Un premier album, c’est évidemment une étape essentielle pour un artiste. Et d’autant plus pour Colombe Barsacq qui aura mis plusieurs années de franchir le pas, alors que son parcours s’enracine dans nombre d’initiatives individuelles et collectives marquées, entre autres, par des spectacles chantsignés.
Oui je parle des spectacles mettant en valeur la langue des signes, comme en témoigne le parcours de cette artiste formée aux arts de l’acteur, du clown et du chant.
PIONNIÈRE D’UNE “PASSERELLE ENTRE DEUX MONDES, CELUI DU SILENCE ET CELUI DE LA MUSIQUE”
Durant plusieurs années, au sein d’International Visual Theater (direction Emmanuelle Laborit), elle a œuvré avec détermination, pour que artistes et public puissent se rassembler dans un même espace, qu’ils soient sourds ou entendants. Initiée au chansigne et devenue bilingue en Langue des Signes Française, elle est devenue directrice artistique de CRé qui produira ses spectacles et son nouvel album.
“En tant que femme et artiste, je souhaite contribuer à un changement de regard sur la différence, par l’art comme par l’amour. L’amour n’a ni couleur de peau, ni sexe, ni handicap, ni frontières.
En conséquence, je cherche à tracer un chemin artistique exigeant, qui intègre une dimension devenue un symbole de lutte pour l’émancipation : la Langue des Signes. J’étais pionnière en 2009, en créant une passerelle entre deux mondes, celui du silence, des signes et des Sourds et celui de la musique. J’invite des artistes qui chansignent à mes côtés. Je reste fidèle à ce partage, quasi chorégraphique, du sens de la chanson. Il reste toujours tant à faire”.
C’est à 13 ans que Colombe commence le chant classique, avec Karin Trow, pianiste, chef d’orchestre, compositrice et chanteuse allemande (1935-2002). En parallèle à des études de réalisation audiovisuelle puis de mise en scène, elle explore des univers sonores très variés : chant diphonique, chant choral, jazz, etc. Elle se forme avec le Roy Hart et suit régulièrement des stages au Studio des Variétés. A partir de 2016, elle se perfectionne au sein d’Harmoniques où elle rencontre Géraldine Ros. Avec cette compositrice, chanteuse, professeure de chant, elle approfondit le travail scénique et le coaching vocal.
“DU TEMPS, DE L’ÉNERGIE … ET TANT DE RENCONTRES ARTISTIQUES, HUMAINES ET CRÉATIVES”
Pas de doute, la patience aura été de rigueur pour qu’arrive enfin ce 1er opus résultant d’un efficace travail d’équipe aussi professionnelle que décontractée, à en juger par les coulisses de l’enregistrement de “Sous les étoiles” dans une vidéo de plus de 9 minutes.
A visionner pour comprendre la talentueuse détermination de cette artiste. Dans cette vidéo de présentation des coulisses elle “signe” en présentant son envie de produire “Sous les étoiles” dans une version bilingue en FR/LSF. Et la chanteuse de préciser : “En effet, à ce moment là je ne Chansigne pas. Je suis en train d’utiliser la Langue des Signes Française (LSF) dans son expression quotidienne et non dans un geste artistique”.
Bon et l’album alors ?
“Pour aller au bout de ce rêve, et réussir à le produire, il m’en aura fallu du temps et de l’énergie : presque 4 ans, et tant de rencontres artistiques, humaines et créatives, et réussir à réunir des compositions pleines de grâce et des musiciens bouleversants. Mais le pari fut tenu, malgré les crises de l’Histoire, malgré la Covid et son cortège d’enfermements”.
Pas évident, ou plutôt impossible d’enfermer Colombe dans un seul registre si ce n’est celui de la chanson d’expression française.
Une fois cette évidence rappelée, embarquement immédiat vers des accents jazzy, reggae, pop, … et aussi des escales du côté d’une douce nostalgie du côté de la Rue Lamartine … et dans un autre registre d’un son reggae avec “Je t’attends”. Assurément deux de mes titres préférés. Mais attention, il ne résume pas du tout atmosphère globale de l’album si on se contente d’écouter ces deux chansons !
Au fil des 12 chansons, Colombe chante et parle, murmure et s’emporte, et aucune d’elles ne ressemble à l’autre. Entre douceur et intensité, “7eme ciel” est peut-être le titre qui symbolise le mieux cet album marquées par des ruptures de rythme dans plusieurs mélodies. Un CD qui débute sur le titre éponyme à l’origine d’un clip de toute beauté tourné sur l’Île le Bréhat, lieu de son enfance.
A regarder jusqu’à la dernière seconde pour en savourer la vue aérienne de ces images entre ciel et mer !
SE FAIRE UN PRÉNOM : PARI RÉUSSI POUR COLOMBE
Cet album m’a touché pour plein de raisons, à commencer par un constat : pour l’avoir écouté plusieurs fois, je peux dire que j’y ai chaque fois découvert de nouvelles nuances dans la voix, dans les accompagnements.
Et ça fait du bien d’avancer ainsi en étant encore surpris; d’autant plus que Colombe – auteure de tous les textes – n’hésite pas ici et à se livrer.
Peut-être à se délivrer aussi car son patronyme vous fera évidemment penser à André Barsacq … ce qui ne laissera pas indifférent ceux qui s’intéressent à l’Histoire du théâtre en France. Et, bien sûr, du Théâtre de l’Atelier …
Porter un (si) illustre nom n’est peut-être pas de tout repos. Le réflexe d’évoquer, de comparer, de faire allusion au(x) membre(s) de la famille déjà connus ne doit surtout pas sous-estimer, voire occulter ou mettre entre parenthèses sa propre personnalité. Se faire un prénom aura donc été une nécessité pour Colombe d’origine française, russe, suédoise, et assurément grande voyageuse.
Et “Sous les étoiles” est synonyme de pari réussi pour cette cette chanteuse, auteure, compositeure et metteure en scène. Cet album, elle a commencé à l’écrire durant un séjour au Québec marquée par bien des rencontres : “C’est sur une route de nuit entre Québec et Montréal que j’ai commencé à écrire Sous les étoiles. Je l’ai imaginé comme une bulle intime et insolite … vusicale : à la fois un bel objet, un premier album dans un écrin, un coffret avec un CD, un vinyle, un concert et un spectacle de ChanSon et de ChanSigne.
Dans mes chansons j’ai inscrit les rythmes de mes voyages, celui de la marche quand le temps se repose, ou celui de la houle qui d’une vague soulève les cœurs et les bateaux, ou celui du martèlement des rails sous les roues du train. J’ai presque fait le tour de la planète”.
UN CD A ÊTRE MIS EN VALEUR À LA RADIO ET LA TÉLÉ
Je suis très heureux que divers passionnés de chanson aient parlé de cet album qui gagnerait évidemment à être mis en valeur sur les radios et les télés grand public.
“Sous les étoiles est le premier album long de Colombe, annoncé par un EP de cinq titres, Marchande de rêve. Dans l’album sont invités le célèbre harmoniciste Diabolo Diabolux rencontré notamment avec Higelin, Denis Piednoir aux guitares, Mohammad Sadeghin à la basse, aux enregistrements et au mixage, avec également saxo, violoncelle et batterie” indique Catherine Laugier sur Nos Enchanteurs, le quotidien de la chanson .
“Colombe croit en l’amour et son album ne fait que lui rendre grâce… Sa voix, nous vous l’assurons, est d’une jeunesse et d’une clarté qui vous donnent à y croire. Souvent, elle prend les accents d’une chanteuse de jazz, soutenue par les instrumentistes qui l’accompagnent, à commencer par le piano omniprésent. Parlons-en des instruments… Il semble que chacun d’eux ait eu précisément son morceau de choix, son rôle, comme pour incarner un sentiment, un personnage, une image…” souligne Claude Juliette Fèvre sur son blog Chanter c’est lancer des Balles.
“Elle porte un regard particulier, mystique sur le monde et dans les portraits qu’elle dresse. Portraits de femmes le plus souvent” lit-on sur le site de FrancoFans, revue où Anne Claire Hilga précise dans sa chronique : “Colombe chante l’émerveillement de l’amour avec douceur et folie. Sa sensualité côtoie une certaine forme de spiritualité, sinon d’idéal. La chanteuse ne manque pas de charme et son titre “Sous les étoiles” devrait avoir le destin d’un grand succès. Un très beau disque, émouvant”.
Photo Hervé Collet
“JE VOUS INVITE À CE QUI EST RADIEUX EN NOUS, AU-DELÀ DES DIFFICULTÉS DU JOUR”
Bref, vous l’aurez compris, je vous recommande vivement ces chansons mises en mots par Colombe Barsacq et en musique par Michel Trillot et Denis Uhalde.
Et vous trouverez évidemment sur internet nombre d’articles et liens sur le parcours artistique de Colombe Barsacq dont l’album a bénéficie le 17 mars d’une soirée de lancement sur le bateau El Alamein, au terme d’un agenda des plus chargés : voir la vidéode près de 7 mn “Un film court de quelques moment pas ordinaires de ma vie d’artiste !’” assurément fertile en rebondissements.
A noter aussi sa chaine Youtube aux nombreuses vidéos à découvrir sans se presser. Car les chansons de Colombe parlent au cœur, à des années-lumière des refrains préfabriquées et des tubes aussi creux qu’éphémères.
Laissons le mot de la fin à cette artiste dont l’album vibre d’une intense sensibilité. Ce qui n’exclut évidemment pas une incontestable lucidité. D’où ses interrogations :
” Qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui, dans sa force vibrante et sa vulnérabilité ?
Qu’est-ce qu’être femme au-delà d’être soumise ou fatale, pure ou perverse, amoureuse ou volage ?
Qu’est-ce qu’être femme que l’on soit en situation de handicap ou non, que l’on ait moins de 50 ans ou plus ?
D’Ève, la marchande de rêves, à Loin de tes bras, de la Rue Lamartine à l’Alpha et l’Omega, de Sous les étoiles au 7e ciel, tous ces titres cherchent à dessiner les constellations de ce que nous sommes, et de ce que nous désirons être. Tout est dit, tout est là : je vous invite à ces voyages, à ces musiques de l’autre en soi, à ces danses de chansons, à ce qui est radieux en nous, au-delà des difficultés du jour”.
Albert WEBER
Photos Armelle Yons (portraits) et Gilles Crampes (scène).
SOUS LES ÉTOILES EXACTEMENT est un amical clin d’œil au titre de l’émission nocturne (hélas disparue) de Serge Levaillant sur France Inter. Un programme diffusé de 1997 à 2013 avec des invités chantant en direct, notamment des talents acadiens que j’ai eu le bonheur d’accompagner plusieurs fois en studio.
“Quante ma mort viendra” : dernier titre du 33 T CAFRINE, 1978
Voilà c’est fait.
De l’ami Jacques, il nous reste désormais ses chansons, ses livres, ses photos, des extraits de spectacle en vidéo sur internet, tant d’articles qui lui ont été consacré.
Et surtout d’innombrables souvenirs, anecdotes, fous-rires et confidences partagés avec lui entre Ile de la Réunion, Madagascar, Paris et Alsace.
Avec Frère Jacques, c’est une histoire d’amitié, de fraternité, de complicité de plus de 40 ans qui vient de se terminer. Elle aura débuté en septembre 1980, lors d’un reportage pour le Quotidien de la Réunion où je venais de débuter.
Pas question de vous submerger ici de dates, chiffres et autres infos sur cet auteur-compositeur-interprète, comédien, créateur de comédie musicale, auteur (romans pour enfants, ouvrages de vulgarisation scientifique, etc), magicien, clown, ventriloque … (notamment pour MAGEV (Magie pour les enfants éprouvés par la vie) … et la liste n’est évidemment pas exhaustive.
Carrière, discographie, bibliographie, … Pour tout savoir ou presque sur Jacques Poustis, c’est simple : allez donc sur sa page Wikipédia.
Plutôt que de me lancer dans un long texte, je vais suivre l’exemple de l’ami Fred Hidalgo qui s’est exprimé sur Facebook, préférant publier photos et documents que de s’épancher avec des mots. A l’annonce de son décès, j’ai passé en revue tout ce qui y avait été archivé depuis des décennies dans un gros carton d’archives consacré à Jacques Poustis. Et j’ai décidé d’en scanner divers articles, photos, flyers.
Ici pas d’article comme il en a été publié depuis son décès. Articles à découvrir en bas de page via une liste de liens.
Donc pas de parcours de vie exhaustif …
mais un album souvenir pour celles et ceux qui ont été proches de Jacques Poustis … sa famille, ses enfants et petits-enfants, ses amis vivant à la Réunion et ailleurs. Et bien sûr celles et ceux qui l’ont vu en spectacle à la Réunion, à Paris et en province et ailleurs dans le monde, notamment sous l’égide de l’Alliance Française.
Jacques Poustis est décédé d’une crise cardiaque dimanche 24 avril 2022 à 18 heures, chez lui à la Réunion, dans l’ancienne école primaire de Fleurimont transformée en si accueillant lieu de vie.
Il y vivait depuis 1990 avec son épouse, l’artiste réunionnaise Patricia Tatel, connue sous son nom de scène TatiPat en tant qu’auteure-compositrice de chansons pour enfants ; spectacles de marionnettes … Et aussi comédienne dans “Zoubête lo fim” , long-métrage de Jean-Marc Seguin, et membre de l’association Bistrac créée par Roland Fontaine et Jacques Poustis.
UN ALBUM POUR SE SOUVENIR DE JACQUES POUSTIS SUR SCÈNE ET (SURTOUT) DANS LA VIE
1984. Photo prise par Jean-Yves Kee-Soon chez Jacques Poustis lors de ma première rencontre avec Fred Hidalgo.
Photos de Fred Hidalgo prises chez lui lors d’une soirée réunissant Jacques Poustis et le chanteur uruguayen Daniel Viglietti (1939 -2017).
“Ma chanson” est un texte de Jacques Poustis écrit en 1985. En 1991, il est publié par Fred Hidalgo dans l’avant-propos de son lire “PUTAIN DE CHANSON’.
Chanson enregistrée sur le 33 Tours “LE COURS DE MA VIE” et, comme indiqué sur la pochette du disque, dédiée à la revue “Paroles et Musique” créée par Fred et Mauricette Hidalgo.
DU CÔTÉ DE “PAROLES ET MUSIQUE” ET “CHORUS”
Chronique dans le 1er numéro de Chorus, automne 1992
EXTRAITS D’UN VOLUMINEUX DOSSIER DE PRESSE …
Revue Artquivi publiée par l’UDIR, Union pour la diffusion du livre réunionnais
COMÉDIEN ET DIALOGUISTE POUR “LE MOUTARDIER”
CHANTEUR, POÈTE, CONTEUR, CLOWN, MAGICIEN, POUR “LES ENFANTS ET LES ADULTES ACCOMPAGNÉS”
Quotidien de la Réunion, 17 décembre 1992
Dernières Nouvelles d’Alsace
1992. Supplément de Noël, Dernières Nouvelles d’Alsace
AVEC GEORGES MOUSTAKI, MAXIME LEFORESTIER, ALLAIN LEPREST, ROMAIN DIDIER, HENRI TACHAN …
1985. Inoubliable soirée sous l’égide du mensuel Paroles et Musique
CITOYEN ENGAGÉ : TRIBUNES LIBRES, COURRIER DES LECTEURS, LETTRES OUVERTES ET PROCÈS
Auteur, compositeur, interprète, chanteur pour adultes et jeune public, conteur, écrivain, magicien, ventriloque, oui bien sûr …
ET AUSSI pourfendeur de la connerie humaine et de l’intolérance via tant de lettres de lecteurs et tribunes libres dont certaines l’ont mené au tribunal …
LETTRE A CHARLIE HEBDO ET RÉPONSE DE RENAUD
1985 : CHANTS FLEURIS ET BARBE D’ADIEU
1ère page du texte de Jacques Poustis lu pour sa soirée d’adieu
45 TOURS, 33 TOURS, CASSETTES, CD …
“J’essaie de mettre dans mes chansons ce que j’appelle du “T.P.H”, c’est à dire de la Tendresse, de la Poésie, et de l’Humour. Je pense que cela fait un ensemble varié mais “qui me ressemble”, ou tout au moins qui ressemble à ce que j’aime”.
De 1985 à 1990, outre nombre de spectacles à Paris et en province, Jacques Poustis tourne beaucoup dans les Alliances Françaises avec son répertoire pour adultes.
Un pseudo pour chanter à Athènes, Georges Moustaki lui ayant dit que “Poustis” est un gros mot en Grèce.
AVEC ROGER SIFFER, PIERRE CHÊNE, CLAIRE, MOISAN
Couverture d’une brochure de 10 pages. Chaque page présentait présentait un artiste (bio, critiques, contact, etc) : Pierre Chêne, Claire, André Dulamb, le groupe Impression, Jean-Pierre Le Gall, Alain Moisan, Gérard Phalippou Jacques Poustis, Roger Siffer.
COMÉDIE MUSICALE ZOUBETE : LIVRE, SPECTACLE, DVD AVEC LES TROIS MOUSTIQUAIRES
“LA PLACE DES SINGES” AVEC ROLAND FONTAINE
Trimestriel “Chorus, les Cahiers de la Chanson”
“UN CLOWN A L’ESPRIT CRITIQUE” : “TU RETIRES LA SCIENCE DE TA CONSCIENCE ET HOP ! TU RESTES CON !”
Fanzine créé par Jacques Poustis
Hé oui, Jacques Poustis était aussi très engagé dans « la lutte contre les croyances de toutes sortes (pseudo-sciences, paranormal, sorcellerie, sectes et religions…)”.
Et cela lui valut « parfois quelques belles inimitiés. On me reproche mon matérialisme et mon rationalisme obtus, on me traite de “meurtrier du rêve”, de “tueur de merveilleux”, de “briseur d’imaginaire”. Il en longuement question sur les sites
L’exposition “Science et pseudo-sciences” créée par Jacques Poustis a été recommandée par Georges CHARPAK, Prix Nobel de Physique.
Jacques POUSTIS y parle “des influences conjuguées de médias sensationnalistes, de gourous déifiés, de charlatans sans scrupules ou d’illuminés sincères. L’accent est mis sur les dangers de dérives sectaires, d’escroqueries cyniques, et de cafouillages intellectuels où se confondent, sans discernement et dans un joyeux désordre, l’indispensable rêve et l’incontournable réalité”.
Il lui est même arrivé de s’exprimer au nom du M.A.L.O.L. (Mouvement d’Aide à la Lutte contre l’Obscurantisme Latent) dont il était le créateur…
On appréciera le clin d’œil à la langue réunionnaise avec ce fameux mot créole MALOL synonyme du chassie … vous savez cette désagréable matière gluante s’accumulant sur le bord des paupières, et qui vous empêche de bien voir et comprendre ce qui passe autour de vous !
DESSINER, ENCORE ET ENCORE …
Chanson dédiée à Jeanne Brezé, poétesse réunionnaise (1961-2019)
Dessins d’un article sur Danyel Waro, Chorus, juin 2001
PLUS DE 40 ANS DE COMPLICITÉ
Souvenir de tournée à Madagascar. Ce jour-là j’avais convaincu Jacques de m’accompagner à la visite d’un élevage de crocodiles.
Photo de Jean-Yves Kee-Soon reprise dans un magazine réunionnais
Repose en paix Frère Jacques, tu l’as bien mérité.
Albert WEBER
“L’ami Jacques s’en est allé. Artiste aux multiples talents, Jacques Poustis a ouvert des horizons magiques à la littérature réunionnaise pour enfants et enchanté le cœur des petits Réunionnais.
Il a mis sa joie, son humour, l’énergie de toute une vie au service du bonheur des autres et rendu le Monde meilleur en défendant avec conviction les valeurs progressistes de partage et de respect. A ses enfants que je connais et que j’aime, à tous ses proches, je présente mes condoléances attristées.”
Huguette Bello, Présidente de la Région Réunion
ENVIE D’EN SAVOIR PLUS ?
Nombre de médias réunionnais ont parlé de la disparition de Jacques Poustis. On trouve aussi divers extraits de spectacles sur internet d’où cette liste de liens nullement exhaustive !
Frédéric Dard, vous connaissez ? Assurément l’un des écrivains francophones majeurs du XXe siècle, avec près de 300 livres vendus de son vivant à plus de 220 millions d’exemplaires. Une œuvre monumentale à deux faces : sombre avec ses romans noirs signés Dard, éclatante et jubilatoire sous le nom de son héros devenu presque son alter ego, le fameux commissaire San-Antonio, dont le style inimitable le situe quelque part – mais tout à fait à part ! – entre Rabelais et Céline.
En témoigne aujourd’hui Le Roman de San-Antonio publié par Fred Hidalgo, sans doute l’auteur le plus légitime pour écrire sur Frédéric Dard, que celui-ci considérait comme un fils (n’est-il pas né l’année même, en 1949 – amusant clin d’œil du destin –, où l’écrivain accouchait de son double ?!) ; un ouvrage en deux tomes et deux époques :
Première époque (1921-1971) : San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra
Seconde époque (1971-2021) : San-Antonio sans alter ego
En somme « le siècle de Frédéric Dard », de sa naissance le 29 juin 1921 à Bourgoin-Jallieu jusqu’à l’année de son centenaire, retracé à travers des entretiens exclusifs, des confidences inédites et nombre d’anecdotes drôles ou émouvantes.
Une biographie ? Bien plus que cela : la résultante passionnante d’une longue complicité affective, malgré un écart de vingt-huit ans, entre les deux Frédo.
Une édition “collector” numérotée
Le livre aurait dû paraître en 2020 pour les 20 ans de la mort, le 6 juin 2000, de « Frédéric Dard dit San-Antonio ».
Mais comme dans un polar à l’intrigue réglée au cordeau, dont Dard avait le secret (Les salauds vont en enfer, Toi le venin, Le bourreau pleure, Quelqu’un marchait sur ma tombe…), un grain de sable inattendu est venu enrayer la machine : l’apparition de la pandémie a décidé l’éditeur à reporter d’un an son programme éditorial… et l’auteur, entre-temps, à enrichir largement son tapuscrit.
Patatras ! À la réception de celui-ci, l’éditeur jette aussitôt l’éponge au motif de «potentiel commercial trop faible pour un volume de cette importance ».
Deux autres éditeurs sont contactés en 2021, qui félicitent l’auteur en long, en large et en travers, s’étonnant de découvrir « autant d’informations, servies par une écriture agréable et simple à lire », tout en déplorant eux aussi, « dans la situation actuelle de l’édition, un lectorat probablement insuffisant ».
Que faire face à cette frilosité du monde éditorial ? se demande Fred Hidalgo. Seule alternative : se résigner à remiser son tapuscrit au placard ou lancer une souscription pour un ouvrage désormais scindé en deux volumes.
Le succès est quasiment immédiat, qui permet la sortie en mai dernier d’une « édition collector » numérotée et réservée à 500 (heureux !) souscripteurs.
Dans l’intervalle, le centenaire de Frédéric Dard avait suscité bien des hommages dans les médias, avec notamment un numéro hors-série du Point sur « Le génial univers de Frédéric Dard : San-Antonio, personnages, langue, philosophie… », multipliant les témoignages d’admiration de personnalités en tout genre.
Mais pas d’Hidalgo (Fred !), malgré une brève annonçant, entre autres livres jugés incontournables, la sortie imminente de San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra, chez l’Archipel : «Un récit biographique sur le créateur de San-Antonio, plein de confidences et de documents inédits. »
Bizarre… N’aurait-il pas été préférable de donner la parole à son auteur, tout aussi qualifié voire davantage que certains « grands noms » mis en avant dans les cent pages de ce numéro spécial ? Frédéric Dard ne le considérait-il pas comme « le premier des fidèles », puis comme « le plus féal de [ses] féaux » dans un livre écrit un an avant sa mort ?!
13 juin 1965. Première rencontre. Photo Dora Hidalgo
Fred Hidalgo a 15 ans quand il découvre San-Antonio dans un tourniquet à l’enseigne du Fleuve Noir, attiré par les couvertures aguichantes (pour l’époque) dessinées par Gourdon.
Cela se passe en 1964 à la Maison de la Presse de Dreux, sa ville natale. Il en achète quatre d’un coup, dont une nouveauté, Bérurier au sérail, et les dévore sans discontinuer. C’est le choc, la révélation d’un ton, d’un style, d’un univers… De là à prendre la décision d’écrire à « Monsieur San-Antonio », aux bons soins de son éditeur, il n’y a qu’un pas franchi sans hésitation par l’adolescent.
« Pour être honnête, écrit-il aujourd’hui, je ne sais plus trop si j’espérais une réponse à ma lettre. En supposant qu’elle fût arrivée à bon port et que l’éditeur l’eût bien transmise (ouverte ou pas ? effectuait-il un tri préalable, les courriers jugés intéressants d’un côté, les autres au panier ?) à son destinataire. Ou si je l’avais écrite comme une vraie bouteille à la mer, sans autre choix que de lui confier, quelque sort qu’on lui réservât (coulée, touchée, délivrée…), la tornade de sentiments qui s’était abattue sur moi en abordant ce continent littéraire inconnu jusqu’alors. »
On imagine sa joie, son émotion – et sa stupéfaction ! – à la réception d’une réponse de l’écrivain, signée San-Antonio, qui se déclare « touché » par les mots de Fred. Une vraie lettre personnalisée : « Je suis ravi que “Bérurier au sérail” vous ait amusé. […] Écrivez-moi à nouveau quand vous aurez lu “L’Histoire de France…” (1) »
En effet, Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.
C’est le début d’un dialogue épistolaire aussi étonnant que régulier entre le lycéen et l’auteur à succès, mais bien loin encore d’être reconnu par l’intelligentsia, à l’exception notable d’un Jean Cocteau ou encore d’un Robert Escarpit, de l’Université de Bordeaux.
Un échange ponctué bientôt par un événement extraordinaire, presque inimaginable : Frédéric Dard prend sa voiture et rend visite à son jeune lecteur, chez ses parents ! Une première rencontre immortalisée le 13 juin 1965 par le Polaroid et la caméra super 8 de Dora, la maman de Fred.
Comment imaginer alors que, près de soixante ans plus tard, l’adolescent devenu journaliste, éditeur et auteur lui-même, nous offrirait cette histoire admirable en partage dans San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra… ?!
Le début d’une histoire, en fait, puisque Fred obtient l’accord de l’écrivain pour créer une association dédiée à San-Antonio, puis de lancer sa première aventure de presse avec Le Petit San-Antonien, comme le note Alexandre Clément, un spécialiste de Dard et des « romans et films noirs » (auxquels il consacre un blog) :
« Fred Hidalgo, avec l’amitié de Frédéric Dard, va s’investir dans la création du Club San-Antonio, lointain ancêtre de l’association des Amis de San-Antonio, et il éditera un petit bulletin, Le Petit San-Antonien, marquant ainsi son goût pour le journalisme, métier qu’il exercera par la suite. Cela lui permit sans doute d’assouvir sa volonté de célébrer l’œuvre de Frédéric Dard, mais aussi d’apprendre son futur métier de journaliste et puis de côtoyer le milieu artistique. »
Entre lettres, coups de fil et retrouvailles régulières, un lien fort va s’affirmer entre Dard et Hidalgo.
Très vite, le romancier lui annonce qu’il va lui dédier un de ses prochains livres, mais l’adolescent lui suggère de le faire plutôt au nom du Club pour valoriser l’action du collectif san-antonien. « Tu es sûr ? » lui demande-t-il. « Oui, ça serait plus utile, ça nous aiderait à le faire connaître… »
Et voilà comment est paru – en mai 1968 ! – Bravo, docteur Béru ! dédié « À mes féaux du Club San-Antonio de Dreux ».
Plus de 800 pages de rires et de larmes
Longtemps après, en 1988, Frédéric Dard remettra les points sur les i en dédiant à son « cher Fred Hidalgo, en souvenir des temps anciens » le San-Antonio inaugurant une nouvelle présentation de la série, Baisse la pression, tu me les gonfles !
Mieux encore, en 1999, dans Ceci est bien une pipe – l’antépénultième San-Antonio –, le héros de la saga interrompt son récit en pleine scène de bagarre pour faire ce constat : « Je connaissais la chanson, paroles et musique, comme dirait mon cher Fred Hidalgo, le plus féal de mes féaux », avant d’écrire ces mots lourds de sens pour les amateurs de l’univers san-antonien, comme pour entériner publiquement quatre décennies d’amitié et de fidélité : « Je le proclame ici Grand Connétable de la San-Antoniaiserie, titre dont il pourra se parer sa vie durant et orner ses pièces d’identité. »
C’est dans cette formidable complicité que le récit s’enracine : « Un seul et même ouvrage, écrivait son auteur dans l’annonce de la souscription, oui, mais en deux tomes : plus de 800 pages de rires et de larmes au total – la moindre des choses quand le Grand Maître de la San-Antoniaiserie en personne vous désigne également dans les siennes comme son “Grand Connétable de la San-Antoniaiserie”. »
Extrait du tapuscrit de “Ceci est bien une pipe”
Mise à l’épreuve du temps, l’amitié de Fred et de Frédéric ne sera pas non plus exempte d’embûches et d’impondérables, jusqu’à des retrouvailles mémorables au retour d’Afrique du premier (après avoir créé le quotidien national du Gabon, L’Union, qui existe toujours) et un appel du pied du second dans un de ses livres, le croyant toujours « quelque part dans les Afriques ».
Fred n’hésite d’ailleurs pas à livrer quelques souvenirs aussi surprenants pour le lecteur que dramatiquement marquants pour lui, dont celui du jour où, à 16 ans, il s’apprêtait à se rendre chez l’écrivain qui l’avait invité à déjeuner, lorsqu’il apprit soudain que « le père de San-Antonio » avait tenté de se suicider la nuit précédente et se trouvait encore entre la vie et la mort…
Mais l’essentiel est là : « Frédéric vous aimait infiniment », lui écrit Françoise Dard, au lendemain du décès de son époux, en juin 2000.
Une disparition qui commotionne la France entière, dans toutes les couches de la société, tant les gens estimaient l’écrivain (« Je ne connais personne qui soit autant aimé que toi », lui soufflera un jour Françoise) et voyaient en ses personnages des compagnons de route qui les faisaient rire… et réfléchir sur la condition humaine. Fred Hidalgo le rappelle dans un chapitre au titre emprunté à l’un de ses romans noirs : Le Cahier d’absence.
Oui, il fallait bien deux tomes pour rendre compte de cet univers foisonnant et du génie protéiforme de l’écrivain, également dramaturge, scénariste, dialoguiste, adaptateur pour le théâtre (Carco, Simenon, Hadley Chase, Stevenson…), metteur en scène (Une gueule comme la mienne…), nouvelliste et même librettiste (la comédie musicale Monsieur Carnaval, musique d’Aznavour, où Georges Guétary créa La Bohème…).
Un premier volume pour la première partie de sa vie et de sa carrière où, malgré un lectorat qui l’adorait, Dard resta « tricard » dans les médias et boudé voire méprisé par les tenants de la « grande littérature ».
Un second pour raconter son ascension au firmament médiatico-littéraire marquée par de grands succès signés San-Antonio (Y a-t-il un Français dans la salle ?, Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ?, La vieille qui marchait dans la mer, etc.), désormais loué sur les plateaux de télé (Chancel, Pivot, etc.), vénéré par des membres de l’Académie française (Alain Decaux, Érik Orsenna, Poirot-Delpech, etc.), disséqué par l’Université (objet de colloques à la Sorbonne et ailleurs), adulé par les chanteurs (Leny Escudero, Nilda Fernandez, Goldman, Juliette, Renaud, Souchon, Tachan…) et même courtisé par François Mitterrand (devenu sous la plume de San-Antonio un personnage récurrent de la saga !).
Après le Club San-Antonio et Le Petit San-Antonien, le jeune Drouais tombé amoureux de San-Antonio deviendra journaliste (2) .
Et il vivra avec sa « chère et tendre » Mauricette (elle aussi lectrice de San-Antonio depuis sa prime adolescence !) au rythme de plusieurs créations de journaux, dont le mensuel Paroles et Musique et la revue Chorus qui ont marqué l’histoire de la presse musicale de l’espace francophone.
7 mars 1997. Photo Mauricette Hidalgo
San-Antonio, la totale !
Autant vous l’avouer : avant de lire ces deux volumes, je n’avais pas beaucoup navigué dans l’univers de San-Antonio, truffé de personnages rabelaisiens, oublieux de toute langue de bois pour mieux adopter celle inventée par leur créateur (plus de 10 000 néologismes recensés par des universitaires dans un dictionnaire très sérieux). Et pourtant, j’ai dévoré sans retenue, soir après soir, voire nuit après nuit, ce récit à deux voix et quatre mains.
On y découvre ou revisite, c’est selon, le parcours de « l’auteur de Bourgoin-Jallieu », sa ville natale, à Saint-Chef en Dauphiné où il vécut enfant et repose à présent, en passant par Les Mureaux où il inventa San-Antonio, restant longtemps écartelé entre ses Dard, à l’écriture sobre et incisive, et le style luxuriant de la saga, foisonnante de personnages hauts en couleur. Fred s’amuse d’ailleurs à les passer tour à tour en revue : Bérurier, Pinaud, Berthe, Marie-Marie, le Dabe, Monsieur Félix, Jérémie Blanc, Salami (« le chien qui pense » !)…
Outre la tendre Félicie, la « brave femme de mère » de San-Antonio ; celui-ci aussi, bien sûr, auto-affublé de multiples surnoms dérisoires, car la différence entre un héros ordinaire de polars et San-Antonio, qui ne se prend jamais au sérieux, c’est son autodérision permanente. Et le lecteur de faire chorus !
Le Roman de San-Antonio, beaucoup plus qu’un recueil de souvenirs, c’est la totale sur l’immense écrivain lyonnais. Sur son blog, Alexandre Clément exprime bien mon propre ressenti :
« Comme on le comprend, l’ouvrage de Fred Hidalgo ne se réduit pas à un genre singulier, ce n’est pas une biographie plus ou moins autorisée de Frédéric Dard. Il revisite à la fois la biographie de Frédéric Dard et son œuvre, la mettant en perspective avec sa propre existence et l’époque, disons celle qui va du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingt. Il y a beaucoup de nostalgie dans la démarche, comme si San-Antonio, malgré sa mélancolie, ne pouvait appartenir qu’à une période heureuse qui n’existe plus ».
En prime, un cahier de photos exclusives (dont celles de la fameuse première rencontre !) et de très riches annexes, dont près de 40 pages de repères chronologiques détaillés année après année – une première ! – et une présentation minutieuse de l’œuvre intégrale de Frédéric Dard classée en trois chapitres : bibliographie, théâtre, cinéma et télévision (avec leurs dérivés et compléments audiovisuels).
S’y ajoutent encore une partie de la correspondance de l’écrivain à son « féal », ainsi que des documents d’archives du Club San-Antonio, où l’on retrouve par exemple des dédicaces de ses membres nommés Gérard Barray, Jean Richard, Paul Préboist – qui en furent les parrains et l’incarnation à deux reprises du trio san-antonien à l’écran – et puis Raymond Devos, Pierre Doris, Gilles Dreu, Philippe Nicaud, etc., sans oublier Patrice Dard, par ailleurs très présent dans l’ouvrage.
« Fred Hidalgo a réalisé la première biographie magistrale de Frédéric Dard/San-Antonio, écrit Michel Trihoreau sur le site du « quotidien de la chanson » Nos Enchanteurs : un régal pour la pensée honnête ! […]Rien ne manque pour étancher la soif du lecteur. Cet ouvrage est le monument qui manquait au plus insolite des auteurs du XXe siècle. »
La totale, vous disais-je, qu’on dévore avec bonheur… et l’envie constante de découvrir la suite (surtout entre les deux tomes, l’auteur ayant ménagé un suspense bien inattendu).
Cali, Aznavour, Juliette, Souchon : 4 parmi des millions de lecteurs
“Il truffait ses livres de citations de chansons”
Ah ! la chanson… Impossible qu’elle soit absente de cet ouvrage.
Un chapitre du tome 2 lui est même spécialement dédié en grande partie sous le titre « La goualante de San-Antonio ». «La chanson, il en fut question entre nous dès nos premières rencontres, d’autant plus qu’il truffait ses livres de citations. Au début des années 80, il s’abonna spontanément à “Paroles et Musique” (aujourd’hui je regrette de n’avoir pas encadré son chèque, mais on galérait trop, en toute indépendance, pour se priver du moindre abonnement…), puis en offrit un spécialement à sa fille Joséphine, et rebelote en 1992 avec “Chorus”, raconte l’auteur avec force anecdotes, dans “San-Antonio connait la chanson” sur son blog “Si ça vous chante”.
Et maintenant ?
Après avoir dégusté, savouré, ces deux volumes, m’en être régalé alors que je ne connaissais pourtant pas bien le monde de San-Antonio, je ne comprends pas qu’aucun éditeur sérieux ne se soit encore emparé de ce nouvel ouvrage de Fred Hidalgo, après Jean-Jacques Goldman confidentiel (2016) et Jacques Brel, le voyage au bout de la vie (2018), salués par la critique et le public.
Pourquoi aucun grand éditeur ne s’est-il empressé de s’en emparer ?!
«Ces réactions ne m’étonnent pas, a écrit Daniel Sirach, président de l’association des Amis de San-Antonio, créée une trentaine d’années après le Club San-Antonio, à Fred Hidalgo :
« Pour tous les amoureux de Frédéric Dard, ce livre n’est pas qu’une référence, c’est LA référence ! Bien bêtes sont les éditeurs et ceux qui ne l’ont pas commandé… Tous les fans de San-Antonio rêvent d’avoir vécu ta rencontre… Mais grâce à ton talent littéraire et de conteur (tu as eu de bonnes lectures !), tu nous permets de la vivre à notre tour : c’est le plus beau cadeau que tu pouvais faire aux amis de San-Antonio. Donc, merci ! »
Comment comprendre en effet que l’édition accorde si peu de crédit à l’intelligence des libraires et des lecteurs potentiels ?
La baisse, hélas constante en France, des amoureux des livres suffit-elle à l’expliquer ?
À moins que ses responsables (souvent soumis aux mêmes consignes commerciales, du fait du rachat des maisons d’édition autrefois indépendantes par des groupes tentaculaires) n’estiment qu’un livre sur Frédéric Dard dit San-Antonio – aussi réussi et passionnant soit-il – n’aurait pas droit en 2022 au chapitre médiatique, rabougri par le politiquement correct ?
Qu’en penserait l’intéressé, dont chaque San-Antonio tirait d’emblée à 600 000 exemplaires ?! Deux ou trois plus de ventes que pour un prix Goncourt…
Une chose est sûre : tel quel, tel que les circonstances ont permis à Fred Hidalgo de concevoir l’ouvrage (sa première mouture s’arrêtait à la mort de l’écrivain), il constitue avec ses deux volumes un ensemble indissociable et définitif : Le Roman de San-Antonio aurait pu être sous-titré Le Siècle de Frédéric Dard.
Tout y est, oui, sur l’homme et son œuvre, sans la moindre zone d’ombre ni omission, jusqu’à la perception qu’on en a aujourd’hui.
Avec la question qu’on peut légitimement se poser… et qu’Hidalgo n’a pas manqué de poser à l’ancien éditeur, agent et ami de Dard, Albert Benloulou, ainsi qu’à son fils Patrice, écrivain lui-même (et auteur, à la demande de Françoise Dard, des « Nouvelles aventures de San-Antonio » chez Fayard entre 2002 et 2016) : Frédéric Dard, « en cette époque si peu épique, tristounette, castratrice et révisionniste où l’humour, autre que potache, incolore, inodore et insipide, dénué d’audace, ne court plus guère les rues », pourrait-il continuer à écrire ses San-Antonio de la même manière ?
Sans restreindre sa liberté d’expression, lui qui en repoussait sans cesse les limites, mais jamais pour le pire, toujours pour le meilleur et pour le rire, malgré un pessimisme foncier.
La réponse dans San-Antonio sans alter ego… pourvu qu’on puisse le trouver en librairie !
Pour paraphraser le titre d’un de ses grands livres (porté à l’écran par Jean-Pierre Mocky) : y a-t-il un éditeur dans la salle ?
Albert Weber
‘Photos collection Fred Hidalgo)
1. Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.
2. Éditeur également d’ouvrages sur la chanson francophone, créant son propre label (Nougaro, Trenet…) ou en coédition avec Robert Laffont (Cabrel, Coluche, Julien Clerc, Ferré, Renaud…), Anne Carrière (Brel), Fixot (Brassens, Hallyday), puis Fayard (Aznavour, Balavoine, Barbara, Ferrat, Gainsbourg, Moustaki, Thiéfaine, Vigneault… ou encore les beaux-livres Brel-Brassens-Ferré, trois hommes dans un salon et Cabrel-Goldman-Simon-Souchon, les chansonniers de la table ronde).
- “San-Antonio / Frédéric Dard”, le groupe de référence sur les réseaux sociaux (près de 12 000 membres”.
“Après mes trois premiers mois de présence en terre africaine à Cape Town et avec mon complice, Marc Friederich, ancien restaurateur, établi en Afrique du Sud depuis une vingtaine d’années, nous avons décidé de mettre en projet la création d’une association d’Alsaciens, ici, sur ses terres”.
Oui, une nouvelle association va renforcer sous peu les effectifs de l’Union internationale des Alsaciens présidée par Gérard Staedel.
Et cette bonne nouvelle, elle est signée René Vogel, ancien président-fondateur des associations des Alsaciens d’Autriche, Washington et du Québec, qui précise :
“Aussi , il nous paraissait important de donner le coup d’envoi de ce projet en organisant un 1er évènement ! Un Stammtisch, par exemple, avec des alsaciens résidents à Cape Town ainsi que des personnes ayant un intérêt ou présentant de la curiosité pour notre belle région alsacienne. Bien du monde sera présent à cette grande première : diplomates, chefs d’entreprises, une sénatrice, des amis,… Soit une cinquantaine de personnes ! Elles auront l’occasion de déguster nos spécialités alsaciennes (plats et vins) ainsi que de rencontrer les œuvres et la vie de Tomi Ungerer”.
En attendant cet événement alsacien en Afrique du Sud le 8 novembre, retour sur ces derniers mois d’Autriche en Afrique du Sud via les Etats-Unis avec René Vogel, photographié en ouverture de cet article devant la plus ancienne maison alsacienne de Castroville, la maison Steinbach.
Le nouveau bureau élu des Amis de l’Alsace en Autriche. De gauche à droite Cécile Roehn, Claude Brendel, Elisabeth Monamy, (présidente) Patrick Borras et Yolande Jemiai
“Me voilà, après trois belles années passées en Autriche et en particulier à Vienne, embarqué avec la famille, dans une nouvelle aventure à Cape Town en Afrique du Sud.
Le compte à rebours avait commencé, après le passage de témoin à la nouvelle présidente et son équipe lors de l’assemblée générale “Des Amis de l’Alsace en Autriche”.
Partir ne fut pas aisé et nous n’avons pas résisté à l’idée de fêter ce départ depuis Truchtersheim, mon village natal et familial et depuis Vienne, à l’occasion du Fan Day avec des partenaires exceptionnels au sein de l’association alsacienne, nos amis et collègues de mon épouse.
Fête à Truchtersheim. Ma mère, 91 ans, offre une chanson alsacienne qu’elle reprenait aux retrouvailles familiales festives.
Après le passage d’Albert Weber me transmettant une précieuse documentation sur Castroville, on a organisé une soirée de départ à Truchtersheim, le 31 mai.
Ça s’est passé dans le salon VIP du club de Handball, en la présence de la famille, les amis notamment de l’AVTP, de Robert Walter, d’Isabelle Grussenmeyer, du maire du village, Justin Vogel et bien d’autres personnes.
Le temps des au-revoirs à Vienne lors de la célébration de l’Alsace Fan Day
Une semaine plus tard, Fan Day et Fête de départ à Vienne en la présence de Jeannot et Charlotte Vix, de l’Ambassadrice des USA, du Directeur de l’Institut Français, Philippe Sutter, des amis de Vienne, de la présidente ainsi que les membres des “Amis de l’Alsace en Autriche”. Un très bel après-midi au “Heuriger Wagner” particulièrement animé et dansant.
Amicale ambiance au “Heuriger Wagner
Mon épouse, Allison, étant américaine, nous allons profiter des congés d’été, pour rencontrer non seulement sa famille à Atlanta, mais aussi – pour des raisons évidentes et pour certaines sur invitation – des lieux et des personnages marqués par leur lien avec l’Alsace.
Retrouvailles avec Alain Boy et Caroline Whitman (présidente)
Partis de Vienne, le 21 juin, nous avons atterri à Washington DC et sans attendre avons rejoint l’association des Alsaciens de Washington.
D’où chaleureuses retrouvailles avec mon compère Alain Boy ainsi que Caroline Whitman, la présidente, ainsi que les membres de l’association pour célébrer le Fan Day. Journée chaude mais agréable et sympathique marquée par la présence de la Consule Générale de France, Caroline Monvoisin.
Rencontre avec Virginie Striebel, présidente des Alsaciens de Houston et Valérie Baraban, Consule Générale de France et son équipe
Après une semaine de formation sur “la conduite défensive” formation indispensable pour tous les diplomates et conjoints lors d’un changement affectation, nous faisons escale à Atlanta pour rejoindre Houston au Texas.
Après une visite sur invitation des centres opérationnels de la NASA, nous avons été accueillis par Virginie Striebel, présidente des alsaciens de Houston au Consulat Français et reçu par Valérie Baraban et son équipe.
Cette rencontre nous a permis d’entreprendre une meilleure compréhension et collaboration entre l’association alsacienne de Houston avec le Consulat de France. Et également de prendre en compte la présence de Castroville en tant que promoteur de la culture alsacienne et Française.
1ere église érigée par les pionniers alsaciens de Castroville
Trois heures de route, et nous débarquons à Castroville, nous sommes hébergés à l’Hôtel Hillside, (anciennement hôtel d’Alsace). En soirée nous rejoignons la troupe de danse alsacienne chez Phil qui ont organisé une fête pour notre arrivée.
Une soirée mémorable où l’Alsace était présente à tout moment sauf peut-être pour les hamburgers.
Nous y avons fait connaissance des acteurs majeurs, dont le maire, de la préservation de l’Identité culturelle de cette ville alsacienne de Castroville.
Groupe de danse alsacienne avant de s’installer sur le char du défilé
Le lendemain, 4 juillet, Fête Nationale Américaine, l’association des danseurs folklorique ont défilé en costume alsacien lors de la parade.
Installé sur la plateforme d’un véhicule sur lequel nous avons été conviés, nous avons pu mesurer la popularité de l’Alsace auprès de la population. Un moment inoubliable où j’ai pu bavarder en alsacien avec les plus anciens.
Salutations alsaciennes sur le char lors du défilé
Que de découvertes ! La visite du musée historique, de la première église, des maisons d’époque, la maison Steinbach (photo en ouverture d’article) ainsi que l’ancien couvent.
Des journées assurément inoubliables tant cette ferveur, cet engouement à préserver l’identité alsacienne à Castroville, m’a encore davantage rendu “missionnaire” pour la promotion de notre si belle région.
Peut-être pourrions, sous l’égide de l’Union Internationale des Alsaciens, organiser un voyage à Castroville ? Par exemple à l’occasion du Festival Alsacien fin avril ?
Le groupe de danse sur son char avant la parade du 4 juillet à Castroville
Castroville fut aussi la destination de deux arrières-grandes tantes, Barbara (sœur Héléna) et Salomé Kaiser (Sœur Mary – Sœur Eugénia). Barbara et Salmée étaient les sœurs de Rosalie, mon arrière-grand-mère.
A 13 ans et 15 ans elles ont quitté Truchtersheim et leur ferme familiale pour rejoindre le Texas, en 1883. Debut d’une nouvelle vie : elles sont recrutées comme novice puis religieuse au couvent de Castroville pour devenir enseignante.
Barbara est décédée 8 ans plus tard de “Heimweh”». Quant à Salomé, elle est morte à 95 ans en tant que Mère supérieure du couvent de la Providence de San Antonio.
Salomé Kaiser devenue Soeur Eugénia
Nos avons suivi leurs traces de Castroville jusqu’à San Antonio où elles sont enterrées.
Des textes, des témoignages ont été recueillis abondant au projet d’écriture d’un livre sur leur histoire et du contexte l’immigration alsacienne aux USA à la fin du 19eme siècle.
Avec Carla à Atlanta
Après ces journées émouvantes au Texas, nous avons rejoint la famille de mon épouse à Atlanta, mi-juillet.
Et là, comme à chacune de notre visite familiale, nous avons rendu visite à Carla, 99 ans, alsacienne d’origine, “une malgré elle” qui a rejoint Atlanta avec son mari restaurateur après la deuxième guerre mondiale.
Elle est toute seule dans une petite résidence familiale et nous attend à chacun de notre passage ainsi que celui de Valérie Granzov, présidente de l’association alsacienne de l’Etat de Géorgie. Et, bien sûr, nous bavardons en alsacien pendant des heures. C’est un de ses moments de bonheur. Elle me dit souvent “gall, dù gesch nem vort “, ” Du bleibst bei mir”.
Notre résidence à Cap Town visitée par Nelson Mandela
Mais bon, il fallait partir, le départ pour Cape Town approchant !
Arrivée à Cape Town après de longues heures de voyage, nous nous installons dans cette belle résidence, (statut de mon épouse oblige) avec un environnement exceptionnel.
Avec Marc Friedrich
Et, bien entendu, rencontre avec Marc Friedrich, résidant en Afrique du Sud depuis de nombreuses années. Cet Alsacien a préparé le terrain pour le projet de création d’une association alsacienne à Cape Town. Nos retrouvailles s’annoncent prometteuse en vue de belles perspectives.
Bon maintenant, on ne bouge plus !
Ah oui, dernière chose ! Là je viens de rencontrer le 1er ministre de la Région de Western Cape. Il aurait des ancêtres alsaciens. Et aussi la Consule Générale de France. Elle m’affirme qu’il y aurait un vigneron alsacien installé à Cap Town.