PASCAL MARY : TENDRESSE, CHARME ET HUMOUR

Coup de projecteur de Henry Tilly sur Pascal Mary : assurément un chanteur qui gagne à être MIEUX connu du grand public.

Retour sur son concert de fin avril offert en piano-voix à L’Arthé Café.

Marc Usclade presente Pascal Mary
Marc Usclade présente Pascal Mary

 

 Chers extraterrestres de Planète francophone,

Je crois vous avoir déjà dit, en substance tout au moins, que j’avais, à l’instar de quelques dizaines “d’aficionados”, quelque chose comme « mon rond de serviette » à l’Arthé Café, ce merveilleux petit café-concert-auberge perché dans les Combrailles, à Sauterre à une poignée de kilomètres de Riom et Clermont-Ferrand.

L’augmentation vertigineuse du prix des carburants peut donner l’impression que cette adorable oasis de la belle chanson s’éloigne peu à peu de Montluçon où je réside mais il est des affiches auxquelles on résiste difficilement s’il se trouve que l’on est justement disponible ce jour-là.

Ainsi, en cette fin avril, y suis-je arrivé au galop, me pourléchant les oreilles à l’idée d’y retrouver Pascal Mary découvert à Prémilhat en 2011 et jamais revu depuis, même si j’ai pu utiliser ses chansons dans “La chanson dans tous es états”, l’émission hebdomadaire que j’anime depuis trois  ans sur RMB. Podcast à découvrir ICI 

Accueilli et présenté par Maï et Marc, nos hôtes dont on ne dira jamais assez l’âpreté du combat pour maintenir en vie cette oasis, Pascal Mary surgit en scène avec une sveltesse, une légèreté qui fait penser aux Elfes chères à Charles Trénet.

Le calme avant ou apres l'orage
Le calme avant ou après l’orage

 

TOUT REPOSE SUR L’EXPRESSIVITÉ DE L’ARTISTE

Manifestement, il sera seul avec son piano et le décor semble des plus sobres, pour ne pas dire austère : le fond de scène est tendu d’un rideau noir, le piano est disposé au milieu, face au public, dissimulé par un écran noir lui aussi qui en cache les pieds.

Tout repose donc sur l’expressivité de l’artiste, sa capacité à capter le public et lui offrir un voyage émotionnel ininterrompu avec les seules armes dont il dispose : son corps, plus souvent réduit à un buste, son visage et les expressions qu’il peut transmettre, sa gestuelle et bien sûr ses textes et la façon dont il les fait porter par ses mélodies mais aussi sa manière de faire parler son instrument… Enfin, sa voix.

Sa voix ! Je le savais pourtant pour l’avoir vu et entendu sur scène, comme je vous l’ai dit, en 2011 et pour avoir, entre-temps, écouté ses albums, sa voix, qui n’est pas celle d’un “chuchoteur”, loin s’en faut, est faite d’une matière limpide et délicate qui lui donne un timbre mélodieux et précis mais en même temps capable de fermeté autant que de subtilité et dans une tessiture confortable, qualités qui sont, pour une grand part, le résultat d’une parfaite maîtrise de la respiration, au service également d’une diction parfaite.

Le tout, on le sait, peut s’appeler “l’Art Vocal” dont la maîtrise ne s’improvise pas, ce que l’on devrait enseigner à nombre de perruches et autres éructeurs qui polluent régulièrement nos ondes et certains sites Internet, adoubés par des producteurs et des “experts” autoproclamés, auxquels les chèques encaissés font oublier que leurs “volailles industrielles” sont à la Musique et à la Chanson ce que peut être Mac-do à la gastronomie.

Tradition Arthé Café la soupe avant la 3ème mi-temps H
La savoureuse tradition de l’Arthe- Café : la soupe avant la 3ème mi-temps !

 IL MAÎTRISE A LA PERFECTION L’ART VOCAL

Pascal Mary maîtrise donc à la perfection l’Art Vocal, au point qu’on se surprend à penser qu’au-delà de la technique, il a peut-être des gènes de Jacques Douai. Mais sa maîtrise de l’accompagnement au piano  n’a rien à envier à sa maîtrise vocale et semble, associée à une expression corporelle sobre mais éloquente, propulser vers nous des textes qui nous pénètrent instantanément et nous font totalement oublier le dénuement de la scène.

Cet artiste hors du commun m’avait, certes, marqué en 2011, à sa découverte mais le souvenir de l’homme de scène était quelque peu dilué dans la richesse du plateau proposé à ce Festival d’Automne de Prémilhat.

Ici tout me revient en bloc et je vois bien que, le mûrissement aidant, l’homme de scène a perfectionné ce qui lui permettait de faire vivre intensément ses très belles chansons avec un minimum de moyens techniques, illustrant ainsi parfaitement le titre de son album de 2010 : “Vivons d’un rien”.

Certains artistes, même très talentueux, peuvent, au long d’un concert ou d’un album, s’avérer quelque peu lassants par le manque de diversité de leurs thèmes et surtout de leurs musiques. A moins d’être d’une grande mauvaise foi, c’est un reproche qu’on ne pourra pas adresser à Pascal Mary.

Il nous emmène dans un voyage rempli d’imprévus, compensant, dans une même chanson, une mélancolie appuyée par une pirouette ironique. Le spectacle est ainsi et nous explorons les replis d’une personnalité multiple, complexe mais d’une richesse rare, à travers des chansons qui sont autant de tableaux dont il est difficile de doser la part autobiographique tout en imaginant qu’elle est importante.

Tendre poésie, mélancolie que l’on sent authentique, révolte tout aussi sincère, spleen baudelairien dont on sait qu’il n’est pas feint ou de circonstance, sensualité imprégnée de tendresse ou plus tumultueuse, tous ces sentiments exprimés avec une force généralement contenue, même quand les mots sont caustiques ou trahissent un trouble profond, sont atténués par une dominante de tendresse, de charme, d’humour, d’autodérision aussi.

Au sommet de Joyeux Noel
Au sommet de” Joyeux Noël” !

 

DES LARMES AU SOURIRE, VOIRE AU RIRE FRANC

Car l’un de ses talents est, à l’évidence, de savoir se moquer de lui-même, ce qui lui permet de toujours éviter le pathos, alors que la charge émotionnelle qui émane de lui nous fait passer des larmes au sourire, voire au rire franc puis replonger dans une sourde inquiétude, dans ce que l’on sent être un malaise ou disons plutôt, en empruntant la formule à Catherine Laugier (Nos enchanteurs) : “Sa douce blessure de vivre”.

Et que dire des genres musicaux empruntés pour porter ces textes si éloquents. On passe de la douce ballade à une chanson plus “folk”, puis une bossa ou une mélodie carrément “jazz”.

Et nous, spectateurs devenus captifs, sommes emportés par cet “homme piano”  dont la voix, les mots, les notes et les mimiques ne font plus qu’un, indissociable, indispensable puisqu’en chantant sa vie il infiltre la nôtre et éveille en nous des sentiments et des émotions tellement humaines que nous y trouvons, même confusément, des analogies avec ce que nous avons pu vivre ou ressentir.

Un des plus beaux exemples, pour faire simple, est sans doute cette chanson satirique, à la fois drôle et caustique où beaucoup d’entre nous reconnaîtront ici et là, en caricature, des bribes de leurs propres tableaux de famille :” Joyeux Noël” (extrait de l’album « Vivons d’un rien » 2010).

“Joyeux Noël” à savourer ICI

Finalement, on a beaucoup (relativement) écrit sur Pascal Mary, sur ses différents albums, sur ses prestations scéniques et ce bel artiste a fait l’unanimité, me semble-t-il, pour louer ses qualités humaines en même temps que ses talents d’auteur, de compositeur, d’interprète.

Il sait s’entourer d’amis fidèles et de grands talents, ce qui se remarque aisément au “casting” de ses albums et aux musiciens qui l’entourent dans des concerts moins intimistes. Quel serait l’intérêt que je répète comme un perroquet ce qui a déjà été dit.

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Retrouvailles avec Mai, Pascal Mary et Henry Tilly

 

SOUS LE CHARME DE SA RICHESSE POÉTIQUE

Bien sûr, je pourrais ajouter que je suis encore sous le charme de sa richesse poétique, de ses métaphores judicieuses autant qu’inattendues et que les amis que j’avais emmenés à sa découverte ont encaissé un gros coup à l’estomac mais aussi, comme disait Brassens, “du côté du poumon”.

Alors, que dire d’autre ? Si !

Commandez vite ses albums, écoutez-les avec les livrets et quand vous serez convaincus qu’il vous en manque une dimension, trouvez sur son site un lieu de concert à votre portée et je doute fort que vous ne succombiez pas à votre tour.

Comme disait Tristan Bernard : “Le meilleur moyen d’échapper à la tentation, c’est d’y succomber”.

TEXTE HENRY TILLY

PHOTOS FRANÇOISE ET HENRY TILLY

SITE DE PASCAL MARY

SITE DE L’ARTHE-CAFÉ

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CÉLINE FAUCHER-CHRISTINE LAVILLE : INTENSES “FÉMININE(S) A L’ARTHÉ-CAFÉ

Coïncidence amusante : c’est, à deux jours près, la même date en 2016 qui nous réunissait, dimanche 5 novembre 2017, à l’Arthé-Café, à la fois pour un concert et pour l’anniversaire d’Eric Frasiak.

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Christine Laville et Céline Faucher (Photo E. André)

 

 AVEC L’ACCORDÉONISTE STÉPHANE PLOUVIN

Cette fois, chez Maï et Marc Usclade – toujours perchés près du point culminant des Combrailles qui est la Roche Sauterre à 977 m – nous ne sommes pas menacés par une tempête de neige comme celle qui nous contraignit à dormir sur place. Sans problème puisque le café-théâtre est aussi une auberge.

Ce soir, nous retrouvons, bien loin de chez elle, une de mes Québécoises préférées : Céline Faucher, déjà vue ici en 2013 avec Steve Normandin (accordéon et piano) pour “Gens du Québec”, puis en 2015 déjà avec sa complice, la Parisienne Christine Laville, présente ce soir.

Le duo m’avait laissé sur une forte impression cette première fois avec le spectacle “Féminines”, succession judicieuse de morceaux choisis écrits et créés par des femmes : Barbara, Diane Dufresne, Pauline Julien, Véronique Samson, Anne Sylvestre, Clémence Desrochers, Michèle Bernard, Véronique Pestel, Catherine Ringer etc.

Ce soir l’enjeu est d’autant plus costaud que c’est le même récital qui nous est présenté, du moins sous le même titre, avec, cette fois, l’accordéoniste Stéphane Plouvin en accompagnant.

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Christine Laville et Céline Faucher (Photo E. André)

 

RÉPERTOIRE ENTRE NOSTALGIE, SATIRE, HUMOUR ET MILITANTISME

Il est maintenant 17 heures. L’Arthé est déjà bien garni de spectateurs et il en arrive encore quelques uns car les “aficionados” viennent parfois d’assez loin pour “communier” , le mot est à peine trop fort, dans la chanson francophone.

Sans qu’il soit besoin de brigadier pour frapper les trois coups, nos trois artistes s’installent en scène et, comme ça se fait souvent, entament la première chanson : “Cendrillon au coton” (Diane Dufresne/ Marie Bernard).

Suivent trois autres chansons avant adresse au public et présentation du trio et on a déjà compris : si le titre du spectacle est inchangé, le contenu de “Féminine(s)” a été complètement renouvelé.

Il s’agit toujours, évidemment, de chansons écrites et créées par des femmes, voire “féministes” mais qu’elles soient nostalgiques, humoristiques, satiriques ou même militantes, elles sont toujours nimbées d’une grande poésie.

Et l’interprétation qu’en donne notre duo de chanteuses, traduit leur proximité de pensée avec les auteures tant elles savent « habiter » ces chansons, se les approprier.

Ah! les 3èmes mi-temps de l'Arthé-Café- Marc Usclade au Sax, stéphane Plouvin Accordéon. A G. Maï Usclade. Ph. E. André
3eme-mi-temps à L’Arthé-Café avec Marc Usclade au saxophone

 

AUTHENTIQUE “CHANSON DE PROXIMITÉ”

 Pas moins de 24 titres nous seront “servis” au cours de ce généreux spectacle coupé d’un entracte de 15 minutes. Si je dis “servis”, c’est à dessein !

Car la qualité de ce duo de voix, formées au lyrique, maintenant délicieusement complices, se donnant mutuellement le contrechant en alternance, avec une facilité (apparente) déconcertante, jouant de leur maîtrise vocale et de leurs larges tessitures respectives, porte ces textes et ces mélodies comme des écrins présentant des joyaux.

Des joyaux, oui, on peut le dire et c’est précisément dans ces “joailleries” modestes comme l’Arthé-Café en est l’exemple, que l’on peut apprécier encore mieux ces perles de ce que Michel Trihoreau appelle “chanson de proximité”.

Car l’auditoire est totalement attentif, ne perd pas une syllabe ni une harmonie et montre, par sa qualité d’écoute, à quel point le mot “communion” , cité plus haut, n’a rien d’exagéré. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit en rien de vaine adoration.

Ce public est autant libre et potentiellement critique qu’il est attentif. Mais ce soir, il est conquis, sous le charme de ces textes magnifiques, portés par des arrangements musicaux ciselés, le tout servi par des interprètes brillantes mais pas seulement car porteuses chaque fois d’une émotion totalement contagieuse, propre à “scotcher” un auditoire et je dois avouer que j’ai succombé…..comme les autres.

Il serait bien injuste de ne pas saluer la performance de Stéphane Plouvin, accordéoniste tout en nuances et en sensibilité, d’une discrétion totale alors qu’on le sent, paradoxalement, indispensable. Un vrai talent !

Et pourtant, il est resté totalement silencieux quand Céline et Christine, aux rappels, ont interprété, dans un “a capella” superbe la dernière chanson : “Ma révérence” (Véronique Sanson).

Comme aurait dit M. de la Palice, peut-être y aurions-nous eu droit d’entrée de jeu si elles avaient opté pour entrer en scène, à la manière de Gilles Vigneault, en s’écriant : “Bon ! Les rappels tout de suite !”.

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Artistes, responsables de la salle et public en chœur pour le final (Photo Babette)

Plus d’infos  ICI  sur le duo Céline Faucher-Christine Laville

 TEXTE HENRY TILLY

PHOTOS BABETTE, LUC FERLAND ET E. ANDRÉ

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ARTHÉ-CAFÉ : ERIC FRASIAK FAIT MONTER LA TEMPÉRATURE DU “SOLEIL” EN AUVERGNE

C’est fait !  “Sous mon chapeau”, le nouvel album de l’auteur-compositeur-interprète Eric Frasiak vient (enfin) de sortir en ce mois de novembre 2016.

Une quinzaine de musiciens et choristes a participé à ce nouvel opus de 15 chansons, dont une en duo avec Jérémie Bossone, enregistré au Crocodile Studio de Bar le Duc. Et comme dans les deux derniers albums, Frasiak reprend, dans un arrangement original, une chanson emblématique de Léo Ferré : “La solitude”.

En attendant de vous présenter cet album, voici un article de Henry Tilly consacré à un des récents concerts frasiakiens”, celui du 6 novembre 2016.

 

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 Dans les Montagnes d’Auvergne, au lieu-dit Sauterre, à une poignée de kilomètres de Riom, sur la D 50, se niche un gîte chaleureux doublé d’un café-concert, “Le Soleil” alias « l’Arthé-Café » dont le renom grossit d’année en année.

Rien d’étonnant quand on voit la collection impressionnante d’affiches dédicacées  des artistes invités qui y passent et, pour certains, repassent au fil du temps. Le moins que l’on puisse en dire, c’est qu’il y a “du beau linge.

Un couple exceptionnel, connu et reconnu dans les festivals comme Barjac et quelques autres, règne sur les lieux. Il a tricoté une ambiance d’accueil et de complicité chaleureuse, tant avec le public, souvent constitué de « connaisseurs » fidélisés, qu’avec les artistes qui, de leur côté, retrouvent ici certains de leurs fans que les kilomètres n’effraient pas et rencontrent aussi un public nouveau.

DÉMARCHE MILITANTE AU SERVICE DE LA “CHANSON FRANCOPHONE”

Maï et Marc Usclade (en photo ci-dessus avec Frasiak) sont manifestement dans une démarche militante au service de la “chanson francophone”. Et ils portent à bout de bras, avec une compétence et une énergie remarquables, ce “temple” de la “chanson de proximité”, comme dirait notre ami Michel Trihoreau.

Ce soir, dimanche 6 novembre, l’invité c’est Frasiak. LE Eric Frasiak, cet auteur-compositeur-interprète Lorrain que j’ai découvert à St-Pierre et Miquelon, en 2011, aux “Déferlantes Atlantiques.

Il m’y a tout bonnement “estomaqué” d’emblée par la qualité de ses textes et de ses compositions mais aussi par sa présence scénique et l’homogénéité donc l’authenticité qui émane de l’homme et de ses chansons. Chacune raconte une histoire et, à l’instar de ceux qui ont été ses Maîtres, François Béranger ou Léo Ferré, chaque histoire peut être un coup de cœur ou un coup de dent.

Rien qui éructe ou vocifère mais bien au contraire, tout témoigne d’un esprit éclairé qui porte sur le monde et les hommes un regard parfois moqueur, ironique, voire satirique, au besoin mordant parce que lucide mais aussi et souvent tendre, fraternel, ce regard qui se traduit dans ses textes par un humanisme sincère, authentique mais sans ostentation, sans surcharges, ce qui le rend hautement crédible et potentiellement contagieux.

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La jeune génération gagnée par chanson française ?

 

UNE PRÉSENCE SCÉNIQUE EXCEPTIONNELLE

Hé oui ! C’est tout cela Eric Frasiak, F.R.A.S.I.A.K. donc avec un S et “surtout pas de Z à mon nom !… sinon je vous frite”.

Je l’ai donc découvert en concerts à St-Pierre puis à Miquelon, en solo guitare où j’ai pu remarquer, à l’occasion, (cf. chroniques “Déferlantes Atlantiques” sur www.francomag.com), que derrière l’auteur de talent se cachait un musicien solide. Doté, de surcroît, d’une présence scénique exceptionnelle qui n’est sans doute pas pour rien dans la contagiosité de son humanisme.

Dans le même temps, j’ai découvert l’album “Parlons-nous” sorti en 2009, album où Eric est entouré d’une formation très étoffée de solides musiciens travaillant sur ses arrangements.

Les superbes chansons de cet album, rehaussées, de plus, par cette orchestration, présentaient, chacune, toutes les qualités pour devenir des “tubes” comme on dit dans le monde du “show bizz”.

Mais ce monde-là précisément n’aime pas que le grand public accède à autre chose que ce qui sort de ses “élevages en batterie”. Et c’est bien pour cela qu’il se protège en “phagocytant” toute la télévision et toutes les radios, ne concédant, non sans réticence, quelques molécules de liberté de programmation qu’à quelques radios locales FM.

Philippe Meyer, sur France Inter, dans la seule vraie émission subsistant encore, dédiée à la vraie chanson francophone, a bien programmé deux chansons de Frasiak. Mais ça ne se reproduira plus ; son émission est supprimée. Ah mais !…

Donc, place aux “play-lists” concoctées par des programmateurs, beaucoup plus soucieux des intérêts des “poulaillers d’acajou” que de la valeur artistique des “œufs” pondus par les volailles de l’élevage, fabriquant de toutes pièces des “hits parades”, comme autant de référendums pipés, trichant effrontément avec la loi sur les quotas en considérant comme francophone une chanson en anglais pourvu qu’elle soit chantée par un français.

Ainsi, par cette acrobatie, David Guetta entre tranquillement dans le quota de la chanson francophone !!!!….et ce n’est qu’un exemple…

 CETTE CHANSON-LÀ S’EXPRIMERA TOUJOURS, AU BESOIN, DANS DES LIEUX CONFIDENTIELS VOIRE CLANDESTINS

Mais ne nous laissons pas emporter par la colère au risque de nous éloigner du sujet de ce soir.

De toute façon, comme l’explique fort bien Michel Trihoreau dans son ouvrage “La Chanson de Proximité” (Éditions l’Harmattan), cette vraie, cette belle chanson que nous aimons tant, à toutes époques, celle qui dit notre vie, nos joies, nos peines, nos révoltes, qui défie les “pouvoirs”, les raille, les fustige, crie à tous instants notre soif de liberté, à commencer par la liberté de pensée et d’expression, cette chanson-là s’exprimera toujours, au besoin dans des lieux confidentiels, voire clandestins.

L’histoire, fort bien exposée par M. Trihoreau, le prouve et, pour ainsi dire chassée des grands médias audio-visuels pour faire place à des “spécialistes” autoproclamés et à leurs protégés-obligés, cette chanson, cette poésie, chantée ou non, se retrouve dans des lieux plus modestes …

Mais beaucoup plus chaleureux que la télé ou les grandes salles, des lieux, aussi, beaucoup plus propices aux rencontres et échanges entre artistes et public, des lieux où, presqu’immanquablement, après le spectacle, on va, comme à l’Arthé-Café, comme dans un “Chant’Appart », casser la croûte ensemble et amorcer une “3ème mi-temps”.

Mais n’allons pas trop vite.

Ce soir, Eric, en plus de quelques chansons issues des opus précédents, nous présente un florilège de ses nouveaux titres  que nous pourrons réentendre dans le prochain album, “Sous mon Chapeau”.

Encore un chapelet de perles rares que l’on n’est pas prêts d’oublier. Des textes ciselés, précis, saisissants, pénétrants, et toujours portés par un écrin mélodique joliment cousu main.

 

Certains artistes, même parmi les meilleurs, peuvent donner un vague sentiment de monotonie tant reviennent trop régulièrement les mêmes thèmes ou des mélodies trop semblables.

Chez Frasiak, pas de risque. Chaque chanson dessine un tableau complètement différent et les mélodies sont toutes originales et colorées de genres musicaux très variés et d’arrangements superbes.

Eric ne se jette jamais sur l’actualité pour surfer sur le “buzz”.

Même quand celle-ci l’émeut au plus haut point, il prend du recul et elle n’apparaît dans son œuvre qu’avec un certain décalage.

Chez lui pas de débordements, de hurlements, de pathos. Il n’est pas dans la “posture” et son message, car c’en est un, n’est jamais une proclamation ou un mot d’ordre.

 Eric pourrait légitimement se revendiquer “héritier” de son “Maître à chanter” François Béranger, tout comme ce dernier était naturellement un héritier de son si cher Félix Leclerc.

Et quand il entonne cet hommage à ce maître qui a nourri toute son adolescence, l’émotion nous serre irrésistiblement la gorge car, comme dans toutes ses chansons et dans celle-ci plus encore, on ne peut plus douter de l’authenticité de l’homme et de la force des sentiments qui l’habitent.

 

 AVEC LA COMPLICITÉ DE l’EXCELLENT GUITARISTE JEAN-PIERRE FARA

Vous l’aurez compris, avec cet artiste-là, si la “dégustation” d’un album est un moment de plaisir intense, un concert est nécessairement un énorme moment de bonheur.

Frasiak, outre la qualité et la profondeur de ses chansons, est aussi , sans exubérance, un véritable homme de scène, rempli d’humour et jouant admirablement, dans ce registre aussi, avec la complicité de son excellent guitariste, le fidèle Jean-Pierre Fara qu’Eric, guitariste lui-même, présente comme son “bras droit”. C’est bien ainsi qu’on peut le voir mais pour le régal de tous, un bras droit équipé d’une fabuleuse main gauche.

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Le bras droit et sa superbe main gauche

 

A ce stade, une visite s’impose ICI SUR SON SITE.

Ces artiste-là sont généreux et nous ont gratifiés d’un concert de deux heures (hors entracte). Deux heures que nous n’avons pas vu passer, faut-il le dire et pendant ce temps, la montagne d’Auvergne nous tricotait la surprise de saison.

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Arthe-Cafe ou cabane à sucre ? Eric Frasiak ou bucheron canadien ?

 

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Puisqu’on vous dit que c’est “Le Soleil” !

 A la sortie, on se serait cru dans les Laurentides, au Canada. Tout était blanc, bien blanc et l’Arthé-Café avait l’air d’une “cabane à sucre” dans ce décor.

Ceux qui n’habitaient pas trop loin sont partis après la “soupe”.

Les plus éloignés, dont nous, sont restés dîner et dormir au gîte, non sans avoir, avec Eric et Jean-Pierre, sacrifié jusque bien tard, à la ” 3ème mi-temps” en chansons.

 TEXTE HENRY TILLY

PHOTOS FRANÇOISE TILLY

A DÉCOUVRIR LES ÉMISSIONS “LA CHANSON DANS TOUS SES ÉTATS”

ANIMÉES PAR HENRY TILLY SUR RMB À MONTLUÇON

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3ème mi-temps. De gauche à droite Henry Tilly, Jean-Pierre Fara, Eric Frasiak et des amis naufragés de la neige