ILE DE LA REUNION : LE MAGICIEN OZE !

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« Mes textes auront toujours des ratures… » En fait de ratures, les textes du rap réunionnais n’ont pas à rougir côté littérature. Un vent nouveau souffle sur le milieu, avec des postures révolutionnaires, des réflexions audacieuses et une salutaire force dans les mots qui nous oblige à quitter la torpeur dans laquelle les standards du ronronnement radiophonique avait fini par nous engluer. OZE et ses dalons démontrent que le talent n’a pas besoin des dorures de la reconnaissance institutionnelle pour exister au grand jour.

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Les mots frappent. Les paroles claquent. Les idées fusent. Et la rythmique, toujours excellente, leur sert d’écrin. Avec peu de moyens et une bonne dose d’énergie et de génie, OZE et ses dalons [1] démontrent que le talent n’a pas besoin des dorures de la reconnaissance institutionnelle pour exister au grand jour. En plein soleil. Avec eux, le ton est donné : « chaque titre est une arme » ! Leur combat : antikolonialis ! « Bleu blanc rouge lé pa mon san », chantent-ils.

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La chanson engagée de l’océan Indien est une tradition qui a emprunté les chemins — pas toujours galizé mais souvent malizé — du maloya, du séga, du séga ravane, etc. Des différentes îles, les chants et les voix se sont mêlés pour dire la souffrance, la misère, la révolte, les injustices. Les luttes. Figure de proue de ce courant appelé « santé angazé », le Mauricien Siven Chinien [2] disparu en 1994 incarne, avec son emblématique chanson « Solda Lalit Militan » — qui proclame : « pa bizoin nou pèr pou vanzé » — un esprit revendicatif puissant et considère la musique comme un « outil de combat ».

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Deux décennies plus tard, la même détermination, la même force, se retrouvent à travers les productions du rappeur OZE et de ses dalons : Dassby, lexik, Ti bang [3], Socko, etc. A l’instar de Siven Chinien, ils considèrent leur art dans sa dimension militante et percutante et déclarent sans détours : « chaque titre est une arme ».

Très présents et actifs par l’intermédiaire des nouveaux médias, ils partagent leurs productions sur les réseaux sociaux et trouvent là une audience de fidèles connaisseurs. Leurs engagements sont multiples mais tous axés sur la nécessaire affirmation d’une « Réunion réunionnaise », décolonisée, comme par exemple lorsqu’ils lancent des débats autour de la langue créole.

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La fierté kréol lé an déklin

Paroles, musiques, prises de vue, montages, clips… L’absence de grands moyens n’est pas un obstacle et devient même une posture qui garantit une liberté dans les prises de position. On se souvient d’ailleurs de la réaction fulgurante de Ti bang dans un rap en réponse au « créole KK » d’une député : « nou va kontinié koz nout kréol kk ! » Au delà de cette réponse, le rappeur interroge non sans poésie : « Kel pé néna kan in pèp lé dominé ? » Ancrés dans la réalité réunionnaise, les textes de ces rappeurs libres collent à l’actualité comme ils l’ont prouvé par exemple suite aux émeutes de février 2012. C’est cet esprit de liberté de paroles qui les caractérise, qui les différencie, qui les galvanise. Car, du politiquement correct, ils n’en ont rien à f… et dégainent leurs textes avec une certaine dose de provocation et le miroir qu’ils nous tendent est sans compromis ni concession. Exemple : « la fierté kréol lé an déklin ant sat i fé le zorèy é sat i rod fé lafrikin ».

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Leur univers est marqué par la dérive d’une société inégalitaire où la violence et la misère (Mi rap la mizèr…) sont le lot quotidien de bon nombre de Réunionnais. Ils dénoncent. Ils apostrophent. Mais ils savent aussi glisser de la douceur et de l’espoir dans leur art comme à travers l’émouvant clip : « Pensées mélancoliques ». Une production particulièrement complète et réussie.

Une chose est certaine : les questions que nous posent ces artistes ne doivent pas rester sans réponses… « Eske moi lé noir, eske moi lé blan, eske moi lé batar, eské rouge est mon sang, eske nana la joie et la souffrance dans mon listoir, eske mi kosione sak la fé françois mussard ? »

Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros

Article paru sur le site partenaire www.7lameslamer.net/

QUEBEC/ CULTURE : FAVORISER LA DIFFUSION DE LA CHANSON QUEBECOISE

Favoriser la diffusion de la chanson québécoise : c’est l’un des temps forts de l’intervention du ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, durant la 26e édition de la bourse RIDEAU. D’où l’annonce d’un soutien à huit nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires en arts de la scène à compter de 2013-2014. Explications.

En plus de jouer un rôle de premier plan dans le maillage des œuvres avec les publics de toutes les régions du Québec, ces diffuseurs représentent l’un des plus puissants outils de circulation de la chanson québécoise sur l’ensemble du territoire.

‘Il s’agit d’une action que je veux rendre tangible à la suite du Forum sur la chanson québécoise, une tribune qui a suscité différentes réactions de la part des acteurs du milieu de la chanson. Ces nouveaux diffuseurs se distinguent par l’importance qu’ils accordent à la chanson québécoise. Cette aide financière leur permettra, d’une part, de consolider puis d’élargir leur programmation et, d’autre part, de poursuivre leur mission de développement des publics et de stimulation de leur intérêt pour les arts de la scène. En bout de ligne, ce sont les créateurs de chez nous qui profiteront de cet appui’ a déclaré le ministre Kotto.

Huit nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires soutenus par le Ministère

Corporation du Vieux Théâtre de Saint-Fabien, dans le Bas-Saint-Laurent
Corporation du Bedeau (Vieux-Couvent de Saint-Prime), au Saguenay-Lac-Saint-Jean
Théâtre Granada, à Sherbrooke
Société de la salle Jean-Grimaldi (Salle Desjardins, arrondissement de La Salle)
Corporation du Théâtre Outremont, Montréal
Diffusion Avant-Scène (Vieux Bureau de Poste de Saint-Romuald, à Lévis)
Café culturel de la Chasse-Galerie, à Lavaltrie
 Théâtre le Patriote, à Sainte-Agathe-des-Monts

Il s’agit d’un investissement supplémentaire de près de 150 000 $ par année. Rappelons qu’en décembre dernier, le ministre annonçait que l’enveloppe pour les ententes relatives au programme Aide au fonctionnement pour les diffuseurs pluridisciplinaires en arts de la scène serait de 16,5 M$ sur trois ans, soit une augmentation de près de 1 M$ pour renforcer l’accessibilité aux arts de la scène partout en province.

À la suite de l’ajout de ces huit organismes, le Ministère soutiendra un total de 104 diffuseurs pluridisciplinaires répartis dans les 17 régions administratives du Québec. De son côté, le Conseil des arts et des lettres du Québec accorde un soutien financier de plus de 5,1 M$ par année à 62 diffuseurs spécialisés en théâtre, en danse et en musique.

MAKOTO GROS PLAN BOURSE RIDEAU 5 060

Le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, durant son intervention à la Bourse Rideau (Photo Albert Weber)

La chanson francophone fait partie des priorités du ministre selon une dépêche de l’agence de presse québécoise à lire ici http://fr-ca.etre.yahoo.com/radio-chanson-qu%C3%A9b%C3%A9coise-kotto-compatit-artistes-014108791.html

“La chanson francophone est “marginalisée” dans les radios privées” estime le ministre Maka Kotto. Si le Québec récupérait les pouvoirs en matière de Culture, la notion de quotas de chanson francophone serait débattue. De nombreux artistes québécois qui connaissent une grande popularité sont peu présents sur les ondes des radios commerciales. Un phénomène qui ne date pas d’hier, a soutenu le ministre de la Culture, au cours d’un bref entretien.

“Pour quelles raisons ce choix est-il fait? La question devrait être posée aux lignes éditoriales de ces radios. Pourquoi marginaliser, consciemment ou inconsciemment, la chanson francophone et la chanson française?” -t-il questionné.

Le quota de musique francophone imposé aux radios doit atteindre 65 % sur une semaine de diffusion. L’Association québécoise de l’industrie du disque a dénoncé à plusieurs reprises le non-respect des quotas par certaines stations de radio de Montréal et de Québec. A suivre…

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec