J’ai passé quarante ans à faire mon métier de musicien, d’auteur, de compositeur, de « faiseur de chansons », d’interprète et d’arrangeur. J’ai enregistré 7 albums. Mon premier disque m’a valu d’être intégré dans Le 9e Art, une encyclopédie sur la chanson française contemporaine, parue à Bruxelles en 1978. Tandis qu’au Québec…
Jean Custeau dans son studio Bleuciel à Stanstead (Photo Albert Weber)
Au Québec, on a pu entendre mes chansons à Radio-Canada, la radio d’État, et dans certaines radios communautaires. Mais à la radio commerciale? J’en doute. Voici comment les radios commerciales font leur choix musical : une seule personne à Montréal décide de ce qui va tourner dans toutes les stations du réseau. Ainsi, tout ce que vous entendez au Québec dans les radios commerciales est choisi par 4 personnes : les directeurs musicaux de Rouge FM, NRJ, Rythme FM et CKOI. Idem pour la télé, idem dans le reste du Canada.
Il est évident que pas un artiste qui s’autoproduit n’est diffusé par ces réseaux : il faut être poussé par une grosse machine qui mettra argent et énergie pour faire « tourner » ses poulains les plus rentables. Or il y a dans toutes les régions des artistes de talent qui génèrent des productions et un contenu artistique de haute qualité.
Pourtant, ils sont confinés le plus souvent à la misère, à une vie sans dignité. Pour quelques-uns, une petite bourse gouvernementale viendra leur donner un mince répit, leur permettant de colmater les brèches financières les plus graves et de pouvoir vivre sans l’aide sociale (aide de dernier recours) pendant quelques mois.
Parlons justement d’argent : d’où vient celui des grands réseaux? Les radios commerciales tirent leurs seuls revenus des annonceurs. Or, au Québec, les entreprises locales contribuent en moyenne pour 68,3 % aux ventes de publicité. Ce sont des entreprises et des commerces d’une région donnée qui font vivre les radios commerciales dans cette même région.
Pourtant, aucun artiste de cette même région ne peut tourner sur leurs ondes. Plus des deux tiers des revenus viennent d’une région donnée, mais elles ne rendent rien à cette région.
On ne peut que conclure que cette situation est totalement immorale et doit cesser au plus vite. Dans un monde juste, les médias commerciaux de masse devraient diffuser une part raisonnable de répertoire régional. Les artistes doivent, par tous les moyens possibles, obtenir un espace légitime minimal de diffusion dans leur propre région pour pouvoir pratiquer leur métier avec un minimum de dignité.
Jean Custeau
Auteur-compositeur-interprète québécois
jeancusteau@hotmail.com
Surprises, émotion et talent : c’est autour de ces trois repères que se sont articulées les prestations musicales au Gala des Prix Trille Or jeudi 21 mars à Ottawa. Retour sur un des événements majeurs d’une chanson francophone qui déborde assurément de vitalité et d’inventivité : une réalité artistique pratiquement inconnue en France.
Trille ? C’est le nom de la fleur symbole de l’Ontario et célébrée ici sous l’angle de l’ “Excellence” : d’où cette fameuse expression “Trille Or” qui surprend sans aucun doute bien des amateurs de chansons francophones !
Michel Benac (LaFab Musique) en compagnie de ses deux artistes, Gabrielle Goulet et Michel Lalonde à droite
Cette 7e édition coproduite par l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM) et Radio-Canada Ottawa-Gatineau débordait vraiment d’énergie ! Nous voilà rassurés sur la multiplicité et la diversité des talents francophones de l’Ontario et de l’Ouest du Canada.
Plus qu’un numéro d’ouverture, une performance spéciale a été offerte par Tricia Foster (Ontario) et Marijosée (Manitoba) sur les chansons “M. Le Temps” et “Rebondir” : deux chanteuses d’une relève à la fois extravertie et talentueuse.
De quoi mettre de l’ambiance en guise de lancement de cette soirée animée par Martin Vanasse et Jhade Montpetit. Laquelle assurait aussi des entretiens en direct sur les ondes d’Espace Musique, durant les pauses publicitaires de ce Gala diffusé en direct sur le petit écran.
Parfois qualifié de sosie du chanteur Prince, l’exubérant Medhi, auteur-compositeur-interprète et guitariste, ici avec ses compères du Medhi Cayenne Club
Pas question de passer ici en revue toutes les prestations de chaque artiste et formation ayant pris une part active à la soirée.
Parmi les talents ayant coloré le gala, notons entre autres l’étonnant trio féminin Les Chiclettes, la chanteuse aux accents folk Anique Granger (Saskatchewan), Mastik (“rock progressif franco-ontarien”) et Mehdi Cayenne Club, formation “folk-rock-post-punk” décollant au quart de tour avec son emblématique chanteur, l’énergique Medhi.
Marie King entourée par Bobby Lalonde, sa fille Carole-Ann et Anique Granger
Marie King, incontestable Reine de la soirée
Un des temps forts aura incontestablement été l’hommage à Marie King offert avec émotion par le musicien Bobby Lalonde. Un hommage également mis en relief par cet artiste dans le programme du Gala, via un long texte entre anecdotes et commentaires :
“Ma chère Marie, ensemble on a voyagé ; on a fait plus d’une centaine d’émissions de la Veillée ; on a enregistré un album en une seule journée. Ce soir c’est avec fierté que je me joins à l’APCM pour célébrer la carrière d’une vedette populaire qui a laissé une marque forte sur la musique country canadienne, et en français par-dessus le marché” .
Face à l’auditoire enthousiaste au premier rang duquel se trouvait sa mère de 99 ans ( !) Marie King a reçu ce prix accompagnée de sa fille Carole-Ann. Et c’est peut dire qu’elle aura surpris tout le monde en montant sur scène pour chanter : une étonnante prestation aux allures de clin d’œil à son fameux et insusable répertoire country. Et cela juste avant de répondre avec malice et une totale décontraction aux questions de Jhade Montpetit.
Marie King est la première artiste féminine à recevoir cet honneur dans le cadre du Gala des Prix Trille Or. Elle est notamment célèbre pour son interprétation de la chanson “Quand le soleil dit bonjour aux montagnes”.
En 2009, elle a célébré son cinquantième anniversaire de carrière … dans la foulée de son premier album sorti en 1959 ! Au-delà de son demi-siècle sur les scènes et les studios, cette Franco-Ontariene a réellement marqué plusieurs générations, particulièrement dans l’univers de la musique country.
Enchaînant concerts et festivals au fil des décennies, elle s’est souvent distinguée – au-delà des ses milliers de spectacles – par ses titres à succès tels que “Ma petite Carole” dédiée à sa fille, ou encore “Cœur de maman”.
Un trophée des plus mérités : plus d’un demi-siècle au service de la musique country pour Marie King, ici en compagnie de l’animatrice Jhade Montpetit
Après Robert Paquette, Pierre Lamoureux, Alain Dorion, Paul Demers, Marcel Aymar et Donald Poliquin
Autant de repères dans la carrière de la toujours énergique Marie King lauréate de ce Prix Hommage célébrant “un artiste dont la carrière a rayonné dans l’industrie musicale et dont l’œuvre a laissé son empreinte dans la culture franco-ontarienne”.
Parmi les artistes ayant reçu ce prix depuis la première édition en 2001, on retrouve de sacrés piliers de la culture musicale franco-ontarienne comme Robert Paquette, Pierre Lamoureux, Alain Dorion, Paul Demers, Marcel Aymar et Donald Poliquin en 2011.
Pas de temps mort au cours de cette soirée pourtant fertile en remises de prix ! Pas moins de 10 ! Il est vrai que l’ambiance à la fois bonne enfant et des plus professionnelles se ressentait aussi bien sur scène que dans la salle accueillant un public de tous âges ne manquant pas d’exprimer sa joie.
De quoi réjouir les bénévoles mobilisés pour la circonstance, ainsi que les équipes de production de l’APCM et de Radio-Canada Ottawa-Gatineau, avec Caroline Yergeau (mise en scène), Mathieu Joanisse (direction artistique), François Pagé (réalisation de l’émission télévisée) ainsi que André Massicotte (réalisation et coordination de l’ensemble des émissions).
Si le Gala des Prix Trille Or souligne l’excellence de l’industrie musicale dans la francophonie canadienne, cette édition reflétait particulièrement la diversité des styles qui coexistent parmi les artistes nommés, les prestations et enfin les lauréats eux-mêmes.
Un chapitre s’est achevé avec cette intense cérémonie récompensant les artistes et groupes s’étant illustrés depuis 2011 : ce Gala a en effet lieu tous les deux ans.
Rendez-vous est donc donné en 2015 pour un autre coup de projecteur sur cette chanson d’expression française si riche en Ontario et dans l’Ouest canadien et -hélas – encore si peu mise en valeur en France.
D’où l’intérêt, pour les amateurs de chanson francophones ayant envie de découvrir de nouveaux répertoires, de s’aventurer sur les sites des lauréats des Trilles Or de cette année. Avis aux curieux en quête de découvertes au sens fort du terme.
Le décontracté Stef Paquette : une façon originale d’assurer les remerciements en tant que lauréat dans la catégorie “Meilleur album”
Visiblement ému et surpris, Paul Demers remporte le Prix SOCAN de l’Auteur, compositeur ou auteur-compositeur par excellence
Lauréats des Trille Or 2013
Interprète masculin par excellence – Damien Robitaille
Interprète féminine par excellence – Tricia Foster
Meilleur groupe – Les Chiclettes
Prix SOCAN de l’Auteur, compositeur ou auteur-compositeur par excellence – Paul Demers
Découverte - Les Chiclettes
Meilleur album – Stef Paquette – Le salut de l’arrière pays
Découverte de l’Ouest par excellence – Marijosée
Meilleur album de l’Ouest canadien – Daniel ROA
Prix Radio-Canada pour la chanson primée – Andrea Lindsay et Luc De Larochellière – C’est d’l’amour ou c’est comme
Prix Hommage – Marie King
Une vidéo pour en savoir plus sur le trio vocal féminin Les Chiclettes formé par trois artistes interprètes franco-ontariennes, Nathalie Nadon, Julie-Kim et Geneviève Cholette
Le Prix Radio-Canada pour la chanson primée est remporté par la Franco-Ontarienne Andrea Lindsay et le Québécois Luc De Larochellière pour “C’est d’l’amour ou c’est comme”. Ici durant leur prestation dans l’émission de Télé-Québec “Belle et Bum”
Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite et dans l’Ordre des Arts et des Lettres : décernées à Fred et Mauricette Hidalgo, ces deux distinctions viennent souligner “leur parcours, leur action, leur contribution et leur engagement au service de la Culture de notre pays”. Retour sur un événement ayant réuni nombre d’artistes et de personnalités du monde de la chanson aux Trois Baudets à Paris.
Cet article a paru une première fois le 28 octobre 2010 sur le site www.francomag.com, magazine d’informations artistiques et culturelles de l’espace francophone. En voici une version réactualisée.
Mauricette et Fred Hidalgo
En effet, c’est le mercredi 29 septembre 2010 – le même soir que le concert de Gilles Vigneault inaugurant le festival Limoilou m’en chante lancé par Pierre Jobindans la ville de Québec – que Fred et Mauricette Hidalgo ont reçu ces deux distinctions en laquelle ils veulent voir “une forme de reconnaissance officielle de la chanson”.
Il est vrai que ce couple est très connu dans le milieu de la chanson française mais aussi francophone. Fred et Mauricette Hidalgo sont les créateurs du mensuel Paroles et Musique en juin 1980, puis du trimestriel qui lui a succédé : Chorus, Les Cahiers de la chanson, considéré comme l’organe de référence de la chanson francophone.
Quotidien de la Réunion, 31 décembre 2000, Fred et Mauricette en reportage dans l’océan Indien
En compagnie de Guy Béart, Antoine, Alain Souchon, Gilbert Laffaille et Clarika
De gauche à droite, Guy Béart, Fred Hidalgo, Alain Souchon et le chanteur Antoine
Ces distinctions leur ont été remises par Jean-Michel Boris, qui aura été plus de quarante ans à la tête de l’Olympia. Le fait que l’événement ait eu lieu aux Théâtre des Trois Baudets s’affirme comme un symbole de leur quête incessante de nouveaux talents.
La cérémonie s’est déroulée en présence d’un cercle volontairement restreint d’invités, parmi lesquels des amis artistes représentatifs de toutes les générations et de tous les genres musicaux. Le créateur de L’Eau vive, Guy Béart, qui débuta dans ce lieu aux côtés de Brel, Brassens, Félix Leclerc ou Gainsbourg, a rappelé combien il appréciait le couple Hidalgo, “raison pour laquelle”, a-t-il précisé, il a “accepté de sortir en public pour la première fois depuis des années”.
Alain Souchon, Clarika, Gilbert Laffaille étaient également là, tout comme Antoine qui a rappelé publiquement qu’il avait sans doute été le premier à apprendre le projet de Paroles et Musique, en 1979 à Djibouti, lors d’une rencontre avec Fred et Mauricette Hidalgo sur son bateau !
Ce soir-là il a même précisé qu’à l’époque Fred Hidalgo menait aussi, sur place, un combat très important contre les dramatiques mutilations sexuelles infligées aux jeunes filles de la Corne de l’Afrique (infibulation), combat qui avait d’ailleurs provoqué la venue à Djibouti de la célèbre journaliste (elle était alors rédactrice en chef de “F Magazine”) et romancière Benoîte Groult, bien connue pour ses positions féministes.
25 octobre 1992, hebdomadaire Week-End, Ile Maurice : annonce du premier numéro de Chorus
Avec Jean-Louis Foulquier, Jo Masure, Patrick Printz et François Chesnais
Fred Hidalgo et Jean-Louis Foulquier
Étaient aussi de la partie nombre de professionnels, directeurs de festivals, écrivains et journalistes de presse écrite et de radio, ainsi que la plupart des anciens membres de la rédaction de Chorus.
Des directeurs de festivals (Jo Masure d’Alors Chante de Montauban, Bernard Kéryhuel de Chant’ Appart… et Jean-Louis Foulquier, fondateur des Francofolies de La Rochelle, qui fut plusieurs décennies durant le Monsieur Chanson de France Inter), des professionnels tels François Chesnais, directeur du Fonds pour la Création Musicale, ou Patrick Printz, venu spécialement de Belgique en sa qualité de directeur de Wallonie Bruxelles Musiques, principal organisme de soutien à la chanson en Belgique.
En présence de Hélène Nougaro, Marie-Françoise Balavoine et Patrice Dard
Avec Antoine et le romancier Patrice Dard. Au second plan à droite le chanteur acadien Joseph Edgar
Citons encore Serge Llado, humoriste, chroniqueur chez Laurent Ruquier, des amis proches commeHélène Nougaro, dernière épouse du chanteur qui l’a rencontrée à l’île de la Réunion dans des circonstances auxquelles Fred et Mauricette ne sont pas étrangers; Marie-Françoise Balavoine, la sœur de Daniel qui, en tant qu’attachée de presse, appréciait beaucoup le travail de Chorus.
Et aussi le romancier Patrice Dard, fils du grand Frédéric alias San-Antonio qui montrait une affection particulière pour Fred Hidalgo depuis leur rencontre en 1965.
A relever aussi que plusieurs artistes, retenus par des obligations professionnelles ce soir-là, avaient envoyé des mots extrêmement touchants que Fred Hidalgo a cités : Francis Cabrel, Kent Jean-Louis Jossic (Tri Yann), Allain Leprest, Thomas Fersen, Paco Ibañez, Nilda Fernandez, Jeanne Cherhal, Yves Duteil, Hubert-Félix Thiéfaine,… … et d’autres encore dont Michel Jonasz auteur d’un message où il regrettait vivement son absence en raison d’un tournage d’un film, alors qu’il voulait absolument être présent en ce 29 septembre, en souvenir notamment du premier numéro de Chorus paru fin septembre 1992 qui lui consacrait sa couverture.
Message de Jean-Jacques Goldman ” avec un zeste de malaise aussi “
Réagissant à l’annonce de ces distinctions, Jean-Jacques Goldman avait également adressé au couple Hidalgo un message exclusif lu par Jean-Michel Boris en ouverture de la cérémonie.
En voici l’intégralité :
“Bien sûr c’est mérité.
Bien sûr c’est vraiment mérité.
Bien sûr il y a des gens que la médaille honore et d’autres qui honorent les médailles.
Et s’il y en a deux qui “Méritent de la nation pour leur contribution à la chanson de notre pays”, ce sont bien eux, pas d’erreur.
Mais j’ai beau essayer, je n’arrive pas à me réjouir totalement.
Nous aurions tellement préféré que ces médailles n’arrivent que plus tard, bien plus tard, et que Chorus vive encore avec eux, qu’il transporte encore leurs transports, leur flamme…
C’est ainsi.
Mauricette, Fred, toutes mes félicitations, sincères, amicales…
Mais avec un zeste de malaise aussi.
Jean-Jacques Goldman”
Après Paroles et Musique et avant Chorus : publication d’un ouvrage de référence : Putain de chanson
” Un journal ça ne se fait pas tout seul ou même à deux, c’est le fruit d’un travail d’équipe”
Ci-contre, Françis Cabrel, un des parrains de Chorus avec Alain Souchon et Jean-Jacques Goldman
Première adjointe au maire de Paris chargée de la culture, Anne Hidalgo a tenu quant à elle à les féliciter et à leur “redire toute mon admiration pour ce que vous avez accompli dans les domaines de la culture et des arts “.
Rappelons que c’est la mairie de Paris, justement, qui a permis la renaissance de cette salle mythique des Trois Baudets créée par Jacques Canetti en 1947.
Après l’allocution de Jean-Michel Boris retraçant la trajectoire professionnelle du couple depuis 1974 (création d’un quotidien national et de deux hebdomadaires avant le mensuel Paroles et Musique et le trimestriel Chorus, parallèlement à leur activité, depuis 1984, d’éditeurs de livres consacrés à la chanson), puis la remise des insignes dans l’ordre national du Mérite et dans l’ordre des Arts et des Lettres, Fred Hidalgo a pris la parole durant une quinzaine de minutes pour remercier tous ceux qui… méritaient de l’être.
“A commencer par nos principaux et fidèles collaborateurs avec lesquels nous tenons évidemment et avant tout à partager ces médailles, car un journal ça ne se fait pas tout seul ou même à deux, c’est le fruit d’un travail d’équipe”.
“Jean-Michel Boris est la personnalité du monde professionnel qui nous a toujours inspiré le plus d’admiration et de respect”
Ci-contre Alain Souchon, à la une pour les 25 ans de Chorus et présent aux Trois Baudets pour l’hommage à Fred et Mauricette Hidalgo
Fred Hidalgo a aussi remercié Jean-Michel Boris pour ses mots si chaleureux en disant qu’ils prenaient d’autant plus de valeur “que Jean-Michel Boris est la personnalité du monde professionnel qui nous a toujours inspiré le plus d’admiration et de respect.
C’est un bonheur et un honneur à la fois de recevoir ces distinctions des mains de celui qui fut directeur artistique pendant plus de quarante ans de la salle chanson la plus mythique de l’espace francophone, qui plus est, aujourd’hui, dans ce Théâtre des Trois Baudets, où nous avons été chaleureusement accueillis par son directeur actuel, Julien Bassouls.
“Après l’Olympia, en effet, c’est historiquement la seconde salle la plus mythique qui soit, celle à qui l’on doit la découverte de tant de grands talents : Georges Brassens, Jacques Brel, Serge Gainsbourg, Boris Vian, Félix Leclerc, Serge Gainsbourg, etc., sans oublier Guy Béart qui nous a fait l’amitié d’être des nôtres ce soir : un formidable symbole”.
Fred a aussi déclaré que Mauricette et lui voulaient voir dans ces distinctions une forme de reconnaissance de la chanson, au bout de trente ans d’efforts sans trêve en sa faveur. Il a aussi remercié le métier et particulièrement les responsables “de terrain”, directeurs de festivals et de salles de spectacles qui sont des vitrines de découvertes de nouveaux talents, “ce qui a toujours constitué l’essentiel de notre quête “.
Il a aussi mis l’accent – comme le leur avaient dit Gilles Vigneault et Jean-Roger Caussimon – sur le fait que la chanson est une chaîne sans fin dont tous les chanteurs sont des maillons indispensables.
” C’est pour cela que nous avons toujours fait en sorte que chaque numéro de Chorus incarne cette chaîne en traitant du patrimoine et des nouveaux talents à la fois, en même temps que l’on couvrait l’actualité sous toutes ses formes, que les artistes soient connus ou pas “.
“Nous partageons évidemment ces médailles avec nos parents qui nous ont aidés et encouragés et avec nos filles qui ont dû subir le stress de nos bouclages”
Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie de Jean-Michel Boris et Julien Bassouls dans le reflet des miroirs
On le sait bien du côté du Québec et de l’Acadie notamment dont les artistes ont souvent été mis en relief dans ses colonnes
Ci-contre, une revue de référence pour la chanson d’expression française d’Amérique du Nord : dossier Charlebois et 3 pages sur le festival de St-Pierre et Miquelon
Ce fut, bien plus qu’une soirée professionnelle, plus qu’une reconnaissance bien méritée, le rendez-vous de l’amitié autour de l’amour partagé de la chanson.
Amour-amitié… Fred et Mauricette Hidalgo ont voulu enfin partager ces distinctions “avec nos parents qui nous ont aidés et encouragés et bien sûr avec nos filles Christine et Hélène en les priant de nous excuser des conséquences générées, dans leur enfance et leur adolescence, par le stress de chacun de nos bouclages au fil de ces longues années, car il a fallu s’employer sans réserve dans cette aventure de trente ans au service de la chanson, considérée comme un art…”
C’est d’ailleurs en considérant que ces distinctions représentaient une forme de reconnaissance de la chanson par les autorités françaises, que le couple a remercié le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, qui leur avait précisé que c’était sur sa recommandation, en plus de sa décision d’accorder la médaille des Arts et des Lettres à Mauricette Hidalgo, que Fred Hidalgo a été nommé chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Et ce dernier d’évoquer cette soirée en notant que “Chorus, compte tenu de son aura unique dans la presse musicale francophone, possédait tous les atouts pour continuer longtemps son travail de référence au service de la chanson francophone. Ces distinctions nous ont évidemment fait plaisir, mais en même temps elles ont remué cruellement le couteau dans la plaie. Jean-Jacques Goldman a bien exprimé le sentiment général, comme l’a d’ailleurs noté Jean-Michel Boris…”
L’impact de Chorus a été très important pour tous les acteurs de la chanson française, mais son envergure francophone – on le sait bien du côté du Québec et de l’Acadie notamment dont les artistes ont souvent été mis en relief dans ses colonnes : tables rondes, rencontres, portraits, festivals, reportages, chroniques d’albums et de livres, etc. – lui conférait une place tout à fait à part non seulement dans la presse musicale contemporaine mais dans l’histoire même de celle-ci, ces “Cahiers de la chanson”, avec leur vocation quasiment encyclopédique, n’ayant jamais eu d’équivalent.
On ne peut donc que souhaiter – avec l’ensemble des lecteurs, des artistes et des professionnels qui se déclarent aujourd’hui “orphelins de Chorus” – une éventuelle renaissance de cet “organe de référence de la chanson francophone”.
Militantisme au cœur de la chanson francophone
Ci-contre, décembre 2003 : dossiers sur Lynda Lemay, François Béranger et l’ami Marc Robine
Chevaliers dans l’Ordre National du Mérite et dans l’Ordre des Arts et des Lettres : à vrai dire, ces honneurs ne se limitent pas à “leur parcours, leur action, leur contribution et leur engagement au service de la Culture de notre pays”.
Car la chanson francophone a toujours été une priorité chaque trimestre dans Chorus, et pas seulement à travers les articles mais aussi dans nombre d’initiatives en coulisses.
Un exemple parmi d’autres : Lynda Lemay dont les premiers pas en France ont bénéficié d’un coup de pouce de Fred et Mauricette Hidalgo. L’ayant découverte à Québec sur une prestation de trois chansons, ils l’ont mise aussitôt en relation avec le Tremplin de la chanson du Chorus des Hauts-de-Seine, tremplin grâce auquel la chanteuse allait rencontrer, enthousiastes à l’issue de son passage, la directrice du Sentier des Halles, Nicole Londeix, qui allait la programmer à Paris, et Geneviève Girard qui allait devenir son agent en France avec Azimuth Productions.
Et si Pierre Jobin – ancien créateur de la Maison de la Chanson à Québec, voir dossier sur ce webmagazine – n’avait pas invité Fred et Mauricette à l’inauguration de ce haut lieu de la chanson dans la ville de Québec, le couple Hidalgo n’aurait pas vu chanter aussi tôt Lynda Lemay. Et celle-ci n’aurait pas bénéficié de ce sérieux coup de pouce qui lui a sans doute fait gagner bien du temps.
Avril 2001, double page sur Chorus dans la lettre bimestrielle des sociétaires de la SACEM
“Pierre Jobin a eu raison bien avant tout le monde”
13 novembre 2007 : Pierre Jobin présente le dossier sur la Maison de la Chanson lors d’une soirée de soutien à Chorus à l’Espace France, Québec (Photo Albert Weber)
Autre facette francophone de Fred et Mauricette Hidalgo, et non des moindres : Pierre Jobin en parle dans le troisième volet du dossier consacré sur ce webmagazine : la carte de n° 1 des “Amis de la Maison de la Chanson du Québec” décernée à Fred Hidalgo… et non pas à Luc Plamondon, comme le pensaient et souhaitaient nombre de professionnels québécois.
Comme quoi le Québec avait “reconnu” le rôle de Fred Hidalgo depuis 1980 au service de la chanson francophone dès octobre 1994 soit seize ans avant la réaction officielle du ministère français de la Culture et de la Communication.
En témoigne le reportage de trois pages paru dans Chorus n° 10 en décembre 1994 sous le titre : “Dans ma maison d’amour – Quand le Québec met la chanson en maison”.
A la lumière de ces distinctions nationales, on peut penser en effet que Pierre Jobin avait vu juste non seulement avant tout le monde mais, semble-t-il, “contre” les membres de son propre conseil d’administration de l’époque.
IL est vrai – mais faut-il vraiment le répéter ? – que les initiatives journalistiques de Fred et Mauricette Hidalgo ont TOUJOURS concerné la francophonie et même l’espace francophone au sens large. Raison pour laquelle Fred Hidalgo a toujours parlé de chanson francophone et non étroitement “franco-française”.
Hedbomadaire Week-End, Ile Maurice : 12 mai 1985, à l’époque de Paroles et Musique …
Plusieurs membres de l’équipe ont travaillé à un projet de renaissance de Chorus
Reste au final une note d’espoir allumée au cours de la cérémonie aux Trois Baudets, le 29 septembre 2010 : un projet de renaissance de Chorus mené par plusieurs membres de son équipe de rédaction, les plus jeunes en particulier, qui voient dans ce titre non seulement une revue chargée d’histoire mais surtout pleine d’avenir. Mais hélas, il n’y a pas eu de suite à cet projet suivi avec attention par nombre de passionnés des deux bords de l’Atlantique, voire d’ailleurs dans l’espace francophone.A découvrir le blog de Fred Hidalgo :Si ça vous chante
Rendu public lors de la création de Chorus, ce constat de Fred Hidalgo est plus que jamais d’actualité
Avis aux chansonneurs, compositeurs et paroliers de la relève ! Le Festival en chanson de Petite-Vallée les invite à s’inscrire sans tarder pour faire partie de la sélection officielle de sa prochaine édition. Les créateurs de chanson ont jusqu’au 1er avril pour effectuer leur inscription au www.festivalenchanson.com.
L’auteur-compositeur-interprète et directeur du Festival en Chanson de Petite-Vallée Alan Côté, en compagnie de Michel Fugain, “passeur” de l’édition 2013
Parmi les gens qui auront soumis leur candidature, huit chansonneurs, deux compositeurs et deux paroliers seront invités à vivre en bord de mer cette fête de la chanson. Ateliers, encadrement professionnel, spectacles, rencontres, partage et confrontations d’idées seront au programme. Des prix et des bourses y seront remis, comme autant de tapes sur l’épaule et d’encouragements à aller de l’avant, sans qu’aucune élimination n’ait lieu.
C’est sous le thème “encore et encore des chansons” que le Festival en chanson de Petite-Vallée rassemblera, du 27 juin au 6 juillet 2013, les amoureux et les artisans de la chanson francophone autour de Laurence Jalbert, artiste passeur de sa 31e édition.
Eté 2012, devant le Camp Chanson, Daniel Lavoie et Marc Chabot : les deux “arrimeurs” des Rencontres qui chantent” organisées par le Village en chanson de Petite-Vallée et l’Alliance nationale de l’industrie musicale pour “mettre en place des résidences de création artistique pour les artistes émergents de la francophonie du Canada et de l’étranger”.
Eté 2012. Salut final des “12 Hommes rapaillés”, formidable spectacle créé par Gilles Bélanger et inspiré de l’œuvre poétique du Québécois Gaston Miron
Guillaume Arsenault, formateur au Camp chanson
L’auteur-compositeur-interprète gaspésien Guillaume Arsenault se joindra, à l’été 2013, à l’équipe de formateurs du Camp chanson de Petite-Vallée. Ce camp de vacances spécialisé en chanson offre depuis maintenant 13 ans, des formations professionnelles tant aux clientèles jeunesses qu’adultes.
Guillaume Arsenault agira comme formateur du séjour d’écriture de contes et de chansons, qui se déroulera du 12 au 18 août 2013. Dédié aux adolescents âgés entre 14 à 17 ans, ce séjour propose une formation d’écriture et de composition de chansons, lesquelles seront présentées à la fin de la semaine lors d’un spectacle. Les jeunes intéressés par ce séjour peuvent s’inscrire SANS TARDER au www.villageenchanson.com/camp.
Petite-Vallée : un cadre unique, au bord du Saint-Laurent
Laurence Jalbert, artiste-passeur du 31e Festival en chanson
Laurence Jalbert assumera le rôle de porte-parole de son 31e Festival en chanson, qui se déroulera du 27 juin au 6 juillet 2013 sous le thème “Encore et encore des chansons”
L’auteure-compositrice-interprète gaspésienne n’en sera pas à sa première expérience au Festival en chanson. En effet, cette dernière fut “marraine” de l’événement en 1995. Depuis, il s’est coulé beaucoup d’eau dans le grand fleuve et les marraines sont devenues des artistes-passeurs, les formateurs des arrimeurs et les participants de la sélection officielle, des chansonneurs.
Il n’y a plus de concours mais le Festival demeure tout aussi pertinent. D’ailleurs, malgré tous ces changements, la mission du Festival reste la même et la trente-et-unième édition en sera un rappel en promettant “encore et encore des chansons”.
Le Festival en chanson, c’est dix jours de festivités durant lesquels un artiste passeur expérimenté et une douzaine d’artistes en émergence sont mis de l’avant. Des ateliers avec des formateurs professionnels sont dispensés et de nombreuses bourses sont offertes comme autant d’encouragements, soulignant les forces des participants sélectionnés. De plus, une pléiade d’artistes professionnels offre aux festivaliers une programmation des plus diversifiées.
Depuis maintenant 30 ans, le Festival a su révéler plusieurs artistes québécois dont Isabelle Boulay, Daniel Boucher, Catherine Major, Pépé, Alecka et plus récemment Bernard Adamus, Patrice Michaud, Lisa LeBlanc et Émile Proulx-Cloutier. Nombre d’artistes et de groupes français s’y sont aussi produits au fil des ans, tels Alexis H.K en 2012 ou bien Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol, alias Alcaz, duo de Marseille en 2010.
Eté 2010 : le duo français Alcaz devant la célèbre citation de Félix Leclerc, repère par excellence de cet attachant festival québécois
Voir les articles sur la 30ème édition du Festival sur le site www.francomag.com
Source Marc-Antoine Dufresne Adjoint à la direction artistique et aux communications Village en chanson de Petite-Vallée
C’est dans la nuit du 15 au 16 juin 2012 qu’est décédé Maurice Segall, incontestable et attachant pionnier de la promotion de la chanson francophone d’Amérique du Nord en France. Il avait 71 ans.
Hommage lui a été rendu à plusieurs reprise durant la FrancoFête en Acadie en novembre dernier 2012. L’idée d’un “Prix Maurice Segall” destiné à encourager la relève artistique francophone y a même été lancée par l’auteur de cet article : une piste de réflexion émise après avoir pris la parole pour évoquer la mémoire de Maurice Segall face aux délégués internationaux, aux côtés de René Légère, président de la Société nationale de l’Acadie (SNA) à la salle Empress à Moncton, Nouveau-Brunswick.
René Légère aura été un des Acadiens qui a connu Maurice Segall dès la première édition des Déferlantes Francophones de Capbreton, en juillet 1998. D’où son émouvant témoignage livré en juin 2012 dans un communiqué de presse de la SNA.
“Étant tombé amoureux de la culture acadienne, Maurice Segall a été, au milieu des années 90, l’un des premiers à ouvrir la porte de la France aux artistes acadiens. C’est par la voix des Déferlantes francophones de Capbreton, dans le sud-ouest de la France, que Monsieur Segall a voulu offrir une grande vitrine aux artistes acadiens et au reste de la francophonie canadienne.
Depuis la première édition des Déferlantes francophones en 1998, il a permis à des dizaines d’artistes acadiens tels que Suroît, Joseph Edgar, Ronald Bourgeois, Grand Dérangement et Marie-Jo Thério, de présenter leurs créations au public français, et ce, sur de nombreuses scènes françaises.
Maurice Segall a été un grand ambassadeur de la culture acadienne en France. Il a permis à l’Acadie de se faire voir et de se faire entendre aux quatre coins de la France », déclare le président de la Société Nationale de l’Acadie, René Légère, qui a eu la chance de travailler étroitement avec Monsieur Segall dans l’organisation de la toute première édition des Déferlantes francophones en 1998.
Les implications de Monsieur Segall ne se limitent pas non plus qu’aux Déferlantes francophones. Son travail de sensibilisation au marché artistique acadien s’est étendu à toute l’Europe. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à lui que l’Acadie occupe une place de choix dans plusieurs grands événements, dont le Festival Interceltique de Lorient. Ce qui est remarquable avec Maurice, c’est que tout ce travail, il ne le faisait pas pour lui ou pour faire avancer sa carrière, mais il le faisait bien pour l’Acadie”.
En attendant que l’idée d’un Prix Maurice Segall axé sur la relève de la chanson francophone d’Amérique du Nord fasse son bonhomme de chemin, revenons sur le destin sans frontières de cet amoureux de la francophonie avec cet article (réactualisé) e publié une première fois le 12 mars 2010 sur le site www.francomag.com.
Cet article a paru à l’occasion de la première édition du festival AAh ! Les Déferlantes ! accueilli du 12 au 18 mars 2010 à Portes-Lès-Valence, au Train-Théâtre dirigé depuis 2004 par Luc Sotiras. De quoi donner envie de partir à l’aventure en compagnie de Maurice Segall. Sans doute un des professionnels français les plus reconnus pour ses initiatives en faveur de la francophonie d’Amérique du Nord.
Parler de « figure majeure du développement de la chanson francophone d’Amérique du Nord en France » est un euphémisme quand on songe au destin de Maurice Segall.
Sa trajectoire personnelle et professionnelle s’enracine dans une triple volonté : découvrir des artistes et groupes de la relève; faire connaître en France des valeurs sûres appréciées sur leur terre natale mais souvent inconnues à travers l’Hexagone et partager avec un public toutes générations confondues ces talents qu’il met en valeur dans des événements artistiques et culturels aux accents pluridisciplinaires, entre chanson, musique, cinéma, photographie, etc.
Embarquement immédiat pour un long voyage qui va s’étaler sur plusieurs décennies. Un périple sous diverses latitudes et plusieurs continents, en suivant à la trace (ou presque) ce professionnel dont les Déferlantes Francophones ne constituent – à vrai dire – qu’une facette parmi tant d’autres d’une existence fertile en rebondissements. En indispensables et inévitables remises en question aussi qui lui ont permis de prendre en main son destin,…
Quitte, évidemment, à s’aventurer sur des sentiers escarpés, bien lointains de la route toute tracée et sans surprises majeures qui l’attendait – doucement mais sûrement – jusqu’à une “retraite bien méritée” .
Une formule habituellement employée pour saluer le départ d’un salarié ayant assuré durant plusieurs dizaines d’années un emploi dans la même entreprise. Mais ici pas question de “bons et loyaux services” dans la même structure professionnelle durant plusieurs dizaines d’années.
Nous allons voyager de Paris aux Nouvelles-Hébrides et à Portes-lès-Valence en passant par le Québec et l’Acadie. Sans oublier des escales du côté de Pralognan-la-Vanoise en Savoie, et Capbreton dans les Landes ainsi que la péninsule de Cap-Breton, là-bas en Nouvelle-Ecosse.
1999, 2ème Déferlantes Francophones à Capbreton. Entre Acadie et Québec avec Ronald Bourgeois, Marie-Jo Thério et Jim Corcorran
Ce voyage à travers le temps et l’espace sera illustré d’une sélection de photos et de documents de 1998 jusqu’à nos jours
Ci-contre : 1999, 2ème Déferlantes Francophones : Ronald Bourgeois, Maurice Segall, Marie-Jo Thério et Jim Corcorran
Oui, remontons un peu dans le temps ! Ce voyage à travers le temps et l’espace sera illustré d’une sélection de photos prises depuis 1998 jusqu’à nos jours, voici quelques semaines durant la Bourse Rideau dans la ville de Québec. 1998, c’est-à-dire les premières Déferlantes Francophones de Capbreton où nos chemins se sont croisés pour la première fois. Un événement que je venais couvrir pour le trimestriel Chorus, les cahiers de la chanson.
La première fois que j’ai entendu parler de Maurice Segall, c’est en juin 1998, durant la réunion de rédaction trimestrielle de Chorus, au domicile de Mauricette et Fred Hidalgo. C’est lui – à la fois directeur de la publication et de la rédaction de Chorus – qui m’a mis sur la piste de Maurice. Il venait de recevoir un dossier de presse de sa part … Fred Hidalgo m’a parlé de celui qui n’était encore qu’un illustre inconnu alors que je posais une question au sujet d’une brève parue dans Chorus : une brève parmi des dizaines d’autres dans ce numéro qui faisait – comme chaque année à la même période – la part belle aux nombreux festivals organisés un peu partout en France, voire dans l’espace francophone.
Et voici que Chorus annonçait le lancement d’un nouveau festival à Capbreton (voir ci-contre) Et ce qui avait retenu mon attention dans le programme, c’est précisément le nom de l’auteur-compositeur-interprète acadien Ronald Bourgeois …Nous avions sympathisé près d’une année auparavant, en juillet 2007, sur l’archipel français de Saint-Pierre et Miquelon. Ronald s’y trouvait à l’occasion des premières Franco-Marines de SPM, festival organisé aussi bien à Saint-Pierre qu’à Miquelon, voire sur la toute proche Ile aux Marins par Henri et Marie-Andrée Lafitte. La perspective de retrouver Ronald m’emballait…
Et c’est ainsi que sur les conseils de Fred Hidalgo je téléphonais sans tarder à ce mystérieux Maurice Segall !. Lequel fut assurément très surpris par une telle démarche journalistique : Chorus s’intéressait à un festival n’ayant pas encore eu lieu ! Et voilà comment je suis arrivé à Capbreton pour une première édition accueillant plusieurs artistes et groupes qui ont – depuis ces Déferlantes 1998- souvent croisé ma route : Edith Butler, Grand Dérangement, Suroît, Grand Dérangement, etc.
Février 2010, Québec. Avec Luc Sotiras, directeur du Train-Théâtre avant une réunion de travail des diffuseurs européens.
Sans Luc Sotiras, la page des Déferlantes aurait sans doute été définitivement tournée après l’été 2008
Eté 2003 à Capbreton. Luc Sotiras et Maurice Segall en compagnie de professionnels des deux côtés de l’Atlantique réunis pour créer une association … qui ne verra jamais le jour
Cette première édition à Portes-lès-Valence est le prétexte idéal pour évoquer le parcours de Maurice Segall … et en même temps saluer l’amicale invitation lancée par Luc Sotiras, directeur du Train-Théâtre depuis six ans. Car sans lui, la page des Déferlantes aurait sans doute été définitivement tournée après l’été 2008, après 11 éditions estivales à Capbreton et quatre autres hivernales à Pralognan-la-Vanoise. Autant de manifestations organisées sous l’égide de Passerelle Francophone, structure associative créée par Maurice et Françoise Segall. Comme l’avait spontanément confié Roland Le Blevenec en janvier 2010, aux Trois Baudets, sans la réaction de Luc Sotiras, c’en était fini des Déferlantes…
Il est vrai aussi que Luc et Maurice se connaissent depuis pas mal d’années, au gré de leur participation à nombre de manifestations organisées des deux côtés de l’Atlantique : Nuits Acadiennes, FrancoFête de Moncton, Coup de Cœur Francophone de Montréal, Bourse Rideau de Québec, L’Estival de Saint-Germain-en-Laye pour ne citer que ces quelques événements francophones parmi tant d’autres…
FrancoFête 2000 : Luc Sotiras en compagnie de Christian Bordatier (Wagram Music), la gérante d’artistes Carole Chouinard et Pascal Auclair (OVNI Prod)
“Or ce festival n’existait que parce qu’il avait une âme et qu’il tenait à garder son cap d’origine”
« Capbreton c’est fini mais le festival continue ! » : clairement annoncée, la volonté de continuer dans le même état d’esprit s’affiche sur la page d’accueil du site officiel de AAH ! Les Déferlantes ! En témoigne la qualité et la diversité des artistes et groupes programmés, fidèles à ce que l’on avait jusqu’à présent l’habitude de voir et d’écouter sur les scènes de Capbreton et de Pralognan-la-Vanoise.
Autre indice, le long texte signé conjointement par le directeur du Train-Théâtre et le directeur de Passerelle Francophone dans le programme du festival. Evoquant les Déferlantes Francophones de Capbreton et le décalage survenu au fil du temps entre sa mairie et Passerelle Francophone – nous y reviendrons ultérieurement – Luc Sotiras et Maurice Segall s’expliquent.
«Mais il arrive, comme dans les couples, que l’on ne soit plus d’accord sur les orientations à prendre. Or ce festival n’existait que parce qu’il avait une âme et qu’il tenait à garder son cap d’origine. Le Train-Théâtre, en toute amitié et en connaissance de cause (son équipe accueillant depuis des années des artistes de la francophonie canadienne, collaborant à des projets de coopération : « le Grand 8 » et participant à des réseaux internationaux francophones) a permis que l’aventure continue ». Et les deux compères de précisent ainsi leur pensée : «Il y a eu comme une convergence évidente entre une salle qui suscite, depuis plus de 15 ans, le désir comme locomotive de moments de vérité, de rencontres, de consciences et un festival dont le moteur est l’urgence, dans un monde dans lequel on vit, d’être curieux et ouvert ».
Eté 2008, Capbreton : sur la grande scène avec Monique Giroux, de Radio Canada
“Une parenté faite de silences, de regards, de gestes, de rires et de colères retenus, ceux qui se moquent ou qui s’amusent des mêmes choses que vous”
2006, Déferlantes. Tremplin de la relève avec Suzanne Legère, Alexandra Hernandez, Damien Robitaille, Guy-Philippe Wells et Joseph Edgar
Au-delà de ces déclarations communes, un autre repère s’affirme dans la présentation d’AAH ! Les Déferlantes ! Il s’agit de Monique Giroux, connue à travers tout le Canada francophone pour ses émissions sur la chanson d’expression française diffusées en direct sur Radio Canada.
On l’a souvent vu à l’œuvre à Capbreton, que ce soit sur scène ou en coulisses, notamment en train de présenter les artistes chantant dans le cadre du tremplin ayant confirmé des talents tels queDamien Robitaille, de l’Ontario, ou Alexandra Hernandez, de Saint-Pierre et Miquelon. Et on l’a aussi vu sur la (très) grande scène de Capbreton lors de la dernière édition, en compagnie du député-maire Jean-Pierre Dufau et de Maurice Segall. Incontestable spécialiste de la chanson québécoise – et plus globalement francophone d’Amérique du Nord – Monique Giroux fait allusion à la manière dont elle « se sentait bien » à Capbreton.
Et la voici qui reprend un extrait d’un roman de Françoise Sagan, histoire d’illustrer son état d’esprit. Une manière de voir et de vivre qui insiste sur la parenté créée au fil des éditions des Francophones de Capbreton : « Une parenté faite de silences, de regards, de gestes, de rires et de colères retenus, ceux qui se moquent ou qui s’amusent des mêmes choses que vous. Contrairement à ce qui se dit, ce n’est pas pendant la jeunesse qu’on les rencontre le plus souvent, mais plus tard, quand l’ambition st remplacée par l’ambition de partager ».
Dépliants des Déferlantes Francophones de Capbreton : 2004, 1999 et 1998
Aux Nouvelles-Hébrides, Maurice Segall est un jeune coopérant fraichement sorti de Sciences Politiques à Paris
Ci-contre : Déferlantes 2003, avec le député-maire Jean-Pierre Dufau
Et c’est justement cette carte du partage que Luc Sotiras et Maurice Segall ont décidé de jouer en ce mois de mars 2010. Une carte qui fait depuis plusieurs dizaines d’années partie du jeu de Maurice Segall : il l’a d’abord joué à des milliers de kilomètres de la France, aux Nouvelles-Hébrides, jeune coopérant fraichement sorti de Sciences Politiques à Paris. Cet archipel du Pacifique c’est un des premiers repères dont il m’a parlé en ce dimanche 14 février, dans l’autobus emmenant la délégation de professionnels européens de Montréal vers la ville de Québec, pour la Bourse Rideau.
Nous sommes assis tous les deux tout à fait à l’arrière du bus, près de plusieurs personnes qui parlent, rient, ou récupèrent d’une nuit plus courte que d’habitude. De l’autre côté de la vitre défile le paysage québécois entre nature et maisons isolées avec ici et là quelques bâtiments sortant de l’ordinaire, tel le célèbre hôtel-restaurant Madrid, en bordure de route, plus proche de Montréal que de Québec, avec ses reproductions d’animaux préhistoriques qui montent la garde juste devant l’aire de stationnement.
Ici dans l’autobus, nous sommes loin, Maurice et moi.Embarqués durant plus de 45 minutes dans un voyage à remonter le temps. Et il est bien loin le temps où Maurice Segall faisait ses premiers pas à l’Office franco-québécois de la jeunesse.
Capbreton 2008 : sous la présidence de Pierre Barouh, réunion du jury du tremplin de la relève
“J’ai subi comme une sorte de choc culturel en écoutant Lindberg, la chanson de Charlebois qui tournait à ce moment là assez régulièrement à la radio”
Août 2003, Capbreton, entre Zachary Richard et Robert Charlebois
«Ca a débuté il y a pratiquement 41 ans jour pour jour en février 1969. Je ne connaissais absolument rien au Québec avant de rentrer à l’Office. Avant, j’ai subi comme une sorte de choc culturel en écoutant Lindberg, la chanson de Robert Charlebois qui tournait à ce moment là assez régulièrement à la radio. A mon arrivée dans les locaux de l’Office franco-québécois je pensais que je n’y passerai qu’un an avant d’aller voir ailleurs. Et j’y suis resté plus de 20 ans, en tombant progressant amoureux du Québec, des Québécois et des Québécoises. Et ils m’ont définitivement mordu ».
Et le voici qui se met à raconter « une anecdote qui peut-être va t’expliquer bien des choses. J’ai toujours été très nul en anglais et j’ai donc fait Sciences-Po. Mais j’ai du refaire une année car à l’oral d’anglais j’ai eu un demi point sur 20 alors que j’étais par ailleurs un élève très brillant. Donc j’ai voué comme une sorte de … non pas de haine … mais de blocage par rapport à l’anglais ».
Capbreton 1998 : en compagnie de René Légère, alors directeur de la Société Nationale de l’Acadie et Janic Godin, du groupe Trans-Acadie
“Quand je suis rentré à l’Office je ne connaissais pratiquement rien du Québec et j’ai appris l’Histoire et la façon dont la France a traité son ancienne colonie”
Au terme de ses études, il vivra pendant un an et demi aux Nouvelles-Hébrides, l’actuel Vanuatu. C’est alors un condominium franco-britannique. Maurice Segall s’y occupe du service information de la Résidence de France entre journal et station de radio. «J’ai ainsi travaillé sur un archipel constitué des minorités francophones, anglophones et le reste de la population parlait la langue vernaculaire. C’est vrai qu’i y avait déjà une sorte de combat entre guillemets entre la Résidence de France et britannique et ça a sans doute développé ce sentiment chez moi ! Je me suis plus intéressé aux relations internationales concernant la France… mais cela dit je ne m’étais à l’époque pas du tout passionné pour les relations avec le Québec ! Quand je suis rentré à l’Office je ne connaissais pratiquement rien du Québec et j’ai appris l’Histoire et la façon dont la France a traité entre guillemets son ancienne colonie ; elle l’a lâché… Puis ca a été la découverte de l’Acadie et du Grand Dérangement, mais beaucoup plus tard. Ca m’a passionné ! ».
En poste aux Nouvelles-Hébrides de septembre 1967 à décembre 68, le jeune coopérant y développe son goût du micro et de l’information.«Je m’occupais de la programmation d’une française, avec les bulletins d’informations … en fait de toute la programmation, et ça a développé chez moi le gout de la radio et du micro. Il y avait aussi un journal de quatre pages publié tous les quinze jours, et j’y mettais des annonces locales ».
Moncton, FrancoFête 2000 : avec Patrick Verbeke et Gerry Boudreau – deux pilliers des premières Nuits Acadiennes à Paris – et Patrice Boulliane, du groupe Blou
Fin de l’expérience de coopérant aux Nouvelles-Hébrides, et le besoin de trouver rapidement un emploi en France
Ci-contre. Février 2000 : entrée de la péninsule de Cap-Breton, Nouvelle-Ecosse, en route vers Sydney pour les ECMA
Arrivent la fin de l’expérience de coopérant à l’autre bout du monde, aux Nouvelles-Hébrides, et le besoin de trouver rapidement un emploi en France. Une priorité car il allait se retrouver, en 1968, papa à 26 ans. Il contacte sans tarder un responsable des radios françaises d’outremer, en charge par la suite des stations régionales en France. En poste à Nouméa, ce professionnel des ondes l’avait entendu sur sa station des Nouvelles-Hébrides. Appréciant son travail, il avait suggéré à Maurice de faire appel à lui à son retour en France.
Et le voici qui propose à Maurice Segall un poste dans la Drôme, “mal payé et avec le besoin de quitter Paris et d’y déménager”. Pas de quoi l’emballer l’ancien coopérant pourtant en quête d’un emploi stade à trouver rapidement … Il décline donc cette offre, espérant trouver mieux. D’où sa démarche au bureau des anciens de Science Po où plusieurs emplois lui sont proposés. «On m’a aussi parlé de l’Office franco-québécois pour la jeunesse. Du genre : je vous le dis mais je ne sais pas vraiment ce que ça vaut … j’ai donc d’abord fait le tour des autres administrations : on y était très bien payé mais si c’est pour s’’emmerder souverainement …
Finalement il s’agissait du boulot le moins payé et situé pas trop loin de là où j’habitais : ça a donc été l’Office !» En acceptant ce poste, Maurice Segall vient de mettre le pied dans un univers auquel il sera désormais toujours fidèle : la francophonie d’Amérique du Nord.
Retrouvailles à Belle-Ile-en Mer à l’occasion de l’assemblée générale des Amitiés Acadiennes
« Ca fait maintenant 41 ans que je voyage entre la France et le Québec à raison, en moyenne, de trois déplacements par an, soit plus de 120 voyages”
Lancées sous l’égide de Magic Blues et Patrick Verbeke, avec le soutien de Gerry Boudreau, les Nuits Acadiennes ont été, durant plusieurs années, un événement auquel Maurice Segall aaussi pris une part active
Le voici devenu responsable des charters : il fallait les remplir au départ de Paris et Montréal et s’occuper de l’équipe d’accueil à Paris. Entré à l’OFQJ en février 1969, il découvre le Québec sous tous ses angles avec des déplacements réguliers de l’autre côté de l’Atlantique.
« Ca fait maintenant 41 ans que je voyage à raison, en moyenne, de trois déplacements par an, soit plus de 120 voyages. J’ai arrêté l’Office en mai 1989, à 47 ans. Je m’y emmerdais comme responsable des opérations spéciales : du genre affréter un paquebot ou m’occuper de l’année mondiale des radios communautaires ».
Et il y a aussi une autre raison qui l’incite à prendre ses distances. La secrétaire général de l’époque voulait que je réfléchisse à l’avenir de l’OFQJ. J’avais des idées pour que l’Office évolue. Tout le monde m’a félicité pour le rapport mais au bout d’un an je me suis rendu compte que n’avait bougé et n’allais pas bouger. Alors je leur ai dit : « je vous compte cher et je ne sers à rien ». Et j’ai négocié mon départ ».
FrancoFête de Moncton en 2004 : Maurice Segall en compagnie des chanteurs Gary Gallant, de l’Ile-du-Prince Edouard et Pierre Robichaud, artiste acadien établi à Montréal
“Je me suis payé un voyage au Québec pour faire le tour des différentes institutions : je me suis présenté, en expliquant mon expérience et mon envie de continuer à travailler avec le Québec”
Ci-contre. FrancoFête 2007, au micro de Radio Canada durant la réception au consulat de France à Moncton.
Ce fameux rapport inutile lui aura cependant permis de rencontre beaucoup de monde. Mais de là à savoir de quoi allait se forger l’avenir professionnel ….
« Je n’en avais aucune idée. Je n’avais pas agi sur un coup de tête ; j’avais murement réfléchi un an à préparer cette décision. On en a parlé avec Françoise, on habitait encore à Paris, avec l’envie de continuer à travailler avec le Québec mais je ne savais pas sous quelle forme. Alors je me suis payé un voyage au Québec pour faire le tour des différentes institutions : je me suis présenté, en expliquant mon expérience et mon envie de continuer à travailler avec le Québec ».
La réponse arrive dans un premier temps de l’OFQJ (mais oui !) qui lui signe un contrat pour aider l’Office en contact avec les Francofolies de la Rochelle. “La chanson me passionne et j’ai été chargé de monter des opérations spéciales de la chanson québécoise aux Francofolies. « Quand j’ai quitté l’Office, je l’avais mis en relation avec les Francofolies de La Rochelle, ils ont continué à travailler avec moi, et ça m’a mis le pied à l’étrier pour monter ma boite !
Port de Capbreton, 2008 : hélas la dernière édition des Déferlantes Francophones …
“A Paris jamais je n’aurais pu monter de festival ! Le fait d’habiter en province ça a joué ! Sinon j’aurai continué à vivre de contrats sur Paris”
Ci-contre. 2007, FrancoFête de Moncton : retrouvailles avec Félix LeBlanc, du groupe Suroît
Puis toujours avec les Francofolies, le voici qui contacte un de ses amis, directeur général chez AGFA : “Un des gros partenaires des Francos, qui menaçait justement de quitter le festival car il n’avait plus de département son ». A la demande de Danièle Molko venue me voir pour que trouver une solution, Maurice Segall résout le problème. « Et c’est ainsi que ça s’est enchainé petit à petit vers ce qui m’intéressait, la chanson ».
D’où la création de Passerelle Francophone, une association loi 1901. “Au début j’ai hésité entre SARL ou association … Le statut associatif n’était pas contraignant ».
A la fin du contrat avec AGFA, l’une des étapes suivantes sera de travailler pour un festival monté dans Oise, « Québec-Oise » …
Et voici que sa femme Françoise lui parle de l’idée de déménager dans le sud-ouest : « Ca a bouleversé notre vie. On a retrouvé la maison familiale de Riscle où on n’allait que pour les vacances ; on adore cette maison ! Au début j’étais un peu sceptique vu que les hivers sont longs ! Je me suis dit qu’il va falloir beaucoup s‘aimer et on s’aime beaucoup !”.
Déménagement en 1992 : « A Paris jamais je n’aurais pu monter de festival ! Le fait d’habiter en province ça a joué ! Sinon j’aurai continué à vivre de contrats sur Paris ».
1999, Déferlantes Francophones : entourés par le groupe Suroît, Maurice Segall et Claude Eloi, adjoint à la culture de Capbreton et décédé le 3 octobre 2011
Printemps 1998 : dans son bulletin d’information, Pierre Toussaint annonce la création des Déferlantes Francophones de Capbreton
“Pierre Toussaint m’a lancé : “Je suis un amoureux de la Louisiane et vous du Québec”
Montréal-du-Gers sera dans les années 1994-95 la première opération sous le label Passerelle Francophone avec programmation québécoise mixte : entre artistes québécois avec groupes locaux. Une expérience de deux avec des artistes tels Plume Latraverse, Jim Corcorran, Fabienne Thibault, Laurence Jalbert, etc. Une belle manifestation menée à bien en partenariat avec Radio Canada qui travaillait jusqu’alors avec un festival de la chanson québécoise à Saint-Malo qui venait de s’arrêter ».
Puis, ce sera la préparation des Déferlantes Francophones de Capbreton, dans les Landes. « La première édition a eu lieu en 1998, après une année de préparation ».
Pourquoi cette commune au fait ? «Tout à fait par hasard ! Grâce à un ancien journaliste, Pierre Toussaint qui avait monté des grands rassemblements folk dans les années 70, était passionné par la musique cajun. Il m’a téléphone et demandé à me rencontrer après avoir lu un article sur moi dans La Dépêche du Midi qui avait couvert Montréal du Gers de façon étonnante ». Le courant passe vite entre les deux hommes. «Je suis un amoureux de la Louisiane et vous du Québec » lui lance M. Toussaint en le rencontrant chez lui, à Labelle dans la banlieue de Capbreton de l’autre côté d’Hossegor ».
Des contacts sont pris avec le maire de Capbreton, Jean-Pierre Dufaud, d’autant plus intéressé qu’il revient d’un voyage à Cap-Breton en Nouvelle-Ecosse. Et voici Pierre Toussaint et Maurice Segall mis en relation avec l’adjoint à la culture de Capbreton, Claude Eloi. Un élu sur lequel Maurice ne tarit pas d’éloges dans le bus qui s’éloigne de plus en plus de Montréal pour rejoindre la ville de Québec…
A noter qu’aux premières Déferlantes, Pierre Toussain était au rendez-vous avec ses musiciens du groupe Bonjour Louisiane pour un concert gratuit donné à deux reprises, samedi 29 et dimanche 30 août à la Capitainerie, à Capbreton. Voir ci-dessus la double page d’une partie du programme de l’édition 1998.
“J’ai découvert l’Acadie ! Je n’y avais jamais mis les pieds et j’ai été enthousiasmé par ce que j’ai vu et entendu”
Ci-contre. Octobre 2004, durant L’Estival à Saint-Germain-en-Laye : drapeau acadien à l’honneur
Et entretemps, voici qu’arrive une invitation du Centre culturel canadien pour les ECMA (East Coast Musical Awards) organisées à Moncton, au Nouveau-Brunswick. Simone Sucher, diretrice du Centre Culturel avait contacté divers professionnels. Et le seul à lui avoir répondu en 1997 aura été le professionnel établi à Riscle, dans le Gers.
« J’ai découvert l’Acadie ! Je n’y avais jamais mis les pieds et j’ai été enthousiasmé par ce que j’ai vu et entendu. Le séjour n’a pas été long mais très intense, et je suis rentré gonflé à bloc ».
Et si on faisait un festival pour tous les francophones d’Amérique du nord, des Cajuns aux Acadien et aux Québécois, C’est le challenge lancé à Claude Eloi. Budget bouclé, feu vert du député-maire et les Déferlantes sont lancées en été 1998 : «Ca a bien fonctionné même si n’avait pas beaucoup monde ! Mais ça a été un bon début ».
Un coup d‘essai réussi malgré un contexte un peu tendu comme s’en souvient fort bien Maurice Segall. En effet, la ville de Capbreton compte alors déjà deux autres festivals d’été : contrebasse et conte : “Ils étaient déjà en place et nous regardaient avec de vilains yeux ! »
Venu seul aux ECMA, Maurice sera aussi le seul délégué français à la première FrancoFête de Moncton. Puis l’année suivante, il y viendra avec Marie-Agnès Sevestre – directrice de l’Hippodrome, scène nationale de Douai. Les accompagnent Michel Roque, le patron de l’hôtel-restaurant La Pergola (quartier-général des Déferlantes de Capbreton !) et des membres de sa famille.
Patrice Boulliane remet le drapeau acadien à Annie Benoit, Maurice Segall et Albert Weber
Impressionnante liste que celle de tous les talents venus des différentes communautés francophones du Canada, en plus évidemment des artistes et groupes québécois
Ci-contre. 20 août 2004, quotidien Sud-Ouest : Zachary Richard à la une
Puis au fil des ans la délégation grandira aussi bien à la FrancoFête de Moncton qu’aux ECMA, avec Annie Benoit (L’Autre Distribution), Albert Weber pour la revue Chorus,avec le soutien de Gerry Boudreau, alors très engagé dans l’action artistique et culturelle de sa Nouvelle-Ecosse natale. Et la délégation ne cessera de prendre de l’importance au fil des éditions …
Impressionnante liste que celle de tous les talents francophones venus des différentes communautés francophones du Canada, en plus évidemment des artistes et groupes québécois. En 11 éditions, Capbreton aura accueilli pratiquement tout le gratin de la chanson québécoise, comme le confirme la liste très détaillée publiée sur internet. « C’est une de mes fiertés ».
Et durant toutes ces années, les Déferlantes Francophones de Capbreton, et aussi celles plus hivernales à Pralognan-la-Vanoise bénéficieront de soutiens médiatiques sans failles, comme par exemple Patrick et Marion Plouchart qui en rendront compte dans Trad’ Magazine. Certes – et Maurice le reconnait volontiers – les deux premières années, Capbreton était considéré en grande partie comme une vitrine de l’Acadie. C’était la seule manifestation pour que la scène acadienne ait une visibilité.Et en plus tous les groupes étaient au début de leur carrière : Blou, Celtitude, Transakadi, Blou, Grand Dérangement, etc.
D’où ce constat : «Tout le monde a commencé à Capbreton même si m’a posé de problèmes avec nos amis québécois. Ils ne voyaient que le Québec » Il lui faudra donc jongler dans les partenariats et les financements. Car vue de la France, l’Acadie ressemble à un bloc uni, alors que l’on se rend vite compte sur place qu’il s’git d’un puzzle dont chaque morceau doit être pris en considération, notamment dans la programmation …
Capbreton 2008 : Albert Weber, Pierre Barouh, Christian Sercomanens, Maurice Segall et François Louwagie
Moncton 2004 : retrouvailles avec le poète acadie Gérald Leblanc, un des paroliers du groupe 1755
“Les nouveaux responsables ne partageaient ni notre passion ni notre intérêt, notre militantisme pour la francophonie”
Cinéma Rio, un des importants repères des Déferlantes à Capbreton
Les Déferlantes Francophones de Capbreton mettront aussi en valeur des écrivains, des cinéastes, des photographes, etc. « On n’a pas seulement eu des chanteurs et des groupes, mais aussi des poètes comme Gérald LeBlanc, Herménégilde Chiasson » ajoute encore Maurice Segall avant de s’interroger sur un sujet lui tenant très à cœur : le problème du renouvellement artistique en Acadie.
Alors pourquoi ça s’est arrêté en 2008 à Capbreton après toutes ces éditions ?
« D’abord il y a eu des dégradations des relations interpersonnelles entre l’équipe de Passerelle Francophone les bénévoles et l’équipe de la mairie de Capbreton. Le changement de l’adjoint culturel n’arrange pas la situation. Une sorte de méfiance s’installe, la dernière année a été atroce …”Et vient s’y greffer un étrange état d’esprit : L’impression qu’on ne travaillait pas ensemble … Les nouveaux responsables ne partageaient pas notre passion ni notre intérêt, notre militantisme pour la francophonie ».
“Globalement je garde un excellent souvenir de ces Déferlantes. Et le sentiment d’avoir donné leur chance à des groupes et artistes. On a été des pionniers, des défricheurs”
Capbreton 2007 : photo-souvenir avec une partie du groupe des bénévoles composé de membres de la famille et d’amis
Et qu’en est-il de la programmation de pointures de la chanson française comme Jacques Higelin en 2007 ou Cali en 2008 ? Des artistes qui n’avaient pas grnd chose à voir avec la chanson francophone d’Amérique du Nord …
« Ce n’était pas mon désir mais j’assume ma responsabilité. J’ai dit oui, j’étais aussi pris par la folie de grandeurs ! Avec la configuration de la dernière édition j’ai trouvé enfin ca ressemblait à un festival avec Tr Yann, Cali et les autres … une très belle scène avec en plus un petit village … on aurait pu conserver tout ça, mais ce n’était plus ce même côté familial, avec service d’ordre : insupportable, ce qu’on ne voulait pas”.
Et Maurice Segall de se souvenir : « Higelin a mangé sous la tente … Cali était prêt après le concert faire la fête sous la tente mais on n’était pas en mesure d’assurer de le ramener à l’hôtel »
Et évoquant des personnes telles que son frère Jean-Michel, ou Catherine Todorivitch, ou pour la dernière année Christian Sercomanens pour la coordination des transports – pour ne citer qu’eux – il ajoute « : Il faut dire aussi que j’ai été très bien secondé ! Non, je n’ai pas de regrets. Le lieu était magique. On a fait notre temps. Globalement je garde un excellent souvenir de toutes ces Déferlantes. Et le sentiment d’avoir donné leur chance à tant de groupes et artistes. On a été des pionniers, des défricheurs ».
Capbreton 2007 : Maurice et Françoise Segall, devant la scène en plein air accueillant le tremplin de la relève remporté cette année-là par Alexandra Hernandez
“A Pralognan-la-Vanoise, ça a démarré encore plus fort qu’à Capbreton avec la patinoire pleine à craquer pour Swing”
Ci-contre. Patrick Mehidi premier interlocuteur de Maurice Segall pour les Déferlantes Hivernales
Exit donc Pralognan-la-Vanoise où ont été organisées quatre éditions des Déferlantes Francophones Hivernales. A l’instar du coup de fil de Pierre Toussaint qui a tout déclenché pour Capbreton, un autre contact servira de déclic pour ce village au cœur de la montagne. « Ca a i-contrede manière conviviale, encore une et une affaire de rencontre. J’ai suivi les conseils d’un professionnel de France bleu Gascogne qui avait une maison en Savoie et m’a dit de m’intéresser à Pralognan. Alors que je n’aime pas la neige, ni la raclette…
J’ai mis du temps à accepter. On y est allé, on a eu un bon accueil du maire et du responsable du tourisme, Patrick Mehidi. Ca a bien cliqué entre nous. Et ça a démarré encore plus fort qu’à Capbreton avec la patinoire pleine à craquer pour Swing. On a aussi eu de la chanson à texte avec Chloé Sainte-Marie, Louise Forestier, et tant d’autres encore. J’ai toujours aimé faire des mélanges de styles ».
Après Patrick Mehidi il y aura Patrice Garin, coordinateur des 3ème Déferlantes Francophones Hivernales. Et là aussi belle complicité … Puis – comme pour Capbreton – voici que naissent des «divergences de points de vue avec l’arrivée d’une nouvelle équipe à l’office de tourisme »… et puis l’on plie bagages, quitte à partir en autobus en quittant Pralognan-la-Vanoise et son merveilleux décor naturel.Oui, une autre page se tourne, au bout de quatre éditions en 2007. Il y aura aussi l’épisode de Fez qui ne tiendra pas la route : organiser des Déferlantes au Maroc ? Pourquoi pas, suite au projet lancé par des professionnels venus à Pralognan-la-Vanoise et à Capbreton. « On a même été à Fez, avec Françoise, à leur demande, mais ça na pas marché. Pas de garantie pour que les artiste seraient bien payés et que nous aussi nous serions payés… ».
Dernières Déferlantes Francophones à Capbreton : la foule pour les Cow-boys Fringants en 2008
Présent et avenir se sont conjugués à Portes-lès-Valence pour Maurice Segall plus que jamais passionné par la chanson francophone
Ci-contre. 2007, Capbreton : avec Plume Latraverse, à la terrasse de la Pergola
Présent et avenir se sont conjugués en 2010 désormais à Portes-lès-Valence pour Maurice Segall alors plus que jamais passionné par la chanson francophone d’Amérique du Nord. Et pas seulement par elle ! Souvenirs souvenirs … Voici que ce Lion ascendant Lion se souvient des deux premiers disques achetés : Guy Béart et Serge Gainsbourg, « Le poinçonneur des Lilas, le disque avec la pochette rouge ».
La jeunesse de Maurice Segall a également été nourrie de Brassens, Ferré et Ferrat et – “sous l’influence de mes frères branchés rock” – par les Beatles. « Il n’y avait alors pas de Québécois qui passait à la radio, sauf Aglaé, une chanteuse québécoise aujourd’hui bien oubliée !
Au rayon des coups de cœur personnels, que retient Maurice dans l’incroyable diversité d’artistes francophones rencontres au fil de tous ces festivals organisés ou auxquels il a pris part des deux côtés de « la Grande Mare « ? Plusieurs noms surgissent spontanément , tels Plume Latraverse, Daniel Boucher, Jim Corcorran, Marie-Jo Thério et d’autres encore…
“On continue Passerelle Francophone, Françoise et moi”
Ci-contre. Dernières Déferlantes Francophones à Capbreton : Jean-Michel et Françoise Segall
« On est heureux de se voir. C’est ce qui est en train de se passer avec Moran et Catherine Major. Pas des gens avec des carrières toutes tracées, avec juste l’envie de faire carrière, non » explique-t-il, en glissant aussi en mentionnant également Elisapie Isaac. A 67 ans et demi, le directeur artistique d’AAH ! Les Déferlantes n’a pas l’intention d’arrêter : “On continue Passerelle Francophone, Françoise et moi ».
Ce sera (presque) le mot de fin, au terme de cet étonnant retour vers le passé dans lequel nous avons embarqué tous les deux, alors que l’autobus continue à se rapprocher de la ville de Québec.de la Bourse Rideau. Encore un de ces événements artistiques où, une fois de plus, Maurice Segall sera sollicité – très sollicité même – en vue de la programmation du festival de 2001, voire déjà 2012.
Capbreton 2008 : juste avant le concert de Catherine Major et de Cali. (Photos Albert Weber – Tous droits réservés – Reproduction interdite)
8 août 2000, dans Sud-Ouest, au lendemain des 3ème Déferlantes Francophones
11 novembre 2004, durant la Franco-Fête de Moncton : entretien dans le quotidien L’Acadie Nouvelle
Déferlantes Francophones 2003 : plusieurs pages leur sont consacrées dans la publication des Amitiés Acadiennes
Deux des quatre programmes des Déferlantes Hivernales de Pralognan-la-Vanoise
Un des bulletins d’information distribué chaque jour durant les dernières Déferlantes Francophones à Capbreton
8 août 1998, quotidien L’Acadie Nouvelle après les premières Déferlantes Francophes à Capbreton
29 mai 2009, le journaliste Yannick Delneste également membre de la rédaction de Chorus, confirme le départ des Déferlantes de Capbreton pour Portes-lès-Valence
18 juillet 2005 : il est question d’audace et qualité mis en relief dans le quotidien Sud-Ouest
Août 2005 : double page sur les Déferlantes à l’Ile Maurice, dans l’hebdomadaire Week-End, à l’initiative d’Albert Weber et Clarel Betsy
26 août 1998, Dernières Nouvelles d’Alsace : coup de projecteur sur les premières Déferlantes Francophones de Capbreton
17 septembre 1999, Courier de Nouvelle-Ecosse : compte-rendu des 2ème Déferlantes suite aux contacts pris par Gerry Boudreau
Août 2000 : Passerelle Francophone alias Maurice et Françoise dans le quotidien Sud-Ouest
Pour sa 45e édition, le Gala de la chanson de Caraquet – dont la marraine est la chanteuse acadienne Monique Poirier – fait peau neuve avec une nouvelle co-direction artistique. Les artistes Isabelle Thériault et Pascal Lejeune prendront la barre des ateliers de formation et de la finale du Gala.
Ils font partie de l’équipe de formateurs qui comprendra aussi pour une première fois la chanteuse Chantal Blanchard, originaire de la Péninsule acadienne et bien connue pour son travail avec le Cirque du Soleil et l’auteur-compositeur-interprète gaspésien Nelson Minville de retour pour une 4e année. Isabelle reprendra aussi son rôle de directrice musicale de l’événement.
Ces personnalités bien connues de la scène acadienne offriront des conseils précieux à la relève de la chanson francophone en Acadie en vue de la grande finale du mercredi 31 juillet au Carrefour de la mer.
L’artiste acadienne Monique Poirier, marraine du Gala de la Chanson de Caraquet
Date limite pour déposer un dossier : le mardi 2 avril
Les candidats qui désirent tenter leur chance au Gala de la chanson 2013 ont jusqu’au mardi 2 avril à 16 h pour déposer leur candidature. Le concours est ouvert aux francophones de 18 ans ou plus originaires des provinces atlantiques ou qui y habitent depuis au moins deux ans. Il est possible de s’inscrire dans les trois catégories suivantes : interprète, auteur-compositeur-interprète et auteur-compositeur (concours de la chanson primée). Le formulaire d’inscription peut être téléchargé à www.galadelachanson.ca
À la suite des auditions en avril 2013 à Caraquet, les finalistes auront la chance de travailler pendant une dizaine de jours encadrés par des professionnels de l’industrie, lors de deux séries d’ateliers tenus en mai et juillet.
“Revitaliser l’évènement en y apportant quelques nouveautés et du piquant”
Isabelle Thériault et Pascal Lejeune sont emballés par l’idée d’ajouter leur touche artistique au Gala de la chanson de Caraquet et sont bien heureux de partager leur expérience avec la relève de la chanson.
“Nous souhaitons, au cours des prochaines années, revitaliser l’évènement en y apportant quelques nouveautés et du piquant … c’est à suivre ! » avance Isabelle Thériault qui a déjà joué plusieurs rôles au sein de l’équipe dont assistante, formatrice et directrice musicale. “Cela fait en sorte que je connais bien toutes les facettes du jeu. Faire la direction musicale ainsi que la codirection artistique, c’est un défi que j’ai hâte de relever! »
Du côté de Pascal Lejeune, c’est à Caraquet que tout a commencé : “Je reviens donner tout ce que j’ai appris depuis ça fait déjà 10 ans ! J’ai été participant, artiste invité, juge, animateur et maintenant formateur et codirecteur artistique. Tout cela,sans avoir gagné lors de ma participation au Gala! La revanche fut longue, mais savoureuse”.
Chantal Blanchard offrira les ateliers de voix et d’interprétation
Nouvelle venue au sein de l’équipe du Gala de la chanson, Chantal Blanchard offrira les ateliers de voix et d’interprétation aux finalistes 2013. Cette dernière travaille depuis l’âge de 16 ans en tant que choriste et chanteuse de cabaret en plus d’avoir été membre de divers groupes musicaux, dont Trans Akadi et Les Muses.
De 2005 à 2011, Chantal a interprété le rôle de la chanteuse principale dans la distribution du spectacle Saltimbanco du Cirque du Soleil et a fait des tournées dans une vingtaine de pays. Passionnée de son travail, Chantal s’intéresse à tous les types de voix et est d’un naturel pour transmettre en mots simples toutes les subtilités de celle-ci.
Pascal Lejeune offrira l’atelier d’analyse de texte et exploration du répertoire. L’artiste en a fait du chemin depuis sa participation au Gala en 2003. Son talent d’écriture et de mélodiste a fait de lui l’un des artistes les plus intéressants sur la scène francophone canadienne. Il a reçu plusieurs mentions telles que le prix Découverte Alors… Chante! de Montauban, le prix Coup de coeur de l’Académie Charles Cros et celui de l’Artiste de l’annéeen musique lors du Gala Éloizes 2010. Il a trois albums à son actif Le bruit des machines (2012), Adélaïde (2009) et Le commun des bordels (2007).
Les ateliers de composition et d’accompagnement musical seront offerts par Isabelle Thériault. Artiste aux multiples talents, on a pu la voir évoluer au sein d’Ode à l’Acadie, Les Muses, Drum et Page d’Amérique. Elle a signé la direction musicale et artistique de plusieurs évènements et prête régulèrement main-forte aux concours tels que le Gala de la Chanson, Accros de la Chanson, Collège en Vedette, etc.
Elle a donné de nombreux spectacles au Canada et ailleurs dans le monde et s’est récemment posée dans la Péninsule acadienne où elle a fondé une école de la chanson pour les jeunes rtistes, l’Académie Isabelle Thériault. Elle a été nommée Éducatrice de l’année à Musique Nouveau-Brunswick en 2011.
Atelier d’écriture de textes avec le Gaspésien Nelson Minville
L’atelier d’écriture de textes dirigés sera offert par l’auteur-compositeur-interprète gaspésien Nelson Minville. Également metteur en scène, Nelson fait partie du paysage de la chanson depuis la fin des années 1980.
Sa chanson Les bras de Satan, est considérée par plusieurs comme un classique. Depuis, Nelson a écrit de la musique pour le théâtre et la radio, est auteur et/ou compositeur pour différents artistes dont Luce Dufault, Renée Martel, Laurence Jalbert, Brigitte Boisjoli, Mario Pelchat, Jean-François Breau et Marie-Eve Janvier, Roch Voisine, Marc Dupré et Céline Dion. Il travaille également depuis plus de 15 ans à diverses expériences de formation auprès de jeunes auteurs, compositeurs et interprètes de partout au Canada en plus de collaborer avec plusieurs. Il est de l’équipe des artisans du Village et du Festival en chanson de Petite-Vallée depuis 2001.
Isabelle Thériault et Pascal Lejeune : une nouvelle co-direction artistique pour le Festival
La chanteuse acadienne de 18 ans, Caroline Savoie, lancera son album jeudi 11 avril 2013, à 17 h, au Divan Orange à Montréal. Une initiative qui fait suite au lancement du mardi 12 mars à Moncton de cet opus de six chansons en français intitulé “Laisse-moi rêver” : le premier CD du nouveau label de disque acadien “Le Grenier musique”.
Le premier extrait radio “Je pense à toi” est de style folk/pop. “Cette chanson explique à ma façon la souffrance qu’on vit quand on est la personne qui se fait quitter par l’autre à la fin d’une relation” explique la jeune artiste de Dieppe, étudiante en 1ère année à l’Université de Moncton.
C’est à la Salle Empress du Théâtre Capitol de Moncton, que s’est déroulé le lancement du deuxième mini-album de Caroline Savoie. L’artiste y a interprété les six chansons de l’album, accompagnée des musiciens Danny Bourgeois, Christien Belliveau, Robin Anne Ettles, Philippe Desjardins, Roland Bourgeois et André LeBlanc.
Le disque “Laisse-moi rêver” est une production de Caroline Savoie Music Inc., de son père et gérant Rodrigue Savoie. C’est le premier album à paraître sous le label acadien Le Grenier musique, lancé cette semaine par la gérante d’artistes Carol Doucet. L’album a été réalisé par Jesse Mea et l’enregistrement au studio Pumpk’n Patch à Memramcook, au Nouveau-Brunswick, par Danny Bourgeois.
Les six chansons du mini-album sont écrites et composées par Caroline Savoie, avec une collaboration de Rodrigue Savoie (paroles) et Jesse Mea (musique) sur l’une des chansons. Le matriçage est de Jean-Pascal Comeau, le graphisme de Rodrigue Savoie et les photos de l’artiste par Denis Duquette. Des collaborations aux arrangements sont créditées à Jesse Mea, Danny Bourgeois, Philippe Desjardins, André Leblanc et Robin Anne Ettles.
De nombreux musiciens acadiens ont participé à ce CD distribué par Distribution Plages D’où une diversité d’instruments : guitare acoustique (Caroline Savoie, Philippe Desjardins et Christien Belliveau); la guitare électrique (Denis Surette et Christien Belliveau); dobro (Christien Belliveau); ukulélé (Caroline Savoie); basse (Chris Wheaton et Robin Anne Ettles); batterie et percussions (Danny Bourgeois); orgue B3 et piano (Jesse Mea); trompettes (Roland Bourgeois et Sébastien Michaud) et violoncelle (Tim Isaac).
Caroline Savoie photographiée par Denis Duquette
Caroline Savoie s’est fait connaître grâce à YouTube
Elle n’a peut-être que 18 ans, mais Caroline Savoie a déjà une grande expérience musicale depuis qu’elle a commencé à écrire des chansons et présenter des spectacles en 2009. En plus d’avoir lancé un premier mini-album en anglais il y a deux ans, elle est la grande lauréate de l’Accro de la chanson 2012 organisé par la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick.
Parmi les nombreux spectacles présentés ces dernières années, notons ceux qui l’ont plus marquée : les boîtes à chanson à l’École Mathieu-Martin, de Dieppe où elle a fait ses études secondaires ; le spectacle télévisé par Radio-Canada le 15 août 2012 à Dieppe ; le spectacle Clair de lune à Memramcook avec Isabelle Bujold et invités ; les ateliers et spectacles des Rencontres qui chantent présentés à Petite-Vallée et Moncton ; le Festival blues Dutch Mason ; et le radiothon L’Arbre de l’espoir de Radio-Canada, entre autres.
Caroline Savoie s’est fait connaître grâce à YouTube. Depuis l’année 2009, elle met régulièrement sur son canal des clips d’elle interprétant ses propres chansons ou des chansons d’artistes qu’elle aime. Un des clips, un “cover” d’une chanson de Michael Jackson, a été vu à ce jour 175 000 fois ! D’autres ont été vus 100 000 fois ! On retrouve en fait sur YouTube une soixantaine de chansons de cette artiste néobrunswickoise qui avait lancé en octobre 2011 un premier mini-album de cinq chansons en anglais intitulé “Just Sayin”.
“Laisse-moi rêver” es et sera en magasin dès le mardi 12 mars. Plus de renseignements sur l’artiste à www.carolinesavoie.com. La production de « Laisse-moi rêver » a été rendue possible grâce à l’aide financière de la Fondation Musicaction, des Caisses populaires acadiennes et du gouvernement du Nouveau-Brunswick.
Un deuxième lancement aura lieu le jeudi 11 avril, à 17 h, au Divan Orange à Montréal, au 4234, boulevard Saint-Laurent.
Elle fait partie de ces personnalités qui se méritent. De ces grandes personnes dont l’âme d’enfant se livre, parfois. Elle en confie beaucoup, Nathalie Natiembé, sur son nouvel album, « Bonbon zétwal ». Et sur un bout de galet, dans un jardin de la Possession, elle en livre un peu plus. Rencontre étoilée.
Nathalie Natiembé, Bonbon Zétwal, Sakifo records, sortie Octobre 2013. En concert au théâtre sous les arbres, au Port, le 10 février (un concert Kabardock).
Lunettes roses et tenue de sport. Un brin d’impatience vite balayé par un grand sourire. Elle t’attend. Pour de vrai. Elle a accepté la rencontre et c’est pas du chiqué. Parce qu’elle fait partie de ces trop rares personnes qui ne s’embarrassent pas de futilités, Nathalie Natiembé. C’est oui ou c’est non. Et là, c’était oui. « J’ai pas beaucoup d’amitiés féminines ». La phrase t’ouvre le cœur. Tu la suivrais loin, sur ce sentier galets, entre les cabris, les sourires et les bonjours aux bougs croisés. « A la Possession, les gens ont du respect pour moi. Les vieux, les jeunes, les SDF. Eux aussi, je vais les embrasser, parce que je sais que j’ai ce côté-là en moi aussi », confie-t-elle. La Possession, c’est son lieu de vie, d’amour, de création, depuis des années. Et c’est dans un jardin, à deux pas de chez elle, qu’elle se pose sur un galet. L’imaginaire déjà aux aguets.
« Tu trouves pas qu’on dirait un dinosaure, là-bas ? ». Il était une fois Nathalie Natiembé. Tu verrais surgir des lutins que tu ne serais pas surprise. Et tu les reçois toutes, les belles ondes de sa forêt enchantée, consciente de vivre un petit moment d’exception. Parce qu’elle est prête à raconter le processus de création. Cette transe des mots qui lui vient, souvent ici, au milieu des arbres. « Quand les mots arrivent dans la tête et que la musique ne s’y installe pas tout de suite, je sais que ça va rester un texte. Et tant que le travail n’est pas fini dans la tête, je ne mets rien sur papier ».
Et la voilà partie à chanter a capella l’émouvant « Bonbon zétwal », titre phare de son prochain album.
« Quand des fois la vie coule en l’eau claire / dans un grand roulement rouler / ou un ciel miel vert./ Quand des fois la vie coule doux amer / Pou un grand mariage sacré / gravé dans un bois de fer / reste clouté dans out vie/ pour cent ans/ la doulèr vide out vie/ pou flotte su d’l’eau ».
Bénie des dieux de la poésie ? Faut croire. Quand une chanson s’impose, elle ne la quitte plus. Le petit vélo pédale à grande vitesse, dans la tête et dans l’âme. Jusqu’à l’accouchement libérateur. « Les enfants savent que dans ses moments-là, il ne faut pas me déranger ». Tellement habitée, en phase créative, qu’elle peut aller marcher, seule, la nuit, dans les rues de la Possession. « Au début Robert (ndlr : son compagnon) ne comprenait pas. Maintenant, il me demande juste d’essayer de ne pas rentrer trop tard ».
L’œil de zénitude au milieu du cyclone punk-rock
Ah, Robert ! son « boug en or », son « tregor ». Il a su la mériter, l’artiste indomptable, la femme insoumise. « Robert, c’est ma muse », sourit-elle. On la sent apaisée, épanouie. En phase avec ses contradictions. Confiante.
Et c’est sûrement à cette confiance, aussi, qu’on doit ce très bel album. Parce que si elle s’est trouvée aussi, musicalement, si elle a posé les armes de la lutte entre le rock, le punk, la pop et son maloya transe des mots — seconde peau, c’est parce qu’elle a trouvé sa famille musicale. « Yann (ndlr : Costa, claviers) me suivait depuis le début. Il sentait qu’il y avait en moi cette artiste rock/punk. Là, il sentait que le moment était venu de jouer avec moi », raconte-t-elle. Autour d’eux, Cyril Fever Faivre à la batterie et Boris Kulenovic à la basse, ont aussi trouvé la clé de Natiembé.
Celle qui ouvre les vannes. Celle qui réveille l’œil de zénitude au milieu du cyclone punk-rock. « Moi je marche à l’affect. Et avec eux, j’ai vraiment trouvé la bonne enveloppe. Avant de monter sur scène, il y a une espèce de zénitude, parce qu’on est en osmose », raconte-t-elle. Un rapport presque intime, affectif, affectueux, que les musiciens ont ressenti, eux aussi. « On a tous mis beaucoup dans ce disque, Yann, Boris et moi. C’est difficile en peu de mots de dire ce qu’elle nous inspire… J’espère que ça s’entend dans le disque, confie Cyril Fever Faivre. En ce qui me concerne, je crois n’avoir jamais aussi bien joué. Il me semble atteindre là quelque chose qui dépasse le simple fait de jouer de la batterie. On s’est tous dépassés pendant l’enregistrement. On voulait bien faire pour porter au mieux, le plus loin possible, les belles chansons de notre Nathalie ».
Et oui, Cyril, il s’entend sur l’album, tout cet amour. Il coule, pétille, chamboule. Elle nous enveloppe, cette world-music planante aux accents 70’s. Elle nous balade, entre rock, reaggae, maloya et couleurs plus jazzy, sur nos chemins intimes à nous : de l’amour passionné irraisonné, au deuil, en passant par les vieux démons assumés.
Et on s’y installe franchement, dans ce débit d’émotions sous licence cœur.
Une vieille K7 audio retrouvée au fond d’un tiroir. Touche « PLAY ». La voix de Siven Chinien s’élève en un chant révolutionnaire : « Solda Lalit Militan ». Maloya et sonorités indiennes. « Kant mèm kanon pou dansé, kant mèm fizi pou shanté, konbien siklone pou vini, pa lèss nou la tèt alé baissé, solda Lalit militan, sèr nou les reins nou marshé »… Evènement : un double CD du regretté Siven Chinien, « Solda Lalit – Paradi Lanfer », a été réédité fin septembre 2012 à Maurice.
Siven Chinien et l’un de ses fils. Jaquette de la K7 audio, éditée à La Réunion au début des années 80, par Alain Gili, label « Médiatèk Océan Indien ».
Ile Maurice. Nitin Chinien, animateur radio et chanteur engagé, suit les traces d’un père charismatique. En 2012, à 31 ans, Nitin collectionne les dates anniversaire : 33 ans de séga angazé à Lil Moris, 23 ans de carrière (il démarre à 8 ans) et, surtout, la commémoration de la mort de son père, Siven, il y a 18 ans.
Pour marquer ces rendez-vous avec l’histoire, la sortie d’un double CD de Siven Chinien, « Solda Lalit – Paradi Lanfer », est prévue fin septembre. Un album inédit de Nitin Chinien (Maloya-malogae, Séga AngazE, Dancehall, Reggae n Slam) pour fin octobre. Et en décembre à Maurice : Mega Concert Live « avek tou ban ansyen é nouvo santèr Séga AngazE de Lil Moris é La Réunyon ».
En restituant le mythique « Solda Lalit Militan » de son regretté père, Nitin Chinien — à qui l’on doit une version très dansante du « Tine Blouz » de Danyèl Waro — ravive, à notre mémoire, les luttes d’une île Maurice qui accède à l’indépendance en 1968. Mais surtout, il remet au goût du jour un texte fondateur de la résistance au cœur de l’océan Indien.
Hymne révolutionnaire
Les « années de braise », décennies 60 et 70. Profondes mutations à Lil Moris : indépendance, violences politiques, grèves, répression, tensions interraciales, chômage… Des étudiants, dont Paul Bérenger, créent le Mouvement Militant Mauricien (MMM), selon les principes d’unité nationale et de justice sociale. Le concept de « mauricianisme » voit le jour. Les militants culturels se mobilisent autour d’un genre inédit : le « Santé angazé » (chanson engagée) et considèrent la musique comme un outil de combat. Solèy Ruz, Grup Kiltirel Morisien, Fangurin, Kler de linn, Fler kanne, Grup Latanier… Les groupes fleurissent dans ce grand mouvement. Siven Chinien est de ceux-là.
Le 1er juin 1994, l’océan Indien perd un de ses grands artistes engagés, auteur-compositeur, chanteur, activiste militant : Siven Chinien, père du mythique « Solda Lalit Militan », hymne révolutionnaire entonné lors des meetings. Son engagement lui vaut 11 mois de prison…
18 ans après sa mort, il nous revient enfin à l’occasion de la sortie de ce double CD attendu par bien des connaisseurs et qui mérite la plus large audience.
Militantisme, solidarité, revendication identitaire, hommage aux anciens… Autant de thèmes déclinés avec force dans les paroles de « Solda Lalit Militan ».
Imaginez visiter un musée ou 95 % des œuvres seraient voilées. Imaginez assister à une pièce de théâtre ou neuf comédiens sur dix ne diraient pas leurs répliques. Comme public, ne pousserions-nous pas les hauts cris?
Imaginez maintenant une culture qui occulte la vaste majorité de ses créateurs.
Nous ne sommes pas des enfants pour qui il faut filtrer les émissions qu’ils regardent, la musique qu’ils écoutent, les images qu’ils visionnent. Pourtant, nous acceptons, sans même nous interroger, qu’une poignée de bien-pensants nous dictent nos options – bien limitées, de surcroît – en matière de culture. Nous leur accordons le pouvoir de nous dire “Vous pouvez entendre ceci” et “Vous ne pouvez pas voir cela”.
Il nous arrive parfois de tomber par hasard sur une artiste, sur un créateur qui tente de s’exprimer, de vivre selon sa nature et de faire son métier malgré tout, en dehors du réseau agréé. Elle nous touche, il nous émerveille, nous en redemandons. Mais entre eux et nous, il y a une muraille, un mur blindé, percé de rares portes dont l’accès est sévèrement gardé et réservé à quelques happy few.
Comme public, nous devons nous demander combien d’artistes semblables demeurent cachés à nos yeux, à nos oreilles, à notre cœur. Combien sont-ils d’occupants de ce no man’s land, de prisonniers de ces limbes dont ils ne sortiront – selon la justification d’usage – que si et quand “il y aura un public pour eux”?
“Ne sanctionnons-nous pas les choix exclusivement mercantiles des gros producteurs qui nous imposent les plus rentables de leurs “petits trésors”?
Comme public, nous devons prendre conscience de notre responsabilité comme bailleurs de fonds. Ne finançons-nous pas directement les médias par notre consommation chez leurs annonceurs? Ne sanctionnons-nous pas les choix exclusivement mercantiles des gros producteurs qui nous imposent les plus rentables de leurs “petits trésors”?
N’avons-nous pas tous cru aux mensongères largesses de Star Academy et, plus récemment, de The Voice?
Nous sommes toutes et tous un peu artistes au fond de l’âme. La plupart d’entre nous ont choisi des existences plus “sécuritaires”, et c’est bien ainsi.
Cependant, nous ne pouvons pas moralement tourner le dos à celles et à ceux qui parfument nos justes existences. Faisons-nous entendre pour que nos artistes le puissent aussi à leur tour.
Johanne RondeauQuébécoise passionnée de chanson francophone Membre du public