«Pour beaucoup la chanson québécoise se résume aux glorieux ainés (Félix Leclerc Gilles Vigneault, Robert Charlebois), ou doux parfum des « seventies » (Beau Dommage, Harmonium, Diane Dufresne), à quelques belles voix championnes du marketing (Céline Dion, Isabelle Boulay, Natasha Saint-Pierre, Garou) et à .. Linda Lemay.
C’est oublier les Michel Rivard, Richard Seguin, Daniel Belanger, Kevin Parent, Stephen Faulkner, Jean Leloup et autre Eric Lapointe qui remplissent les salles de « la Belle Province » avec des œuvres fortes et originales ». Et puis … il ya Edgar Bori, auteur de quatre disques et d’une compilation. Son dernier disque (Changer d’air) sort enfin en France ».
Ainsi s’exprimait Franz-Minh Raimbourg dans le numéro 32 (janvier 2004) : un état des lieux qui aurait évidemment besoin d’être réactualisé étant donné l’émergence de tant de nouveaux talents … voire rectifié puisque Natasha Saint-Pierre n’est pas québécoise mais acadienne.
Mais n’empêche que ces phrases révèlent bien l’esprit dans lequel écrivent les bénévoles de RécréACTION, avec le souci de placer l’artiste dans un contexte global, histoire de mieux comprendre sa trajectoire publique voire personnelle.
Bori est décidément source d’inspiration pour le rédacteur en chef de RécréACTION ! Dans le numéro suivant d’avril 2004 paraît un long entretien de trois pages. En toute spontanéité, Edgar Bori se dévoile, lui qui n’avait pas l’intention de devenir chanteur jusqu’à la trentaine. Un instructif dialogue qui revient notamment sur ses débuts sur scène, sur la manière dont s’est formé le fameux trio se produisant en ombre chinoise … jusqu’à la rupture au bout de cinq ans, synonyme de début d’une carrière solo.
«J’étais peut-être le seul à ne pas avoir envie de devenir populaire. Les autres ont commencé à souffrir de cet anonymat volontaire et du manque de contrats qui va avec. Lorsqu’on choisit l’anonymat, la route est plus longue. Mes anciens compagnons continuent leur chemin artistique. Je ne les remercierai jamais assez parce qu’ils m’ont aidé à apprivoiser la scène, ils m’ont ouvert des « portes extraordinaires ».
Et Bori de conclure la conversation sur une note d’espoir : « Les gens ont faim d’une culture faite d’humanité. La chanson à texte revient, retrouve certaines lettres de noblesse, même si on est dans un monde où « l’olympisme vocal » a pris le dessus. Les gens sortent moins pour écouter les chanteurs. Il faut continuer à se battre avec les artisans, ceux qui mettent l’humain au premier plan. Je crois qu’il y a toute une machine à remettre en marche».
De quoi stimuler la motivation de la rédaction de RécréAction, visiblement déterminée à continuer coûte que coûte, à se » battre avec les artisans ».
Raison de plus pour aider cette association soutenue par une trentaine de membres d’honneur. En l’occurrence des artistes parmi lesquels on retrouve Gilbert Lafaille, Marc Ogeret, Véronique Pestel, Julos Beaucarne, Claire, Chantal Grimm, Idir, Eric Guilleton,Isabelle Mayereau, Louis Capart, Marie-Josée Vilar, etc. En somme une certaine idée de la chanson d’expression française”.
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER