LE ROMAN DE SAN-ANTONIO :
 Quand Fred Hidalgo raconte Frédéric Dard

Frédéric Dard, vous connaissez ? Assurément l’un des écrivains francophones majeurs du XXe siècle, avec près de 300 livres vendus de son vivant à plus de 220 millions d’exemplaires. Une œuvre monumentale à deux faces : sombre avec ses romans noirs signés Dard, éclatante et jubilatoire sous le nom de son héros devenu presque son alter ego, le fameux commissaire San-Antonio, dont le style inimitable le situe quelque part – mais tout à fait à part ! – entre Rabelais et Céline.

 

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En témoigne aujourd’hui Le Roman de San-Antonio publié par Fred Hidalgo, sans doute l’auteur le plus légitime pour écrire sur Frédéric Dard, que celui-ci considérait comme un fils (n’est-il pas né l’année même, en 1949 – amusant clin d’œil du destin –, où l’écrivain accouchait de son double ?!) ; un ouvrage en deux tomes et deux époques :

Première époque (1921-1971) : San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra

Seconde époque (1971-2021) : San-Antonio sans alter ego

En somme « le siècle de Frédéric Dard », de sa naissance le 29 juin 1921 à Bourgoin-Jallieu jusqu’à l’année de son centenaire, retracé à travers des entretiens exclusifs, des confidences inédites et nombre d’anecdotes drôles ou émouvantes.

Une biographie ? Bien plus que cela : la résultante passionnante d’une longue complicité affective, malgré un écart de vingt-huit ans, entre les deux Frédo.

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Une édition “collector” numérotée

Le livre aurait dû paraître en 2020 pour les 20 ans de la mort, le 6 juin 2000, de « Frédéric Dard dit San-Antonio ».

Mais comme dans un polar à l’intrigue réglée au cordeau, dont Dard avait le secret (Les salauds vont en enfer, Toi le venin, Le bourreau pleure, Quelqu’un marchait sur ma tombe…), un grain de sable inattendu est venu enrayer la machine : l’apparition de la pandémie a décidé l’éditeur à reporter d’un an son programme éditorial… et l’auteur, entre-temps, à enrichir largement son tapuscrit.

Patatras ! À la réception de celui-ci, l’éditeur jette aussitôt l’éponge au motif de « potentiel commercial trop faible pour un volume de cette importance ».

Deux autres éditeurs sont contactés en 2021, qui félicitent l’auteur en long, en large et en travers, s’étonnant de découvrir « autant d’informations, servies par une écriture agréable et simple à lire », tout en déplorant eux aussi, « dans la situation actuelle de l’édition, un lectorat probablement insuffisant ».

Que faire face à cette frilosité du monde éditorial ? se demande Fred Hidalgo. Seule alternative : se résigner à remiser son tapuscrit au placard ou lancer une souscription pour un ouvrage désormais scindé en deux volumes.

Le succès est quasiment immédiat, qui permet la sortie en mai dernier d’une « édition collector » numérotée et réservée à 500 (heureux !) souscripteurs.

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Dans l’intervalle, le centenaire de Frédéric Dard avait suscité bien des hommages dans les médias, avec notamment un numéro hors-série du Point sur « Le génial univers de Frédéric Dard : San-Antonio, personnages, langue, philosophie… », multipliant les témoignages d’admiration de personnalités en tout genre.

Mais pas d’Hidalgo (Fred !), malgré une brève annonçant, entre autres livres jugés incontournables, la sortie imminente de San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra, chez l’Archipel : « Un récit biographique sur le créateur de San-Antonio, plein de confidences et de documents inédits»

Bizarre… N’aurait-il pas été préférable de donner la parole à son auteur, tout aussi qualifié voire davantage que certains « grands noms » mis en avant dans les cent pages de ce numéro spécial ? Frédéric Dard ne le considérait-il pas comme « le premier des fidèles », puis comme « le plus féal de [ses] féaux » dans un livre écrit un an avant sa mort ?!

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13 juin 1965. Première rencontre. Photo Dora Hidalgo

Fred Hidalgo a 15 ans quand il découvre San-Antonio dans un tourniquet à l’enseigne du Fleuve Noir, attiré par les couvertures aguichantes (pour l’époque) dessinées par Gourdon.

Cela se passe en 1964 à la Maison de la Presse de Dreux, sa ville natale. Il en achète quatre d’un coup, dont une nouveauté, Bérurier au sérail, et les dévore sans discontinuer. C’est le choc, la révélation d’un ton, d’un style, d’un univers… De là à prendre la décision d’écrire à « Monsieur San-Antonio », aux bons soins de son éditeur, il n’y a qu’un pas franchi sans hésitation par l’adolescent.

« Pour être honnête, écrit-il aujourd’hui, je ne sais plus trop si j’espérais une réponse à ma lettre. En supposant qu’elle fût arrivée à bon port et que l’éditeur l’eût bien transmise (ouverte ou pas ? effectuait-il un tri préalable, les courriers jugés intéressants d’un côté, les autres au panier ?) à son destinataire. Ou si je l’avais écrite comme une vraie bouteille à la mer, sans autre choix que de lui confier, quelque sort qu’on lui réservât (coulée, touchée, délivrée…), la tornade de sentiments qui s’était abattue sur moi en abordant ce continent littéraire inconnu jusqu’alors. »

On imagine sa joie, son émotion – et sa stupéfaction ! – à la réception d’une réponse de l’écrivain, signée San-Antonio, qui se déclare « touché » par les mots de Fred. Une vraie lettre personnalisée : « Je suis ravi que “Bérurier au sérail” vous ait amusé. […] Écrivez-moi à nouveau quand vous aurez lu “L’Histoire de France…” (1) »

En effet, Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.

C’est le début d’un dialogue épistolaire aussi étonnant que régulier entre le lycéen et l’auteur à succès, mais bien loin encore d’être reconnu par l’intelligentsia, à l’exception notable d’un Jean Cocteau ou encore d’un Robert Escarpit, de l’Université de Bordeaux.

Un échange ponctué bientôt par un événement extraordinaire, presque inimaginable : Frédéric Dard prend sa voiture et rend visite à son jeune lecteur, chez ses parents ! Une première rencontre immortalisée le 13 juin 1965 par le Polaroid et la caméra super 8 de Dora, la maman de Fred.

Comment imaginer alors que, près de soixante ans plus tard, l’adolescent devenu journaliste, éditeur et auteur lui-même, nous offrirait cette histoire admirable en partage dans San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra… ?!

 

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Le début d’une histoire, en fait, puisque Fred obtient l’accord de l’écrivain pour créer une association dédiée à San-Antonio, puis de lancer sa première aventure de presse avec Le Petit San-Antonien, comme le note Alexandre Clément, un spécialiste de Dard et des « romans et films noirs » (auxquels il consacre un blog) :

« Fred Hidalgo, avec l’amitié de Frédéric Dard, va s’investir dans la création du Club San-Antonio, lointain ancêtre de l’association des Amis de San-Antonio, et il éditera un petit bulletin, Le Petit San-Antonien, marquant ainsi son goût pour le journalisme, métier qu’il exercera par la suite. Cela lui permit sans doute d’assouvir sa volonté de célébrer l’œuvre de Frédéric Dard, mais aussi d’apprendre son futur métier de journaliste et puis de côtoyer le milieu artistique. »

Entre lettres, coups de fil et retrouvailles régulières, un lien fort va s’affirmer entre Dard et Hidalgo.

Très vite, le romancier lui annonce qu’il va lui dédier un de ses prochains livres, mais l’adolescent lui suggère de le faire plutôt au nom du Club pour valoriser l’action du collectif san-antonien. « Tu es sûr ? » lui demande-t-il. « Oui, ça serait plus utile, ça nous aiderait à le faire connaître… »

Et voilà comment est paru – en mai 1968 ! – Bravo, docteur Béru ! dédié « À mes féaux du Club San-Antonio de Dreux ».

 

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Plus de 800 pages de rires et de larmes

Longtemps après, en 1988, Frédéric Dard remettra les points sur les i en dédiant à son « cher Fred Hidalgo, en souvenir des temps anciens » le San-Antonio inaugurant une nouvelle présentation de la série, Baisse la pression, tu me les gonfles !

Mieux encore, en 1999, dans Ceci est bien une pipe – l’antépénultième San-Antonio –, le héros de la saga interrompt son récit en pleine scène de bagarre pour faire ce constat : « Je connaissais la chanson, paroles et musique, comme dirait mon cher Fred Hidalgo, le plus féal de mes féaux », avant d’écrire ces mots lourds de sens pour les amateurs de l’univers san-antonien, comme pour entériner publiquement quatre décennies d’amitié et de fidélité : « Je le proclame ici Grand Connétable de la San-Antoniaiserie, titre dont il pourra se parer sa vie durant et orner ses pièces d’identité. »

C’est dans cette formidable complicité que le récit s’enracine : « Un seul et même ouvrage, écrivait son auteur dans l’annonce de la souscription, oui, mais en deux tomes : plus de 800 pages de rires et de larmes au total – la moindre des choses quand le Grand Maître de la San-Antoniaiserie en personne vous désigne également dans les siennes comme son “Grand Connétable de la San-Antoniaiserie”. »

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Extrait du tapuscrit de “Ceci est bien une pipe”

 

Mise à l’épreuve du temps, l’amitié de Fred et de Frédéric ne sera pas non plus exempte d’embûches et d’impondérables, jusqu’à des retrouvailles mémorables au retour d’Afrique du premier (après avoir créé le quotidien national du Gabon, L’Union, qui existe toujours) et un appel du pied du second dans un de ses livres, le croyant toujours « quelque part dans les Afriques ».

Fred n’hésite d’ailleurs pas à livrer quelques souvenirs aussi surprenants pour le lecteur que dramatiquement marquants pour lui, dont celui du jour où, à 16 ans, il s’apprêtait à se rendre chez l’écrivain qui l’avait invité à déjeuner, lorsqu’il apprit soudain que « le père de San-Antonio » avait tenté de se suicider la nuit précédente et se trouvait encore entre la vie et la mort…

Mais l’essentiel est là : « Frédéric vous aimait infiniment », lui écrit Françoise Dard, au lendemain du décès de son époux, en juin 2000.

Une disparition qui commotionne la France entière, dans toutes les couches de la société, tant les gens estimaient l’écrivain (« Je ne connais personne qui soit autant aimé que toi », lui soufflera un jour Françoise) et voyaient en ses personnages des compagnons de route qui les faisaient rire… et réfléchir sur la condition humaine. Fred Hidalgo le rappelle dans un chapitre au titre emprunté à l’un de ses romans noirs : Le Cahier d’absence.

Oui, il fallait bien deux tomes pour rendre compte de cet univers foisonnant et du génie protéiforme de l’écrivain, également dramaturge, scénariste, dialoguiste, adaptateur pour le théâtre (Carco, Simenon, Hadley Chase, Stevenson…), metteur en scène (Une gueule comme la mienne…), nouvelliste et même librettiste (la comédie musicale Monsieur Carnaval, musique d’Aznavour, où Georges Guétary créa La Bohème…).

Un premier volume pour la première partie de sa vie et de sa carrière où, malgré un lectorat qui l’adorait, Dard resta « tricard » dans les médias et boudé voire méprisé par les tenants de la « grande littérature ».

Un second pour raconter son ascension au firmament médiatico-littéraire marquée par de grands succès signés San-Antonio (Y a-t-il un Français dans la salle ?, Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ?, La vieille qui marchait dans la mer, etc.), désormais loué sur les plateaux de télé (Chancel, Pivot, etc.), vénéré par des membres de l’Académie française (Alain Decaux, Érik Orsenna, Poirot-Delpech, etc.), disséqué par l’Université (objet de colloques à la Sorbonne et ailleurs), adulé par les chanteurs (Leny Escudero, Nilda Fernandez, Goldman, Juliette, Renaud, Souchon, Tachan…) et même courtisé par François Mitterrand (devenu sous la plume de San-Antonio un personnage récurrent de la saga !).

Après le Club San-Antonio et Le Petit San-Antonien, le jeune Drouais tombé amoureux de San-Antonio deviendra journaliste (2) .

Et il vivra avec sa « chère et tendre » Mauricette (elle aussi lectrice de San-Antonio depuis sa prime adolescence !) au rythme de plusieurs créations de journaux, dont le mensuel Paroles et Musique et la revue Chorus qui ont marqué l’histoire de la presse musicale de l’espace francophone.

 

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7 mars 1997. Photo Mauricette Hidalgo

 

San-Antonio, la totale !

Autant vous l’avouer : avant de lire ces deux volumes, je n’avais pas beaucoup navigué dans l’univers de San-Antonio, truffé de personnages rabelaisiens, oublieux de toute langue de bois pour mieux adopter celle inventée par leur créateur (plus de 10 000 néologismes recensés par des universitaires dans un dictionnaire très sérieux). Et pourtant, j’ai dévoré sans retenue, soir après soir, voire nuit après nuit, ce récit à deux voix et quatre mains.

On y découvre ou revisite, c’est selon, le parcours de « l’auteur de Bourgoin-Jallieu », sa ville natale, à Saint-Chef en Dauphiné où il vécut enfant et repose à présent, en passant par Les Mureaux où il inventa San-Antonio, restant longtemps écartelé entre ses Dard, à l’écriture sobre et incisive, et le style luxuriant de la saga, foisonnante de personnages hauts en couleur. Fred s’amuse d’ailleurs à les passer tour à tour en revue : Bérurier, Pinaud, Berthe, Marie-Marie, le Dabe, Monsieur Félix, Jérémie Blanc, Salami (« le chien qui pense » !)…

Outre la tendre Félicie, la « brave femme de mère » de San-Antonio ; celui-ci aussi, bien sûr, auto-affublé de multiples surnoms dérisoires, car la différence entre un héros ordinaire de polars et San-Antonio, qui ne se prend jamais au sérieux, c’est son autodérision permanente. Et le lecteur de faire chorus !

Le Roman de San-Antonio, beaucoup plus qu’un recueil de souvenirs, c’est la totale sur l’immense écrivain lyonnais. Sur son blog, Alexandre Clément exprime bien mon propre ressenti :

« Comme on le comprend, l’ouvrage de Fred Hidalgo ne se réduit pas à un genre singulier, ce n’est pas une biographie plus ou moins autorisée de Frédéric Dard. Il revisite à la fois la biographie de Frédéric Dard et son œuvre, la mettant en perspective avec sa propre existence et l’époque, disons celle qui va du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingt. Il y a beaucoup de nostalgie dans la démarche, comme si San-Antonio, malgré sa mélancolie, ne pouvait appartenir qu’à une période heureuse qui n’existe plus ».

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En prime, un cahier de photos exclusives (dont celles de la fameuse première rencontre !) et de très riches annexes, dont près de 40 pages de repères chronologiques détaillés année après année – une première ! – et une présentation minutieuse de l’œuvre intégrale de Frédéric Dard classée en trois chapitres : bibliographie, théâtre, cinéma et télévision (avec leurs dérivés et compléments audiovisuels).

S’y ajoutent encore une partie de la correspondance de l’écrivain à son « féal », ainsi que des documents d’archives du Club San-Antonio, où l’on retrouve par exemple des dédicaces de ses membres nommés Gérard Barray, Jean Richard, Paul Préboist – qui en furent les parrains et l’incarnation à deux reprises du trio san-antonien à l’écran – et puis Raymond Devos, Pierre Doris, Gilles Dreu, Philippe Nicaud, etc., sans oublier Patrice Dard, par ailleurs très présent dans l’ouvrage.

« Fred Hidalgo a réalisé la première biographie magistrale de Frédéric Dard/San-Antonio, écrit Michel Trihoreau sur le site du « quotidien de la chanson » Nos Enchanteurs : un régal pour la pensée honnête ! […] Rien ne manque pour étancher la soif du lecteur. Cet ouvrage est le monument qui manquait au plus insolite des auteurs du XXe siècle. »

La totale, vous disais-je, qu’on dévore avec bonheur… et l’envie constante de découvrir la suite (surtout entre les deux tomes, l’auteur ayant ménagé un suspense bien inattendu).

 

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Cali, Aznavour, Juliette, Souchon : 4 parmi des millions de lecteurs

 

“Il truffait ses livres de citations de chansons”

Ah ! la chanson… Impossible qu’elle soit absente de cet ouvrage.

Un chapitre du tome 2 lui est même spécialement dédié en grande partie sous le titre « La goualante de San-Antonio ». « La chanson, il en fut question entre nous dès nos premières rencontres, d’autant plus qu’il truffait ses livres de citations. Au début des années 80, il s’abonna spontanément à “Paroles et Musique” (aujourd’hui je regrette de n’avoir pas encadré son chèque, mais on galérait trop, en toute indépendance, pour se priver du moindre abonnement…), puis en offrit un spécialement à sa fille Joséphine, et rebelote en 1992 avec “Chorus”, raconte l’auteur avec force anecdotes, dans “San-Antonio connait la chanson” sur son blog “Si ça vous chante”.

Et maintenant ?

Après avoir dégusté, savouré, ces deux volumes, m’en être régalé alors que je ne connaissais pourtant pas bien le monde de San-Antonio, je ne comprends pas qu’aucun éditeur sérieux ne se soit encore emparé de ce nouvel ouvrage de Fred Hidalgo, après Jean-Jacques Goldman confidentiel (2016) et Jacques Brel, le voyage au bout de la vie (2018), salués par la critique et le public.

Pourquoi aucun grand éditeur ne s’est-il empressé de s’en emparer ?!  

Les réactions spontanées des souscripteurs de l’édition collector (dont l’auteur a constitué un florilège sur son blog « Si ça vous chante » http://sicavouschante.over-blog.com/2022/07/le-roman-de-san-antonio-vu-par-ses-lecteurs.html) en disent long sur le plaisir – que dis-je : la jouissance ! – de celles et ceux qui affirment avoir eu le privilège de le lire.

« Ces réactions ne m’étonnent pas, a écrit Daniel Sirach, président de l’association des Amis de San-Antonio, créée une trentaine d’années après le Club San-Antonio, à Fred Hidalgo :

« Pour tous les amoureux de Frédéric Dard, ce livre n’est pas qu’une référence, c’est LA référence ! Bien bêtes sont les éditeurs et ceux qui ne l’ont pas commandé… Tous les fans de San-Antonio rêvent d’avoir vécu ta rencontre… Mais grâce à ton talent littéraire et de conteur (tu as eu de bonnes lectures !), tu nous permets de la vivre à notre tour : c’est le plus beau cadeau que tu pouvais faire aux amis de San-Antonio. Donc, merci ! »

Comment comprendre en effet que l’édition accorde si peu de crédit à l’intelligence des libraires et des lecteurs potentiels ?

La baisse, hélas constante en France, des amoureux des livres suffit-elle à l’expliquer ?

À moins que ses responsables (souvent soumis aux mêmes consignes commerciales, du fait du rachat des maisons d’édition autrefois indépendantes par des groupes tentaculaires) n’estiment qu’un livre sur Frédéric Dard dit San-Antonio – aussi réussi et passionnant soit-il – n’aurait pas droit en 2022 au chapitre médiatique, rabougri par le politiquement correct ?

Qu’en penserait l’intéressé, dont chaque San-Antonio tirait d’emblée à 600 000 exemplaires ?! Deux ou trois plus de ventes que pour un prix Goncourt…

Une chose est sûre : tel quel, tel que les circonstances ont permis à Fred Hidalgo de concevoir l’ouvrage (sa première mouture s’arrêtait à la mort de l’écrivain), il constitue avec ses deux volumes un ensemble indissociable et définitif : Le Roman de San-Antonio aurait pu être sous-titré Le Siècle de Frédéric Dard.

Tout y est, oui, sur l’homme et son œuvre, sans la moindre zone d’ombre ni omission, jusqu’à la perception qu’on en a aujourd’hui.

Avec la question qu’on peut légitimement se poser… et qu’Hidalgo n’a pas manqué de poser à l’ancien éditeur, agent et ami de Dard, Albert Benloulou, ainsi qu’à son fils Patrice, écrivain lui-même (et auteur, à la demande de Françoise Dard, des « Nouvelles aventures de San-Antonio » chez Fayard entre 2002 et 2016) : Frédéric Dard, « en cette époque si peu épique, tristounette, castratrice et révisionniste où l’humour, autre que potache, incolore, inodore et insipide, dénué d’audace, ne court plus guère les rues », pourrait-il continuer à écrire ses San-Antonio de la même manière ?

Sans restreindre sa liberté d’expression, lui qui en repoussait sans cesse les limites, mais jamais pour le pire, toujours pour le meilleur et pour le rire, malgré un pessimisme foncier.

La réponse dans San-Antonio sans alter ego… pourvu qu’on puisse le trouver en librairie !

Pour paraphraser le titre d’un de ses grands livres (porté à l’écran par Jean-Pierre Mocky) : y a-t-il un éditeur dans la salle ?

Albert Weber

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1. Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.

2. Éditeur également d’ouvrages sur la chanson francophone, créant son propre label (Nougaro, Trenet…) ou en coédition avec Robert Laffont (Cabrel, Coluche, Julien Clerc, Ferré, Renaud…), Anne Carrière (Brel), Fixot (Brassens, Hallyday), puis Fayard (Aznavour, Balavoine, Barbara, Ferrat, Gainsbourg, Moustaki, Thiéfaine, Vigneault… ou encore les beaux-livres Brel-Brassens-Ferré, trois hommes dans un salon et Cabrel-Goldman-Simon-Souchon, les chansonniers de la table ronde).

- “San-Antonio / Frédéric Dard”, le groupe de référence sur les réseaux sociaux (près de 12 000 membres”.

- Site de l’association des « Amis de San-Antonio » : http://www.amisdesana.org

 

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17 août 2022. Strasbourg, Librairie Kléber

Dans les coulisses d’un livre à compte d’auteur

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“JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL” : EN TOUTE AMITIÉ AVEC FRED HIDALGO

“C’est l’histoire d’un des artistes les plus humainement et définitivement respectables que j’aurai rencontrés en quarante-cinq ans de journalisme.

L’un de ceux qui, loin de vous faire regretter d’avoir dédié la plus grande partie de votre vie à défendre et illustrer cette petite chose si “futile”, justifient non pas seulement “quinze ans d’amour” – comme l’avait confié Brel, le dernier soir de ses adieux, au public de l’Olympia – mais en l’occurrence au moins le double…”

Signée Fred Hidalgo, cette affirmation en dit long sur l’esprit dans lequel a été rédigé JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL.

Coup de projecteur sur un livre UNIQUE dans l’histoire de la chanson française.

Encore une bio sur un des artistes majeurs de l’espace francophone ? Assurément oui mais … BIEN PLUS ENCORE car ce livre résulte d’une amitié aussi discrète que durable entre Fred Hidalgo et Jean-Jacques Goldman. Assurément un ouvrage de référence !

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Impossible évidemment pour Fred Hidalgo de publier une de ces (trop nombreuses) biographies aux allures de puzzle compilant de manière souvent maladroite tout ce qui a été écrit sur JJG. C’est pourtant le lot de tant de livres parus ces dernières années sur le créateur de “La vie par procuration”, non ?

Avant de plonger dans ce document de 572 pages – illustré par un cahier photos de 16 pages dont la plupart signées Francis Vernhet – une mise en garde s’impose de toute urgence : oubliez donc TOUT ce que vous avez déjà lu, entendu ou vu à la télé sur JJG.

Et puis plongez sans hésitation dans ce récit à deux volets. Oui, car ce livre ne se résume pas à l’histoire de JJG mais englobe aussi nombre d’événements liés à Paroles et Musique, “le mensuel de la chanson vivante” et au trimestriel Chorus, les cahiers de la chanson, deux des publications créées par Fred et Mauricette Hidalgo. 

Ce couple, je lui ai consacré un (long) article intitulé “Un destin au service de la chanson francophone”  à lire ICI.

 

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Amis de longue date … Photo Mauricette Hidalgo

 

Alors comment rendre compte d’un tel livre et vous donner envie d’y plonger ?

Plutôt d’écrire un article à chaud, en m’inspirant de la 4ème de couverture ou du communiqué envoyé par l’attachée de presse des Éditions L’Archipel, j’ai préféré d’abord me jeter à l’eau avec détermination. Et puis naviguer avec enthousiasme dans des eaux tantôt calmes et agités.

Car il faut bien admettre que l’histoire de de JJG et de celle de la presse musicale sont extrêmement fertiles en surprises (bonnes et mauvaises) et en multiples rebondissements. Et Fred Hidalgo évoque ici en toute franchise nombre d’aspects de JJG ET AUSSI des aventures et mésaventures des deux revues dont le grand public n’avait à ce jour jamais eu vent.

 

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Les quatre parrains de Chorus réunis pour une table ronde : la plus importante dans l’histoire de la chanson française depuis le débat Brel, Brassens et Ferré en 1969. 

 

“LA PETITE HISTOIRE ET L’AIR DU TEMPS DES ANNÉES 80 A AUJOURD’HUI”

Comment résumer en quelque lignes ce livre consacré à celui qui fut un des quatre parrains de Chorus avec Alain Souchon, Francis Cabrel et Yves Simon ?

“Il ne s’agit pas là d’une “simple” biographie (même si tout y est, les faits, les dates et les chansons), c’est aussi la petite histoire de l’air du temps des années 80 à aujourd’hui qui recoupe la vie de l’artiste et s’imbrique de bout en bout dans celle de “Paroles et Musique” et de “Chorus” ; c’est une réflexion menée en commun sur la chanson, sa nature et son rôle, sur sa place dans la société contemporaine”.

Homme de terrain, Fred Hidalgo est assurément aussi un homme d’archives. En témoigne – un exemple parmi tant d’autres – le chapitre “C’est pas vrai” en partie consacré à un article du quotidien Libération “qui, non content de se montrer systématiquement odieux avec Goldman, multipliait aussi les procès d’intention à son encontre”.

Citations à l’appui, Fred Hidalgo détaille les réponses fournies par JJG à Yves Bigot dans le journal du 26 février 1991 sous le titre “Goldman : trois pour un”. S’y ajoutent les commentaires  d’Yves Bigot … dont le long et impressionnant CV est publié avec force détails.

Mais alors pourquoi tant de mépris, de condescendance, voire de haine d’une partie des médias envers JJG ? 

Impossible d’être “la personnalité préférée des Français pour la 6ème année consécutive (sondage Journal du Dimanche, janvier 2016″ sans susciter les réactions les plus variées, entre admiration et médisance, respect et commérages.

Raconter, montrer, expliquer … Plus fidèle que jamais à la “méthode Chorus”, Fred Hidalgo n’avance rien sans avoir recoupé ses sources.

“NI PARADIS FISCAUX NI BLANCHIMENT D’ARGENT”

TOUT ce qu’il raconte ici est argumenté.

Et sans jamais se complaire dans la presse people, son chapitre “Il part” offre également divers repère privés de JJG : premier mariage avec Catherine, “une ancienne amie d’enfance devenue psychologue” et mère de ses trois enfants …

… puis rencontre avec Nathalie, “une jolie Eurasienne aussi sportive qu’elle a la tête bien faite” et leurs trois filles : “Qui se ressemble s’assemble. Tout aussi simple et discrète, Nathalie ne fait pas mentir le dicton ; elle n’est pas du genre à se montrer dans les médias et partage volontiers le goût de son mari pour la pratique du sport”.

Ce désir de discrétion énerve évidemment les médias en quête de scoop, de révélations croustillantes, de tentative de prendre en défaut JJG. Quitte à fantasmer sur sa fortune et l’utilisation de son argent : une évidence également abordée dans ces pages consacrées au fils d’Alter Mojzesz Goldman né à Lublin en Pologne et de Ruth Ambrunn née à Munich en Allemagne.

Fred Hidalgo désamorce avec élégance et bon sens les envieux fantasmes liés au “trésor de guerre de Goldmann” … avec deux n, bien sûr, c’est plus explicite. (…)  Il placerait ses économies dans des paradis fiscaux, blanchirait ses capitaux, les utiliserait à des fins illicites, à des trafics d’armes ou de drogue, ça oui, ça ferait un bon sujet ! On se régalerait. Malheureusement pour les nostalgiques d’un temps où Pétain envoyait les Juifs et les antifascistes dans les camps d’où beaucoup ne sont jamais revenus, il n’y a rien à chercher de tel chez lui”.

 

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 “L’ART D’ENCAISSER SANS BRONCHER EST UNE SECONDE NATURE”

La récente décision de JJG de s’installer du côté de Londres avec sa jeune femme Nathalie et leurs trois enfants aura une fois de plus alimenté bien des rumeurs relayées par les médias.

Pas de quoi déstabiliser déstabiliser l’artiste blindé contre les rumeurs et les médisances : “Chez Jean-Jacques Goldman, l’art d’encaisser sans broncher est une seconde nature. S’il avait choisi la boxe pour s’exprimer, il est probable qu’aucun adversaire n’aurait été capable de l’allonger pour le compte” explique Fred Hidalgo en évoquant avec force détails le malsain tapage médiatique suscitée par la chanson “Toute la vie”. (…) 

Pourtant, la polémique qui va l’atteindre de plein fouet à la fin de l’hiver 2015, sous couvert de s’en prendre encore une fois aux Enfoirés, a bien failli le mettre KO. Et s’il s’en est relevé intelligemment de ce coup bas, celui-ci a sans doute scellé son départ définitif annoncé un an plus tard”.

Prenez le temps de lire CONFIDENTIEL sans sauter de page, et en laissant de côté vos préjugés… Et laissez vous guider par Fred Hidalgo au cœur d’un étonnant et attachant voyage … De l’enfance à Montrouge au groupe Taï Phong … de la chanson des Restos du Cœur reprise chaque année aux célèbres concerts débutés le 31 janvier 1987 par “La Boum du Cœur” à la Villette … de l’enchainement des tubes aux tournées internationales … avec en guise de conclusion le chapitre “Retour à Madagascar” : un compte-rendu du concert donné le 6 avril 1998 à Madagascar et signé Marine Dusigne, envoyée spéciale du Journal de l’Ile de la Réunion !

Oui, c’est une immersion totale dans la vie de JJG qui vous est proposée … avec également l’évocation d’artistes disparus tels Daniel Balavoine et Michel Berger … Et aussi Sirima poignardée le 7 décembre 1989 par son compagnon musicien … et Carole Frédéricks victime d’une crise cardiaque le 7 juin 2001 …

S’il est vrai que j’ai appris beaucoup de choses sur JJG, c’est grâce à l’incontestable complicité unissant depuis tant d’années le chanteur et l’auteur-journaliste : et cette authentique amitié dépasse évidemment le statut social de JJG et de Fred Hidalgo. En témoignent tant d’exemples développés au fil des chapitres reprenant chaque fois un titre de chanson ….

… et aussi nombre de reproductions de messages  échangés entre les deux hommes avec reproduction de certaines réponses manuscrites de JJG.

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NOMBREUSES ANECDOTES PERSONNELLES  ET FAMILIALES

Car ce livre, c’est aussi pour Fred Hidalgo une manière de se raconter. Non, pas d’autobiographie au sens propre du terme mais de nombreuses anecdotes personnelles et familiales disséminées ici et là.

Comme l’évocation du décès de la mère de JJG avec allusion de l’auteur à sa propre maman : “Elle a fêté en 2016 ses 94 ans … et connaît encore par cœur toutes les chansons qu’elle avait apprises durant son enfance en Catalogne” …

Le sens de la famille ? Assurément une valeur partagée par les deux hommes.et enracinée dans nombre de souvenirs relatés au fil des pages …. comme les circonstances dans lesquelles le chanteur a offert son médiator au gendre de Fred Hidalgo.

Et au fait, qui est donc la belle inconnue secourue un jour par JJG et Fred Hidalgo au bord d’une rue qu’ils empruntaient à moto ? Se reconnaitra-elle dans ce livre où dans un autre chapitre, est mis en évidence la célèbre citation de Félix Leclerc ? 

“Il y a des maisons où la chanson aime entrer” : cette phrase si bien mise en valeur au Village en Chanson de Petite-Vallée en Gaspésie sert de clin d’oeil à une des nombreuses allusions à la vie personnelle de l’auteur.

En l’occurrence “la maison d’amour et d’amitié” qui a traversé la vie de JJG “une quinzaine d’années avant que je n’y écrive ces lignes“. Une maison qui aura aussi accueilli Daniel Balavoine et Thierry Sabine … Hasard ? Destin ? Serait-ce la fameuse “synchronicité” ?

 

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“CHORUS ABATTU EN PLEIN VOL ET EN PLEINE TRÊVE ESTIVALE”

Les nombreuses passerelles entre Paroles et musique/Chorus et JJG font partie des raisons qui m’ont incité à plonger avec bonheur dans la lecture de CONFIDENTIEL.

Quel plaisir de retrouver sous la plume de Fred Hidalgo divers épisodes de l’histoire de ces deux revues …. deux des repères d’une amitié née suite à notre première rencontre à l’Ile de la Réunion chez le chanteur Jacques Poustis en 1984.

Alors pas étonnant que certaines anecdotes, certains souvenirs me touchent de près. Tel le chapitre “Je commence demain” quand il est question du “jeune éditeur qui avait tout du cadre dynamique et performant” …  oui celui qui a décidé unilatéralement en 2009 de déposer le bilan, “sans prévenir la rédaction, occupée à boucler le numéro 69 de l’automne” ….

La fin de Chorus “abattu en plein vol et en pleine trêve estivale”, j’en ai eu connaissance alors que je me trouvais au Festival d’Eté de Québec…

Plaisir aussi de retrouver ici le souvenir séance de travail du 20 juin 1992 avec arrivée d’un invité-surprise : Pierre Barouh “l’homme de Saravah se retrouvait caméra au poing en train de filmer notre première réunion de rédaction”… Hé oui, les premiers pas de Chorus !

Assurément un formidable document dont personne n’a hélas jamais vu une seule image à ce jour. Un constat d’autant plus regrettable que cette vidéo montre un moment unique dans l’histoire de la presse musicale … avec entre autres l’active participation de Marc Robine et Jean Théfaine, deux des signatures majeures de Chorus emportées par le cancer. 

Alors cher Pierre Barouh ?

On pourra les visionner un jour, ces images inédites ?

 

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Mardi 6 octobre 2009, Europe 1. Quatre heures d’émission enregistrées en direct par Thierry Lecamp. Ici Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie d’Alain Chamfort

 

 “JAMAIS ON N’AVAIT CONNU DE TEL RASSEMBLEMENT DE CHANTEURS FRANCOPHONES A L’ANTENNE”

A l’heure d’internet, de l’actualité omniprésente avec ses infos qui en chassent sans cesse d’autres, il me semble important d’offrir aux lecteurs un appréciable temps d’arrêt. De se souvenir de certains événements de l’histoire de Chorus.

De se rappeler que l’inattendue cessation de parution de Chorus aura suscité quatre heures d’émission enregistrées dans les conditions en direct par Thierry Lecamp sur Europe 1 !

“Ce mardi 6 octobre, de mémoires d’artistes et de journalistes, on n’avait jamais connu pareil rassemblement  de chanteurs francophones à l’antenne” se souvient Fred Hidalgo. Et de publier une liste non exhaustive de celles et ceux intervenus ce soir-là à l’antenne : au micro, par téléphone ou  message enregistré. Une émission des plus mémorable que Thierry Lecamp a du réduire à deux heures de témoignages et de chansons, dont l’intervention de JJG “qui n’avait plus donné l’interview depuis notre rencontre de juillet 2005 et cela faisait des années qu’on ne l’avait pas entendu parler à la radio”.

Un tel ouvrage aurait évidemment été incomplet sans qu’il y soit question du demi-frère de JJG. Oui, le journaliste et écrivain Pierre Goldman : inoubliable figure de l’extrême-gauche française assassinée le 20 septembre 1979 par un commando de trois ou quatre hommes armés de pistolet.

Plusieurs pages sont consacrées à l’auteur de “Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France” qui inspira à Maxime Leforestier la chanson “La Vie d’un homme” sur l’album Saltimbanque illustré par Cabu.

Vous l’avez compris dès les premières lignes de ce (long) article :  “CONFIDENTIEL” est une publication unique en son genre. A l’instar du livre de Fred Hidalgo consacré à Jacques Brel aux Marquises !

 

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“UN PROJET QUE JE NOURRISSAIS DEPUIS 1991″

Alors si j’ai pu vous donner envie de le lire, j’en serai très heureux.

D’autant plus que “ce livre est le fruit de trente ans de complicité personnelle et professionnelle : un chemin semé d’interviews exclusives (dont celle où Jean-Jacques m’annonçait qu’il arrêtait les disques et la scène et retraçait l’ensemble de sa carrière), mais aussi d’anecdotes et de confidences…

C’est un projet que je nourrissais depuis 1991 et dont les médias ont annoncé prématurément la sortie en 2005. Sa gestation aura demandé dix ans de plus : c’est en 2015 que j’ai décidé d’aller au bout de mon rêve, un an avant que JJG ne choisisse de son côté de tourner aussi la page des Enfoirés…“.

A aucun moment de sa (longue) rédaction, JJG n’a cherché à intervenir sur le contenu : “GOLDMAN CONFIDENTIEL est donc un livre “autorisé” par l’intéressé – parce que c’est lui, parce que c’est moi… – qu’il n’a pourtant pas souhaité car il n’aspire plus qu’à l’anonymat et au silence des médias. Mais je n’avais d’autre choix, et Jean-Jacques le sait, que d’aller au bout de mon rêve…”.

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TABLE RONDE AVEC JJG, SOUCHON, CABREL ET YVES SIMON

Ce livre consacré à un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus importants de l’espace francophone fait évidemment la part belle aux nombreuses chansons (connues ou non) de JJG. Nombre d’entre elles distillent des références de la vie de l’artiste et/ou de sa famille…

Et s’il est évident que la chanson est au cœur de cet ouvrage, il n’y est pas uniquement question des titres ayant contribué à la population de JJG.

Dans le chapitre “Juste quelques hommes”, Alain Souchon, Francis Cabrel, Yves Simon et JJG  – les quatre parrains de Chorus- s’expriment à bâtons rompus sur divers sujets liés à la chanson, au rôle des médias, à “la composition du public et à l’incidence des salles sur la conception du spectacle”, etc.

Et aussi le rôle de la critique.

Ce qu’en attend JJG ? ” C’est d’apprendre ce qu’il y a dans ce disque, s’il y a des chansons lentes, des rapides, comment est faite l’orchestration, de quoi parlent les textes, qui a fait quoi, etc. Ensuite si le critique veut ajouter quatre lignes de son propre goût, libre à lui si ça le défoule, il peut dire qu’il aime ou qu’il n’aime pas, qu’il adore ou qu’il exècre, mais ça ce n’est pas très important.

Ce dont on a besoin, c’est essentiellement d’informations, ensuite on achètera le disque et on est assez grand pour avoir notre propre opinion sans chercher à l’imposer aux autres… (…) Or la critique d’aujourd’hui ce n’est que ça : des billets d’humeur, et pas d’information”.

“OUI, TON PARCOURS MÉRITAIT BIEN “TANT DE PAPIER, DE TEMPS”

CONFIDENTIEL bénéficie aussi de sept pages de repères bibliographiques et autant pour la “discographie originale” … ainsi qu’un “index qui se limite aux seules personnes ayant un lien direct ou indirect avec la vie personnelle ou professionnelle de Jean-Jacques Goldman, ainsi qu’aux artistes, aux groupes artistiques ou personnages cités par lui”.

De quoi vous clarifier bien des détails du parcours de cet artiste dont Fred Hidalgo cite une des phrases les plus connues : “Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent”. Une évidence PLUS QUE JAMAIS d’actualité chez bien des artistes …

Précisons enfin qu’il a un mois a paru un autre livre de Fred Hidalgo dont la sortie a failli ne jamais avoir lieu !

“Trop important, trop gros, trop cher à la fabrication, avec un lectorat impossible à cerner, nous ne saurons pas vendre un tel livre, ni dans le commerce ni auprès des médias… » : telle avait été la réponse de l’éditeur auquel Fred Hidalgo avait proposé en 2015 le manuscrit de “La mémoire du chante – Journal d’un échanson”.

Ce livre de 661 pages a paru en octobre 2016 grâce à une souscription lancée par Fred Hidalgo. Il est donc sorti un mois avant “CONFIDENTIEL” !

Assurément deux livres de poids, à tous les sens du terme, pour nourrir votre passion de la chanson … si tel est votre souhait !

En guise de conclusion, laissons le dernier mot à Fred Hidalgo. Son livre-événement s’achève par une série de remerciements. Avec au final un mot adressé à JJG en ces termes :

“Merci enfin à toi, Jean-Jacques … et surtout pardon pour m’être montré, au moins sur un point (!), en total désaccord avec toi : oui, ton parcours méritait bien “tant de papier, de temps” ! Et non, je ne regrette rien.”

ALBERT WEBER

Photos FRANCIS VERNHET ET COLLECTION FRED HIDALGO

JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL, par Fred Hidalgo, Éditions L’Archipel, 572 pages, cahier photos 16 pages.

Blog de Fred Hidalgo

Site du livre “Cabrel Goldman Simon Souchon Les chansonniers de la table ronde”

Page Facebook de JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL

Site de “La Mémoire qui chante”

Site des Éditions L’Archipeloù l’on peut découvrir le prologue et le premier chapitre de l’ouvrage pour se mettre en appétit en cliquant sur TÉLÉCHARGER UN EXTRAIT.

 

 

 

 

 

 

 

 

« JACQUES BREL / FRED HIDALGO : «L’aventure commence à l’aurore»… et se poursuit encore !

C’est une info « Planète francophone » (et seulement une des facettes de l’actualité liée à cet ouvrage d’ores et déjà de référence) : après deux premières réimpressions en octobre et décembre de son livre sur Jacques Brel aux Marquises, L’aventure commence à l’aurore, paru en septembre dernier, Fred Hidalgo travaille actuellement à une édition « revue et augmentée », enrichie de nouveaux témoignages.

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CHANSON FRANCAISE/ REGIS CUNIN : 25 ans, ça se fête !

Incroyable mais vrai ! Voici un quart de siècle déjà que Régis Cunin suit son bonhomme de chemin dans la chanson française.

A son rythme, sans raz-de-marée médiatique mais avec une talentueuse détermination. Loin des éphémères bulles de savon du show-business et tout près des authentiques amoureux d’une chanson entre coups de cœur et coups de gueule.

Ces 25 ans de chanson, il les célèbre depuis le début de cette année à travers diverses initiatives artistiques.

Avec en guise de bouquet final un exceptionnel concert ce samedi 14 décembre à Jarny, dans sa Lorraine natale en compagnie … mais oui … de plusieurs artistes venus de différentes régions françaises.

Coup de projecteur sur un auteur-compositeur-interprète attachant par ses qualités humaines et artistiques, et tellement … détaché des miroirs aux alouettes du “milieu de la chanson”.

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FRED ET MAURICETTE HIDALGO : UN DESTIN AU SERVICE DE LA CHANSON FRANCOPHONE

Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite et dans l’Ordre des Arts et des Lettres : décernées à Fred et Mauricette Hidalgo, ces deux distinctions viennent souligner “leur parcours, leur action, leur contribution et leur engagement au service de la Culture de notre pays”. Retour sur un événement ayant réuni nombre d’artistes et de personnalités du monde de la chanson aux Trois Baudets à Paris.

 

Cet article a paru une première fois le 28 octobre 2010 sur le site www.francomag.com, magazine d’informations artistiques et culturelles de l’espace francophone. En voici une version réactualisée.

Mauricette et Fred Hidalgo

Mauricette et Fred Hidalgo
En effet, c’est le mercredi 29 septembre 2010 – le même soir que le concert de Gilles Vigneault inaugurant le festival Limoilou m’en chante lancé par Pierre Jobindans la ville de Québec – que Fred et Mauricette Hidalgo ont reçu ces deux distinctions en laquelle ils veulent voir “une forme de reconnaissance officielle de la chanson”.
Il est vrai que ce couple est très connu dans le milieu de la chanson française mais aussi francophone.
Fred et Mauricette Hidalgo sont les créateurs du mensuel Paroles et Musique en juin 1980, puis du trimestriel qui lui a succédé : Chorus, Les Cahiers de la chanson, considéré comme l’organe de référence de la chanson francophone.

Quotidien de la Réunion, 31 décembre 2000, Fred et Mauricette en reportage dans l'océan Indien

Quotidien de la Réunion, 31 décembre 2000, Fred et Mauricette en reportage dans l’océan Indien

 En compagnie de Guy Béart, Antoine, Alain Souchon, Gilbert Laffaille et Clarika

De gauche à droite, Guy Béart, Fred Hidalgo, Alain Souchon et le chanteur Antoine

De gauche à droite, Guy Béart, Fred Hidalgo, Alain Souchon et le chanteur Antoine

Ces distinctions leur ont été remises par Jean-Michel Boris, qui aura été plus de quarante ans à la tête de l’Olympia. Le fait que l’événement ait eu lieu aux Théâtre des Trois Baudets s’affirme comme un symbole de leur quête incessante de nouveaux talents.

La cérémonie s’est déroulée en présence d’un cercle volontairement restreint d’invités, parmi lesquels des amis artistes représentatifs de toutes les générations et de tous les genres musicaux. Le créateur de L’Eau vive, Guy Béart, qui débuta dans ce lieu aux côtés de Brel, Brassens, Félix Leclerc ou Gainsbourg, a rappelé combien il appréciait le couple Hidalgo, “raison pour laquelle”, a-t-il précisé, il a “accepté de sortir en public pour la première fois depuis des années”.

Alain Souchon, Clarika, Gilbert Laffaille étaient également là, tout comme Antoine qui a rappelé publiquement qu’il avait sans doute été le premier à apprendre le projet de Paroles et Musique, en 1979 à Djibouti, lors d’une rencontre avec Fred et Mauricette Hidalgo sur son bateau ! 

Ce soir-là il a même précisé qu’à l’époque Fred Hidalgo menait aussi, sur place, un combat très important contre les dramatiques mutilations sexuelles infligées aux jeunes filles de la Corne de l’Afrique (infibulation), combat qui avait d’ailleurs provoqué la venue à Djibouti de la célèbre journaliste (elle était alors rédactrice en chef de “F Magazine”) et romancière Benoîte Groult, bien connue pour ses positions féministes.

25 octobre 1992, hebdomadaire Week-End, Ile Maurice : annonce du premier numéro de Chorus

25 octobre 1992, hebdomadaire Week-End, Ile Maurice : annonce du premier numéro de Chorus

Avec Jean-Louis Foulquier, Jo Masure, Patrick Printz et François Chesnais

Fred Hidalgo et Jean-Louis Foulquier

Fred Hidalgo et Jean-Louis Foulquier
Étaient aussi de la partie nombre de professionnels, directeurs de festivals, écrivains et journalistes de presse écrite et de radio, ainsi que la plupart des anciens membres de la rédaction de Chorus.
Des directeurs de festivals (Jo Masure d’Alors Chante de Montauban, Bernard Kéryhuel de Chant’ Appart… et Jean-Louis Foulquier, fondateur des Francofolies de La Rochelle, qui fut plusieurs décennies durant le Monsieur Chanson de France Inter), des professionnels tels François Chesnais, directeur du Fonds pour la Création Musicale, ou Patrick Printz, venu spécialement de Belgique en sa qualité de directeur de Wallonie Bruxelles Musiques, principal organisme de soutien à la chanson en Belgique.

En présence de Hélène Nougaro, Marie-Françoise Balavoine et Patrice Dard

Avec Antoine et le romancier Patrice Dard. Au second plan à droite le chanteur acadien Joseph Edgar

Avec Antoine et le romancier Patrice Dard. Au second plan à droite le chanteur acadien Joseph Edgar
Citons encore Serge Llado, humoriste, chroniqueur chez Laurent Ruquier, des amis proches commeHélène Nougaro, dernière épouse du chanteur qui l’a rencontrée à l’île de la Réunion dans des circonstances auxquelles Fred et Mauricette ne sont pas étrangers; Marie-Françoise Balavoine, la sœur de Daniel qui, en tant qu’attachée de presse, appréciait beaucoup le travail de Chorus.
Et aussi le romancier Patrice Dard, fils du grand Frédéric alias San-Antonio qui montrait une affection particulière pour Fred Hidalgo depuis leur rencontre en 1965.
A relever aussi que plusieurs artistes, retenus par des obligations professionnelles ce soir-là, avaient envoyé des mots extrêmement touchants que Fred Hidalgo a cités : Francis Cabrel, Kent Jean-Louis Jossic (Tri Yann), Allain Leprest, Thomas Fersen, Paco Ibañez, Nilda Fernandez, Jeanne Cherhal, Yves Duteil, Hubert-Félix Thiéfaine,… … et d’autres encore dont Michel Jonasz auteur d’un message où il regrettait vivement son absence en raison d’un tournage d’un film, alors qu’il voulait absolument être présent en ce 29 septembre, en souvenir notamment du premier numéro de Chorus paru fin septembre 1992 qui lui consacrait sa couverture.

Message de Jean-Jacques Goldman ” avec un zeste de malaise aussi “

Fred et Mauricette Hidalgo : Un destin commun au service de la chanson francophone
Réagissant à l’annonce de ces distinctions, Jean-Jacques Goldman avait également adressé au couple Hidalgo un message exclusif lu par Jean-Michel Boris en ouverture de la cérémonie.

En voici l’intégralité :

“Bien sûr c’est mérité.
Bien sûr c’est vraiment mérité.
Bien sûr il y a des gens que la médaille honore et d’autres qui honorent les médailles.
Et s’il y en a deux qui “Méritent de la nation pour leur contribution à la chanson de notre pays”, ce sont bien eux, pas d’erreur.
Mais j’ai beau essayer, je n’arrive pas à me réjouir totalement.
Nous aurions tellement préféré que ces médailles n’arrivent que plus tard, bien plus tard, et que Chorus vive encore avec eux, qu’il transporte encore leurs transports, leur flamme…
C’est ainsi.
Mauricette, Fred, toutes mes félicitations, sincères, amicales…
Mais avec un zeste de malaise aussi.
Jean-Jacques Goldman”

Après Paroles et Musique et avant Chorus : publication d'un ouvrage de référence : Putain de chanson,

Après Paroles et Musique et avant Chorus : publication d’un ouvrage de référence : Putain de chanson

” Un journal ça ne se fait pas tout seul ou même à deux, c’est le fruit d’un travail d’équipe”

Françis Cabrel, un des parrains de Chorus avec Alain Souchon et Jean-Jacques Goldman

Ci-contre, Françis Cabrel, un des parrains de Chorus avec Alain Souchon et Jean-Jacques Goldman
Première adjointe au maire de Paris chargée de la culture, Anne Hidalgo a tenu quant à elle à les féliciter et à leur “redire toute mon admiration pour ce que vous avez accompli dans les domaines de la culture et des arts “.
Rappelons que c’est la mairie de Paris, justement, qui a permis la renaissance de cette salle mythique des Trois Baudets créée par Jacques Canetti en 1947.
Après l’allocution de Jean-Michel Boris retraçant la trajectoire professionnelle du couple depuis 1974 (création d’un quotidien national et de deux hebdomadaires avant le mensuel Paroles et Musique et le trimestriel Chorus, parallèlement à leur activité, depuis 1984, d’éditeurs de livres consacrés à la chanson), puis la remise des insignes dans l’ordre national du Mérite et dans l’ordre des Arts et des Lettres, Fred Hidalgo a pris la parole durant une quinzaine de minutes pour remercier tous ceux qui… méritaient de l’être.
“A commencer par nos principaux et fidèles collaborateurs avec lesquels nous tenons évidemment et avant tout à partager ces médailles, car un journal ça ne se fait pas tout seul ou même à deux, c’est le fruit d’un travail d’équipe”. 

“Jean-Michel Boris est la personnalité du monde professionnel qui nous a toujours inspiré le plus d’admiration et de respect”

Alain Souchon, à la une pour les 25 ans de Chorus et présent aux Trois Baudets pour l'hommage à Fred et Mauricette Hidalgo

Ci-contre Alain Souchon, à la une pour les 25 ans de Chorus et présent aux Trois Baudets pour l’hommage à Fred et Mauricette Hidalgo
Fred Hidalgo a aussi remercié Jean-Michel Boris pour ses mots si chaleureux en disant qu’ils prenaient d’autant plus de valeur “que Jean-Michel Boris est la personnalité du monde professionnel qui nous a toujours inspiré le plus d’admiration et de respect. 

C’est un bonheur et un honneur à la fois de recevoir ces distinctions des mains de celui qui fut directeur artistique pendant plus de quarante ans de la salle chanson la plus mythique de l’espace francophone, qui plus est, aujourd’hui, dans ce Théâtre des Trois Baudets, où nous avons été chaleureusement accueillis par son directeur actuel, Julien Bassouls
.
“Après l’Olympia, en effet, c’est historiquement la seconde salle la plus mythique qui soit, celle à qui l’on doit la découverte de tant de grands talents : Georges Brassens, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Boris Vian, Félix Leclerc, Serge Gainsbourg, etc., sans oublier Guy Béart qui nous a fait l’amitié d’être des nôtres ce soir : un formidable symbole”.
Fred a aussi déclaré que Mauricette et lui voulaient voir dans ces distinctions une forme de reconnaissance de la chanson, au bout de trente ans d’efforts sans trêve en sa faveur.  Il a aussi remercié le métier et particulièrement les responsables “de terrain”, directeurs de festivals et de salles de spectacles qui sont des vitrines de découvertes de nouveaux talents, “ce qui a toujours constitué l’essentiel de notre quête “.
Il a aussi mis l’accent – comme le leur avaient dit Gilles Vigneault et Jean-Roger Caussimon – sur le fait que la chanson est une chaîne sans fin dont tous les chanteurs sont des maillons indispensables.
” C’est pour cela que nous avons toujours fait en sorte que chaque numéro de Chorus incarne cette chaîne en traitant du patrimoine et des nouveaux talents à la fois, en même temps que l’on couvrait l’actualité sous toutes ses formes, que les artistes soient connus ou pas “.

“Nous partageons évidemment ces médailles avec nos parents qui nous ont aidés et encouragés et avec nos filles qui ont dû subir le stress de nos bouclages”

Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie de Jean-Michel Boris et Julien Bassouls dans le reflet des miroirs

Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie de Jean-Michel Boris et Julien Bassouls dans le reflet des miroirs

On le sait bien du côté du Québec et de l’Acadie notamment dont les artistes ont souvent été mis en relief dans ses colonnes

Une revue de référence pour la chanson d'expression française d'Amérique du Nord : dossier Charlebois et 3 pages sur le festival de St-Pierre et Miquelon

Ci-contre, une revue de référence pour la chanson d’expression française d’Amérique du Nord : dossier Charlebois et 3 pages sur le festival de St-Pierre et Miquelon
Ce fut, bien plus qu’une soirée professionnelle, plus qu’une reconnaissance bien méritée, le rendez-vous de l’amitié autour de l’amour partagé de la chanson.
Amour-amitié… Fred et Mauricette Hidalgo ont voulu enfin partager ces distinctions “avec nos parents qui nous ont aidés et encouragés et bien sûr avec nos filles Christine et Hélène en les priant de nous excuser des conséquences générées, dans leur enfance et leur adolescence, par le stress de chacun de nos bouclages au fil de ces longues années, car il a fallu s’employer sans réserve dans cette aventure de trente ans au service de la chanson, considérée comme un art…”
C’est d’ailleurs en considérant que ces distinctions représentaient une forme de reconnaissance de la chanson par les autorités françaises, que le couple a remercié le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, qui leur avait précisé que c’était sur sa recommandation, en plus de sa décision d’accorder la médaille des Arts et des Lettres à Mauricette Hidalgo, que Fred Hidalgo a été nommé chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Et ce dernier d’évoquer cette soirée en notant que “Chorus, compte tenu de son aura unique dans la presse musicale francophone, possédait tous les atouts pour continuer longtemps son travail de référence au service de la chanson francophone. Ces distinctions nous ont évidemment fait plaisir, mais en même temps elles ont remué cruellement le couteau dans la plaie. Jean-Jacques Goldman a bien exprimé le sentiment général, comme l’a d’ailleurs noté Jean-Michel Boris…” 
L’impact de Chorus a été très important pour tous les acteurs de la chanson française, mais son envergure francophone – on le sait bien du côté du Québec et de l’Acadie notamment dont les artistes ont souvent été mis en relief dans ses colonnes : tables rondes, rencontres, portraits, festivals, reportages, chroniques d’albums et de livres, etc. – lui conférait une place tout à fait à part non seulement dans la presse musicale contemporaine mais dans l’histoire même de celle-ci, ces “Cahiers de la chanson”, avec leur vocation quasiment encyclopédique, n’ayant jamais eu d’équivalent.
On ne peut donc que souhaiter – avec l’ensemble des lecteurs, des artistes et des professionnels qui se déclarent aujourd’hui “orphelins de Chorus” – une éventuelle renaissance de cet “organe de référence de la chanson francophone”.

Militantisme au cœur de la chanson francophone

Décembre 2003 : dossiers sur Lynda Lemay, François Béranger et l'ami Marc Robine

Ci-contre, décembre 2003 : dossiers sur Lynda Lemay, François Béranger et l’ami Marc Robine
Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite et dans l’Ordre des Arts et des Lettres : à vrai dire, ces honneurs ne se limitent pas à “leur parcours, leur action, leur contribution et leur engagement au service de la Culture de notre pays”.
Car la chanson francophone a toujours été une priorité chaque trimestre dans Chorus, et pas seulement à travers les articles mais aussi dans nombre d’initiatives en coulisses.
Un exemple parmi d’autres : Lynda Lemay dont les premiers pas en France ont bénéficié d’un coup de pouce de Fred et Mauricette Hidalgo. L’ayant découverte à Québec sur une prestation de trois chansons, ils l’ont mise aussitôt en relation avec le Tremplin de la chanson du Chorus des Hauts-de-Seine, tremplin grâce auquel la chanteuse allait rencontrer, enthousiastes à l’issue de son passage, la directrice du Sentier des Halles, Nicole Londeix, qui allait la programmer à Paris, et Geneviève Girard qui allait devenir son agent en France avec Azimuth Productions.
Et si Pierre Jobin – ancien créateur de la Maison de la Chanson à Québec, voir dossier sur ce webmagazine – n’avait pas invité Fred et Mauricette à l’inauguration de ce haut lieu de la chanson dans la ville de Québec, le couple Hidalgo n’aurait pas vu chanter aussi tôt Lynda Lemay. Et celle-ci n’aurait pas bénéficié de ce sérieux coup de pouce qui lui a sans doute fait gagner bien du temps.

 

Avril 2001, double page sur Chorus dans la lettre bimestrielle des sociétaires de la SACEM

Avril 2001, double page sur Chorus dans la lettre bimestrielle des sociétaires de la SACEM

“Pierre Jobin a eu raison bien avant tout le monde”

13 novembre 2007 : Pierre Jobin présente le dossier sur la Maison de la Chanson lors d'une soirée de soutien à Chorus à l'Espace France, Québec (Photo Albert Weber)

13 novembre 2007 : Pierre Jobin présente le dossier sur la Maison de la Chanson lors d’une soirée de soutien à Chorus à l’Espace France, Québec (Photo Albert Weber)
Autre facette francophone de Fred et Mauricette Hidalgo, et non des moindres : Pierre Jobin en parle dans le troisième volet du dossier consacré sur ce webmagazine : la carte de n° 1 des “Amis de la Maison de la Chanson du Québec” décernée à Fred Hidalgo… et non pas à Luc Plamondon, comme le pensaient et souhaitaient nombre de professionnels québécois.
Comme quoi le Québec avait “reconnu” le rôle de Fred Hidalgo depuis 1980 au service de la chanson francophone dès octobre 1994 soit seize ans avant la réaction officielle du ministère français de la Culture et de la Communication.
En témoigne le reportage de trois pages paru dans Chorus n° 10 en décembre 1994 sous le titre : “Dans ma maison d’amour – Quand le Québec met la chanson en maison”. 
A la lumière de ces distinctions nationales, on peut penser en effet que Pierre Jobin avait vu juste non seulement avant tout le monde mais, semble-t-il, “contre” les membres de son propre conseil d’administration de l’époque.
IL est vrai – mais faut-il vraiment le répéter ? – que les initiatives journalistiques de Fred et Mauricette Hidalgo ont TOUJOURS concerné la francophonie et même l’espace francophone au sens large. Raison pour laquelle Fred Hidalgo a toujours parlé de chanson francophone et non étroitement “franco-française”.

 

Hedbomadaire Week-End, Ile Maurice : 12 mai 1985, à l'époque de Paroles et Musique ...

Hedbomadaire Week-End, Ile Maurice : 12 mai 1985, à l’époque de Paroles et Musique …

Plusieurs membres de l’équipe ont travaillé à un projet de renaissance de Chorus

Reste au final une note d’espoir allumée au cours de la cérémonie aux Trois Baudets, le 29 septembre 2010 : un projet de renaissance de Chorus mené par plusieurs membres de son équipe de rédaction, les plus jeunes en particulier, qui voient dans ce titre non seulement une revue chargée d’histoire mais surtout pleine d’avenir.  Mais hélas, il n’y a pas eu de suite à cet projet suivi avec attention par nombre de passionnés des deux bords de l’Atlantique, voire d’ailleurs dans l’espace francophone.A découvrir le blog de Fred Hidalgo : Si ça vous chante

Rendu public lors de la création de Chorus, ce constat de Fred Hidalgo est plus que jamais d'actualité

Rendu public lors de la création de Chorus, ce constat de Fred Hidalgo est plus que jamais d’actualité

 

Fred et Mauricette Hidalgo : Un destin commun au service de la chanson francophone