QUEBEC/ PASCAL GELINAS : DE GRATIEN GELINAS A HUGUETTE OLIGNY

“Huguette Oligny, le goût de vivre” : c’est le titre du nouveau film du réalisateur québécois Pascal Gélinas présenté en première mondiale au Festival International du Film sur l’Art (FIF) le mardi 19 mars 2013, 18h30, à la Place des arts, à la Cinquième Salle à Montréal.

pf Huguette et Pascal 2 (crédit Nicole Giguère)

Huguette Oligny et et Pascal Gélinas (Photo Nicole Giguère)

“Le portrait touchant d’une aînée qui nous transmet un vibrant message d’espoir avant le salut final”

Sentant la mort proche, une vieille dame qui a longtemps habité le coeur des Québécois se confie à son-beau fils, le cinéaste Pascal Gélinas.

Issu du lien profond qui les unit, ce film pénètre dans l’intimité d’Huguette Oligny, une comédienne de 91 ans qui aujourd’hui n’a plus d’image à défendre et qui partage sa réflexion sur la souffrance, la foi, le bonheur profond qui l’habite.

En remontant le fil de sa vie, on retrouve son amie de toujours l’écrivaine Marguerite Lescop
et ses enfants Anne et Jean Alexandre dont elle a jadis été séparée pendant 9 ans. Grâce au
pianiste Alain Lefèvre, nous découvrons avec Huguette une mélodie écrite pour elle en 1947 par un compositeur amoureux, André Mathieu.

Françoise Faucher, Françoise Graton, Janine Sutto, Gilles Pelletier, et Gérard Poirier nous révèlent l’attachement qu’ils ont pour leur compagne de route, mais aussi la fragilité du souvenir que laisse un vieux comédien après avoir  peuplé notre imaginaire pendant plus d’un demi-siècle. Ce film est un geste d’amour envers ces êtres de parole. Mais c’est avant tout le portrait touchant d’une aînée qui nous transmet un vibrant message d’espoir avant le salut final.

La sortie de ce film – sur lequel nous reviendrons prochainement – est aussi l’occasion de revenir sur une autre réalisation majeure de Pascal Gélinas consacrée à son père Gratien. D’où cet article déjà publié sous le titre “Gratien Gélinas : un géant aux pieds d’argile” sur le site www.francomag.com le 23 décembre 2009.

“Gratien Gélinas : un géant aux pieds d’argile”

Le 8 décembre 2009, le comédien et dramaturge québécois Gratien Gélinas aurait eu 100 ans. A cette occasion, dans le cadre de l’émission Doc Zone, Radio-Canada a diffusé les 18 et 20 décembre 2009 un film de 55 minutes intitulé “Gratien Gélinas, un géant aux pieds d’argile”. Ce documentaire produit par InformAction Films est réalisé par un de ses fils, Pascal Gélinas, avec une bande-son signée Catherine Major.

Sur le point d'ouvrir La Comédie Canadienne à Montréal (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Sur le point d’ouvrir La Comédie Canadienne à Montréal (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)

Pas étonnant que Gratien Gélinas, né à Saint-Tite, en Mauricie, le 8 décembre 1909, ait été surnommé “le père du théâtre québécois” !

Retour sur la trajectoire d’un créateur hors du commun qui a ému et fait rire avec ses personnages enracinés dans la société québécoise : Fridolin, un petit gars du quartier; Tit-Coq, à la recherche d’une famille, et Bousille, que l’on sacrifie.

Outre la création de la Comédie Canadienne, à Montréal, Gratien Gélinas a pris une part décisive à la naissance d’une dramaturgie québécoise moderne.

“Un précurseur qui a consacré toute son énergie à transformer l’image que nous avions de nous-mêmes”

 

GRATIEN GELINAS : Un géant aux pieds d'argile

Et par ailleurs il s’est aussi investi dans l’essor de la télévision et d’un cinéma contemporain. Pas question pour lui de ne s’en tenir qu’à une seule forme d’expression artistique. “Un précurseur qui a consacré toute son énergie à transformer l’image que nous avions de nous-mêmes” : c’est la définition du réalisateur de ce film, assurément l’oeuvre la plus personnelle de toute sa carrière.

Pas de doute possible : en prenant sa caméra, Pascal Gélinas s’est embarqué dans une drôle d’aventure, une démarche à la fois extrêmement publique et totalement intime aussi.

Une définition paradoxale voire ambigüe ? Pas du tout, car ces deux coups de projecteurs sont indispensables pour mieux cerner la personnalité de Gratien Gélinas.

Démarche publique ? Oui car Pascal Gélinas retrace la vie de son père et par conséquent éclaire tout un pan de l’histoire culturelle québécoise : un créateur hors-pair dont les pièces sont étudiées dans les écoles et reprises – aujourd’hui encore – par de nombreuses troupes québécoises.

Démarche intime aussi ? Encore oui car il tente de cerner – ou du moins de mieux faire comprendre – qui fut vraiment son père : un auteur et comédien certes adulé du public, mais toujours confronté à l’angoisse d’être rejeté !

Retrouvailles familiales (Photo Productions Gratien Gélinas)

Retrouvailles familiales (Photo Productions Gratien Gélinas)


Dans le rôle de Fridolin avec Dominique Michel (Bibliothèque et Archives Canada)

Dans le rôle de Fridolin avec Dominique Michel (Bibliothèque et Archives Canada)

 “Durant de longues heures cette nuit là, pour la première fois, j’ai eu mon père rien qu’à moi”

 

Dans la peau de Bousille (Photo Productions Gratien Gélinas)

Dans la peau de Bousille (Photo Productions Gratien Gélinas)

Ce documentaire oscille entre deux repères : création publique et vie personnelle. Il est complété par divers témoignages de personnes ayant côtoyé Gratien Gélinas : Denise Filiatrault, Dominique Michel, Monique Miller, Huguette Oligny, Denis Bouchard, Jacques Languirand, Michel Tremblay, Jean-Louis Roux, Michel et Yves Gélinas.

Autre atout de ce passionnant documentaire : il s’appuie en effet sur les films de famille tournés par Gratien pendant une trentaine d’années; Autant d’images jusqu’alors inédites, qui se mêlent aux extraits filmés des ses œuvres et aux témoignages recueillis par son fils.

D’où l’inévitable interrogation : comment peut-on prendre du recul avec une figure paternelle aussi imposante quand on réalise un documentaire sur son père ?

Et Pascal Gélinas de répondre en commençant par partager un épisode de sa vie. En effet, il explique qu’à l’été de ses 17 ans, dans un train qui les ramenait tous les deux – son père et lui – à la maison, il a vécu une expérience absolument unique.

“Après avoir navigué quelques jours sur le fleuve avec mon père, nous avons tous deux pris le train à Mont-Joli pour revenir à la maison. Durant de longues heures cette nuit là, pour la première fois, j’ai eu mon père rien qu’à moi et je lui ai demandé de me raconter sa vie. Longuement il m’a parlé de ses années d’étudiant, qu’il avait tant aimées, puis de sa carrière, à partir des débuts”.

Et poursuivant ses confidences, Pascal Gélinas d’avouer qu’il était alors “fasciné par l’audace de cet homme, et par sa volonté constante de créer un art populaire”.

Pascal Gélinas s’est battu – avec diplomatie – pour que le projet de son film ne soit pas confié à un autre cinéaste !

Moment de détente au bord de l'eau (Bibliothèque et Archives Canada )

Moment de détente au bord de l’eau (Bibliothèque et Archives Canada)

Le réalisateur de “Gratien Gélinas, un géant aux pieds d’argile” livre aussi une autre confidence : il était aux côtés de son père, en compagnie de son frère Michel, la nuit où il est mort ….

C’est dire les liens intimes – le qualificatif est trop faible – qui se sont tissés au fil des décennies entre l’auteur de ce documentaire et le père du théâtre québécois ! D’où le paradoxe voire la difficulté de réaliser une oeuvre cinématographique mettant en lumière un artiste en perpétuelle (et stressant) besoin de créer et une incontournable figure paternelle. Un père qui ne fut hélas pas présent aussi souvent que ses proches l’auraient souhaité …

Autre évidence : si Pascal Gélinas avait dû céder la caméra à un autre cinéaste pour mener à bien un tel documentaire, il est certain que le film n’aurait jamais pu plonger avec une telle intensité dans l’existence de ce Québecois dont la renommée dépasse largement le contexte strictement théâtral. Et dire que le cinéaste a été obligé de se battre – avec diplomatie – pour que le projet de ce film ne soit pas confié à un autre professionnel de la caméra !

Toutes ces interrogations autour d’une personnalité à multiples facettes ont incité Pascal Gélinas à prendre – avec enthousiasme et obstination – sa caméra pour retrouver les traces de son père à travers les lieux où il a vécu et travaillé.

Et comme le met en relief ce documentaire, l’existence du créateur n’a pas été synonyme de grande sérénité. Ah les affres de la création : toujours inventer, encore innover, et sans cesse se renouveller … mais sans pour autant dérouter son public fidèle à une certaine ambiance. A un ton dans lequel se retrouvaient tant de spectateurs du Québec.

Le film de Pascal Gélinas a été diffusé à deux reprises par Radio-Canada dans la série Doc Zone.

Le film de Pascal Gélinas a été diffusé à deux reprises par Radio-Canada dans la série Doc Zone.

Sa création s’enracine dans les souffrances d’une enfance marquée par la fuite de son père

 

La Ferveur et le Doute, biographie en deux volumes d'Anne-Marie Sicotte sur son grand-père, publiée en 1996 et rééditée en 2009

La Ferveur et le Doute, biographie en deux volumes d’Anne-Marie Sicotte sur son grand-père, publiée en 1996 et rééditée en 2009

Au-delà de l’image publique de ce qui qui savait si bien s’y prendre pour faire sourire et rire, voici qu’apparait une autre personnalité de Gratien Gélinas. Sans doute sa vraie personnalité … Celle à laquelle les foules hilares étaient totalement étrangères.

Et Pascal Gélinas d’ajouter : “Toute sa vie il a eu besoin du succès comme d’une drogue, et sa création s’enracine dans les souffrances d’une enfance marquée par la fuite de son père. C’est ce qui le rendait vulnérable. Avec le temps, j’ai compris que mon père se sentait orphelin, et que sa devise intérieure était : être ou ne pas être… le meilleur ! C’était un créateur terriblement volontaire, qui écrivait dans l’effort et le doute. Un fonceur qui a constamment tout misé pour gagner la reconnaissance du public”.

Et le cinéaste québécois de poursuivre sa réflexion par le constat suivant : “J’ai voulu raconter l’audace de cet homme. Pour nous, il n’était pas le père idéal. Mais le miracle, c’est qu’il a su être le reflet de son milieu, et qu’en ouvrant le chemin pour d’autres, ce géant aux pieds d’argile est devenu le père de notre dramaturgie”.

A en juger par les réactions du public après la projection en avant-première, lundi 14 décembre 2009, au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal, le film de Pascal Gélinas va droit au but.

Donc droit au cœur car au-delà des témoignages de personnalités et des images d’archives, une évidence s’impose : outre la vision empreinte d’une évidente tendresse d’un fils envers son père, le cinéaste n’élude pas du tout les divers paradoxes de ce créateur en perpétuelle ébullition qui fut, durant toute sa vie, “un visionnaire tourmenté”.

Le pouvoir, l’argent, le Canada anglais, l’Église même – ô sacrilège – sont passés en revue … musicale !

Photo officielle (Productions Gratien Gélinas)

Photo officielle (Productions Gratien Gélinas)

“Gratien Gélinas, un géant aux pieds d’argile” met en relief l’étonnante trajectoire d’un véritable visionnaire – également véritable bourreau de travail – , qui n’a pas hésité à prendre des risques, en utilisant l’arme de l’humour.

D’où l’immédiat succès de son célèbre personnage sur la scène du Monument national en 1938, et jusqu’en 1946, avec les fameuses revues annuelles Fridolinades : “Le pouvoir, l’argent, le Canada anglais, l’Église même – ô sacrilège – sont passés en revue … musicale !”

Visionnaire, il l’aura également été comme directeur de théâtre, acteur à la scène mais aussi à l’Union des artistes. Selon Pascal Gélinas, « il a tracé des sillons pour une ou deux générations d’artistes qui émergeront ensuite de la “Grande Noirceur duplessiste”. Marcel Dubé, Françoise Loranger et plus tard Michel Tremblay lui doivent d’avoir soulevé la chape d’un théâtre jusque‐là très franco‐français sur les scènes d’ici”.

Grand succès sur scène dès sa création, en 1948, Tit-Coq sera adapté au cinéma en 1952, alors que la version anglaise de la pièce fera le tour du pays, et même une virée aux États‐Unis. Au Québec, la pièce sera jouée sans interruption de septembre 1948 à juin 1949.

Servir d’abord et avant tout l’expression d’une identité nationale

 

Terres à la dérive, un film écrit, tourné, raconté et réalisé par Pascal Gélinas

Terres à la dérive, un film écrit, tourné, raconté et réalisé par Pascal Gélinas

Le film de Pascal Gélinas met aussi en lumière une autre vérité : que ce soit durant son oeuvre d’homme de théâtre sur scène et en coulisses comme pour ses différentes autres activités artistiques, Gratien Gélinas ne s’est jamais écarté d’une ligne de conduite. Et cela durant toute sa carrière : “Servir d’abord et avant tout l’expression d’une identité nationale. Ce qui n’a pas empêché ses oeuvres d’être présentées, au théâtre ou à la télévision, aux États-Unis, en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en France, en Suède, en Finlande, en Pologne, en Italie et ailleurs”, selon l’expression relevée sur le site des Productions Gratien Gélinas.

En 1957, Gratien Gélinas fonde la Comédie canadienne, qu’il dirigera jusqu’en 1972. Il affirme alors sa volonté de “fonder un mouvement de théâtre dont la fonction première est de contribuer, par la création d’œuvres canadiennes, à l’établissement d’une identité nationale dans les arts de la scène”.

Et comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi‐même, le voici qui créer en 1959 à la Comédie Canadienne sa nouvelle pièce, Bousille et les justes. Il s’agit d’ “une satire comique mais cruelle de la société québécoise paysanne, tricotée serrée, fourbe sous ses allures généreuses de catholiques”.

Mais les temps changes, et voici la fameuse « Révolution tranquille » qui s’en vient …

Gratien Gélinas participera à la fondation de l’École nationale de théâtre, en 1960. Puis, en 1966, il crée à “sa” Comédie Canadienne Hier les enfants dansaient : une oeuvre enracinée dans une société québécoise en pleine mutation, voire en pleine tourmente. Il y est question d’une “famille divisée jusqu’à l’éclatement par les divergences politiques, avec des fils souverainistes, peut-être même terroristes, alors que leur père doit renoncer à une nomination au gouvernement”.

Et en 1969, Gratien Gélinas accepte une nomination au gouvernement fédéral : il devient en effet président du conseil de la toute nouvelle Société de développement de l’industrie cinématographique canadienne, ancêtre de Téléfilm Canada, poste qu’il occupera pendant neuf ans.

Février 2009, Pascal Gélinas à Radio-Canada (Photo Albert Weber)

Février 2009, Pascal Gélinas à Radio-Canada (Photo Albert Weber)

Pascal Gélinas, un cinéaste québécois qui aime planter sa caméra au coeur d’une société parfois déchirée, souvent inquiète

Quant à Pascal Gelinas, il s’agit d’un professionnel fort connu à Radio-Canada où il aura été – durant un quart de siècle – réalisateur à l’émission “Science-Réalité”, puis “Découverte”.

Outre cette activité professionnelle on lui doit aussi plusieurs réalisations qui révèlent divers centres d’intérêt et sujets de préoccupation. Car ce cinéaste québécois aime planter sa caméra au coeur d’une société parfois déchirée, souvent inquiète. Et toujours à travers le regard de personnes qui ne sont pas des observateurs, mais des acteurs. Voire des militants…

On lui doit ainsi Montréal Blues : un film de 100 minutes sur l’histoire de jeunes marginaux vivant en communauté, et qui décident d’ouvrir un restaurant bio.

Pascal Gélinas a également co-réalisé avec Pierre Harel “Taire des hommes” un document de 32 minutes sur les événements explosifs – à tous les sens du teme – du 24 juin 1968. Des images-choc “que la télévision n’avait pas montré”.

En reconstituant cette journée violente, Pascal Gélinas et Pierre Harel ont montré l’autre côté de l’émeute : répression des manifestants par les forces policières, coups de matraque et arrestations arbitraires. Les deux cinéastes ont recueilli les témoignages de personnes arrêtées cette nuit : “Un peuple sans histoire était en train de s’en fabriquer une”.

Pascal Gelinas, un des cinéastes invités aux Déferlantes Francophones de Capbreton, juillet 2008

Pascal Gélinas, un des cinéastes invités aux Déferlantes Francophones de Capbreton, juillet 2008

Le porteur d’eau tourné seul en Indonésie a été présenté aux Déferlantes Francophones de Capbreton en juillet 2008

Puis, ce sera “La turlutte des années dures”, film d’une heure trente coréalisé avec Richard Boutet. Ce documentaire musical retrace l’historique de la mémoire collective contemporaine du Québec et du Canada, en commençant par la Première Guerre Mondiale, en passant par la Grande Dépression, pour finalement se rendre aux années 1980. Ce film a remporté le prix de la critique en 1983 au Québec.

En 2006, Pascal Gélinas réalise à compte d’auteur Le porteur d’eau, un documentaire qu’il a tourné seul en Indonésie. Ce film a été présenté aux Déferlantes Francophones de Capbreton, en France, en juillet 2008 … ainsi que dans une vingtaine d’autres pays et a recueilli au final pas moins de cinq prix.

En 2008, Pascal tourne et réalise Terres à la dérive, un documentaire de 35 minutes portant sur l’avenir de l’agriculture au Québec : une réalisation présentée à Radio-Canada et sur TV5 Monde, et primée à Toulon.

Au terme de cette brève présentation de l’oeuvre cinématographique de Pascal Gélinas, un constat s’impose. “Gratien Gélinas, le géant aux pieds d’argile” demeurera son œuvre la plus marquante. La plus personnelle bien sûr. Sans doute le film de sa vie. Un film auquel le documentaire tourné sur Huguette Oligny donne sans aucun doute une nouvelle résonance : avec le sentiment d’avoir bouclé la boucle en réalisant ces deux films sur deux personnalités majeures de la vie culturelle québécoise.

Jeudi 17 juillet 2008, cinéma de Capbreton : Maurice Segall présente le cinéaste Pascal Gélinas, juste avant la projection du Porteur d'eau (Photo Albert Weber)

Jeudi 17 juillet 2008, cinéma de Capbreton : Maurice Segall présente le cinéaste Pascal Gélinas, juste avant la projection du Porteur d’eau (Photo Albert Weber)

Si la démesure de cet homme a blessé nombre de ses proches, elle a servi la nation toute entière

 

GRATIEN GELINAS : Un géant aux pieds d'argile

Laissons à présent le mot de la fin à la petite-fille de Gratien Gélinas, Anne-Marie Sicotte, auteure d’une dizaine d’ouvrages, dont la saga historique Les Accoucheuses. Elle a aussi rédigé une biographie en deux volumes sur son grand-père : “Le Doute et la Ferveur, publiée en 1996 et rééditée en 2009.
Et en novembre 2009 a paru – toujours à son initiative – a paru “Gratien Gélinas en images , Un p’tit comique à la stature de géant” : une biographie de près de 200 pages, avec nombre de photos inédites.

Dans la dernière page de ce titre, sous le titre “Le rideau tombe”, Anne-Marie Sicotte s’interroge : “Que reste-il, aujourd’hui, du passage d’un homme qui a réussi à se hisser au firmament de la célébrité ? Au-delà de la richesse de ses oeuvres, il reste en premier lieu un portrait saisissant, celui d’un être vivant dans une démesure qui se nourrissait de sa fragilité. Celui d’un être en quête d’une totale approbation et d’un amour absolu, mais qui n’a pas ou étancher sa soif au fleuve qui coulait à proximité. Un être si pathétiquement humain qu’il en est devenu un formidable artiste”.

D’où ces ultimes phrases de la petite-fille Anne-Marie qui insistent – à l’instar du film du fils Pascal – sur la personnalité tellement attachante et complexe de leur parent : “A la fin des années 60, Gratien avait terminé l’essentiel de sa mission, soit ouvrir une brèche, ensuite élargie par une cohorte de créateurs. Si la démesure de cet homme a blessé nombre de ses proches, elle a servi la nation toute entière”.
Remerciements à Vanessa Audet/ InformActionsFilms