FRANCE/ SNA : NANTES A L’HEURE ACADIENNE

Mars 2013 est sans aucun doute synonyme de nouvel élan pour les relations France-Acadie. En effet, les représentants de la Société Nationale de l’Acadie (SNA) sont rentrés en Acadie satisfaits et motivés des nombreux évènements et rencontres tenus lors de leur récente mission en France qui marquait le 45e anniversaire des relations entre la France et l’Acadie. Explications.

Les 21 et 22 mars derniers, une importante délégation acadienne, composée d’intervenants des secteurs de l’éducation post-secondaire, de l’économie, du développement culturel et du tourisme, a participé aux Rencontres France-Acadie à Nantes, un événement officiel pré-Congrès mondial acadien, dans le but d’échanger et de développer des partenariats avec leurs homologues français.

“Mission doublement accomplie” selon René Légère, président de la SNA

Le travail effectué au cours de ces rencontres a donné un nouvel élan aux relations France-Acadie en permettant aux nombreux acteurs de discuter de divers nouveaux projets de collaboration.

Une des grandes forces de cette première édition des Rencontres France-Acadie a très certainement été la diversité et la qualité des intervenants, un fait qui a été souligné autant par les délégués Français qu’Acadiens.

“Nous voulions que les Rencontres France-Acadie partent du bon pied, qu’elles soient l’occasion de rencontres et d’échanges significatifs. Mission accomplie ! Et je dirais même, mission doublement accomplie” a lancé le président de la SNA, René Légère, lors des cérémonies de clôture de l’événement à la Cité des congrès de Nantes.

Abdou Diouf a annoncé sa présence au Congrès mondial acadien de 2014

Lors des l’évènement, le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Abdou Diouf à profité pour annoncer sa présence au prochain Congrès mondial acadien (CMA) en 2014 en plus de partager son admiration pour le peuple acadien.

“Je suis tout aussi heureux de retrouver, à Nantes, l’âme de l’Acadie qui a su conjuguer, au passé et au présent, le droit à la différence dans la tolérance, qui a toujours fait rimer résistance et persévérance, identité et universalité, dynamisme et modernisme” a souligné M. Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie.

Par la suite, les dirigeants de la SNA et du Congrès mondial acadien 2014 (CMA 2014) ont profité de leur passage en France pour se rendre à Paris afin d’y tenir nombreuses rencontres de travail de haut niveau au ministère des Affaires étrangères.

Liens économiques, mobilité des jeunes, développement d’ententes entre institutions post-secondaires et mobilité des artistes acadiens

“Nous avons tenu à Paris pas moins d’une dizaine de rencontres avec des personnes clés au sein du ministère des Affaires étrangères de la France. Notre but était de redonner un nouveau souffle et une nouvelle orientation aux relations entre l’Acadie et la France” a expliqué le président de la SNA.

“Dans ses débuts, l’Acadie était presque uniquement un récepteur de l’aide de la France ; maintenant, nous sommes davantage en mesure d’assurer la réciprocité dans nos relations. À Nantes comme à Paris, l’ensemble des discussions a porté sur l’implantation de mécanismes de partage d’expertise, sur le développement de liens économiques, sur la mobilité des jeunes, sur le développement d’ententes entre institutions post-secondaires et sur la mobilité de nos artistes. Notre plus grand souhait est donc de développer et d’officialiser au cours des prochains mois une nouvelle Entente France-Acadie sur la base de la réciprocité », a affirmé René Légère.

Les discussions de cette mission furent aussi profitables pour les représentants du CMA 2014, qui en ont profité pour discuter de la participation de la France au CMA 2014 par l’entremise d’une journée thématique dédiée à la France et par un pavillon de la France au sein de l’Expo-Monde qui sera installée à Edmundston, au Nouveau-Brunswick.

La SNA assurera désormais un suivi en collaboration avec les nombreux intervenants ayant identifié des partenariats possibles lors de cette mission afin de meubler une nouvelle entente entre la France et l’Acadie.

Les Rencontres France-Acadie ont été organisées grâce à une collaboration entre la Société Nationale de l’Acadie (SNA), le Congrès mondial acadien 2014 (CMA 2014), la Ville de Nantes et la Cité des congrès de Nantes, avec la participation financière de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique et des gouvernements du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

Il s’agissait du premier évènement officiel pré Congrès mondial acadien 2014. La prochaine édition des Rencontres France-Acadie aura lieu lors du Congrès mondial acadien 2014.

PF NANTES ACADIE

Patrick Rimbert, Maire de Nantes ; Son Excellence, M. Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ; Mme. Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie dans le gouvernement Français ; René Légère, président de la SNA ; Ina SY, Secrétaire de la commission Europe – international – interrégional au Conseil Régional. (Photo SNA)

SOURCE SOCIETE NATIONALE DE L’ACADIE

ONTARIO/ CHANSON FRANCOPHONE : INNOVER, RESISTER, CELEBRER

Folk, hip-hop, rap, jazz, blues, rock, métal, pop, traditionnel, instrumental, alternatif, chanson, instrumental, etc. Si vous réduisez l’expression musicale franco-ontarienne à une seule facette, vous serez (agréablement) surpris par la diversité qui s’affiche avec de plus en plus d’audace dans cette province du Canada.

Cette étonnante diversité s’enraciné dans la création des pionniers historiques mis à l’honneur lors d’un concert de près de 4 heures et demie, samedi 23 mars, à l’occasion de la 40ème Nuit sur l’Etang organisé à l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : Robert Paquette, Marcel Aymar, François Lemieux, Jean-Marc Dalpé, Paul Demers, Jean-Marc Lalonde, Yves Doyon, etc.

PF OTTAWA PLACE FRANCOPHONIE

Ottawa, place de la Francophonie, à deux pas des locaux de l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique

Le symbole d’une dynamique génération de créateurs émergents ou confirmés

Nous reviendrons dans un autre article avec force photos sur cette inoubliable soirée de 4 heures et demie à laquelle un public de tous âges a répondu présent : un auditoire fier de proclamer son identité franco-ontarienne; applaudissant à tout rompre ceux qui ont osé s’aventurer sur des voies artistiques différentes de celles de la chanson québécoise. Et cela même si nombre de passerelles artistiques existent évidemment entre l’Ontario et le Québec, comme l’aura rappelé l’animateur Eric Robitaille, chaleureux militant d’une francophonie nourrie de ses jeunes années au Québec et désormais enracinée à la cause franco-ontarienne.

Mais avant de nous attarder sur cet événement historique au sens  fort du terme – tant cette soirée aura été synonyme  de “véritable audio-encyclopédie vivante de la chanson franco-ontarienne – arrêtons-un à présent sur cette fameuse relève qui éclabousse avec brio les genres musicaux en Ontario : le symbole d’une dynamique  génération de créateurs émergents ou confirmés qui ne demandent qu’à affirmer, aussi bien face à des publics franco-ontariens qu’au-delà de la province natale.

D’où l’intérêt d’événements tels que le Gala des Prix Trille Or et l’Autre Gala organisés les 20 et 21 mars 2013 au Centre des Arts Shenkman, à Orléans, localité située non loin d’Ottawa : des événements mis en relief dans d’autres articles de ce site.

PF OTTAWA PETERSON

Près du Centre nationale des arts, clin d’oeil au pianiste de jazz Oscar Peterson né à Montréal et décédé  à Mississauga , Ontario.

D’autres coups de projecteurs ont été donnés au cours de ces journées artistiques en faveur d’une chanson franco-ontarienne des plus efficaces, dans des registres qui dépassent bien souvent le contexte identitaire pour célébrer sans hésitation des thèmes plus généraux, plus universels.

Ce constat, il aura éclaté avec vigueur au cours des vitrines musicales d’artistes membres de l’APCM, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique : une initiative bénéficiant de l’appui financier de Musication et du programme vitrines musicales.

“Des nouveaux projets musicaux qui n’ont pas encore été vus en vitrine à Contact Ontarois mais qui pourraient être en vitrines aux événements contacts de 2013-2014″ selon la directrice de l’APCM, Nathalie Bernardin. Place en l’occurrence à une artiste du Saskatchewan (Alexis Normand) et trois de l’Ontario (YAO ; Louis-Philippe Robillard et Konflit).

Ces quatre vitrines ont confirmé de surprenantes sources d’inspiration tant sur le fond que la forme chez les artistes et groupes qui se sont produits au Centre National des Arts, un des haut-lieux de l’expression artistique et culturelle d’Ottawa. Une bâtisse impressionnante tant par sa programmation que la multiplicité de ses équipements avec, en guise de clin d’œil aux promeneurs, une statue d’Oscar Peterson située à quelques pas de l’entrée principale de l’édifice, à quelques enjambées du Parlement du Canada.

PF OTTAWA AFFICHE ARIANE BIS

Ottawa, le Centre national des arts avec annonce d’un concert de la chanteuse québécoise Ariane Moffatt

Sans nous embarquer dans de longues considérations sur le répertoire des quatre vitrines, quelques précisions s’imposent sur l’esprit dans lequel se sont déroulées ces vitrines.

INNOVER, RESISTER, CELEBRER sont sans doute les termes qui définissent le mieux ces quatre talents : en l’occurrence innover dans de nouvelles voies artistiques ; résister à l’environnement anglophone omniprésent mais aussi célébrer une identité francophone sans se replier dans un ghetto culturel.

Alexis Normand : attachante nouvelle voix du Saskatchewan

PF ALEXIS NORMAND GOOGLE

Un premier album de dix titres à découvrir, reflet d’une nouvelle voix francophone du Saskatchewan

Entre innovation, résistance et célébration : c’est ainsi que s’affirme la jeune Alexis Normand, auteure-compositrice-interprète originaire du Saskatchewan. Elle s’aventure dans un registre francophone tout en nuances, à l’instar de Mirador, album de dix titres lancé en début d’année.

Cet opus représente en fait une des facettes d’une efficace collaboration menée à bien avec Fortier, une artiste visuelle fransaskoise : une complicité également déclinée en une série de tableaux et un spectacle. D’où cet album intéressant à plus d’un titre. Ici pas d’effets spéciaux ou spectaculaires pour retenir l’attention de l’auditeur, mais une ambiance toute en nuances dès la première chanson “Quand il pleut”.

“Un folk chaleureux et atmosphérique dans lequel un groove entraînant et une voix suave s’installent. Sa poésie simple et sincère, empreinte d’émotions discrètes nous révèle une sensibilité touchante” …  Au-delà de cette auto-présentation, une évidence s’impose : sous une apparente timidité, cette jeune artiste s’affirme avec brio dès que l’occasion se présente, face à un public qui ne demande qu’à se laisser séduire par l’ambiance jazz-folk distillée par cette artiste attachante et déterminée sous ses airs réservées. Une détermination que le public aura pu apprécier au cours de sa vitrine musicale.

YAO : le poids des mots, le métissage des rythmes

PF VIT CERCLE YAO

Yao, cousin d’Abd-al-Malik : un album en vue pour l’automne 2013

Autre registre avec l’extraverti YAO. Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.

S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes : Olivier Philippe-Auguste (violon), Manon Gaudreau-Fess (flûte traversière), Ammayas Khidas (djembe, derbouka) et Peterson Altimo (guitare acoustique, basse).

Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie ie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre. Autant de repères qui devraient être mis en évidence d’ici l’automne 2013 avec un deuxième album réalisé sous la houlette du producteur canadien Sonny Black.

Louis-Philippe Robillard : une voix, une guitare et de l’émotion

PF VIT CERCLE ROBILLARD

Un des artistes majeurs de la relève franco-ontarienne

Troisième vitrine musicale au Centre national des arts avec Louis-Philippe Robillard, autre artiste majeur de la nouvelle génération franco-ontarienne.

Ses  chansons à fleur de peau distillent une émotion perceptible avec cette volonté de retenir l’attention de l’auditoire avec juste une guitare et une voix. Un sacré défi aux accents minimalistes, surtout lorsqu’on chante juste après Yao et ses talentueux complices !

Dans la foulée de son fameux opus “Le café des oiseaux”, cet artiste se sera, une fois de plus, envolé dans un univers tantôt réaliste, tantôt onirique, où la forme est peut-être aussi importante que le fond. Un peu à l’image du Québécois Alexandre Desilets dont la voix devient instrument de musique.

L’ambiance distillée par ses chansons semble ici toute aussi importante que ses thèmes. Pourtant, au cours de cette vitrine assurée en solo par Louis-Philippe Robillard, le public est sans doute resté sur sa faim : précisément à cause des conditions minimales dans lesquelles l’artiste s’est produit avec conviction. Difficile de recréer tout seul sur scène l’atmosphère tant appréciée par le public découvrant son premier album : un opus récompensé par de nombreux prix de l’industrie musicale tant en Ontario qu’au Québec, avec ( conséquence logique – nombre de commentaires élogieux dans la presse francophone d’Amérique du Nord.

KONFLIT : efficaces pionniers aux accents rock

PF VIT CERCLE KONFLIT GROUPE

Sacrée complicité scénique entre les membres de Konflit

Dernière vitrine proposée au Centre national des Arts avec l’énergique groupe franco-ontarien Konflit. Une formation résolument située à des années-lumière des chansons de Louis-Philippe Robillard.

Place donc à un groupe formé de sacrés musiciens. Pionnier est assurément le terme qui définit le mieux cette fougueuse formation qui a marqué une génération de jeunes (et pourquoi pas moins jeunes aussi !) Franco-ontariens en quête de sons qui bougent. De refrains percutants et de rythmes qui vous donnent des fourmis dans les jambes.

Et quand on apprend qu’il s’agit d’un des uniques groupes francophones de l’Ontario dont les clips sont diffusés sur la station québécoise MusiquePlus, on peut se dire – sans hésitation – que ces talentueux fous de rock représentent une des composantes incontournables de la nouvelle vie musicale de cette province du Canada.

Difficile d’évoquer Konflit sans insister sur l’évidente complicité entre les musiciens/chanteurs très à l’aise sur scène, emportés avec enthousiasme par l’évident plaisir à jouer. A se faire plaisir aussi avec sans doute le regret – fort compréhensible par ailleurs – que le temps était décidément trop compté pour donner totalement libre cours à leurs capacités scéniques au cours de cette vitrine musicale.

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Quatre talents si différents pour le premier Cercle de la SOCAN en Ontario

1er Cercle de la SOCAN pour le 15eme anniversaire de Réseau Ontario

Reste au final le souvenir d’une série de vitrines musicales aux accents les plus diversifiés, à tous les sens du terme. Avec en guise de “dessert”, une soirée qui devrait laisser un sacré souvenir à celles et ceux qui ont eu la chance de la vivre ! . Et pour cause puisqu’il s’agissait d’un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN : une grande première en terre francophone en Ontario !

Cet événement était présenté dans le cadre de son 15ème anniversaire par Réseau Ontario dirigé par Josée Vaillancourt en collaboration avec l’APCM, la SOCAN et le Centre national des Arts.

Au fait pourquoi un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN ? Selon Réseau Ontario, “cette soirée a pour objectif de créer un moment de rencontres et d’échanges uniques entre les artistes qui, à tour de rôle, présenteront quelques compositions de leur cru. Ensemble ils échangeront sur leurs compositions et sur l’instant du moment, ils y contribueront artistiquement en joignant à l’interprétation des chansons.  Une soirée inusitée lors de laquelle le public assistera à un moment unique en étant témoin de la chimie qui unira les artistes sur scène”.

Derrière cette présentation que les esprits grincheux qualifieront d’idyllique, il est tout à fait évident que ce premier cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN aura marqué le public à la fois silencieux durant les chansons et prises de paroles, et en même temps enthousiaste avec force applaudissements.

Ici par d’artiste tirant la couverture à lui mais une réelle complicité entre les quatre créateurs aux parcours pourtant si différents : Damien Robitaille, le Paysagiste (Davy Poulin), Yves Doyon, et Le R (pseudo d’un artiste né au Bénin, en Afrique de l’Ouest et désormais établi en Ontario.

PF VIT CERCLE GROUPE DE 5

Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Yves Doyon, Le R et le Paysagiste (Davy Poulin)

Une animation signée Geneviève Toupin, Franco-Manitobaine

Il faut reconnaître que le bon sen pragmatique et la faculté d’adaptation de l’animatrice Geneviève Toupin auront  été des atouts majeurs dans la préparation et le bon déroulement de cette rencontre à quatre talents. Oi plutôt à cinq puisque la Franco-Manitobaine s’est transformée en pianiste au gré des chansons. De quoi surprendre agréablement le public, en attendant la sortie de son nouvel album francophone pour 2014.

Certes – et cela est tout à fait normal – le site de la SOCAN propose de cette soirée un compte-rendu des plus élogieux : “Une grande complicité régnait entre les auteurs-compositeurs-interprètes qui ont chacun interprété trois de leurs compositions, accompagnant aussi les autres avec un instrument ou en chantant. L’ambiance était décontractée et l’accent mis sur la création et l’origine des chansons. Le public a même eu droit à des primeurs. Ce premier Cercle organisé en Ontario fut donc un franc succès”.

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Damien Robitaille et Yves Doyon, aussi décontractés sur scène que dans la vie

Le contenu de ce texte  de la SOCAN correspond vraiment à ce qui s’est passé ce soir là dans cet événement saluant le 15ème anniversaire de Réseau Ontario. Cette évidence, elle repose aussi bien sur les réactions de l’assistance que celles des cinq artistes.

Assurément une grande première qui ne demande qu’à être renouvelée au gré d’autres rendez-vous artistiques en Ontario : histoire de mettre en valeur d’autres talents. Non pas pour les confronter entre eux, mais pour susciter des passerelles musicales, voire de vraies complicités amicales entre des créateurs qui n’auraient peut-être jamais eu la (bonne) idée de se retrouver ensemble pour vivre des moments privilégiés en paroles et en musique.

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Les membres de la SOCAN ayant participé au premier Cercle des auteurs produit en Ontario. De gauche à droite Yves Doyon, Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Le Paysagiste (alias Dayv Poulin) et Le R. (Photo Réseau Ontario)

ABITIBI-TEMISCAMINGUE/MATHIEU JOANISSE : D’OTTAWA A ROUYN-NORANDA

C’est confirmé. Mathieu Joanisse quitte l’Ontario pour l’Abitibi-Témiscamingue ! Oui, après la tenue du plus grand et plus important Gala des prix Trille Or à Ottawa, Ontario, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique a annoncé le départ de son directeur des événements artistiques. Rencontre avec ce professionnel de 35 ans prêt à relever de nouveaux défis en qualité de directeur général du Festival de Musique Émergente (FME) à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.

C’est après avoir durant 5 ans assuré la réalisation des événements majeurs de la francophonie tels le Festival “Quand ça nous chante” (six éditions), Ontario POP (cinq éditions) et le Gala des prix Trille Or (trois éditions) que Mathieu retourne finalement à ses “premiers amours” !

En l’occurrence “l’heureux mariage de la musique émergente et la diffusion” selon Natalie Bernardin, directrice générale de l’APCM. “Nous sommes heureux d’avoir pu être un tremplin et une structure apportant de l’expérience pour nos artisans de l’industrie leur permettant de voler vers de nouveaux défis”.

Comme il l’explique avec conviction, c’est un vrai rêve qui se réalise pour Mathieu fortement influencé par ce festival de grande envergure : “Le FME a toujours été une inspiration pour moi et a fortement contribué à mon évolution en tant que directeur des événements artistiques au courant de mes cinq dernières années au sein de l’APCM.

J’ai participé aux 5 dernières éditions du FME. Je suis fier et surtout honoré de faire maintenant partie de cette équipe dynamique et pouvoir ainsi redonner au FME de mon expérience acquise depuis 10 ans dans le milieu de la scène culturelle canadienne”.

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Mathieu Joanisse en compagnie d’un des pionniers de la chanson franco-ontarienne, Robert Paquette

“En chef de fil de l’industrie musicale, Mathieu apportera son positivisme, son expertise et sa main de maître à son nouveau poste”

Nul doute que Mathieu Joanisse apportera son expertise à un festival qui ne cesse de grandir et qui connaît d’année en année “un succès resplendissant”.

Avant d’arriver à l’APCM, Mathieu œuvrait au sein du Centre culturel Frontenac. Selon l’APCM, “il a su laisser son emprunt sur non seulement la communauté de Kingston mais la communauté franco-ontarienne entière par son leadership et son implication au sein de Réseau Ontario. En chef de fil de l’industrie musicale, Mathieu apportera son positivisme, son expertise et sa main de maître à son nouveau poste.

Pas surprenant donc que Natalie Bernardin affirme que « l’APCM sera désormais changée pour le meilleur après le passage de Mathieu au sein de l’équipe. Sa vision artistique et sa passion ont su rehausser les activités artistiques de l’association.

Sa personnalité et son dévouement laisseront un vide au sein de l’équipe et au sein de la communauté. L’équipe de l’APCM, son conseil d’administration et tous ses artistes membres souhaitent beaucoup de succès à Mathieu dans ses nouvelles fonctions. Mathieu quitte l’APCM la tête haute avec une grande fierté des accomplissements réalisés et passe le flambeau pour la continuité de l’évolution de la scène franco-canadienne”.

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Samedi 23 mars, Auditorium Fraser, Université Laurentienne. Final de la 40ème Nuit sur l’Etang avec l’ensemble des artistes de la soirée

“Est-ce que les coupures, les abolitions de programmes et le contexte d’austérité économico-culturel diminuent notre soif pour l’art ? Non”

Directeur général des événements artistiques au sein de l’APCM, Mathieu Joanisse s’est exprimé sur la signification des Prix Trille Or, et plus globalement sur la chanson franco-ontarienne, dans un texte paru dans le programme de cette manifestation.

Ce texte cosigné avec Caroline Yergeau, la metteure en scène du 7ème Gala, en dit long sur les talents fleurissant en Ontario, et les défis auxquels ils sont confrontés. Avec pour commencer cette rafale de questions : “Est-ce que les coupures, les abolitions de programmes et le contexte d’austérité économico-culturel diminuent notre soif pour l’art ? Non. Est-ce que ca diminue notre enthousiasme créatif ? Encore moins”.

Selon Mathieu Joanisse et Caroline Yergeau, “le Gala des Prix Trille Or, c’est l’une des plus belles occasions de partage : partage entre l’Ontario et l’Ouest francophone, partage entre les artistes et leur public, partage d’une grande passion, partage d’une même scène par des talents musicaux…

Du talent, il y en a. de nouveaux noms émergent sur la scène musicale francophone et cheminent tranquillement. Les noms que l’on aime déjà continuent à offrir des albums et des spectacles de plus en plus riches et à rayonner ici et ailleurs. Nos artistes créent, se renouvellent et voyagent. Ils s’investissent afin que leurs œuvres, empreintes de toute leur unicité, deviennent des représentantes de notre culture.

Et c’est à nous de souligner aujourd’hui, de leur montrer notre appréciation et de souligner la place de choix qu’ils occupent dans nos vies.  Célébrons l’excellence de ceux qui accompagnent musicalement, en français, nos joies, nos peines, nos expériences extrêmes et notre petit train-train quotidien”.

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Un outil de travail indispensable pour tout passionné de chanson francophone d’Amérique du Nord : réalisé par Mathieu Joanisse avec un assemblage numérique signé Denis Paquette, cette compilation met en évidence 19 chansons figurant autant d’albums enregistrés par des  artistes, duos ou groupes francophones hors Québec.

“APCM et Réseau Ontario : des structures indispensables”

Réalisé dans la foulée du fameux Gala des prix Trille Or à Ottawa et de la 40ème Nuit sur l’Etang avec un concert de 4h30 à Sudbury, notre conversation avec Mathieu a évidemment débuté sur le bilan de ces deux événements majeurs pour la communauté franco-ontarienne.

Certes, il y a la satisfaction d’avoir revu et applaudi des artistes bénéficiant d’une incroyable carrière depuis plus de 40 ans : Marcel Aymar, François Lemieux, Robert Paquette, Paul Demers, etc.

Pour Mathieu s’y ajoute aussi l’impact d’une formation telle que Cano dont la reformation, voici trois ans, lors des 20 ans de l’APCM, à l’occasion d’ “une année complète d’anniversaire marquée par de nombreux événements musicaux”. Avec entre autres la satisfaction de voir comment “la nouvelle génération franco-ontarienne tripait sur les chansons de ce groupe mythique, notamment sur des titres de neuf minutes plutôt rares sur les ondes radiophoniques” !

Pour Mathieu, l’évocation de la 40ème Nuit sur l’Etang, c’est comme si on tournait les pages d’un album photos qui comprend encore nombre d’espaces vierges à remplir avec plein de pages qui restent encore à écrire ! Evidemment, la chanson franco-ontarienne est différente de la chanson québécoise : une question de langue, de méthode d’écriture, de références à la vie quotidienne, etc.

“Ici on n’a pas le stress de l’industrie musicale. Nous avons des projets neufs, des projets qui viennent du cœur. Le jeune artiste ou le nouveau groupe savent que ce ne sera pas évident. Nous ne sommes pas à Montréal, avec un milieu artistique bien organisé qui n’existe pas ici. A ce jour en Ontario il y a encore peu de professionnels, comme Michel Benac avec LaFab”.

Et d’insister aussitôt sur le rôle de structures telles que l’APCM et Réseau Ontario : des repères incontournables pour ce militant d’une chanson française quo bénéficie désormais d’une réelle variété d’expression : “On a tant de diversité, tellement de produits à faire connaître avec les moyens qu’on a ! Nous avons aussi des ambitions pancanadiennes pour montrer ailleurs ce qui se fait en Ontario”.

Mathieu se lance alors dans une énumération de talents tels que les groupes Pandaléon et Mastik, la chanteuse Marie-Claire (“Super rafraîchissante”) et les Hula-Hoops, etc.

PF BOREAL MASTIK

Le groupe Mastik face au public, lors de la Nuit Emergente au Collège Boréal, Sudbury

“Nos groupes ont réussi à faire leur rock à eux”

“Les artistes prennent enfin leur place ici sans gêne comme on l’a vu avec AkoufèN à L’Autre Gala de l’APCM : il n’y a pas vraiment ce style de musique avant dans l’Ontario français. Oui, il y a de l’influence des bands de Montréal, mais nos groupes ont réussi à faire leur rock à eux avec une saveur métal comme AkoufèN par exemple. Les jeunes du secondaire reprennent des chansons de ces groupes ! Ca fait plaisir à voir et à entendre !”

Mathieu insiste aussi sur le travail d’artistes sans doute moins connus mais tout aussi importants … comme l’auront confirmé à de multiples reprises aussi bien les deux galas de l’APCM que la 40ème Nuit sur l’Etang. Et de parler entre autres du pianiste Nic Carey, directeur musical des deux galas. Avec lui pas de reprise de standards mais «”des créations, des duos, des surprises musicales” : un créateur efficacement entouré par des pointures nommées Kevin Daoust (guitare), Shawn Sayniuk (batterie), Marc-André Drouin) et des musiciens invités comme Bobby Lalonde et François Gravel … et aussi du trio a capella de la Nuit sur l’Etang : Leila Reguigui, Darquise Poulin et Chelsea Rooney.

Se glissent aussi dans notre conversation l’évocation du travail mené à bien par l’orchestre ayant accompagné les artistes sur la scène de l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : une formation composée de Daniel Bédard, Guy Coutu, Cory Lalonde, Dayv Poulin, et Don Reed.

Autant de noms qui représentent pour Mathieu Joanisse une des clés de l’impact de ces événements d’Ottawa et Sudbury. Avec un constat qui en dit long sur la manière de créer des artistes franco-ontariens : ici pas de musique sous cloche, pas de ghetto mais une façon de composer en lien direct avec d’autres influences musicales, comme le confirment par exemple les parcours de Tricia Foster ou Mehdi Hamdad. Des artistes à la fois audacieux musicalement et extravertis dans leurs relations humaines. “Ils vont devenir des références pour les nouveaux groupes, pour les nouveaux artistes, c’est sûr”.

PF BOREAL MEDHI OURS

Vendredi 22 mars, Collège Boréal, Sudbury; Mehdi Hamdad quelques minutes avant de monter sur scène pour la Nuit Emergente. 

L’importance pour la chanson franco-ontarienne d’avoir des têtes d’affiches dont la notoriété dépasse le cadre provincial

Alors qu’en est-il de l’importance pour la chanson franco-ontarienne d’avoir des têtes d’affiches dont la notoriété dépasse le cadre provincial ?

C’est évidemment indispensable selon Mathieu qui cite entre autres le parcours d’Andrea Lindsay assuré tant en solo qu’en compagnie de l’auteur-compositeur-interprète québécois Luc De Larochellière, ou encore Damien Robitaille. Lequel, après avoir participé à L’Autre Gala de l’APCM eu au Cercle des auteurs-compositeurs SOCAN à Ottawa remplissait quelques jours plus tard le Métropolis à Montréal (nous y reviendrons dans un autre article).

Mais, comme le reconnaît volontiers Mathieu, l’impact populaire de ces artistes connus hors de l’Ontario ne doit surtout pas faire oublier les autres talents. Eux aussi, entament – doucement mais sûrement – un parcours qui devrait les fait connaître hors de leur terre d’origine : “Tricia Foster, Konflit, Mehdi Cayenne Club, Pandaléon, Mastik et d’autres encore“.

En somme des parcours synonymes d’obstination, d’albums auto-produits, de recherches de bailleurs de fond, de débouchés commerciaux pour vendre les CD, de concerts à trouver, etc. “Il y a des shows un peu partout en Ontario. C’est le fun, on assume la musique franco, on n’en parle pas, on en joue tout simplement”.

Et si les artistes et groupes remportent un succès croissant en Ontario, la question de la gestion de la carrière fait partie de ces défis dont on parle peu en public. Et pourtant il s’agit de priorités selon Mathieu, qui a souvent donné des cours de gérance d’artiste en Ontario. Avec à la clé “des exemples concrets, des anecdotes précises, des histoires à ne pas faire. Et pour un groupe c’est encore plus compliqué quand il faut prendre des décisions, trouver de nouvelles orientations à accepter ensemble. Pas toujours facile de mettre en pratique la théorie… En plus en Ontario rares sont les artistes qui font ce métier à temps plein ! Il leur faut trouver un job … sauf quelques rares exceptions comme Damien Robitaille”.

PF ROBITAILLE FOULE DEBOUT

Montréal, Métropolis, 4 avril. Plus d’un millier de spectateurs enthousiastes pour Damien Robitaille accompagné par sept musiciens et Carolina, sa choriste et compagne colombienne

Un millier de vinyles et sept tables tournantes

Au fil de notre entretien, Mathieu Joanisse apparaît comme un professionnel totalement tourné vers la mise en valeur des talents individuels et collectifs… et en même temps cela ne l’empêche pas de cultiver se propres passions.

A commencer par celle du vinyle et aussi des tables tournantes à laquelle n’est pas étrangère Eric Auclair rencontré “voici six ou sept ans”. Aujourd’hui, avec un bon millier de vinyles et sept tables tournantes, Mathieu cultive une passion qu’il ne garde pas pour lui. Et pour cause puisqu’il devient, au gré des événements, un des deux Dj masqués qui font danser jusqu’au bout de la nuit tant de monde. Cette complicité partagée avec Christian Pelletier, elle éclate dans les soirées dansantes animée par le duo des DJ masqués !

“Le fun des soirées c’est qu’il n’y ait pas de demande spéciales et que gens dansent comme des fous sur ce qu’on leur passe ! On peut très bien s’amuser en dansant sur de la chanson et de la musique française et francophone … entre funk, yéyé, electro, rock et j’en passe ! La musique est bonne partout … mais on est capable de s’amuser en français … on aime ça … et on fait même danser des gens qui ne comprennent pas le français !”.

 

PF BOREAL DJ MASQUES

Mathieu Joanisse et Christian Pelletier, alias les DJ Masqués

De Led Zeppelin à André Gagnon via Chopin et Beethoven

Le temps est bien révolu où le jeune Mathieu tripait – “en fin de primaire et début de secondaire” – sur les musiques des années 70 signées Led Zeppelin, Pink Floyd, Janis Joplin, etc. Et à cette époque, comme il le dit si bien, “c’était moins le fun en français. Mes parents écoutaient juste de la variété française comme Michel Sardou. Et j’étais alors rebelle”.

Arrivé en secondaire 3, un sacré virage s’opère dans la vie de Mathieu. Place au classique, au piano ! Le voici qui compose, qui a le projet d’enregistrer aussi. “J’ai étudié l’opéra, j’ai été beaucoup touché par le grégorien. André Gagnon, je ne peux pas défendre tous les albums… mais je l’adore”.

Et d’évoquer son admiration envers la complicité musicale développée entre André Gagnon et Claude Leveillée mais aussi les œuvres de Chopin et Beethoven, autres compositeurs importants pour ce pianiste désormais tout aussi sensible aux “pianistes avec une touche, un support électro aujourd’hui”.

PF BOREAL MARIE CLAIRE

Marie-Claire Claire Cronier, une des voix majeures de la relève de la chanson franco-ontarienne évoquée par Mathieu Joanisse

 Après l’Ecole du Show-Busines, sur les routes avec Transakadie

Au terme d’études à l’Ecole du show business à Montréal – une période synonyme de tant d’échanges musicaux, de rencontres amicales et nouvelles découvertes artistiques – Mathieu Joanisse s’est lancé à 22 ans dans une aventure qui lui aura beaucoup appris. Une expérience qui lui aura bien ouvert les yeux sur la vraie vie d’artiste.

Il décroche un contrat de directeur de tournée pancanadienne dans la série “Rendez-vous de la francophonie” en se déplaçant de l’Ouest jusqu’au Nouveau-Brunswick le groupe Transakadie.

“J’ai dirigé la tournée, et monter en une semaine un cahier de tournée. Il n’y avait alors pas encore d’iphone. Ca a été une expérience formidable et tant de souvenirs ! Quand tu arrives à Régina, en Saskatchewan, et que 150 Francos dansent toute la soirée ça laisse des souvenirs : Surtout si la moitié ne connaissent pas le groupe … ca donne un coup dans la face … on ne nous avait pas tout expliqué à l’école ! Là j’ai vraiment mieux compris comment fonctionne le marché québécois mais aussi le marché d’ailleurs !”.

11ème Festival de musique émergente du 29 août au 1er septembre en Abitibi-Témiscamingue.

En attendant de vivre trois de ses rêves – voir sur scène les groupes Muse, Matmos, et Gros Méné – Mathieu est sur le point de franchir une nouvelle étape dans sa vie personnelle et professionnelle. Il va quitter l’Ontario pour une autre province du Canada et prendre début mai la direction du FME : le Festival de musique émergente organisé du 29 août au 1er septembre en Abitibi-Témiscamingue.

Composer des mélodies pour des artistes ? A ce jour le pianiste Mathieu Joanisse n’a pas encore franchi ce cap. «”Le timing sera la clé, j’y avais déjà pensé !”. Et on le croit bien volontiers quand on songe aux nouvelles responsabilités qui l’attendent du côté de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.

PF MATHIEU JOANISSEMathieu Joanisse, nouveau directeur général du Festival de Musique Émergente (FME) à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue (Photo APCM)

TRIBUNE LIBRE/ NORBERT GABRIEL : CHANTER LA LANGUE DE CHEZ NOUS ..

Bienvenue à NORBERT GABRIEL pour cette tribune Libre intitulée “CHANTER LA LANGUE DE CHEZ NOUS”.

Norbert Gabriel est un des co-fondateurs du blog du Doigt dans l’Oeil et membre de la rédaction du site de Michel Kemper, Nos enchanteurs, L’Autre Chanson : deux des sites mentionnés dans notre rubrique “En lien avec ..”

“La chanson est l’expression la plus authentiquement populaire. Le seul art qui soit resté près de ses sources. Un des rares où toutes les valeurs Qulturelles (avec un Q soit mises échec).

(…) Piaf et Brassens étaient aussi des parias de l’éducation. Tout comme Gershwin et Django Reinhardt. La pauvreté du bagage scolaire n’a jamais empêché qui que ce soit de chanter.

Un aphone inculte, par sa seule sensibilité, peut émouvoir. Mieux que la voix ou le cerveau les plus cultivés”.

PF MOUSTAKI  recadré

Ces lignes sont de Georges Moustaki, “Questions à la chanson 1973″. Elles sont d’une pertinence éternelle. Dans le débat qui revient régulièrement à la une des interrogations existentielles sur la chanson à texte, ou la chanson « pas à texte », on ergote sur le fait que la bonne chanson se doit d’être forcément dans la langue de chez nous. Qu’on soit bantou, auvergnat, alsacien, patagon ou brésilien, hors du langage natal, pas de salut. Peut-être. Ou peut-être pas.

Il y a parfois des mystères qui nous dépassent. Je connais assez bien quelqu’un qui a été élevé au bel canto, l’opéra à la TSF, ou dans l’atelier de mon grand-père, Luis Mariano ou Caruso dans la cuisine-salon-salle à manger, et qui un jour, vers 13-14 ans a découvert “Fleuve profond” une émission qui racontait le negro-spiritual, un choc émotionnel d’une intensité inouïe, c’était quelque chose que je ressentais comme si c’était en moi depuis toujours. Sans comprendre le sens des mots, je percevais bien le sens de la musique, et la force du propos.

Ce n’est pas pour autant que j’ai balancé à la poubelle Bécaud et “mes mains qui dessinent dans le soir la forme d’un espoir qui ressemble à ton corps” ou Brassens, Marie-Josée Neuville, ou Brel, ou Félix Leclerc, eux qui me parlaient avec

“cette langue belle à qui sait la défendre.
Elle offre les trésors de richesses infinies
Les mots qui nous manquaient pour pouvoir nous comprendre
Et la force qu’il faut pour vivre en harmonie”.

Il n’était plus question d’ergoter sur le bien-fondé de l’imparfait du subjonctif et des beautés de Ronsard ou Malherbe dans leur écriture, la chanson était devenue un formidable générateur d’émotions, portées par des voix, des voix venues de partout

C’est pas seulement ma voix qui chante
C’est l’autre voix, une foule de voix
Voix d’aujourd’hui ou d’autrefois
Des voix marrantes, ensoleillées
Désespérées, émerveillées
Voix déchirantes et brisées
Voix souriantes et affolées
Folles de douleur et de gaieté

et qu’elles chantent en slang, en argot, en russe ou en patois javanais, quand il y a une émotion qui passe, pas besoin de sous-titres.

C’est pourquoi, avec ma pile en vrac jamais rangée, à côté de la chaîne, avec Ferrat, Jacques Yvart, Elisabeth Wiener, Higelin, Pagani, Pauline Julien et Anne Sylvestre, Pierre Barouh, une partie de ceux qui sont là depuis plus de 20 ans, il y a aussi Melody Gardot, Madeleine Peyroux, Alela Diane, Vissotski, qui ne sont pas tout à fait francophones, mais qui me racontent des histoires. Comme Serge Utgé-Royo, dont tout le répertoire est inspiré d’une histoire, celle des exilés.

Et de tous les exilés finalement. Utgé-Royo m’a fait comprendre une chose que je n’avais pas vraiment cernée, c’est la qualité de son écriture dans une langue parfaitement maîtrisée qui crée cette addiction à cette forme de chanson qui raconte. Elle est “à texte”, bien sûr, mais ce n’est pas toujours suffisant. Il faut le fond et la perfection de la forme pour ne pas casser la magie par une rime hasardeuse, qui me ferait décrocher.

Il y a des interprètes ou auteurs qui essaient de me raconter des histoires, mais quand j’entends “le soleil-le dans le ciel-le, sur le port-re…” je peux pas. Et il y aussi “un mirador-re” pour achever le tableau. Bien que la voix soit belle, la mélodie réussie, ça ne passe…

Et je suis beaucoup plus touché par la voix de Léonard Cohen, celle de Billie Holiday, ou celle de Lou Doillon récemment, entendue en aveugle à la radio. Sans pré annonce, ni quoi que ce soit. Sans image glamour, la voix, l’expression vocale, quelque chose qui émeut, c’est tout. Le fait que ce soit en français, n’est pas une garantie d’extase textuelle. Sinon les rappeurs seraient en orgasme perpétuel avec leurs rimes appuyées et scandées en mode marteau piqueur.

Durant des années, “My gypsy wife” de Léonard Cohen m’a bouleversé sans que je n’aie jamais eu envie de chercher la traduction. Une fêlure dans la voix, un écho de violon.

Il est sûr que je suis souvent devant les scènes françaises, celles de Louis Ville, Agnès Debord, Valérie Mischler, Bernard Joyet, et celles et ceux des Lundis de la chanson, n’empêche que Chappel Hill m’a envoyé dans les nuages un peu comme The Doors ou Johnny Cash. Mais pas Presley … Sorry Elvis, t’as une belle voix mais ça ne me raconte pas grand chose.

Le travers qui se répand chez les néo french rockers babillant en anglais canada dry, est en effet préoccupant, c’est vide, c’est creux, c’est sans intérêt. Mais ça peut faire gigoter en buvant une bière, et en discutant avec les copains.

Aujourd’hui, tout le monde se fait un point d’honneur de reprendre les chansons de Leprest… Pourquoi pas ? Il n’y a pas tant de maîtres dans ce domaine, mais combien savent vraiment apporter quelque chose de neuf, de mieux que l’original ? Ce qui vaut aussi pour les adaptations qui émigrent, mais c’est un autre débat.

J’aime assez le parcours de Louis Ville, qui a fait du rock en anglais, et qui s’est mis à écrire en français pour être plus précis et riche dans ce qu’il voulait partager. “Cinémas, cinémas” c’est de la chanson qui raconte, qui a du sens et du son. Une chanson dont Pierre Dac aurait dit: “Pour bien comprendre les gens, le mieux est d’écouter ce qu’ils disent”. Bien sûr qu’on comprend mieux quand c’est la langue de chez nous.

Que ce soit une langue belle et riche, personne ne devrait contester ce fait Que la chanson soit un art populaire, c’est aussi une évidence. Mais la musique est aussi un langage universel, sans frontières, qui s’enrichit de métissages heureux, et qui s’appauvrit quand des néo-rockers babillent des insignifiances en anglais, parce que c’est tendance, et que ça se “dance”… Comme “La danse des canards”, c’est dansant, et français.

Mais il ne suffit pas non plus que ce soit en français pour avoir un label de qualité systématique. Genre vu dans “Nos Enchanteurs” qui ne serait qu’Only French, mais si on y chante plus souvent dans la trace de Jehan Rictus ou Gaston Couté, et leurs descendants que dans celle d’Eric Morena ou de Chantal Goya, ce serait dommage de se priver d’Elisabeth Caumont, cervantesque princesse Micomiconne qui explore avec bonheur les espaces ellingtoniens ou ceux de Chet Baker.

Et irait-on se priver aussi de Paco Ibanez ou Angélique Ionatos parce qu’ils ne chantent pas qu’en français ?

Peut-être que ça se discute, c’est un point de vue qu’on peut ne pas partager. Peut-être que c’est un crime de lèse majesté de saluer un album qui ne parle pas français.

Mais j’ai du mal à limiter mes enchantements au format hexagonal quand je peux avoir le monde entier à découvrir.

“Le monde ouvert à ma fenêtre… ” a toujours des airs balladins à découvrir, on n’est jamais à l’abri d’une bonne nouvelle.

Norbert Gabriel

Tu me diras que j’ai tort ou raison,
Ça ne me fera pas changer de chanson,
Je te la donne comme elle est,
Tu pourras en faire ce qu’il te plaît.
Et pourtant dans le monde
D’autres voix me répondent
Et pourtant dans le monde…

Bande son

Pour le langage universel de la chanson, voici l’archétype de la réussite, avec images si on veut, ce serait dommage de se priver d’Elisabeth Masse, mais la première fois, c’était sans autres images que celle générées par la voix de Louis Ville …

http://video.mytaratata.com/video/iLyROoafzmlS.html

“The gypsy wife” avec commentaire de Leonard Cohen (From the record: Field Commander Cohen. Tour of 1979 (Sony Music ent. Columbia. 501225 2)

 Et la version studio, la première…

 Merci à Yves Duteil et Jacques Prévert pour “La langue de chez nous” et “Cri du coeur” et Georges Moustaki, “Et pourtant dans le monde”

 

QUEBEC/ STEPHANE COTE : “Ballon d’héliHomme”, un album MAJEUR de la chanson québécoise

Soyons francs, la question mérite d’être posée sans détours : pour quelles raisons Stéphane Côté n’est-il pas plus connu du grand public, aussi bien au Québec qu’en France ? Textes ciselées, mélodies douces-amères et cependant accrocheuses mais sans effets spéciaux, univers à la hauteur des exigences de cet attachant auteur-compositeur-interprète. Autant d’incontestables atouts mis en évidence via ses trois premiers opus : Rue des Balivernes (2001), Le cirque du temps (2006) et Des nouvelles (2009).

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Un incomparable  homme-orchestre nommé Eric Goulet

Et voici Ballon d’héliHomme, 4ème album de cet auteur-compositeur-interprète québécois de 42 ans : 12 nouvelles chansons plus que jamais à la mesure d’un talent affirmé avec constance tant en studio que sur scène. Sans doute l’album de la maturité.

Travail d’orfèvre ? Assurément tant sur le fond que la forme grâce à une complicité sans failles entre le chanteur-guitariste et cet incomparable  homme-orchestre nommé Eric Goulet : guitare, basse, claviers, harmonica, banjo, percussions … et choriste ! Lequel assure aussi – avec brio – réalisation, arrangements et direction musicale de cet album synonyme de réussite au sens fort du terme.  Sans oublier l’efficace et discret Vincent Carré à la batterie.

C’est dire l’importance de la poignée de talents réunis pour cet opus dont la direction artistique et la coordination sont signées Marie Bujold. Cette production de François-José Brouillette (Bleu Plume) est à découvrir de toute urgence, et je pèse mes mots.  Tous deux  sont longuement remerciés – parmi nombre d’autres professionnels – sur la pochette intérieure de l’album avec en guise de conclusion “une pensée pour Bruno”…

La chanson québécoise s’exprime ici avec une intensité qui devrait retenir l’attention de tout (authentique) passionné de chanson francophone. Car au-delà des textes et des refrains signés Stéphane Côté, une évidence s’impose : l’incontestable qualité apportée à cet album dont les guitares acoustiques offrent un incontestable plus comme dans le réaliste “En attendant l’hécatombe” :

“Le désert s’allonge un peu dans tous les sens

Avec du recul on songe qu’on avance

Quand le sable doux nous conduit à l’errance

On cherche un caillou pour s’accrocher la chance “

En duo avec Brigitte Saint-Aubin et Linda Lemay

S’y glissent deux duos où les choses de la vie sont évoquées avec lucidité. Comme si le temps était le maître absolu de toute destin, qu’on le subisse ou qu’on tente de le maîtriser. Le duo avec Linda Lemay, “Au large de nous”, nous entraîne dans une ambiance teintée de tendresse et de réalisme : histoire d’une relation qui se délite inexorablement :

“Que se lève la tempête un immense ouragan

Qu’il emporte ce qu’il reste de nous

Pour un ultime naufrage pour trouver le courage

De revivre  enfin seuls libre et debout”

L’autre duo enregistré avec Brigitte Saint-Aubin souligne avec justesse la difficulté de s’apprivoiser, de franchir le pas, de maîtriser le temps qu’exige une vraie relation à deux :

“C’est vrai qu’il y  a de l’attraction

Entre nous deux

Que même à la télévision

Ils ne font pas mieux

Que même sans se voir on se perd

Dans le labyrinthe de nos yeux

On a peut-être ce qu’il faut pour se plaire”

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Un chanteur québécois aux chansons de portée internationale par ses sources d’inspiration

Sensibilité, bon sens et clairvoyance

Difficile d’extraire “une chanson préférée” parmi la douzaine qui compose cet opus. Osons tout de même le défi en mettons en relief “Couleur de mélodie”, qui symbolise avec justesse le pari relevé tout au long de cet album par cet ACI québécois.

Chaque chanson de cet album permet à Stéphane Côté d’exprimer une sensibilité, un bon sens et une clairvoyance sur les êtres et la société qui n’a rien de superficiel ou de mièvre. Un album – reflet d’un répertoire qui ne cesse de ne bonifier au fil des ans, au gré des concerts au Québec, en France … et aussi en Suisse aussi où “Ballon d’héliHomme” a bénéficié d’un lancement à l’instar de celui de Montréal et de Québec (Espace Félix Leclerc,  Ile d’Orléans).

Ballon d’héliHomme résulte de la complicité d’une poignée de professionnels mobilisés pour un album dont l’écoute répétée permet – à chaque fois – d’en découvrir de nouveaux aspects. Un de ces enregistrements qui vous donnent assurément envie d’y revenir, par exemple en se déplaçant en voiture. Histoire de se laisser embarquer dans un univers où rien n’est figé d’avance, où la ligne entre lumière et obscurité n’est pas toujours perceptible. Où les paroles affirmées avec conviction sont, parfois, moins importantes que les non-dits, les émotions suggérées à mots couverts.

Une chanson d’expression  française évidemment, teintée ici et là d’accents folk et country qui en rehaussent l’impact

Cet album n’a rien à voir avec celui d’un chansonnier québécois des fameuses boîtes à chanson d’antan s’accompagnant seul à la guitare. Il s’inscrit dans une double dynamique, tant au niveau des paroles, avec des textes sans doute encore plus personnels que sur les trois précédents opus. Mais aussi au niveau de ses couleurs musicales : une chanson d’expression  française évidemment, teintée ici et là d’accents folk et country qui en rehaussent l’impact.

Que de chemin parcouru avec obstination et talent par Stéphane Côté 1996, lorsqu’il se retrouve en demi-finale au Festival international de la chanson de Granby ! Et oui, il est plus que temps qu’il trouve enfin sa place parmi les créateurs majeurs d’une chanson québécoise à la fois grand public et de qualité. Une chanson qui refuse à la fois l’élitisme pour intellos heureux de (sur) vivre dans leur ghetto branché … mais aussi une certaine facilité dans les paroles et la musique à l’instar de ces voix que la foule adore le temps d’une mode. Des voix souvent synonymes d’étoiles filantes certes fascinantes et attirantes mais si éphémères, dans la plupart des cas.

Par ailleurs auteur de trois chansons sur “Si fragile univers”,  le nouvel album de Lina Boudreau, Stéphane Côté dispose de tout ce qu’un artiste de son expérience a besoin pour ENFIN franchir une nouvelle étape. En l’occurrence celle qui le fera connaître d’un plus grand nombre de personnes, des deux côtés de l’Atlantique.

Mais encore faut-il que les « grands médias » et les radios-télévisions offrent une réelle visibilité à cet album enraciné dans un vécu québécois (“Il neige”) et cependant de portée internationale de par son inspiration à multiples facettes.

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Un album enraciné dans un vécu québécois (“Il neige”) et cependant de portée internationale de par son inspiration à multiples facettes

Des mots simples qui font tilt et interpellent tant le coeur que la raison

Le talent de Côté, c’est de raconter les choses de la vie avec des mots simples qui font tilt et interpellent tant le coeur que la raison.  Avec en prime une diction sans failles qui permet de savourer chaque mot de chaque chanson et une voix qui fait parfois – au gré de diverses intonations et d’un certain phrasé – penser à celle du chanteur du groupe québécois Les cowboys Fringants … et vice-versa.

Peintre d’un quotidien entre réalisme et  espoirs, avec des envies d’utopies et de rêves, Stéphane Côté cultive aussi des élans de fraternité, tout en affichant le droit à conserver la faculté de s’émerveiller …  comme dans la superbe chanson “Une lettre” :

“J’écrirai une lettre  à ceux qui grandiront

Qui suivront les courants

Pour leur dire en cachette que l’enfance a raison

Qu’après on désapprend”

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Les photos de cet article ainsi que du nouvel opus de Stéphane Côté sont signées Karolanne Roy

Stéphane Côté, Ballon d’héliHomme, 12 titres, 38 minutes et 25 secondes. Productions Bleu Plume


 

AZNAVOUR, BRASSENS, FERRAT, LAVILLIERS : AU COEUR DE LA CHANSON DE PROXIMITE

En juillet 2009  disparaissait la revue “Chorus les cahiers de la chanson”, laissant un grand vide auprès de celles et ceux qui depuis des années suivaient de (très) près l’actualité de la chanson francophone. Ici et là ont surgi des blogs et webmagazines lancés par d’anciens membres de la rédaction de ce trimestriel. Histoire de reprendre le flambeau d’une autre manière, via internet. D’où cet article paru le 21 décembre 2010 sur le site www.francomag.com

Et voici que trois journalistes de l’équipe créée et animée par Fred Hidalgo publient chacun un livre de référence. D’où ce coup de projecteur destiné à mettre en évidence trois ouvrages très différents tant sur la forme que le fond, et cependant unis par une passion commune : la chanson.

Embarquement immédiat avec Michel Kemper (“Les vies liées de Lavilliers”, Flammarion) ; Daniel Pantchenko, (“Jean Ferrat. Je ne chante pas pour passer le temps”, Fayard) ; Michel Trihoreau auteur de deux ouvrages : “La chanson de proximité. Caveaux, cabarets et autres petits lieux” , Editions de L’Harmattan, et “Rencontres”, Editions du Petit Véhicule, un recueil de nouvelles enracinées dans le répertoire de Georges Brassens.

 

Michel Kemper, auteur de la bio de Bernard Lavilliers

Michel Kemper, auteur de la bio de Bernard Lavilliers

Commençons par Les vies liées de Lavilliers, une décapante bio signée Michel Kemper, originaire de Saint-Etienne comme le chanteur. Avec en guise d’introduction,une question lancée à l’intéressé par la Québécoise Monique Giroux lors d’un entretien le 9 janvier 2005 au micro de Radio-Canada.

 ” Bernard Lavilliers, on a dit des tas de choses sur votre parcours, sur ce que vous aviez fait. Et j’ai envie, pendant que je vous ai devant moi, de vous demander le vrai du faux. On a dit que vous aviez été fugueur, pensionnaire d’une maison de correction, tourneur, comédien, boxeur, camionneur, patron de boites de nuit, directeur d’une école de variétés … on a dit beaucoup de choses, dites-moi tout “.

Et le chanteur d’affirmer : “C’est simple, j’ai cinquante-huit ans donc j’ai fait tout ça, successivement. Et des fois en même temps. Donc j’ai plusieurs vies à la fois, ce qui fait qu’effectivement, parfois quand je compte, j’ai l’impression d’avoir déjà deux à trois fois plus que mon âge. J’ai souvent fait deux métiers parallèles, oui. Et je trouve que c’est intéressant parce que la création se trouve justement à l’intersection des deux, souvent”.

Cet échange radiophonique en dit long sur l’incroyable aventure dans laquelle s’est lancée l’obstiné Michel Kemper.Son projet, c’était d’écrire une bio avec et sur Lavilliers, et en septembre 2004 le chanteur avait donné son accord par l’intermédiaire de son manager.

Cet accord tombera à l’eau début octobre 2006 par décision de celui qui est né en octobre 1946 à Saint-Etienne : “C’est là qu’est né aussi le mystère Lavilliers, soigneusement entretenu tant par l’artiste que par le cercle familial. Là également que réside l’auteur de ces lignes”.

“Un des personnages les plus captivants que la chanson ait jamais enfanté”

 

Une bio extrêmement fouillée de 387 pages

Une bio extrêmement fouillée de 387 pages

Ce livre, c’est l’étonnante histoire de Bernard Ouillon devenu Bernard Lavilliers. Et Michel Kemper d’expliquer ainsi la démarche qui a guidé la rédaction de cette biographie : “Toujours avec infiniment de respect envers l’artiste et l’ensemble des témoins, jamais pour le plaisir d’écorner une légende. Dans l’objectif unique de mieux comprendre une œuvre majeure que la légende a nourri à l’envie”.

Au terme de plusieurs années d’entretiens, de lectures, d’écoutes répétées de son répertoire, d’informations vérifiées à multiples reprises auprès de plusieurs interlocuteurs, Kemper brosse ici le fascinant portrait “d’un des personnages les plus captivants que la chanson ait jamais enfanté” selon son expression.

 Au fil des chapitres, on marche fidèlement dans les pas de Lavilliers, depuis l’enfance. Et on découvre notamment ses dix années de vaches enragées dans le 5ème arrondissement parisien et les petits lieux de la rue Mouffetard avant que la carrière ne décolle enfin.

Le Stéphanois ; Les poètes ; Paris, redingote de plomb ; La manche ; Arrêt sur image ; Entrée des artistes ; Etat d’urgence ; Outremer ; Mémoires particulières; Les mains d’or ; A suivre : en dix chapitres, Kemper se livre à une étonnante radiographie de la vie de Lavilliers, dont nombre de chansons témoigne justement de ce destin hors du commun. Oui, un destin assurément hors-du-commun où tout n’est pas à prendre au pied de la lettre dans la vie de l’artiste, entre France et Amérique Latine, entre affirmations et faits.

Ici tout a été vérifié, recoupé, lu et relu avec une extrême rigueur dans cette bio aux nombreuses anecdotes qui en disent long sur le chanteur doté d’une imagination débordante tant pour la présentation des étapes successives de sa vie publique et personnelle que les textes de ses chansons.

Le chapitre “Mémoires particulières” est particulièrement instructif. Et Kemper d’expliquer : “Or, si l’ensemble de sa production – qu’on peut sans mal qualifier d’œuvre – est du pur Lavilliers, force est de constater au sein de celle-ci nombre de réminiscences, de ressemblances orphelines de toutes sources, voire de reconstructions… “.

“Lavilliers est de ceux qui savent exister par eux-mêmes, sans jamais s’inscrire dans ces moules réducteurs et destructeurs, qui font quelques disques et puis s’en vont”

Michel Kemper est aussi l'auteur Mes nuits de concerts sont plus belles que vos soirées télé (2002) et Mes nuits critques (2005),

Michel Kemper est aussi l’auteur Mes nuits de concerts sont plus belles que vos soirées télé (2002) et Mes nuits critiques (2005),

“Les vies liées de Lavilliers” mérite une lecture approfondie, même si l’on n’est pas (pas encore) familier de l’œuvre de celui que l’auteur qualifie d’ »institution nationale, un grand parmi les grands” : “Lavilliers est de ceux qui savent exister par eux-mêmes, sans jamais s’inscrire dans ces moules réducteurs et destructeurs, qui font quelques disques et puis s’en vont. Il ne ressemble à nul autre qu’à lui-même.

Ce qu’il a créé est unique, certes nourri d’influences parfois revendiquées, parfois tues, d’emprunts clamés tout haut ou dissimulés sans vergogne, assuré qu’il est peut-être en son for intérieur d’en avoir été le géniteur. Mais unique, ça oui. Il s’est mis au monde lui-même, se jurant un beau jour de créer un genre de chanson qui lui soit propre – il a réussi – et de l’illustrer par une légende aussi colorée que possible – il l’a fait”.

Et cet hommage signé Michel Kemper a le mérite de resituer Lavilliers à sa vraie place, celle d’un artiste incontournable dans la chanson d’expression française : “Il a rêvé une vie qu’il s’est ensuite appliqué à traduire dans les faits, fidèlement, rejoignant en cela la fine et belle équipe d’aventuriers-artistes, de bourlingueurs-écrivains, les Rimbaud et autres Cendrars, parmi lesquels il mérite sans nul doute d’occuper une juste et belle place”.

Dans la liste des remerciements d’une page et demie l’on trouve notamment “Fred et Mauricette Hidalgo qui ont encouragé ce projet depuis le début et apporté, le moment venu, leurs regards et conseils avisés”. En somme une passionnante plongée dans les coulisses d’un artiste des plus talentueux, dont on cerne ici mieux les zones d’ombres et de lumière. Avec en prime une discographie et une bibliographie ainsi qu’un index des titres de chansons citées.

“On porte son enfance toute sa vie. Je ne suis pas un cas unique, mais cette période a été très dramatique pour ma famille, pour moi et pour la France aussi”

 Seconde bio, celle de Daniel Pantchenko, autre pilier de la rédaction de feu Chorus auteur d’une récente biographie UNIQUE EN SON GENRE et des plus détaillées sur Anne Sylvestre dont nous parlerons ultérieurement.

En attendant, place à un ouvrage de référence, de 572 pages :” Jean Ferrat Je ne chante pas pour passer le temps”. Pour comprendre la genèse de ce livre, les circonstances dans lesquelles il a vu le jour, une série de précisions s’impose. Et elles sont offertes avec force détails sur le blog du créateur de Chorus, Fred Hidalgo. Lequel avait en effet depuis des années le projet d’écrire un ouvrage de référence sur Jean Ferrat : le projet sera finalement abandonné, et le flambeau transmis à Daniel Pantchenko.

Intitulé “Jean Ferrat, “la” bio” !”, ce long texte de Fred Hidalgo est illustré d’une photo (également publiée ici) de Francis Vernhet montrant Jean Ferrat en compagnie de Fred et Mauricette Hidalgo et Daniel Pantchenko. Les confidences de Fred Hidalgo constituent un indispensable témoignage : à lire afin de mieux cerner les origines et l’histoire de cette biographie unique à bien des égards. Texte à lire sur le blog Sicavouschante

Oui une bio unique à commencer par les premières années du petit Jean Tennebaum. D’où cet aveu de l’artiste reproduit par Pantchenko : « On porte son enfance toute sa vie. Je ne suis pas un cas unique, mais cette période a été très dramatique pour ma famille, pour moi et pour la France aussi. Il y a une partie de moi qui est devenue adulte très vite. Le racisme, le nazisme, je les ai découverts à onze ans. Je ne savais pas que mon père était juif ».

 

Festival de Barjac : Daniel Pantchenko aux côtés de Jean Ferrat au milieu de la foule. (Photo Samuel Fontayne).

Festival de Barjac : Daniel Pantchenko aux côtés de Jean Ferrat au milieu de la foule. (Photo Samuel Fontayne).

“Par ses mots, sa musique, et sa voix d’humanité profonde, Jean Ferrat a toujours été le chanteur qui me touche le plus, avec lequel je me trouve en accord maximal, tant sur la forme que le fond”

 

572 pages pour mieux comprendre l'homme et l'oeuvre

572 pages pour mieux comprendre l’homme et l’oeuvre

Fouillée, méticuleuse jusqu’aux moindres détails, l’enquête de Daniel Pantchenko situe avec force références la vie et l’oeuvre de Jean Ferrat dans le contexte historique national et international.

Et il entre dans les détails du destin de Tenenbaum devenu chanteur en tant que “Jean Laroche”, pseudonyme qu’il aurait sans doute gardé si la SACEM ne l’avait prévenu qu’il existait déjà un artiste portant ces prénom et nom.

“Alors en regardant la carte de France, j’ai mis longtemps à me décider; j’avais trouv d’autres pseudonymes qui étaient aussi de vrais noms et je suis tombé par hasard sur Saint-Jean Cap Ferrat. Ca sonnait bien, c’était clair, c’était court”.

Cette bio fait aussi la part belle aux témoignages.Pas seulement celles du milieu artistique comme Dominique A, Akhenaton, ou son ami Allain Leprest, mais aussi nombre d’approches plus personnelles, voire intimes : fille, nièces, neveu, amis proches, etc. Et aussi les anciens maires d’Ivry et Antraigues, puisque “pendant un demi-siècle, Jean Ferrat aura habité, vécu, agi dans deux communes très différentes, entre lesquelles il aura servi parfois de passerelle”.

Je ne chante pas pour passer le temps”», c’est le titre d’une chanson de Ferrat, et la retrouver ainsi sur la couverture témoigne du pari dans lequel s’est lancé le journaliste-écrivain. En témoignent aussi les pages consacrées au couple formé avec Christine Sèvres, aux amitiés avec Isabelle Aubret et Francesca Soleville par exemple.

Comprendre l’homme au-delà de l’oeuvre d’où émergent d’inoubliables titres tels Potemkine, La Montagne, Nuit et brouillard, Ma mome, etc : oui, un sacré défi a été relevé avec brio par Daniel Pantchenko. Un défi enraciné dans le constat suivant : “Par ses mots, sa musique, et sa voix d’humanité profonde, Jean Ferrat a toujours été le chanteur qui me touche le plus, avec lequel je me trouve en accord maximal, tant sur la forme que le fond”.

Autre atout de cet ouvrage, au-delà du regard porté sur cette existence entre enregistrements et scènes, engagements politiques et vie plus discrète en Ardèche : le recul pris par l’auteur dans les pages consacrées à l’après-Ferrat.Il y est question du raz-de marée suscité par l’annonce de sa disparition le 13 mars 2010 : “Du coup, entre sentiments authentiques et calculs d’arrière-boutique, les fleurs, les pleurs, les superlatifs déferlent de la presse écrite à Internet, et les personnalités en tout genre et de tout acabit y vont de leur petite phrase. Désormais tout le monde aime Ferrat. Entre quatre planches”.

Et grâce à l’enquête menée par Daniel Pantchenko, l’on apprend que Gérard Meys, son producteur, dispose de 45 chansons en réserve : “Je ne sais pas ce que je vais en faire (…). Je n’ai pas pu malheureusement le réaliser, mais j’avais l’intention de faire un disque spécial, un album “politique”.

 

Jean Ferrat en compagnie de Daniel Pantchenko à gauche, et Fred et Mauricette Hidalgo (Photo Francis Vernhet)

Jean Ferrat en compagnie de Daniel Pantchenko à gauche, et Fred et Mauricette Hidalgo (Photo Francis Vernhet)

“Toute la presse people voire trash avait bien compris qu’il y avait du cash à faire sur la dépouille encore fumante de celui qui ne leur avait encore jamais donné d’occasions réelles de l’exploiter à la une”

Daniel Pantchenko a mené à terme une biographie de Charles Aznavour qu'avait commencé à écrire Marc Robine décédé en août 2003

Daniel Pantchenko a mené à terme une biographie de Charles Aznavour: un ouvrage qu’avait commencé à écrire Marc Robine décédé en août 2003

Autre information qui retiendra l’attention de ceux qui apprécient l’homme et l’œuvre : Gérard Meys a un projet audiovisuel, puisqu’il a filmé Ferrat durant sept ans.

On n’a donné d’image à personne car à partir du moment où on avait tellement de problème avec la télévision, on a décidé d’être complètement indépendants, dès 1981. Même pour les émissions spéciales de Drucker, toutes les chansons sont à nous, en tant que producteur”.

Et Daniel Pantchenko de constater dans l’une des ses innombrables notes en fin de chapitre que “toute la presse people voire trash avait bien compris qu’il y avait du cash à faire sur la dépouille encore fumante de celui qui ne leur avait encore jamais donné d’occasions réelles de l’exploiter à la une”.  A noter que ce sera la première fois dans l’histoire de la télévision française que seront diffusées en direct les obsèques d’un chanteur.

Quatre parties forgent ce livre, à commencer par un préambule de deux chapitres : Le crépuscule de l’aube ; Une Môme et deux enfants ». S’en suivent trois autres parties : Jean Tenenbaum, Jean Ferrat, d’Antraigues. Et à chaque fin de chapitre, l’on découvre plusieurs pages de notes : autant de coups de projecteurs sur tel ou tel détail auquel l’auteur apporte un complément d’information.

Cet ouvrage de référence bénéficie notamment d’une liste des chanteurs cités dans le texte avec mention des pages ; d’une exhaustive discographie dont le premier enregistrement remonte à 1958, et de la référence de plusieurs sites internet.

A l’instar de Michel Kemper à la fin de sa bio sur Lavilliers, Daniel Pantchenko adresse aussi des remerciements aux fondateurs de Chorus : “Enfin, pour leur confiance renouvelée, merci à Fred et Mauricette Hidalgo, qui savent combien nous partageons la même passion de la chanson depuis tant d’années”.

Le dimanche 26 décembre 2010, Jean Ferrat aurait eu 80 ans. D’où ces propos de Daniel Pantchenko transmis en ce 23 décembre 2010 : “On a eu envie de lui retourner la chanson de 1991 qu’il avait dédiée à un ami disparu : “Tu aurais pu vivre”… […] La biographie que je lui ai consacrée constitue d’ores et déjà ce que l’on appelle « un succès de librairie », puisqu’en à peine trois mois, elle va “tranquillement” vers ses 25 000 exemplaires vendus, la quasi-totalité des grands médias (en particulier les radios et télés du service public) n’ayant pas pourtant – encore ? – jugé utile d’en parler”.

“Pour y avoir rencontré des publics curieux, attentifs, interrogatifs et des artistes aguerris ou débutants, gens généreux ou sévères qui m’ont tant appris de ce métier, je suis heureux de voir un livre qui chante ces petites scènes et leurs actes”

186 pages et une préface signée Allain Leprest

186 pages pour un ouvrage de référence dont la préface est signée Allain Leprest

Venons-en à présent au 3ème ouvrage de référence paru dans la collection Cabaret aux Editions L’Harmattan. Ici pas de bio mais un voyage dans le temps et dans l’espace en compagnie d’un guide hors-pair : Michel Trihoreau.

 En 186 pages, il nous entraine dans les coulisses de la vie d’artiste. Là où les caméras et les photographes sont, la plupart temps, absents. Là où bat le cœur de tous ces talents émergents qui s’affirment dans des conditions pas toujours évidentes d’un point de vue technique. Sous le titre « La chanson de proximité. Caveaux, cabarets et autres petits lieux », Trihoreau n’y va pas quatre chemins.

La chanson il la connait depuis des années, il l’aime depuis des années, et ses articles et dossiers historiques parus dans Chorus témoignent d’une rigueur et d’une passion à toute épreuve. D’où le beau texte teinté d’amitié placé en début du livre, avant que le lecteur ne remonte les siècles jusqu’à l’époque des châteaux, des troubadours et des rois de France.

Oui, la préface signée Allain Leprest donne le ton du livre. Un ton fraternel qui donne envie de plonger avec l’auteur dans ce passé si riche en espaces de créations : “L’ami Michel vient ici vous parler avec force détails et chaleur de ces espaces qui ont vu naître, germer, croître des voix qui vous sont familières aujourd’hui. De ces creusets, ces trouées qu’il nous faut observer comme d’énormes terrains en friche. Pour y avoir rencontre des publics curieux, attentifs, interrogatifs et des artistes aguerris ou débutants, gens généreux ou sévères qui m’ont tant appris de ce métier, je suis heureux de voir un livre qui chante ces petites scènes et leurs actes”.

 

Toutes les photos de Michel Trihoreau prises le 30 septembre 2010 à l'Espace L'Harmattan, à Paris  - ici avec Claude Fonfrède et Fred Hidalgo - sont signées Martine Ladagnous

Toutes les photos de Michel Trihoreau prises le 30 septembre 2010 à l’Espace L’Harmattan, à Paris – ici avec Claude Fonfrède et Fred Hidalgo – sont signées Martine Ladagnous

“La chanson s’adresse autant à l’intellect qu’à l’émotion. Elle doit être intelligible et avoir un sens”

Traces historiques ; Origines populaires ; Les cabarets de la première génération, D’une rive à l’autre ; l’âge d’or ; Le schisme ; L’éternel retour ; La proximité et l’humanité ; La révolution tranquille : tels sont les repères, les titres des grandes parties d’un document sans doute unique en son genre. On s’y promène de Montmartre au Quartier Latin, de Saint-Germain à Mouffetard, de Barjac à Artigues, en passant par le Chat Noir, le Limonaire et Le Lapin Agile, … et la liste est évidemment très loin d’être exhaustive.

Car Trihoreau ne se contente pas de retrouver la trace de tous ces petits lieux où ont poussé tant de talents qui ont, par la suite, rencontré le grand public. Il se livre aussi à nombre de réflexions et d’analyses sur l’essence même de la chanson.

La chanson s’adresse autant à l’intellect qu’à l’émotion. Elle doit être intelligible et avoir un sens. Il ne s’agit pas de ranger les genres dans des tiroirs bien étiquetés, mais de trouver des repères, pour clarifier et tenter de définir quelques pistes de réflexion qui éviteront des querelles vaines.

De multiples passages d’un genre à un autre sont possibles, l’essentiel est de savoir quel objectif est poursuivi. Est-on dans la culture ou dans le divertissement ? Pour avoir trop souvent opposé les deux genres, on a fini de façon démagogique ou intéressée, par évincer le premier. Sans nuance”.

 

De gauche à droite Christian Stalla (directeur de la collection Cabaret), Gilles Tcherniak (fils du patron du Cheval d'Or), Marc Chevalier (co-fondateur de l'Ecluse), Michel Trihoreau, et Ginette Marty, chanteuse et auteur

De gauche à droite Christian Stalla (directeur de la collection Cabaret), Gilles Tcherniak (fils du patron du Cheval d’Or), Marc Chevalier (co-fondateur de l’Ecluse), Michel Trihoreau, et Ginette Marty, chanteuse et auteur

“Dans cette période de profondes mutations, le support papier est en péril : il ne disparaitra pas, mais risque bien de fonctionner à deux vitesses”

Mihel Trihoreau est aussi l'auteur d'un essai sur l'oeuvre et la vie de Jacques Prévert paru en février 2006

Mihel Trihoreau est aussi l’auteur d’un essai sur l’oeuvre et la vie de Jacques Prévert paru en février 2006

Autre coup de projecteur, celui braqué sur la formule Chant’ Appart, en pays de Loire et bien au-delà aussi. A noter que la photo de la couverture met précisément en valeur cette manière de chanter dans un contexte où proximité et convivialité vont de pair.Et voilà comment l’on retrouve la chanteuse québécoise Fabiola Toupin face à un auditoire assis à quelques pas d’elle, debout à son micro.

“Aujourd’hui, considérer Chant’ Appart comme un simple festival serait une erreur par omission. C’est désormais un phénomène de société qui annonce des temps nouveaux dans le monde de la chanson. C’est un pari qui repose sur ce qu’il y a de meilleur dans l’humain : la convivialité, la citoyenneté, le dynamisme, la solidarité, la curiosité, la sensibilité, toutes ces qualités que certains croient en voie de disparition et qui ne demandent qu’à s’épanouir lorsque les circonstances le permettent. Tout ce qui fait le lien social que les politiques ne savent pas maintenir et que la communication d’entreprise détruit peu à peu”.

A propos de communication, Michel Trihoreau consacre aussi plusieurs pages aux médias qualifiés d’ “outils indispensables” : radios, télés, presse écrite, internet, etc.

“La presse est un outil essentiel pour permettre à la Chanson de se faire un connaître et s’exprimer. Malheureusement les journalistes de la presse quotidienne ne peuvent être des spécialistes de tout ce qu’ils traitent et doivent se contenter la plupart du temps de clichés rapides. Certaines revues musicales s’adressent en général à un public qui sait se satisfaire de la médiocrité. D’autres s’enferment dans une spécificité catégorielle autour d’un genre ou d’un instrument.

La chanson est victime de ces deux tendances, soit peopolisée, soit disséquée entre rock, folk, punk, reggae, guitare, accordéon et autres, jusqu’à l’apparition de la revue Chanson de Lucien Nicolas, dans les années 1970″.

Et Michel Trihoreau de consacrer une page au mensuel Paroles et Musique et au trimestriel Chorus nés respectivement à l’automne 1980 et en septembre 1992 et chaque victimes d’un “prédateur” selon son expression.

“Ayant eu la chance d’être de l’aventure de Paroles et Musique / Chorus, j’ai pu mesurer la formidable compétence de Fred et Mauricette Hidalgo et de l’ensemble de la rédaction travaillant de façon rigoureuse et pointue dans un domaine où il y a tant à faire”.

La disparition de ces revues et la création de divers blogs et webmagazines à l’initiative d’anciens journalistes de Chorus est-elle “une solution de rechange” ?” Selon l’auteur, “dans cette période de profondes mutations, le support papier est en péril : il ne disparaitra pas, mais risque bien de fonctionner à deux vitesses : ici, le jetable plus ou moins gratuit qui va à l’essentiel et s’adresse aux regards brefs par l’abondance d’images, et là le pavé, analytique et pointu, condamné malgré li à un élitisme marginal. Entre les deux pas de passerelle”.

“Remplacer le concert par une écoute devant l’écran relève de la plus pure consommation contradictoire avec l’approche active de l’artiste”

Marc Chevalier, co-fondateur de l'Ecluse et Michel Trihoreau

Marc Chevalier, co-fondateur de l’Ecluse et Michel Trihoreau

Certes – et Michel Trihoreau le reconnait volontiers – Internet bénéficie de nombreux atouts, à commencer par l’instantanéité et la proximité.

Comme si tout le monde se retrouvait sur le même plan d’égalité avec son site et ses infos mis en ligne et renouvelée en permanence : “C’est très démocratique : la star internationale côtoie sur la toile l’amateur passionné et lorsqu’on débarrasse l’essentiel des scories mégalomanes ou commerciales, on peut se faire une assez juste idée du travail de nombreux artistes”.

Tout cela est bien beau mais … virtuel ! “Remplacer le concert par une écoute devant l’écran relève de la plus pure consommation contradictoire avec l’approche active de l’artiste” souligne l’auteur.

D’où son appel lancé en fin de texte en faveur d’une chanson vraiment vivante, “ouverte à toutes les inclinaisons que l’imagination peut inventer. Il y a toujours un bistrot avec un type et une guitare ; un coin de fête avec des paroles et de la musique audibles à l’écart du vacarme ; ou une affiche avec un inconnu dans une petite salle, ce soir ou demain. Vous ne connaissez pas ?

Prenez le risque, ça ne peut pas être pire que ce qu’on vous oblige à entendre et puis c’est vivant, c’est un être humain qui vous donne un peu de son âme. Et quand c’est bon, c’est un moment de magie qui vous fait penser au bonheur”.

“C’est l’art subtil de Trihoreau de redonner vie et conscience à ces inconnus qui ont traversé un jour un poème en forme de chanson”

Un recueil de 25 nouvelles et une photo de Brassens du Sétois Jimmy Rague.

Un recueil de 25 nouvelles et une photo de Brassens prise par le Sétois Jimmy Rague.

A noter enfin que Michel Trihoreau est aussi l’auteur de « renCONTrES » paru dans la collection « le Carré de l’imaginaire » aux Editions du Petit Véhicule. En l’occurrence un recueil – vraiment original – de 25 nouvelles dont tous les personnages sont authentiques.

Et l’auteur de préciser : “Seuls les noms, les lieux, les dates et les faits ont été changés. Tous se sont échappés des chansons de Georges Brassens. Celui-ci aimait trop la liberté pour ne pas autoriser ses personnages à s’évader (…) Je vous les confie. Apprenez à les reconnaître. Retrouvez dans leurs récits les chansons où ils sont nés.

Prenez garde, ils ne sont pas tous beaux, pauvres et sympathiques, ils sont comme vous et moi, ni meilleurs ni pires, la vie leur a donné leur lot de joies et de misères, inégales et injustes. Nourrissez-les de votre imagination afin qu’ils vivent longtemps et qu’ils aient encore beaucoup à raconter”.

En 87 pages, Michel Trihoreau donne libre cours à son imagination, chacune de ses nouvelles prenant des allures de passerelle vers une chanson de Tonton Georges : Brave Margot ; La maitresse d’école ; La fille à cent sous ; L’orage; Je suis un voyou; Hécatombe, La chasse aux papillons, etc.

C’est l’art subtil de Trihoreau de redonner vie et conscience à ces inconnus qui ont traversé un jour un poème en forme de chanson, le petit joueur de flûte, Tonton Nestor, le pauvre Martin, Pénélope et bien d’autres… L’émotion nous assaille mais l’humour n’est pas loin ; C’est dans l’un de ces récits que l’on retrouve les amoureux des bancs publics devenu un vieux couple désuni “.

Cet extrait de la préface de Paul-René Di Nitto donne le ton de ce beau livre illustré par des dessins de Cathy Beauvallet, fondatrice d’une “Ecole de Communication Visuelle”.

 Laissez tenter par les livres de Michel Kemper, Daniel Pantchenko et Michel Trihoreau !

Nous voici parvenus au terme de ce voyage au cœur d’une chanson mise en évidence par trois anciennes plumes de Chorus. L’esprit Chorus – entre information et commentaire, rigueur et précision – n’est pas mort ; ces quatre livres auraient sans aucun doute mérité un article spécifique pour chacun d’entre eux. Espérons que les coups de projecteurs braqués à tour de rôle sur chaque ouvrage vous donnera envie d’en savoir plus.

Et surtout n’hésitez pas à vous faire plaisir. A vous laisser tenter par les livres de Michel Kemper, Daniel Pantchenko et Michel Trihoreau.

Autant de p’tits trésors qui méritent d’être découverts, appréciés à leur juste valeur. En prenant tout votre temps pour flaner dans les coulisses du monde de la chanson : un univers fascinant et paradoxal qui ne se résume pas – loin s’en faut – aux émissions de variétés télévisées et aux tubes entendus (écoutés?) sur la bande FM. D’où le talent de ces trois auteurs qui ne se sont pas contentés des apparences, se lancant dans des aventures éditoriales de longue haleine.

Pour chacun d’entre eux, il aura fallu plusieurs années pour arriver au terme de son enquête. Voir de sa quête car consacrer autant de temps à un manuscrit, c’est évidemment signe d’obstination et de passion. Et cela mérite le respect.

Michel Kemper, Les vies liées de Lavilliers, Flammarion, 387 pages, 20 euros
Daniel Pantchenko, Jean Ferrat. Je ne chante pas pour passer le temps, Fayard, 568 pages, 20,90 euros
Michel Trihoreau, La chanson de proximité. Caveaux, cabarets et autres petits lieux, L’Harmattan, 186 pages, 18 euros
Michel Trihoreau et Cathy Beauvallet, Rencontres, Editions du Petit Véhicule, 88 pages, 18 euros.
A découvrir aussi les trois auteurs sur internetb[Sites Internet ou blogs à visiter :

- Michel Kemper : Nos Enchanteurs
- Daniel Pantchenko :Pantchenko
et son blog chansonsquetoutcela
- Michel Trihoreau : Chanson de Proximité et Rencontres avec Brassens

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ONTARIO/FRANCOPHONIE : A COEUR OUVERT AVEC NATALIE BERNARDIN

Parler de la chanson franco-ontarienne, et plus globalement de l’identité franco-ontarienne, c’est s’embarquer dans un voyage de longue haleine. Découvrir un univers pratiquement inconnu en France, et encore trop peu connu au Québec.

Les quelques jours passés à Ottawa et Sudbury m’auront tout juste permis d’effleurer une réalité francophone, sous l’angle de d’événements artistiques et culturels qui ne représentent – il faut en être bien conscient – qu’une très faible partie d’une réalité à la fois attachante et complexe, paradoxale et cependant plus vivante que jamais.

A travers la 7ème édition du Gala des Prix Trille Or à Ottawa et la 40ème Nuit sur l’Etang à Sudbury, une évidence s’est affirmée d’emblée : ici la francophonie n’est pas un concept abstrait et austère réservé à quelques intellectuels en quête de crédibilité voire de notoriété. Ici la francophonie éclate avec une telle intensité qu’il peut paraître maladroit, voire déplacé, de l’évoquer seulement à travers le miroir tant partiel que et partial des deux événements, autant celui d’Ottawa que de Sudbury.

D’où l’importance de bénéficier sur place de personnes-ressources  tels Mathieu Joanisse (voir article sur ce site) et d’autres militants francophones rencontrés en Ontario, comme Joël Lauzon, Marcel Aymar, Paul Demers, etc. dont il sera question par ailleurs sur  www.planetefrancophone.fr .

Autant de militants parmi tant d’autres impliqués – réellement et quotidiennement – au cœur de cette francophonie qui n’en finit pas de surprendre ceux qui la découvrent, notamment à travers l’impressionnante relève musicale déjà évoquée dans d’autres articles sur ce site.

pf NATALIE BERNARDIN FFETE

Novembre 2012, FrancoFête en Acadie : Natalie Bernadin au stand de l’APCM

Une des personnes-clés de cette francophonie aux allures de feu d’artifice artistique et culturel, c’est justement Natalie Bernadin : depuis 2011 elle assure la direction générale de l’APCM, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique.

Certes nous nous étions croisés plus d’une fois lors de divers événements aussi bien au Québec qu’en Acadie : Coup de Cœur Francophone, Bourse Rideau, FrancoFête, etc. Et si durant nos brefs échanges je me doutais bien de la vitalité de cette fameuse francophonie ontarienne, je n’imaginais absolument pas qu’elle puisse s’affirmer avec autant d’éclat.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 960

Sudbury 22 mars 2013, 40ème Nuit de l’Etang. Un méga-concert rétrospectif de plus de quatre heures axés sur les 40 ans éditions de la Nuit sur l’Etang avec participation d’artistes d’hier et d’aujourd’hui.

“Le Gala des Prix Trille Or demeure la plus importante vitrine musicale de la francophonie canadienne hors Québec”

Avant d’évoquer les temps forts de l’entretien réalisé avec Natalie Bernadin une fois revenu d’Ottawa et Sudbury, arrêtons-nous tout d’abord sur plusieurs de ses citations. Elles sont extraites du programme du fameux Gala des Prix Trille Or. Et elles résument avec justesse – et bon sens – non seulement le rôle de l’APCM mais aussi une autre évidence : les manifestations musicales et grand public organisées fin mars aussi bien à Ottawa qu’à Sudbury ne sont pas des feux de paille, ni des événements sans véritables racines identitaires.

Oui, il faut le dire haut et fort : ces événements musicaux constituent une des facettes les plus visibles et les plus spectaculaires de la francophonie ontarienne. Laquelle n’a assurément pas fini de surprendre ceux qui s’intéressent à la chanson francophone en Amérique du Nord.

Laissons à présent la parole à Natalie Bernardin : “Depuis bien avant la création du Gala, l’APCM a mis en place sa chaîne artistique qui demeure la pierre angulaire de toutes ses activités : du festival en milieu scolaire : “Quand ça nous chante” (attirant plus de 400 jeunes apprentis artistes à l’échelle de la province pour des formations, des premières expériences de scène et des spectacles professionnels) en passant par Ontario POP (une semaine de formation consacrée à propulser des artistes émergents dans le marché professionnel en leur offrant un encadrement, une formation et une plateforme pour se faire découvrir) ou encore les multiples services offerts aux membres.

Enfin c’est le Gala des prix Trille Or qui permet à l’APCM de souligner l’excellence artistique de ses membres et de faire rayonner leur talent. (…)

L’APCM est très heureuse de pouvoir renouveler son partenariat avec Radio-Canada non seulement dans notre région, mais également partout dans l’Ouest, ce qui permet au Gala d’être vu à travers le pays. Le Gala demeure la plus importante vitrine musicale de la francophonie canadienne hors Québec”.

PF SUDBURY

“Nous restons à l’affût des développements afin de demeurer compétitifs et actuels par rapport à l’industrie”

Et la directrice générale de l’APCM de préciser ainsi sa pensée, dans la perspective d’une industrie musicale en pleine évolution, voire révolution : “Avec de nouveaux services qui se sont développés à l’APCM pour répondre aux besoins de l’industrie et plus précisément aux besoins des artistes, l’association se doit d’agir avec leadership et avec anticipation pour affronter les défis de demain.

Grâce à un soutien de la part de nos partenaires financiers, tant le Conseil des Arts de l’Ontario que Patrimoine canadien et bien d’autres, nous restons à l’affût des développements afin de demeurer compétitifs et actuels par rapport à l’industrie”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 322

Difficile de résumer en quelques mots le rôle de Paul Demers, artisan de la première heure pour le réveil de la chanson franco-ontarienne. Auteur de “l’hymne national officieux” cher aux francophones de l’Ontario, cet artiste n’a enregistré que trois albums en 30 ans, dont “Encore une fois” sorti en 2011. Un des artistes majeurs d’une francophonie …  assurément sans frontières puisque cet auteur-compositeur-interprète est d’origine québécoise

“Nous avons toute une culture très riche et très active dans les provinces à l’extérieur du Québec, une autre francophonie, une autre réalité quotidienne”

Quelques jours après le gala des prix Trille Or 2013, Natalie Bernadin estimait que cet événement aura été “le plus grand et le plus beau gala depuis les débuts en 2001. Cette 7ème édition a vraiment surpassé toutes les autres.

Depuis plusieurs années le Gala des prix Trille Or avait lieu dans l’auditorium d’une école secondaire. Et là on a réussi à le faire entrer dans un centre des arts professionnels : un lieu très inspirant ! Et l’accueil des professionnels a vraiment rehaussé la qualité, l’organisation et la logistique du spectacle de gala”.

Nul doute que les conditions dans lesquelles s’est déroulé l’édition 2013 aura permis selon Natalie Bernardin de “mieux légitimer le prix et les artistes”.

Un constat d’autant plus important selon elle que l’Ontario, ce n’est pas le Québec. Une lapalissade ? Sans doute mais il faut le dire et le répéter haut et fort, à l’instar de Natalie Bernardin : “Il y a une francophone très active hors du Québec. Nous avons toute une culture très riche et très active dans les provinces à l’extérieur du Québec, une autre francophonie, une autre réalité quotidienne.

Nous sommes entourés de communautés anglophones, de télés et de radios anglophones … et nos artistes continuent à vivre et créer en français ! Nos accents sont différents de ceux du Québec. Au Manitoba et Ontario ca fait quand même 400 ans que des francophones vivent sur place ! Ca ne date pas d’hier, ce ne sont pas des gens qui viennent d’immigrer !”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 462

Impossible d’envisager une soirée rétrospective de la créativité franco-ontarienne de ces quatre décennies sans Jean-Marc Dalpé et Marcel Aymar. Deux personnalités majeures entre chanson et poésie. Un des temps forts du concert de 4h30 de la 40ème Nuit sur l’Etang

“N’oublions pas que l’Ontario possède la plus grosse communauté francophone hors Québec”

D’où selon Natalie Bernadin l’importance de cette fameuse “chanson d’expression française : une locomotive pour que l’identité ne se perde pas : c’est notre première locomotive ! Nous avons une identité, une Histoire, un vécu … nous voulons transmettre langue … et rien de plus accrocheur que la chanson pour transmettre nos richesses … et aussi être en contact avec d’autres communautés linguistiques.

Je pense aussi aux apprenants français de nos communautés anglophones : ils trouvent que les francophones sont très cool et veulent en faire partie et comprendre ce qi s’y passe. N’oublions pas que l’Ontario possède la plus grosse communauté francophone hors Québec. Et nous avons aussi une incroyable diversité d’expression musicale qui est assez récente”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 828

Robert Paquette et ses amis artistes durant le concert de la 40ème Nuit sur l’Etang : un final de toute beauté, tant par l’émotion des chanteurs réunis sur scène que la réaction d’un public de tous âges debout proclamant avec fierté ses racines franco-ontariennes

PF BOREAL MEDHI JEUNE PUBLIC BIS

Nuit Emergente au Collège Boréal, Sudbury. Une guitare, une voix et une indéniable maîtrise de l’espace et du public. Medhi Hamdad retient l’attention dès les premières notes.

Des pionniers à la relève : l’affirmation d’une identité franco-ontarienne aux multiples facettes musicales

Et Natalie Bernardin de se lancer dans d’enthousiastes propos sur la “musique francophone en Ontario. Bien sûr, on pense aux pionniers : Robert Paquette, le groupe Cano, Paul Demers, et tant d’autres. On aussi à la pop, avec toujours le fil francophone … et dans les dernières années l’affirmation d’un rock alternatif. Et aussi plus récemment d’une musique hip hop qui prend de la place … sans parler des chansons pour enfants aussi : il n’y en a pas que pour les adultes, mais pour tous les âges et tous les goûts !”.

Et la directrice générale de l’APCM de préciser sa pensée au sujet des “artistes hip hop qui ne trouvent pas toujours un public à la hauteur de leur talent. Ils ne sont pas nés en Ontario, et font partie de la vague d’immigration qui ne date pas d’hier : mais ils s’affirment enfin.

Le milieu hip hop est en général assez homogène … je dirai underground … pas vraiment branché dans le milieu associatif. Il n’y pas beaucoup de ses artistes impliqués à l’APCM … enfin pas jusqu’a présent !

Mais là dernièrement je vois avec plaisir que des ponts se construisent enfin entre le milieu hop hip et le milieu associatif. Ces artistes parlent de l’APCM et y découvrent une valeur ajoutée : c’est une famille plus large que le milieu hip-hop hop … on l’a bien vu au Cercle SOCAN avec la présence de Le R associé à cette soirée.

C’est très prometteur ! Entendre Yves Doyon parler d’une collaboration sur son prochain album avec un tel artiste hip-hop ça fait du bien. Il y a aussi davantage de mixages des genres musicaux entre les membres de l’APCM. Oui je suis optimiste : c’est spectaculaire de voir et de vivre toutes ces rencontres !”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 492

 Décontracté et talentueux, Yves Doyon : figure marquante d’En Bref, groupe-phare des années 90 très à l’aise aussi bien durant le Cercle de la SOCAN à Ottawa qu’au concert des 40 ans de la Nuit sur l’Etang à Sudbury.  L’annonce d’un nouvel album suscite un incontestable intérêt des francophones de l’Ontario face à cet artiste inclassable et touche-à-tout au sens positif du terme

PF XAVIER, MARIJOSEE YAO ET Marie-Chantale Labbé-Jacques

Marie-Chantale Labbé Jacques et Xavier Forget (Centre National des Arts d’Ottawa) en compagnie d’artistes de la nouvelle génération d’artistes francophones: la Manitobaine Mariejosé et le chanteur franco-canadien Abel Maxwel

“Oui, c’est un acte de résistance que de continuer de chanter en français”

S’impose alors avec force la notion de “passerelles musicales” chère à Natalie Bernardin sensible au métissage musical.

Et la directrice de l’APCM de mentionner la vitrine du chanteur Yao accompagné de violonistes. Ici pas de rap ou de slam ou de hip hop pur et dur mais “des envies de rencontres, d’échanges aussi comme Yao entre musique classiques et hip hop ! Rien de plus fort pour agrandir le public, chercher le public de l’autre, toucher d’autres gens sensibles à d’autres genres musicaux. Ca change des marchés musicaux très fragmentés. La francophonie a besoin de grandir son audience, de multiplier ses fans !”.

Durant notre entretien je cite à Natalie Bernardin une phrase extraite du superbe livre de Robert Thérien consacré à Beau Dommage : “Tellement on s’aimait” (VLB Editeur, 2009). Page 94 de cet ouvrage de référence sur ce groupe québécois, l’auteur évoque une de leur tournée passant par “Sudbury, une enclave francophone d’environ 100 000 habitants qui lutte constamment pour sa survie linguistique”.

Pour Natalie Bernardin, cette expression revêt aujourd’hui plus que jamais un sens tout à fait particulier. Et plus conforme à la réalité que jamais. Car à Ottawa et Sudbury – pour ne citer que ces ceux repères géographiques franco-ontariens parmi d’autres – il est évident que le terme “acte de résistance” est conforme à la situation actuelle: “Oui, c’est un acte de résistance que de continuer de chanter en français. Et je suis très motivé par cela. Pour moi, ce n’est pas seulement un geste artistique mais aussi un geste politique”.

PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 545

L’exubérant et infatigable Jean-Marc Lalonde (Deux Saisons), un des pionniers de la chanson franco-ontarienne

“Une nouvelle génération est arrivée, et elle vit dans une réalité bilingue à la fois française et anglaise”

Au cours de cet entretien s’affirme aussi une autre évidence pour Natalie Bernardin : le bilinguisme vécu au quotidien par les artistes franco-ontariens. Un fait culturel qui n’échappe pas à la nouvelle génération d’artistes tels Medhi Hamdad ou Tricia Foster.

“Une nouvelle génération est arrivée, et elle vit dans une réalité bilingue à la fois française et anglaise. Il n’y pas de demi-francophone ici ! Mais c’est leur réalité quotidienne et les artistes de la nouvelle génération ne se posent pas de questions : ils vivent dans un pays bilingue. C’est comme les artistes acadiens qui parlent et chantent en chiac, qui mettent des mots anglais dans leurs paroles. Ici on ne chante pas comme à Paris !”.

Revenant sur l’incroyable concert de plus de 4h30 qui aura fait vibrer une foule toutes générations confondues l’Auditorium Fraser, Université Laurentienne à Sudbury, Natalie Bernardien va au-delà de la satisfaction d’une soirée tellement symbolique pour les 40 ans de la Nuit sur l’Etang.

“4 heures et demie de concert avec des pionniers ! C’est formidable, mais aussi une nouvelle génération qui monte ! C’est le plus intéressant dans ce concert ? On a vu et applaudi les gens qui ont pavé le chemin et constaté que la relève est là. J’adore des artistes : ils sont nos voisins, nos amis, on a grandi avec eux”.

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22 mars 2013. Vue partielle du public durant un des concerts de la Nuit Emergente, Collège Boréal de Sudbury

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Dernières minutes du concert de la 40ème Nuit sur L’Etang lors d’un final repris par tous les artistes, toutes générations confondues, face à un auditoire enthousiaste

“Nos artistes ont des défis à relever même avant de chanter la première note !”

Qu’en est-il alors du besoin de ces artistes franco-ontariens de ce frotter à d’autre publics loin de leur cercle d’auditeurs convaincus comme ce fut le cas pour l’efficace Stef Paquette, un des artistes majeurs de la francophonie de l’Ontario ?

“C’est ce que veut l’APCM ! Développer des marchés pas toujours faciles, pas seulement en Ontario. Il faut dire aussi que les gens ont souvent des préjugés quand ils entendent un accent autre que l’accent québécois ou européen : ils pensent tout de suite que c’est un artiste anglophone… mais non !

Nos artistes ont des défis à relever même avant de chanter la première note ! Nos artistes peuvent être un pont entre la franco-ontarie et l’Europe ! C’est aussi le rôle du nouveau site de l’APCM : faire connaître nos talents hors de leur région d’origine, les aider”.

Vaste programme assurément pour les francophones engagés au sein de l’APCM mais aussi de nombreuses autres structures au service d’une langue française sans doute déroutante pour qui n’a jamais quitté la France. Une langue tellement vivante employée par tant de Franco-Ontariens plus engagés que jamais pour célébrer avec entrain leur langue, leur culture, leur identité.

PF NATALIE BERNARDINNatalie Bernardin, directrice générale de l’APCM depuis 2011 : la fierté de l’identité franco-ontarienne au service d’une création artistique et culturelle encore trop peu connue hors de ses frontières, tant au Québec qu’en France, évidemment

ONTARIO/ JOEL LAUZON : Nuit de l’Etang HISTORIQUE entre chanson et poésie

Coordinateur général et artistique pour la deuxième année de la Nuit sur l’Etang – et donc de l’inoubliable 40ème édition marquée par un concert de plus de 4 heures et demi – Joël Lauzon fait partie de ces militants francophones sensible au “nouveau paysage musical franco-ontarien”.

 

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PF SUDBURY PANNEAU NEIGE“Si on veut que notre culture reste vivante, il faut la nourrir, travailler pour elle”

Ce Franco-Ontarien suit de près la cohabitation entre pionniers de la musique francophone et talents de la relève : d’où le concert historique synonyme de “belles retrouvailles pour les artistes et le public. Cela fait 40 ans que ça existe, et ça continue !

On a beau dire : il faut célébrer notre identité en tant que francophone de l’Ontario … mais personne ne va le faire pour nous ! Si on veut que notre culture reste vivante, il faut la nourrir, travailler pour elle. Et créer des produits artistiques et culturels ! On ne peut pas rester sur ce qui a été créé il y a 40 ans sinon on se retrouvera avec une culture anorexique. Le monde change, et nos artistes et groupes aussi.

Partout dans le monde, les francophones ont des repères communs, c’est sûr ! Mais il est important d’avoir des œuvres qui parlent de chez nous, de ce qui est plus prêt, de notre vie, de ce qui parle à notre cœur ! ».PF SUDBURY CONCERT 40 ANS 087

Vue partielle de l’exposition historique consacrée à la Nuit sur l’Etang des débuts à 2013

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Un des documents présentés au Salon des Anciens, Université Laurentienne de Sudbury pour célébrer les 40 ans de la Nuit sur l’Etang

« Ca vaut la peine de parler français en public, on ne doit pas avoir honte de le faire ! »

Et Joël d’insister sur un des aspects essentiels de la 40ème Nuit sur l’Etang : “Nous avons aussi mis en valeur beaucoup de textes de poètes de Sudbury qui parlent du rock, de l’étang, de notre vie de tous les jours aussi. C’est ce qui nous entoure, là où on habite … des valeurs qui nous habitent”.

Originaire de “Hearst à 650 km vers le nord”, Joël Lauzon a grandit dans un environnement” à 98 % francophone. Je n’ai pas subi de sentiment d’isolation culturelle comme d’autres Franco-Ontariens. Ici Sudbury, nous avons une culture francophone très vivante. 25 % de la population parlent le français … certains le parlent moins.

Pour eux, c’est une langue seconde, car ils parlent le français en famille mais pas en public. On est en train de changer cette situation, car ça vaut la peine de parler français en public, on ne doit pas avoir honte de le faire !”.

Une affirmation d’autant plus vitale pour la jeunesse franco-ontarienne qu’elle évolue au quotidien dans un environnement très souvent anglophone. D’où la nécessité d’événements populaires comme le souligne par ailleurs Pierre Paul Mongeon, président du conseil d’administration des Concerts La Nuit sur l’Etang : “La nuit sur l’Etang est depuis très longtemps un lieu de rassemblement par excellence pour la communauté franco-ontarienne. Une fois à toutes les douze lunes, les Franco-Ontariens se réunissent pour chanter, danser et célébrer leur existence. la Nuit est un rituel à la culture francophone dans tous ses aspects”.

“Des amis se réunissaient pour veiller, on faisait de la musique, on lisait des poèmes, on avait du plaisir”

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Voici une vue extérieure de la Fromagerie Elgin de Sudbury : un espace artistique et culturel accueillant nombre d’événements notamment autour de la prise de parole et de la poésie.

Un hommage aux écrivains de l’Ontario français y a été rendu vendredi 22 mars sous l’appellation «Or»é»alité» : en fait il s’agit du titre d’un recueil de poésie de Robert Dickson paru durant les premières années des Editions Prise de parole et de la “révolution sereine” franco-ontarienne.

Et n’oublions pas que parler français en public aura toujours été une priorité pour les Franco-Ontariens. En témoigne entre autres fut aussi, dès ses origines, un des paris de la mythique “Cuisine de la Poésie” !

Comme évoqué avec force détails dans le programme de la 40ème Nuit sur l’Etang, “la cuisine d’antan, c’était deux grands-prêtres, Robert Dickson et Pierre Germain, autour de qui ont gravité, le temps d’une cuisine (ou deux ou trois) Denis Saint-Jules, Robert Paquette, André Paiement, Paulette Légère, Daisy DeBolt, Jean-Marc Dalpé, Patrice Desbiens, Michèle Vallières…

Et comme le souligne une présentation signée Ephrem Laliberté, “des amis se réunissaient pour veiller, on faisait de la musique, on lisait des poèmes, on avait du plaisir. De là à la première représentation publique, il n’y avait qu’un pas, et la cuisine s’est manifesté pour a première fois à la Nuit sur l’Etang en mars 1975″.

Quoi de plus normal donc que pour les 40 ans de la Nuit sur l’Etang la poésie se soit, une nouvelle fois, retrouvée au coeur de l’actualité : une chaleureuse “Cuisine de la Poésie” proposée dans l’esprit de la Première Nuit sur l’Etang de mars 1975 !

L’initiative a donc été reconduite en mars 2013 grâce à la collaboration entre les Editions Prise de parole, le Salon du Livre du Grand Sudbury et l’Université Laurentienne, sous la direction artistique de Miriam Cusson secondée par plusieurs musiciens – Shawn Arseneau, Christian Berthiaume et Simon Jutras du groupe Konflit – et une poignée de poètes et interprètes d’hier et d’aujourd’hui. En l’occurrence Daniel Aubin, Marcel Aymar, Thierry Bissonnette, Jean-Marc Dalpé, France Huot, Sonia Lamontagne, Raphaël Bissonnette et Guylaine Tousignant.

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Quelques-uns des nombreux documents historiques présentés par les Editions Prise de parole avant la 40ème Nuit sur l’Etang à Sudbury

Au fil des ans, Les Editions Prise de parole ont pris une place incontournable dans la  vie culturelle franco-ontarienne, comme le souligne Denise Truax, sa directrice générale dans un long texte titré “Ce qui n’est pas exprimé n’existe pas”. Il s’agit en fait du “mot d’ordre” inscrit par Fernand Dorais (1928-2003) dans la préface de “Lignes Signes”: le premier livre paru chez cet éditeur en avril 1973.

Dès ce premier ouvrage s’est affirmée la volonté de s’exprimer à la fois individuellement et collectivement. En effet ce premier recueil de Prise de Parole a vu le jour dans la foulée d’un atelier de création littéraire regroupant quatre jeunes poètes : Gaston Tremblay, Denis Saint-Jules, Placide Gaboury et Jean Lalonde.

“Prise de parole affirmait sa volonté d’appuyer une littérature d’ici, à la fois moderne et enracinée. L’ici de l’époque, c’était l’Ontario français, et plus précisément le Nouvel-Ontario” explique Denise Truax. Au gré des publications, poésie et théâtre ont fait une belle place au roman et aux recueils de nouvelles, puis aux essais et aux études.

Quant au rythme de parution, il est passé de deux ou trois ouvrages par an à une quinzaine ! “Les auteurs du Nord, à force de côtoyer ceux des autres régions de l’Ontario, puis de l’Acadie et de l’Ouest, ont créé des liens solides, des amitiés durables”. Autant de repères qui se sont exprimés avec intensité tout au long de la 40ème Nuit sur l’Etang.

PF SUDBURY MARCEL ET DEUXSamedi 23 mars, Sudbury. “Cuisine de la poésie” avec les pionniers Jean-Marc Dalpé et Marcel Aymar – des voix fortes au service de la communauté franco-ontarienne – sous le regard d’Eric Robitaille, de Radio-Canada, animateur de la soirée

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 Omniprésente au cours du spectacle de plus de 4h30 à l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne, la poésie a été célébrée avec force interventions de créateurs de tous âges, notamment Daniel Aubin ci-dessus et François Lemieux ci-dessous

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La Nuit Emergente, reflet d’une relève qui n’a pas fini de surprendre les passionnés de chanson franco-ontarienne

Enthousiaste et optimiste, Joël Lauzon l’est incontestablement en évoquant la culture francophone dans son cher Ontario, affichant notamment un vif intérêt pour les paroles, les textes, le cinéma.

En somme tout ce qui permet de célébrer la langue française, quitte à faire le grand écart entre son admiration pour le répertoire de Charles Aznavour et les délirantes parodies de Michael Young : “J’adore le côté ludique du français. J’aime aussi découvrir de nouveaux talents comme ceux qui ont été programmés pour la Nuit Emergente, même s’ils n’ont pas encore tous des albums … mais ils se sont aussi connaître par la scène. Je les trouve fantastique”.

Et Joël Lauzon de parler, avec une passion des plus communicatives, de ces artistes et groupes qui ont assuré le succès de la Nuit Emergente au Collège Boréal sur quatre scènes différentes : Boite Noire; Au pied du Rocher; Scène APCM, Scène BRBR.

Autant de lieux où ont pu s’exprimer en toute spontanéité Mastik; Mehdi Hamdad ; Marie-Claire et les Hula-Hoops ainsi que Patrick Wright et les Gauchistes. Chacun d’entre eux s’est produit à deux reprises au cours de la soirée, puisque tous les concerts avaient lieu au même moment.

PF BOREAL PATRICK WRIGHT

Patrick Wright et les Gauchistes : une nouvelle manière d’affirmer son identité franco-ontarienne, en rythme et avec conviction

PF BOREAL LANORME CHANTEUSE

Débordante de talent et d’énergie, la chanteuse du groupe LANORME

PF BOREAL MARIE CLAIRE ET GROUPE

Nouvelle voix dans la francophonie ontarienne, Marie-Claire Cronier. La gagnante de l’édition 2012 d’Ontario Pop évolue avec aisance entre chanson et rock en compagnie de ses chers complices musicaux, Les Hula-Hoops

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Pandaléon : un groupe franco-ontarien souvent comparé au groupe québécois Karkwa. A découvrir pour son propre répertoire et non pour cette élogieuse comparaison qui colle à la peau des trois artistes

Pandaléon : un groupe-phare de la relève franco-ontarienne

Vu de France, il est difficile d’imaginer l’extraordinaire diversité de talents qui se sont produits sur pas moins de quatre scènes différentes… sans oublier la grande de spectacle (toujours au Collège Boréal !) où se sont succédés trois groupes phares : LANORME, Konflit et Pandaléon.

Ah Pandaléon … Un groupe bénéficiant d’un soutien sans faille de Sophie Berriard (Réseau Ontario), à l’origine d’une rencontre entre les trois membres du groupe et www.planetefrancophone.fr. Un soutien affiché avec tout autant d’enthousiasme par Joël Lauzon. Selon lui, bien que cette formation ait souvent été comparée au groupe québécois Karkwa, on ne peut pas pour autant s’en tenir à cette image, si élogieuse soit-elle pour les trois jeunes Franco-Ontariens ! « En fait, ils sont plus que ça ! On ne peut pas dire qu’ils sont « les Karkwa franco-ontarien » Ils ont leur propre identité, et leurs textes sont magnifiques ».

PF PANDALEON ok ALBERT

Discussion à bâtons rompus avec le groupe Pandaléon en prévision d’un article (Photo Sophie Berriault)

Et Joël Lauzon de préciser : « Avec la Nuit Emergente et la rétrospective des 40 ans de chansons pour la Nuit sur l’Etang, on a des artistes et des groupes qui sont sur le point d’exploser maintenant.

Dans l’Auditorium Fraser, on avait aussi des anglophones et des francophiles : ils ne parlent pas vraiment français mais en apprécient la sonorité des mots. Cela veut dire qu’on a été vraiment été capable de toucher un public élargi ! La poésie, la musicalité des mots, les émotions qui sont véhiculées : ce soir-là, pour les 40 ans de la Nuit sur l’Etang n’’importe qui de n’importe quelle langue ou culture aurait pu ressentir de telles émotions”.

Et on a vraiment hâte d’exporter ces produits musicaux. Hâte de propager la musique franco-ontarienne partout, au Québec, au Canada français, et pourquoi pas en France aussi ? Nous sommes prêts !” conclut Joël Lauzon, sans un enthousiasme qui n’a rien d’artificiel.

Bien, noté Joël ! Alors avis aux amateurs de chansons francophones d’Amérique du Nord en quête de nouveaux talents. Les convictions affichées par Joël Lauzon en disent long sur une réalité musicale qui mérite – sans aucun doute – être enfin mieux connue et appréciée hors des frontières de l’Ontario.

La multiplicité des sites consacrés aux artistes et aux talents franco-ontariens ne peut que donner envie, à des INTERNAUTES CURIEUX ET AUDACIEUX, de se transformer en explorateurs avisés face à cette francophonie ontarienne synonyme de talents à volonté.

PF SUDBURY LIVRE LAMOTHEEn présentant nombre de documents et créations liés aux 40 ans de la Nuit sur l’Etang, les organisateurs ont permis au public de mesurer le chemin parcouru depuis le temps des pionniers, que ce soit avec le livre de Maurice Lamothe (ci-dessus) ou des programmes d’éditions antérieures (ci-dessous). Une approche historique qui confère d’autant d’impact à la 40ème édition dont la coordination générale et artistique a été assurée par Joël Lauzon

PF SUDBURY TROIS PROGRAMMES

FRANCE/ FESTIVAL BERNARD DIMEY : “Poésies et chansons francophones” à Nogent

Amateurs de (bonnes) chansons françaises, à vos agendas. En piste pour la 13ème édition du Festival Bernard Dimey du 8 au 11 mai 2013 à Nogent, Haute-Marne !

L’occasion de revenir ici en photos sur divers temps forts de l’édition de l’an dernier et surtout de donner envie aux passionnés de se retrouver dans une ambiance des plus chaleureuses dans la ville chère au créateur de « Syracuse », « Si tu me payes un verre », « Mémère »  et autres chansons connues ou non qui ont, indiscutablement, marqué l’Histoire de la chanson française.

En guise d’introduction à ce long voyage au coeur du Festival de Nogent d’hier et d’aujourd’hui, bienvenue à “Dimey de Nogent”, une chanson franco-québécoise signée Joseph Moalic (paroles) et Jean Custeau (musique) ! Texte à découvrir en fin d’article…

 

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 Plaque sur la maison natale du poète de Nogent

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Samedi 12 mai 2012. Passage du “Marching Band” de Chaumont devant la médiathèque Bernard Dimey

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Depuis quelques années, la tombe de Bernard Dimey bénéficie enfin d’un fléchage au cimetière : il était grand temps …

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Bernard Dimey, Pierre Brasseur et Michel Simon : fresque dans le hall du Centre culturel, quartier général et salle de concert du festival de Nogent

«Derrière ce joli nom il y a toute une équipe qu’il faut absolument féliciter »   

Il en aura fallu de l’obstination et de la passion pour mener à bien cette association Bernard Dimey ! Ses objectifs ? « Promouvoir l’œuvre de Bernard DIMEY, la poésie et la chanson francophones et ce, au moyen de l’organisation de manifestations, réunions, conférences ou toutes autres actions à caractère notamment culturel, et, en général, toutes initiatives pouvant aider à la réalisation de son objet ».

Bien, mais qu’en est-il des débuts de cette association présidée depuis trois ans par Yves Amour ?

Un retour dans le passé s’impose, histoire d’en savoir un peu plus sur ce festival bénéficiant d’une solide équipe de bénévoles. Ce qui a incité le président à remettre les pendules à l’heure, lors de son discours de remerciements en mai 2012 : « Je suis un peu agacé quand on remercie Yves Amour. Derrière ce joli nom il y a toute une équipe qu’il faut absolument féliciter : tous les bénévoles de cette association ! Je ne suis qu’un porte-nom ». Des propos qui suscitèrent une  pluie d’applaudissements…

Et sur le site de l’association, l’ancienne présidente Annie Roquis-Millet, de préciser : «C’est toute une équipe de lutins qui, comme dans les contes, s’affairent sans ménager leur peine pour accueillir au mieux et toujours chaleureusement artistes et public.

Ils se transforment en mirlitons, plongeurs, cuistots occasionnels, coursiers, hôtesses, barmen, barmaid, techniciens, vendeurs, médiateurs, caissières, placeuses, colleurs d’affiches, standardistes, chargés de com’, couturières, nounous, décoratrices, secrétaires, souffleurs, docteur, masseuses, pharmaciennes, chauffeurs, logeuses, guides et accompagnateurs touristiques, que sais-je encore ?

La municipalité de Nogent  nous accorde son soutien depuis le début. Ses équipements surprennent toujours très favorablement les artistes et nous sommes conscients de son effort et de la contribution du personnel de la salle, des services techniques et administratifs ».

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Gâteau d’anniversaire pour les 10 ans du festival. Photo-souvenir avec  quelques bénévoles en compagnie d’Annie Roquis-Millet, Dominique, la fille de Bernard Dimey, et le directeur de la médiathèque de Nogent Philippe Savouret

 

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« Poésies et chansons francophones », c’est le « label » du festival Bernard Dimey présidé depuis 2010 par Yves Amour

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Eric Frasiak, Patrick Boez, Robin Rigaut, Christian Valmory et Philippe Savouret

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Mai 2009. Sur les traces de Bernard Dimey à travers les rues de Nogent. A quand une nouvelle visitée guidée avec tant de passion par Philippe Savouret et intégrée dans le programme du festival ? 

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Inspirée de l’affiche du festival illustré par le dessinateur Cabu, la pochette du CD « Dimey de Nogent » : texte de Joseph Moalic, musique du chanteur québécois Jean Custeau. Cette chanson dédiée à Annie Roquis-Millet a inspiré une vidéo visible au début de cet article ainsi que dans la rubrique vidéo sur la page d’accueil de www.planetefrancophone.fr

 

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Mai 2010. Annie Roquis-Millet en compagnie du compositeur Francis Lai, lors de l’inauguration de l’Espace qui lui est dédié à la médiathèque de Nogent

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 Incontestable passionné de l’oeuvre du poète de Nogent, Philippe Savouret, directeur de la médiathèque Dimey

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Annie Roquis-Millet en compagnie de Georges Varenne, fils du chanteur Pierre Louki devant l’exposition consacrée à son père

A l’origine, la rencontre de deux responsables de bibliothèque

Saviez-vous que l’origine du festival s’enracine dans la rencontre de deux responsables de bibliothèque ?

Mais oui, comme le raconte avec force détails le site de l’association, l’histoire débute en l’an 2000 avec un duo d’amoureux de la chanson et de la langue française : Philippe Savouret chargé de la médiathèque de Nogent et Annie Roquis Millet de celle de Biesles.

Tous deux partagent « la même vision du développement culturel et ont conscience de l’intérêt de lancer des opérations communes groupant ainsi les moyens financiers et humains avec le concours des municipalités. Ils créent « l’intermédiathèque » avant « l’intercommunalité » par des actions groupées sur un territoire élargi au canton de Nogent ».

Et l’histoire se poursuit de plus belle avec le duo Savouret-Roquis-Millet : » En travaillant ensemble pour la programmation de spectacles, sur des expositions, ils partent même sur le terrain, à savoir en Martinique, à leurs frais. Philippe, passionné, a raconté, lors de veillées, la maman de Bernard, ses recherches, ses contacts et échanges avec les artistes, la commémoration du 10e anniversaire, son séjour avec Dominique et Claude Dejacques à Tartane pour la création du disque « Le droit des enfants ».

Dès lors le compte-à-rebours est enclenché : « Au retour, l’appétit aiguisé, Annie plonge dans ce monde de Dimey, grâce aux documents rassemblés du fonds, et après leurs trois expos réussies, vient le moment de préparer la commémoration du 20e anniversaire de la mort de Bernard ».

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Mai 2009. Quand Daniel Manchin donne de la voix sur scène en compagnie de Jean-Pierre Laurent et son orgue de barbarie

« Pour des raisons pratiques, Daniel Manchin a proposé de créer  une association, pour contribuer à faire connaître l’œuvre de notre poète nogentais »

Le duo Savouret-Roquis-Millet lance d’abord une manifestation à Biesles. Un tournant de taille, puisqu’ils y rencontrent le troisième homme : « Daniel Manchin, PDG d’une entreprise, amoureux de poésie. Il a découvert Dimey, en écoutant un texte sur les quais de la Seine, par hasard, lors d’un de ses nombreux déplacements professionnels. Il a ensuite  proposé à  Michel Thomassin, alors directeur de la Mutualité Sociale Agricole, président du Lion’s Club, d’en faire le thème d’une manifestation au cœur du festival ; ce dernier plonge aussitôt dans la marmite et met en place une soirée réussie ! »

Dès lors les événements vont se précipiter : « Pour des raisons pratiques, Daniel Manchin a proposé de créer  une association, pour contribuer à faire connaître l’œuvre de notre poète nogentais. Et les statuts déposés, ils se lancent dans le premier festival en 2001, entraînant d’autres passionnés avec le concours de la ville de Nogent représentée par Michel Brocard, maire ».

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Le festival résulte d’un sacré travail de bénévoles. Ici finale de l’édition 2010 animée par l’auteur-compositeur-interprète québécois Steve Normandin avec à gauche la présidente fondatrice Annie Roquis-Millet à côté de Daniel Manchin

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Dans la Cave à Bernard “Entre Pigalle et les Abbesses” poésie et chansons avec Michèle Crevecoeur et Jean-Pierre Laurant

“Jean-Pierre Laurant est un artiste attachant. Animateur infatigable autant que généreux”

Après cette première édition, d’autres festivals ont suivi chaque année autour du 10 Mai … évidemment !

Les premiers seront très axés sur les textes de Dimey pour le faire connaître avec « des spécialistes reconnus » comme Dominique Dimey, sa fille; les chanteurs  Jehan et Alain Flick puis plus tard Valérie Mischler… Le cercle s’élargira peu à peu avec « une causerie avec des témoignages comme Francis Lai, des camarades de classe, des universitaires…et  cela s’est élargi vers d’autres horizons, tout en gardant le lien Dimey, avec des artistes connus et d’autres pas médiatisés. La poésie est à l’honneur, souvenez-vous de cette soirée inoubliable avec Bohringer !  Un grand merci à ce Monsieur ».

Au fil des ans, des repères se mettent en place : « Dans l’équipe, après avoir créé un petit groupe de colporteurs, certains se sont pris au jeu et continuent de dire du Dimey par plaisir comme Chantal et Yvon Baude. Michèle Crèvecœur, Belge, s’est associée à un artiste Jean-Pierre Laurant pour créer un spectacle donné gratuitement dans le cercle de ses amis belges, puis au festival ».

Jean-Pierre Laurant ? Sans doute un des artistes les plus connus des festivaliers de Nogent !

“Jean-Pierre Laurant est un artiste attachant. Animateur infatigable autant que généreux, il aime faire partager son vaste répertoire dans lequel Mouloudji tient souvent une place privilégiée, de même que Brassens, Vian et quelques autres, dont, évidemment, Dimey. Je vous suggère en passant de ne pas rater le spectacle consacré à ce dernier, monté et joué avec Michèle Crevecoeur (“Entre Pigalle et les Abbesses”).  

Cette présentation signée Joseph Moalic (Les Amis de Georges, n° 133, mai-juin 2013) est extraite d’un article consacré à “J’ai rendez-vous avec vous”, nouveau CD enregistré à l’orgue de barbarie par le chanteur-musicien Jean-Pierre Laurant. Assurément une figure familière à Nogent, où il s’est souvent produit… à l’instar du québécois Steve Normandin (voir le dossier abondamment illustré sur cet artiste québécois sur le site www.francomag.com)

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Ne pas oublier les maisons de retraite des environs de Nogent : une des priorités du festival. Ici le québécois Steve Normandin au coeur de l’événement !

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Mai 2010, collège de Nogent avant l’inauguration de l’Espace Bernard Dimey par le compositeur Francis Lai entouré ici par Annie Roquis-Millet, Philippe Savouret et Michèle Crevecoeur

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Viviane Cayol et Jean-Yves Liévaux, alias Alcaz, en compagnie de l’artiste peintre Yvette Cathiard, dernière compagne de Bernard Dimey et auteure de “Dimey la blessure de l’ogre” (Editions Christian Pirot, 2003). Cet ouvrage a obtenu le Grand Prix de l’Académie Charles Cros (Littérature)

« Ce festival permet d’élargir l’offre culturelle indispensable au développement économique de notre pays »

Selon Annie Roquis-Millet, présidente de l’association de 2000 à 2010, «Dimey reste bien le pivot central de cette manifestation, et sur une idée d’Yvette Cathiard chaque artiste doit nous interpréter un de ses textes, à sa convenance. Ce festival permet d’élargir l’offre culturelle indispensable au développement économique de notre pays, au même titre que bon nombre d’associations locales tout aussi dynamiques ».

Autre argument, et non des moindres mis en évidence sur le site du festival : la valorisation de Nogent et de sa région, sous l’angle économique : « Nous sommes convaincus qu’il mérite d’exister et les entreprises locales qui nous soutiennent par leur mécénat l’ont bien compris. Nous avons des richesses à développer ici dans notre magnifique département ».

 

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Parmi les animateurs ayant soutenu le festival figurent entre autres Elisabeth Gagnon de Radio-Canada, et Jean-Louis Foulquier venu pour une émission retransmise en direct sur France-Inter 

 « On se souvient d’Elizabeth Gagnon pour Radio-Canada, auteur de dix heures d’émission sur Bernard Dimey »

Comme le met en évidence le site de l’association, « le festival, à sa mesure, favorise l’exportation de notre patrimoine par un maximum de relais médiatiques qui contribuent à faire connaître Nogent et la Haute-Marne : dans des émissions télévisées, de radios : on se souvient d’Elizabeth Gagnon pour Radio-Canada, auteur de dix heures d’émission sur Bernard, de la sympathique équipe de Jean-Louis Foulquier pour POLLEN, des journalistes de revues plus spécialisées comme Chorus, Je chante, Vinyl.

Au même titre que les autres manifestations de notre département, il contribue au développement économique, touristique : nous accueillons des personnes extérieures : Belges, Suisses, Hollandais ».

A noter qu’en mai 2007 toute une équipe de Québécois emmenée par Pierre Jobin et Renée Marcoux est venue partager l’ambiance du festival Dimey.

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 Mai 2007. Groupe de festivaliers québécois emmenés par Pierre Jobin et Renée Marcoux

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Pierre Jobin en conversation avec Allain Leprest, invité d’honneur du Festival Dimey

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Mai 2012. Le festival va dans la rue et fait danser devant la maison de retraite de Nogent !

« On y vient chercher de la qualité mais aussi de la convivialité dans une ambiance familiale avec plein de petits bonheurs accessibles à tous ! »

« Les textes de Bernard Dimey sont populaires au sens noble du terme (dixit Gilles Vigneault), tout comme notre festival. De plus, nous montrons le talent de dessinateur de Bernard Dimey et sommes heureux que le grand dessinateur CABU, nous ait gratifiés en 2007 d’une affiche qui, à nos yeux, reste emblématique.

Le public du festival s’agrandit doucement. C’est un public de « découvreurs ». On y vient chercher de la qualité mais aussi de la convivialité dans une ambiance familiale avec plein de petits bonheurs accessibles à tous! Et si demain, ces artistes sont médiatisés, tant mieux ! ».

Ces propos signés Annie-Roquis Millet en disent long sur les défis relevés par le président Yves Amour.  Lequel expliquait en mai 2012, après la soirée finale, que l’association repose sur une trentaine de bénévoles de Nogent et environs durant le festival, et d’un noyau d’une dizaine de personnes à l’année.

De là  lancer un appel il n’y a qu’un pas franchi par le président « en quête de gens ayant des compétences dans certains domaines qui ne sont pas forcément la chanson ». Oui, toutes bonnes volontés sont accueillies, et les initiatives peuvent, dans ce domaine, réserver de belles surprises, comme la participation de jeunes du Lycée Charles de Gaulle de Chaumont, section BTS productique : ils ont fabriqué des tables fort utiles durant l’édition de mai 2012.

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Yves Amour en compagnie du chanteur Gérard Berliner, à gauche. Comme un air de ressemblance …

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Sur le livre d’or de l’association, le message du chanteur Gérard Berliner, quelques mois avant son décès en octobre 2010

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Mai 2008, « Le Déserteur de Boris Vian » repris en chœur par Steve Normandin, Christiane Oriol, Denis Peterman, Christian Valmory, Jean-Pierre Laurant et Thomas Pitiot

 Concert de Thomas Pitiot sous l’égide de l’association Arts Vivants 52

 Autre piste de réflexion et d’action : développer des passerelles avec des établissements scolaires – écoles, collèges, lycées – il n’y a qu’un pas franchi par l’association soucieuse d’ouvrir son champ d’action au-delà de la salle de spectacle du centre culturel !

Une de ces passerelles entre milieu artistique et milieu scolaire est illustrée par le concert pédagogique de Thomas Pitiot au centre culturel de Nogent mardi 7 mai à 14 h : une co-réalisation du festival Dimey et l’association Arts Vivants 52.

Ce concert réservé aux écoles participant au projet rassemble des classes de cycle 3 du Pays Coutelier. Elèves et équipe pédagogique ont travaillé le chant choral avec un professeur de chant et de technique vocale Anna Rochelle – professeur au conservatoire de Dijon – auquel s’est joint Thomas Pitiot, un des auteurs-compositeurs interprètes de l’édition 2013.

« L’artiste partira de la créativité et de l’imaginaire des élèves pour écrire et mettre en musique des chansons » souligne le site d’Arts Vivants 5. Une association départementale de développement du spectacle vivant qui assure « une mission permanente de service auprès du public et des acteurs de terrain » : éducation artistique, enseignement spécialisé, pratique artistique, diffusion et création pour la danse, la musique et le théâtre.

D’où l’affirmation d’Yves Amour au sujet du festival : « Ce ne sont pas seulement des spectacles avec des gens qui viennent faire des cachets, il y a aussi de vraies rencontres … des artistes qui restent et partagent avec le public… des échanges entre professionnels et amateurs». En somme un festival de taille humaine soutenu par des subventions de la municipalité de Nogent, du Conseil Général ainsi que de l’ORCA, l’Office régionale culture Champagne-Ardenne).

A l’instar de tant de festivals ne bénéficiant pas de gros budgets, celui de Nogent repose sur un groupe de personnes motivées par la vie culturelle de leur région et une passion envers la chanson française. Avec en ligne de mire des artistes et groupes d’expression française qui – sans faire la une des « grands médias » n’en sont pas moins synonymes de talent.

Bien au contraire comme en témoigne la programmation de cette 13ème édition : Jeanne Garraud, Thomas Pitiot, Céline Bardin, Tournée générale, , François Corbier, Hervé Akrich, Les Papillons, Topel Théâtre, Bernard Moninot et Chouf. Sans oublier “le fil rouge” assuré par “Chansons à gogo” alias Martine Scozzesi, Samuel Péronnet et Riton Palanque  et les 3ème mi-temps signées Christian Codfert ! 

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Demandez le programme de la 13ème édition du Festival Bernard Dimey à Nogent du 8 au 11 mai 2013 !

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De retour pour le festival 2013, les trois compères du Topel Théâtre : Serge Saint-Eve, Serge Martel et Bernard Lélu. L’art de célébrer Dimey avec humour et talent dans “Quand on n’a rien à dire !’, spectacle cabaret aux allures de “soirée bistrot-cabaret entre amis, une bonne histoire, un bon vin, un moment fraternel”

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Prise à Bazicourt le 31 octobre 2011 par Annie Roquis-Millet, cette photo de Jean Custeau et Joseph Moalic  illustre la pochette du CD « Dimey de Nogent » bénéficiant d’une maquette de Robin Rigaut

Bernard Dimey célébré par le Québécois Jean Custeau sur des paroles de Joseph Moalic

Pour en savoir plus sur Bernard Dimey, il suffit de se promener sur internet qui le met en valeur sur nombre de sites tous empreints d’une évidente passion tant pour l’homme que l’œuvre.

S’y ajoute aussi nombre de documents sonores et visuels…  comme le clip de la chanson « Dimey de Nogent » enregistré, mixé et matricé  au Studio Bleuciel, à Stanstead au Québec. Un bel hommage au créateur de Nogent, avec un clin d‘œil à la fameuse « Cave à Bernard » située dans la médiathèque de Nogent !

Quant au site du festival, il fourmille de détails sur l’édition 2013 et sur l’histoire de l’association présidée par Yves Amour qui a pris la relève d’Annie Roquis-Millet. A découvrir ici  http://yamour.ovhsitebuilder.com/

 

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Directeur de la médiathèque de Nogent et auteur d’un livre sur Bernard Dimey, l’infatigable Bernard Savouret toujours au coeur de l’événement en mai 2012 !

Souvenirs, souvenirs : dans les coulisses du Festival Bernard Dimey …

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Amical clin d’œil de Graeme Allwright sur le livre d’or

 ll est à présent grand temps de revenir en photos sur quelques temps forts de l’édition 2012, voire des années précédentes ! Impossible évidemment d’offrir un panorama exhaustif de tous les talents qui ont fait vibrer le centre culturel de Nogent, ainsi que divers autres lieux du bassin nogentais.

D’où cette série de coups de projecteurs offerts en toute subjectivité, un regard partiel et partial sur un festival aux accents sans frontières, où le Québec aura plus d’une fois été à l’honneur.

Rappelons que l’édition 2012 a bénéficié d’un compte-rendu détaillé dans la revue Vinyl : une des (très) rares publications encore consacrées à une chanson d’expression française vivante et de proximité. Une revue à découvrir SANS TARDER en cliquant sur le nom de son créateur, Robin Rigaut, dans la rubrique « En lien avoir » sur notre site.

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Mai 2010. Avec Manu Galure au piano, ambiance assurée par Jean-Sébastien Bressy, Jean-Pierre   Laurant, Christian Valmory, Steve Normandin pour une réjouissante 3ème mi-temps

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Autre inoubliable 3ème mi-temps en mai 2010 avec Gérard Berliner au piano et le québécois Steve Normandin à l’accordéon

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Energique et attachante Evelyne Gallet dimanche 13 mai 2012 au Centre culturel de Nogent : le rythme dans la peau et des textes-coup de poing. “Un bon coup de pied au cul du ronron de la chanson française” selon l’artiste qui n’a pas la langue dans sa poche.

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Fil rouge de l’édition 2009, le chanteur-guitariste marseillais Jean-Marc Dermesropian accompagne Claude Fèvre, créatrice du Festiv’Art et passionnée par l’oeuvre de Barbara

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Fan avertie du duo Alcaz, Claude Fèvre dans les rues de Nogent durant une visite guidée animée par Philippe Savouret
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Mai 2008. Dans les coulisses de la célèbre table ronde entre Brel, Brassens et Ferré organisée et animée par le journaliste François-René Cristiani dans l’appartement de sa belle-mère à Paris : présentation du livre paru en 2003 chez Fayard-Chorus 2003 
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Dessin d’Allain Leprest sur le livre d’or, sous les messages de Bernard Joyet et Nathalie Miravette

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Mai 2012. Le chanteur Gilles Roucaute anime le kiosque de l’association Tranches de Scène créée par Eric Nadot. Une association à découvrir dans notre rubrique « En lien avec … »

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Mai 2012. Touchant et ironique, tendre et réaliste : Govrache s’enracine dans une chanson française. L’artiste au pseudonyme-clin d’oeil à Gavroche surprend par une évidente aisance scénique assurée au Centre Culturel de Nogent avec la complicité d’Adrien Daoud (contrebasse) et Antoine Delprat (violon)

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Amicales retrouvailles au cœur du festival. De gauche à droite Christian Valmory (revue Vinyl), le chanteur Eric Frasiak, Albert Weber (www.planetefrancophone) et venu de St-Pierre et Miquelon Patrick Boez, créateur et animateur de « Jambon Beurre » émission sur la chanson d’expression française: voir son site dans la rubrique « En lien avec … »

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Le temps des retrouvailles avec Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol (Alcaz) avec leur ami Christian Hee (à gauche) en compagnie de Christian Valmory et de sa femme

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Une 3ème mi-temps signée Eric Frasiak, dans le prolongement de son concert avec ses trois musiciens, jeudi 10 mai 2012

PF NOGENT FRASIAK RECADRE

Mai 2012. Eric Frasiak très à l’aise sur la scène du Centre culturel de Nogent avec Jean-Pierre Fara (guitare), Sylvain Collet (contrebasse) et Raphaël Schuler (percussions). Cet artiste barisien s’impose depuis plusieurs années comme un des plus efficaces ambassadeurs d’un répertoire de qualité et grand public. En témoigne son dernier album  « Chroniques », 15 titres à découvrir par tout amateur de chanson française digne de ce nomCet

PF NOGENT YVES PAQUELIER

Concert d’Yves Paquelier en mai 2012. Encore un de ces artisans d’une chanson française de qualité et à fleur de peau. Son album « Encore une chanson » a été le disque de la semaine dans l’émission « Jambon Beurre » de Patrick Boez (26 mai 2012) à écouter sur internet

pf nogent frasiak dedicaceMai 2011. Séance de dédicace d’Eric Frasiak après son concert, à côté du stand de la revue Vinyl

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Mai 2012. Salle comble pour un concert dé localisé du Topel Théâtre sous l’objectif de Patrick Boez, « envoyé spécial de St Pierre et Miquelon » : de quoi alimenter son cher « Jambon Beurre » disposant d’archives très complètes pour internautes ayant envie de découvrir ses émissions

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Cortège musical en pleine nature, en sortant de la cité avant d’y revenir pour donner l’aubade devant la mairie de Nogent

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Mai 2012, Annie Massy dédicace son livre sur Bernard Dimey. Pour rédiger cet essai biographique, elle a consulté la Bibliothèque nationale de France, les archives de l’INA et le fonds Dimey de la médiathèque de Nogent et … interviewé divers proches du poète

PF NOGENT BOUZIGON

Mai 2010. La chanteuse québécoise Micheline Bouzigon accompagnée par son compatriote Steve Normandin au piano et Patrick Leroux au violoncelle

 

PF NOGENT CANETTI LECLERC

Mai 2010. Présentation de l’exposition Jacques Canetti par sa fille Françoise, près du panneau consacré au chanteur québécois Félix Leclerc … juste avant une conférence animée par Françoise Canetti et Joseph Moalic (ci-dessous)PF NOGENT CANETTI MOALIC

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Mai 2012. Le président-photographe Yves Amour en pleine action devant la maison natale de Bernard Dimey

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Mai 2012. Séance de dédicace du chanteur Govrache après son concert

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Michèle Crevecoeur : la poésie au service des textes de Bernard Dimey

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Le festival de Nogent est efficacement soutenu par Chants de Gouttière, de Chaumont, présidée par Fred Castel. Comme l’an dernier, le hall du Centre culturel de Nogent accueillera un stand de l’association qui fête ses dix ans cette année. Ici quatre des adhérents de l’association : Jean-Paul et Josette Dupont, et Denis et Françoise Lionneton

 

PF NOGENT CUSTEAU MOALIC

Signée Annie Roquis-Millet, cette photo réunit Jean Custeau et Joseph Moalic. Elle illustre la pochette du CD « Dimey de Nogent » bénéficiant d’une maquette de Robin Rigaut

“Je vous laisse l’idée un peu folle, un espoir/  Comme un myosotis entêté, goguenard/ Qu’on célèbre Dimey dans « La Cave à Bernard »

Impossible de terminer ce dossier sur le Festival Bernard Dimey sans un dernier clin d’œil à la francophonie d’Amérique du Nord. En l’occurrence à la complicité tant amicale qu’artistique entre le parolier Joseph Moalic et le chanteur québécois Jean Custeau, compositeur de la musique de la chanson “Dimey de Nogent”.

D’où cette interrogation : et si l’artiste québécois était invité à Nogent en mai 2014 pour y chanter cet hymne à Dimey ? A vrai dire pas seulement cette chanson mais des extraits de son répertoire mis en valeur dans plusieurs albums au fil des décennies ! 

Il est vrai que l’appellation« Poésies et chansons francophones » qui définit le Festival Dimey s’applique avec justesse à Jean Custeau. L’un de ses CD, « Le vin des anges » est en effet consacré au poète québécois Gilbert Langevin (1938-1995). Un argument de plus … à faire réfléchir avec Amour (Yves) les responsables de l’association. A suivre …

 

“Dimey de Nogent”

 

                               À Annie…

 

Quand je traîne le soir dans les rues de Paris

Ces soirs de vague à l’âme où les rêves sont gris

Je carbure à plein spleen et je lâche la bonde

A des délires fous. Mon esprit vagabonde

Et j’ai alors envie d’interpeller les gens :

Si l’on m’aimait un peu du côté de Nogent ?

 

Si l’on m’aimait un peu du côté de Nogent ?

Mais ne confondons pas, ce s’rait désobligeant,

Le mien n’est pas celui des guinguett’s à touristes

Avec leurs canotiers, leurs accordéonistes

Le mien est plus discret, c’est mon Nogent à moi

Et si un jour là-bas on se souv’nait de moi ?

 

Et si un jour là-bas on se souv’nait de moi ?

Je veux dire qu’un jour il s’rait de bon aloi

De fair’ pour une fois mentir le vieux proverbe

Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Et merde !

On l’oublie trop souvent, et ma foi ça m’amuse,

J’ai célébré Nogent bien plus que Syracuse !

 

J’ai célébré Nogent bien plus que Syracuse,

Mais trouverais dommage qu’un intello s’amuse.

A décompter mes vers à l’aune des lieux-dits

Mes vers, tout simplement, on les chante, on les dit

J’aim’rais tant que, chez moi, il se trouve peu ou prou

D’amis pour s’y livrer, un peu dingues, un peu fous.

 

 

J’ai trop traîné ce soir dans les rues de Paris

Trop parlé et trop ri. Peut-être trop écrit

Trop rêvé. Caressé trop d’espoirs. Il est tard

Et si je continue à écumer les bars

 

Y’aura plus qu’le cafard pour m’y accompagner.

Rentre chez toi, Bernard. Bon, d’accord, un dernier

Au Lux-Bar ou ailleurs : une cave enfumée…

Tous les comptoirs se valent quand on veut oublier

 

Mais une cave, c’est bien, c’est mieux, c’est plus intime

Et puis on s’imagine à deux pas de la vigne

Et ça me fait penser, en m’y forçant un peu

(A l’heure où je vous cause, j’ai le souv’nir fumeux…)


 

Ça me fait donc penser, comme je vous disais

À cette cave oubliée où, tout petit, j’allais

Comme un aventurier, comme on aborde une île

Pour une chasse au trésor en plein coeur de ma ville

 

Quelle rue ? Je ne sais plus : ma mémoir’ m’ joue des tours…

Cette cav’  ferait l’affaire si l’on voulait un jour

Un jour – on peut rêver – me faire un peu d’honneur.

Faudrait quelques travaux, faudrait surtout du cœur

 

Amis, je vous salue et, vous disant bonsoir

Je vous laisse l’idée un peu folle, un espoir,

Comme un myosotis entêté, goguenard,

Qu’on célèbre Dimey dans « La Cave à Bernard ».

 

Et comme je ne suis pas à un délire près

J’imagine que gisant, à l’ombre des cyprès,

J’entendrai certains soirs du joli mois de mai

(qu’il serait bon, ce bruit, à n’oublier jamais)

 

Parvenir jusqu’à moi, en vagues et en rafales,

Apportés par le vent, depuis un festival

Qui porterait mon nom, des échos de chansons

Poèmes tristes ou gais, à donner le frisson.

 

 

 

Allons mon vieux Bernard, ne rêve pas trop fort

Regagne tes pénates, ferme les yeux et dors.

Allons mon vieux Bernard, ne rêve pas trop fort

Regagne tes pénates, ferme les yeux et dors.

(Joseph Moalic, Bazicourt, 11 – 12 juillet 2009)

                       ©copyright 2011 par Joseph Moalic & Jean Custeau, SACEM & SOCAN

Voir aussi des articles sur le Festival Dimey sur www.francomag.com

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

CHANSON FRANCOPHONE/ LISA LEBLANC : PRIX RAPSAT-LELIEVRE 2013

Le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Maka Kotto, et le ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, ont annoncé lundi 6 mai 2013 l’attribution du prestigieux prix Rapsat-Lelièvre 2013 à Lisa LeBlanc pour “la qualité et la singularité de son tout premier album” lancé en mars 2012.

LISA LEBLANC PV CITATION

Juillet 2012, Festival de Petite-Vallée, en Gaspésie

Le prix Rapsat-Lelièvre souligne l’excellence d’un album de chansons. Il est remis chaque année, en alternance, à un artiste québécois à l’occasion des Francofolies de Spa, et à un artiste de Wallonie-Bruxelles, au Coup de cœur francophone de Montréal. Ce fut le cas en novembre dernier au Lion d’Or pour le groupe Suarez.

Il est attribué par un jury international composé de spécialistes de la chanson issus du Québec et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le prix comprend une bourse de 5 000 $ pour l’auteur-compositeur-interprète et une aide financière de 10 000 $ au producteur du disque afin d’en assurer la diffusion sur le marché belge.

“Cette étoile montante de la musique dont la carrière est déjà bien ancrée au Québec”

“Le prix Rapsat-Lelièvre met en relief le talent et la créativité de nos artistes avec un rayonnement grandissant de chaque côté de l’Atlantique. Je veux féliciter chaleureusement Lisa LeBlanc, cette étoile montante de la musique dont la carrière est déjà bien ancrée au Québec. C’est maintenant au tour de la communauté de la Wallonie-Bruxelles d’apprécier l’immense talent et l’originalité de cette auteure-compositrice-interprète qui n’en est pas à sa première incursion en Europe et qui est loin d’avoir fini de conquérir de nouveaux publics” a déclaré le ministre Maka Kotto.

« Parce qu’elle puise largement dans cette langue que nous avons en partage, la culture constitue naturellement l’un des moteurs de la riche coopération du Québec et de la Wallonie-Bruxelles. Je salue l’attribution du prix Rapsat-Lelièvre à cette artiste singulière qui est appelée à contribuer au rayonnement de la culture québécoise auprès des francophones de la Belgique », a indiqué le ministre Jean-François Lisée.

Et le communiqué de préciser : “Originaire du petit village de Rosaireville au Nouveau-Brunswick et maintenant installée au Québec, Lisa LeBlanc écrit des chansons aux propos sans détour, empreintes d’une grande sensibilité. Son charisme, sa fraîcheur, son sens de la mélodie et la qualité de réalisation de l’album sont autant d’éléments qui ont su convaincre le jury international”.

Remise du prix en juillet prochain durant la 20e édition des Francofolies de Spa, en Belgique

Certifié disque d’or au Québec, l’album éponyme de Lisa LeBlanc réalisé par Louis-Jean Cormier est maintenant distribué en Belgique, en France et en Suisse, sous l’étiquette Tôt ou tard. C’est en juillet prochain, dans le cadre de la 20e édition des Francofolies de Spa, en Belgique, que l’auteure-compositrice-interprète recevra son prix et y présentera son spectacle.

Créé en 1984, le prix Rapsat-Lelièvre, initialement connu sous le nom Prix Québec/Wallonie-Bruxelles du disque de chanson, vise à encourager le développement et la promotion de la langue française et à stimuler la production et la diffusion de disques francophones tout en favorisant les échanges entre le Québec et la Communauté Wallonie-Bruxelles.

Ce prix est décerné par un jury international composé de spécialistes de la chanson du Québec et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le prix comprend une bourse de 5 000 $ pour l’auteur-compositeur-interprète et une aide financière de 10 000 $ au producteur du disque afin d’en assurer la diffusion sur le marché belge.

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Certifié disque d’or au Québec, l’album éponyme réalisé par Louis-Jean Cormier est maintenant distribué en Belgique, en France et en Suisse, sous l’étiquette Tôt ou tard

En mémoire de Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre

En 2003, lors du 20e anniversaire de sa création, changement d’appellation … On parle désormais du prix Rapsat-Lelièvre : un hommage à Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre, deux grands artisans de la chanson disparus à quelques jours d’intervalle en avril 2002.

Ce prix évoque en effet la mémoire de deux figures incontournables de la chanson francophone : le Belge Pierre Rapsat et le Québécois Sylvain Lelièvre. Durant leur carrière, qui s’est étalée sur une trentaine d’années, Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre ont su traverser les modes. Ils n’ont pas hésité à pratiquer leur art sans compromis, en empruntant souvent des chemins moins fréquentés, loin du show-business… Chacun avait à son actif plus d’une dizaine de disques qui ont conquis un public fidèle. Tous deux sont décédés à un moment où ils opéraient un virage musical important.

Le Prix Rapsat-Lelièvre est administré conjointement par Wallonie-Bruxelles International (WBI) et par le ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur (MRIFCE) ainsi que le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC).

Au terme de ce texte publié sur la base d’informations relayées par trois sites (Ministère de la Culture et de la Communication du Québec; Coup de Coeur Francophone; Prix  Rapsat-Lelièvre), deux précisions s’imposent.

Signalons tout d’abord l’excellent livre “Toi l’ami Cent regard sur Sylvain Lelièvre” paru en avril 2013 met en relief avec d’innombrables documents la vie et la carrière de cet auteur-compositeur-interprète québécois. Cet ouvrage unique en son genre est signé Elizabeth Gagnon (Radio Canada) et Monique Vaillancourt-Lelièvre, veuve du chanteur (229 pages, Editions L’instant scène/ Productions Basse-Ville). Nous en reparlerons bientôt plus longuement sur notre site.

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Un ouvrage de référence sur un artiste disparu à 59 ans, alors que sa carrière prenait un nouveau tournant et accédait enfin à une reconnaissance du grand public

Son charisme époustouflant ainsi que son ardente énergie sur scène vous laisseront éblouis sur votre siège !”

Seconde précision, et non des moindres. L’attribution de ce prix d’envergure internationale à l’artiste d’origine acadienne Lisa Leblanc va évidemment réjouir ses nombreux fans des Provinces Maritimes.

De quoi les ravir face à ce nouveau coup de projecteur braqué sur la chanteuse de plus en plus connue et appréciée hors de son Nouveau-Brunswick natal … tout en étant surpris par la déclaration ministérielle la qualifiant d'”artiste singulière qui est appelée à contribuer au rayonnement de la culture québécoise auprès des francophones de la Belgique”.

Car une évidence s’impose. Bien qu’établie au Québec, Lisa LeBlanc n’a pas pour autant oublié ses racines. Ni son accent et son incroyable présence sur scène… déjà évoqués en 2010 dans le premier document officiel parlant d’elle. En l’occurrence une petite page la présentant d’une manière à la fois enthousiaste et prometteuse : “Son charisme époustouflant ainsi que son ardente énergie sur scène vous laisseront éblouis sur votre siège ! Ses jeux prestigieux de guitare et ses mélodies accrocheuses aux intonations folk/rock vous feront également vouloir la connaître davantage et de suivre le parcours prometteur de cette artiste émergente! “. Voir le document ci-dessous.

PF LISA BIO BREVE

Premier document présentant Lisa Leblanc, en 2010, juste avant son entrée à l’Ecole de la Chanson de Granby

PF LISA MAI LEBLANC MAQUETTE

Mars 2009, sortie sur le marché acadien d’un mini-album de trois titres médiatisé par Carol Doucet. Réalisé par Etienne Leblanc, l’album a bénéficié de l’appui de la Société culturelle des Hauts-Plateaux; Laquelle organisait alors chaque année “le Sommet de la Chanson”, une compétition pour les artistes musicaux du Nouveau -Brunswick remportée en 2008 par Lisa LeBlanc.

“Je suis une Acadienne qui roule ses « r », qui aime se moquer d’elle-même”

Que de chemin parcouru en quelques années par la jeune chanteuse de Rosaireville – village de son enfance avec ses 40 habitants- au Nouveau-Brunswick, en passant par le travail de longue haleine mené à bien par Carol Doucet, jusqu’à l’enregistrement au studio Piccolo du fameux album sous le label Bonsound Records !

Un des tournants de cette carrière aura été l’inoubliable Cercle des auteurs de la SOCAN, en novembre 2008 à la FrancoFête de Moncton. La soirée était animée par le Québécois Michel Rivard entouré par trois artistes acadiens : Edith Butler, Danny Boudreau et … Lisa LeBlanc : une véritable révélation tant par son talent que sa manière de s’exprimer avec audace et bon sens face à ses aînés. D’où cette “une” du quotidien L’Acadie Nouvelle du lundi 10 novembre…

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Lundi 10 novembre 2010. La “une” de L’Acadie Nouvelle après l’inoubliable Cercle des auteurs SOCAN en compagnie de Michel Rivard, Edith Butler, Danny Boudreau et Lisa LeBlanc

En remportant le Festival international de la chanson de Granby en septembre 2010, Lisa Leblanc élargira rapidement sa notoriété auprès de nombreux médias francophones à travers le Canada, et tout autant auprès d’un public en quête de nouveaux talents.

Dès lors, sa carrière a connu une ascension fulgurante. Récipiendaire du Félix de la Révélation de l’année au Gala de l’ADISQ de 2012, elle compte à ce jour près de 400 spectacles à son actif. Mais l’accélération de sa carrière n’empêchera pas Lisa LeBlanc de continuer à rester égale à elle-même. Naturelle et spontanée, aimant se définir comme “Une Acadienne qui roule ses “r”, qui aime se moquer d’elle-même, qui écrit des textes sans trop de froufrous et qui est tannée de chanter des chansons de fi-filles!”.

Il est évident qu’on n’a pas fini d’entendre parler (et chanter) Lisa LeBlanc. Et le Prix Rapsat-Lelièvre 2013 constitue assurément une nouvelle étape pour la fille de Rosaireville bien décidée à conquérir de nouveaux publics tout en demeurant égale à elle-même. Un défi de plus pour cette Acadienne à la fois extravertie et sensible, au répertoire assurément bien nuancé et varié que ne le laisse croire sa chanson la plus connue.

PF LISA CHEVEUX FF 2012Mais oui, c’est bien elle, crinière au vent, durant la FrancoFête en Acadie, Moncton, Nouveau-Brunswick e, novembre 2012

PF LISA PULLY 5 060 LISA ET JEROMEEn grande conversation avec Jérôme, un des bénévoles du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, juin 2012

PF LISA RAPSAT LELIEVRE 003A la une du site du Prix Rapsat-Lelièvre

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER