MARIE CHEYENNE, CAMICELA : INTENSES ET AUTHENTIQUES

Oui, intenses et authentiques sont sans doute les mots qui définissent le mieux les deux artistes applaudies par une cinquantaine de personnes samedi 19 janvier à Erstein.

Une soirée sous le signe d’une chanson de caractère, aussi débridée qu’inspirée : le reflet de deux caractères déterminés.

 

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Coup de projecteur sur deux auteures-compositrices-interprètes assurément très différentes, et réunies dans le cadre de la Nuit de la Lecture à l’initiative de la Médiathèque d’Erstein et du label #14 Records de Joël Beyler.
 
Chansons douces-amères, drôles, féministes aussi : en 45 minutes, Marie Cheyenne vous embarque avec réalisme dans une vie pleine de surprises en tous genres aux  rebondissements vécus, subis et provoqués aussi.
 
Voilà le genre d’artiste qui mérite une audience plus large dans sa région d’adoption l’Alsace, voire plus loin. Mais pas évident de s’imposer dans ce milieu de la chanson quand on s’y aventure toute seule, ou presque.
 
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AVEC GEORGES BRASSENS ET VICTOR HUGO

Extrait de son EP “A plume de peau”, son titre “Les cowboys et les indiens” est une de mes chansons préférées.
 
Sans baratin et avec un sens aigu du détail, Marie Cheyenne raconte le temps qui s’enfuit inexorablement : un texte enraciné à la fois dans l’évocation de jeux d’enfants et dans une série de portraits brossés en quelques mots qui en disent long sur une certaine nostalgie d’une époque révolue.
 
Mention spéciale pour “Les nouveaux émigrants”, chanson qu’elle qualifie de “terriblement d’actualité” : le texte d’un poète juif des années 30 qu’elle a mis en musique.
 
Guitare et ukulélé se succèdent pour tisser un puzzle d’émotions et de sensations aux mélodies que n’aurait pas renié  Georges Brassens … dont elle reprend d’ailleurs une chanson aux paroles signées Victor Hugo.
 
Envie de découvrir cette chanteuse ? A retrouver en concert vendredi 15 février Au coin du bar au Zornhoff à Monswiller à 20h30 : une soirée organisée par “le barde alsacien” Armand Geber. Entrée libre.
 
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EN TOURNÉE AVEC MEDHI CAYENNE

Changement de registre avec Camicela à l’aise avec ses instruments (violoncelle, guitare, claviers) maitrisés avec talent et avec sa “pédale looper”.
 
De quoi colorer sans hésitation son répertoire tout en noir, entre coups de blues et coups de cœur, mélancolie et désespoir.
 
D’où un concert d’une heure offert par une artiste à fleur de peau aussi émouvante que décontractée … Avec chaque fois entre deux chansons, une brève “respiration” : une touche de décontraction qui me fait immédiatement penser aux interventions teintées d’humour de Valérian Renault entre deux chansons sombres du groupe Vendeurs d’Enclume.
 
A noter aussi l’interprétation toute en nuances de la fameuse chanson d’Anne Sylvestre : “Les gens qui doutent”. Le genre de refrain qui fait du bien car tout en se glissant dans l’atmosphère du texte, Camicela lui offre un relief particulier, pleine de force et de fragilité aussi.
 
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INCONTESTABLE MAITRISE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Marie Cheyenne, Camicela : certes, voici deux chanteuses d’Alsace tellement différentes, tant par leur style que leur démarche artistique. La première travaille en solo et la seconde est un des talents du  label #14 Records.
 
Reste cependant un évident dénominateur commun :  une incontestable maîtrise de la langue française. S’y ajoute l’art de retenir l’attention de l’assistance avec des chansons non formatées : rien à voir avec des ritournelles consensuelles fabriquées artificiellement pour plaire au plus grand nombre. .
 
Cette soirée m’a permis d’apprendre que Camicela se produit du 24 janvier au 3 février à plusieurs reprises dans diverses salles en France : une initiative menée à bien sous l’égide du Mégaphone Tour avec le rappeur français Pih Poh et également Medhi Cayenne.
 
Cet attachant artiste franco-ontarien, j’ai eu la chance d’en apprécier l’inventivité et la décontraction en nombre de circonstances et sur des scènes de toutes tailles en Amérique du Nord, entre Ontario, Acadie, Québec.
 
Le Mégaphone Tour résulte d’un partenariat avec l’Ecole Nationale de la chanson de Granby dirigé par Bruno Robitaille, le Festival en chanson de Petite-Vallée d’Alan Côté et Marc-Antoine Dufresne et Musicaction.
 
Autre surprise de la soirée d’Erstein : en discutant avec Marie Cheyenne, j’ai découvert un point en commun entre elle et l’ami Eric Frasiak  : Bar-le-Duc, sa ville d’origine.
 
Bref une soirée pleine de belles découvertes avec deux artistes aux répertoires VRAIMENT originaux qui, à défaut de retenir l’attention des play-lists des radios nationales,  sont synonyme d’intensité et d’authenticité.
 
Hé oui, on en revient aux premiers mots de ce texte.
La boucle est bouclée.
Alors raison de découvrir de découvrir ces deux voix qui gagnent assurément tant à être (re)connues.
 
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
 
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