Un concert de Danyel Waro à 10 minutes à pied de chez moi ! Quelle chance !
Franchement, ne pas y aller aura été une faute professionnelle pour un passionné de rythmes de l’océan Indien.
Pire un manque de bon sens pour un amoureux des Mascareignes.
Deux heures de maloya non-stop en créole réunionnais au Centre socio-culturel du Fossé des Treize, un public enthousiaste qui chante et danse, et ne veut pas quitter la salle … et puis une longue séance de dédicaces d’affiches et de CD et nombre de selfies aussi, ce mercredi 14 mars au Centre socio-culturel du Fossé des Treize à Strasbourg.
Et toujours le même accueil chaleureux, fraternel de Danyel dans la loge partagée avec ses musiciens Gilles Lauret, Mika Talpot, Stéphane Gaze, Jean-Didier Hoareau et David Doris …
INSCRIPTION AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO
Jusqu’à l’arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981, le maloya était rejeté, méprisé, ignoré, combattu autant par les autorités que les gens bien-pensants à la Réunion. Et plus d’un kabar réunionnais – soirée privée se déroulant souvent jusqu’au cœur de la nuit – a été stoppée par l’arrivée des gendarmes. Au milieu des années 70, sans le soutien du Parti communiste réunionnais, pas évident que les 33 tours de Firmin Viry aient pu être enregistrés.
Danse traditionnelle enracinée dans l’Histoire intime de la Réunion, chant d’espoir et de révolte en mémoire des ancêtres arrivés à la Réunion au temps de l’esclavage , le maloya est une très importante composante de l’Histoire artistique, culturelle, sociale de cette île de l’océan Indien.
Et depuis le 1er octobre 2009, le maloya est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO grâce à un dossier présenté par la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise avec l’aide du PRMA (Pôle régional des musiques actuelles) et, évidemment, le soutien de nombreux artistes.
La Région Réunion avait en effet proposé l’inscription du Maloya au patrimoine culturel immatériel de l’humanité : une inscription synonyme d’immense reconnaissance pour tous les créateurs ainsi que pour toutes celles et ceux qui ont œuvré à sa sauvegarde et à sa transmission.
EN MÉMOIRE DE JEAN THÉFAINE ET DE CHORUS
Et tout au long du concert suivi avec enthousiasme par l’artiste d’Alsace Yérri Gaspar, (http://exhibitronic.eu/) … j’ai été emporté par un flot incessant de souvenirs entre rencontres, spectacles, événements et retrouvailles avec Danyel durant ma dizaine d’années de journalisme à l’ile de la Réunion …
Des souvenirs également enracinés dans tant de discussions durant les réunions de rédaction du trimestriel Chorus animées par Fred Hidalgo venu plusieurs fois à la Réunion en vue de dossiers où Danyel Waro aura toujours été mis en relief …
… dans les célèbres chroniques “Soleil Noir” de l’ami Jean Théfaine , un des piliers de Chorus disparu trop vite et emporté par le cancer comme l’ami Marc Robine …
… et aussi dans le formidable concert de Danyel en mars 2017 au Train-Théâtre à Portes-lès-Valence savouré avec Patrick Plouchart, collaborateur de la revue Trad Magazine qui n’avait alors pas encore cessé de paraître …
PERCUTANTE DÉCONTRACTION
Pour tous ces souvenirs, et surtout pour ta percutante décontraction à célébrer le maloya, à rappeler le souvenir des Frères Adecalom (un de mes titres préférés comme je te l’ai dit ai dit après le spectacle)… oui pour tout cela et bien d’autres choses merci Danyel.
“Le maloya devrait être remboursé par la Sécu !” : c’est la boutade lancée après le concert à Philippe Conrath.
Oui l’incontournable Philippe : l’ami, le gérant, le chauffeur, le vendeur de CD de Danyel qu’il avait fait tant soutenu dans ses articles dans Libé et aussi dans son festival Africolor !
Et bravo au Festival Jazzdor d’avoir programmé Danyel, figure MAJEURE de la vie artistique et culturelle de la Réunion. Un artiste aussi authentique qu’engagé, et plus jamais FIER de parler, chanter et célébrer sa langue maternelle – le créole – et ÉVIDEMMENT son ile natale.
Oui BRAVO au Festival Jazzdor bien que le maloya c’est pas du jazz !
Et cette manière de mettre en valeur des genres musicaux différents dans le même festival me convient parfaitement.
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
Merci à FRED HIDAGO (CHORUS) et PATRICK PLOUCHART (TRAD MAGAZINE) pour la publication des photos de ces revues.