Bon, ça y est ! J’ai enfin découvert The Cracked Cookie’s.
Ce trio féminin, j’en avais souvent entendu parler et j’avais lu nombre de commentaires élogieux. De quoi donner envie de les voir en pleine action, au Centre culturel de l’Illiade d’Illkirch-Graffenstaden, dans la salle “Côté Cour” aussi comble que conquise.
Coup de projecteur sur Marie Dubus, Jika Sterbakova et Marie Ruby réunies dans un “trio vocal féminin délicieusement fêlé” selon leur expression. Ce qui ne les empêche pas – bien au contraire – de poursuivre en parallèle diverses aventures en solo ou collectives entre chanson, musique, comédie, cabaret et contes.
Embarquement immédiat pour plus d’une heure et quart avec ce spectacle sans temps mort offert par ces trois chanteuses et musiciennes.
Trois multi-instrumentistes : flûte traversière, ukulélé, basse, guitares percussions sont au rendez-vous … sans oublier un piano transformé en bar au gré du spectacle !
Le fameux “piano-bar” retiendra bien sûr l’attention de “Claude, intellectuelle française alcoolique” (Marie Dubus), mais aussi celle d’une “sulfureuse diva tchèque déjantée” (Jika Sterbakova) et une “noble british quelque peu pincée” (Marie Ruby).
Trois personnages aux contrastes bien tranchés … et dont la confrontation donne du piment à l’interprétation des chansons et évidemment aux dialogues entre deux titres.
Ambiance garantie entre les trois personnages au caractère bien trempé.
Et bien décidées à ne pas se laisser marcher sur les pieds.
D’où un savoureux cocktail qui transforme sans tarder le “Cracked Cookie’show” en un spectacle complet aux multiples rebondissements.
C’est-à-dire bien au-delà d’un “simple concert” aux accents des Andrews Sisters et autres trios féminins américains des années 30 !
Au gré des petites tranches de vies, des anecdotes et réflexions, le trio passe par toutes sortes de situations qui font sourire et rire. Et suscitent aussi ici et là une évidente émotion.
Dans ce “voyage musical et théâtral” – selon l’expression du trio – on chante ensemble ou bien seule ou à deux, on se parle tout sourire juste avant d’échanger des mots aigres-doux, on s’apostrophe, on se dispute, on sort de scène fâchée et … puis on revient dans une autre tenue … jusqu’à la prochaine prise de tête !
Pas question de s’ennuyer une seconde dans ce feu d’artifices de paroles et de musiques, entre coup de sang, coup de cœur et même coup de blues.
Bref la vie avec ses chamailleries et ses réconciliations. Avec une bonne dose d’humour, de dérision aussi.
Pas de doute, ces “Cracked Cookie’s” s’affirment en toute liberté tellement loin du cliché de la “gentille femme au foyer des années 40 (la « cookie »)”.
Donc tout peut arriver – et tout arrive ! – durant ce spectacle où les mélodies donnent envie de taper dans les mains.
Un répertoire plein d’énergie qui met en relief de sacrées harmonies vocales.
Et voilà comment le trio s’affirme à l’aise dans des registres bien variés, entre “These boots are made for walkin”, “Lollipop ” Twist again” et bien d’autres standards entre swing, twist et rock …
Et aussi chanson française avec leurs versions de l’inoubliable “Amstrong” de Claude Nougaro ou “Résiste de France Gall.
Les trois complices s’en donnent à cœur joie.
Et chacune s’impose à tour de rôle sur le devant d’une scène qu’elles occupent avec brio. Cette aisance ne résulte évidemment pas d’une joyeuse improvisation.
Jika Sterbakova, Marie Dubus et Marie Ruby et ont travaillé avec Marco Locci, inspiré metteur en scène qu’on retrouve aussi dans la mise en valeur des “Chroniques d’outre-tombe” du duo Firmin et Victor (Valentin Stoeffler et Guillaume Schleer).
Le public de la salle “Côté Cour” de l’Iliade a réagi comme il se doit : avec enthousiasme.
De quoi donner envie au trio fondé en 2016 à s’aventurer auprès d’autres publics. Vers d’autres salles et festivals d’Alsace et Lorraine, voire de bien plus loin comme la République Tchèque, terre natale de Jika Sterbakova.
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER