“UNE LIMONADE ?” DU MORAND CAJUN BAND A SAVOURER SANS MODÉRATION !

“Une limonade ? “, c’est le nom du 3ème album du Morand Cajun Band.

51 minutes et trois secondes à savourer sans modération même si ces chansons ne sont pas souvent diffusées sur les ondes et que le groupe fondé en 1994 est plus que jamais invisible sur le petit écran.

Coup de projecteur sur un album anti-morosité qui vous (re)donne ne sourire, et vous donne envie de danser de de chanter. D’être heureux sur des rythmes enracinés dans une attachante Louisiane et offerts par le MCB dans une réjouissante décontraction.

 

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 SURTOUT PAS DE COPIÉ-COLLÉ DE LA MUSIQUE DE LOUISIANE

“Un quatuor qui ne s’embarrasse pas des conventions en ne cherchant pas à faire du copié/collé de la musique de nos cousins de Louisiane, mais en y mettant tout leurs bagages musicaux et leurs sensibilités qu’ils trimballent depuis longtemps”.

Signée Roger Morand, cette présentation en dit long sur l’esprit qui règne sur scène en coulisses dans ce groupe offrant une musique entièrement acoustique puisée dans un large registre d’airs cajun et créole, zydeco,

S’y ajoute un zeste de musique acadienne et country, et une pincée de rock comme en témoigne un titre caché glissé malicieusement dans cet enregistrement : le genre de titre qui vous met d’aplomb dès le matin, pour que vous ayez eu un réveil quelque peut difficile !

Ce nouvel album a largement de quoi ravir “les amateurs de blues que ceux des planchers de danses cajun, zydeco, rock ou country… On y retrouve des two step, jitterbug, côtoyant des one step, line dance, polka, baisse bas et même biguine”.

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“BELLES CHANSONS TANTÔT BRAILLARDES OU MÉLANCOLIQUES”

Pour ceux qui ne sont pas de redoutables spécialistes des rythmes de la Louisiane, normal qu’ils aient un peu de mal à s’y retrouver dans les divers genres musicaux mis en relief au fil des titres.

Mais pas de panique ! La pochette met en valeur chaque titre avec une brève explication mêlant références historiques et repères musicaux, précisions sur le créateur et sur l’impact de la chanson au moment de sa sortie.

Ces précisions sont d’autant plus précieuses qu’elles témoignent de la vaste diversité des sources d’inspiration des quatre compères. Mais soyons francs : on peut très bien se laisser emporter par l’ambiance de l’album sans nécessairement s’accrocher à ces informations.

Car il faut bien affirmer haut et fort une évidence : “Une limonade ?” ne s’adresse pas à l’esprit, à l’intellect, mais au corps. Bref à l’envie et au besoin de s’abandonner à l’ambiance de ces “belles chansons tantôt braillardes ou mélancoliques, tranches de vie, d’amour et de dérision”.

 

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A la une de Trad Magazine, mars-avril 2015

 

CLIN D’ŒIL A CLIFTON CHÉNIER

En somme du “vrai french Cajun blues boogie & Zydeco quoi !” selon Roger Morand, créateur du groupe. Un sacré passionné de musique qui apprend l’accordéon chromatique à l’âge de 6 ans avant de s’intéresser durant son adolescence au mélodéon : deux des instruments qu’il joue au sein du MCB qui a subi plus d’un changement dans sa déjà longue histoire de plus de 20 ans.

Aujourd’hui le groupe comprend aussi Guy Vasseur aux percussions, Patrick Plouchart (violons, chant et choeurs) et Jean-Marie Ferrat (guitares, basses, choeurs) qui a également enregistré et produit l’album aux arrangements signés Roger Morand.

Mention spéciale, au fil des refrains de “La limonade ?” au “Bon temps rouler” créé en 1967 par Clifton Chenier (1925-1987).

D’où une évidente passerelle entre ce 3ème CD et le précédent album du MCB, “Marcher Plancher” : un clin d’œil à ce pionnier de la renaissance d’une certaine Louisiane francophone, influencé à la fois par le blues et le jazz  et inoubliable musicien de zydeco. L’impressionnante discographie de cet inventif pionnier en dit long sur le parcours de ce créateur assurément cher à Roger Morand.

S’il est évident que le Morand Cajun Band célèbre avec talent la Louisiane, notons que le groupe s’est également forgé une belle réputation dans un registre plus folk, notamment avec l’animation de bals avec danses traditionnelles  (mazurka, polka, danses en ligne et en cercle, etc

Albert Weber

Page Facebook du Morand Cajun Band

Agence artistique  Cap Enragé

L’album “Une limonade ?” présenté ICI sur youtube
En vente sur www.albumtrad, portail des musiques traditionnelles et acoustiques
En vente sur www.cdmail, le disquaire de toutes les musiques

 

 

“CLÉMENTINE CHANTE LEPREST” : POUR LES PASSIONNÉS D’ALLAIN … ET LES AUTRES !

Enregistrer un 2ème album exclusivement consacré à Leprest en trois ans c’est sans aucun doute prendre des risques.

Assurément de sérieux risques car les passionnés du grand Allain sont connus pour leur incontestable exigence doublée d’un inévitable art de la comparaison entre version originale et reprise d’interprète. Et c’est d’autant plus compréhensible que les enregistrements reprenant Leprest sont nombreux depuis son suicide à 57 ans, le 15 août 2011.

Coup de projecteur sur le nouvel album de Clémentine Duguet, dont la voix s’enracine au fil des CD dans nombre de répertoires des plus diversifiés, bien au-delà de son Alsace natale.

 

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Une pochette signée Franyo Aatoth pour ce 2ème CD de Clémentine consacré à Allain

 

“DES MOTS LUI SORTAIENT DE PARTOUT”

Clémentine Duguet aime vagabonder dans l’univers de Leprest, et y repérer des titres souvent moins connus que d’autres. D’où ses deux albums sortis en trois ans et exclusivement consacrés à Allain.

Voici trois ans sortait un premier album composé de 22 titres d’Allain Leprest repris par Clémentine Duguet. Rebelote en cette nouvelle année avec un CD de 24 titres enregistrés en deux semaines de studio : d’où 78 minutes et 42 secondes qui devraient retenir l’attention des amoureux de l’univers de Leprest.

24 chansons de Leprest ? Pour être précis disons 23 car l’avant-dernier titre, “Merci Monsieur” est à vrai dire un texte de Clémentine Duguet. Des paroles qu’elle dit sur une musique de Romain Didier composée pour “Chanson “Marine” du spectacle “Francilie” dont Allain avait écrit les paroles.

Attachée depuis des années à l’œuvre de Leprest qu’elle avait revue en concert à L’Alhambra en 2009, Clémentine raconte Allain d’une voix à la fois assurée et d’une évidente sensibilité.

Mais sans sensiblerie : “Mais des mots et des mots/Lui sortaient de partout/Comme un flot de farine/De vent et de cailloux/Le vin de Joséphine/ Le cul du Cotentin/Le ciel de Gagarine/ Le Canal Saint Martin/ Et des mots et des mots lui sortent de partout/Et moi chopin chopine/ Je m’écharpe de lui/ Je me colle ces rustines/ Graines de bois de lit/ Sur mon cœur de tartine/ Merci Monsieur merci”.

Quant à “Mec”, dernier titre de ce nouvel opus, il est offert non par Clémentine Duguet mais par Marc Trubert dont la voix est assurément bien proche de celle d’Allain. La photo publiée du texte montre d’ailleurs les deux amis photographiés “au piano du Connétable le 15 juillet 2002 très tard dans la nuit”.

Outre le dessin de la pochette signé Franyo Aatoth,  la présentation des chansons manque visibilité. Dommage les noms des créateurs des chansons soient imprimés en blanc, ce qui n’est pas des plus heureux vu les autres couleurs utilisées.

S’y glisse aussi deux erreurs relevées par Clémentine Duguet sur sa page Facebook : “Avec toutes nos excuses à JeHan pour avoir volé sa version de Chanson Bateaux (avec un X !) en en attribuant la musique à Romain Didier”.

 

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23 chansons de Leprest et un texte de Clémentine sur une musique de Romain Didier

 

 24 INTERPRÉTATIONS ENTRE DOUCEUR ET ÉMOTION

S’il est évident que chacun se forgera sa propre opinion de “Clémentine chante Leprest 2″, quelques points de repère s’imposent.

Il ne faut évidemment pas vouloir retrouver dans le timbre de voix de Clémentine Duguet l’interprétation à fleur de peau d’Allain Leprest. Elle offre ici sa propre vision, sans doute moins extravertie que les titres originaux.

A l’instar d’autres chanteuses qui ont repris Leprest, cet album permet d’apprécier Leprest d’une autre manière. Un choix artistique enraciné dans une talentueuse complicité entre la chanteuse et ses trois musiciens : Yves Nabarrot (guitare, voix) et Marie Ladret (piano, claviers, voix) et Jean-Michel Eschbach (accordéons, accordina). 

D’où une atmosphère tout à fait particulière à savourer dans chaque titre de “Clémentine chante Leprest 2″ : entre douceur et émotion, avec un regard plein de tendresse envers Allain exprimée avec justesse par la chanteuse.

 

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“INTENSE, DOUCE ET IMPULSIVE”

En décembre 2015, lors d’une soirée présentée par la chanteuse Kristel Kern à Andlau, en Alsace, Clémentine Duguet avait présenté un spectacle de chansons toutes puisées dans le répertoire d’Allain.

Elle y était alors accompagnée par les trois musiciens qui l’ont suivi dans cette nouvelle aventure discographique.

Dans un article consacré à ce concert, j’avais ainsi qualifié l’interprétation des chansons de Leprest : “Tour à tout intense, douce et impulsive, Clémentine Duguet a chanté Leprest avec conviction. Avec une énergie qui fait chaud au coeur.  Une interprétation à la fois sobre et efficace offerte avec trois complices : Yves Nabarrot (guitare), Marie Ladret (piano et 2ème voix sur certains titres), et Jean-Michel Eschbach (accordéon-bandonéon)”.

A bien écouter ce nouvel opus, j’y retrouve les divers repères qui avaient retenu mon attention à Andlau.

Marquée à ce jour d’une belle douzaine d’enregistrements, la discographie de Clémentine Duguet vient de s’enrichir d’un nouvel opus qui mérite une large diffusion auprès des amoureux d’une chanson de qualité. Sans colorants artificiels. Donc pas nécessairement celle qui est diffusée habituellement sur les ondes…

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Sorti en 2015, 1er album de “Clémentine chante Leprest” compte 22 chansons 

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“LA CHANSON FAIT PARTIE INTÉGRANTE DE LA VIE POPULAIRE ET SA PLACE EST PARTOUT”

Elle en a fait du chemin, Clémentine, depuis ce printemps 1998 où je lui avais consacré une double page dans le trimestriel Chorus n° 23 sous le titre “L’inconnue d’Alsace”.

Au fil des ans, elle s’est forgée un répertoire, une expérience, un vécu qui témoigne d’une incontestable passion pour la chanson aux multiples sujets. “J’ai chanté le passé, le vin, la bière, la nuit, l’amour, l’érotisme, la guerre, le Front Populaire, le pub, les voitures, le mariage, la Belle Époque, la nature, les guinguettes, les enfants, le chocolat, … Et j’ai revisité avec délectation l’histoire de France qui m’avait tant ennuyée en classe” confie-t-elle dans un livre de témoignages sur la Choucrouterie fondée en 1984 à Strasbourg par Roger Siffer (“Quand la Choucroute … rit”, Éditions La Nuée Bleue, 2003).

Et d’affirmer quelques lignes plus loin : “La chanson fait partie intégrante de la vie populaire et sa place est partout. J’ai ainsi chanté dans des caves, des hôpitaux, des maisons de retraites, des écoles, des restaurants, des prisons, des cirques, des entreprises, des bateaux, des garages, des parkings, des garderies, des trains, des gares, des banques, des camions, des jardins, des expositions, des musées, des bibliothèques, des radios, des télés, des cabarets, des guinguettes, des gymnases, des fermes, des foires, des cours … Et puis bien sûr la Choucrouterie a servi de tremplin à toutes ces pérégrinations puisque la plupart de mes spectacles y ont été créés”.

“Clémentine chante Leprest 2″ ? Un album qui séduira – je l’espère – les personnes sensibles à Allain Leprest et qui font preuve de curiosité. Et plus globalement les passionnés d’une chanson qui mérite de (sur)vivre en cette époque marquée par trop de fausses valeurs artistiques et culturelles.

 

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Jean-Michel Eschbach au concert d’Andlau

 

 TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

PHOTO MILO LEE (1ère photo de l’article, également dans la pochette du CD)

PAGE FACEBOOK CLEMENTINE CHANTE LEPREST

SITE DE CLEMENTINE DUGUET

“BLUMEN IM TOPF” : L’EXPLOSIF FEU D’ARTIFICES DE LÉOPOLDINE HH

C’est évident. Il est toujours dangereux de coller une étiquette en ne tenant compte que d’une étape d’un parcours pourtant intense en initiatives.

Et quand cette escale a bénéficié d’une forte exposition télévisée, il est si facile de réduire un artiste à un personnage aussi médiatisé qu’artificiel. Au risque de le dénaturer totalement.

Léopoldine HH est sans doute un des exemples les plus percutants en la matière Une championne du (très) grand écart finaliste à la fois de la “Nouvelle Star” en 2014  et du Prix Georges Moustaki en 2017.

Histoire d’une artiste aussi inclassable qu’à l’aise sur scène comme chanteuse, musicienne et comédienne.

 

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“Je suis née toute nue”, titre initial du CD est devenu “Fleurs en pot” (Blumen im Topf”)

 

UNE HEURE AUSSI DÉLIRANTE QUE DÉPAYSANTE

13 chansons en français, anglais, alsacien et allemand …plus un titre caché des plus inattendus. Embarquement immédiat sur la planète “Blumen im Topf” ! Un voyage aussi délirant que dépaysant en 59 minutes et 58 secondes …. aux allures de puzzle aux pièces extrêmement différentes.

Le « Mini-Cédé de Léopoldine » sorti en 2014 était en quelque sorte une « répétition générale », sans doute histoire de se roder, d’explorer avec audace des voix et des voies des plus éclatées.

CHAQUE nouvelle écoute de « Blumen im Topf” révèle des intonations, des détails, des arrangements, des délires vocaux et musicaux.

Ce CD ne se résume pas un “enchaînement de chansons”. C’est plutôt un album-concept forgé de paroles et de musiques, mais aussi de phrases échappées de pièces de théâtre, d’extraits de comptines alsaciennes, de déjantés bidouillages de sons, de bruits divers, de vagabondages vocaux jonglant entre plusieurs langues.

 

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Octobre 2016, Librairie Kléber. Présentation de “Blumen im Top” à Strasbourg avec Charly Marty et Maxime Kerzanet

 

 UNE INSATIABLE GOURMANDISE POUR DES TEXTES D’AUTEURS

Léopoldine HH est unique à bien des égards, et il serait extrêmement réducteur de la qualifier de “chanteuse alsacienne”.

En témoigne sa voix claire et affirmée qui passe de l’aigu au grave avec une aisance jubilatoire : Léopoldine chante et parle, crie et murmure, roule les r au gré des refrains, chuchote et murmure.

Ici et là, au gré des articles suscités par la sortie de cet album, on se retrouve avec des comparaisons des plus flatteuses : Camille, Ute Lemper, Marlène Dietrich, Bjork, William Sheller, Catherine Ringer, etc. Voire de Brigitte Fontaine, Richard Gotainer, Daphné et Nina Hagen dans FrancsFans, le bimestriel indé de la scène” (février-mars 2017) qui le présente comme un des “8 albums indispensables”.

Bravo pour ces flatteuses références mais Léopoldine HH est unique, même si ses envolées vocales et son aisance scénique me font penser à l’Acadienne Marie-Jo Thério et à la Québécoise Klô Pelgag.

Et si l’inspiré grain de folie de ces deux chanteuses se retrouve omniprésent chez Léopoldine, une autre évidence s’impose. Elle s’enracine dans une histoire familiale aux (très) multiples épisodes vécus par ses parents artistes, Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel.

D’où une personnalité fort extravertie, enrichie par un héritage enraciné dans un savoureux éclectisme. La jeune chanteuse affiche une insatiable gourmandise pour des textes d’auteurs fort variés, célébrés  dans plusieurs langues. En somme une artiste qui se joue des courants des pensée, des périodes littéraires et aussi des genres musicaux.

Certes, ici et là, Léopoldine est parolière et/ou compositrice de certains titres. Mais la majeure partie des titres fait la part belle à de superbes signatures : le poète Olivier Cadiot ; le comédien, auteur dramatique et metteur en scène Gildas Milin ; la romancière Gwenaëlle Aubry, etc.

D’où une série de titres où Léopoldine s’envole entre aigu et grave : autant de convaincants repères d’une incontestable maîtrise, résultat d’années de chorale, de piano, de chant lyrique, de musicologie.

Un des meilleurs exemples de cette maîtrise vocale doublée d’une perpétuelle envie de surprendre, c’est “Zozo Lala”. Un texte surréaliste signé Roland Topor de Michel Valmer. Sans doute le plus explosif de cet album qui ne manque pourtant pas de dynamite.

 

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COMPTINES ALSACIENNES PASSÉES À LA MOULINETTE ÉLECTRO

Léopoldine HH a toujours envie et besoin de changer de registre artistique. J’en sais quelque chose pour l’avoir apprécié au fil des ans dans des circonstances très différentes … autant par journée ensoleillée sous chapiteau au Festival Summerlied à Ohlungen ou bien dans la pénombre nocturne d’un sous-sol strasbourgeois pour le “Festival des Caves”, une cave de Strasbourg.

Deux souvenirs parmi d’autres d’une énergique et pétillante jeune femme sans doute à ses premiers pas d’une carrière d’auteure-compositrice-interprète aussi imprévisible qu’inspirée. A l’instar d’une Diane Dufresne …. sans accent québécois mais avec une malicieuse aisance pour jongler entre français, allemand et alsacien dont elle s’approprie chaque fois les intonations et la diction.

Qu’elle chante – en allemand et français – un texte de la poétesse Eva Strimatter en guise d’introduction à “Blumen im Topf” ou qu’elle donne vie aux textes du metteur en scène et auteur Gilles Granouillet, Léopoldine fait toujours preuve d’incontestable originalité.

Et la chanson “Blumen im Topf” ? Elle a été coécrite par Léopoldine HH et Charly Marty, un des deux comédiens-musiciens qui l’accompagnent sur scène et ont enregistré l’album avec elle. L’autre, c’est Maxime Kerzanet : tous deux ont également beaucoup travaillé avec elle aux arrangements, à l’instar de Flavien Van Landuyt.

Pour ses “fleurs en pot” – titre éponyme de l’album – Léopoldine a puisé dans ses souvenirs d’enfance. Mais attention ! Pas question de reprendre dans sa version originale le refrain chanté par sa grand-mère. 

“Ne me demande pas ce que j’ai dans la tête” lance-t-elle, accompagnée par les chœurs du collège Diderot de Besançon en s’en donnant à cœur joie avec ces “Blumen im Topf” … phrase également reprise dans le 13ème titre. Avouez qu’il faut tout de même être audacieux pour sortir son premier album sous un titre en allemand, non ?

Et quand elle reprend une des plus célèbres comptines de son Alsace natale, elle en offre une version électro à des années-lumière de la version habituelle. “Mama ich will a Ding” s’achève d’ailleurs par quelques brèves phrases en alsacien et en français.

“Tu es comme un livre, on peut lire en toi” lance Liselotte Hamm.  C’est du moins la première impression … car les deux titres enchaînent sans temps mort !  Extraits de comptines passées à la moulinettes, interventions éclairs de Jean-Marie Hummel et Liselotte Hamm, le tout enrobés dans de percutants synthétiques. D’où “Blumen Frischgemixt” mijoté par Léopoldine HH et Flavien Van Landuyt au studio Zèbre de Besançon.

Une délirante explosion de sons et de voix où Léopoldine donne libre cours à sa folie créatrice … juste avant de raconter – avec l’accent allemand – l’étrange histoire de “Magie-Blanche”. d’après la pièce “Brasserie” de Koffi Kwahulé, comédien, metteur en scène, dramaturge et romancier ivoirien !

 

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Livre clin d’oeil à Adrienne Hummel par Léopoldine entourée par Charly Marty et MaximeKerzanet

 

“EUROPÉENS D’ALSACE” : SACRÉE FAMILLE D’ARTISTES

Loin des pots de géranium symboles d’une Alsace folklorique, les fleurs offertes avec  par Léopoldine durant près d’une heure en disent long sur le potentiel de cette inclassable artiste d’Alsace.

“Des Européens d’Alsace” : c’était le titre d’un portrait paru dans Chorus, les cahiers de la chanson au printemps 1995. Deux pages consacrées à Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel : “Un couple d’artistes étonnants, dont éclectisme et l’expérience internationale vont de pair avec une joie de vivre assumée au quotidien, à la ville comme à la scène”. 

“Impossibles à cataloguer, avec leur répertoire tantôt français, tantôt alsacien, tantôt allemand” avais-je précisé. Pas de doute ! 22 ans plus tard, ces propos s’affirment plus que jamais d’actualité pour définir, ou plutôt pour tenter de définir leur fille Léopoldine.

Sacrée famille d’artistes où s’affirment aussi d’autres registres artistiques Yérri-Gaspar Hummel et Adrienne Hummel, les deux autres enfants des “Européens d’Alsace” Une famille qui suivra de (très) près la finale du Prix Georges Moustaki, le 16 février à 20h à Paris.

Hé oui, Miss Léopoldine se retrouve avec 6 autres talents en finale de ce prestigieux événement mettant en valeur des talents révélés par des albums auto-produits : Bergame, CLIO, L’Arthur, Nicolas Séguy Jeanne Rochette et Maud Lübeck .

C’est évident, on n’a pas fini de parler de Léopoldine HH, décontractée chanteuse à tresses dont ce premier album n’est, à vrai dire, qu’une facette de ses intenses initiatives artistiques.

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TEXTE ALBERT WEBER

PHOTOS ADRIENNE HUMMEL

PAGE FACEBOOK DE LÉOPOLDINE HH

SITE DE LÉOPOLDINE HH

ILE MAURICE : “LE DERNIER TRAIN”, ALBUM LE PLUS PERSONNEL DE ROBERT DUVERGÉ

“Le dernier train”, nouvel album de Robert Duvergé, méritait assurément un coup de projecteur sur ce site intitulé “planete francophone”.

Car s’il est bien un artiste mauricien attaché à la francophonie, c’est cet auteur-compositeur-interprète. En témoignent sa riche carrière d’artiste et aussi, depuis 2006, ses émissions radio.

Rencontre avec un créateur au parcours unique sur une île Maurice dont les atouts ne se résument ÉVIDEMMENT pas au tourisme pour amateurs d’exotisme en manque de soleil.

 

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Artiste incontournable de la chanson à l’île Maurice

 

UN ARTISTE INCONTOURNABLE DANS LA VIE MUSICALE MAURICIENNE

Commençons par une question : vous n’aviez encore jamais entendu parler de Robert Duvergé ? Assurément un des artistes d’expression française les plus importants de l’île Maurice … ce qui ne l’empêche évidemment pas de chanter aussi en créole ! 

Alors plutôt que de me lancer dans de longues explications sur le parcours de cet artiste, prenez le temps d’en découvrir les principaux repères sur ces deux photos.

Ci-dessus celle qui figure dans la pochette du nouvel album, histoire d’en savoir un peu plus sur une carrière hors-pair débutée en 1964 par l’album “Si tu partais” : un enregistrement aux arrangements signés Gérard Cimiotti, figure incontournable de l’Histoire musicale de l’ile Maurice depuis plus de 50 ans !

Son récent décès à 75 ans a suscité de vives réactions auprès des innombrables artistes mauriciens ayant travaillé avec lui, dont Robert Duvergé qui raconte dans le magazine 5 Plus Dimanche : “Avec Gérard, c’est plus d’un demi-siècle d’amitié. On a fait toutes les scènes possibles de Maurice. Un musicien hors norme et quelqu’un d’une grande bonté. Je ne l’ai jamais vu en colère. Il n’hésitait jamais à “performer” gratuitement pour venir en aide à d’autres”;

Oui, voici plus de 50 ans que Robert Duvergé est un auteur-compositeur-interprète qui compte à Maurice. “Hier et aujourd’hui”, son précédent album, reprenait d’ailleurs quelques-unes des chansons marquantes de son répertoire.

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Une carrière unique ponctuée de nombreux albums
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En compagnie de Véronique Zuel-Bungaroo, Grace Gauthier, Carol Lamport, Linzy Bacbotte et Sophie Némorin. Photo parue dans “Essentielle”, le magazine de la Mauricienne

 

 12 CHANSONS ARRANGÉES PAR  JEAN-PIERRE AUFFREDO

Attention, une précision s’impose. Robert Duvergé m’en avait parlé en août 2016, lors de nos retrouvailles au Musée de la Photographie de l’ile Maurice créé par Tristan Bréville. En effet, contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre, “Le dernier train” n’est pas du tout son dernier album !

Véronique Zuel-Bungaroo, Linzy Bacbotte, Thierry Béchard, Audrey Poussin-Clain, Grace Gauthier, Sophie Némorin, Carol Lamport, etc : une vingtaine d’artistes participe à “Ode à l’Environnement”, dernier titre de cet album résultant de nombreuses collaborations.

Soit 70 personnes, dont les chœurs du Conservatoire Mitterrand (une quarantaine de membres) et deux groupes réunissant une quinzaine d’enfants. Sans oublier aux arrangements un complice de longue date, Jean Pierre Auffredo .

 

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“MON ÎLE, MON PAYS” : MÉLANGE DE PRIÈRES ET DE CULTURES”

“L’album s’achève sur une “Ode à l’environnement”, un hymne regroupant plusieurs générations sur un refrain en français et un long couplet aux accents de rap créole. Du genre à reprendre en choeur dans l’esprit de “We are the world”.

C’est un appel à la préservation de l’environnement, à la protection de la nature et au devoir civique en général, pour une île et un monde durable” précise Robert Duvergé en insistant sur un projet qui lui tient beaucoup à cœur : un clip à “porter au niveau des autorités pour viser à une diffusion nationale : télévision nationale, salles de cinéma, collèges et écoles, entreprises. Et tout cela en mars …  bien avant la journée mondiale de l’environnement du 5 juin 2017″.

Essentiellement connu en tant qu’artiste chantant en français, Duvergé n’oublie pas pour autant le créole auquel il fait la part belle dans cette “Ode à l’environnement” mais aussi dans un autre titre des plus positifs : “Bizin krwar”. Un efficace reggae entre langues française et créole pour insister sur le besoin de garder espoir malgré les douleurs de la vie (chômage, handicap, chimiothérapie, etc).

L’ile Maurice, Duvergé la célèbre avec entrain dans “Mon île, mon pays”. Une chanson très rythmée qui s’achève sur de joyeux cris et applaudissements … Belle déclaration d’amour pour son île de l’océan Indien indépendante depuis 1968 : “Le bonheur de vivre, c’est notre liberté/Et pour le progrès, cyber ou smart cité/Un état souverain, une république/Malgré les affres de la politique”.

Et le chanteur de préciser : “Je suis libre heureux dans mon pays/On peut y relever tous les défis/Mélange de prières et de cultures/Je vais où je veux sans raser les murs/ Des années nos couleurs flottent déjà/Belle histoire, tous unis et ça se voit/Droit devant l’océan, l’infini/Mon île, mon pays, plus que ça, mère patrie”.

 

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Avec la participation de jeunes Mauriciens, dont les petits-enfants de Gérard Cimiotti

 

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“BOND GIRL D’AMOUR” : ATTENTION DANGER !

Et voici que Duvergé se transforme en observateur amusé de l’évolution des mœurs. C’est avec humour qu’il se met dans la peau d’un séducteur en quête de rencontres virtuelles via internet.

D’où une “Bond girl d’amour” aussi attirante que mystérieuse célébrée sur un air de bossa … mais pour quel dénouement au juste ?

“Je n’l’avais encore jamais vu/ C’est là que tout a commencé/ Bonjour ça va, on a tchatté/ D’occasionnel à quotidien/ Les compliments jamais pour rien/Moi qui adore double zéro sept/Voici ma Bond girl sur le net/Elle a d’l’humour, elle est jolie/Rien à jeter, j’suis ébloui/Sa vie à elle je n’en sais rien/Tant pis je fonce on verra bien”.

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1991. Avec Gilbert Bécaud dans les coulisses de l’Olympia

 

 “J’AI VU BÉCAUD SIX FOIS À L’OLYMPIA ET DEUX FOIS EN CONCERT “

Passionné de Gilbert Bécaud qu’il a si souvent chanté ? Robert Duvergé l’est infiniment plus que vous ne l’imaginez !

“Gilbert Bécaud 15 ans déjà (18 décembre 2001) … et toujours là pour les inconditionnels comme moi. Je l’ai vu à l’Olympia en 6 fois (1988-1991) et en concert 2 fois (1980-1987). Je l’ai déjà posté, je le refais aujourd’hui encore. Chacun ses goûts, ses idoles, ses passe-temps. Je suis un inconditionnel de Gilbert Bécaud, et ces derniers jours, je me suis abreuvé de ses œuvres, ses musiques, ses chansons, je me sens regonflé à bloc” confiait-il récemment sur sa page Facebook.

Bécaud, et nombre d’autres artistes d’hier et d’aujourd’hui sont mis en valeur dans les émissions de radio de Robert Duvergé diffusées sur les ondes nationales.

Alors pas étonnant qu’il consacre une chanson d’une grande lucidité à ce qu’il appelle “Mon âge d’or” … avec deux refrains composés exclusivement de titres du répertoire français.

Une période si fertile en refrains qui n’intéressent pas la nouvelle génération : “Ils ne connaissent pas/ Montand, Ferré, Lama/Bécaud, Trenet, Mathieu/Ringards trop vieux/Les parents, les radios/N’offrent pas aux ados/Cette époque révolue/Pourtant qu’a tellement plu/Et dans trente ans ou plus/Un idiot comme moi sans plus/Débitera sa pensée/Son âge d’or au passé”.

 

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1991. Avec Gilbert Bécaud dans les coulisses de l’Olympia

 

“LES GENS DE LA POLITIQUE ? DES COMÉDIENS, DE VRAIS COMIQUES”

Et qu’en est-il du titre éponyme de cet album ?

“Le dernier train”, Robert Duvergé l’a composé après avoir chanté dans une maison de retraite. D’où l’idée de se mettre dans la peau d’un vieil homme qui n’attend plus rien de la vie :

“Et le temps passe encore/La mémoire au point mort/Cloué dans mon fauteuil/Des bribes de vie s’effeuillent/Personne ne vient me voir/Je n’suis plus beau à voir/S’ront pas nombreux demain/Quand je prendrai mon train”.

Toutes les chansons ne sont évidemment pas du même registre dans cet album émouvant et drôle, grinçant et provocateur. Politiquement incorrect pourrait-on affirmer dès le premier titre, “J’aime, j’adore” aux accents country …  “Un zeste de satire” selon Duvergé qui s’en prend avec plaisir à “la société en dérive devenue folie collective”.

“J’aime les gens de la politique/Ils nous balancent n’importe quoi/Des comédiens, de vrais comiques/Ils vivent en cliques et font leur loi/J’adore ce ‘ouf’ parler verlan/‘Chelou’ et ‘donf’ c’est effarant/Ils écrivent mal, regarde-les/C’est mal barré pour le français/J’aime ce banquier l’beau rôle tout l’temps/Calcul inique sensé t’aider/L’moment venu te rentre dedans/Toi tu perds tout, lui sans pitié”.

Cet album est un puzzle de 12 pièces dont chacune possède ses particularités.

Et si aucune chanson ne ressemble à l’autre, on peut y déceler bien des passerelles. Entre coups de gueule et coups de cœur, “Le dernier train” confirme, une fois de plus, la diversité du répertoire d’un artiste mauricien aux multiples inspirations tant en paroles qu’en musiques.

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Paroles et musiques du nouvel album sont toutes signées Robert Duvergé

 

L’ALBUM LE PLUS PERSONNEL D’UN INTENSE PARCOURS ARTISTIQUE

“Le dernier train” est incontestablement l’album le plus personnel de Robert Duvergé. Celui qui exprime avec le plus de nuances et d’intensité son parcours d’artiste, mais aussi – et surtout – d’homme à la croisées des chemins, aux réflexions partagées/déchirées entre hier et demain.

S’y glisse un regard aussi lucide qu’amusé sur les diverses étapes de la vie qui s’enchaînent trop vite dans “Tout a une fin” … 

Mais pas question de se replier sur soi, d’où “Droit devant” ….  texte de courage, de remise en question et d’espoir inspiré par “les minutes qui s’écoulent/Les jours qui passent vite/Semaines et mois déboulent/Ceux qui s’en vont trop vite/Mal qui érode et ronge/Les gens qui doutent et plongent/Mariages qui se font/Les couples qui se défont/Pourtant il faut continuer/Droit devant et avancer”.

Quant à “Miroir”, c’est une chanson à écouter plus d’une fois. Et Duvergé n’y chante pas. Il parle, se raconte, se confie avec bon sens. Et prend du recul avec une vie entre réussites et désillusions : “Quand je s’rai arrivé tout au bout du voyage/Quand j’entamerai ma toute dernière chanson/Le miroir m’renverra un tout autre visage/Le passé s’ra alors mon unique horizon”.

 

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VALÉRIE ET JEAN-FRANÇOIS : L’AMOUR PATERNEL A FLEUR DE PEAU

Impossible de passer sous silence deux titres. Ils occupent une place tout à fait particulière chez le chanteur, mais surtout le père de Valérie et de Jean-François.

D’où une vibrante “Valérie Symphonie” débutée tout en douceur … Duvergé exprime son amour paternel avec des mots si justes, empreints de tendresse : “C’était ce qu’un jour j’avais écrit/A ma fille pour ses quinze ans/Le temps a passé depuis/C’est une femme maintenant/Mais la chanson Valérie symphonie/Se conjugue toujours au présent”.

Et puis il faut bien écouter le texte de “L’un et l’autre”, un titre enraciné dans la douleur et le souvenir de son fils Jean-François.

D’abord il y a eu “Il est parti”, un livre paru chez Pamplemousses Éditions fondées par l’écrivain-journaliste-réalisateur Alain Gordon-Gentil. En l’occurrence le journal intime de Robert Duvergé rédigé depuis l’accident de son fils Jean-François survenu le 1er janvier 2007 jusqu’à son décès le 24 décembre 2011. Et bien plus encore … car il l y parle aussi de l’élan de solidarité suscité autour de ce drame. Soit 351 pages qui vous font entrer dans la vraie vie, celle qui est suspendue à un fil auquel on continue de croire, malgré tout. Jusqu’à l’irrémédiable.

D’où un poignant livre-témoignage synonyme de cinq ans de lutte. Celle d’un père, d’une famille qui va se battre pour son fils, grièvement blessé dans un accident ayant provoqué un traumatisme crânien le rendant inerte.

Suite logique du livre, voici le titre dédié aux deux Jean-François : “Lui, tant de projets d’avenir/ L’autre, qui n’avait rien vu venir/Lui, prêt au bonheur paternel/L’autre, espoirs gommés cruel/Lui, credo en la vie ma foi/L’autre sous les foudres de l’au-delà”.

Cette chanson, elle vous prend aux tripes, offerte avec des mots simples et directs. Et bouleversants d’authenticité.

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“DEUX ANS D’OBSTINATION ET SURTOUT NE JAMAIS DÉSESPÉRER”

Mener à bien un tel album ?  Assurément un long défi relevé par cet auteur, compositeur, interprète, producteur, distributeur, etc.

Une “histoire de passion” pour Duvergé : “Des mois ou même des années à écrire, corriger, réécrire, recorriger les textes afin de trouver la formule avec les mots les plus judicieux possibles. Des heures et des heures sur le clavier pour trouver enfin la bonne mélodie qui va se marier bien comme il faut aux paroles et essayer de la rendre agréable, attractive, belle, sensuelle, convaincante afin de plaire.

Oser faire TOUT tout seul, écrire, composer, planifier, éditer, produire, imaginer le bon modus operandi jusqu’au lancement de l’album. Surtout ne jamais désespérer, même si les portes de pas mal de sponsors vous restent fermées, sans aucune réponse et que le budget a du mal à tenir le coup. De nombreux échanges avec l’arrangeur, toujours le même en France, puis le studio, puis les choristes, et davantage pour réaliser “Ode à l’Environnement”.

Chercher la bonne photo (du même photographe), fournir au même “graphic designer” toutes les données pour une belle pochette. Pour le clip, imaginer le déroulement, convaincre les amis artistes, organiser le bon planning pour avoir tout le monde (70 personnes), cela a mis presque deux ans”.

Chapeau l’artiste !

TEXTE ALBERT WEBER

PHOTOS TRISTAN BREVILLE ET COLLECTION ROBERT DUVERGÉ

PAGE FACEBOOK DE ROBERT DUVERGÉ

CONTACT DE ROBERT DUVERGÉ :  beko@intnet.mu

Émissions de Robert Duvergé : “Entre vous et moi” mercredi de 21h à 23 h sur MBC Kool FM et “La chanson une si belle histoire” dimanche de 10h à 11h sur Radio Maurice AM 684 (heure mauricienne !)

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Décembre 2016. Concert “Songs for the Season” au Mahatma Gandhi Institute par le Conservatoire de Musique François Mitterand (Photo Tristan Bréville)
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Août 2016. Retrouvailles au Musée de la Photo à Port-Louis. Photo Tristan Bréville

 

“TOUT EST FINI DEPUIS LE DÉBUT” : PAUL BARBIERI OU LE “STRIP-TEASE DE L’ÂME”

Paul Barbieri ? Si ce nom n’évoque pas (encore) de souvenirs de concerts ou d’albums, pas étonnant. Car la voie choisie par cet auteur-compositeur-interprète n’est pas des plus évidentes pour retenir l’attention du grand public.

En témoigne son deuxième album, “Tout est fini depuis le début”, dont les 13 chansons illustrent l’univers doux-amer de cet inclassable créateur.

 

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GRAVITÉ EXTRÊME ET TENDRE IRONIE”

“C’est à 33 balais que, déjà un peu usé par l’impitoyable monde moderne, Paul vient désormais jeter à la face du monde ses chansonnettes mélancoliques et brumeuses. Alcool, poésie du XIXe et football restent ses principales sources d’inspiration.

Le voyage que propose Paul est troublant comme un strip-tease de l’âme. La poésie est rocailleuse, chaude, mélancolique et parsemée d’humour. Ainsi se mêlent gravité extrême et tendre ironie, un peu comme si le souvenir des jours heureux suffisait à illuminer le présent. De concert en concert, de clope en clope, de bière en bière, Paul avance dans le monde. “.

Pas très réjouissant comme “auto-présentation”, c’est certain !

Le répertoire de Barbieri est à déconseiller aux déprimés ayant envie et besoin de se remonter le moral. Alors sans tarder mettons les choses au point. Car d’emblée une précision de taille s’impose. Ici pas de mélodies entraînantes qui vous incitent à taper dans les mains.

Quant à retenir l’attention des “grands médias”, c’est pas gagné non plus. Mais croyez-moi, chez Barbieri, il y a bien autre chose que des paillettes aussi scintillantes qu’éphémères. Rencontre avec un auteur-compositeur-interprète nourri de références qui l’incitent à se surpasser.

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Strasbourg, novembre 2016, salut final d’un concert à domicile avec Thomas Valentin

 

 “DES ROUTES” : “UNE ÉTRANGE DÉMARCHE”

Pour vous situer le personnage, rappelez-vous par exemple les textes pas très joyeux du groupe Vendeurs d’Enclume. distillés par Valérian Renault.

L’intense réalisme de Barbieri fait parfois penser à Allain Leprest et à Mano Solo … deux des repères de cet artiste également sensible à Barbara et Rimbaud.

Voilà, le ton est donné à ce CD sorti courant novembre 2016. C’est la deuxième expérience solo pour Paul Barbieri. En 2014, il avait sorti un EP de six chansons dont le titre, “Des routes” peut aussi se changer au gré de votre humeur en “Déroute” !

“Merci à ma famille, mes potes et mes ex qui me soutiennent dans cette étrange démarche” avait alors indiqué le chanteur sur la pochette de cet enregistrement piano-voix réalisé avec Thomas Valentin qui y signait aussi les arrangements.

 

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 MUSICIENS : LE GRAND JEU

“Cette étrange démarche”, c’est aussi le fil conducteur de “Tout est fini depuis le début”. Paul Barbieri et Thomas Valentin ont remis ça avec ce nouvel album qui reprend “Vie de poète” et “Soupe de soleil”, deux chansons du premier enregistrement.

Mais attention, cette fois-ci Barbieri a sorti le grand jeu en mobilisant plusieurs autres musiciens …. ce qui colore cet album d’une ambiance douce-amère, très intimiste également. D’où ces 13 chansons déclinées avec force nuances en 47 minutes et 48 secondes…

“Plusieurs autres musiciens” ? Oui et pas des moindres à commencer par l’Ensemble Ethos clarinette, (violon, contrebasse, violoncelle, alto, violon). Ces musiciens professionnels diplômés de divers conservatoires, on les retrouve pour “Mon âme” et “L’amertume” : leurs cordes semblent apaiser, adoucir un lancinant mal de vivre chanté par Barbieri.

A ces musiciens s’ajoutent d’autres complices (guitare, batterie, percussions, harmonica) qui enrobent avec talent les sombres états d’âme de Barbieri … du genre “Je vocifère marin contre des vents de vide/ Des efforts de trop à l’océan avide/ Déridant les espoirs en un tapis d’argent/ je milite en rageant pour des drapeaux fanés/Aux couleurs du Néant”. (L’amertume”).

 

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 “AU LOIN LE SON D’UN BON VIEUX CHAMPIGNON”

Mention spéciale au climat suscité par “Ma tribu” sur laquelle Jeanne Barbieri pose sa voix. Une atmosphère à la fois désabusée et nostalgique, une lucidité arrosée par force alcools (cognac, armagnac, champagne, absinthe, eau-de-vie, champagne, etc)  …. alors que dans un “reste de whisky s’achèvent les plus belles utopies sans solution et sans réponse” !

L’autre chanson majeure, c’est évidemment “Champignon” ,  dont la première phrase donne le titre de l’album. Hé oui, ça va bien finir par péter et la planète va disparaitre puisque  “Tout est fini depuis le début” …

Alors comment s’occuper d’ici l’explosion finale ? 

Dans mon transat/ Vois, je m’épate/ J’entends au loin le son/ D’un bon vieux champignon” ! De quoi attendre la fin du monde, tranquillement allongé dans son transat “avec les dernières secondes qui seront les plus fécondes“.

Et pourquoi s’en faire … alors que “Dans nos gosiers, l’alcool et la fumée /Nous font rire/ Du monde désenchanté/ Qu’en finit pas d’crever” !

A noter dans les chœurs de ce  “champignon” destructeur, la participation de Paul D’Amour,  … ancien membre des Garçons Trottoirs et désormais lancé dans une aventure artistique en solo.

 

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 UNE MÉLANCOLIE TEINTÉE DE POÉSIE

Vous l’avez compris, c’est un album à ne surtout pas écouter si vous avez le blues … et un CD à prendre le temps de découvrir pour bien d’autres raisons …. une fois franchie la barrière des à-priori.

“Tout est fini depuis le début” reflète un univers où désillusion, mélancolie et mal de vivre se conjuguent sans cesse …. à l’instar de la poésie à fleur de peau de FredEmile Raymond : autre artiste (hélas) méconnu auquel j’avais consacré un portrait dans le trimestriel “Chorus, les cahiers de la chanson”.

Cette mélancolie, Barbier l’exprime aussi dans un autre registre, en reprenant “Je l’aime à mourir” de Cabrel. Une chanson qui ne figure pas sur cet opus … mais à découvrir ICI  … histoire d’écouter Barbieri sous un angle nouveau et cependant complémentaire de son nouvel album.

Alors pour en savoir sur cette personnalité étrange, il faut prendre le temps de discuter avec Barbieri. De l’inciter à se dévoiler … lui qui “a grandi avec les cassettes audio de ses parents (Georges Brassens, Pierre Perret, Barbara). Sous perfusion de langue française du côté de sa mère et de swing du côté de son père, l’adolescent mélancolique est balloté entre musique et poésie, entre piété mystique et fêtes populaires, entre philosophie et football de terroir“.

 

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 SCÈNES AVEC LA FANFARE PÉTARD, LARÉOSOL ET LA GARGAROUSSE

Passé par la faculté de musicologie et le conservatoire, Barbieri s’est d’abord lancé dans des aventures collectives avant d’avancer en solo. D’où nombre de scènes avec le groupe Laréosol (chanson française aux accents ska et rock!) où il s’affirme entre trompette, chant, claviers et aussi comme parolier.

Autre expérience avec La Fanfare en Pétard : ici pas de mélancolie à fleur de peau mais ’énergie des cuivres, quelques samples, du rap et une fusion hiphop, dub, jazz efficace” ! Un groupe qualifié d'”électro brass band” par ce créateur résolument loin des sentiers battus.

Sacré Paul ! L’artiste – que n’aurait pas renié Baudelaire et son spleen – vient de s’embarquer avec La Gargarousse avec Olivier et Julien Lindecker, et Hubert Kieffer : un groupe célébrant vin et poésie avec en guise de slogan “Qu’importe la chanson pourvu qu’on ait l’ivresse“.

 

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“CE PUTAIN D’ALBUM QUI M’A COUTÉ UN BRAS”

Dommage que le livret de ce nouveau CD ne présente pas tous les textes des toutes les chansons. N’y sont publiés intégralement que les paroles de “Poème dégueulasse” et “Pirogue”.

Barbieri a préféré glisser ici et là quelques extraits de textes, ainsi qu’ “un mélange de photos de films italiens des années 70 (qui évoquaient la décadence avec élégance) et de photos de mes grands-parents disparus entre 2010 et 2015″.

Oui vraiment dommage, car Barbieri a le sens de la formule poétique : “Regarde bien/Derrière l’éther/ Combien d’anges se terrent/ Jusqu’à l’armagedon/C’est un trou noir dans nos mémoires” (“Mon âme”).

Enregistré et mixé par Eric Gauthier-Lafaye au studio Downtown, À Strasbourg, entre juin 2015 et juillet 2016, cet album a été mastérisé par Robin Schmidt au studio 24-96 à Karlsruhe. S’il  a enfin pu sortir, c’est grâce à un financement participatif …. d’où ces propos de Barbieri : “Merci à toutes celles et ceux qui m’ont aidé d’une manière ou d’une autre à accoucher de ce putain d’album qui m’a coûté un bras”.

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 UN DOCUMENTAIRE RÉALISÉ PAR MARIETTE FELTIN

C’est sûr, Barbieri ne laisse pas indifférent. Soit on est conquis par son désenchantement poétique, soit on s’enfuit loin de ses idées noires.

Je m’en suis rendu compte lors de la première rencontre, samedi 23 janvier 2016, lors d’un concert à domicile auquel je m’étais rendu avec l’Acadienne Carol Doucet – incontournable professionnelle du milieu artistique francophone – de passage à Strasbourg.

Cette soirée ayant réuni une quarantaine de personnes, elle m’avait laissé sur ma faim, et malgré le talent de Paul Barbieri et de son pianiste Thomas Valentin, je n’avais pas vraiment accroché à cet univers des plus sombres.

Changement de perception le 12 novembre 2016 lors d’un nouveau concert à domicile. Toujours à Strasbourg et en compagnie d’une cinquantaine de personnes conquises par ces “chansons noires” … entrecoupées d’interventions parlées suscitant sourires et rires.

Cette excellente initiative aura permis d’alléger l’ambiance pessimiste distillée au gré des refrains et, c’est certain, de mieux apprécier ce répertoire.

A noter enfin que ce concert a été filmé par la cinéaste Mariette Feltin, en vue d’un documentaire “sans doute d’une heure” selon le chanteur qui ajoute : “Il devrait être prêt pour l’automne 2017″. Nous y reviendrons en temps voulu.

 

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A droite, dans l’ombre, la réalisatrice Mariette Feltin

 TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

En savoir plus ICI sur cet album et ICI sur Paul Barbier

Site de la réalisatrice Mariette Feltin

“SOUS MON CHAPEAU” D’ERIC FRASIAK, CHANTEUR LIBRE

Inutile de tourner autour du pot … euh du chapeau. “Sous mon chapeau”,  7ème CD d’Eric Frasiak, est une belle, une très belle réussite. Sans doute son album le plus personnel. Le plus intense aussi entre émotion et révolte, entre tendresse et coup de gueule.
 
Un CD où textes et musiques se conjuguent avec une efficace alchimie. Et chaque écoute de ces 15 chansons distillées en 61 minutes et 41 secondes est synonyme de nouvelle découverte. Avec ici et là divers clins d’oeil à sa vie, car cet opus est également le plus autobiographique.

 

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Patrick Leroux au violoncelle

UN AGENDA DES PLUS CHARGÉS

Mais attention ! Ne croyez surtout pas que Frasiak se regarde le nombril et ramène tout à lui.

Au fil des enregistrements et concerts face à des publics toujours croissants, il s’est forgé un répertoire entre introspection et démarche citoyenne.

Sans esbroufe et sans baratin, Frasiak poursuit son bonhomme de chemin en relevant en toute décontraction un défi permanent : conserver le public “acquis à sa cause” et retenir l’attention de  nouveaux passionnés.

Frasiak, c’est un marathonien. L’artiste agissant sur le long terme, sans se presser mais avec une détermination sans failles. Pas étonnant que depuis l’album “Itinéraires” en 2006, il aie participé à une incroyable quantité de tremplins, concours et autres prix. Voir TOUS les détails sur sa page wikipedia.

Cet agenda des plus chargés lui aura permis de chanter dans des lieux extrêmement variés, entre concerts à domicile, petites salles et grands espaces. D’où quantité de premières parties de Michel Bühler, Pierre Perret, Michel Fugain, Sanseverino, Hubert-Félix Thiefaine, Alain Bashung (mais oui), Paul Personne, Clarika, Les Wampas, Pauline Croze, et la liste n’est pas exhaustive.

 

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Steve Normandin

AVEC TALENT, DÉTERMINATION ET ENDURANCE

Grâce à cette immersion permanente un peu partout en France, voire au Québec grâce à un efficace complice nommé Steve Normandin – oui, l’infatigable l’Accordéoniste Voyageur qu’il aura rencontré pour la première fois à Saint-Pierre et Miquelon-  Frasiak a beaucoup vu, entendu, et appris.

Et c’est pas fini, loin de là : “Il y a une espèce de cercle vertueux qui fait que plus tu as de concerts, plus tu en fais. Je me débrouille tout seul. C’est le circuit court, directement du producteur au spectateur”

Au-delà de ces affirmations lancées au rédacteur en chef de FrancoFans, Benjamin Valentie qui lui consacre une double page dans le dernier numéro, une évidence s’impose : le capitaine Frasiak tient la barre de son bateau avec talent et détermination. Avec endurance aussi, à voir le nombre de dates annoncées sur son site.

Un drôle d’oiseau que ce Frasiak ! Car en plus d’exceller en tant qu’auteur, compositeur et évidemment interprète, il est aussi aux manettes pour TOUT ce qui se déroule en coulisses : enregistrement, mixage, réalisation… et même distribution via “Crocodile Studio” à Bar-le-Duc.

 

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Eric Frasiak, un artiste libre à tous les sens du terme. Photo Fred Mercenier

 

 “MON BÉRANGER”, “DIMEY PLURIEL” DVD ET RECUEIL DE PARTITIONS

Alors raison de plus de saluer comme il se doit ce nouvel album : rien que du Frasiak, à l’exception notable d’une reprise de Léo Ferré, “La solitude” !

Mais n’allez surtout pas croire qu’il n’y ait pas eu d’enregistrements depuis “Chroniques” sorti en 2012. En plus de “Mon Béranger”  (17 titres plus une chanson-hommage à son “maître à chanter”) en 2014, Frasiak s’est lancé dans une sacrée aventure collective avec l’album “Dimey Pluriel” réunissant 12 artistes et groupes de Haute-Marne.

Cette (superbe) initiative lancée par le journaliste-chanteur Anicet Seurre et relayée par Yves Amour, président du Festival Bernard Dimey, Frasiak en a assuré la direction artistique en 2015.

S’y ajoutent aussi un DVD de 21 titres enregistrés à Bar-le-Duc sorti en 2016 … sans oublier, en 2013, la parution d’un recueil de 27 partitions : les titres de “Parlons-nous” et “Chroniques”. Cet indispensable document pour qui veut chanter Frasiak est aujourd’hui épuisé.

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 DU CŒUR ET DE L’ESPRIT, DU BON SENS, DE L’AUDACE

Hé oui, voilà comment, en une dizaine d’années, Frasiak s’est affirmé comme une des voix majeures d’une chanson française qui a du cœur et de l’esprit, du bon sens, de l’audace.

En maîtrisant paroles que musiques (et technique), il est assurément seul maître à bord de ses choix artistiques. De ses décisions esthétiques quant à la pochette de ce nouveau CD bénéficiant d’un livret sobre et chic, sur fond noir … avec ici et là des chapeaux photographiés par Frasiak au gré des voyages en France et au Québec.

S’y ajoutent des photos de l’artiste siggnées Dominique Becker, Sebastien Cholier, Pierre Bureau, Frédéric Mercier et Chantal Bou-Hanna, créatrice du site Au doigt et à l’œil que je vous recommande (vivement) de découvrir.

On peut donc savourer ces 15 titres aussi bien en voiture que chez soi, en suivant les textes mot à mot. D’où certaines trouvailles évidement passées inaperçues lors de précédentes écoutes !

 

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Signée Chantal Bou-Hanna, une des photos de l’album

UN SON AUTHENTIQUE ET CHALEUREUX

Artisan, Frasiak l’est assurément. Mais du genre imaginatif et organisé, avec une évidente décontraction qui me surprend à chacune de nos retrouvailles.

Pas du genre stressé à la sortie de ce nouvel album. Loin d’une insolente certitude, Frasiak l’obstiné avance pas à pas. Sans relais des “grands médias” à l’exception de rares soutiens tels Philippe Meyer et son émission “La prochaine fois je vous le chanterai” hélas passée aux oubliettes sur France-Inter depuis septembre dernier.

Solitaire pour ses choix artistiques, il sait s’entourer d’efficaces complices, comme la quinzaine de musiciens et choristes mobilisés ici. Car “Sous mon chapeau”” c’est aussi un efficace travail d’équipe … d’où un son authentique et chaleureux, de la douceur, du rythme et de l’entrain avec accordéon, piano, guitares, violon, batterie, orgue, percussions, bugle, trompette, harmonica, clarinette, tambourin, violoncelle, etc. Assurément rien à voir avec un album en formule guitare-voix en quête de  relief.

 

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Benoit Dangien

DES VRAIS MUSICIENS POUR DE VRAIES CHANSONS

Ici place à de vrais musiciens pour de vraies chansons qui, plus d’une fois, vous donnent envie de chanter, de taper dans les mains…  Avec en prime Jérémie Bossone aux chœurs de “Migrant” mais aussi – et surtout – en duo dans le salutaire “Espèce de cons” : une de ces chansons aussi réjouissante que réaliste, sans langue de bois, que j’aimerai retrouver sur des radios “grand public”.

On peut rêver, non ? En attendant, j’espère que “Sous mon chapeau” (CD auto-produit à 5 000 exemplaires) bénéficiera d’un impact aussi important que l’album “Parlons Nous” sorti en 2009 et écoulé à 6 000 copies.

Alors que vous dire de cet album pour vous inciter à découvrir ce 7ème album ?

Premier constat : les textes ont, à mon sens, autant d’importance que les mélodies.

Place à un “univers mélangé de chansons sociales, chansons rebelles et chanson d’amour. Cet album parle du monde d’aujourd’hui et de la difficulté a y trouver sa place. Il y parle aussi beaucoup d’amour, l’amour comme seul rempart à la barbarie et la haine” comme l’explique Frasiak.

 “Moitié chanteur, moitié anar” : en se présentant ainsi dans le 1er titre, Frasiak se livre avec bon sens et réalisme aussi, regrettant ses cheveux d’Indien disparus “sous mon chapeau”. Et toujours ce besoin et cette envie d’avancer, avec en mémoire le souvenir de “mon père dans son camion parti trop tôt”.

 

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Raphaël Schuler

 

CHAQUE CHANSON A SON CARACTÈRE, SA PERSONNALITÉ

Sans donner de leçon, il passe en revue tant de réalités quotidiennes auxquelles nous sommes confrontées de visu ou via les médias.

Ici chaque titre a sa personnalité, son caractère drôle et grinçant (“C’est beau Noël”) ou révolté (“Espèce de cons”), enjoué et délicieusement subversif (“Cuisine politique”) ou d’une désespérante tragédie dans “la Russie de Poutine, la nostalgie de Staline” (“Colonie 6″).

Que de tranches de vie dans cet album ! Du migrant échappé de Libye au prisonnier de l’inhumaine terrible “Colonie 6″, de la société de con-sommation survoltée à l’approche de Noël, du poignant “Je suis humain” dédié aux “victimes de Charlie-Hebdo et de l’Hyper Casher et à toutes les victimes de la barbarie à travers le monde” …

… sans oublier la “Cuisine politique” des plus pimentées qui termine l’album en une jubilatoire apothéose. Une chanson de près de sept minutes avec quantité de références aux prétendants en lice aux prochaines élections présidentielles. Un kaléidoscope de portraits de politiciens  en décalage avec la vraie vie : “Dans nos restos du cœur, libres, égaux en fin de droits/ On rêve de jours meilleurs en digérant tout ça / Comme on compte pour des prunes faut nous lâcher la grappe / C’est jamais dans les urnes que le bonheur s’attrape”.

 

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Jean-Pierre Fara

 “MON PÈRE DANS SON CAMION PARTI TROP TÔT”

Fils d’un couple de Polonais arrivés en France en 1958, il se met dans la peau d’un “migrant”. Sans pathos mais avec une humanité à fleur de peau. Des mots aussi simples que tranchants : “Les côtes de Libye s’effacent/ Et mon espoir avec elles/ Si je vis, je ferai face/ Si je meurs, j’irai te rejoindre ma belle”.

Et puis il y a aussi le Frasiak plus personnel, plus secret qui entrouvre ici son jardin secret. Un jardin hélas à l’abandon depuis le décès de son père (“Le jardin de papa”) … oui ce père qui fut routier … d’où un émouvant “44 tonnes” dédié “A Romän et aux routiers de L’Air Bleu (et d’ailleurs… “).

Intense description aussi de cette fameuse “ville de l’Est” à laquelle il demeure si attaché malgré ses envies d’évasion :”Des fois je rêve d’Espagne, d’Amérique ou d’ailleurs / De plages ou de montagnes pour y poser mon cœur / Mais mon avenir est là, où veux-tu donc que j’aille / Ils ont besoin de moi et j’aime  leurs batailles“. Un de ces titres-choc, à l’instar de “Monsieur Boulot”…

Cet album est aussi des plus travaillés au niveau des textes. D’où une une ambiance toute particulière comme “Je t’écris” aux nombreuses trouvailles littéraires. Pas de jeux de mots gratuits pour faire joli mais de quoi susciter un climat teinté de confidences : “Je t’écris au temps imparfait / De ce passé décomposé / Tu vas me trouver un peu barge / J’ai toujours été dans la marge”.

C’est sûr, chaque chanson pourrait inspirer un clip, notamment  “T’as c’qu’il faut'” et “De l’amour , des fétiches” (“Je lègue mon corps à sa science”) … deux titres qui vous emmènent vers des territoires autant poétiques qu’érotiques …

De quoi inspirer plus d’un réalisateur pour des images qui, évidemment, vont bien plus suggérer que détailler : “La nudité souvent s’affiche / Des seins, des fesses un peu partout / La beauté est tellement plus riche/ Quand elle ne nous montre pas tout”.

 

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Jérémie Bossone

 DUO DÉCAPANT AVEC JÉRÉMIE BOSSONE

Peut-être, oui peut-être que mes deux titres préférés sont “Espèce de cons” … énergique et décapant duo avec Jérémie Bossone : “Ça s’agenouille, ça prie des dieux/ Mais faut qu’ç zigouille dès qu’ça peut/ Ça inquisitionne, ça croisades / Ça colonise et ça djhiad”

… et aussi “Hôtel Richelieu” ; magnifique évocation du temps qui s’enfuit, des rêves et des utopies de jeunesse enfouis, et puis la nouvelle génération de “loulous un peu rebelles” qui, à son tour, fréquente cet “Hôtel Richelieu” que nous avons tous connu. A l’instar des personnages, eux aussi haut en couleurs, des bourgeois immortalisés par Brel.

Je dis bien “peut-être” … car l’un des atouts de cet album c’est justement de vous faire changer de “chansons préférée” au gré des écoutes !

 

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Philippe Gonnand (basse) Olivier Baldissera (batterie)

 

 “DES TRUCS QUI FONT CHIALER OU QUI GUEULENT DANS LE VENT DES CYCLONES”

“Sous mon chapeau” ? Un opus plein de coups de cœur, de coups de gueule aussi. Avec toujours l’élégance des mots et la maîtrise de mélodie qui ne peuvent laisser indifférent celui/celle qui aime la chanson.

“Ici pas de manichéisme malsain, ni de refrains pour vous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais attention, les “chansons frasiakiennes” n’ont rien à voir avec des pamphlets ravageurs et pessimistes sur notre pauvre planètes où tout va mal, entre chômage croissant ou sur nos années qui s’enfuient trop vite“.

Rédigés en 2013 dans la préface du recueil de partitions, ces mots résonnent aujourd’hui avec encore davantage de pertinence ici “Sous mon chapeau”.

Plus que jamais bravo Monsieur Frasiak pour vos “trucs qui font chialer ou qui gueulent dans le vent des cyclones”. Plus que jamais restez fidèle à Ferré, Béranger, et aussi (et surtout) vos choix artistiques et vos valeurs. Loin du cirque médiatique, et sensible à une “chanson de proximité” conjuguant amitié, rébellion, utopie et humanisme.

Aujourd’hui plus que jamais, Frasiak est un CHANTEUR LIBRE qui connait BIEN le prix de sa liberté. A tous les sens du terme comme le confirme avec éclat sa discographie à compte d’auteur assurée sans aucune subvention. Le seul soutien, c’est celui d’un public au rendez-vous de ses concerts et sorties d’albums.

Albert Weber

Photos collection Eric Frasiak

Site d’Eric FRASIAK

A retrouver en direct vendredi 6 janvier de 13h à 14 h au micro de Guy Zwinger dans “Je viens vous voir” sur RNC Nancy.

NOUVEL ALBUM DE YAO : “LAPSUS” RÉVÉLATEUR … D’UN TALENT SANS FRONTIÈRES

 Certains artistes francophones d’Amérique du Nord sortent incontestablement de l’ordinaire, par leur parcours personnel, leurs choix artistiques, leur présence scénique. Et aussi par leur liberté de création qui se joue des frontières à tous les sens du terme.

Yao fait partie de ces voix qui savent émouvoir, faire réfléchir, et danser aussi. LAPSUS, son 3ème album solo sorti en six ans, met en évidence un créateur des plus inspirés. Explications.

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MÉTISSAGE, UNE FORCE INCONTESTABLE

Sur la scène francophone de l’Ontario, Yaovi Hoyi alias Yao surprend à bien des égards. Ses racines, elles s’affirment multiples aussi bien dans sa vie personnelle qu’artistiques, et ce métissage, il en a fait une force qui éclate avec brio dans les 44 minutes et 49 secondes de LAPSUS.

Cet album résulte d’un double travail : d’abord l’envie et le besoin de créer. Une volonté écrire qui donne libre cours à son imagination, ses rêves et ses remises en question aussi, en utilisant un vocabulaire riche, inspiré. 

Et puis il y a le travail d’équipe, mené à bien avec une demi-douzaine de compositeurs, et une poignée de musiciens (synthés, batterie, guitares, etc). D’où un album de 13 titres, offerts en solo … avec selon les titres la participation de plusieurs voix telles Julie-Kim Beaudry, Cathy Vallières, Peter O’lean, Gabriel Whiting, Céleste Lévis, F.L.O. etc.

 

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Novembre 2016. Avec F.L.O. pour “Comme eux” durant le lancement du CD à Ottawa

 

DES TEXTES A SUIVRE A LA TRACE

Dans cette province canadienne où la langue française est minoritaire – à la différence du Québec – le choix de chanter en français est un acte tout aussi militant qu’artistique pour Yao … invité fin novembre 2016 aux célébrations du XVIe Sommet de la Francophonie, à Antananarivo, la capitale de Madagascar. De quoi – une fois de plus et dans des circonstances totalement inédites – affirmer un répertoire des plus percutants et des plus poétiques aussi.

Car il faut bien reconnaître que trois ans après son précédent album, “Perles et Paraboles”, la veine créatrice de Yao est plus performante que jamais avec LAPSUS : un opus bénéficiant d’une superbe pochette très classe, et un livret qui l’est tout aussi, à la fois sobre et raffiné. Avec en prime les textes à suivre à la trace tout en écoutant l’album … c’est du moins ce que j’ai fait après m’être passé à plusieurs reprises cet opus en voiture !

 

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9 novembre 2016, entretien sur Radio-Canada  pour le lancement de l’album à Ottawa

 

REFUS DE LA FATALITÉ ET APPELS AU BON SENS

Ah les textes de Yao …

Il faut bien en dire un mot de ces textes, souvent longs – voire très longs comme “Étrange absurdité” ! Autant d’émotions et d’observation, d’appels au bon sens et à la tolérance, au refus de la fatalité et aux dangers du mimétisme (“Comme eux”). Vous savez, quand la personnalité est enfouie, niée au profit de comportements adoptés pour “être comme les autres”…

S’y glissent aussi d’autres thèmes, tel la déchirure sentimentale évoquée ici d’une manière originale (“L’amour et la guerre”) … la séduction aux allures de coup de foudre (“Échec et mat”) … la dépendance amoureuse (“Dans le sang”) …

Et voilà comment l’on en arrive à ce drôle de paragraphe mis en évidence dans le livret de l’album : “Prisonnier des LAPSUS que j’ai DANS LE SANS, je suis devenu NOMADE. Et cela, au risque d’un ÉCHEC ET MAT dans ce jeu de L’AMOUR ET LA GUERRE. Je ZIGZAG dorénavant cette ÉTRANGE ABSURDITÉ d’une douce FOLIE A DEUX. Te cherchant au milieu des INTERFÉRENCES. S’il te plait, PARLE-MOI. Que je sois enfin K.O. en me voyant COMME-EUX, dans des éclats de nos RÊVES D’ENFANTS”.

 

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 UN ALBUM PERCUTANT ENTRE POÉSIE ET SLAM 

Impossible d’enfermer ce” poète slameur” – appellation la plus courante en vigueur pour cet artiste – dans un seul registre.

Originaire du Togo, il a vécu en Côte d’Ivoire avant de trouver sa voie au Canada, depuis 17 ans. Là à vivre au rythme du monde, de ses rythmes, il n’y a qu’un pas franchi en toute décontraction dans cet album de 13 titres.

LAPSUS, réalisé comme “Perles et Paraboles” par Sonny Black, serait-il un album “plus soul, un peu plus funk, un peu plus pop” ? Oui si l’on en croit les médias canadiens mais l’essentiel se situe ailleurs à mon sens. Dans l’énergie verbale et physique dépensée en studio et sur scène par Yao apprécié à plusieurs reprises en pleine action … comme lors d’une mémorable et trop courte “vitrine musicale” à la FrancoFête à Moncton.

L’amour des mots, la passion d’une langue intensément belle, Yao ne les cultive pas seulement pour son petit plaisir. A travers ses choix artistiques il n’oublie jamais d’affirmer haut et fort les valeurs d’un métissage qui le concerne d’autant plus qu’il se définit comme “roux et métissé”.

Mention spéciale pour une diction qui met en valeur des textes dont il varie le rythme au gré des couplets comme dans “Parle-moi” également porté par la voix forte et frissonnante de Cathy Vallières … ou encore “Interférences” offert dans un efficace duo avec l’intense Julie-Kim Beaudry.

 

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 “MON ANOMALIE PARADOXALE”

Ayant eu la chance de découvrir, à Ottawa, durant Contact-Ontario, des extraits de son spec­tacle de poésie théâ­trale inti­tulé Négri­tude et Métis­sage, j’ai encore mieux compris l’authenticité de l’engagement de Yao.

Sa sensibilité envers des voix et des plumes telles que Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire ou Daniel Maximin en disent long sur un artiste qui n’est pas seulement préoccupé par l’envie de “faire carrière”.

Passionné par les musiques et les chansons, il l’est aussi par l’écriture, la littérature, la philosophie. Et évidemment le métissage dans lequel s’enracinent en permanence sa vie personnelle et son œuvre.

C’est “mon anomalie paradoxale” comme il l’explique dans un long texte où l’on croise entre autres Voltaire et Epictète, Le Petit Prince de Saint-Exupéry et Albert Camus … Sans oublier Angela Schwindt qui déclare : “Alors que nous essayons d’enseigner la vie à nos enfants, nos enfants nous montrent ce qu’est la vie” .

Ce texte des plus intéressants, on peut le retrouver à la fin du long article consacré à Yao en janvier 2014, suite à un entretien réalisé Place du Châtelet à Paris.

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Juin 2013, Festival de Petite-Vallée, Gaspésie. Le “magicien des mots” Yao en compagnie du parolier Marc Chabot et de l’auteur-compositeur-interprète Bori

 

UN COUSIN D’ABD-AL-MALIK A FAIRE CONNAITRE EN FRANCE

En avril 2013, après avoir vu Yao pour la première fois sur scène, au Centre National des Arts à Ottawa, je l’avais qualifié de cousin d’Abd-al-Malik dans un article intitulé “Le poids des mots, le métissage des rythmes”.

“Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.

S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes.

Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre”.

Aujourd’hui je ne retire rien de ce premier constat, heureux de suivre l’évolution d’un créateur qui aime se jouer des frontières, comme le confirme si intensément son nouvel album.

Yao a la tête bien sur ses épaules, et c’est en toute connaissance de cause – comme évoqué un jour durant une longue conversation au Village en Chanson de Petite-Vallée à qu’il a, voici quelques années, abandonné “une belle carrière” toute tracée dans le milieu de la banque pour “devenir artiste”. Un sacré choix de vie assurément !

 

“J’ÉTAIS PICASSO DEVENU BAUDELAIRE”

Avec ce 3ème opus lancé en novembre à Montréal et Ottawa, Yao vient de franchir une nouvelle étape tant sur le fond que la forme de ses créations.

Alors à quand une meilleure visibilité en France ? Car il a vraiment TOUT pour retenir l’attention du grand public, et son titre “FOLIE A DEUX” est un des exemples les plus percutants, dansants aussi.

“J’étais Picasso devenu Baudelaire” lance Yao dans “Interférences”, plus ouvert que jamais à l’expression artistique sous diverses formes.

Mis en valeur dans le livret, cette affirmation résume bien une des voix majeures de la chanson francophone efficacement soutenue par l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique : “une référence incontournable de la musique franco-canadienne”.

“LAPSUS”, un album à découvrir, c’est évident.
Yao, un artiste à suivre, à encourager.

Albert WEBER

SITE DE YAO

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“TOUS AU LIT !” : UN JOYEUX CONTE MUSICAL A DORMIR DEBOUT AVEC MARIANNE JAMES

Question du jour : comment endormir les enfants ? Vaste interrogation sans aucun doute que nous avons tous connue, vécue, subie … en tant qu’anciens enfants ou comme parents !

Et si le remède-miracle venait d’un CD  de 55 minutes et d’un livre aux expressifs dessins signés Soufie et au titre des plus encourageants : “Tous au lit !’ ‘

Vous souriez ? Alors laissez-moi vous expliquer.

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Un intense travail d’équipe, une aventure tant amicale que familiale

 Le déclic de cette aventure artistique est né d’un constat, d’une évidence. “Dans 99,99 % des foyers, l’heure du coucher qui souvent vire au cauchemar”.

Hé oui, comme elle sait (très) bien de quoi elle parle, Valérie Bour a fait travailler autant son imagination que ses souvenirs.

D’où cette histoire écrite avec la complicité de Marianne James … oui la chanteuse-musicienne-comédienne-humoriste-animatrice de télé … et notamment inoubliable créatrice de personnages hauts en couleurs tels  Ulrika von Glott, la diva allemande plutôt déjantée ou bien Miss Carpenter, l’actrice hollywoodienne en quête de rôle.

Et la voici dans un autre rôle, celui de Tatie Jambon qui doit user et abuser de force stratagèmes pour endormir les enfants interprétés par Léonie et Adrien Buffet. Pas facile d’arriver à ses fins malgré les interventions tour à tour rassurantes et drôles, douces et exaspérées de cette tatie qui ne manque ni de bagout ni de suggestions : des histoires de princesses au yoga, en passant par le défilé de moutons voire l’hypnose !

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Dessin de Soufie extrait du livret de 36 pages

 

 11 CHANSONS POUR TROUVER LE SOMMEIL

Tatie Jambon; Douce lumière; Il était une fois; Le yoga du rire; Le chant des baleines; Les Hommes; Cher Mouton; Tout coton; Viens dans la voiture; Le temps des grands; Le musée amusé …

L’invitation au sommeil est déclinée en une douzaine de titres aux accents slow, rock, bossa, avec un zeste d’ambiance tropicale et des clins d’oeil aux sixties … entrecoupés par les interventions de Tatie Jambon  Figure de proue médiatique de cette aventure, Marianne James y est entourée d’une joyeuse bande de musiciens unie par des liens amicaux et familiaux.

Les textes de Valérie Bour sont mis en musique par Sébastien Buffet et Philippe Bégin, réalisateurs  et arrangeurs du CD …. Et également en studio pour interpréter un gardien de la paix (“Viens dans la voiture”) et le “gardien du musée amusé”.

Les deux compères  participent aussi à l’album comme musiciens, en compagnie de Stéphane Chausse, Didier Havet, Didier Perrin … sans oublier Valérie Bour pour “les sabots de cheval” !

Certes, ce “conte musical à dormir debout” bénéficie de l’extravertie personnalité d’une Marianne James, très convaincante comme Tatie Jambon à la fois idéale et farfelue. Mais il résulte aussi d’une sacrée complicité  dans laquelle s’est  glissée l’auteur-compositeur-interprète Romain Lemire dans le surprenant personnage de “Charles-François Tremblay du Badelaine” !

 

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Marianne James et Sébastien Buffet

EFFICACE ALCHIMIE AVEC ENTRAIN ET HUMOUR

Plusieurs créateurs-auteurs-musiciens-artistes mobilisés autour de “Tous au lit” se sont retrouvés l’an dernier pour une autre aventure également destinée au jeune public : “un conte musical au coeur des océans” réunissant Marianne James, Jacques Gamblin, Kent, Agnès Jaoui, etc. Voir article sur Les symphonies subaquatiques.

“Tous au lit !”, c’est le symbole d’une efficace alchimie entre imagination et talent, avec beaucoup d’entrain et d’humour aussi, le tout saupoudré de bon sens.

Mention spéciale au livret de 36 pages qui ne se contente pas de reproduire les paroles des chansons illustrées par l’imaginative Soufie.

S’y glissent en fin d’ouvrage quelques questions à lancer aux enfants qui ne dorment pas : pourquoi ronfle-t-on ? Pourquoi baille-t-on ? Combien de temps peut-on tenir sans dormir ? Qu’est-ce que le somnambulisme ?  A quoi servent les rêves ?

Et si jamais vous n’avez toujours pas réussi à endormir vos enfants, rendez-vous sur la page voisine avec diverses expressions sur le sommeil à associer à une liste de huit mots ou expressions à compléter du genre : Tomber dans les bras de ? Ou bien “Comme on fait son lit” …

Bref vous l’aurez compris. Avec “Tous au lit!” paru aux Éditions des Braques il y a de quoi écouter et lire, chanter aussi … et même se creuser un peu les méninges avant de trouver ENFIN le sommeil.
Assurément une authentique réussite artistique à partager avec des enfants .. de tous âges si le cœur vous en dit.

TEXTE ALBERT WEBER
PHOTOS SITE “TOUS AU LIT!”

VIDÉOS ET PHOTOS SUR LE SITE “TOUS AU LIT !”

PAGE FACEBOOK DE “TOUS AU LIT !”

SITE DES ÉDITIONS DES BRAQUES

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Le yoga du rire sera plus efficace que les autres solutions trouvées par Tatie Jambon ?

 

 

CHANSON : CONTE MUSICAL AU CŒUR DES OCÉANS AVEC “LES SYMPHONIES SUBAQUATIQUES” !

Voici un CD et un livre que je vous recommande vivement tant pour le sujet abordé que la poignée de talents qui s’est jetée à l’eau à l’invitation de l’inspirée Valérie Bour (dialogues, textes de chansons) et co-scénariste avec Sophie Bernardo.

Oui, bienvenue au fond des océans en compagnie de … mais oui … Dominique A (Phoébus, le dauphin) ; Kent (Herman, le cachalot) ; Laure Calamy (narratrice) ; Jacques Gamblin (Jack, le mérou); Marianne James (Sheila, la pieuvre); Agnès Jaoui (Sissi, la sirène) , Simon Teglas (Adrien, l’enfant qui sait parler sous l’eau) et nombre d’autres artistes !

Tout ce petit monde a plongé dans une incroyable aventure artistique vraiment pas comme les autres menée à bien pour les enfants de tous âges !

À l’occasion d’une plongée sous-marine, Sophie Bernado et Hugues Mayot, tous les deux musiciens, ont l’idée d’un conte pour enfants dans lequel il serait question de musiques qui permettraient aux humains de se reconnecter au monde marin.

65 MINUTES DE VRAI RÉGAL

Pris par leur travail, ils confient à Valérie Bour le soin d’imaginer et d’écrire l’histoire née d’une parole d’enfant (“C’est super, j’ai rêvé que je chantais sous l’eau, sur le dos d’un cachalot !”) et … le fil est donné pour la suite : Les Symphonies Subaquatiques prennent forme !

D’une durée totale de 65 minutes, ce conte musical écologique est un VRAI RÉGAL !

Sur un sujet qui aurait pu être austère (la protection des océans), Valérie Bour et ses complices s’en donnent à cœur joie dans un feu d’artifices de rythmes : jazz, disco, gospel, bossa nova, techno, rythme tropical, pop, berceuse, etc.

Réussies autant sur le fond que la forme, ces étonnantes ” Symphonies Subaquatiques” bénéficient d’un site très fourni avec quantité d’informations , de sons, de vidéos, sans oublier une partie pédagogique “pour en savoir plus sur les océan . Un superbe site à découvrir ICI .

Un album (et un livre aussi) à mettre ASSURÉMENT entre toutes les oreilles et toutes les mains EN FRANCE ET AUSSI DANS L’ESPACE FRANCOPHONE.

Envie d’en savoir plus sur ces coulisses de ce projet ?

De découvrir les paroles des chansons ?

VOIR ICI LE SITE DES SYMPHONIES SUBABAQUATIQUES
VOIR AUSSI LE SITE DES ÉDITIONS DES BRAQUES

Albert WEBER

https://www.youtube.com/watch?v=iGsAcq3umbk&feature=youtu.behttp%3A%2F%2Fwww.lessymphoniessubaquatiques.com%2F

ONTARIO/JAZZ : POUR JANIE RENÉE “L’EDEN EST UN BAZAR”

Début mars 2015 sera enfin disponible -L’Eden est un bazar”, 3ème enregistrement de l’auteur-compositrice-interprète interprète Janie Renée. Rencontre avec une attachante artiste franco-ontarienne à la fois fragile et sûre d’elle, aux textes inspirés mis en valeur par des mélodies inédites enracinées dans sa passion du jazz, mais pas que …

Oui, après le CD  Les Valises (12 chansons originales) lancé en Octobre 2012, puis le single “Comme un Blues Tattoo” sorti en janvier 2015, Janie Renée se lance dans une nouvelle aventure qui n’est pas seulement artistique.

LE DÉFI DES PRODUCTIONS DE L’INCONVENTIONNELLE 

Premier constat : il en faut du courage, de l’audace, de la persévérance pour s’aventurer dans un registre synonyme d’exigence. S’il est vrai que la musique nourrit Janie Renée depuis son enfance, pas évident du tout de s’affirmer en Ontario, voire au-delà dans le jazz francophone.

Mais il n’y a pas là de quoi la décourager, et c’est sous son label des Productions de l’Inconventionnelle/ Les Disques Mme – qu’elle a sorti ses trois opus bénéficiant de la distribution de l’APCM : l‘Association des professionnels de la chanson et de la musique, une des structures majeures de la chanson francophone en Ontario.

Et je dirai même vitale pour les talents francophones de cette vaste province du Canada (deux fois la France! ) ne demandant qu’à s’épanouir. D’où ce qualificatif de “fragile” employé à dessein, car Janie Renée a évidemment pris elle-même les choses en main pour créer et s’affirmer.

Son entreprise  Les Productions de l’Inconventionnelle figure parmi la dizaine d’entreprises franco-ontaroises mobilisées autour de l’IPIMFO : l’Initiative de promotion internationale de la musique francophone de l’Ontario dont les initiatives ont constitué un des temps forts du récent Contact Ontarois accueilli par Ottawa du 13 au 16 janvier 2016.

Ces repères me semblaient importants à  évoquer, pour bien situer le contexte dans lequel évolue cette artiste francophone dans une province canadienne à majorité anglophone. Il aurait été évidemment bien plus facile pour sa carrière de  “chanter en anglais” en reprenant les incontournables standards.

“LA VÉRITÉ, C’EST QUE J’ÉCRIS DES CHANSONS DEPUIS MON ENFANCE”

Mais voilà, Janie Renée Myner (qui a retenu ses deux prénoms en guise de pseudonyme) est têtue et  chante en français ses propres chansons. Allez savoir pourquoi se compliquer ainsi la vie ! Assurément une question d’identité franco-ontarienne, d’amour pour la langue française tout simplement.

Une langue qui l’incite aux confidences suivantes : “Telle une alchimiste, je concocte des potions multiples, tirées de mon quotidien, de mes mémoires et de ma vie. La vérité, c’est que j’écris des chansons depuis mon enfance. En plus de saupoudrer d’humour les situations loufoques dont je suis témoin, je traduis mes humeurs, mes pensées et je les accompagne de musique. J’affectionne particulièrement le blues et le jazz. Alors ne vous surprenez pas de lire ou d’écouter des textes mordants, parfois comiques, parfois sérieux– ce sont toutes des facettes de moi”.

Janie Renée n’est ni Québécoise ni Acadienne, que ce soit bien clair. Et elle revendique haut et fort ses origines : “Je  tient mes racines de l’Est-Ontarien, plus précisément de St-Eugène, un petit coin de l’Ontario français qui vivote allègrement, loin des pressions des villes et qui résonne toujours au diapason de la terre et des saisons”.

Sa trajectoire artistique, elle la place résolument hors des autoroutes rectilignes et des recettes à appliquer à tout prix. Chez elle, un évident besoin d’authenticité va de pair avec l’envie de chanter la vie, les petits soucis, les déchirures (“Loin de toi, loin de moi”, les situations qui prêtent à sourire, les comportements qui donnent à réfléchir aussi.

Car au-delà des mots qui font mouche, comme ses délirantes “Mémés Versace”, elle sait s’y prendre pour émouvoir et faire rire.

D’où ces 12 chansons dont elle a signé tous les textes et la majorité des musiques aussi, exception faite de “L’embuscade” (avec Didier Lozano); “Ma biguine” (avec Ronald Tulle). Et Léo Laroche qui cosigne le texte de “La semeuse d’histoires”.

Quand on prend vraiment le temps d’écouter “L’Eden est un bazar”, on est agréablement surpris tant par le fond que la forme. A commencer par le soin apporté à l’enregistrement. S’il est vrai que les arrangements des cuivres signés Mark Ferguson occupent une place essentielle sur cet opus, Janie Renée s’est entourée d’une sacrée brochette de musiciens.

Leur nombre et leur diversité témoignent du défi relevé par cet album aux multiples sonorités : guitares (Louis Trudel); contrebasse (Jean-François Martel); batterie (Magella Cormier” ); percussions (Joanna Peters); piano (Michel Ferrari); trombone (Mark Ferguson); trompette (Nicholas Dyson); saxo et clarinette (Mike Tremblay).

C’est dans la chanson “D’Adam et d’Eve” qu”il faut déceler l’origine du titre de l’album : l’artiste est bien décidée à “rester Eve” dans ce texte aux accents oniriques, où “le piège, c’est le refus de garder les yeux clos”. Donc “L’Eden est un bazar” avec ses sous-entendus, ses situations vécues en songe, ses “jeux d’ombres” et ses “fresques de vertu”.

Certaines chansons  pourraient tout à fait inspirer un clip des plus expressif,  comme “La goguette du Chat Noir”, “Le diner solitaire” ou bien “Les Mémés Versace” , ces “vieilles greluches en mission”qui ont passé l’âge des diètes” décrites de manière très expressive sur un rythme de tango.

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ENTRE CHANSON, JAZZ, SAMBA, BIGUINE … ET TANGO

Pas étonnant donc qu’elle qualifie de “jazz hybride” le registre dans lequel elle s’épanouit.

Remarquée en juin 2014 au Festival en chanson de Petite-Vallée alors qu’elle participait aux Rencontres qui chantent, Janie Renée se situe vraiment à part dans la chanson franco-ontarienne.

Et impossible de l’enfermer dans un seul registre : un des atouts de cet opus, c’est justement de ne pas s’en tenir au jazz, mais se laisser porter aussi par d’autres couleurs musicales. Et de s’aventurer aussi notamment du côté de la samba et des rythmes antillais avec “Ma biguine” et “Don Quichotte”.  Sans parler du dernier titre, ” Tout Simplement” : un duo avec le chanteur-musicien martiniquais  Tony Chasseur .

Surprenante escapade ?

Pas vraiment puisque Janie Renée a effectué en Martinique une résidence d’artiste axée sur la polyrythmie avec deux maitres percussionnistes, en septembre et octobre 2015. D’où plusieurs concerts donnés dans ce département français d’outre-mer, avant de séjourner à Paris dans le cadre du MAMA (Marché des musiques actuelles) avec la délégation de l’IPIMFO.

Ces dernières années, elle a ainsi participé à diverses délégations de l’IPIMFO, loin de son Ontario natal, dont le Womex (World Music Expo) à Budapest en octobre 2015 et les BIS (Biennales internationales du spectacle) en janvier 2016 à Nantes.

“RESSEMBLANCES NOTABLES ENTRE ARTISTES DES ANTILLES ET CEUX DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE HORS QUÉBEC”

Cette indispensable ouverture d’esprit sur des événements professionnels s’avère primordiale pour elle, tant comme artiste évoluant entre chanson, jazz et musiques du monde que créatrice des Productions de l’Inconventionnelle.

Et de se rendre (hélas) compte que les mêmes obstacles sont à surmonter, qu’on vive en Ontario ou en Martinique. D’où ce constat sur dans son expérience antillaise, au contact des artistes antillais :

“Que ce soit des diatribes sur les « étiquettes » qu’on impose aux artistes, sur un constat du manque de développement de nos industries musicales respectives, bref….y’a des ressemblances notables entre les artistes d’ici et ceux de la francophonie canadienne hors Québec.  On est largement auto-produits, on a les mêmes embuches à la commercialisation, les mêmes réactions face au streaming et à la disponibilité des produits artistiques de façon non-règlementée (et surtout peu payantes) sur le web….  Cette réalité là, elle nous colle à la peau”.

En attendant l’ouverture de son nouveau site, je vous incite à retrouver cette attachante artiste franco-ontarienne sur internet, notamment au gré de ses vidéos de concerts.

Histoire d’aller bien au-delà de la pochette du nouveau CD qui n’exprime pas avec justesse les diverses facettes de sa personnalité. Un album aux 12 chansons ORIGINALES au sens fort du terme à savourer sans modération.

Albert Weber

Photos Claude Brazeau (CD et portrait)

Photos Johanne Boisvert (chapeau)

 www.janierenee.com

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Mars 2016

  1. J’ai dû

  2. D’adam et d’Ève

  3. Don Quichotte

  4. Mon Jazz à Moi

  5. L’Embuscade

  6.  

  7. Loin de Toi, Loin de Moi

Comme un Blues Tattoo

Janvier 2015

8. Les Mémés Versace
9. Ma Biguine
10. La Semeuse d’Histoires 11. Le Diner Solitaire
12. Tout Simplement (Bonus Track– Duo avec Tony Chasseur)

 

DISCOGRAPHIE

L’Éden est un Bazar

Mars 2016

  1. J’ai dû

  2. D’adam et d’Ève

  3. Don Quichotte

  4. Mon Jazz à Moi

  5. L’Embuscade

  6. La Goguette du Chat Noir

  7. Loin de Toi, Loin de Moi

Comme un Blues Tattoo

Janvier 2015

8. Les Mémés Versace
9. Ma Biguine
10. La Semeuse d’Histoires 11. Le Diner Solitaire
12. Tout Simplement (Bonus Track– Duo avec Tony Chasseur)

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  1. L’Embusca