Si vous aimez la chanson française, je veux dire celle qui a du cœur, des tripes, de l’esprit, du bon sens, de l’humour et de l’ironie aussi, alors ne passez pas à côté du nouvel album de Viz.
Et je ne suis pas le seul à le penser si j’en crois la revue de presse publiée en fin d’article. Assurément une nouvelle étape pour ce trio proposant divers spectacles pour adultes et jeune public.
VIZ ? C’est un trio créé par Virginie Schelcher (chant, hautbois, cor anglais, percussions), Dominique Zinderstein (chants, guitares) auquel s’est joint Fanny Roellinger (chant, violoncelle, percussions).
Et “Embrassons-nous” est le premier opus enregistré par le trio … ce qui complète une belle discographie jusqu’à présent enregistré par les deux fondateurs du groupe. Et toujours sous l’égide de la Compagnie Le Vent en Poupe.
Textes et musiques sont signés Dominique Zinderstein également arrangeur des 15 chansons auxquelles s’ajoutent deux autres titres : “Cri de la nature” – instrumental au violoncelle offert par la musicienne-chanteuse qui a transformé le duo en trio – et Colombine” (Verlaine/ Brassens).
JOYEUX ET IMPERTINENT, ACIDE ET VOLUPTUEUX
Enregistré de mars 2020 à janvier 2021 à Steinbach, “Embrassons-Nous” joue avec brio sur plusieurs registres à commencer par des situations vécues et observées, des tranches de vie … et puis il y a aussi un aspect plus onirique. Ou disons plutôt utopique.
“Viens la belle”, “Notre amour” … Au-delà de l’amour, thème incontournable distillé dans cet album avec gourmandise, voire volupté, cet album s’affirme aussi sur des thèmes actuels, et préoccupants. A commencer par “La confusion des sentiments” qui va très loin dans “destruction du discernement” et “suspension des assentiments”…
Viz en parle sans langue de bois, et aussi sans prise de tête, avec une évidente satisfaction pour des expressions et des jeux de mots qui font mouche. “L’obsolescence programmée “? Une réalité à laquelle nous sommes tous confrontés : “Du clinquant stupéfiant/ Inventions diaboliques d’érudits hystériques/ Pour la frime pour le fric d’un monde agonisant”.
Même exaspération face à ces chères “4 / 4 women” : “Dans leur char d’assaut rutilant elles se moquent des passants / Se garent sans gêne sur le trottoir / En double file sur les boulevards“.
Les paradoxes de la vie, avec ses motivations et ses engagements affichés haut et fort en prennent un coup dans “Les révoltés de salon” avec allusion à “leur centrale vieille de plus de cent ans” et au souhait/ rêve de se prendre pour Louise Michel ou Victor Schoelcher.
Pas de doute, on monte encore d’un cran dans “Je hais les drapeaux ” et “Il n’y a plus d’hirondelles” entre dénonciation des “frontières de sang” et du “suicide pesticide”…
Passionné par la langue française, Dominique Zinderstein en savoure les nuances, comme dans “Je reviendrai Porte Dauphine” et sa farandole de plats dépaysants et sites inattendus .. pour au final retrouver les fameuses “pommes dauphine”. Il cultive aussi le sens de la formule comme dans “Pierrot” : émouvant destin d’un attachant personnage à la dérive qui avait “la bouteille dans la peau” et une “mémoire d’éléphant rose“
Mais attention, pas de méprise !
Oui, ne vous y trompez pas … cet album n’est pas un enchainement de chansons à messages et de titres revendicatifs : c’est joyeux et impertinent, acide et voluptueux au gré des refrains.
Et on rit de bon cœur dans “La photographie” évoquant avec humour l’art de se débarrasser d’un amour encombrant tout en l’incitant à sourire au moment fatal /….
“TROIS CHANTEURS ET MUSICIENS EXTRATERRESTRES”
De quoi prendre un peu de recul, de s’imaginer en cosmonaute dans la chanson débutant l’album : de quoi observer ce qui se passe sur Terre avec un sacré bon sens teinté d’incompréhension aussi.
Viz aime d’ailleurs se présenter comme un groupe “composé de trois chanteurs, musiciens extraterrestres qui, depuis leur station spatiale située à quelques centaines de kilomètres au-dessus de la planète terre, observent attentivement les interactions entre les êtres humains et les autres habitants de la planète bleue qu’ils soient animaux ou végétaux.
Un soin particulier a été apporté dans la mise en valeur des instruments, notamment la complicité entre violoncelle et hautbois … ainsi que l’harmonie des voix comme dans “Cosmonaute“. Et à chaque nouvelle écoute de cet opus, j’y ai déniché d’autres trouvailles : jeux de mots vocabulaire, mots à double sens, etc …
De là à parler d’un album à “savourer sans retenue” ?
Oui bien sûr, même si cette expression se soit tellement galvaudée.
“A L’HEURE OÙ LES OISEAUX CHANTENT”
Pour la sortie de leur album, Viz a organisé deux concerts de lancements à Vieux-Thann samedi 23 et dimanche 24 octobre. Mais je n’y ai pas retrouvé mon titre préféré de cet opus : “A l’heure où les oiseaux chantent”.
Pourquoi préféré ? Pour les voix tellement à l’unisson … avec des mots/expressions à comprendre /apprécier selon son vécu …
“Embrassons-nous”, la chanson éponyme du nouvel album, je l’ai entendue pour la première fois samedi 5 juin 2021, dans le cadre d’une mobilisation à l’initiative du collectif de citoyens et d’associations “50 ans sans train, ça suffit !”
Elle était chantée en duo par Virginie et Dominique, devant la mairie de Guebwiller durant l’événement organisé par l’association FloriRail pour le retour du train dans la vallée du Florival”.
REVUE DE PRESSE NON EXHAUSTIVE …
COMPAGNIE LE VENT EN POUPE : UNE SACRÉE AVENTURE …
Ça fait un bon moment que je m’intéresse à l’histoire du groupe Viz évoluant désormais avec en coulisses l’efficace complicité de Francis Ruhlmann, ancien directeur du Relais culturel de Thann et passionné de chanson française.
Mon premier article parlant de Virginie Schelcher date de près d’un quart de siècle.
C’était en avril 1998.
Elle était alors membre de Bagatelle, un quatuor vocal féminin et avait chanté à Fessenheim, à l’occasion de la commémoration du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Un événement marqué par la venue de Catherine Trautmann, alors Ministre de la Culture et de la Communication, et Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer.
Quelques années plus tard, en 2006, un article d’une page paraissait dans le trimestriel Chorus, les Cahiers de la Chanson, pour présenter le duo formé par Virginie Schelcher et Dominique Zinderstein.
Texte et photos Albert Weber
Archives VIZ
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