Coup de projecteur de Henry Tilly sur Pascal Mary : assurément un chanteur qui gagne à être MIEUX connu du grand public.

Retour sur son concert de fin avril offert en piano-voix à L’Arthé Café.

Marc Usclade presente Pascal Mary
Marc Usclade présente Pascal Mary

 

 Chers extraterrestres de Planète francophone,

Je crois vous avoir déjà dit, en substance tout au moins, que j’avais, à l’instar de quelques dizaines “d’aficionados”, quelque chose comme « mon rond de serviette » à l’Arthé Café, ce merveilleux petit café-concert-auberge perché dans les Combrailles, à Sauterre à une poignée de kilomètres de Riom et Clermont-Ferrand.

L’augmentation vertigineuse du prix des carburants peut donner l’impression que cette adorable oasis de la belle chanson s’éloigne peu à peu de Montluçon où je réside mais il est des affiches auxquelles on résiste difficilement s’il se trouve que l’on est justement disponible ce jour-là.

Ainsi, en cette fin avril, y suis-je arrivé au galop, me pourléchant les oreilles à l’idée d’y retrouver Pascal Mary découvert à Prémilhat en 2011 et jamais revu depuis, même si j’ai pu utiliser ses chansons dans “La chanson dans tous es états”, l’émission hebdomadaire que j’anime depuis trois  ans sur RMB. Podcast à découvrir ICI 

Accueilli et présenté par Maï et Marc, nos hôtes dont on ne dira jamais assez l’âpreté du combat pour maintenir en vie cette oasis, Pascal Mary surgit en scène avec une sveltesse, une légèreté qui fait penser aux Elfes chères à Charles Trénet.

Le calme avant ou apres l'orage
Le calme avant ou après l’orage

 

TOUT REPOSE SUR L’EXPRESSIVITÉ DE L’ARTISTE

Manifestement, il sera seul avec son piano et le décor semble des plus sobres, pour ne pas dire austère : le fond de scène est tendu d’un rideau noir, le piano est disposé au milieu, face au public, dissimulé par un écran noir lui aussi qui en cache les pieds.

Tout repose donc sur l’expressivité de l’artiste, sa capacité à capter le public et lui offrir un voyage émotionnel ininterrompu avec les seules armes dont il dispose : son corps, plus souvent réduit à un buste, son visage et les expressions qu’il peut transmettre, sa gestuelle et bien sûr ses textes et la façon dont il les fait porter par ses mélodies mais aussi sa manière de faire parler son instrument… Enfin, sa voix.

Sa voix ! Je le savais pourtant pour l’avoir vu et entendu sur scène, comme je vous l’ai dit, en 2011 et pour avoir, entre-temps, écouté ses albums, sa voix, qui n’est pas celle d’un “chuchoteur”, loin s’en faut, est faite d’une matière limpide et délicate qui lui donne un timbre mélodieux et précis mais en même temps capable de fermeté autant que de subtilité et dans une tessiture confortable, qualités qui sont, pour une grand part, le résultat d’une parfaite maîtrise de la respiration, au service également d’une diction parfaite.

Le tout, on le sait, peut s’appeler “l’Art Vocal” dont la maîtrise ne s’improvise pas, ce que l’on devrait enseigner à nombre de perruches et autres éructeurs qui polluent régulièrement nos ondes et certains sites Internet, adoubés par des producteurs et des “experts” autoproclamés, auxquels les chèques encaissés font oublier que leurs “volailles industrielles” sont à la Musique et à la Chanson ce que peut être Mac-do à la gastronomie.

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La savoureuse tradition de l’Arthe- Café : la soupe avant la 3ème mi-temps !

 IL MAÎTRISE A LA PERFECTION L’ART VOCAL

Pascal Mary maîtrise donc à la perfection l’Art Vocal, au point qu’on se surprend à penser qu’au-delà de la technique, il a peut-être des gènes de Jacques Douai. Mais sa maîtrise de l’accompagnement au piano  n’a rien à envier à sa maîtrise vocale et semble, associée à une expression corporelle sobre mais éloquente, propulser vers nous des textes qui nous pénètrent instantanément et nous font totalement oublier le dénuement de la scène.

Cet artiste hors du commun m’avait, certes, marqué en 2011, à sa découverte mais le souvenir de l’homme de scène était quelque peu dilué dans la richesse du plateau proposé à ce Festival d’Automne de Prémilhat.

Ici tout me revient en bloc et je vois bien que, le mûrissement aidant, l’homme de scène a perfectionné ce qui lui permettait de faire vivre intensément ses très belles chansons avec un minimum de moyens techniques, illustrant ainsi parfaitement le titre de son album de 2010 : “Vivons d’un rien”.

Certains artistes, même très talentueux, peuvent, au long d’un concert ou d’un album, s’avérer quelque peu lassants par le manque de diversité de leurs thèmes et surtout de leurs musiques. A moins d’être d’une grande mauvaise foi, c’est un reproche qu’on ne pourra pas adresser à Pascal Mary.

Il nous emmène dans un voyage rempli d’imprévus, compensant, dans une même chanson, une mélancolie appuyée par une pirouette ironique. Le spectacle est ainsi et nous explorons les replis d’une personnalité multiple, complexe mais d’une richesse rare, à travers des chansons qui sont autant de tableaux dont il est difficile de doser la part autobiographique tout en imaginant qu’elle est importante.

Tendre poésie, mélancolie que l’on sent authentique, révolte tout aussi sincère, spleen baudelairien dont on sait qu’il n’est pas feint ou de circonstance, sensualité imprégnée de tendresse ou plus tumultueuse, tous ces sentiments exprimés avec une force généralement contenue, même quand les mots sont caustiques ou trahissent un trouble profond, sont atténués par une dominante de tendresse, de charme, d’humour, d’autodérision aussi.

Au sommet de Joyeux Noel
Au sommet de” Joyeux Noël” !

 

DES LARMES AU SOURIRE, VOIRE AU RIRE FRANC

Car l’un de ses talents est, à l’évidence, de savoir se moquer de lui-même, ce qui lui permet de toujours éviter le pathos, alors que la charge émotionnelle qui émane de lui nous fait passer des larmes au sourire, voire au rire franc puis replonger dans une sourde inquiétude, dans ce que l’on sent être un malaise ou disons plutôt, en empruntant la formule à Catherine Laugier (Nos enchanteurs) : “Sa douce blessure de vivre”.

Et que dire des genres musicaux empruntés pour porter ces textes si éloquents. On passe de la douce ballade à une chanson plus “folk”, puis une bossa ou une mélodie carrément “jazz”.

Et nous, spectateurs devenus captifs, sommes emportés par cet “homme piano”  dont la voix, les mots, les notes et les mimiques ne font plus qu’un, indissociable, indispensable puisqu’en chantant sa vie il infiltre la nôtre et éveille en nous des sentiments et des émotions tellement humaines que nous y trouvons, même confusément, des analogies avec ce que nous avons pu vivre ou ressentir.

Un des plus beaux exemples, pour faire simple, est sans doute cette chanson satirique, à la fois drôle et caustique où beaucoup d’entre nous reconnaîtront ici et là, en caricature, des bribes de leurs propres tableaux de famille :” Joyeux Noël” (extrait de l’album « Vivons d’un rien » 2010).

“Joyeux Noël” à savourer ICI

Finalement, on a beaucoup (relativement) écrit sur Pascal Mary, sur ses différents albums, sur ses prestations scéniques et ce bel artiste a fait l’unanimité, me semble-t-il, pour louer ses qualités humaines en même temps que ses talents d’auteur, de compositeur, d’interprète.

Il sait s’entourer d’amis fidèles et de grands talents, ce qui se remarque aisément au “casting” de ses albums et aux musiciens qui l’entourent dans des concerts moins intimistes. Quel serait l’intérêt que je répète comme un perroquet ce qui a déjà été dit.

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Retrouvailles avec Mai, Pascal Mary et Henry Tilly

 

SOUS LE CHARME DE SA RICHESSE POÉTIQUE

Bien sûr, je pourrais ajouter que je suis encore sous le charme de sa richesse poétique, de ses métaphores judicieuses autant qu’inattendues et que les amis que j’avais emmenés à sa découverte ont encaissé un gros coup à l’estomac mais aussi, comme disait Brassens, “du côté du poumon”.

Alors, que dire d’autre ? Si !

Commandez vite ses albums, écoutez-les avec les livrets et quand vous serez convaincus qu’il vous en manque une dimension, trouvez sur son site un lieu de concert à votre portée et je doute fort que vous ne succombiez pas à votre tour.

Comme disait Tristan Bernard : “Le meilleur moyen d’échapper à la tentation, c’est d’y succomber”.

TEXTE HENRY TILLY

PHOTOS FRANÇOISE ET HENRY TILLY

SITE DE PASCAL MARY

SITE DE L’ARTHE-CAFÉ

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