Erstein, vendredi 29 octobre. Retour sur une sacrée soirée vécue intensément dans le cadre de l’opération “Gainsbourg ? Affirmatif !” . Assurément un passionnant voyage à la fois dans le temps et en deux temps.
D’abord à une conférence à la médiathèque et ensuite un repas réunissant une douzaine de personnes au Trublion (le bien-nommé pour continuer à y parler de Gainsbourg).
Ce restaurant est situé juste en face de l’Etapenstall-Musée accueillant depuis le 8 octobre et jusqu’au 14 novembre la formidable exposition Gainsbourg ? Affirmatif avec photos de Pierre Terrasson, œuvres du pochoiriste Jean Yarps, et nombre d’archives de l’INA et de la SACEM.
Embarquement vers la médiathèque intercommunale Denise Rack-Salomon, en hommage à une poétesse locale qui serait sans doute passée aux oubliettes de l’Histoire sans la détermination de l’auteure alsacienne Anne-Marie Wimmer.
Oui, c’est donc dans l’impressionnante ancienne chaufferie de la filature d’Erstein transformée en médiathèque que s’est déroulé le 1er acte de cette soirée.
Juste avant la rencontre, une escale s’imposait au 1er étage. Histoire d’y découvrir une longue fresque murale abondamment couverte de graffitis à l’instar de la façade du 5 bis rue de Verneuil. De quoi rappeler à Jean Fauque et Franz Delage bien des souvenirs de studios et nuits blanches passées avec Gainsbourg …
Puis direction la salle prévue pour la rencontre animée par Frédéric Marc / Radio Perfecto avec les deux compères : Jean Fauque (parolier et ami de Bashung) et le bassiste Franz Delage, un des membres du fameux KGDD formé avec Manfred Kovacic, Olivier Guindon et Philippe Draï … soit le groupe ayant participé à l’album “Play blessures” : musiques Bashung et textes Gainsbourg/Bashung.
Assurément un album méconnu à sa sortie et devenu culte au fil des années : on le retrouve parmi les 100 disques essentiels du rock français selon l’édition française du magazine Rolling Stone en 2010.
Écouter durant plus d’une heure anecdotes et réflexions/commentaires/points de vue sur Bashung et Gainsbourg c’est un vrai régal avec des conteurs nommés Fauque et Delage.
Avec délice et sans retenue, le public s’est laissé embarquer dans un univers si fertile en rebondissements, entre nuits blanches en studio, séances d’écriture/fignolage de textes et (fallait s’y attendre) virées nocturnes avec Gainsbarre dans la capitale. Ou plutôt au petit matin : de quoi fredonner sans hésitation “Il est cinq heures Paris s’éveille”… Voire plus tard … euh non plus tôt encore !
Mais attention ! Au-delà des fous-rires et des alcools savourés sans modération, il y a eu la réalisation de cet album. Une expérience dont Delage et Fauque parlent avec toujours autant de bon sens, sans langue de bois et avec humour aussi.
Certes, comme ils l’ont si bien raconté, quand on écoute cet album aujourd’hui, on est toujours autant touché par la noirceur des textes.
Mais bon, n’allez surtout pas croire que morosité et tristesse étaient de mise en studio. Bien au contraire, et en témoignent notamment les éclats de rires de Jean Fauque, s’amusant par avance de telle ou telle anecdote à partager avec gourmandise et sans langue de bois à l’assistance !
Plutôt qu’une conférence enracinée l’histoire et les coulisses de “Play Blessure”, cette soirée à la médiathèque a rapidement pris des allures de dialogue à deux voix, avec en prime un montage de photos apportées par Franz Delage et commentées par lui et Jean Fauque.
Une soirée suivie avec intérêt par le public, qui réunissait plusieurs connaisseurs de l’oeuvre de Gainsbourg et de Bashung, tels Philippe Johann , un “Bashungologue” selon le nom donné par Manfred Kovacic… et le chanteur Florent Richard.
C’est lui qui a clôturé la soirée de la médiathèque avec plusieurs chansons de Serge Gainsbourg reprises avec plaisir par l’assistance.
Coup de chapeau à ce chanteur qui a fait reprendre en choeur plusieurs refrains assurément inoubliables : La chanson de Prévert”, “La javanaise” et aussi “Le poinçonneur des Lilas”.
Un coup de chapeau d’autant plus mérité qu’il fait face avec professionnalisme. C’est-à-dire sans se laisser perturber par une panne de son aussi inattendue qu’exaspérante mettant en danger “Le gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas” … oui vous savez bien, celui qui fait “Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous/ Des trous de seconde classe / Des trous de première classe”.
Florent Richard … dont l’album de reprises de Gainsbourg a bénéficié de diverses chroniques à vous donner envie d’en savoir plus. Ainsi ce commentaire sur le site Mandolino sous la signature d’Annie-Claire Hilga :
“Dans son dernier opus, il reprend quatorze titres de Gainsbourg, et je dois dire que cela lui va comme un gant. Il a la même voix grave, chantante, à s’y tromper. Il a la même approche en apparence désinvolte du monde et des autres. En fait c’est un profond, il comprend les gens au quart de tour, et, avec une certaine réserve, peut-être timidité aussi, et surtout beaucoup de respect, il s’avance à pas de loup, avec tendresse et humour. (… ) Florent Richard a en commun avec Serge Gainsbourg, outre la voix, une bonne teinture jazz et une agilité certaine avec les notes”.
Précisons qu’au lendemain de cette soirée, Jean Fauque et Franz Delage se sont retrouvés au caveau de la Brasserie du Tigre à Strasbourg pour une autre rencontre axée sur Gainsbourg et Bashung… et suivie d’un concert de Florent Richard.
Un mot enfin avant de finir sur Michelle Ruffenach, sans qui l’opération “Gainsbourg ? Affirmatif !” n’aurait sans doute pas eu lieu.
Cet événement a été organisé pour les 30 ans de la disparition de Serge Gainsbourg par la Ville d’Erstein en collaboration avec Radio Perfecto et l’INA avec expositions, films, street-art, conférences, master class.… à Erstein et à Strasbourg.
Assurément une aventure de longue haleine … aux allures de marathon exigeant une bonne santé physique et aussi, voire un moral d’acier. Notamment lorsque des invités qualifiés de prestigieux et annoncés avec éclat dans la programmation vous font faux bond dans la dernière ligne droite et … sans fournir d’explications !
Pas de quoi décourager Michelle Ruffenach !
En septembre 2017, elle consacrait une superbe expo à Bashung, à la librairie galerie Art&l’être à Strasbourg. Cet événement fut, lui aussi, largement relayé par les médias régionaux et nationaux aussi France Info.
Alors on est en droit de se poser une légitime question, sans doute prématurée alors que l’expo d’Erstein ne s’achève que la 14 novembre : après Bashug et Gainsbourg, à qui le tour ?
La balle est dans le camp de Michelle Ruffenach.
A suivre.
Texte et photos ©Albert WEBER
JEUDI 7 OCTOBRE, QUELQUES PHOTOS DU VERNISSAGE DE L’EXPO