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A quelques jours de la FrancoFête de Moncton-Dieppe au Nouveau-Brunswick et de Coup de Coeur Francophone à Montréal, voici un texte à partager entre passionnés de chanson francophone et de la langue française.
En l’occurrence le discours prononcé lors de la remise de l’Ordre des francophones d’Amérique par Françoise Enguehard le 26 septembre 2013 à Québec.
L’Ordre de francophones d’Amérique est une décoration décernée annuellement depuis 1978 par le Conseil supérieur de la langue française.
Présidente de la Société nationale de l’Acadie (SNA) de 2006 à 2012, elle a reçu cet honneur de la part du Conseil supérieur de la langue française.
Cette distinction reconnaît “les mérites de personnes qui se sont consacrées ou qui se consacrent au maintien et à l’épanouissement de la langue française en Amérique ou qui ont accordé leur soutien à l’essor de la vie française sur le continent américain”.
Coup de projecteur sur Françoise Enguehard, militante des plus déterminées de la langue française : un destin aux multiples facettes sans aucun doute !
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Françoise Enguehard photographiée par le Conseil supérieur de la langue française
“Chers Amis,
En m’accueillant aujourd’hui dans l’Ordre des francophones d’Amérique, vous avez choisi d’honorer, pour la toute première fois, une personne née aux Îles Saint-Pierre-et-Miquelon, minuscule terre française d’Amérique du Nord.
Contrairement à la majorité des francophones des Amériques, je n’ai donc eu aucun mérite à apprendre ma langue puisque j’étais en République française, appuyée dans mes études et dans ma vie par ses institutions.
Si mérite j’ai eu qui justifie l’honneur qu’on me fait, il m’est venu par la suite lorsque j’ai quitté mes îles, à seize ans, pour Halifax puis Saint-Jean de Terre-Neuve, m’installant ainsi à la fois en Anglophonie et en Acadie.
De ce pays du cœur qu’est l’Acadie, j’avais reçu de ma grand-mère maternelle, fière descendante de Zélie Poirier, Madeleine Bourgeois et de tant d’autres déracinées, l’enseignement le plus ardent ainsi qu’une grande leçon d’humilité : je n’avais aucun mérite à bien parler français m’expliquait-elle, les Acadiens, eux, forçaient l’admiration.
Il convenait de ne se moquer ni de la parlure ni de l’accent mais de se réjouir d’y retrouver la langue de Rabelais, préservée dans toute son exubérance comme au jour où Jacques Cartier quitta Limoilou pour Terre-Neuve.
Cette manière d’envisager la langue a guidé mon travail et mon action en francophonie et demeure d’actualité plus que jamais, à l’heure de l’internet, des tweets et des textos.
Oui, les gens font des fautes de grammaire et d’orthographe, de prononciation, le vocabulaire de tous les jours s’appauvrit souvent mais tout cela ne m’inquiète pas outre mesure puisque, à bien y regarder, on a rarement autant écrit, peu importe le support électronique, rarement autant lu non plus.
Par contre, j’ai deux craintes :
La première c’est le peu d’inquiétude de la France face à la place sans cesse croissante qu’elle accorde à l’anglais sur son territoire, des panneaux d’affichage aux magazines en passant par le vocabulaire de l’élite : “dispatcher au staff”, “regarder un spectacle en live”, pourquoi donc? Jusqu’à l’aimant de collection du fromage La Vache Qui Rit qui devient “un magnet collector”. N’eut été de l’article indéfini on était complètement en anglais.
Oui, le français a toujours intégré les mots étrangers, mais seulement lorsqu’il n’avait pas d’équivalent à sa disposition. Aujourd’hui, c’est tout le contraire et pour nous, francophones des Amériques, ce laisser-aller dans “la maison-mère” a de quoi inquiéter.
L’autre crainte est plus subtile : selon l’Organisation internationale de la Francophonie il y a 220 millions de locuteurs français de par le vaste monde et 33 millions de personnes dans les Amériques qui connaissent notre langue, dont 11 millions aux États-Unis.
Mais combien d’entre elles s’en servent ? Et combien d’entre elles la transmettront ?
Être francophone dans les Amériques exige un grand niveau d’engagement, une dévotion de tous les instants, une rigueur et une constance exigeantes pour donner au français la place qui lui revient.
Ma famille – mon mari, nos deux garçons et moi – avons ensemble fait cet effort tant nous étions convaincus que c’était là notre responsabilité de citoyens et nous avons fait nôtre, cette phrase :
“Une langue ne disparaît pas parce qu’on ne l’apprend plus mais parce que ceux qui la connaissent ne l’utilisent plus”. J’ai étudié le latin pendant sept ans, je confirme l’exactitude de cette citation.
FrancoFête, novembre 2012. Françoise Enguehard assise à côté de Philippe Beaulieu, durant la présentation du Centre de ressources international et acadien (CRIA) par Carol Doucet
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“Ses liens privilégiés avec Saint-Pierre-et-Miquelon ont également permis de fortifier les relations entre la SNA et l’Archipel”
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Françoise Enguehard a assurément plusieurs cordes à son arc ! Journaliste et auteure de romans jeunesse et pour adultes, elle travaille actuellement à son compte à Vivat Communications, une compagnie de communication et de relations publiques, tout en demeurant plus que jamais mobilisée sans hésitation en faveur de l’Acadie.
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Pour mieux connaître Françoise Enguegard, une visite s’impose sur le portail des francophones de Terre-Neuve et Labrador.
http://www.francotnl.ca/artiste/francoise-enguehard
De quoi en savoir plus sur cette militante de la langue française ainsi saluée par la Société Nationale de l’Acadie (SNA) lors de sa remise de l’Ordre des francophones d’Amérique.
“Françoise Enguehard est une grande dame qui se donne corps et âme à l’Acadie tout entière. Bien avant son passage à la SNA, ses engagements et son dévouement pour sa communauté francophone de Terre-Neuve et Labrador ont permis à la Francophonie de découvrir la ténacité de son peuple” a affirmé fièrement la vice-présidente, Mme Amély Friolet-O’Neil. “Je me joins au peuple acadien afin de la remercier pour ses nombreuses contributions. Cet insigne de l’Ordre des francophones d’Amérique qui lui est décerné est grandement mérité. Toutes nos félicitations Françoise! »
Dès son arrivée à Terre-Neuve, Mme Enguehard, qui est originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, s’investit à l’Association francophone de Saint-Jean. Elle participe d’abord à sa création et y travaille ensuite comme directrice générale.
Elle se consacre également de manière bénévole aux droits à l’éducation en français pendant une vingtaine d’années et assiste finalement, alors qu’elle fait partie du comité de parents de l’école française, à la construction et à l’ouverture du Centre scolaire et communautaire Les Grands Vents de St-Jean.
En 2006, Mme Enguehard entame un nouveau défi en tant que présidente de la SNA. Pendant ces six années, elle permet à l’organisme de se solidifier et contribue à sa plus grande visibilité en Atlantique, mais également à l’échelle nationale et internationale
Mme Enguehard a de plus insisté sur le rôle important de la jeunesse en Acadie et en particulier au sein de la SNA en encourageant avec succès la jeunesse acadienne de s’impliquer davantage au sein de l’organisme. Ses liens privilégiés avec Saint-Pierre-et-Miquelon ont également permis de fortifier les relations entre la SNA et l’Archipel”.
Sans doute le livre le plus important et le plus personnel aussi de Françoise Enguehard. Un passionnant ouvrage de 356 pages, entre saga familiale et destin hors du commun de la belle Marie-Jo …
Une histoire émouvante et tellement réaliste enracinée dans le difficile quotidien de cette île au large de Saint-Pierre-et-Miquelon aujourd’hui plus connue sous le nom d’Ile aux Marins.
Également publié en France sous le titre L’Île aux chiens, ce livre a reçu le Prix Queffélec 2001 : un honneur destiné à des “œuvres maritimes”.
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TEXTE ET PHOTO ALBERT WEBER
SOURCES Françoise Enguehard, Société nationale de l’Acadie
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