Une heure ou presque en compagnie de Pierre Etaix, ça vous tente ?
C’est en effet l’invitation lancée par deux compères qui proposent jusqu’à ce samedi 14 octobre inclus un attachant et surprenant voyage dans l’univers d’un créateur absolument impossible à enfermer dans un seul talent : auteur, clown, dessinateur, illusionniste, jongleur … et évidemment aussi cinéaste.
Embarquement immédiat pour le TAPS Laiterie (Théâtre actuel et public de Strasbourg) dans un spectacle mis en scène par François Small avec face au public un seul comédien : Frédéric Solunto.
“L’éternité est une interminable histoire qui n’a ni queue ni tête” : cette citation d’Etaix est sans doute le déclic ayant réuni François Small et Frédéric Solunto pour mener à bien cette étonnante aventure artistique.
Se laisser surprendre par les textes de Pierre Etaix (1928-2016) : c’est dans cet état d’esprit que je me suis rendu au TAPS ne connaissant – il faut bien l’avouer – pas grand chose des écrits de celui qui fut notamment engagé comme assistant, gagman et dessinateur par Jacques Tati pour le film “Mon oncle”. Mais si cet épisode de la vie d’Etaix est sans doute un des plus connus, n’oublions surtout pas le magicien des mots qu’il fut. Et là croyez-moi on est servi par un feu d’artifices de phrases, de répliques, de bons mots auquel Frédéric Solunto offre une réjouissante jeunesse.
“L’action se déroule entre la loge de Yoyo et le tournage du “Soupirant. Nous passons du noir et blanc à la couleur, du rire à l’émotion, du silence intérieur aux bruits extérieurs” indique le metteur en scène François Small.
En effet, le spectacle s’affirme sur deux espaces qui s’enchaînent régulièrement, entre ce que voit le public et ce qu’il entend seulement lorsque le comédien disparait et que résonnent sons et dialogues.
Pas étonnant que François Small s’affirme comme un inconditionnel de Pierre Etaix. Il est également connu en Alsace (voire ailleurs!) pour son personnage du clown Smol. Quant Frédéric Solunto auquel on doit la conception et le jeu de ce spectacle, son parcours artistique s’enracine par ailleurs également dans nombre de mises en scène.
Mention spéciale à la bande-son. Elle met en valeur avec humour et de manière inattendue quantité de gestes de la vie quotidienne … qui prennent ici un relief particulier ! Un intense travail d’équipe car en plus de l’univers sonore signé Olivier Fuchs, l’attention des spectateurs est également captée par les jeux de lumière de Sébastien Small.
A voir pour se laisser surprendre par cette “Carte Blanche” offerte pour la rentrée au TAPS. Le genre de spectacle qui aurait évidemment gagné à être présenté en d’autres lieux que Strasbourg.
Albert WEBER
Photos TAPS