LE ROMAN DE SAN-ANTONIO :
 Quand Fred Hidalgo raconte Frédéric Dard

Frédéric Dard, vous connaissez ? Assurément l’un des écrivains francophones majeurs du XXe siècle, avec près de 300 livres vendus de son vivant à plus de 220 millions d’exemplaires. Une œuvre monumentale à deux faces : sombre avec ses romans noirs signés Dard, éclatante et jubilatoire sous le nom de son héros devenu presque son alter ego, le fameux commissaire San-Antonio, dont le style inimitable le situe quelque part – mais tout à fait à part ! – entre Rabelais et Céline.

 

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En témoigne aujourd’hui Le Roman de San-Antonio publié par Fred Hidalgo, sans doute l’auteur le plus légitime pour écrire sur Frédéric Dard, que celui-ci considérait comme un fils (n’est-il pas né l’année même, en 1949 – amusant clin d’œil du destin –, où l’écrivain accouchait de son double ?!) ; un ouvrage en deux tomes et deux époques :

Première époque (1921-1971) : San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra

Seconde époque (1971-2021) : San-Antonio sans alter ego

En somme « le siècle de Frédéric Dard », de sa naissance le 29 juin 1921 à Bourgoin-Jallieu jusqu’à l’année de son centenaire, retracé à travers des entretiens exclusifs, des confidences inédites et nombre d’anecdotes drôles ou émouvantes.

Une biographie ? Bien plus que cela : la résultante passionnante d’une longue complicité affective, malgré un écart de vingt-huit ans, entre les deux Frédo.

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Une édition “collector” numérotée

Le livre aurait dû paraître en 2020 pour les 20 ans de la mort, le 6 juin 2000, de « Frédéric Dard dit San-Antonio ».

Mais comme dans un polar à l’intrigue réglée au cordeau, dont Dard avait le secret (Les salauds vont en enfer, Toi le venin, Le bourreau pleure, Quelqu’un marchait sur ma tombe…), un grain de sable inattendu est venu enrayer la machine : l’apparition de la pandémie a décidé l’éditeur à reporter d’un an son programme éditorial… et l’auteur, entre-temps, à enrichir largement son tapuscrit.

Patatras ! À la réception de celui-ci, l’éditeur jette aussitôt l’éponge au motif de « potentiel commercial trop faible pour un volume de cette importance ».

Deux autres éditeurs sont contactés en 2021, qui félicitent l’auteur en long, en large et en travers, s’étonnant de découvrir « autant d’informations, servies par une écriture agréable et simple à lire », tout en déplorant eux aussi, « dans la situation actuelle de l’édition, un lectorat probablement insuffisant ».

Que faire face à cette frilosité du monde éditorial ? se demande Fred Hidalgo. Seule alternative : se résigner à remiser son tapuscrit au placard ou lancer une souscription pour un ouvrage désormais scindé en deux volumes.

Le succès est quasiment immédiat, qui permet la sortie en mai dernier d’une « édition collector » numérotée et réservée à 500 (heureux !) souscripteurs.

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Dans l’intervalle, le centenaire de Frédéric Dard avait suscité bien des hommages dans les médias, avec notamment un numéro hors-série du Point sur « Le génial univers de Frédéric Dard : San-Antonio, personnages, langue, philosophie… », multipliant les témoignages d’admiration de personnalités en tout genre.

Mais pas d’Hidalgo (Fred !), malgré une brève annonçant, entre autres livres jugés incontournables, la sortie imminente de San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra, chez l’Archipel : « Un récit biographique sur le créateur de San-Antonio, plein de confidences et de documents inédits»

Bizarre… N’aurait-il pas été préférable de donner la parole à son auteur, tout aussi qualifié voire davantage que certains « grands noms » mis en avant dans les cent pages de ce numéro spécial ? Frédéric Dard ne le considérait-il pas comme « le premier des fidèles », puis comme « le plus féal de [ses] féaux » dans un livre écrit un an avant sa mort ?!

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13 juin 1965. Première rencontre. Photo Dora Hidalgo

Fred Hidalgo a 15 ans quand il découvre San-Antonio dans un tourniquet à l’enseigne du Fleuve Noir, attiré par les couvertures aguichantes (pour l’époque) dessinées par Gourdon.

Cela se passe en 1964 à la Maison de la Presse de Dreux, sa ville natale. Il en achète quatre d’un coup, dont une nouveauté, Bérurier au sérail, et les dévore sans discontinuer. C’est le choc, la révélation d’un ton, d’un style, d’un univers… De là à prendre la décision d’écrire à « Monsieur San-Antonio », aux bons soins de son éditeur, il n’y a qu’un pas franchi sans hésitation par l’adolescent.

« Pour être honnête, écrit-il aujourd’hui, je ne sais plus trop si j’espérais une réponse à ma lettre. En supposant qu’elle fût arrivée à bon port et que l’éditeur l’eût bien transmise (ouverte ou pas ? effectuait-il un tri préalable, les courriers jugés intéressants d’un côté, les autres au panier ?) à son destinataire. Ou si je l’avais écrite comme une vraie bouteille à la mer, sans autre choix que de lui confier, quelque sort qu’on lui réservât (coulée, touchée, délivrée…), la tornade de sentiments qui s’était abattue sur moi en abordant ce continent littéraire inconnu jusqu’alors. »

On imagine sa joie, son émotion – et sa stupéfaction ! – à la réception d’une réponse de l’écrivain, signée San-Antonio, qui se déclare « touché » par les mots de Fred. Une vraie lettre personnalisée : « Je suis ravi que “Bérurier au sérail” vous ait amusé. […] Écrivez-moi à nouveau quand vous aurez lu “L’Histoire de France…” (1) »

En effet, Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.

C’est le début d’un dialogue épistolaire aussi étonnant que régulier entre le lycéen et l’auteur à succès, mais bien loin encore d’être reconnu par l’intelligentsia, à l’exception notable d’un Jean Cocteau ou encore d’un Robert Escarpit, de l’Université de Bordeaux.

Un échange ponctué bientôt par un événement extraordinaire, presque inimaginable : Frédéric Dard prend sa voiture et rend visite à son jeune lecteur, chez ses parents ! Une première rencontre immortalisée le 13 juin 1965 par le Polaroid et la caméra super 8 de Dora, la maman de Fred.

Comment imaginer alors que, près de soixante ans plus tard, l’adolescent devenu journaliste, éditeur et auteur lui-même, nous offrirait cette histoire admirable en partage dans San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra… ?!

 

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Le début d’une histoire, en fait, puisque Fred obtient l’accord de l’écrivain pour créer une association dédiée à San-Antonio, puis de lancer sa première aventure de presse avec Le Petit San-Antonien, comme le note Alexandre Clément, un spécialiste de Dard et des « romans et films noirs » (auxquels il consacre un blog) :

« Fred Hidalgo, avec l’amitié de Frédéric Dard, va s’investir dans la création du Club San-Antonio, lointain ancêtre de l’association des Amis de San-Antonio, et il éditera un petit bulletin, Le Petit San-Antonien, marquant ainsi son goût pour le journalisme, métier qu’il exercera par la suite. Cela lui permit sans doute d’assouvir sa volonté de célébrer l’œuvre de Frédéric Dard, mais aussi d’apprendre son futur métier de journaliste et puis de côtoyer le milieu artistique. »

Entre lettres, coups de fil et retrouvailles régulières, un lien fort va s’affirmer entre Dard et Hidalgo.

Très vite, le romancier lui annonce qu’il va lui dédier un de ses prochains livres, mais l’adolescent lui suggère de le faire plutôt au nom du Club pour valoriser l’action du collectif san-antonien. « Tu es sûr ? » lui demande-t-il. « Oui, ça serait plus utile, ça nous aiderait à le faire connaître… »

Et voilà comment est paru – en mai 1968 ! – Bravo, docteur Béru ! dédié « À mes féaux du Club San-Antonio de Dreux ».

 

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Plus de 800 pages de rires et de larmes

Longtemps après, en 1988, Frédéric Dard remettra les points sur les i en dédiant à son « cher Fred Hidalgo, en souvenir des temps anciens » le San-Antonio inaugurant une nouvelle présentation de la série, Baisse la pression, tu me les gonfles !

Mieux encore, en 1999, dans Ceci est bien une pipe – l’antépénultième San-Antonio –, le héros de la saga interrompt son récit en pleine scène de bagarre pour faire ce constat : « Je connaissais la chanson, paroles et musique, comme dirait mon cher Fred Hidalgo, le plus féal de mes féaux », avant d’écrire ces mots lourds de sens pour les amateurs de l’univers san-antonien, comme pour entériner publiquement quatre décennies d’amitié et de fidélité : « Je le proclame ici Grand Connétable de la San-Antoniaiserie, titre dont il pourra se parer sa vie durant et orner ses pièces d’identité. »

C’est dans cette formidable complicité que le récit s’enracine : « Un seul et même ouvrage, écrivait son auteur dans l’annonce de la souscription, oui, mais en deux tomes : plus de 800 pages de rires et de larmes au total – la moindre des choses quand le Grand Maître de la San-Antoniaiserie en personne vous désigne également dans les siennes comme son “Grand Connétable de la San-Antoniaiserie”. »

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Extrait du tapuscrit de “Ceci est bien une pipe”

 

Mise à l’épreuve du temps, l’amitié de Fred et de Frédéric ne sera pas non plus exempte d’embûches et d’impondérables, jusqu’à des retrouvailles mémorables au retour d’Afrique du premier (après avoir créé le quotidien national du Gabon, L’Union, qui existe toujours) et un appel du pied du second dans un de ses livres, le croyant toujours « quelque part dans les Afriques ».

Fred n’hésite d’ailleurs pas à livrer quelques souvenirs aussi surprenants pour le lecteur que dramatiquement marquants pour lui, dont celui du jour où, à 16 ans, il s’apprêtait à se rendre chez l’écrivain qui l’avait invité à déjeuner, lorsqu’il apprit soudain que « le père de San-Antonio » avait tenté de se suicider la nuit précédente et se trouvait encore entre la vie et la mort…

Mais l’essentiel est là : « Frédéric vous aimait infiniment », lui écrit Françoise Dard, au lendemain du décès de son époux, en juin 2000.

Une disparition qui commotionne la France entière, dans toutes les couches de la société, tant les gens estimaient l’écrivain (« Je ne connais personne qui soit autant aimé que toi », lui soufflera un jour Françoise) et voyaient en ses personnages des compagnons de route qui les faisaient rire… et réfléchir sur la condition humaine. Fred Hidalgo le rappelle dans un chapitre au titre emprunté à l’un de ses romans noirs : Le Cahier d’absence.

Oui, il fallait bien deux tomes pour rendre compte de cet univers foisonnant et du génie protéiforme de l’écrivain, également dramaturge, scénariste, dialoguiste, adaptateur pour le théâtre (Carco, Simenon, Hadley Chase, Stevenson…), metteur en scène (Une gueule comme la mienne…), nouvelliste et même librettiste (la comédie musicale Monsieur Carnaval, musique d’Aznavour, où Georges Guétary créa La Bohème…).

Un premier volume pour la première partie de sa vie et de sa carrière où, malgré un lectorat qui l’adorait, Dard resta « tricard » dans les médias et boudé voire méprisé par les tenants de la « grande littérature ».

Un second pour raconter son ascension au firmament médiatico-littéraire marquée par de grands succès signés San-Antonio (Y a-t-il un Français dans la salle ?, Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ?, La vieille qui marchait dans la mer, etc.), désormais loué sur les plateaux de télé (Chancel, Pivot, etc.), vénéré par des membres de l’Académie française (Alain Decaux, Érik Orsenna, Poirot-Delpech, etc.), disséqué par l’Université (objet de colloques à la Sorbonne et ailleurs), adulé par les chanteurs (Leny Escudero, Nilda Fernandez, Goldman, Juliette, Renaud, Souchon, Tachan…) et même courtisé par François Mitterrand (devenu sous la plume de San-Antonio un personnage récurrent de la saga !).

Après le Club San-Antonio et Le Petit San-Antonien, le jeune Drouais tombé amoureux de San-Antonio deviendra journaliste (2) .

Et il vivra avec sa « chère et tendre » Mauricette (elle aussi lectrice de San-Antonio depuis sa prime adolescence !) au rythme de plusieurs créations de journaux, dont le mensuel Paroles et Musique et la revue Chorus qui ont marqué l’histoire de la presse musicale de l’espace francophone.

 

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7 mars 1997. Photo Mauricette Hidalgo

 

San-Antonio, la totale !

Autant vous l’avouer : avant de lire ces deux volumes, je n’avais pas beaucoup navigué dans l’univers de San-Antonio, truffé de personnages rabelaisiens, oublieux de toute langue de bois pour mieux adopter celle inventée par leur créateur (plus de 10 000 néologismes recensés par des universitaires dans un dictionnaire très sérieux). Et pourtant, j’ai dévoré sans retenue, soir après soir, voire nuit après nuit, ce récit à deux voix et quatre mains.

On y découvre ou revisite, c’est selon, le parcours de « l’auteur de Bourgoin-Jallieu », sa ville natale, à Saint-Chef en Dauphiné où il vécut enfant et repose à présent, en passant par Les Mureaux où il inventa San-Antonio, restant longtemps écartelé entre ses Dard, à l’écriture sobre et incisive, et le style luxuriant de la saga, foisonnante de personnages hauts en couleur. Fred s’amuse d’ailleurs à les passer tour à tour en revue : Bérurier, Pinaud, Berthe, Marie-Marie, le Dabe, Monsieur Félix, Jérémie Blanc, Salami (« le chien qui pense » !)…

Outre la tendre Félicie, la « brave femme de mère » de San-Antonio ; celui-ci aussi, bien sûr, auto-affublé de multiples surnoms dérisoires, car la différence entre un héros ordinaire de polars et San-Antonio, qui ne se prend jamais au sérieux, c’est son autodérision permanente. Et le lecteur de faire chorus !

Le Roman de San-Antonio, beaucoup plus qu’un recueil de souvenirs, c’est la totale sur l’immense écrivain lyonnais. Sur son blog, Alexandre Clément exprime bien mon propre ressenti :

« Comme on le comprend, l’ouvrage de Fred Hidalgo ne se réduit pas à un genre singulier, ce n’est pas une biographie plus ou moins autorisée de Frédéric Dard. Il revisite à la fois la biographie de Frédéric Dard et son œuvre, la mettant en perspective avec sa propre existence et l’époque, disons celle qui va du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingt. Il y a beaucoup de nostalgie dans la démarche, comme si San-Antonio, malgré sa mélancolie, ne pouvait appartenir qu’à une période heureuse qui n’existe plus ».

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En prime, un cahier de photos exclusives (dont celles de la fameuse première rencontre !) et de très riches annexes, dont près de 40 pages de repères chronologiques détaillés année après année – une première ! – et une présentation minutieuse de l’œuvre intégrale de Frédéric Dard classée en trois chapitres : bibliographie, théâtre, cinéma et télévision (avec leurs dérivés et compléments audiovisuels).

S’y ajoutent encore une partie de la correspondance de l’écrivain à son « féal », ainsi que des documents d’archives du Club San-Antonio, où l’on retrouve par exemple des dédicaces de ses membres nommés Gérard Barray, Jean Richard, Paul Préboist – qui en furent les parrains et l’incarnation à deux reprises du trio san-antonien à l’écran – et puis Raymond Devos, Pierre Doris, Gilles Dreu, Philippe Nicaud, etc., sans oublier Patrice Dard, par ailleurs très présent dans l’ouvrage.

« Fred Hidalgo a réalisé la première biographie magistrale de Frédéric Dard/San-Antonio, écrit Michel Trihoreau sur le site du « quotidien de la chanson » Nos Enchanteurs : un régal pour la pensée honnête ! […] Rien ne manque pour étancher la soif du lecteur. Cet ouvrage est le monument qui manquait au plus insolite des auteurs du XXe siècle. »

La totale, vous disais-je, qu’on dévore avec bonheur… et l’envie constante de découvrir la suite (surtout entre les deux tomes, l’auteur ayant ménagé un suspense bien inattendu).

 

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Cali, Aznavour, Juliette, Souchon : 4 parmi des millions de lecteurs

 

“Il truffait ses livres de citations de chansons”

Ah ! la chanson… Impossible qu’elle soit absente de cet ouvrage.

Un chapitre du tome 2 lui est même spécialement dédié en grande partie sous le titre « La goualante de San-Antonio ». « La chanson, il en fut question entre nous dès nos premières rencontres, d’autant plus qu’il truffait ses livres de citations. Au début des années 80, il s’abonna spontanément à “Paroles et Musique” (aujourd’hui je regrette de n’avoir pas encadré son chèque, mais on galérait trop, en toute indépendance, pour se priver du moindre abonnement…), puis en offrit un spécialement à sa fille Joséphine, et rebelote en 1992 avec “Chorus”, raconte l’auteur avec force anecdotes, dans “San-Antonio connait la chanson” sur son blog “Si ça vous chante”.

Et maintenant ?

Après avoir dégusté, savouré, ces deux volumes, m’en être régalé alors que je ne connaissais pourtant pas bien le monde de San-Antonio, je ne comprends pas qu’aucun éditeur sérieux ne se soit encore emparé de ce nouvel ouvrage de Fred Hidalgo, après Jean-Jacques Goldman confidentiel (2016) et Jacques Brel, le voyage au bout de la vie (2018), salués par la critique et le public.

Pourquoi aucun grand éditeur ne s’est-il empressé de s’en emparer ?!  

Les réactions spontanées des souscripteurs de l’édition collector (dont l’auteur a constitué un florilège sur son blog « Si ça vous chante » http://sicavouschante.over-blog.com/2022/07/le-roman-de-san-antonio-vu-par-ses-lecteurs.html) en disent long sur le plaisir – que dis-je : la jouissance ! – de celles et ceux qui affirment avoir eu le privilège de le lire.

« Ces réactions ne m’étonnent pas, a écrit Daniel Sirach, président de l’association des Amis de San-Antonio, créée une trentaine d’années après le Club San-Antonio, à Fred Hidalgo :

« Pour tous les amoureux de Frédéric Dard, ce livre n’est pas qu’une référence, c’est LA référence ! Bien bêtes sont les éditeurs et ceux qui ne l’ont pas commandé… Tous les fans de San-Antonio rêvent d’avoir vécu ta rencontre… Mais grâce à ton talent littéraire et de conteur (tu as eu de bonnes lectures !), tu nous permets de la vivre à notre tour : c’est le plus beau cadeau que tu pouvais faire aux amis de San-Antonio. Donc, merci ! »

Comment comprendre en effet que l’édition accorde si peu de crédit à l’intelligence des libraires et des lecteurs potentiels ?

La baisse, hélas constante en France, des amoureux des livres suffit-elle à l’expliquer ?

À moins que ses responsables (souvent soumis aux mêmes consignes commerciales, du fait du rachat des maisons d’édition autrefois indépendantes par des groupes tentaculaires) n’estiment qu’un livre sur Frédéric Dard dit San-Antonio – aussi réussi et passionnant soit-il – n’aurait pas droit en 2022 au chapitre médiatique, rabougri par le politiquement correct ?

Qu’en penserait l’intéressé, dont chaque San-Antonio tirait d’emblée à 600 000 exemplaires ?! Deux ou trois plus de ventes que pour un prix Goncourt…

Une chose est sûre : tel quel, tel que les circonstances ont permis à Fred Hidalgo de concevoir l’ouvrage (sa première mouture s’arrêtait à la mort de l’écrivain), il constitue avec ses deux volumes un ensemble indissociable et définitif : Le Roman de San-Antonio aurait pu être sous-titré Le Siècle de Frédéric Dard.

Tout y est, oui, sur l’homme et son œuvre, sans la moindre zone d’ombre ni omission, jusqu’à la perception qu’on en a aujourd’hui.

Avec la question qu’on peut légitimement se poser… et qu’Hidalgo n’a pas manqué de poser à l’ancien éditeur, agent et ami de Dard, Albert Benloulou, ainsi qu’à son fils Patrice, écrivain lui-même (et auteur, à la demande de Françoise Dard, des « Nouvelles aventures de San-Antonio » chez Fayard entre 2002 et 2016) : Frédéric Dard, « en cette époque si peu épique, tristounette, castratrice et révisionniste où l’humour, autre que potache, incolore, inodore et insipide, dénué d’audace, ne court plus guère les rues », pourrait-il continuer à écrire ses San-Antonio de la même manière ?

Sans restreindre sa liberté d’expression, lui qui en repoussait sans cesse les limites, mais jamais pour le pire, toujours pour le meilleur et pour le rire, malgré un pessimisme foncier.

La réponse dans San-Antonio sans alter ego… pourvu qu’on puisse le trouver en librairie !

Pour paraphraser le titre d’un de ses grands livres (porté à l’écran par Jean-Pierre Mocky) : y a-t-il un éditeur dans la salle ?

Albert Weber

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1. Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.

2. Éditeur également d’ouvrages sur la chanson francophone, créant son propre label (Nougaro, Trenet…) ou en coédition avec Robert Laffont (Cabrel, Coluche, Julien Clerc, Ferré, Renaud…), Anne Carrière (Brel), Fixot (Brassens, Hallyday), puis Fayard (Aznavour, Balavoine, Barbara, Ferrat, Gainsbourg, Moustaki, Thiéfaine, Vigneault… ou encore les beaux-livres Brel-Brassens-Ferré, trois hommes dans un salon et Cabrel-Goldman-Simon-Souchon, les chansonniers de la table ronde).

- “San-Antonio / Frédéric Dard”, le groupe de référence sur les réseaux sociaux (près de 12 000 membres”.

- Site de l’association des « Amis de San-Antonio » : http://www.amisdesana.org

 

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17 août 2022. Strasbourg, Librairie Kléber

Dans les coulisses d’un livre à compte d’auteur

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“DANS LA PAUME D’UNE FEUILLE D’ÉRABLE” : VIVE LE QUÉBEC …. POÉTISÉ PAR ALBERT STRICKLER ET JEAN-CHRISTOPHE MEYER

Vous aimez le Québec ? Et la poésie ? Notamment la poésie qui incite à découvrir tant de nuances insoupçonnées d’une “Belle Province”…

Si ces interrogations retiennent votre attention, surtout pas d’hésitation. Laissez-vous entrainer par les poètes alsaciens Albert Strickler et Jean-Christophe Meyer dans un voyage aussi inattendu qu’inoubliable. Avec en prime 22 dessins et gravures de Delphine Gutron : trois talents réunis sur cette photo de Daniel Walther.

Attachez vos ceintures, décollage immédiat vers une destination chatoyante de couleurs et de sensations, d’impressions au gré de déplacements de deux poètes alsaciens à Montréal, Québec et bien plus loin encore.

 

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 CARNET DE VOYAGE À DEUX VOIX ENTRE DÉCOUVERTE ET RESSENTI

Premier constat. Autant vous prévenir : ne vous attendez surtout pas à un guide touristique avec cet ouvrage paru aux Éditions du Tourneciel dans la collection  “Le Miroir des échos”. Pas du tout le genre de livre qu’on emporte pour dénicher les “bonnes adresses” et autres “sites incontournables” à immortaliser avec votre appareil photo ou téléphone portable.

“Dans la paume d’une feuille d’érable”, c’est plutôt un carnet de voyage enraciné dans quantité d’impressions et de découvertes. Entre voir et raconter, découvrir et ressentir. Il n’existe pas de photo réunissant les deux auteurs au Québec. Et pour cause puisque leurs séjours respectifs n’auront jamais eu lieu aux mêmes périodes.

Albert Strickler est venu deux fois au Québec, entre participation à deux reprises au Festival International de la Poésie de Trois Rivières et retrouvailles familiales.

J’ai séjourné deux fois au Québec, chaque fois motivé par l’envie de revoir ma fille Cornélia installée à Montréal après avoir vécu à Ottawa. La première fois, j’y suis allé en 2010 avec Benjamin notre aîné et plus récemment en automne 2016” souligne-t-il en évoquant ses impressions québécoises. Cette expérience, il la raconte avec force détails dans son journal rédigé quotidiennement et publié chaque année dans la collection “Le chant du Merle” aux Éditions du Tourneciel. 

Jean-Christophe Meyer a aussi, effectué deux séjours au Québec, de quelques semaines à chaque fois.

Comme simple touriste la première fois. Et c’est alors que j’ai rédigé le texte paru avec les poèmes d’Albert… Et la deuxième fois pour promouvoir “Garde ton souffle pour le chant de la gratitude », un de mes précédents recueils, que Dominic Deschênes a choisi pour une de ses collections aux Éditions du Sablier à Québec”.

 

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Septembre 2016, Blienschwiller. De gauche à droite : Jean-Christophe Meyer, Dominic Deschênes, Juliette Amiel, Albert Strickler et Gabriel Braeuner,

 

AVEC LA COMPLICITÉ DU QUÉBÉCOIS DOMINIC DESCHÊNES

Dominic Deschênes ? Ce Québécois est un des créateurs des Éditions du Sablier  fondées en 2003 dans la ville de Québec et spécialisé dans la poésie.

Une intense complicité s’est forgée entre lui et les deux auteurs d’Alsace. Elle s’exprime intensément dans la préface rédigée le 9 mars 2017 à Québec. En effet, l’Alsace n’est plus une terre inconnue pour ce poète et éditeur.

On le retrouve sur cette photo de groupe prise en septembre 2016 dans la salle familiale du domaine François Meyer, au-dessus de la cave à Blienschwiller.  C’était à l’occasion d’une lecture poétique organisée par les Éditions du Tourneciel, et dont Dominic Deschênes fut l’invité d’honneur.

L’événement fut organisé pour la venue du poète québécois et la création des créations de la pianiste Juliette Amiel. compositrice de plusieurs œuvres inspirés de poèmes de “Les Aigrettes des cirses dans le jour qui naît”, avant-dernier recueil de Jean-Christophe Meyer.

Sur cette photo se trouve aussi l’historien Gabriel Braeuner, historien proche de la Bibliothèque humaniste et auteur des livres sur Sélestat et Colmar parus aux Éditions du Tourneciel.

 

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Escale à l’Ile d’Orléans pour Jean-Christophe Meyer

 

 “NOUS LES SUIVONS DANS LEURS PÉRÉGRINATIONS ÉMERVEILLÉES”

Quand on prend le temps de se promener à travers la “Belle Province” en compagnie de Strickler et Meyer, une évidence s’impose : les deux auteurs embellissent avec talent ce qu’ils ont vu, vécu, entendu … et compris aussi de cette terre francophone et de ses habitants d’Amérique du Nord.

Certes, comme l’affirme avec justesse Dominic Deschênes dans sa préface, ce livre “évoque les voyages que nos deux poètes ont fait loin de leur vallée du Rhin, dans une autre vallée fluviale, celle du Saint-Laurent. De Montréal au parc de la Bic, en passant par la Mauricie, le Vieux-Québec, le fjord du Saguenay, l’Ile-aux-Coudres et bien d’autres endroits, nous les suivons dans leurs pérégrinations émerveillées à travers les grands espaces du Québec, mais aussi au cœur de ses principaux sites historiques”.

En somme un livre pour deux approches poétiques à la fois différentes et complémentaires.

Entre observations et anecdotes, Jean-Christophe Meyer s’adresse à sa compagne venue découvrir le Québec avec lui : belle expérience commune développée avec force allusions et souvenirs, et enracinés dans des repères souvent plus géographiques que ceux des textes d’Albert Strickler. Lequel, en jongleur habile et amoureux des mots, laisse vagabonder son imagination vers des espaces souvent oniriques.

Il s’envole au gré des mots colorant ses “impressions québécoises” et utilise plusieurs fois dans chaque poème l’expression  “Québec je me souviens”. Évidemment une allusion à la devise du Québec … dont la signification historique aura suscité bien des controverses longuement développée ICI sur internet.

STRICKLER, AUTEUR-ÉDITEUR GUIDÉ PAR L’ÉCRITURE QUOTIDIENNE

 

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Plusieurs pages sont consacrés au Québec dans le Journal 2016 d’Albert Strickler

C’est évident, “Dans la paume d’une feuille d’érable” met en relief deux regards bien distincts du “vécu québécois” deux poètes d’Alsace. Le parcours de chaque auteur est singulier et ne ressemble pas à l’autre bien qu’à chaque fois enraciné dans l’Alsace natale.

Né en 1955 à Sessenheim,  Albert Strickler est l’auteur d’une bonne trentaine de livres. Et aujourd’hui plus que jamais, il publie depuis 1994 des volumes annuels de son fameux Journal aux titres des plus poétiques : “Comme un roseau de lumière”, “De feuilles mortes et d’étourneaux”, “Le cœur saxifrage”, “La traversée des éphémères”, “Les andains de la joie”, “Pour quelques becquées de lumière”, etc.

En plus de ces rendez-vous annuels avec ses lecteurs, il publie également divers recueils de poèmes ainsi et des ouvrages réalisés en binôme, notamment avec des plasticiens : Dan Steffan, Gilbert Mosser, Rolf Ball, Patrice Thébault, Colette Ottmann, Sylvie Lander, Gérard Brandt, etc.

D’où une (très) impressionnante bibliographie témoignant d’une inspiration permanente doublée par un évident besoin d’écrire chaque jour.

 

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18 décembre 2015. Médiathèque Intercommunale de Truchtersheim. Lecture de textes d’auteurs des Éditions du Tourneciel fondées par Albert Strickler

 

 MEYER : MILITANT DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE ALSACIENNES

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Photo extraite de l’entretien de Jean-Christophe Meyer dans le documentaire réalisé par le cinéaste allemand Andréas Ottmayer

 Né en 1978 à Blienschwiller, sur la Route des Vins, Jean-Christophe Meyer est journaliste au quotidien L’Alsace, à Saint-Louis où il rédige en alternance avec d’autres chroniqueurs le billet en alsacien du samedi.

 Ce fils de vigneron a publié plusieurs recueils en français avant son premier son premier ouvrage bilingue, “Lìechtùnge – Clairières” dans la collection “d’Fladdermüs” aux Éditions du Tourneciel.

Engagé dans diverses associations pour la défense de la langue et culture alsaciennes, il agit au sein d’AGATE (Académie pour une Graphie Alsacienne Transfrontalière  avec laquelle il a créé en 2010 le sentier des poètes de Blienschwiller.

Par ailleurs, une des étapes du sentier des poètes de Bischwiller lui est consacré à l’initiative de Sylvie Reff, auteure-compositrice-interprète, chanteuse, écrivain et poétesse qui a préfacé ce premier recueil bilingue.

Pas étonnant qu’on retrouve Jean-Christophe Meyer face à la caméra du cinéaste allemand Andréas Ottmayer dans son documentaire Schmierwurst & Baguette sur l’identité alsacienne. 

 

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Jean-Christophe Meyer : une des plumes retenues par Sylvie Reff pour la création du sentier des poètes à Bischwiller
 

EXPOSITION DE DELPHINE GUTRON AU CENTRE CULTUREL ALSACIEN

“Dans la peau d’une feuille d’érable” est un beau livre de poésie. Il retient l’attention tant par l’intensité textes de Jean-Christophe Meyer et Albert Strickler que la création graphique d’Olivier Klencklen. Ce livre est d’ailleurs présenté via son “regard de graphiste” sur son site reflétant un esthétisme des plus efficaces.

Dessins et gravures de Delphine Gutron constituent un atout de taille dans cet ouvrage. Du 10 au 30 juin, les œuvres inspirées par “le Québec de Strickler et Meyer ” sont exposées au Centre Culturel Alsacien à Strasbourg

“Nancéenne de naissance, alsacienne depuis près de 20 ans à présent, je grave et dessine des balades intérieures, des voyages de papier comme les estampes et les dessins réalisés pour le recueil de poèmes sur le Québec « Dans la paume d’une feuille d’érable » écrit par Jean-Christophe Meyer et Albert Strickler” confie-t-elle sur le site du Centre Culturel Alsacien.

Une série de six cartes postales a été éditée pour la sortie de ce livre. Elle reprend des œuvres du recueiul de poèmes. Soit trois cartes par auteur chaque fois illustré par un phrase poétique de chacun d’eux : une autre initiative des Éditions du Tourneciel qui mérite, elle aussi d’être connue et encouragée.

 

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Sélestat, dimanche 28 mai, 2017. Lecture au Fonds Régional d’Art Contemporain

 

“LES POÈMES LUS ENGENDRÈRENT UNE CARTOGRAPHIE ÉTRANGEMENT INCONNUE ET UNIVERSELLE A LA FOIS”

Hé oui, du 10 au 30 juin, Delphine Gutron expose dans ce haut-lieu de l’identité alsacienne situé à Strasbourg.

Samedi 17 juin à 14 heures, poésie et peinture sont d’ailleurs au rendez-vous avec les trois artistes mobilisés pour ce recueil : un des nombreux événements organisés par le CCA au fil des semaines.

Et Delphine Gutron de préciser : “Je dessine très lentement car le temps s’arrête dans le quotidien et l’encre prend alors la route, une marche quasi en temps réel, laborieuse ou bucolique, champêtre ou marécageuse, fluide ou saccadée. Les poèmes lus n’eurent pas de seconde vie, ils engendrèrent une cartographie étrangement inconnue et universelle à la fois, celle du voyageur qui sait ramasser les miettes de nature d’un peu partout comme celui qui collectionne les sables du monde entier”.

 

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 “COMME SI C’ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS”

Au fait comment s’y retrouver dans cet ouvrage de 64 pages réunissant deux manuscrits ? 

Pour que le lecteur puisse aisément distinguer les auteurs des deux cycles de poèmes, celui de Jean-Christophe Meyer (“Nous, pèlerins de l’aube”) est présenté en typographie droite alors que “Je me souviens” d’Albert Strickler apparaît en italiques.

Pas de doute, si vous avez déjà été au Québec ou que vous y viviez, ce livre vous offrira une vision attachante et insolite, inattendue assurément. Et des plus poétiques évidemment !

D’où ce constat final relevé dans la préface de Dominic Deschênes : “Même le lecteur québécois, après avoir refermé ce livre, peut regarder ces paysages qu’il habite au quotidien comme si c’était la première fois et s’en émerveiller à son tour”.

Une évidence à laquelle j’adhère avec conviction.

 Albert WEBER

“Dans la paume d’une feuille d’érable”, couverture et 64 pages à l’italienne. Éditions du Tourneciel. 20 euros.

Photos Daniel WALTHER, Albert WEBER et Jean-Christophe MEYER

 SITE DES ÉDITIONS DU TOURNECIEL

PAGE FACEBOOK DE JEAN-CHRISTOPHE MEYER

PAGE FACEBOOK DE DELPHINE GUTRON

“CONTES DE MES 1001 VIES” : NILDA FERNANDEZ SANS FRONTIÈRES …

Artiste résolument à part dans le monde de la chanson, Nilda Fernandez est un homme heureux, loin du cirque médiatique.

Un incontestable choix de vie pour le créateur de “Madrid, Madrid”, et “Nos fiançailles”. Sans doute les deux titres les plus connus de celui qui fut nominé cinq fois aux Victoires de la Musique en 1991 et s’y retrouve “Meilleur espoir masculin”.

Mais attention, ne croyez surtout pas que ses “Contes de mes 1001 vies” se résume en une bio de chanteur débordante d’anecdotes sur “la vie d’artiste”. Explications.

 

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Septembre 2006, concert à Sarrebruck sous l’égide de “Bistrot Musique”

 

VICTOIRES DE LA MUSIQUE : LES COULISSES DU PALAIS DES CONGRÈS

Évidemment que Nilda parsème ces 383 pages de coups de projecteur sur les coulisses de ses aventures et mésaventures artistiques.

Et ses pages consacrées précisément à ces fameuses Victoires de la Musique en disent long sur certaines pratiques du métier. A commencer par le déroulement de la surprenante conférence de presse suscitée par cette consécration échappée des formatages des tubes standardisés.

“Depuis un an, mon album se vend en France de manière massive et inattendue. Le label multinational qui en a hérité se frotte les mains. Apparu en pleine “guerre du Golfe”, il est devenu son meilleur score et la chanson “Nos fiançailles” passe à la radio bien qu’elle soit le contraire des normes du succès” raconte Nilda, songeur au Palais des Congrès de Paris en précisant “Par bonheur, il s’est trouvé des gens éclairés pour donner une chance à leurs semblables de se nourrir d’autre chose”.

Et de citer divers journalistes qui ont contribué à ce que cette chanson sorte de l’anonymat dont Anne-Marie Paquotte (Télérama), Fred Hidalgo et Pascale Bigot (Chorus), Véronique Mortaigne (Le Monde), Hélène Hazéra (Libération), etc.

 

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Sarrebruck, septembre 2006. Au micro de la Radio Sarroise

 

SORTIR DE L’ANONYMAT GRÂCE A UNE CHANSON NON FORMATÉE

Certes, cette mobilisation médiatique pour un artiste et une chanson “hors norme” était indispensable mais comme le reconnait Nilda : “Mais rien ne serait arrivé si ceux qui ont aimé cette chanson n’avaient fouillé dans les rayons des disquaires pour acheter un, deux, puis trois exemplaires de cet album qui m’a ouvert une porte vers les sentiments d’autrui”.

Et voilà, une fois de plus le grand public s’est pris de passion pour un répertoire différent de celui auquel il est habitué, grâce à cet effet boule de neige qui aura même retenu l’attention de Drucker, Foucault, Mitterand, Boyer, Nagui, Perrot, Martin, Ruquier, Sébastien, Ardisson nommément cités dans ce livre.

Combien de générations d’auteurs-compositeurs-interprètes ne sortiront jamais de l’anonymat par manque de soutien des “grands médias” ? Question de fond ? Assurément si on apprécie une certaine chanson loin des tubes habituels …

Et si j’ai d’abord insisté sur les pages axées sur “la consécration” de Nilda Fernandez, c’est pour mettre en relief une évidence : très vite, le “Meilleur espoir masculin” de 1991 s’est senti à l’étroit dans ce nouveau statut !

Et sa vie a pris un autre tournant. Et c’est là que se situe l’intérêt majeur de ce livre ponctué par tant d’étapes où l’on prend le temps de vivre, de se connaître et d’aimer.

C’est sûr, avec Nilda, on voyage beaucoup ! Mais surtout pas en touriste !

Ces déplacements toujours enrichis de rencontres, d’échanges, de découvertes et de retrouvailles en disent long sur la drôle de vie de cet homme qui chante.

Ici pas de course obsessionnelle pour une carrière internationale mais tout simplement l’envie et le besoin de vivre. De prendre du temps à chacune de ces escales loin de la France et de l’Espagne.

De l’île de Cuba à la presqu’île de Kamtchatka, de Bogota à Buenos Aires, de Venise où il apprend le décès de sa mère au Mont Sinaï pour un épique tournage d’une émission de télé … en passant par Achkhabad, capitale du Turkménistan à New-York …. et la liste est très loin d’être exhaustive !

 

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CD de 15 titres en français pour public russe

 

 UNE LONGUE CONVERSATION ENTRE AMIS QUI SE RETROUVENT

“Contes de mes 1001 vies”, c’est comme une conversation entre deux amis qui se retrouvent après une longue période de silence, d’éloignement. On a tant à raconter, en toute simplicité. En toute authenticité aussi. C’est ce qui apparait tout au long de ce livre où s’affirme une impérieuse envie de prendre le temps de vivre.

En témoignent entre autres les pages consacrées au Québec, lorsque Nilda décide de “traverser l’Atlantique plusieurs semaines avant mon concert aux Francofolies pour connaître le nord de la Belle Province. La curiosité bien sûr, mais aussi l’envie de prendre le large d’une histoire sentimentale fatigante et sans joie”.

En route pour Tadoussac, la baie de Sept-Iles … et même le festival Innu Nikamu aussi où il passera une semaine ! 

“Je tenais le nom de mon prochain album sans en avoir composé une seule chanson”. En résultera finalement “Innu Nikamu”, superbe chanson … à savourer ICI.

 

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1er album, avec un de mes titres préférés de tout son répertoire ; “La guerre en été”

 

DE DANIEL A NIELDA : “UNE SCHIZOPHRÉNIE SALVATRICE”

A fait pourquoi Daniel Fernandez est-il devenu Nilda Fernandez ?

Je me suis souvent posé la question. Et le 33 tours retrouvé dans ma discothèque avant de rédiger cet article me rappelle que cet artiste m’intéresse depuis pas mal d’années.

Réponse dans “Contes de mes 1001 vies” : « Pour ne pas me sentir encerclé, sans repli possible, j’ai donc organisé une schizophrénie salvatrice en me souvenant de Sapho qui m’avait salué d’un “Bonjour Nielda !” dans une brasserie de Saint-Germain des Prés.

Débarrassé d’une voyelle, justifié comme un vieux prénom slave, pas plus féminin que Nikita, Sasha ou Volidia, tous masculins et tous des hommes, Nilda devenait l’artiste que je voulais faire grandir et apprendre à connaître.

Depuis que Daniel écrit les chansons et que Nilda interprète, je me sens mieux. Tout comme mes deux langues, mes deux pays, mes deux maisons, l’un et l’autre me sont indispensables »

 

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Sarrebruck, septembre 2006. Nilda Fernandez avec Alcaz (Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol), Gerd Heger et Suzanne Wachs, organisateurs de “Bistrot Musique”,

 

EMILIA ET JOSÉ : NOUVELLE VIE LOIN DE L’ESPAGNE DE FRANCO …

“Contes de mes 1001 vies” évoque aussi Léo Ferré dont Nilda partagera la loge d’une manière imprévue … la chanteuse Sosa Mercedes … le chanteur russe Boris Moiseev ..

Mais ce qui m’a le plus touché dans ce livre, ce sont les nombreuses pages consacrées par Nilda à son enfance, sa jeunesse, ses parents aussi. Emilia et José occupent une place essentielle dans ce livre qui s’achève par un récit des plus intimes.

Les derniers moments de Nilda face à son père sur son lit de mort : “Notre père se prépare pour un exil qui ne sera pas de cinq mois comme lorsqu’il nous avait précédé en France et, cette fois, je resterai sur le quai”.

L’auteur s’y exprime avec pudeur, avec une évidente émotion si loin des artifices de la vie de chanteur. “Sa souffrance est si grande que je pense au film où un compagnon d’hôpital de Jack Nicholson l’étouffe sous un oreiller. Mais je n’ai pas ce courage et je m’en tiens à attendre la mort à ses côtés”.

Tout au long des près de 400 pages de cette autobiographie, le chanteur s’efface très souvent pour céder la place au fils d’Emilia et José, à leur vie de travail et d’entraide, de détermination et d’amour. Un couple uni pour réussir leur vie de famille loin de l’Espagne de Franco…

 

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Sarrebruck. Nilda Fernandez entouré par Jean-Yves Lievaux et Viviane Cayol
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Duo d’Alcaz et Nilda Fernandez sur la chanson de Francis Lemarque

 

SARREBRUCK :  NILDA FERNANDEZ EN DUO AVEC ALCAZ

La rédaction de ce texte m’a fait penser à septembre 2006.

C’était à Sarrebruck lors d’une soirée de la série “Bistrot Musique” organisée par Gerd Heger, “Monsieur Chanson” de la Radio Sarroise et Suzanne Wachs.

Souvenirs d’intenses heures passées avec Nilda et le duo Alcaz formé par Jean-Yves Lievaux et et Viviane Cayol … 

En subsiste le CD d’Alcaz enregistré durant le concert de Sarrebruck. Cet album se termine par une chanson offerte par Alcaz et Nilda Fernandez : “Quand un soldat” de Francis Lemarque”.

 

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Pochette du CD live d’Alcaz enregistré à Sarrebruck et ci-dessous la photo originale

 

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AVEC LE CHANTEUR QUÉBÉBOIS STEPHEN FAULKNER

A cette soirée participa aussi l’auteur-compositeur-interprète québécois Stephen Faulkner notamment connu pour sa chanson “Si j’avais un char”.

D’où une série de photos prises après le concert, dans une bonne humeur des plus contagieuses, avec en prime Faulkner qui se met à faire le pitre avant de passer à table.

Changement d’ambiance le lendemain matin lors d’un interminable petit déjeuner partagé avec Nilda Fernandez, Viviane Cayol et Jean-Yves Lievaux. Histoire d’échanger en toute liberté sur quantité de sujets souvent bien éloignées de “la vie d’artiste” …

 

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Quand Stephen Faulkner se met à faire le pitre …

 

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Une séance photo sous le signe de la bonne humeur !

 

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

“CONTES DE MES 1001 VIES”, 383 PAGES, ÉDITIONS L’ARCHIPEL

SITE DE NILDA FERNANDEZ 

SITE DES EDITIONS L’ARCHIPEL

 

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“JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL” : EN TOUTE AMITIÉ AVEC FRED HIDALGO

“C’est l’histoire d’un des artistes les plus humainement et définitivement respectables que j’aurai rencontrés en quarante-cinq ans de journalisme.

L’un de ceux qui, loin de vous faire regretter d’avoir dédié la plus grande partie de votre vie à défendre et illustrer cette petite chose si “futile”, justifient non pas seulement “quinze ans d’amour” – comme l’avait confié Brel, le dernier soir de ses adieux, au public de l’Olympia – mais en l’occurrence au moins le double…”

Signée Fred Hidalgo, cette affirmation en dit long sur l’esprit dans lequel a été rédigé JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL.

Coup de projecteur sur un livre UNIQUE dans l’histoire de la chanson française.

Encore une bio sur un des artistes majeurs de l’espace francophone ? Assurément oui mais … BIEN PLUS ENCORE car ce livre résulte d’une amitié aussi discrète que durable entre Fred Hidalgo et Jean-Jacques Goldman. Assurément un ouvrage de référence !

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Impossible évidemment pour Fred Hidalgo de publier une de ces (trop nombreuses) biographies aux allures de puzzle compilant de manière souvent maladroite tout ce qui a été écrit sur JJG. C’est pourtant le lot de tant de livres parus ces dernières années sur le créateur de “La vie par procuration”, non ?

Avant de plonger dans ce document de 572 pages – illustré par un cahier photos de 16 pages dont la plupart signées Francis Vernhet – une mise en garde s’impose de toute urgence : oubliez donc TOUT ce que vous avez déjà lu, entendu ou vu à la télé sur JJG.

Et puis plongez sans hésitation dans ce récit à deux volets. Oui, car ce livre ne se résume pas à l’histoire de JJG mais englobe aussi nombre d’événements liés à Paroles et Musique, “le mensuel de la chanson vivante” et au trimestriel Chorus, les cahiers de la chanson, deux des publications créées par Fred et Mauricette Hidalgo. 

Ce couple, je lui ai consacré un (long) article intitulé “Un destin au service de la chanson francophone”  à lire ICI.

 

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Amis de longue date … Photo Mauricette Hidalgo

 

Alors comment rendre compte d’un tel livre et vous donner envie d’y plonger ?

Plutôt d’écrire un article à chaud, en m’inspirant de la 4ème de couverture ou du communiqué envoyé par l’attachée de presse des Éditions L’Archipel, j’ai préféré d’abord me jeter à l’eau avec détermination. Et puis naviguer avec enthousiasme dans des eaux tantôt calmes et agités.

Car il faut bien admettre que l’histoire de de JJG et de celle de la presse musicale sont extrêmement fertiles en surprises (bonnes et mauvaises) et en multiples rebondissements. Et Fred Hidalgo évoque ici en toute franchise nombre d’aspects de JJG ET AUSSI des aventures et mésaventures des deux revues dont le grand public n’avait à ce jour jamais eu vent.

 

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Les quatre parrains de Chorus réunis pour une table ronde : la plus importante dans l’histoire de la chanson française depuis le débat Brel, Brassens et Ferré en 1969. 

 

“LA PETITE HISTOIRE ET L’AIR DU TEMPS DES ANNÉES 80 A AUJOURD’HUI”

Comment résumer en quelque lignes ce livre consacré à celui qui fut un des quatre parrains de Chorus avec Alain Souchon, Francis Cabrel et Yves Simon ?

“Il ne s’agit pas là d’une “simple” biographie (même si tout y est, les faits, les dates et les chansons), c’est aussi la petite histoire de l’air du temps des années 80 à aujourd’hui qui recoupe la vie de l’artiste et s’imbrique de bout en bout dans celle de “Paroles et Musique” et de “Chorus” ; c’est une réflexion menée en commun sur la chanson, sa nature et son rôle, sur sa place dans la société contemporaine”.

Homme de terrain, Fred Hidalgo est assurément aussi un homme d’archives. En témoigne – un exemple parmi tant d’autres – le chapitre “C’est pas vrai” en partie consacré à un article du quotidien Libération “qui, non content de se montrer systématiquement odieux avec Goldman, multipliait aussi les procès d’intention à son encontre”.

Citations à l’appui, Fred Hidalgo détaille les réponses fournies par JJG à Yves Bigot dans le journal du 26 février 1991 sous le titre “Goldman : trois pour un”. S’y ajoutent les commentaires  d’Yves Bigot … dont le long et impressionnant CV est publié avec force détails.

Mais alors pourquoi tant de mépris, de condescendance, voire de haine d’une partie des médias envers JJG ? 

Impossible d’être “la personnalité préférée des Français pour la 6ème année consécutive (sondage Journal du Dimanche, janvier 2016″ sans susciter les réactions les plus variées, entre admiration et médisance, respect et commérages.

Raconter, montrer, expliquer … Plus fidèle que jamais à la “méthode Chorus”, Fred Hidalgo n’avance rien sans avoir recoupé ses sources.

“NI PARADIS FISCAUX NI BLANCHIMENT D’ARGENT”

TOUT ce qu’il raconte ici est argumenté.

Et sans jamais se complaire dans la presse people, son chapitre “Il part” offre également divers repère privés de JJG : premier mariage avec Catherine, “une ancienne amie d’enfance devenue psychologue” et mère de ses trois enfants …

… puis rencontre avec Nathalie, “une jolie Eurasienne aussi sportive qu’elle a la tête bien faite” et leurs trois filles : “Qui se ressemble s’assemble. Tout aussi simple et discrète, Nathalie ne fait pas mentir le dicton ; elle n’est pas du genre à se montrer dans les médias et partage volontiers le goût de son mari pour la pratique du sport”.

Ce désir de discrétion énerve évidemment les médias en quête de scoop, de révélations croustillantes, de tentative de prendre en défaut JJG. Quitte à fantasmer sur sa fortune et l’utilisation de son argent : une évidence également abordée dans ces pages consacrées au fils d’Alter Mojzesz Goldman né à Lublin en Pologne et de Ruth Ambrunn née à Munich en Allemagne.

Fred Hidalgo désamorce avec élégance et bon sens les envieux fantasmes liés au “trésor de guerre de Goldmann” … avec deux n, bien sûr, c’est plus explicite. (…)  Il placerait ses économies dans des paradis fiscaux, blanchirait ses capitaux, les utiliserait à des fins illicites, à des trafics d’armes ou de drogue, ça oui, ça ferait un bon sujet ! On se régalerait. Malheureusement pour les nostalgiques d’un temps où Pétain envoyait les Juifs et les antifascistes dans les camps d’où beaucoup ne sont jamais revenus, il n’y a rien à chercher de tel chez lui”.

 

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 “L’ART D’ENCAISSER SANS BRONCHER EST UNE SECONDE NATURE”

La récente décision de JJG de s’installer du côté de Londres avec sa jeune femme Nathalie et leurs trois enfants aura une fois de plus alimenté bien des rumeurs relayées par les médias.

Pas de quoi déstabiliser déstabiliser l’artiste blindé contre les rumeurs et les médisances : “Chez Jean-Jacques Goldman, l’art d’encaisser sans broncher est une seconde nature. S’il avait choisi la boxe pour s’exprimer, il est probable qu’aucun adversaire n’aurait été capable de l’allonger pour le compte” explique Fred Hidalgo en évoquant avec force détails le malsain tapage médiatique suscitée par la chanson “Toute la vie”. (…) 

Pourtant, la polémique qui va l’atteindre de plein fouet à la fin de l’hiver 2015, sous couvert de s’en prendre encore une fois aux Enfoirés, a bien failli le mettre KO. Et s’il s’en est relevé intelligemment de ce coup bas, celui-ci a sans doute scellé son départ définitif annoncé un an plus tard”.

Prenez le temps de lire CONFIDENTIEL sans sauter de page, et en laissant de côté vos préjugés… Et laissez vous guider par Fred Hidalgo au cœur d’un étonnant et attachant voyage … De l’enfance à Montrouge au groupe Taï Phong … de la chanson des Restos du Cœur reprise chaque année aux célèbres concerts débutés le 31 janvier 1987 par “La Boum du Cœur” à la Villette … de l’enchainement des tubes aux tournées internationales … avec en guise de conclusion le chapitre “Retour à Madagascar” : un compte-rendu du concert donné le 6 avril 1998 à Madagascar et signé Marine Dusigne, envoyée spéciale du Journal de l’Ile de la Réunion !

Oui, c’est une immersion totale dans la vie de JJG qui vous est proposée … avec également l’évocation d’artistes disparus tels Daniel Balavoine et Michel Berger … Et aussi Sirima poignardée le 7 décembre 1989 par son compagnon musicien … et Carole Frédéricks victime d’une crise cardiaque le 7 juin 2001 …

S’il est vrai que j’ai appris beaucoup de choses sur JJG, c’est grâce à l’incontestable complicité unissant depuis tant d’années le chanteur et l’auteur-journaliste : et cette authentique amitié dépasse évidemment le statut social de JJG et de Fred Hidalgo. En témoignent tant d’exemples développés au fil des chapitres reprenant chaque fois un titre de chanson ….

… et aussi nombre de reproductions de messages  échangés entre les deux hommes avec reproduction de certaines réponses manuscrites de JJG.

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NOMBREUSES ANECDOTES PERSONNELLES  ET FAMILIALES

Car ce livre, c’est aussi pour Fred Hidalgo une manière de se raconter. Non, pas d’autobiographie au sens propre du terme mais de nombreuses anecdotes personnelles et familiales disséminées ici et là.

Comme l’évocation du décès de la mère de JJG avec allusion de l’auteur à sa propre maman : “Elle a fêté en 2016 ses 94 ans … et connaît encore par cœur toutes les chansons qu’elle avait apprises durant son enfance en Catalogne” …

Le sens de la famille ? Assurément une valeur partagée par les deux hommes.et enracinée dans nombre de souvenirs relatés au fil des pages …. comme les circonstances dans lesquelles le chanteur a offert son médiator au gendre de Fred Hidalgo.

Et au fait, qui est donc la belle inconnue secourue un jour par JJG et Fred Hidalgo au bord d’une rue qu’ils empruntaient à moto ? Se reconnaitra-elle dans ce livre où dans un autre chapitre, est mis en évidence la célèbre citation de Félix Leclerc ? 

“Il y a des maisons où la chanson aime entrer” : cette phrase si bien mise en valeur au Village en Chanson de Petite-Vallée en Gaspésie sert de clin d’oeil à une des nombreuses allusions à la vie personnelle de l’auteur.

En l’occurrence “la maison d’amour et d’amitié” qui a traversé la vie de JJG “une quinzaine d’années avant que je n’y écrive ces lignes“. Une maison qui aura aussi accueilli Daniel Balavoine et Thierry Sabine … Hasard ? Destin ? Serait-ce la fameuse “synchronicité” ?

 

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“CHORUS ABATTU EN PLEIN VOL ET EN PLEINE TRÊVE ESTIVALE”

Les nombreuses passerelles entre Paroles et musique/Chorus et JJG font partie des raisons qui m’ont incité à plonger avec bonheur dans la lecture de CONFIDENTIEL.

Quel plaisir de retrouver sous la plume de Fred Hidalgo divers épisodes de l’histoire de ces deux revues …. deux des repères d’une amitié née suite à notre première rencontre à l’Ile de la Réunion chez le chanteur Jacques Poustis en 1984.

Alors pas étonnant que certaines anecdotes, certains souvenirs me touchent de près. Tel le chapitre “Je commence demain” quand il est question du “jeune éditeur qui avait tout du cadre dynamique et performant” …  oui celui qui a décidé unilatéralement en 2009 de déposer le bilan, “sans prévenir la rédaction, occupée à boucler le numéro 69 de l’automne” ….

La fin de Chorus “abattu en plein vol et en pleine trêve estivale”, j’en ai eu connaissance alors que je me trouvais au Festival d’Eté de Québec…

Plaisir aussi de retrouver ici le souvenir séance de travail du 20 juin 1992 avec arrivée d’un invité-surprise : Pierre Barouh “l’homme de Saravah se retrouvait caméra au poing en train de filmer notre première réunion de rédaction”… Hé oui, les premiers pas de Chorus !

Assurément un formidable document dont personne n’a hélas jamais vu une seule image à ce jour. Un constat d’autant plus regrettable que cette vidéo montre un moment unique dans l’histoire de la presse musicale … avec entre autres l’active participation de Marc Robine et Jean Théfaine, deux des signatures majeures de Chorus emportées par le cancer. 

Alors cher Pierre Barouh ?

On pourra les visionner un jour, ces images inédites ?

 

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Mardi 6 octobre 2009, Europe 1. Quatre heures d’émission enregistrées en direct par Thierry Lecamp. Ici Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie d’Alain Chamfort

 

 “JAMAIS ON N’AVAIT CONNU DE TEL RASSEMBLEMENT DE CHANTEURS FRANCOPHONES A L’ANTENNE”

A l’heure d’internet, de l’actualité omniprésente avec ses infos qui en chassent sans cesse d’autres, il me semble important d’offrir aux lecteurs un appréciable temps d’arrêt. De se souvenir de certains événements de l’histoire de Chorus.

De se rappeler que l’inattendue cessation de parution de Chorus aura suscité quatre heures d’émission enregistrées dans les conditions en direct par Thierry Lecamp sur Europe 1 !

“Ce mardi 6 octobre, de mémoires d’artistes et de journalistes, on n’avait jamais connu pareil rassemblement  de chanteurs francophones à l’antenne” se souvient Fred Hidalgo. Et de publier une liste non exhaustive de celles et ceux intervenus ce soir-là à l’antenne : au micro, par téléphone ou  message enregistré. Une émission des plus mémorable que Thierry Lecamp a du réduire à deux heures de témoignages et de chansons, dont l’intervention de JJG “qui n’avait plus donné l’interview depuis notre rencontre de juillet 2005 et cela faisait des années qu’on ne l’avait pas entendu parler à la radio”.

Un tel ouvrage aurait évidemment été incomplet sans qu’il y soit question du demi-frère de JJG. Oui, le journaliste et écrivain Pierre Goldman : inoubliable figure de l’extrême-gauche française assassinée le 20 septembre 1979 par un commando de trois ou quatre hommes armés de pistolet.

Plusieurs pages sont consacrées à l’auteur de “Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France” qui inspira à Maxime Leforestier la chanson “La Vie d’un homme” sur l’album Saltimbanque illustré par Cabu.

Vous l’avez compris dès les premières lignes de ce (long) article :  “CONFIDENTIEL” est une publication unique en son genre. A l’instar du livre de Fred Hidalgo consacré à Jacques Brel aux Marquises !

 

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“UN PROJET QUE JE NOURRISSAIS DEPUIS 1991″

Alors si j’ai pu vous donner envie de le lire, j’en serai très heureux.

D’autant plus que “ce livre est le fruit de trente ans de complicité personnelle et professionnelle : un chemin semé d’interviews exclusives (dont celle où Jean-Jacques m’annonçait qu’il arrêtait les disques et la scène et retraçait l’ensemble de sa carrière), mais aussi d’anecdotes et de confidences…

C’est un projet que je nourrissais depuis 1991 et dont les médias ont annoncé prématurément la sortie en 2005. Sa gestation aura demandé dix ans de plus : c’est en 2015 que j’ai décidé d’aller au bout de mon rêve, un an avant que JJG ne choisisse de son côté de tourner aussi la page des Enfoirés…“.

A aucun moment de sa (longue) rédaction, JJG n’a cherché à intervenir sur le contenu : “GOLDMAN CONFIDENTIEL est donc un livre “autorisé” par l’intéressé – parce que c’est lui, parce que c’est moi… – qu’il n’a pourtant pas souhaité car il n’aspire plus qu’à l’anonymat et au silence des médias. Mais je n’avais d’autre choix, et Jean-Jacques le sait, que d’aller au bout de mon rêve…”.

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TABLE RONDE AVEC JJG, SOUCHON, CABREL ET YVES SIMON

Ce livre consacré à un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus importants de l’espace francophone fait évidemment la part belle aux nombreuses chansons (connues ou non) de JJG. Nombre d’entre elles distillent des références de la vie de l’artiste et/ou de sa famille…

Et s’il est évident que la chanson est au cœur de cet ouvrage, il n’y est pas uniquement question des titres ayant contribué à la population de JJG.

Dans le chapitre “Juste quelques hommes”, Alain Souchon, Francis Cabrel, Yves Simon et JJG  – les quatre parrains de Chorus- s’expriment à bâtons rompus sur divers sujets liés à la chanson, au rôle des médias, à “la composition du public et à l’incidence des salles sur la conception du spectacle”, etc.

Et aussi le rôle de la critique.

Ce qu’en attend JJG ? ” C’est d’apprendre ce qu’il y a dans ce disque, s’il y a des chansons lentes, des rapides, comment est faite l’orchestration, de quoi parlent les textes, qui a fait quoi, etc. Ensuite si le critique veut ajouter quatre lignes de son propre goût, libre à lui si ça le défoule, il peut dire qu’il aime ou qu’il n’aime pas, qu’il adore ou qu’il exècre, mais ça ce n’est pas très important.

Ce dont on a besoin, c’est essentiellement d’informations, ensuite on achètera le disque et on est assez grand pour avoir notre propre opinion sans chercher à l’imposer aux autres… (…) Or la critique d’aujourd’hui ce n’est que ça : des billets d’humeur, et pas d’information”.

“OUI, TON PARCOURS MÉRITAIT BIEN “TANT DE PAPIER, DE TEMPS”

CONFIDENTIEL bénéficie aussi de sept pages de repères bibliographiques et autant pour la “discographie originale” … ainsi qu’un “index qui se limite aux seules personnes ayant un lien direct ou indirect avec la vie personnelle ou professionnelle de Jean-Jacques Goldman, ainsi qu’aux artistes, aux groupes artistiques ou personnages cités par lui”.

De quoi vous clarifier bien des détails du parcours de cet artiste dont Fred Hidalgo cite une des phrases les plus connues : “Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent”. Une évidence PLUS QUE JAMAIS d’actualité chez bien des artistes …

Précisons enfin qu’il a un mois a paru un autre livre de Fred Hidalgo dont la sortie a failli ne jamais avoir lieu !

“Trop important, trop gros, trop cher à la fabrication, avec un lectorat impossible à cerner, nous ne saurons pas vendre un tel livre, ni dans le commerce ni auprès des médias… » : telle avait été la réponse de l’éditeur auquel Fred Hidalgo avait proposé en 2015 le manuscrit de “La mémoire du chante – Journal d’un échanson”.

Ce livre de 661 pages a paru en octobre 2016 grâce à une souscription lancée par Fred Hidalgo. Il est donc sorti un mois avant “CONFIDENTIEL” !

Assurément deux livres de poids, à tous les sens du terme, pour nourrir votre passion de la chanson … si tel est votre souhait !

En guise de conclusion, laissons le dernier mot à Fred Hidalgo. Son livre-événement s’achève par une série de remerciements. Avec au final un mot adressé à JJG en ces termes :

“Merci enfin à toi, Jean-Jacques … et surtout pardon pour m’être montré, au moins sur un point (!), en total désaccord avec toi : oui, ton parcours méritait bien “tant de papier, de temps” ! Et non, je ne regrette rien.”

ALBERT WEBER

Photos FRANCIS VERNHET ET COLLECTION FRED HIDALGO

JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL, par Fred Hidalgo, Éditions L’Archipel, 572 pages, cahier photos 16 pages.

Blog de Fred Hidalgo

Site du livre “Cabrel Goldman Simon Souchon Les chansonniers de la table ronde”

Page Facebook de JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL

Site de “La Mémoire qui chante”

Site des Éditions L’Archipeloù l’on peut découvrir le prologue et le premier chapitre de l’ouvrage pour se mettre en appétit en cliquant sur TÉLÉCHARGER UN EXTRAIT.

 

 

 

 

 

 

 

 

“ROCK SAKAY” CHEZ GALLIMARD : UNE ODYSSÉE DÉGLINGUÉE SIGNÉE EMMANUEL GENVRIN

En attendant de finir de lire et de vous parler de “Rock Sakay”, premier roman d’Emmanuel Genvrin revu en juillet dernier à l’île de la Réunion, voici un efficace coup de projecteur de Geoffroy Géraud Legros et Nathalie Valentine Legros.

Leur texte abondamment illustré est mis en valeur sur 7LAMESLAMER , site partenaire de planetefrancophone.fr que ces deux amis journalistes réunionnais ont lancé pour parler des “réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde”.

« Rock Sakay », c’est une course aux allures initiatiques, sur les traces d’une chimère appelée Janis.

« Rock Sakay », c’est le premier roman d’Emmanuel Genvrin, déglingué et poétique. « 7 Lames la Mer » aime !

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“Femme brossant ses cheveux”, par Wladyslaw Slewinski, 1897

Ensorcelante et monstrueuse. Telle est Janis, femme sortie tout droit de « Rock Sakay ».

Premier roman d’Emmanuel Genvrin — créateur du théâtre Vollard, auteur de nombreuses pièces et d’opéras —, « Rock Sakay », publié chez Gallimard, a partagé la fameuse « rentrée littéraire » française [1] avec 559 autres nouveautés [2].

À lire aussi : « Kanyar exquis ! »

Avant de plonger dans le chaudron romanesque, Emmanuel Genvrin s’est essayé à l’exercice exigeant de la nouvelle, publiant régulièrement dans la revue littéraire « Kanyar », éditée par le regretté André Pangrani. Autant de récits où « Rock Sakay » pointe déjà — peut-être, d’ailleurs, à l’insu de l’auteur.

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Jean-Luc Trulès (debout), musicien, compositeur, chanteur, acteur… et Emmanuel Genvrin, auteur du roman “Rock Sakay”, créateur du théâtre Vollard.

Jalon de la re-naissance de Genvrin qui, pas moins « gazé » que ses personnages, s’est mis en tête de donner à La Réunion un complet répertoire d’Opéra, « Rock Sakay » accouche de l’héroïne qui manquait au Panthéon, singulièrement dépeuplé, des figures de notre littérature : Janis.

De la beauté truculente à la silhouette diaphane, « Janis-femme » incarne l’hybris, la jubilation, la superficialité, la déraison ; l’affirmation de sa réalité et la « régression-résignation » animale et vertigineuse ; le Maître et l’Esclave, dirait un hégélien, dans la même personne.

« Il franchirent la porte de derrière. Il y avait une petite cour et un boucan — la cuisine en plein air des créoles — et, au fond, un parc cochon. L’homme sortit de sa poche un trousseau qu’il tendit à Jimi »…
(Page 122)
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Fantasque, tumultueuse. Envahissante, évanescente ; absente. Dévoreuse, amante : Janis hante ce roman de son urgence haletante.

Dès les premières pages et jusqu’à la dernière, elle est là, partout, même et surtout lorsqu’elle n’est pas là…

Le lecteur, dans sa nuit, tourne les pages du livre pour retrouver sa trace dans le dédale de la capitale malgache ou à travers la brumeuse campagne française.

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Démerde, dérives, gangs… « Rock Sakay » n’est pas un lagon pacifique. Les Tropiques de Genvrin sont aux antipodes des tristes topiques de l’imagerie touristique ; « Rock Sakay », éclaire le versant hardcore et « Kung Fu » et révèle les subtils et invisibles transferts d’exotisme entre les trottoirs de Paris, le foyer Sonacotra et les châteaux provinciaux…

Le rythme est vif ; il n’en délivre pas moins le spleen qui accompagne l’œuvre de l’auteur de la pièce de théâtre « Baudelaire au Paradis ».

« Pas de temps à perdre »… L’écrivain est pressé, comme son personnage Jimi : vite, vite, vivre et retrouver Janis. Vite, l’aimer. Encore. Et s’en défaire. Vite, s’enfuir. Vivre pour la retrouver. Pour la sauver. Vite, vivre et l’oublier.

« Il était 15 heures. Pas de temps à perdre. Une grosse averse avait provoqué des inondations. Le ciel était encore lourd de nuages et les trottoirs étaient boueux. Inutile de héler un taxi, les tarifs de Tana étaient prohibitifs. Avec la pénurie d’essence, on payait d’avance et les chauffeurs remplissaient des petites bouteilles aux stations ».
(Page 47)
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Cimetière des pirates sur l’île Sainte-Marie (Madagascar). Photo : Antony.

L’écriture d’Emmanuel Genvrin, savamment dépouillée, affutée, projette des images directes et entêtantes, souvent empreintes d’une forte charge poétique.

Comme dans cette scène…

« En quittant les lieux, Jimi se retourna : Janis se tenait debout sur les marches, immobile, les bras ballants, les cheveux rouges au vent. Son front était plissé, son regard était d’une tristesse infinie ».
(Page 173)

Avant cette description, Janis était le feu, la pluie, la boue, l’amour.

Ainsi tombe-t-on sous l’emprise de cette héroïne, fêlée, qui nous convie à contempler sa chute, irrésistible.

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Emmanuel Genvrin à la Sakay

Signe d’un roman d’aventures réussi : on voudrait protéger Janis, l’arracher à ses turpitudes, la sauver d’elle même. La ramener à son commencement, à son innocence, alors même qu’on acquiert la certitude de sa déchéance.

On souffle lorsque Janis disparaît du champ de lecture.… Mais déjà, elle nous manque ; déjà on est en manque.

Et l’on voudrait que les permanents aller-retours de Jimi qui rythment ce roman entre La Réunion, La France et Madagascar, la remettent sur notre chemin de lecture.

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Source : vollard.com

Le personnage de Janis confirme l’attrait de l’auteur pour les caractères féminins hors orbite sociale ; et son talent à les mettre en scène, à les sublimer. Pour finalement les ramener à leur condition initiale.

On se souvient par exemple de cette cantatrice extravagante et si émouvante, figure centrale — et cataclysmique — de la nouvelle « Tropic Salomé » [3], écrite en 2015 par Emmanuel Genvrin et publiée dans la renue « Kanyar ».

À lire aussi : « La cantatrice, l’amant et le mari »

Arborant le pseudonyme d’Irena Sbovska, la cantatrice « sur le retour » n’est en fait qu’une Mireille Gomez comme Janis est une Henriette Boyer.

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“Rock Sakay” et deux numéros de la revue “Kanyar”. ©7LLM.

« Rock Sakay », c’est une histoire d’amour, une histoire actuelle et déglinguée qui nous renvoie aux grandes tragédies classiques.

« Rock Sakay », c’est un road-book comme il y a des road-movies : poussière rouge, rencontres, errances, galères, drames… Départs et éternels retours.

Mais Janis n’est pas le personnage principal de « Rock Sakay ». Non. Le héros avec sa guitare, c’est Jimi (enfin… Francius). On ne vous en dira pas plus : prenez, et lisez.

« Jimi retourna en stop à la Pointe-au-Sel. De loin, il vit que la villa était fermée, volets clos, terrasse abandonnée. la petite plage était déserte, à part un chien jaune endormi et la silhouette d’un pêcheur sur un rocher ».
(Page 143)

Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros

Notes

[1La « rentrée littéraire », au mois de septembre est une spécificité française.

[2En 2010, 711 livres ont été publiés à l’occasion de la rentrée littéraire.

[3« Tropic Salomé » est une nouvelle écrite par Emmanuel Genvrin et publiée dans la revue littéraire « Kanyar » N°4, page 7, février 2015. La revue « Kanyar » a été créée par André Pangrani, mort le 31 juillet 2016 à Moscou.

 

“TOUS AU LIT !” : UN JOYEUX CONTE MUSICAL A DORMIR DEBOUT AVEC MARIANNE JAMES

Question du jour : comment endormir les enfants ? Vaste interrogation sans aucun doute que nous avons tous connue, vécue, subie … en tant qu’anciens enfants ou comme parents !

Et si le remède-miracle venait d’un CD  de 55 minutes et d’un livre aux expressifs dessins signés Soufie et au titre des plus encourageants : “Tous au lit !’ ‘

Vous souriez ? Alors laissez-moi vous expliquer.

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Un intense travail d’équipe, une aventure tant amicale que familiale

 Le déclic de cette aventure artistique est né d’un constat, d’une évidence. “Dans 99,99 % des foyers, l’heure du coucher qui souvent vire au cauchemar”.

Hé oui, comme elle sait (très) bien de quoi elle parle, Valérie Bour a fait travailler autant son imagination que ses souvenirs.

D’où cette histoire écrite avec la complicité de Marianne James … oui la chanteuse-musicienne-comédienne-humoriste-animatrice de télé … et notamment inoubliable créatrice de personnages hauts en couleurs tels  Ulrika von Glott, la diva allemande plutôt déjantée ou bien Miss Carpenter, l’actrice hollywoodienne en quête de rôle.

Et la voici dans un autre rôle, celui de Tatie Jambon qui doit user et abuser de force stratagèmes pour endormir les enfants interprétés par Léonie et Adrien Buffet. Pas facile d’arriver à ses fins malgré les interventions tour à tour rassurantes et drôles, douces et exaspérées de cette tatie qui ne manque ni de bagout ni de suggestions : des histoires de princesses au yoga, en passant par le défilé de moutons voire l’hypnose !

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Dessin de Soufie extrait du livret de 36 pages

 

 11 CHANSONS POUR TROUVER LE SOMMEIL

Tatie Jambon; Douce lumière; Il était une fois; Le yoga du rire; Le chant des baleines; Les Hommes; Cher Mouton; Tout coton; Viens dans la voiture; Le temps des grands; Le musée amusé …

L’invitation au sommeil est déclinée en une douzaine de titres aux accents slow, rock, bossa, avec un zeste d’ambiance tropicale et des clins d’oeil aux sixties … entrecoupés par les interventions de Tatie Jambon  Figure de proue médiatique de cette aventure, Marianne James y est entourée d’une joyeuse bande de musiciens unie par des liens amicaux et familiaux.

Les textes de Valérie Bour sont mis en musique par Sébastien Buffet et Philippe Bégin, réalisateurs  et arrangeurs du CD …. Et également en studio pour interpréter un gardien de la paix (“Viens dans la voiture”) et le “gardien du musée amusé”.

Les deux compères  participent aussi à l’album comme musiciens, en compagnie de Stéphane Chausse, Didier Havet, Didier Perrin … sans oublier Valérie Bour pour “les sabots de cheval” !

Certes, ce “conte musical à dormir debout” bénéficie de l’extravertie personnalité d’une Marianne James, très convaincante comme Tatie Jambon à la fois idéale et farfelue. Mais il résulte aussi d’une sacrée complicité  dans laquelle s’est  glissée l’auteur-compositeur-interprète Romain Lemire dans le surprenant personnage de “Charles-François Tremblay du Badelaine” !

 

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Marianne James et Sébastien Buffet

EFFICACE ALCHIMIE AVEC ENTRAIN ET HUMOUR

Plusieurs créateurs-auteurs-musiciens-artistes mobilisés autour de “Tous au lit” se sont retrouvés l’an dernier pour une autre aventure également destinée au jeune public : “un conte musical au coeur des océans” réunissant Marianne James, Jacques Gamblin, Kent, Agnès Jaoui, etc. Voir article sur Les symphonies subaquatiques.

“Tous au lit !”, c’est le symbole d’une efficace alchimie entre imagination et talent, avec beaucoup d’entrain et d’humour aussi, le tout saupoudré de bon sens.

Mention spéciale au livret de 36 pages qui ne se contente pas de reproduire les paroles des chansons illustrées par l’imaginative Soufie.

S’y glissent en fin d’ouvrage quelques questions à lancer aux enfants qui ne dorment pas : pourquoi ronfle-t-on ? Pourquoi baille-t-on ? Combien de temps peut-on tenir sans dormir ? Qu’est-ce que le somnambulisme ?  A quoi servent les rêves ?

Et si jamais vous n’avez toujours pas réussi à endormir vos enfants, rendez-vous sur la page voisine avec diverses expressions sur le sommeil à associer à une liste de huit mots ou expressions à compléter du genre : Tomber dans les bras de ? Ou bien “Comme on fait son lit” …

Bref vous l’aurez compris. Avec “Tous au lit!” paru aux Éditions des Braques il y a de quoi écouter et lire, chanter aussi … et même se creuser un peu les méninges avant de trouver ENFIN le sommeil.
Assurément une authentique réussite artistique à partager avec des enfants .. de tous âges si le cœur vous en dit.

TEXTE ALBERT WEBER
PHOTOS SITE “TOUS AU LIT!”

VIDÉOS ET PHOTOS SUR LE SITE “TOUS AU LIT !”

PAGE FACEBOOK DE “TOUS AU LIT !”

SITE DES ÉDITIONS DES BRAQUES

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Le yoga du rire sera plus efficace que les autres solutions trouvées par Tatie Jambon ?

 

 

CHANSON : CONTE MUSICAL AU CŒUR DES OCÉANS AVEC “LES SYMPHONIES SUBAQUATIQUES” !

Voici un CD et un livre que je vous recommande vivement tant pour le sujet abordé que la poignée de talents qui s’est jetée à l’eau à l’invitation de l’inspirée Valérie Bour (dialogues, textes de chansons) et co-scénariste avec Sophie Bernardo.

Oui, bienvenue au fond des océans en compagnie de … mais oui … Dominique A (Phoébus, le dauphin) ; Kent (Herman, le cachalot) ; Laure Calamy (narratrice) ; Jacques Gamblin (Jack, le mérou); Marianne James (Sheila, la pieuvre); Agnès Jaoui (Sissi, la sirène) , Simon Teglas (Adrien, l’enfant qui sait parler sous l’eau) et nombre d’autres artistes !

Tout ce petit monde a plongé dans une incroyable aventure artistique vraiment pas comme les autres menée à bien pour les enfants de tous âges !

À l’occasion d’une plongée sous-marine, Sophie Bernado et Hugues Mayot, tous les deux musiciens, ont l’idée d’un conte pour enfants dans lequel il serait question de musiques qui permettraient aux humains de se reconnecter au monde marin.

65 MINUTES DE VRAI RÉGAL

Pris par leur travail, ils confient à Valérie Bour le soin d’imaginer et d’écrire l’histoire née d’une parole d’enfant (“C’est super, j’ai rêvé que je chantais sous l’eau, sur le dos d’un cachalot !”) et … le fil est donné pour la suite : Les Symphonies Subaquatiques prennent forme !

D’une durée totale de 65 minutes, ce conte musical écologique est un VRAI RÉGAL !

Sur un sujet qui aurait pu être austère (la protection des océans), Valérie Bour et ses complices s’en donnent à cœur joie dans un feu d’artifices de rythmes : jazz, disco, gospel, bossa nova, techno, rythme tropical, pop, berceuse, etc.

Réussies autant sur le fond que la forme, ces étonnantes ” Symphonies Subaquatiques” bénéficient d’un site très fourni avec quantité d’informations , de sons, de vidéos, sans oublier une partie pédagogique “pour en savoir plus sur les océan . Un superbe site à découvrir ICI .

Un album (et un livre aussi) à mettre ASSURÉMENT entre toutes les oreilles et toutes les mains EN FRANCE ET AUSSI DANS L’ESPACE FRANCOPHONE.

Envie d’en savoir plus sur ces coulisses de ce projet ?

De découvrir les paroles des chansons ?

VOIR ICI LE SITE DES SYMPHONIES SUBABAQUATIQUES
VOIR AUSSI LE SITE DES ÉDITIONS DES BRAQUES

Albert WEBER

https://www.youtube.com/watch?v=iGsAcq3umbk&feature=youtu.behttp%3A%2F%2Fwww.lessymphoniessubaquatiques.com%2F

NATHACHA APPANAH : INCONTRÔLABLE ET FASCINANT “TROPIQUE DE LA VIOLENCE”

Dans les 560 nouveaux romans de la “rentrée littéraire” en France, il n’est pas tout exagéré qu’affirmer que le 6ème ouvrage de la mauricienne Nathacha Appanah se classe dans le peloton de tête des livres qui font l’actualité. Coup de projecteur sur un livre-choc paru chez Gallimard (collection NRF) et dévoré en quelques heures.

Nathacha Appanah au cœur de l’actualité … et pas seulement littéraire. Ah non !

Pourquoi ? Pour bien des raisons enracinées autant dans le contexte mahorais de ces 175 pages que le tragique destin de ses personnages et aussi -bien évidemment – dans des phrases haletantes d’angoisses permanentes et de contagieux désespoirs … autant de mots saccadées à force tenter de s’approcher d’un irréalisable bonheur. Ou d’une moins d’une certaine vie quotidienne sans (trop de) malheurs sur cette terre française de l’Océan Indien.

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CINQ (SUR)VIES AUX DESTINS TRAGIQUES

Marie, Moïse, Bruce, Stéphane, Olivier … Cinq prénoms, voire pseudonymes … cinq (sur)vies aux destins tragiques malgré quelques rares et hélas trop faibles lueurs d’espoirs. Cinq histoires qui se croisent, se déchirent, se retrouvent et explosent avec une force toute aussi implacable que logique.

Au départ, il y a “l’infirmière française” Marie qui s’installe à Mayotte avec Chamsidine, son mari, et c’est là que tout commence à se détraquer entre impossibilité d’avoir un enfant et adultère du mari mahorais …

Dès lors, malgré tout l’amour dont bénéficiera le petit Moïse, les événements vont s’enchainer. Inexorablement jusqu’à cette chute finale qui en dit long sur le destin ACTUEL de ces quelques 3 000 mineurs plus ou moins abandonnés à eux-mêmes, par leurs parents retournés contre leur gré aux Comores.

Chacun des 23 chapitres vous plonge, à la première personne du singulier, dans un ces bouts de vie où tout est permis et rien n’est impossible. A chaque personnage ou plutôt “anti-héros” de raconter avec ses mots bien à lui, comme il a vécu, survécu ET AUSSI  -et c’est assurément un des atouts  du livre – comment il en est mort …

SURTOUT NE PAS SE TAIRE

“Tropique de la violence” est né d’une INCONTESTABLE URGENCE chez Nathacha Appanah  : surtout ne pas se taire suite à une série de constats aussi répétés que violents … observés durant les années 2008-2010 passées à Mayotte, avant d’y retourner brièvement durant quelques semaines en 2015.

Et la romancière mauricienne de raconter ce bref retour à Mayotte dans le quotidien Libération ( juillet 2016) : “J’ai accompagné d’autres pompiers, infirmiers, travailleurs sociaux, et j’ai traîné dans les ruelles bordées de cases roussies de Gaza, ce bidonville à la lisière de Mamoudzou, le chef-lieu de l’île, et écouté ceux qui ont bien voulu me parler. Les adolescents – souvent encore mineurs – s’organisent en bandes, volent, agressent et se droguent à la fameuse «chimique», ce mélange d’herbe, de tabac et d’un produit de synthèse équivalent au crack. Ils se gavent de clips rap hardcore pour imiter les gangs latino-américains”.

Impossible pour un journaliste mahorais ou métropolitain de raconter de l’intérieur ce qui se passe dans la vie quotidienne de ces jeunes sans avenir, ni dans leurs pensées déchirées entre l’envie de survivre et le besoin de s’affirmer.

D’où la force de ce livre qui vous transforme tout en tour en chacun des cinq habitants de cette ile des Comores ayant opté pour son rattachement à la France lors du référendum de 1974, à la différence des trois autres iles des Comores.

SE LAISSER ENTRAINER AVEC MO DANS LES SECRETS DE GAZA

C’est évident, il faut suivre Natacha Appanah sans opposer aucune résistance. Vous laisser entrainer avec Moïse devenu Mo dans les secrets de Gaza, marcher avec lui dans les “bas-fonds mahorais”, bien tenir en main la  laisse fluo du chien Bosco, relire encore et encore le même livre “L’enfant et la rivière”,  porter le sac à dos de couleur marron de votre maman adoptive.

Pas étonnant que ce livre fasse partie de la sélection des ouvrages en lice pour le Goncourt et le Prix Wepler.

Pas étonnant non plus que ce “roman” ait été qualifié sans hésitation de  “chef-d’œuvre” par François Busnel dans son émission “La grande librairie”, jeudi 1er septembre sur France 5, en guise de présentation de ce “roman noir, sombre” entre “violence stupéfiante et” beauté frappante”.

Et j’hésite d’ailleurs à employer le mot “roman” tant ces 175 pages expriment une vie quotidienne à des années-lumières des préoccupations des touristes conquis par le “plus grand et le plus beau lagon du monde”. Ici pas de belles phrases littéraires chères à l’Académie Française mais des mots crus qui font mal, des actes qui blessent et font mourir aussi.

JUSTE QUELQUES TRANCHES DE VIE COUPÉES AU COUTEAU

L’auteure donne vie à cinq voix symboles de Mayotte, sans porter de jugement. Et sans prendre position. Juste en exprimant des pensées, des paroles, des actes .. avec en filigrane une infinie et impuissante tendresse pour tant de destins brisés quotidiennement …  des réalités plus actuelles que jamais sur ce 101 ème département français …. et c’est pas de la “littérature” pour attendrir et émouvoir.

“Tropique de la violence” est un livre d’une rare cruauté évoquée sans voyeurisme ni “effets de style”. Juste quelques tranches de vie coupées au couteau d’une lame qui vous remue les tripes, le cœur, la tête aussi.

A lire, c’est évident. D’une ÉVIDENCE ABSOLUE pour ne jamais devoir dire “je ne savais pas”.

Albert Weber

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Nathacha Appanah, auteure de “Tropique de la violence”. Photo C. Hélie/ Gallimard, site Radio France-International

 

 

 

 

 

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ALSACE, QUÉBEC, FLORIDE : LORENA DÉCOUVRE, SA GRAND-MÈRE MARTINE RACONTE

Née en Alsace, élevée au Québec, en vacances en Floride : elle n’a pas fini de voir du pays, la petite Lorena ! Bien sûr, elle est souvent photographiée par ses parents, un couple d’Alsaciens établis dans la région de Trois-Rivières au Québec.

Mieux, depuis quelques années, elle est également l’incontournable repère de trois livres pour enfants parus dans la collection Jeunesse chez DOM Éditions.

Rencontre avec Martine Haas-Nunge, l’inspirée grand-mère auteure de ces découvertes sans frontières.

 

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“De l’immobilier à l’écriture, pour mes adorables petits-enfants voyageurs, Lorena et Leo-Paul”.

L’immobilier c’est sans doute comme le journalisme ! Ça mène à tout à condition d’en sortir … comme on dit.

D’où cette dédicace au début de “Lorena en Alsace”, à côté d’une carte de France d’où ressortent, en vert, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Une phrase qui résume bien l’étonnante histoire de cet agent immobilier établie dans la région de Colmar … devenue auteure de livres pour enfants.

 

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Lorena à New-York

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 UN COUP DE CŒUR DE L’ÉDITEUR DOMINIQUE TISON

Été 2012, c’est le déclic. Car bien qu’elle séjourne régulièrement au Québec pour revoir ses petits-enfants Lorena et Leo-Paul, Martine Haas-Nunge est désolée désolée de ne pas les voir plus souvent. Lorena a alors trois ans et ses photos laissent pensive sa grand-mère.

Certes,  les nouvelles technologies facilitent  aujourd’hui les échanges entre les membres d’une même famille qu’un océan sépare, elle restait sur sa faim.

Une grosse faim d’autant plus que les parents de Lorena sont de grands voyageurs comme en témoignent nombre de photos transmises par Martine Hass-Nunge : Boston, Chicago, Mexico, Vancouver, etc. Et aussi Ribeauvillé en Alsace, Miami en Floride et le Québec  … D’où ces photos de Lorena illustrant cet article et publiées avec l’accord de ses parents.

Poussée par l’envie d’offrir à sa petite-fille des souvenirs de voyage ne se résumant pas à des photos ou vidéos,  l’agent immobilier prend donc sa plume, durant l’été 2012, inspirée par les nombreux voyages internationaux de sa petite-fille.

Et elle rédige le texte de “Lorena en Alsace” qui retient l’attention d’une maison d’édition de Colmar, paru chez Dom Éditions. Assurément un coup de cœur de l’éditeur Dominique Tison revu samedi 16 avril au Salon du Livre de Marlenheim où j’ai fait (enfin) la connaissance de l’auteure dont j’avais entendu parler.

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Chaque exemplaire est vendu 5 euros chez l’éditeur

 

AVEC LA COMPLICITÉ DU DESSINATEUR NICOLAS WILLMANN

Non, ne vous affolez pas ! Ce n’est pas un gros ouvrage indigeste, mais bel et bien un livre pour enfants 18 pages équitablement réparties entre texte et dessin. Un bref texte sur la page de gauche et un dessin d’une pleine page signé Nicolas Willmann.

En effet, c’est Lorena qui raconte l’Alsace à travers divers repères facilement identifiables pour une enfant de trois ans : maisons à colombage, cigognes, châteaux forts, seigneurs et chevaliers, choucroute,  sans oublier sa poupée Poupinette portant le costume traditionnel.

Inspirée des voyages de sa petite-fille, Martine Haas-Nunge signe un livre à la fois ludique et pédagogique. Car Lorena en Alsace” raconte une région à travers les mots d’une petite fille.

Ici on va à l’essentiel, à travers le regard d’une enfant curieuse de découvrir son environnement. Le genre de livre que vous lisez à votre enfant en prenant le temps de commenter chaque dessin donnant du relief aux découvertes et commentaires de Lorena.

 

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SCOOTER DES NEIGES, POUTINE, MAGASINAGE ET TIRE D’ÉRABLE

“Lorena en Alsace” a paru durant le 3ème trimestre 2014, en même temps que deux autres livres de la même veine : “Lorena au Québec” et puis “Lorena en Floride”. Toujours avec la même dédicace pour les deux petits-enfants publiée à côté d’une carte du pays ou de la région concernée, avec des dessins du  même illustrateur, et surtout dans le respect de l’esprit dans lequel a été rédigé le premier livre de la série.

 Scooter des neiges ;  plages du fleuve Saint-Laurent (“On dirait une mer tellement c’est grand!” ) ; bateaux pris dans les glaces du fleuve en hiver; sucette de tire d’érable; “magasinage” à Montréal dans les “immeubles très très hauts, avec plein de magasins en sous-sol”; écureuils du Mont-Royal; poutine; autoroute à perte de vue avec ses “immenses camions rutilants et colorés”;  caribous …

C’est sans aucun doute le regard synonyme de surprises de la jeune Lorena en vadrouille sur sa terre d’adoption.

 

Lorena au Québec
Lorena au Québec

 

LORENA RACONTE, S’ÉMERVEILLE, VA SE SURPRISE EN SURPRISE

Ce genre de livre pour enfants a le mérite d’aller au-delà des habituels clichés, des cartes postales.

Car c’est la jeune Lorena qui – à travers les mots de sa grand-mère – raconte, s’émerveille, va de surprise en surprise sans perdre son âme d’enfant.

Après la terre natale et la terre d’adoption, Lorena découvre la Floride : Miami, plages de sable blanc;  châteaux de sable construits avec son père; parc d’attraction avec rencontre des personnages de Disney; crocodiles des Everglades découverts depuis un hydroglisseur; centre spatial Kennedy; piscine et cocotiers; etc.

Lorena à Miami
Cette photo prise à Miami a a été reproduite par le dessinateur dans “Lorena en Floride”

 

MARTINE HAAS-NUNGE SUR LES PAS DE LORENA A NEW-YORK ET EN MARTINIQUE

Évidemment, Martine Haas-Nunge est bien décidée à continuer cette aventure tant éditoriale que familiale. Après l’Alsace, le Québec et la Floride, Lorena s’en ira découvrir New-York et aussi la Martinique …

Les idées ne manquent pas, et l’auteure est prête à continuer à raconter les voyages de sa petite-fille, avec la complicité de son illustrateur et aussi de l’éditeur Dominique Tison qui se présente à juste titre comme un “révélateur de talents”.

On ne peut que lui souhaiter que cette série de Lorena emprunte une voie synonyme de succès populaire  à l’instar de la fameuse collection de Martine publiée par Castermann. Soit plus de 80 livres pour enfants signés Gilbert Delahaye et Marcel Marlier : que de lecteurs depuis le premier tome, “Martine à la ferme” paru en 1954 jusqu’au “Martine et le prince mystérieux” sorti en 2010 : 65 millions d’exemplaires vendus en langue française et 35 millions en langues étrangères, traduites dans une trentaine de langues.

De quoi faire rêver un éditeur audacieux et obstiné comme Dominique Tison, non ? On peut toujours rêver, et en attendant cet éditeur agit quotidiennement, notamment bien présent sur les réseaux sociaux où il a même lancé un groupe publié pour les Amis qui aiment DOM Éditions.

 

Lorena à Key West, FL
Lorena à Key West, en Floride

 

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Samedi 16 avril 2016, Salon du Livre Alsatique et Jeunesse à Marlenheim. Martine Haas-Nunge kiosque de DOM Éditions

 

EN ATTENDANT DE RETROUVER “LEO-PAUL A PARIS”

Comme Lorena grandit, sa grand-mère peut évidemment adapter au fur et à mesure des prochaines parutions le ton de sa petite-fille.

Et qu’en pense donc son frère Léo-Paul ? Pas de risque de jalousie … car sa grand-mère travaille sur un “Leo-Paul à Paris” !

Si le lectorat est au rendez-vous, l’inspiration de l’auteure l’est aussi. Aux parents et grands-parents qui ont envie de soutenir ce beau projet de réagir à présent. Comme dirait l’éditeur Dominique Tison, “le livre, c’est un cadeau pour soi ! Et un cadeau d’amour ou d’amitié pour les autres !”.

Alors à vous de jouer … avec Lorena et son regard d’enfant sur ses aventures sans frontières et en famille.

 

TEXTE ALBERT WEBER 

SITE DOM ÉDITIONS

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Dans ses voyages, Lorena est toujours accompagnée par Poupinette qui porte le costume traditionnel alsacien

 

 

 

 

 

 

 

NICOLAS BRULEBOIS ET MARC LEGRAS AU COEUR DES INTENSES VIES D’ALLAIN LEPREST

Livres, spectacles, albums de reprises et/ou titres inédits, colloque, …

L’actualité suscitée ces derniers mois autour d’Allain Leprest  est des plus riches.  Suite aux récents “CD leprestiens” de Jean Guidoni et Claire Elzière, l’album de JeHan-Lionel Suarez  s’annonce imminent.

Déjà chanté de son vivant par nombre d’artistes, cet auteur-compositeur-interprète l’est tout autant, voire encore davantage depuis son suicide.
Sa disparition n’a pas été synonyme d’abandon, d’indifférence, d’oubli. Bien au contraire comme en témoignent avec éclat les ouvrages si différents et cependant complémentaires de Marc Legras et Nicolas Brulebois. Continue Reading