S’il est évident que Bernard Dimey demeure un illustre pour la plupart des gens, nul doute que l’heure passée (trop vite) en compagnie de lui, grâce à Valérie Mischler, est un vrai régal.
Tout à tour espiègle et sensuelle, mélancolique et virevoltante, cette artiste jongle avec aisance dans l’attachant univers du poète barbu.
Retour sur une belle soirée au Connétable à Paris : un voyage au cœur d’une vie chaotique, d’un destin hors-du-commun ayant inspiré des chansons d’autant plus qu’elles sont authentiques au sens fort du terme.
Vidéo d’Eric Chardin, créateur de la page Facebook Fans de Valérie Mischler
Complicité est sans aucun doute le terme qui définit le mieux ce qui s’est passé ce vendredi 20 février dans la cave voûtée du Connétable, laquelle fait inévitablement penser à la fameuse cave à Bernard, au sous-sol de la médiathèque de Nogent.
Oui, il en faut de la complicité – et du métier – pour offrir un concert d’une telle intensité malgré un piano plutôt grippé. Catherine Bedez s’en est, ma foi, bien sorti de cette épreuve. Car accompagner Valérie Mischler avec un tel instrument c’est un moment plutôt difficile à vivre.
Et ce qui s’est passé ce soir-là au Connétable relève de l’exploit artistique. Car ni le piano défaillant, ni un portable non éteint (!), ni les aboiements d’un chien n’ont mis Valérie Mischler en danger.
Bien que gênée de chanter dans de telles conditions – comme elle s’en est excusée dès le début du concert, après la brève présentation signée Norbert Gabriel – elle s’en est tirée avec éclat, suscitant de vifs applaudissements avec rappel d’un public tout à tour attentif et enthousiaste.
UNE JOIE DE VIVRE TEINTÉE DE LUCIDITÉ PLEINE D’ESPOIR
A vrai dire, Valérie ne chante pas Dimey. Elle le vit, le raconte, avec une joie de vivre teintée de lucidité pleine de tendresse. Ici pas de faux-fuyants, pas d’effets spéciaux mais une chanson de proximité à tous les sens du terme. Et aujourd’hui plus que jamais, les textes de Dimey vont droit au coeur.
Loin d’une existence bien rangée, de carrière artistique avec plan de communication, Bernard Dimey a vécu à sa guise, avec cette permanente soif de vivre qu’il aura transcendée avec talent par des paroles racontant sa/la vie telle qu’elle est vraiment.
Sûre d’elle, avec une gestuelle au service de mots qui font mouche, Valérie interprète une série de textes de Dimey mis en musique par divers compositeurs … mais sans nécessairement reprendre ses titres les plus connus.
Au programme Où serez-vous demain (Catherine Bedez) ; Les michetons (Jean Bertola) ; Les plafonds (Gaby Wagenheim); La femme de marin (Catherine Bedez et Valérie Mischler) ; J’aimerais tant savoir (Jehan Cayrecastel) ; La dame aux camélias (Catherine Bedez et Valérie Mischler) ; Si tu me payes un verre (Cris Carole) ; I’m’l’a promis (Marian Kouzan) ; Les petits cartons (Francis Lai) ; Frédo (Hubert Degex) ; J’ai le cœur aussi grand (Johny Rech) ; L’enfant maquillé (Charles Aznavour); Barbara strip (Gaby Wagenheim) ; Pépère (Catherine Bedez); Le cul de ma sœur (Charles Aznavour); Je savais bien qu’un jour (Cris Carole), etc.
Sans oublier Les petits hôtels sur une musique de Léo Ferré qui n’est sans doute pas la chanson la plus marquante de Bernard Dimey, comme indiqué avec humour par Valérie Mischler.
AVEC ENTRAIN ET VOLUPTÉ
Autant de refrains qui ne sont pas parmi les plus connus du poète de Montmartre, et c’est tant mieux : Valérie Mischler s’en éloigne délibérément, mettant en valeur des chansons toutes aussi intéressantes.
Grâce à ce répertoire bien choisi, le public s’aventure dans un drôle d’univers aussi poétique que réaliste. Et toujours un sens aigu de la formule, de l’expression qui trace un caractère, de la situation décrite en quelques mots appropriés : des repères incontournables dans l’œuvre de cet auteur hélas trop souvent réduit à “Syracuse” et “Mon truc en plumes”.
Honoré chaque année autour du 10 mai à Nogent par un festival dont les invités ne respectent pas toujours la spécificité (chanter un titre de Dimey durant leur concert), le grand Bernard (1931-1981) aura laissé un millier de mille chansons, reprises par près de 80 interprètes : Charles Aznavour, Yves Montand, Jean-Claude Pascal, Henri Salvador, Serge Reggiani, Juliette Gréco, les Frères Jacques, JeHan, Mouloudji, Jean-Michel Piton … et tant d’autres, comme Valérie Mischler dont la voix rauque célèbre Dimey avec entrain et volupté.
Marianne, Figaro, Nouvel Obs, Télérama, Canard Enchaîné, Libération, Le Point, etc : vivement soutenu par la critique parisienne, cet événement “Valérie Mischler chante Bernard Dimey” bénéficie encore de quelques dates en ce mois de mars 2015.
Et toujours au Connétable, restaurant -bar qui accueille des concerts depuis plusieurs décénnies. Et depuis 36 ans sous la houlette de Françoise Wilcz, au cœur du quartier historique de Paris. Ici se trouvait en effet, en 1340, un hôtel particulier ayant appartenu au Cardinal de Retz, face au Musée de la Chasse et des Archives Nationales.
RENDEZ-VOUS AU 20ème THEATRE
Sur l’agenda de la chanteuse, comédienne et auteure Valérie Mischler, notons aussi deux rendez-vous au 20ème Théâtre à Paris.
Mardi 17 mars spectacle entre chansons de Bernard Dimey et répertoire personnel de Valérie Mischler accompagnée par Sabine Balasse (violoncelle), Xavier Rubin (guitare), Catherine Bedez (piano) et Véronique Rioux (bandonéon). Voir infos ICI.
Lundi 23 mars une soirée hommage à Jean-Michel Boris organisée par le site Nos Enchanteurs, le quotidien de la chanson.
Valérie Mischler sera “la maîtresse de cérémonie” de ce concert aux voix multiples : Daniel Ferrat (La Marquise), Céline Caussimon, Louis Ville, Monsieur Poli et Sève, Rémo Gary, Xavier Lacouture et Jérémie Bossone … et sans doute l’une ou l’autre surprise !
Voir ICI d’autres infos sur cette soirée dont la réservation est ouverte.
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER