DE MALTOSH A BERGAME : LA NOUVELLE VIE DE VINCENT SALVI

Nombre d’artistes embarqués dans des aventures collectives éprouvent à un moment l’intense besoin de s’aventurer dans des nouveaux espaces plus personnels, tant dans le répertoire que la couleur musicale.

Certains s’enfoncent et disparaissent dans les sables mouvants, d’autres s’élancent vers une prometteuse carrière. En témoigne l’histoire de Vincent Salvi devenu Bergame bien que le terme de “carrière” ne soit pas le plus approprié pour évoquer son parcours.

 

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ENTRE ÉDUCATION NATIONALE, STUDIO ET SCÈNE

Vincent Salvi n’est pas un inconnu dans le monde artistique.

Durant une quinzaine d’années, il aura été l’âme du groupe Maltosh : une demi-douzaine de musiciens, une intense aventure collective ponctuée par près de 400 concerts en Europe et même un en Chine, quatre EP et un album …

Et, entres autres la chanson “Le meilleur des mondes” dont le clip est une p’tite merveille, tant dans le scénario mis en scène que la chanson.

De quoi susciter nombre de réactions sur Youtube de la part de ses élèves, histoire de saluer et d’encourager leur prof d’histoire-géo ! Hé oui quand il n’est pas auteur-compositeur-interprète, Bergame travaille dans l’Éducation Nationale. Une double vie entre enseignement et agenda d’artiste qui ne lui réussit pas mal, ma foi.

 

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 UN DES SEPT FINALISTES DU 7ème PRIX GEORGES MOUSTAKI

En effet, Bergame fait partie des sept finalistes du 7ème Prix Georges Moustaki en compagnie de L’ArthurClio, Léopoldine HH., Maud Lübeck, Jeanne Rochette et Nicolas Séguy .Rendez-vous le 16 février à 20h au Centre Universitaire Malesherbes, Université Paris IV Sorbonne – avec Alex Beaupain ‘président 2017) et Boulevard des Airs BDA (parrain 2017).

Cette envie de voler de ses propres ailes, ça fait un bon moment qu’elle le travaillait. Nous en avions longuement parlé voici trois ou quatre ans. Fin d’une quinzaine d’années de concerts enracinés dans des chansons signées Salvi et “envie de changer de style de musique et d’un projet plus personnel”.

D’où ce mini-album de six titres signé Bergame.

“C’est le nom d’une ville du nord de l’Italie d’où sont originaires mes grands-parents paternels, ce sont mes racines, même si je les connais mal ou pas très bien, je pars à la découverte de qui je suis vraiment, de qui je suis au fond” explique l’article en évoquant cet EP “bouclé en trois semaines”.

Assurément le résultat d’un long travail personnel enraciné dans l’impatiente envie de “nouvelles chansons, d’un nouveau son, et surtout de nouvelles choses à raconter”. 

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Photo avec un de ses enfants mise en valeur sur l’album de six titres

 

AVEC L’EFFICACE COMPLICITÉ D’ALEXIS CAMPET

A l’instar de plus en plus d’artistes en quête d’argent pour leur nouvel enregistrement, Bergame s’est lancé dans une campagne de financement participatif avec un lancement public, le 9 juin 2016 lors d’un concert à l’Alhambra à Paris, en première partie de d’Oldelaf.

“Je suis soutenu par l’association “Si J’ai des Ailes”. Elle s’occupe de mon management, et bien plus encore : coaching musical, coaching scénique, coaching de vie. Elle me pousse à aller toujours plus loin pour que mes chansons soient connues par le plus de gens possibles. Je leur dois beaucoup”.

On le croit bien volontiers ! Avec au final un EP de six titres écrits et composés par Bergame et un sacré travail d’équipe avec le réalisateur Alexis Campet  enregistrement, mixage, direction artistique.

Mais pas seulement : “Alexis y fait des guitares, électriques et folk, mais aussi du banjo, de la guitalélé, de la basse, des batteries, des pianos, des Rhodes, du beatbox. Et encore bien d’autres choses dont il a le secret. Cet homme sait tout faire !”.

Sur scène, Bergame s’accompagne au piano, à la guitare ou la guitalélé : “Mais sur l’album tout est d’Alexis, sauf les voix et les chœurs”.

“Mon nom est personne”, Au nom du père”, “Tout pour moi”, “Bruges en hiver”, “America”,” Dors” : six chansons … et 20 minutes et 22 secondes pour raconter les choses vues, entendues et subies.

Pour se raconter avec un son, une ambiance, une rythmique qui me fait parfois penser à des chansons de Philippe Chatel ou d’Yve Simon : des titres à la fois dépouillés et cependant très intenses qui incitent, par ailleurs, Bergame à avouer sa sensibilité envers les répertoires signés Albin de la Simone et Alex Beaupain.

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LE SENS DU REFRAIN QUI NE VOUS LÂCHE PLUS

Bergame a le sens de la mélodie, du refrain qui vous happe et ne vous lâche plus comme dans “Mon nom est personne” : “Le jour turbin la nuit en veille
/La tête sous l’eau manque de sommeil/ Simple mortel pas fils de l’homme/Mon nom est personne”.  Ce titre aura été la chanson du jour ajoutée le 14 janvier par Catherine Laugier sur le site www.nosenchanteurs

“Est-ce que les fils décevront toujours leurs pères ? ” Question assurément éternelle lancée dans  “Au nom du père”. Oui, pas évident de se parler entre père et fils déchiré entre l’envie de ressembler et le besoin de devenir adulte.

“Docile, gentil, à bien faire ma prière/Au pied du lit, toujours au nom du père/Je voulais être ton portrait
/Pardon de ne pas être parfait
/On fait c’qu’on peut, avec c’qu’on est/ Mais aujourd’hui je suis devenu un homme Ce que je suis j’n’le dois à personne
/Mes choix, mes remords, mes regrets/ J’en paierai 
/Mes erreurs, mes choix mes regrets/ J’en paierai le prix à mes frais”.

Changement de rythme avec “Tout pour moi” efficacement illustré par un clip à découvrir ici : une drôle de partie de poker au dénouement inattendu. Et encore une fois un refrain qui vous trotte dans la tête : “Moi je prends ce qui me revient de droit/ La nature est bien faite car/Je te laisse les miettes et/
Moi je prends ce qui me revient de droit/Que tu l’acceptes ou pas/C’est un pour tous et tout pour moi”

P’tit détour par “Bruges en hiver” teinté de mélancolie, de remise en question : “Le long des canaux
/Chauffé par la bière/
Coule le sang de Bruges en hiver/La foule des badauds
/Remplit ses artères
/Le plein de vide à Bruges en hiver/Au milieu des flots
/Mais trop loin de la mer
”.

 

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PLUS C’EST INTIME, PLUS C’EST UNIVERSEL”

Et pourquoi ailleurs chercher ailleurs ? “Tu voudrais partir voir du pays
/La terre est grande, Paris tout petit
/Moi je m’en fous je sais qu’elle est ronde
/Pas besoin pour le savoir de faire un tour du monde”.

“Plus c’est intime plus c’est universel” : cette formule de Bergame convient bien aux thèmes de cet enregistrement à écouter autant pour ses mots que ses musiques, comme pour “Dors” : “Dors/ Passé minuit/Jusqu’à l’aurore/
Promis je garderai les yeux ouverts/
Oui dors/
De tout ton saoul/
Et sans remord/Tandis qu’entre les doigts la vie s’écoule je veille/Veille, veille sur ton sommeil”.

 Le voici désormais lancé dans divers concerts privés en France et même un à Londres suite à l’invitation lancée par un des souscripteurs.

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“UN CD D’UNE DOUZAINE DE TITRES PRÊTS À ÊTRE ENREGISTRÉS”

Rendez-vous est aussi pris le samedi 28 janvier en première partie de Soan à La Celle Saint-Cloud.

S’y glisse aussi le projet d’un groupe avec musiciens trois ou quatre musiciens : mais attention rien de figé, mais plutôt une formation à géométrie variable au gré des scènes.

Cet EP de six titres est évidemment le premier pas d’une nouvelle histoire signée Bergame. Lequel me parle aussi d’un album d’une douzaine de titres prêts à être enregistrés et même d’un album pour enfants également en vue.

Nul doute que les contributeurs remerciés sur la pochette de cet EP seront sans doute à nouveau mis à contribution, au gré de l’évolution des projets de Bergame qui dédie cet enregistrement  “ à celle qui me supporte, dans tous les sens du terme, depuis toutes ces années”.

Il est vrai qu’aujourd’hui être artiste exige non seulement du talent mais aussi une détermination à tout épreuve pour financer un nouvel album auto-produit, trouver des dates, fidéliser un public. Autant de perspectives qui donnent plus que jamais envie à Bergame d’avancer avec confiance.   

 Texte ALBERT WEBER

Photos Aurélie LACAILLE

Page Facebook de Bergame

Site de Bergame

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Toutes les photos de cet article sont signées Aurélie Lacaille

 

 

“CONTES DE MES 1001 VIES” : NILDA FERNANDEZ SANS FRONTIÈRES …

Artiste résolument à part dans le monde de la chanson, Nilda Fernandez est un homme heureux, loin du cirque médiatique.

Un incontestable choix de vie pour le créateur de “Madrid, Madrid”, et “Nos fiançailles”. Sans doute les deux titres les plus connus de celui qui fut nominé cinq fois aux Victoires de la Musique en 1991 et s’y retrouve “Meilleur espoir masculin”.

Mais attention, ne croyez surtout pas que ses “Contes de mes 1001 vies” se résume en une bio de chanteur débordante d’anecdotes sur “la vie d’artiste”. Explications.

 

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Septembre 2006, concert à Sarrebruck sous l’égide de “Bistrot Musique”

 

VICTOIRES DE LA MUSIQUE : LES COULISSES DU PALAIS DES CONGRÈS

Évidemment que Nilda parsème ces 383 pages de coups de projecteur sur les coulisses de ses aventures et mésaventures artistiques.

Et ses pages consacrées précisément à ces fameuses Victoires de la Musique en disent long sur certaines pratiques du métier. A commencer par le déroulement de la surprenante conférence de presse suscitée par cette consécration échappée des formatages des tubes standardisés.

“Depuis un an, mon album se vend en France de manière massive et inattendue. Le label multinational qui en a hérité se frotte les mains. Apparu en pleine “guerre du Golfe”, il est devenu son meilleur score et la chanson “Nos fiançailles” passe à la radio bien qu’elle soit le contraire des normes du succès” raconte Nilda, songeur au Palais des Congrès de Paris en précisant “Par bonheur, il s’est trouvé des gens éclairés pour donner une chance à leurs semblables de se nourrir d’autre chose”.

Et de citer divers journalistes qui ont contribué à ce que cette chanson sorte de l’anonymat dont Anne-Marie Paquotte (Télérama), Fred Hidalgo et Pascale Bigot (Chorus), Véronique Mortaigne (Le Monde), Hélène Hazéra (Libération), etc.

 

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Sarrebruck, septembre 2006. Au micro de la Radio Sarroise

 

SORTIR DE L’ANONYMAT GRÂCE A UNE CHANSON NON FORMATÉE

Certes, cette mobilisation médiatique pour un artiste et une chanson “hors norme” était indispensable mais comme le reconnait Nilda : “Mais rien ne serait arrivé si ceux qui ont aimé cette chanson n’avaient fouillé dans les rayons des disquaires pour acheter un, deux, puis trois exemplaires de cet album qui m’a ouvert une porte vers les sentiments d’autrui”.

Et voilà, une fois de plus le grand public s’est pris de passion pour un répertoire différent de celui auquel il est habitué, grâce à cet effet boule de neige qui aura même retenu l’attention de Drucker, Foucault, Mitterand, Boyer, Nagui, Perrot, Martin, Ruquier, Sébastien, Ardisson nommément cités dans ce livre.

Combien de générations d’auteurs-compositeurs-interprètes ne sortiront jamais de l’anonymat par manque de soutien des “grands médias” ? Question de fond ? Assurément si on apprécie une certaine chanson loin des tubes habituels …

Et si j’ai d’abord insisté sur les pages axées sur “la consécration” de Nilda Fernandez, c’est pour mettre en relief une évidence : très vite, le “Meilleur espoir masculin” de 1991 s’est senti à l’étroit dans ce nouveau statut !

Et sa vie a pris un autre tournant. Et c’est là que se situe l’intérêt majeur de ce livre ponctué par tant d’étapes où l’on prend le temps de vivre, de se connaître et d’aimer.

C’est sûr, avec Nilda, on voyage beaucoup ! Mais surtout pas en touriste !

Ces déplacements toujours enrichis de rencontres, d’échanges, de découvertes et de retrouvailles en disent long sur la drôle de vie de cet homme qui chante.

Ici pas de course obsessionnelle pour une carrière internationale mais tout simplement l’envie et le besoin de vivre. De prendre du temps à chacune de ces escales loin de la France et de l’Espagne.

De l’île de Cuba à la presqu’île de Kamtchatka, de Bogota à Buenos Aires, de Venise où il apprend le décès de sa mère au Mont Sinaï pour un épique tournage d’une émission de télé … en passant par Achkhabad, capitale du Turkménistan à New-York …. et la liste est très loin d’être exhaustive !

 

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CD de 15 titres en français pour public russe

 

 UNE LONGUE CONVERSATION ENTRE AMIS QUI SE RETROUVENT

“Contes de mes 1001 vies”, c’est comme une conversation entre deux amis qui se retrouvent après une longue période de silence, d’éloignement. On a tant à raconter, en toute simplicité. En toute authenticité aussi. C’est ce qui apparait tout au long de ce livre où s’affirme une impérieuse envie de prendre le temps de vivre.

En témoignent entre autres les pages consacrées au Québec, lorsque Nilda décide de “traverser l’Atlantique plusieurs semaines avant mon concert aux Francofolies pour connaître le nord de la Belle Province. La curiosité bien sûr, mais aussi l’envie de prendre le large d’une histoire sentimentale fatigante et sans joie”.

En route pour Tadoussac, la baie de Sept-Iles … et même le festival Innu Nikamu aussi où il passera une semaine ! 

“Je tenais le nom de mon prochain album sans en avoir composé une seule chanson”. En résultera finalement “Innu Nikamu”, superbe chanson … à savourer ICI.

 

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1er album, avec un de mes titres préférés de tout son répertoire ; “La guerre en été”

 

DE DANIEL A NIELDA : “UNE SCHIZOPHRÉNIE SALVATRICE”

A fait pourquoi Daniel Fernandez est-il devenu Nilda Fernandez ?

Je me suis souvent posé la question. Et le 33 tours retrouvé dans ma discothèque avant de rédiger cet article me rappelle que cet artiste m’intéresse depuis pas mal d’années.

Réponse dans “Contes de mes 1001 vies” : « Pour ne pas me sentir encerclé, sans repli possible, j’ai donc organisé une schizophrénie salvatrice en me souvenant de Sapho qui m’avait salué d’un “Bonjour Nielda !” dans une brasserie de Saint-Germain des Prés.

Débarrassé d’une voyelle, justifié comme un vieux prénom slave, pas plus féminin que Nikita, Sasha ou Volidia, tous masculins et tous des hommes, Nilda devenait l’artiste que je voulais faire grandir et apprendre à connaître.

Depuis que Daniel écrit les chansons et que Nilda interprète, je me sens mieux. Tout comme mes deux langues, mes deux pays, mes deux maisons, l’un et l’autre me sont indispensables »

 

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Sarrebruck, septembre 2006. Nilda Fernandez avec Alcaz (Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol), Gerd Heger et Suzanne Wachs, organisateurs de “Bistrot Musique”,

 

EMILIA ET JOSÉ : NOUVELLE VIE LOIN DE L’ESPAGNE DE FRANCO …

“Contes de mes 1001 vies” évoque aussi Léo Ferré dont Nilda partagera la loge d’une manière imprévue … la chanteuse Sosa Mercedes … le chanteur russe Boris Moiseev ..

Mais ce qui m’a le plus touché dans ce livre, ce sont les nombreuses pages consacrées par Nilda à son enfance, sa jeunesse, ses parents aussi. Emilia et José occupent une place essentielle dans ce livre qui s’achève par un récit des plus intimes.

Les derniers moments de Nilda face à son père sur son lit de mort : “Notre père se prépare pour un exil qui ne sera pas de cinq mois comme lorsqu’il nous avait précédé en France et, cette fois, je resterai sur le quai”.

L’auteur s’y exprime avec pudeur, avec une évidente émotion si loin des artifices de la vie de chanteur. “Sa souffrance est si grande que je pense au film où un compagnon d’hôpital de Jack Nicholson l’étouffe sous un oreiller. Mais je n’ai pas ce courage et je m’en tiens à attendre la mort à ses côtés”.

Tout au long des près de 400 pages de cette autobiographie, le chanteur s’efface très souvent pour céder la place au fils d’Emilia et José, à leur vie de travail et d’entraide, de détermination et d’amour. Un couple uni pour réussir leur vie de famille loin de l’Espagne de Franco…

 

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Sarrebruck. Nilda Fernandez entouré par Jean-Yves Lievaux et Viviane Cayol
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Duo d’Alcaz et Nilda Fernandez sur la chanson de Francis Lemarque

 

SARREBRUCK :  NILDA FERNANDEZ EN DUO AVEC ALCAZ

La rédaction de ce texte m’a fait penser à septembre 2006.

C’était à Sarrebruck lors d’une soirée de la série “Bistrot Musique” organisée par Gerd Heger, “Monsieur Chanson” de la Radio Sarroise et Suzanne Wachs.

Souvenirs d’intenses heures passées avec Nilda et le duo Alcaz formé par Jean-Yves Lievaux et et Viviane Cayol … 

En subsiste le CD d’Alcaz enregistré durant le concert de Sarrebruck. Cet album se termine par une chanson offerte par Alcaz et Nilda Fernandez : “Quand un soldat” de Francis Lemarque”.

 

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Pochette du CD live d’Alcaz enregistré à Sarrebruck et ci-dessous la photo originale

 

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AVEC LE CHANTEUR QUÉBÉBOIS STEPHEN FAULKNER

A cette soirée participa aussi l’auteur-compositeur-interprète québécois Stephen Faulkner notamment connu pour sa chanson “Si j’avais un char”.

D’où une série de photos prises après le concert, dans une bonne humeur des plus contagieuses, avec en prime Faulkner qui se met à faire le pitre avant de passer à table.

Changement d’ambiance le lendemain matin lors d’un interminable petit déjeuner partagé avec Nilda Fernandez, Viviane Cayol et Jean-Yves Lievaux. Histoire d’échanger en toute liberté sur quantité de sujets souvent bien éloignées de “la vie d’artiste” …

 

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Quand Stephen Faulkner se met à faire le pitre …

 

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Une séance photo sous le signe de la bonne humeur !

 

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

“CONTES DE MES 1001 VIES”, 383 PAGES, ÉDITIONS L’ARCHIPEL

SITE DE NILDA FERNANDEZ 

SITE DES EDITIONS L’ARCHIPEL

 

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ILE MAURICE : “LE DERNIER TRAIN”, ALBUM LE PLUS PERSONNEL DE ROBERT DUVERGÉ

“Le dernier train”, nouvel album de Robert Duvergé, méritait assurément un coup de projecteur sur ce site intitulé “planete francophone”.

Car s’il est bien un artiste mauricien attaché à la francophonie, c’est cet auteur-compositeur-interprète. En témoignent sa riche carrière d’artiste et aussi, depuis 2006, ses émissions radio.

Rencontre avec un créateur au parcours unique sur une île Maurice dont les atouts ne se résument ÉVIDEMMENT pas au tourisme pour amateurs d’exotisme en manque de soleil.

 

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Artiste incontournable de la chanson à l’île Maurice

 

UN ARTISTE INCONTOURNABLE DANS LA VIE MUSICALE MAURICIENNE

Commençons par une question : vous n’aviez encore jamais entendu parler de Robert Duvergé ? Assurément un des artistes d’expression française les plus importants de l’île Maurice … ce qui ne l’empêche évidemment pas de chanter aussi en créole ! 

Alors plutôt que de me lancer dans de longues explications sur le parcours de cet artiste, prenez le temps d’en découvrir les principaux repères sur ces deux photos.

Ci-dessus celle qui figure dans la pochette du nouvel album, histoire d’en savoir un peu plus sur une carrière hors-pair débutée en 1964 par l’album “Si tu partais” : un enregistrement aux arrangements signés Gérard Cimiotti, figure incontournable de l’Histoire musicale de l’ile Maurice depuis plus de 50 ans !

Son récent décès à 75 ans a suscité de vives réactions auprès des innombrables artistes mauriciens ayant travaillé avec lui, dont Robert Duvergé qui raconte dans le magazine 5 Plus Dimanche : “Avec Gérard, c’est plus d’un demi-siècle d’amitié. On a fait toutes les scènes possibles de Maurice. Un musicien hors norme et quelqu’un d’une grande bonté. Je ne l’ai jamais vu en colère. Il n’hésitait jamais à “performer” gratuitement pour venir en aide à d’autres”;

Oui, voici plus de 50 ans que Robert Duvergé est un auteur-compositeur-interprète qui compte à Maurice. “Hier et aujourd’hui”, son précédent album, reprenait d’ailleurs quelques-unes des chansons marquantes de son répertoire.

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Une carrière unique ponctuée de nombreux albums
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En compagnie de Véronique Zuel-Bungaroo, Grace Gauthier, Carol Lamport, Linzy Bacbotte et Sophie Némorin. Photo parue dans “Essentielle”, le magazine de la Mauricienne

 

 12 CHANSONS ARRANGÉES PAR  JEAN-PIERRE AUFFREDO

Attention, une précision s’impose. Robert Duvergé m’en avait parlé en août 2016, lors de nos retrouvailles au Musée de la Photographie de l’ile Maurice créé par Tristan Bréville. En effet, contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre, “Le dernier train” n’est pas du tout son dernier album !

Véronique Zuel-Bungaroo, Linzy Bacbotte, Thierry Béchard, Audrey Poussin-Clain, Grace Gauthier, Sophie Némorin, Carol Lamport, etc : une vingtaine d’artistes participe à “Ode à l’Environnement”, dernier titre de cet album résultant de nombreuses collaborations.

Soit 70 personnes, dont les chœurs du Conservatoire Mitterrand (une quarantaine de membres) et deux groupes réunissant une quinzaine d’enfants. Sans oublier aux arrangements un complice de longue date, Jean Pierre Auffredo .

 

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“MON ÎLE, MON PAYS” : MÉLANGE DE PRIÈRES ET DE CULTURES”

“L’album s’achève sur une “Ode à l’environnement”, un hymne regroupant plusieurs générations sur un refrain en français et un long couplet aux accents de rap créole. Du genre à reprendre en choeur dans l’esprit de “We are the world”.

C’est un appel à la préservation de l’environnement, à la protection de la nature et au devoir civique en général, pour une île et un monde durable” précise Robert Duvergé en insistant sur un projet qui lui tient beaucoup à cœur : un clip à “porter au niveau des autorités pour viser à une diffusion nationale : télévision nationale, salles de cinéma, collèges et écoles, entreprises. Et tout cela en mars …  bien avant la journée mondiale de l’environnement du 5 juin 2017″.

Essentiellement connu en tant qu’artiste chantant en français, Duvergé n’oublie pas pour autant le créole auquel il fait la part belle dans cette “Ode à l’environnement” mais aussi dans un autre titre des plus positifs : “Bizin krwar”. Un efficace reggae entre langues française et créole pour insister sur le besoin de garder espoir malgré les douleurs de la vie (chômage, handicap, chimiothérapie, etc).

L’ile Maurice, Duvergé la célèbre avec entrain dans “Mon île, mon pays”. Une chanson très rythmée qui s’achève sur de joyeux cris et applaudissements … Belle déclaration d’amour pour son île de l’océan Indien indépendante depuis 1968 : “Le bonheur de vivre, c’est notre liberté/Et pour le progrès, cyber ou smart cité/Un état souverain, une république/Malgré les affres de la politique”.

Et le chanteur de préciser : “Je suis libre heureux dans mon pays/On peut y relever tous les défis/Mélange de prières et de cultures/Je vais où je veux sans raser les murs/ Des années nos couleurs flottent déjà/Belle histoire, tous unis et ça se voit/Droit devant l’océan, l’infini/Mon île, mon pays, plus que ça, mère patrie”.

 

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Avec la participation de jeunes Mauriciens, dont les petits-enfants de Gérard Cimiotti

 

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“BOND GIRL D’AMOUR” : ATTENTION DANGER !

Et voici que Duvergé se transforme en observateur amusé de l’évolution des mœurs. C’est avec humour qu’il se met dans la peau d’un séducteur en quête de rencontres virtuelles via internet.

D’où une “Bond girl d’amour” aussi attirante que mystérieuse célébrée sur un air de bossa … mais pour quel dénouement au juste ?

“Je n’l’avais encore jamais vu/ C’est là que tout a commencé/ Bonjour ça va, on a tchatté/ D’occasionnel à quotidien/ Les compliments jamais pour rien/Moi qui adore double zéro sept/Voici ma Bond girl sur le net/Elle a d’l’humour, elle est jolie/Rien à jeter, j’suis ébloui/Sa vie à elle je n’en sais rien/Tant pis je fonce on verra bien”.

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1991. Avec Gilbert Bécaud dans les coulisses de l’Olympia

 

 “J’AI VU BÉCAUD SIX FOIS À L’OLYMPIA ET DEUX FOIS EN CONCERT “

Passionné de Gilbert Bécaud qu’il a si souvent chanté ? Robert Duvergé l’est infiniment plus que vous ne l’imaginez !

“Gilbert Bécaud 15 ans déjà (18 décembre 2001) … et toujours là pour les inconditionnels comme moi. Je l’ai vu à l’Olympia en 6 fois (1988-1991) et en concert 2 fois (1980-1987). Je l’ai déjà posté, je le refais aujourd’hui encore. Chacun ses goûts, ses idoles, ses passe-temps. Je suis un inconditionnel de Gilbert Bécaud, et ces derniers jours, je me suis abreuvé de ses œuvres, ses musiques, ses chansons, je me sens regonflé à bloc” confiait-il récemment sur sa page Facebook.

Bécaud, et nombre d’autres artistes d’hier et d’aujourd’hui sont mis en valeur dans les émissions de radio de Robert Duvergé diffusées sur les ondes nationales.

Alors pas étonnant qu’il consacre une chanson d’une grande lucidité à ce qu’il appelle “Mon âge d’or” … avec deux refrains composés exclusivement de titres du répertoire français.

Une période si fertile en refrains qui n’intéressent pas la nouvelle génération : “Ils ne connaissent pas/ Montand, Ferré, Lama/Bécaud, Trenet, Mathieu/Ringards trop vieux/Les parents, les radios/N’offrent pas aux ados/Cette époque révolue/Pourtant qu’a tellement plu/Et dans trente ans ou plus/Un idiot comme moi sans plus/Débitera sa pensée/Son âge d’or au passé”.

 

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1991. Avec Gilbert Bécaud dans les coulisses de l’Olympia

 

“LES GENS DE LA POLITIQUE ? DES COMÉDIENS, DE VRAIS COMIQUES”

Et qu’en est-il du titre éponyme de cet album ?

“Le dernier train”, Robert Duvergé l’a composé après avoir chanté dans une maison de retraite. D’où l’idée de se mettre dans la peau d’un vieil homme qui n’attend plus rien de la vie :

“Et le temps passe encore/La mémoire au point mort/Cloué dans mon fauteuil/Des bribes de vie s’effeuillent/Personne ne vient me voir/Je n’suis plus beau à voir/S’ront pas nombreux demain/Quand je prendrai mon train”.

Toutes les chansons ne sont évidemment pas du même registre dans cet album émouvant et drôle, grinçant et provocateur. Politiquement incorrect pourrait-on affirmer dès le premier titre, “J’aime, j’adore” aux accents country …  “Un zeste de satire” selon Duvergé qui s’en prend avec plaisir à “la société en dérive devenue folie collective”.

“J’aime les gens de la politique/Ils nous balancent n’importe quoi/Des comédiens, de vrais comiques/Ils vivent en cliques et font leur loi/J’adore ce ‘ouf’ parler verlan/‘Chelou’ et ‘donf’ c’est effarant/Ils écrivent mal, regarde-les/C’est mal barré pour le français/J’aime ce banquier l’beau rôle tout l’temps/Calcul inique sensé t’aider/L’moment venu te rentre dedans/Toi tu perds tout, lui sans pitié”.

Cet album est un puzzle de 12 pièces dont chacune possède ses particularités.

Et si aucune chanson ne ressemble à l’autre, on peut y déceler bien des passerelles. Entre coups de gueule et coups de cœur, “Le dernier train” confirme, une fois de plus, la diversité du répertoire d’un artiste mauricien aux multiples inspirations tant en paroles qu’en musiques.

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Paroles et musiques du nouvel album sont toutes signées Robert Duvergé

 

L’ALBUM LE PLUS PERSONNEL D’UN INTENSE PARCOURS ARTISTIQUE

“Le dernier train” est incontestablement l’album le plus personnel de Robert Duvergé. Celui qui exprime avec le plus de nuances et d’intensité son parcours d’artiste, mais aussi – et surtout – d’homme à la croisées des chemins, aux réflexions partagées/déchirées entre hier et demain.

S’y glisse un regard aussi lucide qu’amusé sur les diverses étapes de la vie qui s’enchaînent trop vite dans “Tout a une fin” … 

Mais pas question de se replier sur soi, d’où “Droit devant” ….  texte de courage, de remise en question et d’espoir inspiré par “les minutes qui s’écoulent/Les jours qui passent vite/Semaines et mois déboulent/Ceux qui s’en vont trop vite/Mal qui érode et ronge/Les gens qui doutent et plongent/Mariages qui se font/Les couples qui se défont/Pourtant il faut continuer/Droit devant et avancer”.

Quant à “Miroir”, c’est une chanson à écouter plus d’une fois. Et Duvergé n’y chante pas. Il parle, se raconte, se confie avec bon sens. Et prend du recul avec une vie entre réussites et désillusions : “Quand je s’rai arrivé tout au bout du voyage/Quand j’entamerai ma toute dernière chanson/Le miroir m’renverra un tout autre visage/Le passé s’ra alors mon unique horizon”.

 

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VALÉRIE ET JEAN-FRANÇOIS : L’AMOUR PATERNEL A FLEUR DE PEAU

Impossible de passer sous silence deux titres. Ils occupent une place tout à fait particulière chez le chanteur, mais surtout le père de Valérie et de Jean-François.

D’où une vibrante “Valérie Symphonie” débutée tout en douceur … Duvergé exprime son amour paternel avec des mots si justes, empreints de tendresse : “C’était ce qu’un jour j’avais écrit/A ma fille pour ses quinze ans/Le temps a passé depuis/C’est une femme maintenant/Mais la chanson Valérie symphonie/Se conjugue toujours au présent”.

Et puis il faut bien écouter le texte de “L’un et l’autre”, un titre enraciné dans la douleur et le souvenir de son fils Jean-François.

D’abord il y a eu “Il est parti”, un livre paru chez Pamplemousses Éditions fondées par l’écrivain-journaliste-réalisateur Alain Gordon-Gentil. En l’occurrence le journal intime de Robert Duvergé rédigé depuis l’accident de son fils Jean-François survenu le 1er janvier 2007 jusqu’à son décès le 24 décembre 2011. Et bien plus encore … car il l y parle aussi de l’élan de solidarité suscité autour de ce drame. Soit 351 pages qui vous font entrer dans la vraie vie, celle qui est suspendue à un fil auquel on continue de croire, malgré tout. Jusqu’à l’irrémédiable.

D’où un poignant livre-témoignage synonyme de cinq ans de lutte. Celle d’un père, d’une famille qui va se battre pour son fils, grièvement blessé dans un accident ayant provoqué un traumatisme crânien le rendant inerte.

Suite logique du livre, voici le titre dédié aux deux Jean-François : “Lui, tant de projets d’avenir/ L’autre, qui n’avait rien vu venir/Lui, prêt au bonheur paternel/L’autre, espoirs gommés cruel/Lui, credo en la vie ma foi/L’autre sous les foudres de l’au-delà”.

Cette chanson, elle vous prend aux tripes, offerte avec des mots simples et directs. Et bouleversants d’authenticité.

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“DEUX ANS D’OBSTINATION ET SURTOUT NE JAMAIS DÉSESPÉRER”

Mener à bien un tel album ?  Assurément un long défi relevé par cet auteur, compositeur, interprète, producteur, distributeur, etc.

Une “histoire de passion” pour Duvergé : “Des mois ou même des années à écrire, corriger, réécrire, recorriger les textes afin de trouver la formule avec les mots les plus judicieux possibles. Des heures et des heures sur le clavier pour trouver enfin la bonne mélodie qui va se marier bien comme il faut aux paroles et essayer de la rendre agréable, attractive, belle, sensuelle, convaincante afin de plaire.

Oser faire TOUT tout seul, écrire, composer, planifier, éditer, produire, imaginer le bon modus operandi jusqu’au lancement de l’album. Surtout ne jamais désespérer, même si les portes de pas mal de sponsors vous restent fermées, sans aucune réponse et que le budget a du mal à tenir le coup. De nombreux échanges avec l’arrangeur, toujours le même en France, puis le studio, puis les choristes, et davantage pour réaliser “Ode à l’Environnement”.

Chercher la bonne photo (du même photographe), fournir au même “graphic designer” toutes les données pour une belle pochette. Pour le clip, imaginer le déroulement, convaincre les amis artistes, organiser le bon planning pour avoir tout le monde (70 personnes), cela a mis presque deux ans”.

Chapeau l’artiste !

TEXTE ALBERT WEBER

PHOTOS TRISTAN BREVILLE ET COLLECTION ROBERT DUVERGÉ

PAGE FACEBOOK DE ROBERT DUVERGÉ

CONTACT DE ROBERT DUVERGÉ :  beko@intnet.mu

Émissions de Robert Duvergé : “Entre vous et moi” mercredi de 21h à 23 h sur MBC Kool FM et “La chanson une si belle histoire” dimanche de 10h à 11h sur Radio Maurice AM 684 (heure mauricienne !)

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Décembre 2016. Concert “Songs for the Season” au Mahatma Gandhi Institute par le Conservatoire de Musique François Mitterand (Photo Tristan Bréville)
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Août 2016. Retrouvailles au Musée de la Photo à Port-Louis. Photo Tristan Bréville

 

“BLUMEN IM TOPF” : L’EXPLOSIF FEU D’ARTIFICES DE LÉOPOLDINE HH

C’est évident. Il est toujours dangereux de coller une étiquette en ne tenant compte que d’une étape d’un parcours pourtant intense en initiatives.

Et quand cette escale a bénéficié d’une forte exposition télévisée, il est si facile de réduire un artiste à un personnage aussi médiatisé qu’artificiel. Au risque de le dénaturer totalement.

Léopoldine HH est sans doute un des exemples les plus percutants en la matière Une championne du (très) grand écart finaliste à la fois de la “Nouvelle Star” en 2014  et du Prix Georges Moustaki en 2017.

Histoire d’une artiste aussi inclassable qu’à l’aise sur scène comme chanteuse, musicienne et comédienne.

 

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“Je suis née toute nue”, titre initial du CD est devenu “Fleurs en pot” (Blumen im Topf”)

 

UNE HEURE AUSSI DÉLIRANTE QUE DÉPAYSANTE

13 chansons en français, anglais, alsacien et allemand …plus un titre caché des plus inattendus. Embarquement immédiat sur la planète “Blumen im Topf” ! Un voyage aussi délirant que dépaysant en 59 minutes et 58 secondes …. aux allures de puzzle aux pièces extrêmement différentes.

Le « Mini-Cédé de Léopoldine » sorti en 2014 était en quelque sorte une « répétition générale », sans doute histoire de se roder, d’explorer avec audace des voix et des voies des plus éclatées.

CHAQUE nouvelle écoute de « Blumen im Topf” révèle des intonations, des détails, des arrangements, des délires vocaux et musicaux.

Ce CD ne se résume pas un “enchaînement de chansons”. C’est plutôt un album-concept forgé de paroles et de musiques, mais aussi de phrases échappées de pièces de théâtre, d’extraits de comptines alsaciennes, de déjantés bidouillages de sons, de bruits divers, de vagabondages vocaux jonglant entre plusieurs langues.

 

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Octobre 2016, Librairie Kléber. Présentation de “Blumen im Top” à Strasbourg avec Charly Marty et Maxime Kerzanet

 

 UNE INSATIABLE GOURMANDISE POUR DES TEXTES D’AUTEURS

Léopoldine HH est unique à bien des égards, et il serait extrêmement réducteur de la qualifier de “chanteuse alsacienne”.

En témoigne sa voix claire et affirmée qui passe de l’aigu au grave avec une aisance jubilatoire : Léopoldine chante et parle, crie et murmure, roule les r au gré des refrains, chuchote et murmure.

Ici et là, au gré des articles suscités par la sortie de cet album, on se retrouve avec des comparaisons des plus flatteuses : Camille, Ute Lemper, Marlène Dietrich, Bjork, William Sheller, Catherine Ringer, etc. Voire de Brigitte Fontaine, Richard Gotainer, Daphné et Nina Hagen dans FrancsFans, le bimestriel indé de la scène” (février-mars 2017) qui le présente comme un des “8 albums indispensables”.

Bravo pour ces flatteuses références mais Léopoldine HH est unique, même si ses envolées vocales et son aisance scénique me font penser à l’Acadienne Marie-Jo Thério et à la Québécoise Klô Pelgag.

Et si l’inspiré grain de folie de ces deux chanteuses se retrouve omniprésent chez Léopoldine, une autre évidence s’impose. Elle s’enracine dans une histoire familiale aux (très) multiples épisodes vécus par ses parents artistes, Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel.

D’où une personnalité fort extravertie, enrichie par un héritage enraciné dans un savoureux éclectisme. La jeune chanteuse affiche une insatiable gourmandise pour des textes d’auteurs fort variés, célébrés  dans plusieurs langues. En somme une artiste qui se joue des courants des pensée, des périodes littéraires et aussi des genres musicaux.

Certes, ici et là, Léopoldine est parolière et/ou compositrice de certains titres. Mais la majeure partie des titres fait la part belle à de superbes signatures : le poète Olivier Cadiot ; le comédien, auteur dramatique et metteur en scène Gildas Milin ; la romancière Gwenaëlle Aubry, etc.

D’où une série de titres où Léopoldine s’envole entre aigu et grave : autant de convaincants repères d’une incontestable maîtrise, résultat d’années de chorale, de piano, de chant lyrique, de musicologie.

Un des meilleurs exemples de cette maîtrise vocale doublée d’une perpétuelle envie de surprendre, c’est “Zozo Lala”. Un texte surréaliste signé Roland Topor de Michel Valmer. Sans doute le plus explosif de cet album qui ne manque pourtant pas de dynamite.

 

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COMPTINES ALSACIENNES PASSÉES À LA MOULINETTE ÉLECTRO

Léopoldine HH a toujours envie et besoin de changer de registre artistique. J’en sais quelque chose pour l’avoir apprécié au fil des ans dans des circonstances très différentes … autant par journée ensoleillée sous chapiteau au Festival Summerlied à Ohlungen ou bien dans la pénombre nocturne d’un sous-sol strasbourgeois pour le “Festival des Caves”, une cave de Strasbourg.

Deux souvenirs parmi d’autres d’une énergique et pétillante jeune femme sans doute à ses premiers pas d’une carrière d’auteure-compositrice-interprète aussi imprévisible qu’inspirée. A l’instar d’une Diane Dufresne …. sans accent québécois mais avec une malicieuse aisance pour jongler entre français, allemand et alsacien dont elle s’approprie chaque fois les intonations et la diction.

Qu’elle chante – en allemand et français – un texte de la poétesse Eva Strimatter en guise d’introduction à “Blumen im Topf” ou qu’elle donne vie aux textes du metteur en scène et auteur Gilles Granouillet, Léopoldine fait toujours preuve d’incontestable originalité.

Et la chanson “Blumen im Topf” ? Elle a été coécrite par Léopoldine HH et Charly Marty, un des deux comédiens-musiciens qui l’accompagnent sur scène et ont enregistré l’album avec elle. L’autre, c’est Maxime Kerzanet : tous deux ont également beaucoup travaillé avec elle aux arrangements, à l’instar de Flavien Van Landuyt.

Pour ses “fleurs en pot” – titre éponyme de l’album – Léopoldine a puisé dans ses souvenirs d’enfance. Mais attention ! Pas question de reprendre dans sa version originale le refrain chanté par sa grand-mère. 

“Ne me demande pas ce que j’ai dans la tête” lance-t-elle, accompagnée par les chœurs du collège Diderot de Besançon en s’en donnant à cœur joie avec ces “Blumen im Topf” … phrase également reprise dans le 13ème titre. Avouez qu’il faut tout de même être audacieux pour sortir son premier album sous un titre en allemand, non ?

Et quand elle reprend une des plus célèbres comptines de son Alsace natale, elle en offre une version électro à des années-lumière de la version habituelle. “Mama ich will a Ding” s’achève d’ailleurs par quelques brèves phrases en alsacien et en français.

“Tu es comme un livre, on peut lire en toi” lance Liselotte Hamm.  C’est du moins la première impression … car les deux titres enchaînent sans temps mort !  Extraits de comptines passées à la moulinettes, interventions éclairs de Jean-Marie Hummel et Liselotte Hamm, le tout enrobés dans de percutants synthétiques. D’où “Blumen Frischgemixt” mijoté par Léopoldine HH et Flavien Van Landuyt au studio Zèbre de Besançon.

Une délirante explosion de sons et de voix où Léopoldine donne libre cours à sa folie créatrice … juste avant de raconter – avec l’accent allemand – l’étrange histoire de “Magie-Blanche”. d’après la pièce “Brasserie” de Koffi Kwahulé, comédien, metteur en scène, dramaturge et romancier ivoirien !

 

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Livre clin d’oeil à Adrienne Hummel par Léopoldine entourée par Charly Marty et MaximeKerzanet

 

“EUROPÉENS D’ALSACE” : SACRÉE FAMILLE D’ARTISTES

Loin des pots de géranium symboles d’une Alsace folklorique, les fleurs offertes avec  par Léopoldine durant près d’une heure en disent long sur le potentiel de cette inclassable artiste d’Alsace.

“Des Européens d’Alsace” : c’était le titre d’un portrait paru dans Chorus, les cahiers de la chanson au printemps 1995. Deux pages consacrées à Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel : “Un couple d’artistes étonnants, dont éclectisme et l’expérience internationale vont de pair avec une joie de vivre assumée au quotidien, à la ville comme à la scène”. 

“Impossibles à cataloguer, avec leur répertoire tantôt français, tantôt alsacien, tantôt allemand” avais-je précisé. Pas de doute ! 22 ans plus tard, ces propos s’affirment plus que jamais d’actualité pour définir, ou plutôt pour tenter de définir leur fille Léopoldine.

Sacrée famille d’artistes où s’affirment aussi d’autres registres artistiques Yérri-Gaspar Hummel et Adrienne Hummel, les deux autres enfants des “Européens d’Alsace” Une famille qui suivra de (très) près la finale du Prix Georges Moustaki, le 16 février à 20h à Paris.

Hé oui, Miss Léopoldine se retrouve avec 6 autres talents en finale de ce prestigieux événement mettant en valeur des talents révélés par des albums auto-produits : Bergame, CLIO, L’Arthur, Nicolas Séguy Jeanne Rochette et Maud Lübeck .

C’est évident, on n’a pas fini de parler de Léopoldine HH, décontractée chanteuse à tresses dont ce premier album n’est, à vrai dire, qu’une facette de ses intenses initiatives artistiques.

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TEXTE ALBERT WEBER

PHOTOS ADRIENNE HUMMEL

PAGE FACEBOOK DE LÉOPOLDINE HH

SITE DE LÉOPOLDINE HH

“CLÉMENTINE CHANTE LEPREST” : POUR LES PASSIONNÉS D’ALLAIN … ET LES AUTRES !

Enregistrer un 2ème album exclusivement consacré à Leprest en trois ans c’est sans aucun doute prendre des risques.

Assurément de sérieux risques car les passionnés du grand Allain sont connus pour leur incontestable exigence doublée d’un inévitable art de la comparaison entre version originale et reprise d’interprète. Et c’est d’autant plus compréhensible que les enregistrements reprenant Leprest sont nombreux depuis son suicide à 57 ans, le 15 août 2011.

Coup de projecteur sur le nouvel album de Clémentine Duguet, dont la voix s’enracine au fil des CD dans nombre de répertoires des plus diversifiés, bien au-delà de son Alsace natale.

 

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Une pochette signée Franyo Aatoth pour ce 2ème CD de Clémentine consacré à Allain

 

“DES MOTS LUI SORTAIENT DE PARTOUT”

Clémentine Duguet aime vagabonder dans l’univers de Leprest, et y repérer des titres souvent moins connus que d’autres. D’où ses deux albums sortis en trois ans et exclusivement consacrés à Allain.

Voici trois ans sortait un premier album composé de 22 titres d’Allain Leprest repris par Clémentine Duguet. Rebelote en cette nouvelle année avec un CD de 24 titres enregistrés en deux semaines de studio : d’où 78 minutes et 42 secondes qui devraient retenir l’attention des amoureux de l’univers de Leprest.

24 chansons de Leprest ? Pour être précis disons 23 car l’avant-dernier titre, “Merci Monsieur” est à vrai dire un texte de Clémentine Duguet. Des paroles qu’elle dit sur une musique de Romain Didier composée pour “Chanson “Marine” du spectacle “Francilie” dont Allain avait écrit les paroles.

Attachée depuis des années à l’œuvre de Leprest qu’elle avait revue en concert à L’Alhambra en 2009, Clémentine raconte Allain d’une voix à la fois assurée et d’une évidente sensibilité.

Mais sans sensiblerie : “Mais des mots et des mots/Lui sortaient de partout/Comme un flot de farine/De vent et de cailloux/Le vin de Joséphine/ Le cul du Cotentin/Le ciel de Gagarine/ Le Canal Saint Martin/ Et des mots et des mots lui sortent de partout/Et moi chopin chopine/ Je m’écharpe de lui/ Je me colle ces rustines/ Graines de bois de lit/ Sur mon cœur de tartine/ Merci Monsieur merci”.

Quant à “Mec”, dernier titre de ce nouvel opus, il est offert non par Clémentine Duguet mais par Marc Trubert dont la voix est assurément bien proche de celle d’Allain. La photo publiée du texte montre d’ailleurs les deux amis photographiés “au piano du Connétable le 15 juillet 2002 très tard dans la nuit”.

Outre le dessin de la pochette signé Franyo Aatoth,  la présentation des chansons manque visibilité. Dommage les noms des créateurs des chansons soient imprimés en blanc, ce qui n’est pas des plus heureux vu les autres couleurs utilisées.

S’y glisse aussi deux erreurs relevées par Clémentine Duguet sur sa page Facebook : “Avec toutes nos excuses à JeHan pour avoir volé sa version de Chanson Bateaux (avec un X !) en en attribuant la musique à Romain Didier”.

 

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23 chansons de Leprest et un texte de Clémentine sur une musique de Romain Didier

 

 24 INTERPRÉTATIONS ENTRE DOUCEUR ET ÉMOTION

S’il est évident que chacun se forgera sa propre opinion de “Clémentine chante Leprest 2″, quelques points de repère s’imposent.

Il ne faut évidemment pas vouloir retrouver dans le timbre de voix de Clémentine Duguet l’interprétation à fleur de peau d’Allain Leprest. Elle offre ici sa propre vision, sans doute moins extravertie que les titres originaux.

A l’instar d’autres chanteuses qui ont repris Leprest, cet album permet d’apprécier Leprest d’une autre manière. Un choix artistique enraciné dans une talentueuse complicité entre la chanteuse et ses trois musiciens : Yves Nabarrot (guitare, voix) et Marie Ladret (piano, claviers, voix) et Jean-Michel Eschbach (accordéons, accordina). 

D’où une atmosphère tout à fait particulière à savourer dans chaque titre de “Clémentine chante Leprest 2″ : entre douceur et émotion, avec un regard plein de tendresse envers Allain exprimée avec justesse par la chanteuse.

 

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“INTENSE, DOUCE ET IMPULSIVE”

En décembre 2015, lors d’une soirée présentée par la chanteuse Kristel Kern à Andlau, en Alsace, Clémentine Duguet avait présenté un spectacle de chansons toutes puisées dans le répertoire d’Allain.

Elle y était alors accompagnée par les trois musiciens qui l’ont suivi dans cette nouvelle aventure discographique.

Dans un article consacré à ce concert, j’avais ainsi qualifié l’interprétation des chansons de Leprest : “Tour à tout intense, douce et impulsive, Clémentine Duguet a chanté Leprest avec conviction. Avec une énergie qui fait chaud au coeur.  Une interprétation à la fois sobre et efficace offerte avec trois complices : Yves Nabarrot (guitare), Marie Ladret (piano et 2ème voix sur certains titres), et Jean-Michel Eschbach (accordéon-bandonéon)”.

A bien écouter ce nouvel opus, j’y retrouve les divers repères qui avaient retenu mon attention à Andlau.

Marquée à ce jour d’une belle douzaine d’enregistrements, la discographie de Clémentine Duguet vient de s’enrichir d’un nouvel opus qui mérite une large diffusion auprès des amoureux d’une chanson de qualité. Sans colorants artificiels. Donc pas nécessairement celle qui est diffusée habituellement sur les ondes…

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Sorti en 2015, 1er album de “Clémentine chante Leprest” compte 22 chansons 

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“LA CHANSON FAIT PARTIE INTÉGRANTE DE LA VIE POPULAIRE ET SA PLACE EST PARTOUT”

Elle en a fait du chemin, Clémentine, depuis ce printemps 1998 où je lui avais consacré une double page dans le trimestriel Chorus n° 23 sous le titre “L’inconnue d’Alsace”.

Au fil des ans, elle s’est forgée un répertoire, une expérience, un vécu qui témoigne d’une incontestable passion pour la chanson aux multiples sujets. “J’ai chanté le passé, le vin, la bière, la nuit, l’amour, l’érotisme, la guerre, le Front Populaire, le pub, les voitures, le mariage, la Belle Époque, la nature, les guinguettes, les enfants, le chocolat, … Et j’ai revisité avec délectation l’histoire de France qui m’avait tant ennuyée en classe” confie-t-elle dans un livre de témoignages sur la Choucrouterie fondée en 1984 à Strasbourg par Roger Siffer (“Quand la Choucroute … rit”, Éditions La Nuée Bleue, 2003).

Et d’affirmer quelques lignes plus loin : “La chanson fait partie intégrante de la vie populaire et sa place est partout. J’ai ainsi chanté dans des caves, des hôpitaux, des maisons de retraites, des écoles, des restaurants, des prisons, des cirques, des entreprises, des bateaux, des garages, des parkings, des garderies, des trains, des gares, des banques, des camions, des jardins, des expositions, des musées, des bibliothèques, des radios, des télés, des cabarets, des guinguettes, des gymnases, des fermes, des foires, des cours … Et puis bien sûr la Choucrouterie a servi de tremplin à toutes ces pérégrinations puisque la plupart de mes spectacles y ont été créés”.

“Clémentine chante Leprest 2″ ? Un album qui séduira – je l’espère – les personnes sensibles à Allain Leprest et qui font preuve de curiosité. Et plus globalement les passionnés d’une chanson qui mérite de (sur)vivre en cette époque marquée par trop de fausses valeurs artistiques et culturelles.

 

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Jean-Michel Eschbach au concert d’Andlau

 

 TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

PHOTO MILO LEE (1ère photo de l’article, également dans la pochette du CD)

PAGE FACEBOOK CLEMENTINE CHANTE LEPREST

SITE DE CLEMENTINE DUGUET

GEMMA BARRA : ÉLECTRON LIBRE ET PIONNIÈRE MULTI-DISCIPLINAIRE AU QUÉBEC !

“De ses débuts jusqu’à aujourd’hui, Gemma Barra a su allier les activités de diverses disciplines artistiques : comédienne, animatrice à la radio et la télé, scénariste, écrivaine, éditrice… sans oublier une contribution remarquée comme auteure- compositrice et interprète. En un mot, une artiste multidisciplinaire, bien avant que l’expression ne soit entrée dans le vocabulaire”.

Signé Richard Baillargeon, spécialiste de l’Histoire de la chanson québécoise, ce constat met en valeur Gemma Barra, première auteure-compositrice à avoir sa propre émission de radio au Québec en 1956.

Coup de projecteur sur une des pionnières des arts de la scène originaire de Québec, Capitale nationale du Québec. Elle a été honorée mardi 21 février lors de la période des Déclarations de députés à l’Assemblée nationale par Véronyque Tremblay, députée de la circonscription de Chauveau (photo ci-dessus).

 

Rencontre avec

PLUS DE 60 ANS DE CRÉATION ET DE PRODUCTION AU QUÉBEC

Gemma Barra a à son actif plus de six décennies de création et de production dans les disciplines de comédienne, animatrice à la radio et à la télé, scénariste, romancière, éditrice …  sans oublier une contribution remarquée comme auteure- compositrice et interprète.

Promenant ses chansons au pays et à l’étranger, elle présentait déjà une grande polyvalence. De sa première continuité radiophonique, “Mes chansons” (1956), aux scénarios de la série d’animation “Hirsy la fabuleuse” (1991), en passant par son premier roman “Avortement sur rendez-vous” (1972), Gemma Barra a précédé les courants plutôt que de s’y conformer.

Comme le souligne la mention officielle de Véronyque Tremblay, députée de Chauveau “Mme Barra était une artiste multidisciplinaire avant même que l’expression ne soit inventée”. Voir ICI son intervention à l’Assemblée Nationale du Québec.

 

Une artiste s'autoproduit en 1965

1ère AUTEURE-COMPOSITRICE-INTERPRÈTE A AVOIR SA PROPRE ÉMISSION DE RADIO AU QUÉBEC

Dès l’adolescence, l’attrait de la scène l’amène à prendre la route au sein d’une première troupe de théâtre. À l’entracte, on la retrouve devant le rideau, livrant ses premières chansons, un peu comme le faisait Félix.

Entre les tournées, la jeune auteure signe quelques refrains, paroles et musique, sous le pseudonyme de Claude Romance et a le plaisir d’entendre ses chansons interprétées dans le cadre de l’émission “Les chansonniers canadiens” à CKVL.

De retour dans sa ville natale de Québec, elle débute à la station radiophonique CHRC avec l’émission “Mes Chansons” en février 1956, une première pour une artiste féminine au Québec. Une expérience médiatique qu’elle partage bientôt avec un autre jeune chansonnier de la Capitale, Hervé Brousseau.

Quelques années plus tard, Gemma se joindra aux “Créations de Québec”, mouvement fondé par un noyau d’auteurs-compositeurs pour alimenter l’émission éponyme à CHRC. Elle grave quelques 45 tours, est invitée à la télé montréalaise, notamment une apparition consistante à l’émission “Music-Hall”.

 

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La “famille” des Créations de Québec

 

DOCUMENTARISTE, SCÉNARISTE, CHANTEUSE, ROMANCIÈRE …

En 1965, elle initie une production multidisciplinaire regroupant 28 personnes sur scène. L’année suivante est l’occasion d’une autre première : deux récitals en “one woman show” dont un au Palais Montcalm. L’événement est bientôt suivi de l’album “Rencontre … avec Gemma Barra”.

La notoriété que lui apportent ces expériences lui ouvre de nouvelles portes : invitations en Europe, passage à l’émission d’actualités de Radio- Canada Aujourd’hui, animée par Wilfrid Lemoyne.

Au cours de la saison 1966-1967, on la retrouve comme narratrice de la série “Mon pays, mes chansons” à la télévision de Radio-Canada. Elle passe ensuite de l’autre côté de la caméra, pour le projet “High Tide / Quand la marée monte”.

Suivent les scénarios de plusieurs documentaires en collaboration avec son complice le cinéaste Anton Van de Water, dont celui portant sur l’implantation du régime québécois de l’Assurance-Maladie (prix Urkunde 1971 du Medikinale International à Marburg en Allemagne).

Cette expérience et des situations désespérées dont elle a été témoin dans le milieu hospitalier l’ont d’ailleurs amenée à rédiger un premier roman intitulé “Avortement sur rendez-vous” en 1973 (Publications Éclair) … ce qui était audacieux à l’époque où le docteur Morgentaler avait tous les tribunaux à ses trousses.

S’y ajouteront  un long métrage And I Love You Dearly / La maîtresse pour lequel elle est co-scénariste et directrice de production et une série de 37 émissions radio sur le thème de Noël à CKCV au début des années 1980.

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Assurément une pionnière …

 

“KERMESSE D’ENFER” : UNE TRILOGIE  (HÉLAS) D’ACTUALITÉ

La carrière d’auteure-compositrice de Gemma Barra a été soulignée par la monographie “Sous le ciel de Québec” parue en 1987 (Les Éditions Vient de la Mer). Cette publication sera suivie d’une compilation d’une vingtaine de ses quelque 300 chansons. L’année 1991 sera celle de la série de films d’animation  “Hirsy la fabuleuse” dont Gemma écrit les scénarios.

Les années 2000 sont marquées par un retour dans le domaine de la chanson alors que les Productions Ancyma lancent leurs premiers CD avec le concours du chef d’orchestre Réjean Yacola.

Ces projets intergénérationnels mettent en vedette les interprètes Danielle Oddera, Guy Bélanger, Colombe Dufour, Chantal Blanchais, Jean Proteau et autres. L’album “Les mots entre nous” rappelle un concert de Gemma Barra au Théâtre Petit Champlain.

Parallèlement, elle conçoit et produit les livrets des comédies musicales “Valses et tangos en fête”, “Boum sur la ville”, “Féérie et envolée de temps des fêtes” et “Marilda”, un hommage à la ville de Québec et à ses citoyens.

Ces travaux lui laissent tout de même un peu de temps pour tremper sa plume à de nouveaux projets. Et notamment une trilogie “La kermesse d’enfer” dont les premières ébauches remontent au milieu des années 1980. Le sujet portant sur le mal-être et sur la violence banalisée de plus en plus présente dans nos vies est malheureusement plus que jamais d’actualité. Le projet voit enfin le jour en 2017.

 

2 Jacques valent mieux qu'un

“UNE ARTISTE TRÈS EN AVANCE SUR SON ÉPOQUE”

 Selon Richard Baillargeon, “comme référence stylistique, un des interlocuteurs à Radio-Luxembourg lui a dit qu’elle était du niveau de Cora Vaucaire. Les caprices du hasard et sa réorientation vers la caméra (documentaires) ont fait qu’elle n’a pas donné suite à ce premier pas vers la France”.

En 1966, où elle s’était finalement faite à l’idée d’interpréter des chansons reconnues, elle a choisi plusieurs classiques d’auteurs parmi les plus exigeants comme “Est-ce ainsi que les hommes vivent”, “Surabaya Johnny” ou “Les nuits d’une demoiselle”. 

Ce disque l’a amenée à se rendre brièvement en Europe. Malheureusement, à son retour, après qu’elle ait été la présentatrice de l’émission télévisée  ‘Mon pays, mes chansons’ où a elle a pris, pour la 3e saison, la relève de Pauline Julien, elle est passé, sitôt ces tournages terminés, derrière la caméra et a recommencé une nouvelle carrière.

 “Bref, elle a œuvré en “électron libre” et se trouve de ce fait une des premières artistes multidisciplinaires, un peu trop tôt pour ses contemporains ! ” constate Richard Baillargeon.
 
Avec les ministres Lise Thériault et Luc Fortin 2017-02-21
Gemma Barra entourée par Lise Thériault, vice-Première Ministre et Ministre responsable de la Condition Féminine et Luc Fortin, Ministre de la Culture et des communications
 
ALBERT WEBER

 GEMMA BARRA POCHETTE

QUAND GEMMA BARRA SE CONFIE A RICHARD BAILLARGEON  …

Richard Baillargeon – De la chanteuse ou de l’animatrice, laquelle s’est d’abord manifestée, au début de votre carrière?

Gemma Barra – Dans mon cas, j’ai surtout débuté en écrivant des chansons. Dès l’âge de 9 ans j’ai voulu écrire des pièces qui étaient bien à moi.J’ai donc greffé des mélodies à mes textes de petite fille, comme cela se présentait.

Un jour, j’ai voulu faire du théâtre – j’avais 15 ans à l’époque – et j’ai réussi à convaincre mes parents que c’était sérieux. Je me suis retrouvée à faire des tournées de plusieurs mois, d’un océan à l’autre, où l’on jouait trois ou quatre pièces différentes simultanément, apprenant à la plus rude école qui soit, la scène même, mon métier de comédienne.L’ambiance était inimaginable, la troupe formait vraiment une grande famille !

Je prenais de plus en plus confiance en moi. Durant les longs voyages, je fredonnais mes propres refrains dans l’auto. Un jour, le directeur de la troupe m’a dit: “Il faudrait que tu chantes, entre le premier et le deuxième acte”.

C’est ce que j’ai fait : un petit quart d’heure à l’entracte. Je ne dépassais pas trois ou quatre chansons, parce que les gens applaudissaient du bout des doigts. Je chantais mes propres pièces ; j’avais posé cette condition-là dès le départ, car je voulais connaître la réaction du public vis-à-vis mes compositions.Les gens étaient gentils, ayant sans doute apprécié ma participation comme comédienne, mais de là à aller chercher les applaudissements, il y avait une bataille à mener.

Le directeur me disait: “Essaie au moins une chanson connue. Tu vas voir la différence. » Certains soirs j’acceptais d’en faire une pour une occasion très spéciale et c’était toute une différence, en effet.Mais comme j’avais la tête très dure, je voulais qu’on connaisse mes chansons!

Parallèlement, j’avais fait parvenir quelques textes de chansons à l’émission Les Chansonniers canadiens de CKVL, à Verdun, sous le nom de Claude Romance. J’y ai eu des chansons interprétées par Louise Robidoux, par Margot Leclair…

RB – Vous avez vous-même animé des émissions de radio. C’est un peu plus tard?

GB – Je suis venue à Québec, pendant une période de vacances; j’ai communiqué avec Magella Alain de CHRC et je lui ai dit: “J’ai 60 compositions, paroles et musiques. Est-ce qu’il y aurait possibilité d’auditionner? “.

Mon but était qu’elles soient interprétées par Pierrette Roy ou Madeleine Lachance, toutes deux très connues à l’époque. Nous sommes en janvier 1956 et il me répond : “Venez dans une quinzaine de jours”.

Après l’audition, le directeur des programmes m’appelle à son bureau et me demande : “Accepteriez-vous, en plus d’écrire vos chansons, de les interpréter vous-même et d’écrire des textes d’enchaînement?”.C’est comme ça que j’ai débuté une série d’émissions qui s’appelait “Mes chansons” et qui devait durer treize semaines, à raison de deux fois la semaine, le 14 février 1956.

Chacune durait dix minutes et j’y chantais deux ou trois de mes pièces. Dès les premières émissions, les gens ont commencé à téléphoner et à écrire pour donner leur appréciation.

Peu de temps après, Monsieur Alain m’a demandé de partager l’émission “Mes chansons” avec un autre jeune auteur, promettant d’allonger chacune d’elles à quinze minutes, et j’ai accepté.Le mardi c’était donc Gemma Barra et le jeudi, Hervé Brousseau. Vers la fin de décembre, il y a eu une émission spéciale qui s’appelait Créations avec Guy Godin, André Lejeune, Marc Gélinas et moi-même.

À la fin de la saison, je repartais en tournée théâtrale et Hervé allait à Montréal. Je n’ai donc rien fait en chanson au cours de l’année 57.En 58, il y a eu un mouvement qui s’appelait “Créations de Québec”, fondé par Geneviève Aubin-Bertrand et Marius Delisle.

Comme je revenais d’une tournée, Geneviève Aubin-Bertrand m’a téléphoné et a dit: “Écoutez, Monsieur Alain m’a appris que vous écriviez beaucoup de chansons ; il faut absolument que vous veniez à l’émission”.

J’ai rencontré tout le monde de l’association, j’en ai fait partie, j’ai donné une cinquantaine de chansons à des interprètes dont Nicole Danis, Claudette Avril, Ghislaine Cimon, Paul Landry…

sur scène dans les années 1960
Sur scène dans les années 60

 

RB – Qui étaient tous des gens de la région de Québec?

GB – Qui étaient des gens de Québec, essentiellement. J’ai par contre interprété les chansons d’autres auteurs du groupe, dont Georgette Lefrançois, Georgette Lacroix, Paul Bédard, Jean Royer…Il fallait aider nos camarades; tous ceux qui étaient capables de chanter se faisaient un plaisir d’interpréter les chansons des autres auteurs.

On formait vraiment une sorte de famille musicale.Avant nous, il ne se passait pas grand chose, il faut bien le dire. Quand j’y repense, c’est un grand vide que je vois.

Il fallait créer un mouvement. Moi, j’étais convaincue qu’on pouvait danser avec des chansons faites à Québec, mais sur des rythmes internationaux.Faire un tango, une cha-cha ou un calypso: pourquoi pas?

Les Américains le faisaient, les Français le faisaient, pourquoi est-ce qu’on ne pouvait pas le faire, nous ?Je voulais voir les couples dans les restaurants danser devant le juke-box, sur nos propres chansons, sur mes propres chansons; et ça s’est produit. Après l’enregistrement de Jacques, les gens dansaient sur ma musique. Ça, c’est un beau souvenir…

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Article sur son 1er 45 tours en 1961

 

 

 
 

MABLY À L’HEURE QUÉBÉCOISE : EFFICACE “RE-TOUR DE CHANT DE PETITE-VALLÉE” (1/3)

Exposition, causerie sur la chanson québécoise, concert de Benoît Paradis Trio : la ville de Mably près de Roanne, vient de vivre à l’heure québécoise. En l’occurrence celle du Village en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie.

Retour sur cette opération en plusieurs étapes, toutes synonymes de découvertes pour tant d’habitants et également de coups de cœur à en juger par le nombre de personnes intéressées par un séjour du côté de Petite-Vallée à l’heure du festival.

 

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Jean-Charles Labarre et Cécile Comby (Photo Guy Plotton)

 

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Intervention de Marc-Antoine Dufresne entouré par Jean-Charles Ladet, maire de Mably, Cécile Comby et  Albert Weber (Photo Guy Plotton)

L’histoire débute en mars 2016 quand Alan Côté, directeur général et artistique du festival, fait escale à Mably.

Le temps d’évoquer en paroles et en musiques l’histoire de cette aventure artistique lancée en 1983, à la médiathèque Georges Sand, puis d’offrir un concert  à l’Espace Culturel Pierre Hémon.

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A l’entrée de l’Espace Culturel Pierre Hémon, un des panneaux consacrés aux concerts met en valeur le passage d’Alan Côté et aussi de Marcie

 

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CÉCILE COMBY : INTENSE IMMERSION AU CŒUR DU FESTIVAL

Et voilà comment Cécile Comby se retrouve fin juin 2016 à Petite-Vallée pour vivre ce fameux festival dont Alan Côté a tant vanté les mérites. L’animatrice culturelle vivra intensément, jour après jour, cet événement unique en son genre au Québec.

Unique ? Oui et pour plusieurs raisons liées entre autres à l’environnement géographique et la diversité de la programmation.

S’y ajoute aussi cette ambiance tout à fait unique qui marque la vie quotidienne du Village en Chanson entre concerts à la Vieille Forge, sous chapiteau et dans le désormais célèbre “shed à Léon”; résidence d’artistes pour talents émergents; émissions quotidiennes de Radio Gaspésie en direct depuis Petite-Vallée, “guitare de course”; matinée des enfants … et la liste est assurément bien loin d’être exhaustive !

 

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Réception à la Médiathèque Georges Sand en l’honneur de l’expo sur Petite-Vallée (Photo Jean-Charles Labarre)

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AVEC LE SOUTIEN DE MUSICACTION

Et plusieurs matins de suite, lors de petits déjeuners partagés tous deux au bord du Saint-Laurent, avec force échanges sur l’histoire de la chanson québécoise et du festival, une idée germe doucement mais sûrement chez Cécile Comby :  et si Mably accueillait une exposition racontant le festival ?

Son départ de Mably pour la MJC de Charrrieu ne va pas mettre en péril le projet. C’est là qu’intervient François Collonge, responsable du Service Culture de Mably.

Encouragé par le maire Jean-Jacques Ladet, il avait envoyé Cécile Comby en mission du côté de Petite-Vallée et pas étonnant donc que l’idée d’une exposition suit donc son bonhomme de chemin. Mieux, elle décroche un soutien de Musicaction, structure créée voici 30 ans pour soutenir le développement de la musique vocale francophone canadienne. 

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TALENTS QUÉBÉCOIS A L’HONNEUR

Résultat ? “Re-tour de chant de Petite-Vallée”, superbe exposition de 15 panneaux, aura été présentée du 25 février au 11 mars à la Médiathèque Georges Sand à Mably.

Cette exposition est à la fois photographique grâce à Jean-Charles Labarre et Nathalie Dion, et également sonore.

Muni d’un casque, le visiteur s’y promène en compagnie du créateur et directeur du festival ayant enregistré un texte de présentation sur chacun des talents mis en valeur : Alan Côté, Koriass, Les Trois Accords, Chloé Sainte-Marie, Dans l’Shed, Tire le Coyotte, Pierre Flynn, Émile Bilodeau, Dumas, Florent Vollant, Yves Lambert et Benoît Paradis Trio.

 

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Juillet 2016 : sortie du dernier Rappel du festival 2016.

 

 LE RAPPEL, UNE AVENTURE QUOTIDIENNE DURANT LE FESTIVAL

“Re-tour de chant de Petite-Vallée” met aussi en valeur des extraits d’article du journal Le Rappel diffusé tous les jours durant le festival : ces compte-rendus de concerts sont rédigés à chaud, après les spectacles.

Le Rappel résulte d’un intense travail d’équipe mené à bien par près d’une dizaine de personnes : Marc-Antoine Dufresne, Albert Weber et Alain Saint-Yves, Danielle Vaillancourt, Jean-Charles Labarre, André Bujold, Nathalie Dion, Emilie Rioux, Marie-Eve Forest, …

 

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Le fameux concert acoustique de Dumas dans la Vieille Forge privée d’électricité …

 

 UNE EXPOSITION À FAIRE CIRCULER ET A ENRICHIR …

Espérons que cette exposition continuera a circuler dans la région, autour de Roanne et bien plus encore.

Car au-delà de quelques grands noms du show-business québécois, bien rares sont les artistes de la Belle Province qui arrivent à sortir de l’ombre et SURTOUT à s’imposer durablement en France.

D’où l’intérêt d’une telle initiative qui pourrait, au gré de la prochaine édition du festival de Petite-Vallée, être enrichie de nouveaux panneaux.

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UNE HEURE AU CŒUR DE LA CHANSON QUÉBÉCOISE

L’incroyable diversité des talents québécois aura été un des axes de la causerie sur la chanson animée durant une heure à la Médiathèque Georges Sand, juste après une présentation des panneaux de l’exposition et du festival de Petite-Vallée, et …

… et avant une réception et un vin d’honneur marqué par les interventions du maire de Mably, Jean-Charles Ladet; de Marc-Antoine Dufresne, adjoint d’Alan Coté et de Cécile Comby à l’origine du projet.

A défaut de pouvoir s’aventurer durant une (petite) heures dans les multiples méandres de la chanson québécoise, place à quelques-unes des ses figures marquantes d’hier et d’aujourd’hui, à l’incroyable diversité des genres musicaux, et à l’évocation de certains événements d’une si passionnante histoire… qui continue de s’écrire aujourd’hui, évidemment !

Cette causerie aura aussi été marquée par l’évocation de “10 talents coup de cœur” avec à chaque fois présentation d’un de leurs albums : Marcie ; Thomas Hellman; Steve Nirmandin; Philippe Garon; Sylvain Lelièvre; Richard Desjardins; Stéphane Côté; Paule-André-Cassidy ; Moran /Catherine Major ; Geneviève Morissette ; Yann Perreau.

C’est évident … On pourrait sans aucune hésitation dresser d’innombrables autres listes de 10 noms tant le Québec est riche de talents !

 

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Geneviève Morissette : une des 250 pochettes d’albums signées Jean-Charles Labarre

 

DE CHARLEBOIS A ERIC JOHN KAISER EN PASSANT PAR PHILIPPE GARON

Parle de chanson c’est bien, en faire écouter c’est encore mieux !

D’où un autre temps fort de cette causerie historique sur la chanson québécoise : la diffusion d’une bonne demie-douzaine de chansons chaque fois située dans leur contexte : “Les ailes d’un ange” (‘Robert Charlebois); “Oh Secourez moi” (Michel Rivard, extrait des “12 hommes rapaillés” de Gilles Bélanger/Gaston Miron) ; “Petit peuple” (Philippe Garon); “Quand j’aime une fois j’aime pour toujours” (Richard Desjardins); “Saint-Pierre et Miquelon” (Pierre Calvé);  “Les sirènes de Petite-Vallée” (Eric John Kaiser).

Et en guise de conclusion “Comme dans un film” (Geneviève Morissette/Oldelaf), histoire de mettre en relief – avec humour – les inévitables différences entre la langue française parlée en France et au Québec.

 

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En compagnie du chanteur Michel Grange et de François Collonge (Photo Guy Plotton)

 

A SUIVRE …

TEXTE ALBERT WEBER

PHOTOS JEAN-CHARLES LABARRE, GUY PLOTTO ET ALBERT WEBER

SITE DU VILLAGE EN CHANSON DE PETITE-VALLÉE

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Une exposition photographique et sonore à faire circuler en France !

 

MABLY À L’HEURE QUÉBÉCOISE : QUAND BENOÎT PARADIS TRIO MET DE L’AMBIANCE … (2/3)

Un des 15 panneaux de l’exposition “Re-tour de chant de Petite-Vallée” présentée du 25 février au 11 mars à la Médiathèque Georges Sand de Mably était consacrée à Benoit Paradis Trio.

Après un premier article sur cette exposition photographique et sonore signée Jean-Charles Labarre, Nathalie Dion et Alan Côté, bienvenue dans le monde survolté, à la fois jazzy et drôle de Benoît Paradis et de ses deux complices.

 

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ACROBATE ENTRE CHANSON ET JAZZ

Oui, samedi 11 mars le groupe québécois a assuré la première partie du trio Karpatt, dans le cadre du festival “Chant sur Paroles” organisé à l’Espace Culturel Pierre Hémon.

Pas de doute. Benoît Paradis Trio a mis le feu ce samedi à la salle de Mably, pour le plus grand bonheur des spectateurs qui le voyaient pour la première fois. 

Jonglant avec brio, entre chanson et jazz, le trio ne laissera assurément pas une seconde répit au public visiblement ravi de découvrir ces trois compères plein de bonne humeur, de groove aussi.

 

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FORTE DOSE D’HUMOUR ET PLUSIEURS RAPPELS

Efficacement accompagné par la pianiste Chantal Morin et le contrebassiste Benoit Coulombe, le chanteur- percussionniste – tromboniste -guitariste s’envolera ce soir-là, sans hésitation, dans son univers rythmé et percutant, aux accents québécois faussement désespérés.

Un répertoire offert avec une intense dose d’humour et ponctué par plusieurs rappels d’un public conquis par tant de décontraction et de virtuosité également.

Ce concert organisé dans le cadre du festival “Chant sur Paroles” était la 2ème étape de la tournée internationale d’une dizaine de dates mise sur pied par Klakson Production ainsi que Ülrich Schuwey et sa bande de mordus de rythmes francophones : une initiative “pas mal bien” au service des talents francophones d’Amérique du Nord !

 

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Médiathèque Georges Sand à Mably

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NOUVELLE TOURNÉE EN FRANCE ET EN SUISSE

Hé oui, l’infatigable trio se produit ces temps-ci en Suisse et en France, dans des lieux aux configurations fort variées.

S’y est également glissé un concert à domicile à Beaucourt, près de Belfort, grâce à Sylvie Renaud et Luc Renaud chez qui j’ai apprécié des soirées signées Geneviève Morissette, Jeff Moran accompagné par Thomas Carbou.

Si vous n’avez pas encore vu ce trio en pleine action, un conseil d’ami : ne le manquez pas. Il faut dire que les trois compères sont aussi complices sur scène que dans la vie, comme en témoigne la bonne humeur communicative vécue en gare de Roanne.

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TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

A SUIVRE …

SITE DE BENOIT PARADIS TRIO

MABLY A L’HEURE QUÉBÉCOISE : BIENVENUE AU FESTIVAL DE PETITE-VALLÉE 2017 ! (3/3)

Avis aux personnes venues à Mably, près de Roanne, pour l’exposition photographique et sonore, le concert de Benoît Paradis Trio ou la causerie sur l’Histoire de la Chanson Québécoise : hé oui, la programmation 2017 est enfin connue.

Place à une éclatante 35e édition qui se déroulera du 29 juin au 8 juillet entre artistes confirmés et talents émergents.

Alors pas d’hésitation ! Rendez-vous dans cet attachant village de Gaspésie comptant 224 habitants en 1996 et 142 aujourd’hui : grâce à son festival, Petite-Vallée a assurément acquis une renommée internationale.

 

 

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ALAN CÔTÉ : “35 ANS DE VAGUES D’ARTISTES VENUS SE POSER SUR LES GALETS DE LA LONGUE-POINTE”

Voici le 3ème et dernier volet de notre dossier sur Petite-Vallée.

Après un 1er article sur l’exposition photographique et sonore signée Jean-Charles Labarre, Nathalie Dion et Alan Côté, et sur la causerie sur la chanson québécoise … et un 2ème consacré au concert de Benoît Paradis Trio, voici un tour d’horizon de ce qui attend les festivaliers en 2017 !

Pour commencer, une citation signée Alan Côté, directeur général et artistique du festival :

“Cette année on célèbre 35 ans de vagues d’artistes qui sont venus se poser sur les galets de la Longue-Pointe. C’est l’année du retour de la vague, du retour à bon port de certains qui en étaient à leurs premières marées lors de leur passage initial à Petite-Vallée. De nouvelles déferlantes d’artistes viendront également brasser les plages de nos villages et à leur tour, marquer l’histoire de notre événement”.

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PROGRAMMATION TRÈS ÉCLECTIQUE EN GASPÉSIE

Fidèle à sa tradition, l’incontournable événement gaspésien propose une programmation éclectique qui viendra célébrer la chanson sous toutes ses formes.

Plus de 30 spectacles seront présentés pour le plus grand plaisir des quelque 15 000 festivaliers attendus.

C’est évident, il y en aura pour tous les goûts ! 

Au programme : Sarah Toussaint-Léveillé / La Petite École de la chanson / Dumas / Vague de cirque / Amylie / Patrick Norman et ses invités / Les Hôtesses d’Hilaire / Les Rencontres qui chantent / Klô Pelgag / Les Soeurs Boulay / Samito / Catherine Major / Patrice Michaud / Vincent Vallières / Fuudge / Dick Annegarn / Hommage à Patrick Norman et aux Soeurs Boulay / Métissages : Quatuor en chaises berçantes / Bon Débarras / Joëlle St-Pierre / Les chansonneurs / Dans l’shed / Les Hay Babies / Louis Jean-Cormier / Matt Holubowski / Ponteix / Laurie Leblanc / Shawn Barker / Clay and friends / Richard Séguin / Éric Lapointe / Marie-Pierre Arthur / Raton Lover … et la liste n’est pas exhaustive …

 

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 PATRICK NORMAND : ARTISTE PASSEUR 2017

L’artiste passeur et les artistes complices seront à l’honneur de quatre soirées.

D’abord, près de 400 jeunes interpréteront le répertoire des artistes porte-paroles le 29 juin lors de la Petite École de la chanson.

Le lendemain, Patrick Norman montera sur la scène du chapiteau pour présenter un concert en compagnie d’artistes invités. Le 1er juillet, Les Sœurs Boulay offriront leur plus récent spectacle. Enfin, elles seront au coeur d’un spectacle hommage, en compagnie de Patrick Norman, le lundi 3 juillet. 

Les chansonneurs qui participeront à la Destination Chanson Fleuve termineront leur périple à Petite-Vallée. Les festivaliers pourront voir ces artistes de la relève à deux reprises, soit le 5 juillet et le 7 juillet en fin de soirée au Théâtre de la Vieille Forge.

Les fêtes du 175e anniversaire de Grande-Vallée présenteront deux concerts lors du Festival en chanson, soit un double plateau à saveur country mettant en vedette l’acadien Laurie Leblanc et Shawn Barker le 7 juillet, ainsi qu’Éric Lapointe le 8 juillet. 

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GRANDE PREMIÈRE : PLACE AUX ARTS DU CIRQUE

A signaler une nouveauté dans la programmation 2017. Les arts du cirque donneront une couleur particulière à la 35e édition du Festival en chanson.

En effet, Vague de cirque présentera son spectacle “Barbecue” à six reprises durant l’événement. La venue de cette compagnie circassienne est le fruit d’une collaboration avec la Municipalité de Grande-Vallée.

Les passeports et billets de spectacle sont en vente le lundi 6 auprès de la billetterie du Festival en chanson (418-393-2222 / 1-844-393-2226) ou via le réseau Admission (www.admission.com). 

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 “DESTINATION CHANSON FLEUVE” AVEC LE FESTIVAL DE TADOUSSAC

Cette année, le Festival de Petite-Vallée sera aussi marquée par une nouvelle étape, à tous les sens du terme.

Place à “La Destination Chanson Fleuve” : l’union des Chemins d’écriture du Festival de la Chanson de Tadoussac et de la sélection officielle des chansonneurs du Festival en chanson de Petite-Vallée.

Dédié aux artistes de la chanson de demain, ce parcours offrira de nombreuses tribunes et un accompagnement artistique et professionnel singulier à cinq auteurs-compositeurs-interprètes du Québec, deux créateurs de chanson de la francophonie canadienne et un chansonneur français qui formeront la première cuvée de ce projet artistique.

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TÉLÉ-QUÉBEC, PARTENAIRE MÉDIA OFFICIEL

Les airs portés par la Destination Chanson Fleuve trouveront une tribune d’exception grâce à Télé-Québec, qui devient le partenaire média officiel de ce parcours artistique unique.

Les auteurs-compositeurs-interprètes qui feront naviguer leurs chansons entre Montréal et Petite-Vallée, en passant par Québec et Tadoussac, bénéficieront de la couverture de sa plateforme numérique, La Fabrique culturelle, tout au long de l’aventure.

Ce nouveau partenariat permettra de mettre en lumière et de documenter le travail des artistes sélectionnés, comme précisé par Sophie Dufort, directrice générale des médias numériques et régions de Télé-Québec : “Nous sommes très enthousiastes à l’idée de nous associer à la première édition la Destination Chanson Fleuve. Dans le cadre de L’Année de notre chanson, Télé-Québec offre une place de choix à la musique francophone d’ici. De plus, notre plateforme numérique La Fabrique culturelle s’engage chaque jour à faire rayonner la culture dans tout le Québec”.

 

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“POUR LE RAYONNEMENT DES ARTISTES DE LA CHANSON DE DEMAIN”

Alors Petite-Vallée et Tadoussac même combat ?

Oui, surtout lorsqu’il s’agit d’unir ses forces en faveurs des talents émergents qui s’affirment du côté des Chemins d’écriture du Festival de la Chanson de Tadoussac ET AUSSI de la sélection officielle des chansonneurs du Festival en chanson de Petite-Vallée.

Laissons le mot de la fin à Charles Breton, directeur général du Festival de la Chanson de Tadoussac : “Télé-Québec, avec La Fabrique culturelle, s’investit dans la culture et dans les régions en devenant partenaire média de la Destination Chanson Fleuve. Il s’agit d’un partenaire de choix pour nos événements et pour le rayonnement des artistes de la chanson de demain”. 

 

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PHOTOS ALBERT WEBER (FESTIVAL 2016)

Source : Marc-Antoine Dufresne, adjoint à la direction artistique et directeur des communications

SITE DU VILLAGE EN CHANSON DE PETITE-VALLÉE

PAGE FACEBOOK DU FESTIVAL DE PETITE-VALLÉE

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224 habitants en 1996, 142 aujourd’hui : grâce à son Village en Chanson, Petite-Vallée a assurément acquis une renommée internationale
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Souvenirs, souvenirs …

 

 

“DANS LA PAUME D’UNE FEUILLE D’ÉRABLE” : VIVE LE QUÉBEC …. POÉTISÉ PAR ALBERT STRICKLER ET JEAN-CHRISTOPHE MEYER

Vous aimez le Québec ? Et la poésie ? Notamment la poésie qui incite à découvrir tant de nuances insoupçonnées d’une “Belle Province”…

Si ces interrogations retiennent votre attention, surtout pas d’hésitation. Laissez-vous entrainer par les poètes alsaciens Albert Strickler et Jean-Christophe Meyer dans un voyage aussi inattendu qu’inoubliable. Avec en prime 22 dessins et gravures de Delphine Gutron : trois talents réunis sur cette photo de Daniel Walther.

Attachez vos ceintures, décollage immédiat vers une destination chatoyante de couleurs et de sensations, d’impressions au gré de déplacements de deux poètes alsaciens à Montréal, Québec et bien plus loin encore.

 

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 CARNET DE VOYAGE À DEUX VOIX ENTRE DÉCOUVERTE ET RESSENTI

Premier constat. Autant vous prévenir : ne vous attendez surtout pas à un guide touristique avec cet ouvrage paru aux Éditions du Tourneciel dans la collection  “Le Miroir des échos”. Pas du tout le genre de livre qu’on emporte pour dénicher les “bonnes adresses” et autres “sites incontournables” à immortaliser avec votre appareil photo ou téléphone portable.

“Dans la paume d’une feuille d’érable”, c’est plutôt un carnet de voyage enraciné dans quantité d’impressions et de découvertes. Entre voir et raconter, découvrir et ressentir. Il n’existe pas de photo réunissant les deux auteurs au Québec. Et pour cause puisque leurs séjours respectifs n’auront jamais eu lieu aux mêmes périodes.

Albert Strickler est venu deux fois au Québec, entre participation à deux reprises au Festival International de la Poésie de Trois Rivières et retrouvailles familiales.

J’ai séjourné deux fois au Québec, chaque fois motivé par l’envie de revoir ma fille Cornélia installée à Montréal après avoir vécu à Ottawa. La première fois, j’y suis allé en 2010 avec Benjamin notre aîné et plus récemment en automne 2016” souligne-t-il en évoquant ses impressions québécoises. Cette expérience, il la raconte avec force détails dans son journal rédigé quotidiennement et publié chaque année dans la collection “Le chant du Merle” aux Éditions du Tourneciel. 

Jean-Christophe Meyer a aussi, effectué deux séjours au Québec, de quelques semaines à chaque fois.

Comme simple touriste la première fois. Et c’est alors que j’ai rédigé le texte paru avec les poèmes d’Albert… Et la deuxième fois pour promouvoir “Garde ton souffle pour le chant de la gratitude », un de mes précédents recueils, que Dominic Deschênes a choisi pour une de ses collections aux Éditions du Sablier à Québec”.

 

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Septembre 2016, Blienschwiller. De gauche à droite : Jean-Christophe Meyer, Dominic Deschênes, Juliette Amiel, Albert Strickler et Gabriel Braeuner,

 

AVEC LA COMPLICITÉ DU QUÉBÉCOIS DOMINIC DESCHÊNES

Dominic Deschênes ? Ce Québécois est un des créateurs des Éditions du Sablier  fondées en 2003 dans la ville de Québec et spécialisé dans la poésie.

Une intense complicité s’est forgée entre lui et les deux auteurs d’Alsace. Elle s’exprime intensément dans la préface rédigée le 9 mars 2017 à Québec. En effet, l’Alsace n’est plus une terre inconnue pour ce poète et éditeur.

On le retrouve sur cette photo de groupe prise en septembre 2016 dans la salle familiale du domaine François Meyer, au-dessus de la cave à Blienschwiller.  C’était à l’occasion d’une lecture poétique organisée par les Éditions du Tourneciel, et dont Dominic Deschênes fut l’invité d’honneur.

L’événement fut organisé pour la venue du poète québécois et la création des créations de la pianiste Juliette Amiel. compositrice de plusieurs œuvres inspirés de poèmes de “Les Aigrettes des cirses dans le jour qui naît”, avant-dernier recueil de Jean-Christophe Meyer.

Sur cette photo se trouve aussi l’historien Gabriel Braeuner, historien proche de la Bibliothèque humaniste et auteur des livres sur Sélestat et Colmar parus aux Éditions du Tourneciel.

 

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Escale à l’Ile d’Orléans pour Jean-Christophe Meyer

 

 “NOUS LES SUIVONS DANS LEURS PÉRÉGRINATIONS ÉMERVEILLÉES”

Quand on prend le temps de se promener à travers la “Belle Province” en compagnie de Strickler et Meyer, une évidence s’impose : les deux auteurs embellissent avec talent ce qu’ils ont vu, vécu, entendu … et compris aussi de cette terre francophone et de ses habitants d’Amérique du Nord.

Certes, comme l’affirme avec justesse Dominic Deschênes dans sa préface, ce livre “évoque les voyages que nos deux poètes ont fait loin de leur vallée du Rhin, dans une autre vallée fluviale, celle du Saint-Laurent. De Montréal au parc de la Bic, en passant par la Mauricie, le Vieux-Québec, le fjord du Saguenay, l’Ile-aux-Coudres et bien d’autres endroits, nous les suivons dans leurs pérégrinations émerveillées à travers les grands espaces du Québec, mais aussi au cœur de ses principaux sites historiques”.

En somme un livre pour deux approches poétiques à la fois différentes et complémentaires.

Entre observations et anecdotes, Jean-Christophe Meyer s’adresse à sa compagne venue découvrir le Québec avec lui : belle expérience commune développée avec force allusions et souvenirs, et enracinés dans des repères souvent plus géographiques que ceux des textes d’Albert Strickler. Lequel, en jongleur habile et amoureux des mots, laisse vagabonder son imagination vers des espaces souvent oniriques.

Il s’envole au gré des mots colorant ses “impressions québécoises” et utilise plusieurs fois dans chaque poème l’expression  “Québec je me souviens”. Évidemment une allusion à la devise du Québec … dont la signification historique aura suscité bien des controverses longuement développée ICI sur internet.

STRICKLER, AUTEUR-ÉDITEUR GUIDÉ PAR L’ÉCRITURE QUOTIDIENNE

 

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Plusieurs pages sont consacrés au Québec dans le Journal 2016 d’Albert Strickler

C’est évident, “Dans la paume d’une feuille d’érable” met en relief deux regards bien distincts du “vécu québécois” deux poètes d’Alsace. Le parcours de chaque auteur est singulier et ne ressemble pas à l’autre bien qu’à chaque fois enraciné dans l’Alsace natale.

Né en 1955 à Sessenheim,  Albert Strickler est l’auteur d’une bonne trentaine de livres. Et aujourd’hui plus que jamais, il publie depuis 1994 des volumes annuels de son fameux Journal aux titres des plus poétiques : “Comme un roseau de lumière”, “De feuilles mortes et d’étourneaux”, “Le cœur saxifrage”, “La traversée des éphémères”, “Les andains de la joie”, “Pour quelques becquées de lumière”, etc.

En plus de ces rendez-vous annuels avec ses lecteurs, il publie également divers recueils de poèmes ainsi et des ouvrages réalisés en binôme, notamment avec des plasticiens : Dan Steffan, Gilbert Mosser, Rolf Ball, Patrice Thébault, Colette Ottmann, Sylvie Lander, Gérard Brandt, etc.

D’où une (très) impressionnante bibliographie témoignant d’une inspiration permanente doublée par un évident besoin d’écrire chaque jour.

 

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18 décembre 2015. Médiathèque Intercommunale de Truchtersheim. Lecture de textes d’auteurs des Éditions du Tourneciel fondées par Albert Strickler

 

 MEYER : MILITANT DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE ALSACIENNES

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Photo extraite de l’entretien de Jean-Christophe Meyer dans le documentaire réalisé par le cinéaste allemand Andréas Ottmayer

 Né en 1978 à Blienschwiller, sur la Route des Vins, Jean-Christophe Meyer est journaliste au quotidien L’Alsace, à Saint-Louis où il rédige en alternance avec d’autres chroniqueurs le billet en alsacien du samedi.

 Ce fils de vigneron a publié plusieurs recueils en français avant son premier son premier ouvrage bilingue, “Lìechtùnge – Clairières” dans la collection “d’Fladdermüs” aux Éditions du Tourneciel.

Engagé dans diverses associations pour la défense de la langue et culture alsaciennes, il agit au sein d’AGATE (Académie pour une Graphie Alsacienne Transfrontalière  avec laquelle il a créé en 2010 le sentier des poètes de Blienschwiller.

Par ailleurs, une des étapes du sentier des poètes de Bischwiller lui est consacré à l’initiative de Sylvie Reff, auteure-compositrice-interprète, chanteuse, écrivain et poétesse qui a préfacé ce premier recueil bilingue.

Pas étonnant qu’on retrouve Jean-Christophe Meyer face à la caméra du cinéaste allemand Andréas Ottmayer dans son documentaire Schmierwurst & Baguette sur l’identité alsacienne. 

 

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Jean-Christophe Meyer : une des plumes retenues par Sylvie Reff pour la création du sentier des poètes à Bischwiller
 

EXPOSITION DE DELPHINE GUTRON AU CENTRE CULTUREL ALSACIEN

“Dans la peau d’une feuille d’érable” est un beau livre de poésie. Il retient l’attention tant par l’intensité textes de Jean-Christophe Meyer et Albert Strickler que la création graphique d’Olivier Klencklen. Ce livre est d’ailleurs présenté via son “regard de graphiste” sur son site reflétant un esthétisme des plus efficaces.

Dessins et gravures de Delphine Gutron constituent un atout de taille dans cet ouvrage. Du 10 au 30 juin, les œuvres inspirées par “le Québec de Strickler et Meyer ” sont exposées au Centre Culturel Alsacien à Strasbourg

“Nancéenne de naissance, alsacienne depuis près de 20 ans à présent, je grave et dessine des balades intérieures, des voyages de papier comme les estampes et les dessins réalisés pour le recueil de poèmes sur le Québec « Dans la paume d’une feuille d’érable » écrit par Jean-Christophe Meyer et Albert Strickler” confie-t-elle sur le site du Centre Culturel Alsacien.

Une série de six cartes postales a été éditée pour la sortie de ce livre. Elle reprend des œuvres du recueiul de poèmes. Soit trois cartes par auteur chaque fois illustré par un phrase poétique de chacun d’eux : une autre initiative des Éditions du Tourneciel qui mérite, elle aussi d’être connue et encouragée.

 

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Sélestat, dimanche 28 mai, 2017. Lecture au Fonds Régional d’Art Contemporain

 

“LES POÈMES LUS ENGENDRÈRENT UNE CARTOGRAPHIE ÉTRANGEMENT INCONNUE ET UNIVERSELLE A LA FOIS”

Hé oui, du 10 au 30 juin, Delphine Gutron expose dans ce haut-lieu de l’identité alsacienne situé à Strasbourg.

Samedi 17 juin à 14 heures, poésie et peinture sont d’ailleurs au rendez-vous avec les trois artistes mobilisés pour ce recueil : un des nombreux événements organisés par le CCA au fil des semaines.

Et Delphine Gutron de préciser : “Je dessine très lentement car le temps s’arrête dans le quotidien et l’encre prend alors la route, une marche quasi en temps réel, laborieuse ou bucolique, champêtre ou marécageuse, fluide ou saccadée. Les poèmes lus n’eurent pas de seconde vie, ils engendrèrent une cartographie étrangement inconnue et universelle à la fois, celle du voyageur qui sait ramasser les miettes de nature d’un peu partout comme celui qui collectionne les sables du monde entier”.

 

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 “COMME SI C’ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS”

Au fait comment s’y retrouver dans cet ouvrage de 64 pages réunissant deux manuscrits ? 

Pour que le lecteur puisse aisément distinguer les auteurs des deux cycles de poèmes, celui de Jean-Christophe Meyer (“Nous, pèlerins de l’aube”) est présenté en typographie droite alors que “Je me souviens” d’Albert Strickler apparaît en italiques.

Pas de doute, si vous avez déjà été au Québec ou que vous y viviez, ce livre vous offrira une vision attachante et insolite, inattendue assurément. Et des plus poétiques évidemment !

D’où ce constat final relevé dans la préface de Dominic Deschênes : “Même le lecteur québécois, après avoir refermé ce livre, peut regarder ces paysages qu’il habite au quotidien comme si c’était la première fois et s’en émerveiller à son tour”.

Une évidence à laquelle j’adhère avec conviction.

 Albert WEBER

“Dans la paume d’une feuille d’érable”, couverture et 64 pages à l’italienne. Éditions du Tourneciel. 20 euros.

Photos Daniel WALTHER, Albert WEBER et Jean-Christophe MEYER

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