Bien sûr, nous nous y attentions. Nous savions qu’il avait cessé de chanter et que sa santé déclinait. N’empêche que l’annonce du décès de Graeme Allwright aura été d’une intense violence.
Un ami, un proche, un membre de la famille s’en est allé dimanche 16 février dans sa 94ème année, à la Maison de retraite des Artistes de Pont-aux-Dames fondée en 1903 à Couilly-Pont-aux-Dames, en Seine-et-Marne.
L’annonce de sa disparition sera à jamais liée à la cathédrale de Strasbourg. Avec mon amie, nous nous trouvions juste en face dans une brasserie, en attendant de nous rendre à Bischwiller pour le dernier hommage à Ahmed Ferhati, comédien, metteur en scène, musicien et chanteur.
J’y ai retrouvé Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel à qui j’ai appris le décès .. et il s’est aussitôt souvenu d’une mémorable soirée d’après-concert en Corse avec Graeme.
En fait, c’est un coup d’oeil sur le site des Dernières Nouvelles d’Alsace que j’ai découvert l’info, ce dimanche là, peu après 17 heures. Et sans une seconde d’hésitation, j’ai téléphoné à l’ami Fred Hidalgo, créateur avec sa femme Mauricette des revues “Paroles et Musique” et “Chorus, les Cahiers de la chanson”.
Notre échange téléphonique enraciné dans près de 36 ans d’amitié m’a fait penser à un autre appel … une autre conversation quand, en août 2003, j’ai appris le décès de notre ami Marc Robine, figure incontournable de la chanson française et signature majeure de Chorus.
Fred Hidalgo, compagnon de route de Graeme depuis tant d’années. Ou plutôt de décennies comme il l’a si bien raconté dans un témoignage paru lors de la sortie du livre de Jacques Vassal écrit sur et avec Graeme.
Une complicité de (très) longue date … avant le lancement mi-juin 1980 de Paroles et Musique, le mensuel de la chanson vivante : Graeme aura été un des premiers artistes au courant de ce projet de presse écrite.
Prenez donc le temps de (re)lire le texte de Fred Hidalgo sur son blog Si ça vous chante.
“Aujourd’hui, on veut définitivement y croire encore moins. Salut l’Artiste, adieu l’Ami, tu emportes avec toi le meilleur de nous-mêmes...” écrira le 16 février Fred Hidalgo sur sa page Facebook “La mémoire qui chante, journal d’un échanson”, “en pensée et en affection avec ses proches“.
De quoi susciter tant de réactions de personnes sincèrement bouleversées par son décès …
La photo ci-dessus a été prise en juin 1985, du temps de Paroles et Musique.
Il est vrai que chez Fred et Mauricette Hidalgo, le mois de juin aura si souvent été synonyme de rencontres amicales chez eux, avec nombre d’artistes : une formidable tradition si souvent vécu du temps de Chorus…
Quelques mois plus tard, en novembre 1985, Graeme (re)venait à la Réunion pour chanter.
L’occasion pour une poignée de passionnées de chanson – Noël Gros, Bobby Antoir, Bernard Vitry, Gilbert Hardy - de lancer l’association Mascareignes parrainée par Graeme.
“Il s’agissait de créer sur place un festival de chanson qui permette à la fois de promouvoir les musiques de l’océan Indien et d’accueillir à la Réunion des chanteurs francophones. J’étais moi-même, au nom de PAROLES ET MUSIQUE, l’un des membres fondateurs de cette association… Ben oui ! Beau souvenir, en tout cas” précise Fred Hidalgo au sujet de la photo parue dans le .mensuel Paroles et Musique.
AVEC GRAEME, VIVIANE ET JEAN-YVES …
Ma première rencontre avec Graeme date de cette fin 1985, et je n’imaginais alors pas que nos routes allaient se croiser si souvent.
Ile de la Réunion, Strasbourg, Saverne, Sarrebourg, Paris, Québec … sans oublier l’inoubliable soirée à Vernouillet où nous avons célébré en 2002 les dix ans du trimestriel Chorus ont été célébrés en chanson avec Graeme et nombre d’invités, dont Marc Robine, Allain Leprest, Jean Corti …
Pas de doute ! Graeme aura sans doute été l’artiste le plus vu sur scène et dans un contexte plus privé aussi … un “record de retrouvailles” partagé avec mes amis Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol (Alcaz) avec lesquels j’ai d’ailleurs revu Graeme à Besançon à l’occasion d’une soirée organisée par Christophe Régnier : Alcaz y assura la première partie avant de rejoindre Graeme durant son concert
Concert au Petit Journal, à Montparnasse : salle archibondée …
1967 : PREMIER ENTRETIEN DE GRAEME DANS LA PRESSE NATIONALE AVEC JACQUES VASSAL POUR ROCK & FOLK
Notons, avec la complicité de Fred Hidalgo, que le premier coup de projecteur d’une publication nationale sur Graeme date de 1967.
“ C’est à Jacques Vassal, par exemple, qu’on doit la toute première interview de Graeme chanteur dans la presse nationale. Par la même occasion, c’était le tout premier article qu’il réalisait pour le mensuel Rock & Folk à peine né : les historiens le retrouveront dans le n° 3 de janvier 1967 et les lecteurs de Graeme Allwright par lui-même en pages 98-101. Cela se passait à l’automne 1966, rue de la Gaîté, dans les coulisses de Bobino.
En réalité, c’était la seconde fois que le journaliste en herbe voyait le chanteur débutant en scène. Trois ou quatre semaines plus tôt, il l’avait découvert par hasard dans un de ces cabarets de la rive gauche qui faisaient florès et le bonheur des amateurs de chanson. C’était à la Contrescarpe. Vassal s’en souvient bien“.
Il aura donc fallu le décès de Graeme pour que “les grands médias” se souviennent de lui.
Un hommage posthume qui en dit long sur l’impact de cet artiste si et trip souvent ignoré des radios et des télés, à quelques rares exceptions près comme en témoigne cette photo parue sur le blog de Fred Hidalgo dans son article du 2 septembre 2018.
Pour connaitre tout ou presque sur la vie et le répertoire de cet auteur-compositeur-interprète né le 7 novembre 1923 à Wellington en Nouvelle-Zélande, pas de problème !
Il suffit de lire sa longue biographie ICI sur wikipédia …
Autant d’informations détaillées avec force références. De quoi alimenter plus d’un article paru au lendemain de son décès dans la presse francophone, nationale et régionale comme ce papier des Dernières Nouvelles d’Alsace annoncé à la une.
“PETIT GARÇON” PAR NANA MOUSKOURI, GAROU, NILDA FERNANDEZ, HENRI DÈS, SERGE RIEGER ET TANT D’AUTRES !
Bien des journalistes ont mis en évidence avec force exemples l’importance majeure de Graeme qui a adapté nombre d’artistes.
A commencer par Leonard Cohen (Suzanne, L’étranger, Demain sera bien), et bien sûr Woody Guthrie, Pete Seeger ou Tom Paxton … sans parler de ses adaptations de Georges Brassens en anglais en collaboration avec Andrew KELLY comme Les Passantes.
Il existe une superbe version publique de Suzanne par Graeme et Maurane accompagnés par Jean-Félix Lalanne …
Sans parler, évidemment, de ses nombreuses compositions et son opus d’inspiration jazzy, enregistré en 2 000 avec The Glenn Ferris Quartet (« Tant de joies ») : un album hélas trop méconnu à mon sens …
Nombre de titres ont été repris par tant de groupes et artistes … dont “Petit garçon” chanté entre autres par Nana Mouskouri, Garou, Henri Dès, Nilda Fernandez,
MICHEL KEMPER : “IL EST, IL FUT LE CHAINON ENTRE DEUX MONDES”
Sur son site Noschanteurs, le quotidien de la chanson, le journaliste Michel Kemper précise : “
“Il est, il fut, le chaînon entre deux mondes, le traducteur avisé et talentueux tant de Leonard Cohen (“Suzanne”, “L’étranger”, “Demain sera bien”…), de Woody Guthrie (“Le clochard américain”), de Tom Paxton (“Qu’as-tu appris à l’école ?”), de Pete Seeger (“Jusqu’à la ceinture” …
Même, le savez-vous, le chanteur de Georges Brassens, mais dans l’autre sens, du français à l’anglais. Il fut aussi auteur (“Lumière”, “Il faut que je m’en aille” …).
En 2009 est sorti “Pacific Blues”, documentaire de 52 minutes tourné en France et en Nouvelle-Zélande par Chantal Perrin et Arnaud Deplagne.
“Ses chansons appartiennent au patrimoine de la chanson française. Devenues des classiques, elles sont fredonnées par plusieurs générations. Il en est ainsi de certaines chansons vouées à se perpétuer dans le temps. tSes dix-huit albums se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires en France et dans tous les pays francophones. À 84 ans, et à son propre étonnement, il continue de remplir les salles de concert” indique le synopsis de ce DVD en ajoutant :
“Son public français ignore bien souvent ses racines néo-zélandaises. On le croit Canadien, Hollandais, comme Dick Annegarn, ou bien on ne se pose pas la question. Il fait partie de notre culture. C’est notre Bob Dylan à nous”.
Il est tout de même INCROYABLE ET HONTEUX qu’aucune chaine de télé n’ait eu l’idée de diffuser ce document après le décès de Graeme …aussitôt retombé dans dans l’oubli des “grands médias” après leurs “hommages de circonstance”.
En 2010, l’Académie Charles Cros lui décernera un “Grand Prix in honorem” pour l’ensemble de sa carrière.
ANECDOTES ET CONFIDENCES “A VOIE NUE” SUR FRANCE-CULTURE EN 2015
En février 2015, à 88 ans, Graeme Allwright se raconte dans l’émission A VOIE NUE sur France-Culture … par Victor Macé de Lépinay
Notons aussi la semaine d’entretiens sur France Culture diffusée e 2015 : 5 épisodes de 28 mn intitulées “: Le trimardeur” , L’étranger“, “ et “
Toute personne intéressée par Graeme aura GRAND plaisir à savourer ces cinq émissions sans langue de bois entre confidences et souvenirs !
Un formidable document sonore sur l’enfance, la jeunesse et la vie publique et privée d’un DESTIN INCROYABLE à découvrir en prenant tout son temps évidemment.
“CONTRE TOUTES LES HAINES ET LES GUERRES L’ÉTENDARD D’ESPOIR EST LEVÉ”
Fred Hidalgo se souvient : “ Depuis 2005, les concerts du chanteur aux pieds nus, qui continuait de sillonner l’Hexagone malgré son âge avancé, commençaient par un rituel immuable : une vibrante Marseillaise qu’il avait “adaptée” avec des paroles pacifistes.
“Pour tous les enfants de la Terre, Chantons amour et liberté”, entonnait-il…”
Une MARSEILLAISE PACIFISTE à retrouver ICI
QUAND FRANCIS VERNHET IMMORTALISE GRAEME
Pas de doute !
On la retrouve partout … car elle aura accompagné Graeme durant une bonne partie de sa vie de chanteur et elle a été reprise encore et encore dans les hommages fleurissant sur les réseaux sociaux !
Je parle bien sûr de LA photo de Francis Vernhet, qui a entre autres été LE photographe de “Chorus les Cahiers de la Chanson”.
Cette photo, Fred Hidalgo en parlait ainsi lors de la sortie du livre de Jacques Vassal :
“La superbe image de couverture (excellent choix !) est une photo de Francis Vernhet réalisée à l’automne 1992 pour illustrer l’une de nos rencontres avec Graeme* ; en l’occurrence, une interview que j’avais mise en boîte, publiée dans le n° 2 de Chorus (hiver 1992-1993), à l’occasion de la sortie de son album Lumière et de sa « rentrée parisienne » au Passage du Nord-Ouest”.
“C’est un livre de Jacques Vassal, éminent confrère de plume, mais c’est avant tout un livre sur Graeme Allwright par Graeme Allwright : Graeme Allwight par lui-même.
En fait en livre d’entretiens, entrecoupé parfois par des témoignages extérieurs : sa première épouse Catherine Dasté, les journalistes Fred Hidalgo et Jacques Gandeboeuf, son fils Christophe Allwright et d’autres encore” écrira Michel Kemper en présentant cet ouvrage aux lecteurs de Nosenchanteurs, le quotidien de la chanson.
QUÉBEC : FESTIVAL DE PIERRE JOBIN AVEC GRAEME, JEHAN ET GILLES VIGNEAULT
De toutes les rencontres vécues avec Graeme une des plus marquantes aura été le Festival LIMOILOU M’EN CHANTE fondé par Pierre Jobin chez qui il logeait.
Catherine Marck, incontournable figure du Festival de Tadoussac dont elle fut la directrice artistique et responsable de la programmation et des relations internationales, se souvient :
“J’y étais ! assise à côté de Graeme à regarder chanter Gilles Vigneault !! Impressionnant. Il était nu pied dans ses sandales. Quand je l’ai revu quelques mois plus tard à Paris à l’espace Jemmapes, il m’a dit “je reconnais vos cheveux !!”. Il était encore nu pieds dans ses sandales”.
“Limoilou m’en chante” ?
Assurément un événement d’une intense fraternité, marqué par plusieurs retrouvailles celle avec l’homme de théâtre Paul Hebert connu du temps où Graeme était, lui aussi, comédien ..
et également le souvenir d’un échange durant le trajet en voiture, sous une pluie battante lorsque qu’après un concert j’ai reconduit Graeme chez Pierre Jobin où l’attendait “ma chambre”… je veux celle où Pierre m’avait hébergé plus d’une fois.
Le concert de Graeme accompagné par ses musiciens malgaches aura été une sacrée” révélation pour l’auteur québécois Richard Baillargeon, passionné de chanson française.
“L’artiste a proposé, d’entrée de jeu, sa version d’une “Marseillaise” pacifique qu’il milite pour faire accepter des autorités françaises depuis 2005″ raconte-t-il sur le site QUEBEC INFO MUSIQUE :
“La révélation fut pour moi l’ampleur de la démarche du Néo-Zélandais, depuis longtemps francisé, Graeme Allwright. Je connaissais l’homme et sa voix pour avoir entendu ses adaptations de Léonard Cohen, notamment “L’étranger” que j’ai remarqué une première fois au générique de la version française du film McCabe and Mrs Miller, un des premiers films de Robert Altman. (…)
“J’y étais” se souvient la québécoise Guylaine Saint-Pierre à la vie enracinée dans tant de passions : enseignement du français et de la littérature; traduction, théâtre, écriture de textes de chansons, de poésie et de nouvelles : autant de centres d’intérêt qui l’ont menée “à la radio, où elle rencontre des artistes de jazz aussi fous qu’elle de création et de musique”.
Et de préciser : “Le départ de Graeme m’attriste beaucoup. C’est irréel que ça lui arrive, à lui. Je voyais sans doute Graeme comme une sorte de Jésus qui ressuscite après trois jours…”.
AU GRÉ DES RETROUVAILLES
Une des choses qui m’aura toujours le plus frappé chez Graeme, c’est la manière dont il vous regardait intensément en vous parlant. Comme si personne d’autre n’existait autour de vous.
Quelques article parmi d’autres consacré à un concert de Graeme …
Chaque concert que j’ai eu la chance de vivre aura été synonyme d’intense satisfaction. Une joue partagée sans retenue par des salles enthousiastes … dont ce fameux concert de soutien à Emmaus-Strasbourg face à un public qui n’avait pas envie que Graeme cesse de chanter …
Je pense aussi à formidable soirée organisée par le pasteur de Saverne en Alsace. Il avait envoyé un communiqué de presse aux allures de brève à publier dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.
La brève a été transformée en article avec photo et … dès la publication du papier, les réservations se sont envolées tellement vite que le pasteur a regretté de ne pas avoir prévu une salle plus grande … et ce n’est pas ma consœur Simone Giedinger qui me dira le contraire !
D’ailleurs avant même que l’info ne soit publiée, plusieurs appels téléphoniques étaient arrivées à la rédaction, histoire d’avoir confirmation de la prochaine venue de Graeme à Saverne !
Et chaque fois j’ai vécu la même convivialité, la même émotion, le même échange entre Graeme et son public réunionnais, parisien, alsacien, québécois …
“JE CONNAIS BIEN PERNAND-VERGELESSES, EN CÔTE D’OR, OÙ J’AI TRAVAILLÉ COMME OUVRIER AGRICOLE DURANT TROIS ANS”
Graeme était le père des acteurs Christophe Allwright, Jacques Allwright et Nicolas Allwright (de son union avec Catherine Dasté fille de Jean Dasté) et de Jeanne Allwright de son union avec Claire Bataille, qui fut aussi son agent artistique.
En février 2015, Le Journal de Saône et Loire demandait à Graeme : “Vous avez de nombreux souvenirs en Bourgogne ?” .
“Je connais bien Pernand-Vergelesses en Côte-d’or où j’ai travaillé trois ans comme ouvrier agricole. Je jouais déjà un peu de guitare mais juste pour les amis.
Et puis c’est aussi au milieu de ces grands crus que j’ai épousé Catherine Dasté, la petite fille de Jacques Copeau que j’avais rencontrée dans une école de théâtre à Londres.
Le vigneron qui nous a mariés avait toutes les peines du monde a prononcer mon nom. J’ai beaucoup de souvenirs liés à la maison Copeau même s’il y a bien longtemps que je n’y suis pas allé”.
“J’t’ai raconté mon mariage
À la mairie d’un p’tit village
Je rigolais dans mon plastron
Quand le maire essayait d’prononcer mon nom
Buvons encore ( Buvons encore)
Une dernière fois ( Une dernière fois)
À l’amitié, l’amour, la joie
On a fêté nos retrouvailles
Ça m’fait d’la peine
Mais il faut que je m’en aille”
Extrait de “Il faut que je m’en aille”
Le décès de Graeme a été annoncé par un faire-part de ses enfants Nicolas, Christophe, Jacques, Jeanne et les petits-enfants Alice, Adrien, Eliott, Axel, Gaia et Adam.
Les obsèques ont été célébrées à l’église de Couilly-Pont-aux-Dames le jeudi 20 février à 15 heures et l’inhumation le lendemain vendredi 21 février au petit cimetière de Pernand-Vergelesses à 15 heures
“Voici un petit résumé de l’enterrement de Mr Allwright validé par la famille et filmé par Didier Buffet , merci à lui …. Pour info , le nez rouge à la fin c’est celui de Graeme qu’il met quand il chante Jolie bouteille sur scène” précise Dina Rakotomanga au sujet de la vidéo mise en ligne sur le groupe Graeme Allwright Le Jour de Clarté ouvert sur Facebook.
“SES CHANSONS PROFONDES, LUMINEUSES S’ÉLEVAIENT SOUS LA VOÛTE DISANT L’AMOUR DE L’ÊTRE HUMAIN”
Pour finir, voici le témoignage de l’auteur-compositeur-interprète Jean Lapierre publié sur Facebook au lendemain des obsèques.
“A GRAEME …
Une petite église de campagne… En Ile-de-France… Il fait froid, mais les cœurs sont chaleureux…
L’office d’enterrement de Graeme Allwright a été à l’image de sa carrière… plutôt de sa vie…
Graeme n’a pas fait « une carrière », mais a vécu sa vie d’artiste concerné, « montant sur la scène des p’tits patelins » comme il le chantait…
Et hier, avec sa famille, au sens large, ce n’était pas triste… Ses chansons, profondes, lumineuses, s’élevaient sous la voûte, disant l’Amour de l’être humain, de l’Autre… Quand on pense à Graeme, le mot « humilité » arrive, loin du show-business et ses frivolités « hit-paradesques »…
Un jour des années 60, quelqu’un de sa famille m’offre un disque… c’était son premier… Et là, révélation ! J’écoute des chansons… Et je les entends !
La première aura été donc son adaptation de Woody Guthrie « Hard traveling », « Le trimardeur »… Beaucoup de fraîcheur… On sent le voyage, les grands espaces… La Vie…
Je ne remercierais jamais assez ses cousins pour ce « partage »… Je l’ai vu sur scène…
Et un soir, le samedi 10 février 1968 dans une ville minière du Dauphiné, je me suis dit en l’applaudissant : « Je veux faire ça ! »
Et je l’ai fait ! J’ai même aussi adapté en français des chansons de Léonard Cohen, à ma manière…
C’est comme si je reprenais un flambeau, tout en m’affranchissant de sa figure tutélaire… Il ne se voulait pas « un maître ». Il n’aimait pas ça… Mais il a donné énormément… On s’en rend compte ces jours…
Dans la petite église, André Chapelle, qui le fit signer chez « Philips-Mercury », s’était glissé, avec son épouse… Nana Mouskouri…
Ils étaient là, comme des anonymes, écoutant une voix du fond de l’âme… Sa première femme, Catherine Dasté, petite-fille de Jacques Copeau, le rénovateur du théâtre était présente…
L’esprit de la décentralisation culturelle, théâtrale, d’après-guerre, résonnait chez Graeme, loin du vedettariat, de la vaine « popularité », seulement tourné vers la transmission d’idées, avant tout, tout en cherchant à apporter de la joie…
Aujourd’hui, il sera mis en terre, à Pernand-Vergelesses, en Bourgogne, là où « le maire essayait de prononcer son nom… », village cher à Jacques Copeau…
A nous de continuer la route, essayant d’être à la hauteur de l’homme de paix, venu de Nouvelle-Zélande, pourfendeur de la consommation pathétique, rêveur d’un monde où on pourrait vivre, simplement, sans le pouvoir des uns sur les autres…
Créons, chantons !”
AMICAL MERCI À FRED HIDALGO pour l’autorisation de reproduction des documents
« Je m’envolerai »
J’ m’envolerai
Vers un merveilleux pays de rêve
J’ m’envolerai, volerai
J’ m’envolerai tout là-haut
J’ m’envolerai comme un oiseau
Quand je meurs, alléluia, tout à l’heure
J’ m’envolerai, volerai
Plus d’soucis, de peines dans ce monde
J’ m’envolerai
De cette prison, comme une colombe
J’ m’envolerai, volerai
Encore quelques journées de douleur et
J’ m’envolerai
Vers une terre où règne le bonheur
J’ m’envolerai, volerai
J’ m’envolerai au matin
J’ m’envolerai, sûr et certain
Quand je meurs, alléluia, tout à l’heure
J’ m’envolerai, volerai”