait à son actif plus d’une dizaine de disques qui ont conquis un public fidèle. Tous deux sont décédés à un moment où ils opéraient un virage musical important.

Le Prix Rapsat-Lelièvre est administré conjointement par Wallonie-Bruxelles International (WBI) et par le ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur (MRIFCE) ainsi que le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC).

Au terme de ce texte publié sur la base d’informations relayées par trois sites (Ministère de la Culture et de la Communication du Québec; Coup de Coeur Francophone; Prix  Rapsat-Lelièvre), deux précisions s’imposent.

Signalons tout d’abord l’excellent livre “Toi l’ami Cent regard sur Sylvain Lelièvre” paru en avril 2013 met en relief avec d’innombrables documents la vie et la carrière de cet auteur-compositeur-interprète québécois. Cet ouvrage unique en son genre est signé Elizabeth Gagnon (Radio Canada) et Monique Vaillancourt-Lelièvre, veuve du chanteur (229 pages, Editions L’instant scène/ Productions Basse-Ville). Nous en reparlerons bientôt plus longuement sur notre site.

PF SYLVAIN LELIEVRE

Un ouvrage de référence sur un artiste disparu à 59 ans, alors que sa carrière prenait un nouveau tournant et accédait enfin à une reconnaissance du grand public

Son charisme époustouflant ainsi que son ardente énergie sur scène vous laisseront éblouis sur votre siège !”

Seconde précision, et non des moindres. L’attribution de ce prix d’envergure internationale à l’artiste d’origine acadienne Lisa Leblanc va évidemment réjouir ses nombreux fans des Provinces Maritimes.

De quoi les ravir face à ce nouveau coup de projecteur braqué sur la chanteuse de plus en plus connue et appréciée hors de son Nouveau-Brunswick natal … tout en étant surpris par la déclaration ministérielle la qualifiant d'”artiste singulière qui est appelée à contribuer au rayonnement de la culture québécoise auprès des francophones de la Belgique”.

Car une évidence s’impose. Bien qu’établie au Québec, Lisa LeBlanc n’a pas pour autant oublié ses racines. Ni son accent et son incroyable présence sur scène… déjà évoqués en 2010 dans le premier document officiel parlant d’elle. En l’occurrence une petite page la présentant d’une manière à la fois enthousiaste et prometteuse : “Son charisme époustouflant ainsi que son ardente énergie sur scène vous laisseront éblouis sur votre siège ! Ses jeux prestigieux de guitare et ses mélodies accrocheuses aux intonations folk/rock vous feront également vouloir la connaître davantage et de suivre le parcours prometteur de cette artiste émergente! “. Voir le document ci-dessous.

PF LISA BIO BREVE

Premier document présentant Lisa Leblanc, en 2010, juste avant son entrée à l’Ecole de la Chanson de Granby

PF LISA MAI LEBLANC MAQUETTE

Mars 2009, sortie sur le marché acadien d’un mini-album de trois titres médiatisé par Carol Doucet. Réalisé par Etienne Leblanc, l’album a bénéficié de l’appui de la Société culturelle des Hauts-Plateaux; Laquelle organisait alors chaque année “le Sommet de la Chanson”, une compétition pour les artistes musicaux du Nouveau -Brunswick remportée en 2008 par Lisa LeBlanc.

“Je suis une Acadienne qui roule ses « r », qui aime se moquer d’elle-même”

Que de chemin parcouru en quelques années par la jeune chanteuse de Rosaireville – village de son enfance avec ses 40 habitants- au Nouveau-Brunswick, en passant par le travail de longue haleine mené à bien par Carol Doucet, jusqu’à l’enregistrement au studio Piccolo du fameux album sous le label Bonsound Records !

Un des tournants de cette carrière aura été l’inoubliable Cercle des auteurs de la SOCAN, en novembre 2008 à la FrancoFête de Moncton. La soirée était animée par le Québécois Michel Rivard entouré par trois artistes acadiens : Edith Butler, Danny Boudreau et … Lisa LeBlanc : une véritable révélation tant par son talent que sa manière de s’exprimer avec audace et bon sens face à ses aînés. D’où cette “une” du quotidien L’Acadie Nouvelle du lundi 10 novembre…

PF LISA LEBLANC ACADIE NOUVELLE 003

Lundi 10 novembre 2010. La “une” de L’Acadie Nouvelle après l’inoubliable Cercle des auteurs SOCAN en compagnie de Michel Rivard, Edith Butler, Danny Boudreau et Lisa LeBlanc

En remportant le Festival international de la chanson de Granby en septembre 2010, Lisa Leblanc élargira rapidement sa notoriété auprès de nombreux médias francophones à travers le Canada, et tout autant auprès d’un public en quête de nouveaux talents.

Dès lors, sa carrière a connu une ascension fulgurante. Récipiendaire du Félix de la Révélation de l’année au Gala de l’ADISQ de 2012, elle compte à ce jour près de 400 spectacles à son actif. Mais l’accélération de sa carrière n’empêchera pas Lisa LeBlanc de continuer à rester égale à elle-même. Naturelle et spontanée, aimant se définir comme “Une Acadienne qui roule ses “r”, qui aime se moquer d’elle-même, qui écrit des textes sans trop de froufrous et qui est tannée de chanter des chansons de fi-filles!”.

Il est évident qu’on n’a pas fini d’entendre parler (et chanter) Lisa LeBlanc. Et le Prix Rapsat-Lelièvre 2013 constitue assurément une nouvelle étape pour la fille de Rosaireville bien décidée à conquérir de nouveaux publics tout en demeurant égale à elle-même. Un défi de plus pour cette Acadienne à la fois extravertie et sensible, au répertoire assurément bien nuancé et varié que ne le laisse croire sa chanson la plus connue.

PF LISA CHEVEUX FF 2012Mais oui, c’est bien elle, crinière au vent, durant la FrancoFête en Acadie, Moncton, Nouveau-Brunswick e, novembre 2012

PF LISA PULLY 5 060 LISA ET JEROMEEn grande conversation avec Jérôme, un des bénévoles du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, juin 2012

PF LISA RAPSAT LELIEVRE 003A la une du site du Prix Rapsat-Lelièvre

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

ABITIBI-TEMISCAMINGUE/MATHIEU JOANISSE : D’OTTAWA A ROUYN-NORANDA

C’est confirmé. Mathieu Joanisse quitte l’Ontario pour l’Abitibi-Témiscamingue ! Oui, après la tenue du plus grand et plus important Gala des prix Trille Or à Ottawa, Ontario, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique a annoncé le départ de son directeur des événements artistiques. Rencontre avec ce professionnel de 35 ans prêt à relever de nouveaux défis en qualité de directeur général du Festival de Musique Émergente (FME) à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.

C’est après avoir durant 5 ans assuré la réalisation des événements majeurs de la francophonie tels le Festival “Quand ça nous chante” (six éditions), Ontario POP (cinq éditions) et le Gala des prix Trille Or (trois éditions) que Mathieu retourne finalement à ses “premiers amours” !

En l’occurrence “l’heureux mariage de la musique émergente et la diffusion” selon Natalie Bernardin, directrice générale de l’APCM. “Nous sommes heureux d’avoir pu être un tremplin et une structure apportant de l’expérience pour nos artisans de l’industrie leur permettant de voler vers de nouveaux défis”.

Comme il l’explique avec conviction, c’est un vrai rêve qui se réalise pour Mathieu fortement influencé par ce festival de grande envergure : “Le FME a toujours été une inspiration pour moi et a fortement contribué à mon évolution en tant que directeur des événements artistiques au courant de mes cinq dernières années au sein de l’APCM.

J’ai participé aux 5 dernières éditions du FME. Je suis fier et surtout honoré de faire maintenant partie de cette équipe dynamique et pouvoir ainsi redonner au FME de mon expérience acquise depuis 10 ans dans le milieu de la scène culturelle canadienne”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 098

Mathieu Joanisse en compagnie d’un des pionniers de la chanson franco-ontarienne, Robert Paquette

“En chef de fil de l’industrie musicale, Mathieu apportera son positivisme, son expertise et sa main de maître à son nouveau poste”

Nul doute que Mathieu Joanisse apportera son expertise à un festival qui ne cesse de grandir et qui connaît d’année en année “un succès resplendissant”.

Avant d’arriver à l’APCM, Mathieu œuvrait au sein du Centre culturel Frontenac. Selon l’APCM, “il a su laisser son emprunt sur non seulement la communauté de Kingston mais la communauté franco-ontarienne entière par son leadership et son implication au sein de Réseau Ontario. En chef de fil de l’industrie musicale, Mathieu apportera son positivisme, son expertise et sa main de maître à son nouveau poste.

Pas surprenant donc que Natalie Bernardin affirme que « l’APCM sera désormais changée pour le meilleur après le passage de Mathieu au sein de l’équipe. Sa vision artistique et sa passion ont su rehausser les activités artistiques de l’association.

Sa personnalité et son dévouement laisseront un vide au sein de l’équipe et au sein de la communauté. L’équipe de l’APCM, son conseil d’administration et tous ses artistes membres souhaitent beaucoup de succès à Mathieu dans ses nouvelles fonctions. Mathieu quitte l’APCM la tête haute avec une grande fierté des accomplissements réalisés et passe le flambeau pour la continuité de l’évolution de la scène franco-canadienne”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 879

Samedi 23 mars, Auditorium Fraser, Université Laurentienne. Final de la 40ème Nuit sur l’Etang avec l’ensemble des artistes de la soirée

“Est-ce que les coupures, les abolitions de programmes et le contexte d’austérité économico-culturel diminuent notre soif pour l’art ? Non”

Directeur général des événements artistiques au sein de l’APCM, Mathieu Joanisse s’est exprimé sur la signification des Prix Trille Or, et plus globalement sur la chanson franco-ontarienne, dans un texte paru dans le programme de cette manifestation.

Ce texte cosigné avec Caroline Yergeau, la metteure en scène du 7ème Gala, en dit long sur les talents fleurissant en Ontario, et les défis auxquels ils sont confrontés. Avec pour commencer cette rafale de questions : “Est-ce que les coupures, les abolitions de programmes et le contexte d’austérité économico-culturel diminuent notre soif pour l’art ? Non. Est-ce que ca diminue notre enthousiasme créatif ? Encore moins”.

Selon Mathieu Joanisse et Caroline Yergeau, “le Gala des Prix Trille Or, c’est l’une des plus belles occasions de partage : partage entre l’Ontario et l’Ouest francophone, partage entre les artistes et leur public, partage d’une grande passion, partage d’une même scène par des talents musicaux…

Du talent, il y en a. de nouveaux noms émergent sur la scène musicale francophone et cheminent tranquillement. Les noms que l’on aime déjà continuent à offrir des albums et des spectacles de plus en plus riches et à rayonner ici et ailleurs. Nos artistes créent, se renouvellent et voyagent. Ils s’investissent afin que leurs œuvres, empreintes de toute leur unicité, deviennent des représentantes de notre culture.

Et c’est à nous de souligner aujourd’hui, de leur montrer notre appréciation et de souligner la place de choix qu’ils occupent dans nos vies.  Célébrons l’excellence de ceux qui accompagnent musicalement, en français, nos joies, nos peines, nos expériences extrêmes et notre petit train-train quotidien”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 021

Un outil de travail indispensable pour tout passionné de chanson francophone d’Amérique du Nord : réalisé par Mathieu Joanisse avec un assemblage numérique signé Denis Paquette, cette compilation met en évidence 19 chansons figurant autant d’albums enregistrés par des  artistes, duos ou groupes francophones hors Québec.

“APCM et Réseau Ontario : des structures indispensables”

Réalisé dans la foulée du fameux Gala des prix Trille Or à Ottawa et de la 40ème Nuit sur l’Etang avec un concert de 4h30 à Sudbury, notre conversation avec Mathieu a évidemment débuté sur le bilan de ces deux événements majeurs pour la communauté franco-ontarienne.

Certes, il y a la satisfaction d’avoir revu et applaudi des artistes bénéficiant d’une incroyable carrière depuis plus de 40 ans : Marcel Aymar, François Lemieux, Robert Paquette, Paul Demers, etc.

Pour Mathieu s’y ajoute aussi l’impact d’une formation telle que Cano dont la reformation, voici trois ans, lors des 20 ans de l’APCM, à l’occasion d’ “une année complète d’anniversaire marquée par de nombreux événements musicaux”. Avec entre autres la satisfaction de voir comment “la nouvelle génération franco-ontarienne tripait sur les chansons de ce groupe mythique, notamment sur des titres de neuf minutes plutôt rares sur les ondes radiophoniques” !

Pour Mathieu, l’évocation de la 40ème Nuit sur l’Etang, c’est comme si on tournait les pages d’un album photos qui comprend encore nombre d’espaces vierges à remplir avec plein de pages qui restent encore à écrire ! Evidemment, la chanson franco-ontarienne est différente de la chanson québécoise : une question de langue, de méthode d’écriture, de références à la vie quotidienne, etc.

“Ici on n’a pas le stress de l’industrie musicale. Nous avons des projets neufs, des projets qui viennent du cœur. Le jeune artiste ou le nouveau groupe savent que ce ne sera pas évident. Nous ne sommes pas à Montréal, avec un milieu artistique bien organisé qui n’existe pas ici. A ce jour en Ontario il y a encore peu de professionnels, comme Michel Benac avec LaFab”.

Et d’insister aussitôt sur le rôle de structures telles que l’APCM et Réseau Ontario : des repères incontournables pour ce militant d’une chanson française quo bénéficie désormais d’une réelle variété d’expression : “On a tant de diversité, tellement de produits à faire connaître avec les moyens qu’on a ! Nous avons aussi des ambitions pancanadiennes pour montrer ailleurs ce qui se fait en Ontario”.

Mathieu se lance alors dans une énumération de talents tels que les groupes Pandaléon et Mastik, la chanteuse Marie-Claire (“Super rafraîchissante”) et les Hula-Hoops, etc.

PF BOREAL MASTIK

Le groupe Mastik face au public, lors de la Nuit Emergente au Collège Boréal, Sudbury

“Nos groupes ont réussi à faire leur rock à eux”

“Les artistes prennent enfin leur place ici sans gêne comme on l’a vu avec AkoufèN à L’Autre Gala de l’APCM : il n’y a pas vraiment ce style de musique avant dans l’Ontario français. Oui, il y a de l’influence des bands de Montréal, mais nos groupes ont réussi à faire leur rock à eux avec une saveur métal comme AkoufèN par exemple. Les jeunes du secondaire reprennent des chansons de ces groupes ! Ca fait plaisir à voir et à entendre !”

Mathieu insiste aussi sur le travail d’artistes sans doute moins connus mais tout aussi importants … comme l’auront confirmé à de multiples reprises aussi bien les deux galas de l’APCM que la 40ème Nuit sur l’Etang. Et de parler entre autres du pianiste Nic Carey, directeur musical des deux galas. Avec lui pas de reprise de standards mais «”des créations, des duos, des surprises musicales” : un créateur efficacement entouré par des pointures nommées Kevin Daoust (guitare), Shawn Sayniuk (batterie), Marc-André Drouin) et des musiciens invités comme Bobby Lalonde et François Gravel … et aussi du trio a capella de la Nuit sur l’Etang : Leila Reguigui, Darquise Poulin et Chelsea Rooney.

Se glissent aussi dans notre conversation l’évocation du travail mené à bien par l’orchestre ayant accompagné les artistes sur la scène de l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : une formation composée de Daniel Bédard, Guy Coutu, Cory Lalonde, Dayv Poulin, et Don Reed.

Autant de noms qui représentent pour Mathieu Joanisse une des clés de l’impact de ces événements d’Ottawa et Sudbury. Avec un constat qui en dit long sur la manière de créer des artistes franco-ontariens : ici pas de musique sous cloche, pas de ghetto mais une façon de composer en lien direct avec d’autres influences musicales, comme le confirment par exemple les parcours de Tricia Foster ou Mehdi Hamdad. Des artistes à la fois audacieux musicalement et extravertis dans leurs relations humaines. “Ils vont devenir des références pour les nouveaux groupes, pour les nouveaux artistes, c’est sûr”.

PF BOREAL MEDHI OURS

Vendredi 22 mars, Collège Boréal, Sudbury; Mehdi Hamdad quelques minutes avant de monter sur scène pour la Nuit Emergente. 

L’importance pour la chanson franco-ontarienne d’avoir des têtes d’affiches dont la notoriété dépasse le cadre provincial

Alors qu’en est-il de l’importance pour la chanson franco-ontarienne d’avoir des têtes d’affiches dont la notoriété dépasse le cadre provincial ?

C’est évidemment indispensable selon Mathieu qui cite entre autres le parcours d’Andrea Lindsay assuré tant en solo qu’en compagnie de l’auteur-compositeur-interprète québécois Luc De Larochellière, ou encore Damien Robitaille. Lequel, après avoir participé à L’Autre Gala de l’APCM eu au Cercle des auteurs-compositeurs SOCAN à Ottawa remplissait quelques jours plus tard le Métropolis à Montréal (nous y reviendrons dans un autre article).

Mais, comme le reconnaît volontiers Mathieu, l’impact populaire de ces artistes connus hors de l’Ontario ne doit surtout pas faire oublier les autres talents. Eux aussi, entament – doucement mais sûrement – un parcours qui devrait les fait connaître hors de leur terre d’origine : “Tricia Foster, Konflit, Mehdi Cayenne Club, Pandaléon, Mastik et d’autres encore“.

En somme des parcours synonymes d’obstination, d’albums auto-produits, de recherches de bailleurs de fond, de débouchés commerciaux pour vendre les CD, de concerts à trouver, etc. “Il y a des shows un peu partout en Ontario. C’est le fun, on assume la musique franco, on n’en parle pas, on en joue tout simplement”.

Et si les artistes et groupes remportent un succès croissant en Ontario, la question de la gestion de la carrière fait partie de ces défis dont on parle peu en public. Et pourtant il s’agit de priorités selon Mathieu, qui a souvent donné des cours de gérance d’artiste en Ontario. Avec à la clé “des exemples concrets, des anecdotes précises, des histoires à ne pas faire. Et pour un groupe c’est encore plus compliqué quand il faut prendre des décisions, trouver de nouvelles orientations à accepter ensemble. Pas toujours facile de mettre en pratique la théorie… En plus en Ontario rares sont les artistes qui font ce métier à temps plein ! Il leur faut trouver un job … sauf quelques rares exceptions comme Damien Robitaille”.

PF ROBITAILLE FOULE DEBOUT

Montréal, Métropolis, 4 avril. Plus d’un millier de spectateurs enthousiastes pour Damien Robitaille accompagné par sept musiciens et Carolina, sa choriste et compagne colombienne

Un millier de vinyles et sept tables tournantes

Au fil de notre entretien, Mathieu Joanisse apparaît comme un professionnel totalement tourné vers la mise en valeur des talents individuels et collectifs… et en même temps cela ne l’empêche pas de cultiver se propres passions.

A commencer par celle du vinyle et aussi des tables tournantes à laquelle n’est pas étrangère Eric Auclair rencontré “voici six ou sept ans”. Aujourd’hui, avec un bon millier de vinyles et sept tables tournantes, Mathieu cultive une passion qu’il ne garde pas pour lui. Et pour cause puisqu’il devient, au gré des événements, un des deux Dj masqués qui font danser jusqu’au bout de la nuit tant de monde. Cette complicité partagée avec Christian Pelletier, elle éclate dans les soirées dansantes animée par le duo des DJ masqués !

“Le fun des soirées c’est qu’il n’y ait pas de demande spéciales et que gens dansent comme des fous sur ce qu’on leur passe ! On peut très bien s’amuser en dansant sur de la chanson et de la musique française et francophone … entre funk, yéyé, electro, rock et j’en passe ! La musique est bonne partout … mais on est capable de s’amuser en français … on aime ça … et on fait même danser des gens qui ne comprennent pas le français !”.

 

PF BOREAL DJ MASQUES

Mathieu Joanisse et Christian Pelletier, alias les DJ Masqués

De Led Zeppelin à André Gagnon via Chopin et Beethoven

Le temps est bien révolu où le jeune Mathieu tripait – “en fin de primaire et début de secondaire” – sur les musiques des années 70 signées Led Zeppelin, Pink Floyd, Janis Joplin, etc. Et à cette époque, comme il le dit si bien, “c’était moins le fun en français. Mes parents écoutaient juste de la variété française comme Michel Sardou. Et j’étais alors rebelle”.

Arrivé en secondaire 3, un sacré virage s’opère dans la vie de Mathieu. Place au classique, au piano ! Le voici qui compose, qui a le projet d’enregistrer aussi. “J’ai étudié l’opéra, j’ai été beaucoup touché par le grégorien. André Gagnon, je ne peux pas défendre tous les albums… mais je l’adore”.

Et d’évoquer son admiration envers la complicité musicale développée entre André Gagnon et Claude Leveillée mais aussi les œuvres de Chopin et Beethoven, autres compositeurs importants pour ce pianiste désormais tout aussi sensible aux “pianistes avec une touche, un support électro aujourd’hui”.

PF BOREAL MARIE CLAIRE

Marie-Claire Claire Cronier, une des voix majeures de la relève de la chanson franco-ontarienne évoquée par Mathieu Joanisse

 Après l’Ecole du Show-Busines, sur les routes avec Transakadie

Au terme d’études à l’Ecole du show business à Montréal – une période synonyme de tant d’échanges musicaux, de rencontres amicales et nouvelles découvertes artistiques – Mathieu Joanisse s’est lancé à 22 ans dans une aventure qui lui aura beaucoup appris. Une expérience qui lui aura bien ouvert les yeux sur la vraie vie d’artiste.

Il décroche un contrat de directeur de tournée pancanadienne dans la série “Rendez-vous de la francophonie” en se déplaçant de l’Ouest jusqu’au Nouveau-Brunswick le groupe Transakadie.

“J’ai dirigé la tournée, et monter en une semaine un cahier de tournée. Il n’y avait alors pas encore d’iphone. Ca a été une expérience formidable et tant de souvenirs ! Quand tu arrives à Régina, en Saskatchewan, et que 150 Francos dansent toute la soirée ça laisse des souvenirs : Surtout si la moitié ne connaissent pas le groupe … ca donne un coup dans la face … on ne nous avait pas tout expliqué à l’école ! Là j’ai vraiment mieux compris comment fonctionne le marché québécois mais aussi le marché d’ailleurs !”.

11ème Festival de musique émergente du 29 août au 1er septembre en Abitibi-Témiscamingue.

En attendant de vivre trois de ses rêves – voir sur scène les groupes Muse, Matmos, et Gros Méné – Mathieu est sur le point de franchir une nouvelle étape dans sa vie personnelle et professionnelle. Il va quitter l’Ontario pour une autre province du Canada et prendre début mai la direction du FME : le Festival de musique émergente organisé du 29 août au 1er septembre en Abitibi-Témiscamingue.

Composer des mélodies pour des artistes ? A ce jour le pianiste Mathieu Joanisse n’a pas encore franchi ce cap. «”Le timing sera la clé, j’y avais déjà pensé !”. Et on le croit bien volontiers quand on songe aux nouvelles responsabilités qui l’attendent du côté de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.

PF MATHIEU JOANISSEMathieu Joanisse, nouveau directeur général du Festival de Musique Émergente (FME) à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue (Photo APCM)

ILE DE LA REUNION : NATHALIE NATIEMBE, CROQUEUSE D’ETOILES

Elle fait partie de ces personnalités qui se méritent. De ces grandes personnes dont l’âme d’enfant se livre, parfois. Elle en confie beaucoup, Nathalie Natiembé, sur son nouvel album, « Bonbon zétwal ». Et sur un bout de galet, dans un jardin de la Possession, elle en livre un peu plus. Rencontre étoilée.

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Nathalie Natiembé, Bonbon Zétwal, Sakifo records, sortie Octobre 2013. En concert au théâtre sous les arbres, au Port, le 10 février (un concert Kabardock).
Photo © Fanny VIDAL.

Lunettes roses et tenue de sport. Un brin d’impatience vite balayé par un grand sourire. Elle t’attend. Pour de vrai. Elle a accepté la rencontre et c’est pas du chiqué. Parce qu’elle fait partie de ces trop rares personnes qui ne s’embarrassent pas de futilités, Nathalie Natiembé. C’est oui ou c’est non. Et là, c’était oui. « J’ai pas beaucoup d’amitiés féminines ». La phrase t’ouvre le cœur. Tu la suivrais loin, sur ce sentier galets, entre les cabris, les sourires et les bonjours aux bougs croisés. « A la Possession, les gens ont du respect pour moi. Les vieux, les jeunes, les SDF. Eux aussi, je vais les embrasser, parce que je sais que j’ai ce côté-là en moi aussi », confie-t-elle. La Possession, c’est son lieu de vie, d’amour, de création, depuis des années. Et c’est dans un jardin, à deux pas de chez elle, qu’elle se pose sur un galet. L’imaginaire déjà aux aguets.

« Tu trouves pas qu’on dirait un dinosaure, là-bas ? ». Il était une fois Nathalie Natiembé. Tu verrais surgir des lutins que tu ne serais pas surprise. Et tu les reçois toutes, les belles ondes de sa forêt enchantée, consciente de vivre un petit moment d’exception. Parce qu’elle est prête à raconter le processus de création. Cette transe des mots qui lui vient, souvent ici, au milieu des arbres. « Quand les mots arrivent dans la tête et que la musique ne s’y installe pas tout de suite, je sais que ça va rester un texte. Et tant que le travail n’est pas fini dans la tête, je ne mets rien sur papier ».

Et la voilà partie à chanter a capella l’émouvant « Bonbon zétwal », titre phare de son prochain album.

« Quand des fois la vie coule en l’eau claire / dans un grand roulement rouler / ou un ciel miel vert./ Quand des fois la vie coule doux amer / Pou un grand mariage sacré / gravé dans un bois de fer / reste clouté dans out vie/ pour cent ans/ la doulèr vide out vie/ pou flotte su d’l’eau ».

Bénie des dieux de la poésie ? Faut croire. Quand une chanson s’impose, elle ne la quitte plus. Le petit vélo pédale à grande vitesse, dans la tête et dans l’âme. Jusqu’à l’accouchement libérateur. « Les enfants savent que dans ses moments-là, il ne faut pas me déranger ». Tellement habitée, en phase créative, qu’elle peut aller marcher, seule, la nuit, dans les rues de la Possession. « Au début Robert (ndlr : son compagnon) ne comprenait pas. Maintenant, il me demande juste d’essayer de ne pas rentrer trop tard ».

L’œil de zénitude au milieu du cyclone punk-rock

Ah, Robert ! son « boug en or », son « tregor ». Il a su la mériter, l’artiste indomptable, la femme insoumise. « Robert, c’est ma muse », sourit-elle. On la sent apaisée, épanouie. En phase avec ses contradictions. Confiante.
Et c’est sûrement à cette confiance, aussi, qu’on doit ce très bel album. Parce que si elle s’est trouvée aussi, musicalement, si elle a posé les armes de la lutte entre le rock, le punk, la pop et son maloya transe des mots — seconde peau, c’est parce qu’elle a trouvé sa famille musicale. « Yann (ndlr : Costa, claviers) me suivait depuis le début. Il sentait qu’il y avait en moi cette artiste rock/punk. Là, il sentait que le moment était venu de jouer avec moi », raconte-t-elle. Autour d’eux, Cyril Fever Faivre à la batterie et Boris Kulenovic à la basse, ont aussi trouvé la clé de Natiembé.

Celle qui ouvre les vannes. Celle qui réveille l’œil de zénitude au milieu du cyclone punk-rock. « Moi je marche à l’affect. Et avec eux, j’ai vraiment trouvé la bonne enveloppe. Avant de monter sur scène, il y a une espèce de zénitude, parce qu’on est en osmose », raconte-t-elle. Un rapport presque intime, affectif, affectueux, que les musiciens ont ressenti, eux aussi. « On a tous mis beaucoup dans ce disque, Yann, Boris et moi. C’est difficile en peu de mots de dire ce qu’elle nous inspire… J’espère que ça s’entend dans le disque, confie Cyril Fever Faivre. En ce qui me concerne, je crois n’avoir jamais aussi bien joué. Il me semble atteindre là quelque chose qui dépasse le simple fait de jouer de la batterie. On s’est tous dépassés pendant l’enregistrement. On voulait bien faire pour porter au mieux, le plus loin possible, les belles chansons de notre Nathalie ».

Et oui, Cyril, il s’entend sur l’album, tout cet amour. Il coule, pétille, chamboule. Elle nous enveloppe, cette world-music planante aux accents 70’s. Elle nous balade, entre rock, reaggae, maloya et couleurs plus jazzy, sur nos chemins intimes à nous : de l’amour passionné irraisonné, au deuil, en passant par les vieux démons assumés.
Et on s’y installe franchement, dans ce débit d’émotions sous licence cœur.

Isabelle Kichenin

Article paru sur le site partenaire www.7lameslamer.net/

 

FRED ET MAURICETTE HIDALGO : UN DESTIN AU SERVICE DE LA CHANSON FRANCOPHONE

Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite et dans l’Ordre des Arts et des Lettres : décernées à Fred et Mauricette Hidalgo, ces deux distinctions viennent souligner “leur parcours, leur action, leur contribution et leur engagement au service de la Culture de notre pays”. Retour sur un événement ayant réuni nombre d’artistes et de personnalités du monde de la chanson aux Trois Baudets à Paris.

 

Cet article a paru une première fois le 28 octobre 2010 sur le site www.francomag.com, magazine d’informations artistiques et culturelles de l’espace francophone. En voici une version réactualisée.

Mauricette et Fred Hidalgo

Mauricette et Fred Hidalgo
En effet, c’est le mercredi 29 septembre 2010 – le même soir que le concert de Gilles Vigneault inaugurant le festival Limoilou m’en chante lancé par Pierre Jobindans la ville de Québec – que Fred et Mauricette Hidalgo ont reçu ces deux distinctions en laquelle ils veulent voir “une forme de reconnaissance officielle de la chanson”.
Il est vrai que ce couple est très connu dans le milieu de la chanson française mais aussi francophone.
Fred et Mauricette Hidalgo sont les créateurs du mensuel Paroles et Musique en juin 1980, puis du trimestriel qui lui a succédé : Chorus, Les Cahiers de la chanson, considéré comme l’organe de référence de la chanson francophone.

Quotidien de la Réunion, 31 décembre 2000, Fred et Mauricette en reportage dans l'océan Indien

Quotidien de la Réunion, 31 décembre 2000, Fred et Mauricette en reportage dans l’océan Indien

 En compagnie de Guy Béart, Antoine, Alain Souchon, Gilbert Laffaille et Clarika

De gauche à droite, Guy Béart, Fred Hidalgo, Alain Souchon et le chanteur Antoine

De gauche à droite, Guy Béart, Fred Hidalgo, Alain Souchon et le chanteur Antoine

Ces distinctions leur ont été remises par Jean-Michel Boris, qui aura été plus de quarante ans à la tête de l’Olympia. Le fait que l’événement ait eu lieu aux Théâtre des Trois Baudets s’affirme comme un symbole de leur quête incessante de nouveaux talents.

La cérémonie s’est déroulée en présence d’un cercle volontairement restreint d’invités, parmi lesquels des amis artistes représentatifs de toutes les générations et de tous les genres musicaux. Le créateur de L’Eau vive, Guy Béart, qui débuta dans ce lieu aux côtés de Brel, Brassens, Félix Leclerc ou Gainsbourg, a rappelé combien il appréciait le couple Hidalgo, “raison pour laquelle”, a-t-il précisé, il a “accepté de sortir en public pour la première fois depuis des années”.

Alain Souchon, Clarika, Gilbert Laffaille étaient également là, tout comme Antoine qui a rappelé publiquement qu’il avait sans doute été le premier à apprendre le projet de Paroles et Musique, en 1979 à Djibouti, lors d’une rencontre avec Fred et Mauricette Hidalgo sur son bateau ! 

Ce soir-là il a même précisé qu’à l’époque Fred Hidalgo menait aussi, sur place, un combat très important contre les dramatiques mutilations sexuelles infligées aux jeunes filles de la Corne de l’Afrique (infibulation), combat qui avait d’ailleurs provoqué la venue à Djibouti de la célèbre journaliste (elle était alors rédactrice en chef de “F Magazine”) et romancière Benoîte Groult, bien connue pour ses positions féministes.

25 octobre 1992, hebdomadaire Week-End, Ile Maurice : annonce du premier numéro de Chorus

25 octobre 1992, hebdomadaire Week-End, Ile Maurice : annonce du premier numéro de Chorus

Avec Jean-Louis Foulquier, Jo Masure, Patrick Printz et François Chesnais

Fred Hidalgo et Jean-Louis Foulquier

Fred Hidalgo et Jean-Louis Foulquier
Étaient aussi de la partie nombre de professionnels, directeurs de festivals, écrivains et journalistes de presse écrite et de radio, ainsi que la plupart des anciens membres de la rédaction de Chorus.
Des directeurs de festivals (Jo Masure d’Alors Chante de Montauban, Bernard Kéryhuel de Chant’ Appart… et Jean-Louis Foulquier, fondateur des Francofolies de La Rochelle, qui fut plusieurs décennies durant le Monsieur Chanson de France Inter), des professionnels tels François Chesnais, directeur du Fonds pour la Création Musicale, ou Patrick Printz, venu spécialement de Belgique en sa qualité de directeur de Wallonie Bruxelles Musiques, principal organisme de soutien à la chanson en Belgique.

En présence de Hélène Nougaro, Marie-Françoise Balavoine et Patrice Dard

Avec Antoine et le romancier Patrice Dard. Au second plan à droite le chanteur acadien Joseph Edgar

Avec Antoine et le romancier Patrice Dard. Au second plan à droite le chanteur acadien Joseph Edgar
Citons encore Serge Llado, humoriste, chroniqueur chez Laurent Ruquier, des amis proches commeHélène Nougaro, dernière épouse du chanteur qui l’a rencontrée à l’île de la Réunion dans des circonstances auxquelles Fred et Mauricette ne sont pas étrangers; Marie-Françoise Balavoine, la sœur de Daniel qui, en tant qu’attachée de presse, appréciait beaucoup le travail de Chorus.
Et aussi le romancier Patrice Dard, fils du grand Frédéric alias San-Antonio qui montrait une affection particulière pour Fred Hidalgo depuis leur rencontre en 1965.
A relever aussi que plusieurs artistes, retenus par des obligations professionnelles ce soir-là, avaient envoyé des mots extrêmement touchants que Fred Hidalgo a cités : Francis Cabrel, Kent Jean-Louis Jossic (Tri Yann), Allain Leprest, Thomas Fersen, Paco Ibañez, Nilda Fernandez, Jeanne Cherhal, Yves Duteil, Hubert-Félix Thiéfaine,… … et d’autres encore dont Michel Jonasz auteur d’un message où il regrettait vivement son absence en raison d’un tournage d’un film, alors qu’il voulait absolument être présent en ce 29 septembre, en souvenir notamment du premier numéro de Chorus paru fin septembre 1992 qui lui consacrait sa couverture.

Message de Jean-Jacques Goldman ” avec un zeste de malaise aussi “

Fred et Mauricette Hidalgo : Un destin commun au service de la chanson francophone
Réagissant à l’annonce de ces distinctions, Jean-Jacques Goldman avait également adressé au couple Hidalgo un message exclusif lu par Jean-Michel Boris en ouverture de la cérémonie.

En voici l’intégralité :

“Bien sûr c’est mérité.
Bien sûr c’est vraiment mérité.
Bien sûr il y a des gens que la médaille honore et d’autres qui honorent les médailles.
Et s’il y en a deux qui “Méritent de la nation pour leur contribution à la chanson de notre pays”, ce sont bien eux, pas d’erreur.
Mais j’ai beau essayer, je n’arrive pas à me réjouir totalement.
Nous aurions tellement préféré que ces médailles n’arrivent que plus tard, bien plus tard, et que Chorus vive encore avec eux, qu’il transporte encore leurs transports, leur flamme…
C’est ainsi.
Mauricette, Fred, toutes mes félicitations, sincères, amicales…
Mais avec un zeste de malaise aussi.
Jean-Jacques Goldman”

Après Paroles et Musique et avant Chorus : publication d'un ouvrage de référence : Putain de chanson,

Après Paroles et Musique et avant Chorus : publication d’un ouvrage de référence : Putain de chanson

” Un journal ça ne se fait pas tout seul ou même à deux, c’est le fruit d’un travail d’équipe”

Françis Cabrel, un des parrains de Chorus avec Alain Souchon et Jean-Jacques Goldman

Ci-contre, Françis Cabrel, un des parrains de Chorus avec Alain Souchon et Jean-Jacques Goldman
Première adjointe au maire de Paris chargée de la culture, Anne Hidalgo a tenu quant à elle à les féliciter et à leur “redire toute mon admiration pour ce que vous avez accompli dans les domaines de la culture et des arts “.
Rappelons que c’est la mairie de Paris, justement, qui a permis la renaissance de cette salle mythique des Trois Baudets créée par Jacques Canetti en 1947.
Après l’allocution de Jean-Michel Boris retraçant la trajectoire professionnelle du couple depuis 1974 (création d’un quotidien national et de deux hebdomadaires avant le mensuel Paroles et Musique et le trimestriel Chorus, parallèlement à leur activité, depuis 1984, d’éditeurs de livres consacrés à la chanson), puis la remise des insignes dans l’ordre national du Mérite et dans l’ordre des Arts et des Lettres, Fred Hidalgo a pris la parole durant une quinzaine de minutes pour remercier tous ceux qui… méritaient de l’être.
“A commencer par nos principaux et fidèles collaborateurs avec lesquels nous tenons évidemment et avant tout à partager ces médailles, car un journal ça ne se fait pas tout seul ou même à deux, c’est le fruit d’un travail d’équipe”. 

“Jean-Michel Boris est la personnalité du monde professionnel qui nous a toujours inspiré le plus d’admiration et de respect”

Alain Souchon, à la une pour les 25 ans de Chorus et présent aux Trois Baudets pour l'hommage à Fred et Mauricette Hidalgo

Ci-contre Alain Souchon, à la une pour les 25 ans de Chorus et présent aux Trois Baudets pour l’hommage à Fred et Mauricette Hidalgo
Fred Hidalgo a aussi remercié Jean-Michel Boris pour ses mots si chaleureux en disant qu’ils prenaient d’autant plus de valeur “que Jean-Michel Boris est la personnalité du monde professionnel qui nous a toujours inspiré le plus d’admiration et de respect. 

C’est un bonheur et un honneur à la fois de recevoir ces distinctions des mains de celui qui fut directeur artistique pendant plus de quarante ans de la salle chanson la plus mythique de l’espace francophone, qui plus est, aujourd’hui, dans ce Théâtre des Trois Baudets, où nous avons été chaleureusement accueillis par son directeur actuel, Julien Bassouls
.
“Après l’Olympia, en effet, c’est historiquement la seconde salle la plus mythique qui soit, celle à qui l’on doit la découverte de tant de grands talents : Georges Brassens, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Boris Vian, Félix Leclerc, Serge Gainsbourg, etc., sans oublier Guy Béart qui nous a fait l’amitié d’être des nôtres ce soir : un formidable symbole”.
Fred a aussi déclaré que Mauricette et lui voulaient voir dans ces distinctions une forme de reconnaissance de la chanson, au bout de trente ans d’efforts sans trêve en sa faveur.  Il a aussi remercié le métier et particulièrement les responsables “de terrain”, directeurs de festivals et de salles de spectacles qui sont des vitrines de découvertes de nouveaux talents, “ce qui a toujours constitué l’essentiel de notre quête “.
Il a aussi mis l’accent – comme le leur avaient dit Gilles Vigneault et Jean-Roger Caussimon – sur le fait que la chanson est une chaîne sans fin dont tous les chanteurs sont des maillons indispensables.
” C’est pour cela que nous avons toujours fait en sorte que chaque numéro de Chorus incarne cette chaîne en traitant du patrimoine et des nouveaux talents à la fois, en même temps que l’on couvrait l’actualité sous toutes ses formes, que les artistes soient connus ou pas “.

“Nous partageons évidemment ces médailles avec nos parents qui nous ont aidés et encouragés et avec nos filles qui ont dû subir le stress de nos bouclages”

Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie de Jean-Michel Boris et Julien Bassouls dans le reflet des miroirs

Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie de Jean-Michel Boris et Julien Bassouls dans le reflet des miroirs

On le sait bien du côté du Québec et de l’Acadie notamment dont les artistes ont souvent été mis en relief dans ses colonnes

Une revue de référence pour la chanson d'expression française d'Amérique du Nord : dossier Charlebois et 3 pages sur le festival de St-Pierre et Miquelon

Ci-contre, une revue de référence pour la chanson d’expression française d’Amérique du Nord : dossier Charlebois et 3 pages sur le festival de St-Pierre et Miquelon
Ce fut, bien plus qu’une soirée professionnelle, plus qu’une reconnaissance bien méritée, le rendez-vous de l’amitié autour de l’amour partagé de la chanson.
Amour-amitié… Fred et Mauricette Hidalgo ont voulu enfin partager ces distinctions “avec nos parents qui nous ont aidés et encouragés et bien sûr avec nos filles Christine et Hélène en les priant de nous excuser des conséquences générées, dans leur enfance et leur adolescence, par le stress de chacun de nos bouclages au fil de ces longues années, car il a fallu s’employer sans réserve dans cette aventure de trente ans au service de la chanson, considérée comme un art…”
C’est d’ailleurs en considérant que ces distinctions représentaient une forme de reconnaissance de la chanson par les autorités françaises, que le couple a remercié le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, qui leur avait précisé que c’était sur sa recommandation, en plus de sa décision d’accorder la médaille des Arts et des Lettres à Mauricette Hidalgo, que Fred Hidalgo a été nommé chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Et ce dernier d’évoquer cette soirée en notant que “Chorus, compte tenu de son aura unique dans la presse musicale francophone, possédait tous les atouts pour continuer longtemps son travail de référence au service de la chanson francophone. Ces distinctions nous ont évidemment fait plaisir, mais en même temps elles ont remué cruellement le couteau dans la plaie. Jean-Jacques Goldman a bien exprimé le sentiment général, comme l’a d’ailleurs noté Jean-Michel Boris…” 
L’impact de Chorus a été très important pour tous les acteurs de la chanson française, mais son envergure francophone – on le sait bien du côté du Québec et de l’Acadie notamment dont les artistes ont souvent été mis en relief dans ses colonnes : tables rondes, rencontres, portraits, festivals, reportages, chroniques d’albums et de livres, etc. – lui conférait une place tout à fait à part non seulement dans la presse musicale contemporaine mais dans l’histoire même de celle-ci, ces “Cahiers de la chanson”, avec leur vocation quasiment encyclopédique, n’ayant jamais eu d’équivalent.
On ne peut donc que souhaiter – avec l’ensemble des lecteurs, des artistes et des professionnels qui se déclarent aujourd’hui “orphelins de Chorus” – une éventuelle renaissance de cet “organe de référence de la chanson francophone”.

Militantisme au cœur de la chanson francophone

Décembre 2003 : dossiers sur Lynda Lemay, François Béranger et l'ami Marc Robine

Ci-contre, décembre 2003 : dossiers sur Lynda Lemay, François Béranger et l’ami Marc Robine
Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite et dans l’Ordre des Arts et des Lettres : à vrai dire, ces honneurs ne se limitent pas à “leur parcours, leur action, leur contribution et leur engagement au service de la Culture de notre pays”.
Car la chanson francophone a toujours été une priorité chaque trimestre dans Chorus, et pas seulement à travers les articles mais aussi dans nombre d’initiatives en coulisses.
Un exemple parmi d’autres : Lynda Lemay dont les premiers pas en France ont bénéficié d’un coup de pouce de Fred et Mauricette Hidalgo. L’ayant découverte à Québec sur une prestation de trois chansons, ils l’ont mise aussitôt en relation avec le Tremplin de la chanson du Chorus des Hauts-de-Seine, tremplin grâce auquel la chanteuse allait rencontrer, enthousiastes à l’issue de son passage, la directrice du Sentier des Halles, Nicole Londeix, qui allait la programmer à Paris, et Geneviève Girard qui allait devenir son agent en France avec Azimuth Productions.
Et si Pierre Jobin – ancien créateur de la Maison de la Chanson à Québec, voir dossier sur ce webmagazine – n’avait pas invité Fred et Mauricette à l’inauguration de ce haut lieu de la chanson dans la ville de Québec, le couple Hidalgo n’aurait pas vu chanter aussi tôt Lynda Lemay. Et celle-ci n’aurait pas bénéficié de ce sérieux coup de pouce qui lui a sans doute fait gagner bien du temps.

 

Avril 2001, double page sur Chorus dans la lettre bimestrielle des sociétaires de la SACEM

Avril 2001, double page sur Chorus dans la lettre bimestrielle des sociétaires de la SACEM

“Pierre Jobin a eu raison bien avant tout le monde”

13 novembre 2007 : Pierre Jobin présente le dossier sur la Maison de la Chanson lors d'une soirée de soutien à Chorus à l'Espace France, Québec (Photo Albert Weber)

13 novembre 2007 : Pierre Jobin présente le dossier sur la Maison de la Chanson lors d’une soirée de soutien à Chorus à l’Espace France, Québec (Photo Albert Weber)
Autre facette francophone de Fred et Mauricette Hidalgo, et non des moindres : Pierre Jobin en parle dans le troisième volet du dossier consacré sur ce webmagazine : la carte de n° 1 des “Amis de la Maison de la Chanson du Québec” décernée à Fred Hidalgo… et non pas à Luc Plamondon, comme le pensaient et souhaitaient nombre de professionnels québécois.
Comme quoi le Québec avait “reconnu” le rôle de Fred Hidalgo depuis 1980 au service de la chanson francophone dès octobre 1994 soit seize ans avant la réaction officielle du ministère français de la Culture et de la Communication.
En témoigne le reportage de trois pages paru dans Chorus n° 10 en décembre 1994 sous le titre : “Dans ma maison d’amour – Quand le Québec met la chanson en maison”. 
A la lumière de ces distinctions nationales, on peut penser en effet que Pierre Jobin avait vu juste non seulement avant tout le monde mais, semble-t-il, “contre” les membres de son propre conseil d’administration de l’époque.
IL est vrai – mais faut-il vraiment le répéter ? – que les initiatives journalistiques de Fred et Mauricette Hidalgo ont TOUJOURS concerné la francophonie et même l’espace francophone au sens large. Raison pour laquelle Fred Hidalgo a toujours parlé de chanson francophone et non étroitement “franco-française”.

 

Hedbomadaire Week-End, Ile Maurice : 12 mai 1985, à l'époque de Paroles et Musique ...

Hedbomadaire Week-End, Ile Maurice : 12 mai 1985, à l’époque de Paroles et Musique …

Plusieurs membres de l’équipe ont travaillé à un projet de renaissance de Chorus

Reste au final une note d’espoir allumée au cours de la cérémonie aux Trois Baudets, le 29 septembre 2010 : un projet de renaissance de Chorus mené par plusieurs membres de son équipe de rédaction, les plus jeunes en particulier, qui voient dans ce titre non seulement une revue chargée d’histoire mais surtout pleine d’avenir.  Mais hélas, il n’y a pas eu de suite à cet projet suivi avec attention par nombre de passionnés des deux bords de l’Atlantique, voire d’ailleurs dans l’espace francophone.A découvrir le blog de Fred Hidalgo : Si ça vous chante

Rendu public lors de la création de Chorus, ce constat de Fred Hidalgo est plus que jamais d'actualité

Rendu public lors de la création de Chorus, ce constat de Fred Hidalgo est plus que jamais d’actualité

 

Fred et Mauricette Hidalgo : Un destin commun au service de la chanson francophone

ILE DE LA REUNION : LE MAGICIEN OZE !

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« Mes textes auront toujours des ratures… » En fait de ratures, les textes du rap réunionnais n’ont pas à rougir côté littérature. Un vent nouveau souffle sur le milieu, avec des postures révolutionnaires, des réflexions audacieuses et une salutaire force dans les mots qui nous oblige à quitter la torpeur dans laquelle les standards du ronronnement radiophonique avait fini par nous engluer. OZE et ses dalons démontrent que le talent n’a pas besoin des dorures de la reconnaissance institutionnelle pour exister au grand jour.

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Les mots frappent. Les paroles claquent. Les idées fusent. Et la rythmique, toujours excellente, leur sert d’écrin. Avec peu de moyens et une bonne dose d’énergie et de génie, OZE et ses dalons [1] démontrent que le talent n’a pas besoin des dorures de la reconnaissance institutionnelle pour exister au grand jour. En plein soleil. Avec eux, le ton est donné : « chaque titre est une arme » ! Leur combat : antikolonialis ! « Bleu blanc rouge lé pa mon san », chantent-ils.

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La chanson engagée de l’océan Indien est une tradition qui a emprunté les chemins — pas toujours galizé mais souvent malizé — du maloya, du séga, du séga ravane, etc. Des différentes îles, les chants et les voix se sont mêlés pour dire la souffrance, la misère, la révolte, les injustices. Les luttes. Figure de proue de ce courant appelé « santé angazé », le Mauricien Siven Chinien [2] disparu en 1994 incarne, avec son emblématique chanson « Solda Lalit Militan » — qui proclame : « pa bizoin nou pèr pou vanzé » — un esprit revendicatif puissant et considère la musique comme un « outil de combat ».

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Deux décennies plus tard, la même détermination, la même force, se retrouvent à travers les productions du rappeur OZE et de ses dalons : Dassby, lexik, Ti bang [3], Socko, etc. A l’instar de Siven Chinien, ils considèrent leur art dans sa dimension militante et percutante et déclarent sans détours : « chaque titre est une arme ».

Très présents et actifs par l’intermédiaire des nouveaux médias, ils partagent leurs productions sur les réseaux sociaux et trouvent là une audience de fidèles connaisseurs. Leurs engagements sont multiples mais tous axés sur la nécessaire affirmation d’une « Réunion réunionnaise », décolonisée, comme par exemple lorsqu’ils lancent des débats autour de la langue créole.

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La fierté kréol lé an déklin

Paroles, musiques, prises de vue, montages, clips… L’absence de grands moyens n’est pas un obstacle et devient même une posture qui garantit une liberté dans les prises de position. On se souvient d’ailleurs de la réaction fulgurante de Ti bang dans un rap en réponse au « créole KK » d’une député : « nou va kontinié koz nout kréol kk ! » Au delà de cette réponse, le rappeur interroge non sans poésie : « Kel pé néna kan in pèp lé dominé ? » Ancrés dans la réalité réunionnaise, les textes de ces rappeurs libres collent à l’actualité comme ils l’ont prouvé par exemple suite aux émeutes de février 2012. C’est cet esprit de liberté de paroles qui les caractérise, qui les différencie, qui les galvanise. Car, du politiquement correct, ils n’en ont rien à f… et dégainent leurs textes avec une certaine dose de provocation et le miroir qu’ils nous tendent est sans compromis ni concession. Exemple : « la fierté kréol lé an déklin ant sat i fé le zorèy é sat i rod fé lafrikin ».

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Leur univers est marqué par la dérive d’une société inégalitaire où la violence et la misère (Mi rap la mizèr…) sont le lot quotidien de bon nombre de Réunionnais. Ils dénoncent. Ils apostrophent. Mais ils savent aussi glisser de la douceur et de l’espoir dans leur art comme à travers l’émouvant clip : « Pensées mélancoliques ». Une production particulièrement complète et réussie.

Une chose est certaine : les questions que nous posent ces artistes ne doivent pas rester sans réponses… « Eske moi lé noir, eske moi lé blan, eske moi lé batar, eské rouge est mon sang, eske nana la joie et la souffrance dans mon listoir, eske mi kosione sak la fé françois mussard ? »

Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros

Article paru sur le site partenaire www.7lameslamer.net/