Nombre d’artistes embarqués dans des aventures collectives éprouvent à un moment l’intense besoin de s’aventurer dans des nouveaux espaces plus personnels, tant dans le répertoire que la couleur musicale.
Certains s’enfoncent et disparaissent dans les sables mouvants, d’autres s’élancent vers une prometteuse carrière. En témoigne l’histoire de Vincent Salvi devenu Bergame bien que le terme de “carrière” ne soit pas le plus approprié pour évoquer son parcours.
ENTRE ÉDUCATION NATIONALE, STUDIO ET SCÈNE
Vincent Salvi n’est pas un inconnu dans le monde artistique.
Durant une quinzaine d’années, il aura été l’âme du groupe Maltosh : une demi-douzaine de musiciens, une intense aventure collective ponctuée par près de 400 concerts en Europe et même un en Chine, quatre EP et un album …
Et, entres autres la chanson “Le meilleur des mondes” dont le clip est une p’tite merveille, tant dans le scénario mis en scène que la chanson.
De quoi susciter nombre de réactions sur Youtube de la part de ses élèves, histoire de saluer et d’encourager leur prof d’histoire-géo ! Hé oui quand il n’est pas auteur-compositeur-interprète, Bergame travaille dans l’Éducation Nationale. Une double vie entre enseignement et agenda d’artiste qui ne lui réussit pas mal, ma foi.
UN DES SEPT FINALISTES DU 7ème PRIX GEORGES MOUSTAKI
En effet, Bergame fait partie des sept finalistes du 7ème Prix Georges Moustaki en compagnie de L’Arthur, Clio, Léopoldine HH., Maud Lübeck, Jeanne Rochette et Nicolas Séguy .Rendez-vous le 16 février à 20h au Centre Universitaire Malesherbes, Université Paris IV Sorbonne – avec Alex Beaupain ‘président 2017) et Boulevard des Airs BDA (parrain 2017).
Cette envie de voler de ses propres ailes, ça fait un bon moment qu’elle le travaillait. Nous en avions longuement parlé voici trois ou quatre ans. Fin d’une quinzaine d’années de concerts enracinés dans des chansons signées Salvi et “envie de changer de style de musique et d’un projet plus personnel”.
D’où ce mini-album de six titres signé Bergame.
“C’est le nom d’une ville du nord de l’Italie d’où sont originaires mes grands-parents paternels, ce sont mes racines, même si je les connais mal ou pas très bien, je pars à la découverte de qui je suis vraiment, de qui je suis au fond” explique l’article en évoquant cet EP “bouclé en trois semaines”.
Assurément le résultat d’un long travail personnel enraciné dans l’impatiente envie de “nouvelles chansons, d’un nouveau son, et surtout de nouvelles choses à raconter”.
AVEC L’EFFICACE COMPLICITÉ D’ALEXIS CAMPET
A l’instar de plus en plus d’artistes en quête d’argent pour leur nouvel enregistrement, Bergame s’est lancé dans une campagne de financement participatif avec un lancement public, le 9 juin 2016 lors d’un concert à l’Alhambra à Paris, en première partie de d’Oldelaf.
“Je suis soutenu par l’association “Si J’ai des Ailes”. Elle s’occupe de mon management, et bien plus encore : coaching musical, coaching scénique, coaching de vie. Elle me pousse à aller toujours plus loin pour que mes chansons soient connues par le plus de gens possibles. Je leur dois beaucoup”.
On le croit bien volontiers ! Avec au final un EP de six titres écrits et composés par Bergame et un sacré travail d’équipe avec le réalisateur Alexis Campet enregistrement, mixage, direction artistique.
Mais pas seulement : “Alexis y fait des guitares, électriques et folk, mais aussi du banjo, de la guitalélé, de la basse, des batteries, des pianos, des Rhodes, du beatbox. Et encore bien d’autres choses dont il a le secret. Cet homme sait tout faire !”.
Sur scène, Bergame s’accompagne au piano, à la guitare ou la guitalélé : “Mais sur l’album tout est d’Alexis, sauf les voix et les chœurs”.
“Mon nom est personne”, Au nom du père”, “Tout pour moi”, “Bruges en hiver”, “America”,” Dors” : six chansons … et 20 minutes et 22 secondes pour raconter les choses vues, entendues et subies.
Pour se raconter avec un son, une ambiance, une rythmique qui me fait parfois penser à des chansons de Philippe Chatel ou d’Yve Simon : des titres à la fois dépouillés et cependant très intenses qui incitent, par ailleurs, Bergame à avouer sa sensibilité envers les répertoires signés Albin de la Simone et Alex Beaupain.
LE SENS DU REFRAIN QUI NE VOUS LÂCHE PLUS
Bergame a le sens de la mélodie, du refrain qui vous happe et ne vous lâche plus comme dans “Mon nom est personne” : “Le jour turbin la nuit en veille
/La tête sous l’eau manque de sommeil/ Simple mortel pas fils de l’homme/Mon nom est personne”. Ce titre aura été la chanson du jour ajoutée le 14 janvier par Catherine Laugier sur le site www.nosenchanteurs
“Est-ce que les fils décevront toujours leurs pères ? ” Question assurément éternelle lancée dans “Au nom du père”. Oui, pas évident de se parler entre père et fils déchiré entre l’envie de ressembler et le besoin de devenir adulte.
“Docile, gentil, à bien faire ma prière/Au pied du lit, toujours au nom du père/Je voulais être ton portrait /Pardon de ne pas être parfait /On fait c’qu’on peut, avec c’qu’on est/ Mais aujourd’hui je suis devenu un homme Ce que je suis j’n’le dois à personne /Mes choix, mes remords, mes regrets/ J’en paierai /Mes erreurs, mes choix mes regrets/ J’en paierai le prix à mes frais”.
Changement de rythme avec “Tout pour moi” efficacement illustré par un clip à découvrir ici : une drôle de partie de poker au dénouement inattendu. Et encore une fois un refrain qui vous trotte dans la tête : “Moi je prends ce qui me revient de droit/ La nature est bien faite car/Je te laisse les miettes et/ Moi je prends ce qui me revient de droit/Que tu l’acceptes ou pas/C’est un pour tous et tout pour moi”
P’tit détour par “Bruges en hiver” teinté de mélancolie, de remise en question : “Le long des canaux /Chauffé par la bière/ Coule le sang de Bruges en hiver/La foule des badauds /Remplit ses artères /Le plein de vide à Bruges en hiver/Au milieu des flots /Mais trop loin de la mer ”.
“PLUS C’EST INTIME, PLUS C’EST UNIVERSEL”
Et pourquoi ailleurs chercher ailleurs ? “Tu voudrais partir voir du pays /La terre est grande, Paris tout petit /Moi je m’en fous je sais qu’elle est ronde /Pas besoin pour le savoir de faire un tour du monde”.
“Plus c’est intime plus c’est universel” : cette formule de Bergame convient bien aux thèmes de cet enregistrement à écouter autant pour ses mots que ses musiques, comme pour “Dors” : “Dors/ Passé minuit/Jusqu’à l’aurore/ Promis je garderai les yeux ouverts/ Oui dors/ De tout ton saoul/ Et sans remord/Tandis qu’entre les doigts la vie s’écoule je veille/Veille, veille sur ton sommeil”.
Le voici désormais lancé dans divers concerts privés en France et même un à Londres suite à l’invitation lancée par un des souscripteurs.
“UN CD D’UNE DOUZAINE DE TITRES PRÊTS À ÊTRE ENREGISTRÉS”
Rendez-vous est aussi pris le samedi 28 janvier en première partie de Soan à La Celle Saint-Cloud.
S’y glisse aussi le projet d’un groupe avec musiciens trois ou quatre musiciens : mais attention rien de figé, mais plutôt une formation à géométrie variable au gré des scènes.
Cet EP de six titres est évidemment le premier pas d’une nouvelle histoire signée Bergame. Lequel me parle aussi d’un album d’une douzaine de titres prêts à être enregistrés et même d’un album pour enfants également en vue.
Nul doute que les contributeurs remerciés sur la pochette de cet EP seront sans doute à nouveau mis à contribution, au gré de l’évolution des projets de Bergame qui dédie cet enregistrement “ à celle qui me supporte, dans tous les sens du terme, depuis toutes ces années”.
Il est vrai qu’aujourd’hui être artiste exige non seulement du talent mais aussi une détermination à tout épreuve pour financer un nouvel album auto-produit, trouver des dates, fidéliser un public. Autant de perspectives qui donnent plus que jamais envie à Bergame d’avancer avec confiance.
Texte ALBERT WEBER
Photos Aurélie LACAILLE