Inutile de chercher de midi à quatorze heures : si vous n’avez pas encore vu “Gabrielle”, qu’attendez-vous ? Drôle et émouvant, pudique et réaliste. Avec une manière attachante d’enraciner le vécu des personnages dans Montréal, ville assurément bilingue et multiculturelle.

Gabrielle Marion-Rivard est la vedette du film québécois Gabrielle. | Photo Pierre-Paul Poulin / Agence QMI 

Au coeur du Québec d’aujourd’hui entre blocages et lueurs d’espoir

A travers l’histoire d’amour entre Gabrielle et Martin, la cinéaste Louise Archambault nous entraîne dans le Québec d’aujourd’hui avec ses blocages et ses lueurs d’espoir, ses raisons de vivre et d’espérer aussi.

Gabrielle, une jeune femme douée pour la musique, vit à Montréal dans une résidence d’accueil avec quatre adultes atteints comme elle d’une déficience intellectuelle. Elle s’est récemment amourachée de Martin, lui aussi handicapé, un des membres de la chorale Les Muses de Montréal.

Tandis que le groupe se prépare en vue d’une participation à un concert de Robert Charlebois, Gabrielle souhaiterait plus que tout au monde être autonome et vivre en appartement.

Sa sœur Sophie l’encourage, mais doit aussi lui annoncer son départ prochain pour l’Inde. Malgré la compréhension des intervenants, la mère de Martin refuse que son fils et Gabrielle consomment leur amour. Gabrielle rêve d’indépendance et d’autonomie, mais se voit confrontée à ses propres limites et à son ignorance du monde extérieur.

Ce long métrage a déjà remporté le prix du public au Festival de Locarno en Suisse et deux prix au Festival du film francophone d’Angoulême. Le comédien Alexandre Landry y est, lui aussi, criant de vérité

Avec le Centre des arts de la scène Les Muses et Robert Charlebois

Ni mélodrame ni documentaire, “Gabrielle” fait la part belle aux sensations et aux émotions.

D’où cette présentation parue dans la revue France-Québec d’octobre : “Doit-on empêcher des déficients intellectuels de pouvoir s’aimer ? (…) Beaucoup des acteurs sont non-professionnels à l’image de Gabrielle Marion-Rivard, douée pour la musique et qui souffre du syndrome de Williams.

Mais ils participent au Centre des arts de la scène Les Muses à Montréal qui offre une formation à des artistes en situation de handicap. Une performance longuement préparée mais ponctuée de séquences prises sur le vif, comme l’arrivée de Robert Charlebois venant répéter avec les choristes”.

Oui, Robert Charlebois et sa chanson “Ordinaire” ont une place à part dans cette histoire d’amour perturbée et perturbante pour Gabrielle et Martin.

Une autre chanson est, elle aussi, mise en évidence dans ce deuxième film de Louise Archambault : “Pendant que les champs brûlent” enregistrée en 1990 par le groupe Niagara, notamment par l’expressive Muriel Moreno.

A retrouver ici :

Outre les chansons de Niagara et Charlebois, “Gabrielle” accord aussi de la place à la musique indienne, avec des séquences filmées en Inde dans un des centres de l’association “Jeunes Musiciens du Monde” !

Distribué aux Etats-Unis et en lice pour les Oscars

Le 23 septembre, le film a été choisi par le comité de sélection pancanadien des Oscars pour représenter le Canada dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. La 86e cérémonie des Oscars aura lieu le 2 mars 2014.

Ce long-métrage s’ajoute à la longue liste des films québécois à avoir représenté le pays entier aux Oscars. Reste à savoir si l’Académie sélectionnera aussi le film pour l’inclure parmi les ultimes finalistes de la catégorie du meilleur film étranger aux prochains Oscars !

“Gabrielle” sera distribué en salle aux États-Unis. L’entreprise Entertainment One Films US sera responsable de la distribution sur le marché américain : assurément une étape importante dans la course pour une place de finaliste dans la catégorie de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère !

Alors juste un conseil d’ami. Si vous n’avez pas encore vu Gabrielle sorti sur les écrans français le 16 octobre, n’hésitez surtout pas. Vous m’en donnerez des nouvelles.

Texte Albert Weber

Gabrielle met en vedette Gabrielle Marion-Rivard. À ses côtés, Vincent-Guillaume Otis dans le rôle de directeur de la chorale. Photo fournie par micro_scope

Bande-annonce du film … histoire de vous donner envie !