ONTARIO/JAZZ : POUR JANIE RENÉE “L’EDEN EST UN BAZAR”

Début mars 2015 sera enfin disponible -L’Eden est un bazar”, 3ème enregistrement de l’auteur-compositrice-interprète interprète Janie Renée. Rencontre avec une attachante artiste franco-ontarienne à la fois fragile et sûre d’elle, aux textes inspirés mis en valeur par des mélodies inédites enracinées dans sa passion du jazz, mais pas que …

Oui, après le CD  Les Valises (12 chansons originales) lancé en Octobre 2012, puis le single “Comme un Blues Tattoo” sorti en janvier 2015, Janie Renée se lance dans une nouvelle aventure qui n’est pas seulement artistique.

LE DÉFI DES PRODUCTIONS DE L’INCONVENTIONNELLE 

Premier constat : il en faut du courage, de l’audace, de la persévérance pour s’aventurer dans un registre synonyme d’exigence. S’il est vrai que la musique nourrit Janie Renée depuis son enfance, pas évident du tout de s’affirmer en Ontario, voire au-delà dans le jazz francophone.

Mais il n’y a pas là de quoi la décourager, et c’est sous son label des Productions de l’Inconventionnelle/ Les Disques Mme – qu’elle a sorti ses trois opus bénéficiant de la distribution de l’APCM : l‘Association des professionnels de la chanson et de la musique, une des structures majeures de la chanson francophone en Ontario.

Et je dirai même vitale pour les talents francophones de cette vaste province du Canada (deux fois la France! ) ne demandant qu’à s’épanouir. D’où ce qualificatif de “fragile” employé à dessein, car Janie Renée a évidemment pris elle-même les choses en main pour créer et s’affirmer.

Son entreprise  Les Productions de l’Inconventionnelle figure parmi la dizaine d’entreprises franco-ontaroises mobilisées autour de l’IPIMFO : l’Initiative de promotion internationale de la musique francophone de l’Ontario dont les initiatives ont constitué un des temps forts du récent Contact Ontarois accueilli par Ottawa du 13 au 16 janvier 2016.

Ces repères me semblaient importants à  évoquer, pour bien situer le contexte dans lequel évolue cette artiste francophone dans une province canadienne à majorité anglophone. Il aurait été évidemment bien plus facile pour sa carrière de  “chanter en anglais” en reprenant les incontournables standards.

“LA VÉRITÉ, C’EST QUE J’ÉCRIS DES CHANSONS DEPUIS MON ENFANCE”

Mais voilà, Janie Renée Myner (qui a retenu ses deux prénoms en guise de pseudonyme) est têtue et  chante en français ses propres chansons. Allez savoir pourquoi se compliquer ainsi la vie ! Assurément une question d’identité franco-ontarienne, d’amour pour la langue française tout simplement.

Une langue qui l’incite aux confidences suivantes : “Telle une alchimiste, je concocte des potions multiples, tirées de mon quotidien, de mes mémoires et de ma vie. La vérité, c’est que j’écris des chansons depuis mon enfance. En plus de saupoudrer d’humour les situations loufoques dont je suis témoin, je traduis mes humeurs, mes pensées et je les accompagne de musique. J’affectionne particulièrement le blues et le jazz. Alors ne vous surprenez pas de lire ou d’écouter des textes mordants, parfois comiques, parfois sérieux– ce sont toutes des facettes de moi”.

Janie Renée n’est ni Québécoise ni Acadienne, que ce soit bien clair. Et elle revendique haut et fort ses origines : “Je  tient mes racines de l’Est-Ontarien, plus précisément de St-Eugène, un petit coin de l’Ontario français qui vivote allègrement, loin des pressions des villes et qui résonne toujours au diapason de la terre et des saisons”.

Sa trajectoire artistique, elle la place résolument hors des autoroutes rectilignes et des recettes à appliquer à tout prix. Chez elle, un évident besoin d’authenticité va de pair avec l’envie de chanter la vie, les petits soucis, les déchirures (“Loin de toi, loin de moi”, les situations qui prêtent à sourire, les comportements qui donnent à réfléchir aussi.

Car au-delà des mots qui font mouche, comme ses délirantes “Mémés Versace”, elle sait s’y prendre pour émouvoir et faire rire.

D’où ces 12 chansons dont elle a signé tous les textes et la majorité des musiques aussi, exception faite de “L’embuscade” (avec Didier Lozano); “Ma biguine” (avec Ronald Tulle). Et Léo Laroche qui cosigne le texte de “La semeuse d’histoires”.

Quand on prend vraiment le temps d’écouter “L’Eden est un bazar”, on est agréablement surpris tant par le fond que la forme. A commencer par le soin apporté à l’enregistrement. S’il est vrai que les arrangements des cuivres signés Mark Ferguson occupent une place essentielle sur cet opus, Janie Renée s’est entourée d’une sacrée brochette de musiciens.

Leur nombre et leur diversité témoignent du défi relevé par cet album aux multiples sonorités : guitares (Louis Trudel); contrebasse (Jean-François Martel); batterie (Magella Cormier” ); percussions (Joanna Peters); piano (Michel Ferrari); trombone (Mark Ferguson); trompette (Nicholas Dyson); saxo et clarinette (Mike Tremblay).

C’est dans la chanson “D’Adam et d’Eve” qu”il faut déceler l’origine du titre de l’album : l’artiste est bien décidée à “rester Eve” dans ce texte aux accents oniriques, où “le piège, c’est le refus de garder les yeux clos”. Donc “L’Eden est un bazar” avec ses sous-entendus, ses situations vécues en songe, ses “jeux d’ombres” et ses “fresques de vertu”.

Certaines chansons  pourraient tout à fait inspirer un clip des plus expressif,  comme “La goguette du Chat Noir”, “Le diner solitaire” ou bien “Les Mémés Versace” , ces “vieilles greluches en mission”qui ont passé l’âge des diètes” décrites de manière très expressive sur un rythme de tango.

janie_renee_myner_middle_42737

ENTRE CHANSON, JAZZ, SAMBA, BIGUINE … ET TANGO

Pas étonnant donc qu’elle qualifie de “jazz hybride” le registre dans lequel elle s’épanouit.

Remarquée en juin 2014 au Festival en chanson de Petite-Vallée alors qu’elle participait aux Rencontres qui chantent, Janie Renée se situe vraiment à part dans la chanson franco-ontarienne.

Et impossible de l’enfermer dans un seul registre : un des atouts de cet opus, c’est justement de ne pas s’en tenir au jazz, mais se laisser porter aussi par d’autres couleurs musicales. Et de s’aventurer aussi notamment du côté de la samba et des rythmes antillais avec “Ma biguine” et “Don Quichotte”.  Sans parler du dernier titre, ” Tout Simplement” : un duo avec le chanteur-musicien martiniquais  Tony Chasseur .

Surprenante escapade ?

Pas vraiment puisque Janie Renée a effectué en Martinique une résidence d’artiste axée sur la polyrythmie avec deux maitres percussionnistes, en septembre et octobre 2015. D’où plusieurs concerts donnés dans ce département français d’outre-mer, avant de séjourner à Paris dans le cadre du MAMA (Marché des musiques actuelles) avec la délégation de l’IPIMFO.

Ces dernières années, elle a ainsi participé à diverses délégations de l’IPIMFO, loin de son Ontario natal, dont le Womex (World Music Expo) à Budapest en octobre 2015 et les BIS (Biennales internationales du spectacle) en janvier 2016 à Nantes.

“RESSEMBLANCES NOTABLES ENTRE ARTISTES DES ANTILLES ET CEUX DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE HORS QUÉBEC”

Cette indispensable ouverture d’esprit sur des événements professionnels s’avère primordiale pour elle, tant comme artiste évoluant entre chanson, jazz et musiques du monde que créatrice des Productions de l’Inconventionnelle.

Et de se rendre (hélas) compte que les mêmes obstacles sont à surmonter, qu’on vive en Ontario ou en Martinique. D’où ce constat sur dans son expérience antillaise, au contact des artistes antillais :

“Que ce soit des diatribes sur les « étiquettes » qu’on impose aux artistes, sur un constat du manque de développement de nos industries musicales respectives, bref….y’a des ressemblances notables entre les artistes d’ici et ceux de la francophonie canadienne hors Québec.  On est largement auto-produits, on a les mêmes embuches à la commercialisation, les mêmes réactions face au streaming et à la disponibilité des produits artistiques de façon non-règlementée (et surtout peu payantes) sur le web….  Cette réalité là, elle nous colle à la peau”.

En attendant l’ouverture de son nouveau site, je vous incite à retrouver cette attachante artiste franco-ontarienne sur internet, notamment au gré de ses vidéos de concerts.

Histoire d’aller bien au-delà de la pochette du nouveau CD qui n’exprime pas avec justesse les diverses facettes de sa personnalité. Un album aux 12 chansons ORIGINALES au sens fort du terme à savourer sans modération.

Albert Weber

Photos Claude Brazeau (CD et portrait)

Photos Johanne Boisvert (chapeau)

 www.janierenee.com

Janie- cover eden est un bazar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

Mars 2016

  1. J’ai dû

  2. D’adam et d’Ève

  3. Don Quichotte

  4. Mon Jazz à Moi

  5. L’Embuscade

  6.  

  7. Loin de Toi, Loin de Moi

Comme un Blues Tattoo

Janvier 2015

8. Les Mémés Versace
9. Ma Biguine
10. La Semeuse d’Histoires 11. Le Diner Solitaire
12. Tout Simplement (Bonus Track– Duo avec Tony Chasseur)

 

DISCOGRAPHIE

L’Éden est un Bazar

Mars 2016

  1. J’ai dû

  2. D’adam et d’Ève

  3. Don Quichotte

  4. Mon Jazz à Moi

  5. L’Embuscade

  6. La Goguette du Chat Noir

  7. Loin de Toi, Loin de Moi

Comme un Blues Tattoo

Janvier 2015

8. Les Mémés Versace
9. Ma Biguine
10. La Semeuse d’Histoires 11. Le Diner Solitaire
12. Tout Simplement (Bonus Track– Duo avec Tony Chasseur)

D

  1. L’Embusca

ACADIE : EN MÉMOIRE DE MARC CHOUINARD …

Le 24 février 2015, soit un an jour pour jour après la chanteuse Angèle Arsenault, l’Acadie a perdu un autre de ses piliers, Marc Chouinard.

Emporté par un cancer à l’âge de 62 ans, il a rejoint le poète acadien Gérald LeBlanc.

Marc Chouinard aura été bien plus que le directeur du Théâtre Capitol à Moncton, Nouveau-Brunswick,  durant 15 ans.

Militant aux multiples projets et réalisations,  il aura vécu au rythme de très nombreuses manifestations culturelles en Acadie. Et il a contribué à l’essor de nombreux artistes, dont le groupe 1755 dont il aura assuré la gérance à ses débuts.

En mémoire de ce pionnier de la culture acadienne, voici une série de photos inédites prises samedi 7 novembre 2015 dans les coulisses et sur la scène du Théâtre du Capitol, à Moncton durant la soirée Showinard clôturant la 19ème FrancoFête en Acadie. 

 

thumb_IMG_4579_1024

thumb_IMG_4580_1024

thumb_IMG_4582_1024
 
thumb_IMG_4585_1024
 
thumb_IMG_4590_1024
 

thumb_IMG_4591_1024

thumb_IMG_4593_1024

thumb_IMG_4594_1024

thumb_IMG_4596_1024

thumb_IMG_4598_1024

thumb_IMG_4604_1024

thumb_IMG_4607_1024

thumb_IMG_4610_1024

thumb_IMG_4616_1024

thumb_IMG_4627_1024

 

thumb_IMG_4631_1024

thumb_IMG_4639_1024

thumb_IMG_4642_1024

thumb_IMG_4648_1024

thumb_IMG_4653_1024

thumb_IMG_4658_1024

thumb_IMG_4663_1024

 

thumb_IMG_4667_1024

thumb_IMG_4670_1024

thumb_IMG_4676_1024

thumb_IMG_4689_1024

thumb_IMG_4692_1024

thumb_IMG_4699_1024

thumb_IMG_4701_1024

thumb_IMG_4703_1024

thumb_IMG_4713_1024

thumb_IMG_4719_1024

thumb_IMG_4726_1024

 

ARTICLE PARU VOICI UN AN SUR MA PAGE FACEBOOK AVEC QUATRE PHOTOS

L’ACADIE EN DEUIL

DISPARITION DE MARC CHOUINARD

C’est avec une vive émotion que j’ai appris ce mardi soir, le décès de Marc Chouinard , par un amical courriel de Louis Doucet.

“Notre gardien de la culture acadienne, Marc Chouinard, n’a pas survécu à son cancer et nous a quittés au coucher du soleil en ce 24 février . Un bien grand vide dans l’espace culturel d’ici”.

Ah Marc … quel infatigable et chaleureux militant culturel de la première heure, dès les années 70, avec Roland Gauvin et ses compères du groupe mythique 1755, et tant d’autres Acadiens dont le regretté Gérald Leblanc.

J’ai eu la chance de rencontrer l’ami Marc dès la première FrancoFête en Acadie pour la première fois en novembre 1999, en compagnie de Maurice Segall.

Marc s’occupait alors d’une agence de communication à Moncton, et m’a tout de suite parlé avec enthousiasme de l’importance de la chanson acadienne dont je ne connaissais alors pas grand-chose.

C’était avant que Marc ne devienne directeur général du Capitol (salle incontournable de la culture acadienne et de la francophonie du Nouveau-Brunswick) et … membre de l’Ordre du Canada !

A chacune de mes annuelles participations (sauf en 2014) à la FrancoFête en Acadie, nous nous retrouvions avec plaisir pour de spontanés échanges plein de bon sens et d’humour.

En novembre 2011, venu à Moncton avec Jacques Schleef (créateur et directeur du festival Summerlied en Alsace) Marc nous avons accueilli avec une spontanéité qui nous a fait chaud au cœur.

Et durant deux bonnes heures, il nous a fait découvrir avec force explications, les coulisses de son cher Capitol, des coulisses à la charpente jusqu’à la terrasse avant de continuer la discussion dans son bureau !

Notre dernière rencontre remonte à novembre 2013, durant Coup de coeur francophone à Montréal. pour un concert acadien savouré en sa compagnie, partageant une table (et une bière ou deux) ) avec lui et Laurent Comeau, autre ami acadien emporté l’an dernier par un cancer….

Il est tout à fait INCONTESTABLE que la nouvelle génération d’artistes acadiennes – Lisa LeBlanc , Les Hay babies , Caroline Savoie et tous les autres talents de la relève acadienne – sont parvenus à une certaine notoriété grâce à un contexte de création artistique francophone désormais bien enraciné en Acadie, et notamment au Nouveau-Brunswick : et ce contexte favorable à l’expression francophone doit évidemment beaucoup à l’efficace obstination militante de pionniers comme Marc Chouinard.

Sincères condoléances à Carole Chouinard et toute la famille de Marc. Et à tous ceux – artistes ou non – qui se sentent aujourd’hui A JUSTE TITRE orphelins en Acadie et ailleurs dans le monde.

 

11018195_778560322225124_1088679091598309984_n

11017684_778560408891782_1144762224545420690_n

11001923_778566148891208_3648527159093374300_n

11026148_778560348891788_1901452359033180697_n

DANS L’ACADIE NOUVELLE

UN DESTIN AU SERVICE DE L’ACADIE

Marc Chouinard a eu ses premières expériences dans le domaine des arts de la scène au début des années 1960 à Campbellton.

Il a travaillé aussi à Montréal notamment pour le club mythique les Foufounes électriques, pour l’Orchestre symphonique de Montréal et le Festival international rock de Montréal avant de revenir s’établir en Acadie. Récipiendaire de l’Ordre du Canada en 2011, il est l’un des initiateurs de la FrancoFête, du Festival de l’humour HubCap, du Circus Stella.

Et il a œuvré à de nombreux événements comme les Sommets de la Francophonie, la Fête de la musique, l’Association de la musique de la côte Est, le Conseil des arts du N.-B, Acadie Rock, le Festival Frye, le volet culturel francophone des Jeux olympiques 2010 et le Congrès mondial acadien.

Il a démarré de nombreux projets pour ensuite passer le flambeau à d’autres personnes.
Sylvie Mousseau, L’Acadie Nouvelle, 25 février 2015


05_marc_chouinard-1web-625x357

10922595_785099114904578_1032828490057482977_n

10347177_785099224904567_4288125591564663824_n 11044499_785100238237799_6897834831277957462_n

CULTURE ACADIENNE : MARC CHOUINARD LES PERSONNALITÉS DE L’ANNÉE 2013 

1530440_565933323487826_426127316_n

EXTRAIT DU TEXTE PRONONCÉ AU NOM DE LA DÉLÉGATION INTERNATIONALE

 “Bon, mon cher Marc, ça me fait très bizarre de te parler ce soir en me trouvant ici sur la scène du Capitol chez toi dans ce lieu dont tu as été l’âme et la conscience.

Oui, je n’aurai jamais imaginé que je m’adresserai à toi un jour dans de telles circonstances au nom de la délégation internationale.

Nous nous sommes rencontrés à la 2ème FrancoFête avec celui qui était un de nos amis communs : je veux parler de Maurice Segall. Nous ne nous sommes jamais perdus durant toutes ces années. Tu as toujours été disponible, attentif, attentionné.

Je te transmets le salut fraternel de Jacques Schleef, créateur du Festival Summerlied en Alsace”.

 

20151107_230132
PHOTO Alizé BARTH

 TEXTE ET PHOTO ALBERT WEBER

“L’HOMME DE LA MANCHE” : JEAN-MICHEL PITON EST BERNARD DIMEY.

Stature et barbe imposantes, voix tour à tour percutante et intimiste : Jean Michel Piton a fait salle comble ce vendredi 27 mars 2015 au Forum Léo Ferré.

11038941_796723267075496_5786401501655520047_o

En route pour un voyage à la fois tendre et réaliste au cœur de l’œuvre de Bernard Dimey : assurément une grand première au sens fort du terme …. avec cette création enracinée dans les mots du poète de Montmartre célébré avec une savoureuse gourmandise.

11088983_796724523742037_8845332422353246210_o

NATHALIE FORTIN- BERTRAND LEMARCHAND : EFFICACES COMPLICES

Pas de temps mort pour “L’homme de la manche”, attachant “divertissement poétique” où le chanteur-comédien s’en donne à cœur joie en se glissant dans la peau de Dimey.

D’où une série de textes connus ou non, offerts avec un évident plaisir par un artiste aux yeux brillants de bonheur ..

… et avec l’efficace complicité de la pianiste Nathalie Fortin et de l’accordéoniste Bertrand Lemarchand, ancien complice d’Allain Leprest. Deux discrets musiciens dont la présence enrobe à merveille les textes de Dimey et la voix de Piton dans un registre à vraiment vous donner la chair de poule.

Car dès les premiers mots, Piton met l’assistance dans sa poche, bien avant de s’emparer d’un livre de Dimey dont il reprend quelques savoureuse citations qui font réagir la salle …

… et bien avant l’apparition d’une bouteille; fraternel clin d’œil à celui qui a raconté avec talent et jouissance l’ivresse et les ivrognes, mais aussi les destins saccagés par les coups durs de la vie.

11083942_796722793742210_5772781415596755752_n

INTENSE GESTUELLE ET EXPRESSIVE INTONATION

Et c’est dans l’évocation de ces existences meurtries, et si souvent raccrochées au passé enjolivé et aux souvenirs sans cesse rabâchés (avec ou sans képi de légionnaire) que Piton émeut sans mièvrerie et avec conviction.

Ici pas de concert au sens strict du terme mais une plongée aux accents réalistes dans le destin d’un créateur qui aura toujours parlé, agi, vécu en homme libre.

Et ce vendredi soir face à un public tour à tour attentif et enthousiaste en fin de spectacle, Jean-Michel Piton a visé dans le mille.

Il EST Dimey, tant par son intense gestuelle que son expressive intonation, son évidente aisance scénique et sa maîtrise sans failles d’un texte parlé, murmuré, chanté aussi.

10401871_796723083742181_6056373416588038250_n

“JE VAIS M’ENVOLER” EN RAP !

Piton-Fortin-Lemarchand : un trio magique qui colore les textes de Dimey avec une approche originale, respectueuse du texte original évidemment et cependant teintée de surprises, comme “Je vais m’envoler” offert aux accents d’un rap (mais oui !).

Ici et là des notes jazzy viennent se glisser dans un spectacle où l’intense regard de Jean-Michel Piton apporte un incontestable plus.

Espérons que “L’homme de la manche” – création accueillie avec enthousiasme par Gilles Tcherniak au Forum Léo Ferré – bénéficiera d’autres représentations à Paris et en province.

Voire d’un enregistrement audio-visuel. Franchement Dimey méritait une telle initiative. Et Piton AUSSI. Je rêve d’un CD-DVD reprenant ce percutant et émouvant “Homme de la manche”.

11101407_796723040408852_6091511550024489099_n

11083973_796723280408828_6222191642239395738_o

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

ARTICLES ET VIDÉOS SUR JEAN-MICHEL PITON SUR LE SITE NOTRE SENTIER PRODUCTION : CLIQUEZ ICI

ILE MAURICE : KAYA … 17 ANS APRÈS, SES MOTS SONT TOUJOURS DES ARMES

MERCI au site d’informations  7 Lames la mer créé par mes amis réunionnais Nathalie Legros et Geoffroy Géraud Legros pour la publication, le 20 février 2016, de cet article sur le chanteur mauricien Kaya.
Ce site sans langue de bois, consacré aux “réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde”, est partenaire de www.planetefrancophone.fr
 Le 21 février 1999 est un jour sombre dans l’histoire de l’île Maurice.
Au petit matin de ce « bloody Sunday », Kaya est retrouvé mort au fond de sa cellule, le crâne ouvert… 17 ans après, l’inventeur du seggae est devenu la figure emblématique d’un combat qui se poursuit pour plus de justice et de paix au sein de la société mauricienne.
Un documentaire de Michel Vuillermet, réalisé en 1992, retrace le parcours hors norme de Joseph Réginald Topize, alias Kaya.

« Ratsitatane avait les armes. Moi, j’ai des mots, j’ai la musique ». Celui qui parle ainsi est considéré comme l’inventeur du seggae. Le Mauricien Kaya (en hommage à l’album de Bob Marley), de son nom Joseph Réginald Topize, est mort à 39 ans, il y a 17 ans, dans les geôles mauriciennes, en 1999.

Au petit matin du dimanche 21 février, il est retrouvé au fond de sa cellule, baignant dans son sang, le crâne ouvert.

La tête contre les murs…

Quelques jours auparavant, il avait été arrêté pour avoir fumé de la marijuana sur scène, lors d’un concert organisé en faveur de la dépénalisation du cannabis.

Les circonstances de sa mort restent troubles : décès provoqué par une fracture du crâne selon les sources officielles qui affirment alors qu’il se serait blessé ainsi en se tapant la tête contre les murs parce qu’il était « en manque ».

PNG - 1.1 Mo
Photo : ilemauricekaya.free.fr

Une bande dessinée sanglante

Libération avait titré à l’époque : « Kaya mort, Maurice à vif ». Lors de ce terrible épisode, l’île Maurice connaît de violentes émeutes : pillages, incendies, routes coupées, au moins cinq morts…

Percy Yip Tong, ami et producteur de Kaya, déclara le jour de son enterrement : « C’est le bal des hypocrites, une bande dessinée sanglante ».

 

PNG - 540.5 ko
Photo : ilemauricekaya.free.fr

Ce petit rasta à la voix et au toucher de guitare magiques…

Le Créole Kaya et son groupe « Racine Tatane » prônaient une société dé-communalisée et cristallisaient un nouvel élan pour une conscience nationale mauricienne.

Dans une île Maurice en proie aux tensions entre communautés, la popularité de Kaya et son engagement contre les inégalités sociales ont scellé son tragique destin.

Percy Yip Tong résume le talent de Kaya par ce souvenir, lors de la première rencontre : « Une pièce minuscule, dix rastas entassés, un son crade et des instruments pourris, mais quel rythme ! C’était nouveau, ça vous tapait dans les reins, et puis il y avait ce petit rasta à la voix et au toucher de guitare magiques… » (Source : jahmusic.net)

7 Lames la Mer

Un site dédié à Kaya : ilemauricekaya.free.fr

7 MARS 1917 : LE PREMIER DISQUE DE JAZZ … IL Y A 99 ANS

Il y a 99 ans, le 7 mars 1917, un disque 78 tours du groupe « Original Dixieland Jass Band » est mis sur le marché par la « Victor Talking Machine Company ».

Ce 78 tours sera considéré comme le premier disque de jazz. Dans ce début de 20ème siècle, la société américaine est dominée par une ségrégation raciale dont les répercutions n’épargnent pas la musique : parmi les cinq musiciens qui enregistrent ce premier disque de jazz, on ne trouve aucun Noir.

 

capture_d_e_cran_2016-03-07_a_03.58.52_resultat-fc19b

L’histoire commence à Chicago, le 26 février 1917, dans les studios du label « Victor Talking Machine Company ». L’orchestre « Original Dixieland Jass Band » (ou « Original Dixieland Jazz Band »), composé de cinq musiciens — cornettiste, clarinettiste, pianiste, batteur, tromboniste — bouleverse le monde de la musique en enregistrant le premier disque de jazz.

Il s’agit d’un 78 tours avec deux morceaux : « Livery Stable Blues » et « Dixie Jass Band One Step ».

Le 7 mars 1917, il y a 99 ans, ce premier disque de jazz est mis sur le marché et remporte un certain succès — un million et demi d’exemplaires vendus — même si les puristes jugent ce « jazz plutôt ordinaire, pour ne pas dire médiocre, comparé à celui des grands jazzmen noirs de l’époque ».

 

capture_d_e_cran_2016-03-07_a_03.54.48_resultat-07179

À l’origine de cet « enregistrement historique » de 1917, cinq musiciens de la Nouvelle Orléans — et, ironie de l’histoire, tous blancs… — : Nick La Rocca (cornet), Larry Shields (clarinette), Eddie Edwards (trombone), Henry Ragas (piano) et Tony Sbarbaro (batterie).

Le durcissement des lois « Jim Crow » sur la ségrégation raciale en Louisiane, dans les années 1890, agira comme un frein sur le développement du jazz : « Les musiciens professionnels de couleur ne furent plus autorisés à se produire en compagnie de musiciens blancs ».

 On situe généralement l’apparition du jazz — musique issue de la culture afro-américaine et de l’esclavage — précisément à La Nouvelle-Orléans dans le delta du Mississippi, à la fin du 19ème siècle ou au début 20ème siècle selon les sources.

Si l’« Original Dixieland Jazz Band » est resté gravé dans l’histoire du jazz pour les raisons que l’on connaît, en revanche, par la suite, l’orchestre ne connaîtra plus de véritable succès et disparaitra en 1925, dissout par Nick La Rocca, frappé par une profonde dépression.

Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître à l’« Original Dixieland Jazz Band » d’avoir largement contribué à populariser le mot « jazz » dès 1917.

7 Lames la Mer

capture_d_e_cran_2016-03-07_a_03.59.59_resultat-5fcec
“Livery Stable Blues” (partition de 1917 de Alcide Nunez and Ray Lopez) : un des deux morceaux du premier disque de jazz. Le dessin est particulièrement représentatif des stéréotypes racistes de l’époque.

MERCI au site d’informations  7 Lames la mer créé par mes amis réunionnais Nathalie Legros et Geoffroy Géraud Legros pour la publication, le 7 mars 2016, pour cet article sur le premier disque de jazz.

Leur site sans langue de bois est consacré aux « réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde » et partenaire de www.planetefrancophone.fr

MORAN-CARBOU : FRATERNELLE COMPLICITÉ QUÉBECOISE A BEAUCOURT

Ce soir-là ils ont bravé l’hiver, le verglas, le froid. Ils ont délaissé le petit écran et la légitime envie de demeurer chez soi, bien au chaud.

Pourquoi diable sont-ils venus à un concert privé mettant en valeur Moran, assurément un des artistes majeurs de la chanson québécoise, et cependant encore un illustre inconnu en France ?

Sans doute parce qu’ils font totalement confiance à Luc et Sylvie Renaud, organisateurs de la 5ème soirée « Chansons en chaussons » accueillie mardi 8 mars 2016 dans la véranda de leur grande maison. Retour sur une soirée québécoise assurément fertile en (belles) surprises.

IMG_2628
Beaucourt sous la neige : ça n’a pas découragé le public du 5ème concert “Chansons en chaussons” …

Cette confiance, elle est d’autant plus légitime que Luc et Sylvie Renaud occupent une place tout à fait à part dans l’histoire artistique et culturelle de Beaucourt. A l’automne 2016 va débuter la 40ème saison de la Maison Pour Tous dirigée par Luc depuis ses débuts !

Installée dans le Foyer Georges Brassens, la Maison pour Tous de la Ville de Beaucourt offre non seulement un vaste choix d’activités d’animations, d’ateliers et de stages à pratiquer : chanson, voix, photo, menuiserie, couture, voyages, théâtre, yoga, etc.

En effet, elle propose aussi une véritable saison culturelle, en organisant des spectacles, des concerts et des expositions tout au long de l’année. Et ce n’est pas tout puisque ce couple d’enseignants désormais retraités s’est aussi lancé dans une autre aventure : organiser des concerts chez eux dans leur vaste véranda !

IMG_2660
Quelques minutes avant le concert, Moran vient de confier sa guitare à une spectatrice visiblement ravie de ce geste

 

5ème “Chansons en chaussons” chez Luc et Sylvie Renaud

Alors quand Luc et Sylvie Renaud ont battu le rappel pour le concert de Moran accompagné par Thomas Carbou, les réponses ne se sont pas fait attendre. Et même si quelques-uns se sont désistés au dernier moment vu la météo peu propice à sortir, le couple aura tout de même réuni une quarantaine de personnes chez eux.  Et AUCUNE d’entre elles n’avait jamais entendu parler de Moran !

Le principe de la soirée, c’est de laisser ses chaussures dans le couloir, de mettre ses chaussons et de s’installer au gré de son envie sous l’accueillante véranda aux nombreuses chaises.

En guise de mot de bienvenue, avant de présenter les deux artistes québécois, Luc Renaud a annoncé la prochaine soirée “Chansons en chaussons” prévue le 22 juin avec Éric Frasiak. Il a aussi évoqué le concert des sœurs Boulay à la Maison pour Tous le 7 octobre.

Vu leur succès lors d’une précédente soirée sous la véranda, les deux artistes de Gaspésie ont retenu l’attention du comité de programmation de la MPT. Un comité des plus sollicités car les lieux proposant des artistes français et francophones de talent mais peu connus du grand public ne sont (hélas) pas légion. Et la sélection est rude quand il s’agit de préparer la programmation de la nouvelle saison : en l’occurrence celle de 2016-2017 qui marquera aussi les 40 ans de présidence de Luc Renaud.

IMG_2779

Chansons du nouvel album “Le silence des chiens”

 Et Moran alors ? Il lui fallu quelques petites minutes… soit une seule chanson pour mettre le public dans sa poche. C’est avec “Charbon”  qu’a débuté ce concert d’une heure et 45 minutes sans interruption. 

Et sans inutile présentation entre chaque chanson, sans baratin racoleur pour séduire le public. Juste des chansons, ici et là quelques mots, histoire d’aérer un peu l’enchainement des titres puisés dans les quatre albums de l’artiste. Et notamment du “Silence des chiens”, disponible seulement à compter du 16 avril au Québec mais .. déjà en vente chez Luc et Sylvie Renaud, à la grande satisfaction de nombre de spectateurs qui l’ont acheté en fin de soirée : un CD de 13 titres conçus et réalisés par Jean-François Moran (guitares acoustiques et électriques, voix) et l’imaginatif créateur de sons et d’ambiances Thomas Carbou (guitares à cordes, acoustiques et életriques, claviers et programmation, percussions et voix).

“Le silence des chiens”, titre phare du nouvel opus, aura été la deuxième chanson de la soirée, juste avant “Caféine”. A vrai dire, il ne faut surtout pas se fier à la liste de chansons déposée par terre, car cette liste n’est pas vraiment respectée ! Et pour cause car le public en chaussons s’est immédiatement rendu compte de la fraternelle complicité entre Moran et Thomas Carbou, décontracté magicien du son, guitariste hors pair et seconde voix. Une voix aérienne, envoutante qui colore avec justesse et douceur les chansons de Moran.

 IMG_2689

Thomas Carbou : décontracté magicien du son

Il suffit d’un signe, d’un geste, d’un mot de Moran pour que les deux compères embarquent aussitôt et sans la moindre hésitation pour une nouvelle « toune » comme on dit au Québec.

D’où un univers synonyme de sérénité, de détente, d’intensité aussi dans les paroles d’une poésie à fleur de peau, une lucidité dans le clair-obscur des sentiments mis en relief, entre déchirures et espoirs. Avec un son créé par Thomas qui enrobe avec brio et sans emphase les mots.

Ces mots, Moran les offre avec retenue, d’une voix posée et grave. Il les dit, les chante, les murmure, les chuchote aussi, d’une voix déterminée. D’où un univers singulier qui s’apprécie phrase après phrase, et note après note.

Et quand Thomas s’envole – grâce à l’ordinateur posé à sa gauche – dans une ambiance planante à souhait, le timbre de voix voix de Moran s’impose avec une force tranquille.

Outre ses propres chansons puisées dans les albums précédents et aussi dans le nouveau CD bientôt disponible au Québec, Moran s’est aussi fait plaisir – et a fait plaisir au public – en reprenant deux titres.

D’abord “Osez Joséphine” d’Alain Bashung … Et de raconter en quelques mots qu’il a appris son décès lors d’une tournée en Bretagne avec Thomas Carbou. Autre titre : “Est-ce ainsi que les hommes vivent ?”, le poème de Louis Aragon mis en musique par Léo Ferré.

Léo dont Moran a chanté toute une série de titres lors d’un récent concert organisé par Radio-Canada.

Léo dont Moran demeure un inconditionnel averti… Sans aucun doute à des années-lumière de Thomas Dutronc dont il n’a pas, mais alors pas du tout, apprécié la “reprise” de la chanson immortalisée par Ferré… comme confié avec humour au public de Beaucourt.

IMG_2668
Luc Renaud est l’organisateur du concert privé avec sa femme Sylvie (qui n’aime pas être photographiée)

 Après Geneviève Morissette et avant Eric Frasiak

Après le précédent « Chansons en chaussons » consacré le 10 décembre à un autre talent québécois (Geneviève Morissette), Luc et Sylvie Renaud ne peuvent que se féliciter d’une telle soirée à leur domicile. Une formule des plus efficaces à Beaucourt, mais hélas encore trop balbutiante, au Québec où il n’est pas courant – loin de là ! – à venir au domicile d’inconnus avec ses chaussons pour écouter un artiste tout aussi inconnu !

A l’heure où les soirées sous l’égide de l’association  Chant ‘Appart présidée par Christian Gervais sont synonymes de qualité artistique et d’affluence dans des lieux forts variés, les amoureux de la chanson française au Québec seraient bien avisés d’être un peu plus audacieux en la matière, non ?

Reste une évidence soulignée par Luc Renaud en fin de concert : il a en effet invité les personnes présentes à manifester leur soutien à Moran et Thomas Carbou en demandant à la Maison pour Tous de les programmer sur la grande scène.   

Après le concert terminé en beauté avec “Chez toi”, un des titres du nouvel album, la soirée a permis à Moran et Thomas Carbou de dialoguer avec les spectateurs. De savourer des amuse-gueules, tartes et autres préparations sucrées et salées, de vendre des albums évidemment.

IMG_2730

 Tournée en France et en Suisse : 17 concerts en 19 jours

Notons que ce concert a domicile s’inscrit dans une tournée effectuée en France et en Suisse du 2 au 21 mars, » Soit 17 concerts en 19 jours ! Et vous avez de la chance ce soir, car hier c’était une journée de repos » a lancé avec humour Moran en cours de soirée.

Coup de chapeau aux maîtres d’œuvre de cette tournée mise sur pied par le Suisse Ulrich Schuwey  (PAS MAL BIEN ) et Annie Le Roux via son agence française Bleu Blanc, Lys  née “d’un attachement profond pour le Québec mais également d’un constat : donner les moyens aux artistes québécois francophones de pouvoir venir présenter leurs spectacles outre-Atlantique via un intermédiaire remplissant toutes les conditions techniques et professionnelles ».

Donc mission accomplie pour Luc et Sylvie Renaud : assurément un couple d’infatigables militants de cette fameuse et indispensable chanson française de proximité qui a incité, en février 2016, la Québécoise Manon Gagnon à lancer (enfin) sa propre structure de gestion artistes : Notre Sentier (Production et Gestion Evénementielle, également titre de la première chanson de Félix Leclerc.

Un sentier sur lequel Moran avance pas à pas, sans brûler les étapes, sans esbroufe et avec une superbe mise en valeur de la langue française. Il est également très appréciable qu’il ait conservé toute sa personnalité d’auteur-compositeur-interprète à l’instar de Catherine Major – sa femme et la mère de ses enfants !

Couple dans la vie, les deux artistes s’offrent de belles passerelles en collaborant ici et là, au gré de l’inspiration et des demandes de chacun d’eux.

Moran a signé plusieurs textes du superbe album de Catherine Major, dont “La maison du monde”, le titre-phare. Mais pas question pour eux de se couler dans un même moule, voire de concevoir leur cheminement artistique comme une aventure désormais commune. Une sage décision, pleine de bon sens et de synonymes de cheminements artistiques assumés en parallèle.

De quoi réjouir les amateurs de chansons québécoises qui ont du sens, des textes forts, des mélodies ciselées avec soin et débarrassées de l’obsession du tube consensuel.

IMG_2788

 Texte et photos ALBERT WEBER

Site de Moran ICI

Site du chanteur, guitariste, compositeur et arrangeur  Thomas Carbou ICI

Nouveau site de la Maison pour Tous, de Beaucourt, désormais couramment appelée LA MAISON ICI

IMG_2636
“Le silence des chiens”, nouveau CD de Moran en vente à Beaucourt AVANT le Québec !
IMG_2631
Venus avec leur propre sono, Jean-François Moran et Thomas Carbou ont installé “la scène” dans la véranda, conseillés par Luc et Sylvie Renaud

 

CHANSON ET HUMOUR : STAR “ALSACO-MONDIALE”, MR BRETZEL MET LE FEU A WILWISHEIM

IMG_6488

 

Imaginez près de deux heures de spectacle mené tambour battant devant un enthousiaste public de près de 300 personnes, toutes générations confondues, pour un concert de l’énergique, exubérant et déjanté Mr Bretzel …

 

IMG_6802

 

IMG_6465
Quelques indications de Jean-Baptiste Mersiol avant le début de la soirée qui sera enregistrée par trois caméras en vue d’un DVD

 

Oui, mission accomplie pour l’auto-proclamée star « alsaco-mondiale » qui a mis ce samedi 9 avril le feu à la salle des fêtes de Wilwisheim en Alsace.

Avec son humour potache, ses jeux de mots à deux sous, ses gros mots qui font évidemment rire les enfants, ses surprenants sketchs , l’infatigable Mr Bretzel s’en donne visiblement à cœur joie.

IMG_6716
Bienvenue à Capitaine Flamm’s !

 

IMG_6668
Entrée en scène remarquée de Gérard l’Alsacien !

 

AVEC CAPITAINE FLAMM’S, MALIK, 4DREAM ET GERARD L’ALSACIEN

 De quoi faire penser au fameux Didier Super dont il a d’ailleurs déjà assuré la première partie.

Samedi soir à Wilwisheim, la première partie était assurée par le duo féminin 4Dream composé de Wendy et Karen. Avec leurs voix à la fois douces et intense reprenant notamment des standards anglo-saxons, elles ont relevé avec brio leur défi : faire patienter la salle et mettre de l’ambiance en attendant le “héros du jour”.

 

IMG_6477
1ère partie assurée par Karen et Wendy, alias le duo 4DREAM

 

IMG_6705
Nouvelle version de l’éternelle rivalité entre Bas-Rhinois et Haut-Rhinois avec les déjantés Mr Bretzel et Gérard l’Alsacien

 

IMG_6556
Avec le bassiste Malik

 

En plus de ces deux jeunes invitées, la soirée aura été marquée par plusieurs autres participations : le bassiste Malik, Capitaine Flamm’s (héros de la tarte flambée) et Gérard l’Alsacien qui fait le buzz avec ses vidéos déjantées sur internet.

 Ce dernier d’origine haut-rhinoise s’est d’ailleurs offert une partie de ping-pong verbal avec le Bas-Rhinois Mr Bretzel : de quoi réjouir la salle conquise par le ton décalé de ce concert filmé par trois caméras, en vue d’un DVD.

Sacrée bête de scène, très à l’aise dans son personnage à la fois provocateur et bon enfant de Mr Bretzel, Jean-Baptiste Mersiol parle et chante, danse et bondit aussi, lance une vanne, fait semblant de s’en offusquer, s’inquiète de tomber sur un répondeur téléphonique quand il appelle les pompiers en urgence.

IMG_6586
Dur dur de tomber sur le répondeur des pompiers quand on leur téléphone en urgence !

 

IMG_6638
Un artiste très à l’aise sur scène !

DES BEATLES AUX STONES VIA HERVÉ VILLARD, SHEILA ET JORDI

 Évidemment le public en redemande, et Mr Bretzel ne se fait pas prier.

Il disparaît quelques secondes et le voici de retour, portant une perruque pour reprendre un tube de Lady Gaga … alias Lady Gras Gras … voire même Lady Cra Cra avec son accent à couper au couteau.

IMG_6654
Lady Gaga transformée en Lady Gras Gras, voire Lady Cra Cra avec l’accent de Mr Bretzel

 

IMG_6865
Personnes sensibles et prudes s’abstenir !

 

 Tout au long du concert, il détourne avec humour nombre de chansons connues, espérant devenir « Le Richard Anthony du 21ème siècle » à force de reprendre des versions françaises de tubes anglais, et l’inverse aussi quand il massacre allègrement Hervé Villard ou Sheila dans la langue de Shakespeare.

 Après les Beatles et les Stones dont il revisite des tubes dans une version très « bretzeliene » avc bruitages en prime, l’artiste propose aussi ses propres succès : « Sale radar », » Les zoiseaux font cui-cui » et évidemment « Chuis alsacien man » qui a retenu l’attention de nombreux internautes.

 Il s’aventure aussi du côté des comptines pour enfants transformant notamment « La Mère Michèle » en « Mère Muller », efficacement secondée par Karen, du duo féminin 4Dreams. Et pour finir, c’est sur « Dur dur d’être imbibé » qu’il termine, allongé sur la scène, bien loin du tube de Jordi « Dur dur d’être un bébé ».

 

IMG_6574
Version alsacienne de “La Mère Michèle” devenue “la Mère Muller” avec la complicité de Karen, du duo féminin 4DREAM

 

IMG_6849
Dernière chanson : “Dur dur d’être imbibé” … délirant clin d’oeil au tube de Jordi (“Dur dur d’être un bébé”)

 

 Mention spéciale pour son escapade du côté de la musique classique, notamment des Quatre saisons de Vivaldi et du Boléro de Ravel, qu’il revisite avec entrain sur des sons samplés. De quoi susciter de vifs applaudissements … juste avant que Mr Bretzel ne se risque dans le moonwalk cher à Michael Jackson …

IMG_6630
Version samplé et très “bretzelienne” du Boléro de Ravel

 

REDOUTABLE TRUBLION A L’ÉVIDENT FRANC-PARLER

 Reste au final de cette joyeuse soirée aux nombreuses surprises le souvenir d’un artiste totalement à part.

Car si Mr Bretzel s’affirme comme un redoutable trublion à l’évident franc-parler, sa démarche rappelle avec force celle de son créateur, l’auteur-compositeur-interprète Jean-Baptiste Mersiol, que les amateurs de chanson française seraient bien inspirés à découvrir dans son propre répertoire.

C’est sûr, ce samedi soir dans la salle des fêtes bondée de Wilwisheim – village situé à 35 km de Strasbourg par l’Autoroute de l’Est -, Mersiol s’est fait plaisir sans retenue … et il a fait plaisir au public en se glissant dans la peau de la fameuse « star alsaco-mondiale ».

Nous voici bien loin des textes et des musiques de celui qui est AUSSI un auteur-compositeur-interprète des plus créatifs de la scène régionale. Et un fan averti de de Léo Ferré auquel il a consacré, voici plusieurs années, un album avec la complicité de nombreux talents d’Alsace.

 

IMG_6780
Karen en Wendy, alias le duo féminin 4DREAM

 

IMG_6869
Du côté de la technique quelques minutes après l’enregistrement du DVD par trois caméras ..

 

DVD A L’HORIZON

Soutenu par SNIP Media Production, ce spectacle était offert au public avec entrée gratuite.

Il résulte d’une longue et efficace complicité de JB Mersiol avec la chanteuse Sarah Eddy qui l’a mis en scène … et qui l’a écrit et composé avec Thierry Roehrig, Paul Glaser, Huguette Dreikhaus et Thierry Brenner.

 Si vous avez raté cette soirée joyeuse et déjantée, pas de soucis. Je vous préviendrai de la sortie du DVD. En attendant, vous pouvez retrouver Mr Bretzel dans nombre de vidéos à ne surtout pas prendre au premier degré !

A retrouver aussi sur sa page Facebook, ici

TEXTE ET PHOTOS Albert Weber

IMG_6747
Liste de remerciements proposée avec entrain et bonne humeur !

 

IMG_6814
Mr Bretzel accompagné par les 4DREAM et plusieurs spectateurs invités à les rejoindre sur scène

 

IMG_6764
Vue partielle du public, salle des fêtes de Wilwisheim avec près de 300 personnes

 

IMG_6441
Affichage à Wilwisheim, en plus des milliers de flyers distribués …

 

FESTIVAL DE PETITE-VALLÉE : IL Y A DES MAISONS (ET AUSSI UNE ÉGLISE) OÙ LES CHANSONS AIMENT ENTRER

“Je suis curieux, il y a combien de signataires par rapport à la population ? En tout cas c’est dommage car ce bâtiment donne de bons résultats comme lieu de spectacle. Chez nous à Tadoussac grâce à l’église notre festival a pris un nouvel essor. A moyen et long terme c’est une mauvaise décision, les églises ont besoin de se trouver d’autres usages pour justifier le coût élevé de leurs entretiens”.

 

ZP PETITE VALLEE 27 011
Un des efficaces bastions de la promotion de la chanson francophone au Québec

 

ZP PETITE VALLEE 20 109

 

JALBERT IMG_0354
29 juin 2013 : Laurence Jalbert entourée par près de 300 enfants qui viennent de reprendre en choeur ses chansons, en l’église de Cloridorme !

 

Signé Charles Breton, Directeur général du Festival de la chanson de Tadoussac, ce commentaire relevé sur la page Facebook en dit long sur le débat suscité par une surprenante pétition. Explications

Je regrette vivement cette tournure des événements survenue au Village en chanson de Petite-Vallée.

En effet, la direction du Festival de Petite-Vallée confrontée à une pétition, vient en effet de publier ce jeudi 14 avril 2016 le communiqué de presse suivant.

“PAS DE GAITÉ DE CŒUR …”

“Suite à la pétition s’opposant à notre projet d’aménagement de l’église de Cloridorme comme lieu servant à la fois au culte et à la diffusion dans le cadre du Festival en chanson, le conseil d’administration et la direction du Village en chanson de Petite-Vallée ont dû prendre la décision de ne pas y présenter de spectacles pour cette année.

Nous remercions M. Pierre-Paul Côté, président de la Fabrique de Cloridorme pour son ouverture d’esprit et son appui, M. Jacques Pelletier, curé, pour son accompagnement, ainsi que les autres membres du conseil de fabrique pour leur collaboration au cours des 14 dernières années.

Merci également au conseil municipal pour l’appui démontré à l’égard de nos projets et de notre événement.

Ce n’est pas de gaité de cœur que la décision fut rendue. Elle fut toutefois nécessaire dans le contexte actuel où nous devons ouvrir notre billetterie le 26 avril prochain. Nous souhaitons continuer à organiser un événement festif, rassembleur, et se déroulant dans l’harmonie.

Le lieu de présentation des grands spectacles pour 2016 sera annoncé au cours de la prochaine semaine.

Merci de votre bonne compréhension”.

ZP PETITE VALLEE 21 155
Direction du festival ; bâtiment des bureaux d’Alan Côté et Marc-Antoine Dufresne
ZP PETITE VALLEE 21 190
Un festival enraciné dans la vie (parfois tragique) de la Gaspésie

 

“IMAGINEZ SI ON ÉTAIT CAPABLE…”

L’église de Cloridorme aménagée temporairement en salle de concert – comme celle de Tadoussac par exemple – a toujours été un incontestable atout pour ce festival synonyme de vitalité, de dynamisme, de fierté aussi d’une région de Gaspésie si éloignée des grandes villes québécoises.

Comme indiqué à juste titre sur son site : “Œuvrant dans les milieux culturels, touristiques et sociaux, le Village en chanson de Petite-Vallée est une entreprise d’économie sociale et un moteur économique essentiel pour sa région”.

Cette décision a suscité nombre de commentaires sur la Page FB du Village en chanson de Petite- Vallée…

A lire aussi le billet d’humeur paru sur la page Facebook de  Marc-Antoine Dufresne, adjoint à la direction artistique et aux communications du Village en chanson de Petite-Vallée :

Imaginez si on était capable de vivre tous ensemble, en harmonie, dans nos beaux petits villages du littoral nord gaspésien.

Imaginez si l’ouverture d’esprit était l’apanage de tous.

Imaginez si les frontières séparant nos communautés n’existaient pas. Que la concertation et l’entraide étaient maîtres d’œuvre de tous les projets inimaginables portés par les gens d’ici.

Imaginez, si tous ensemble, on était capables de faire en sorte que dans 20 ans, nos beaux milieux de vie soient encore en santé et vibrants d’un certain dynamisme.

Me semble que ce serait plaisant. Mais… ce ne sont pas les voisins qui pourront nous aider à réaliser ces vœux pieux. Dormez là-dessus”.

De tout cœur avec vous, les amis, Lâchez pas la patate !

Site du Festival en chanson de Petite-Vallée

Page Facebook du Festival en chanson de Petite-Vallée

Texte et photos Albert Weber

 

ZP PETITE VALLEE 22 240
Un des nombreux concerts organisés en l’église de Cloridorme : l’inoubliable soirée des 12 Hommes Rapaillés réunissant le 1er juillet 2012 quelques-unes des voix majeures de la chanson québécoise. C’était pour les 30 ans du festival.

 

ZP PETITE VALLEE 20 112
Site enchanteur pour festival militant pour la chanson francophone …

 

 

FESTIVAL DE MARIE GALANTE : “TERRE DE BLUES” … MAIS PAS SEULEMENT !

Bon, asseyez-vous tranquillement et attachez votre ceinture, car le décollage est imminent pour l’aéroport de Pointe-à-Pitre.

De là nous rejoindrons la gare maritime pour nous rendre en bateau à Marie Galante. L’idéal, ce serait d’être sur place au plus tard le 13 mai, pour le début de la 17ème édition de Terre de Blues.

Le festival s’y déroulera jusqu’au 16 mai entre grande scène et scène parvis de l’Habitation Murat (photo ci-dessus) sans oublier la scène off de la gare maritime et la place de l’église à Grand-Bourg. Explications.

 

IMG_4238
S’il est vrai que le titre de Laurent Voulzy a contribué à faire connaître Marie Galante, ne réduisons surtout pas cette île antillaise à une citation dans une chanson à succès !

 

IMG_4504
Au-delà de la carte postale, une île authentique à découvrir loin du tourisme de masse

 

 13 AU 16 MAI : PRES DE 15 000 FESTIVALIERS ATTENDUS

Hé oui, chaque année, en mai, l’île de Marie-Galante vit au rythme de son Festival International de musique. Un événement pas seulement enraciné dans le blues …

Il ne faudrait surtout pas réduire cette île des Antilles françaises de l’archipel de Guadeloupe à une simple citation dans la célèbre chanson de Laurent Voulzy

C’est évident, il s’agit et bien de l’un des évènements culturels majeurs de la Caraïbe, et il attire de plus en plus de monde au fil des éditions, autant des amateurs de musique que des amoureux d’une île authentique dont la vie quotidienne n’est pas bousculée par d’incessants groupes de touristes en quête d’exotisme tropical.

D’où l’intérêt de ce festival pour lequel sont attendus cette année près de 15 000 personnes selon les organisateurs. Il est vrai que ce festival s’est affirmé, au fil des éditions, comme un incontestable atout pour faire mieux connaître les 158 km2 de “l’île aux cent moulins”, dans l’archipel des Antilles, à  30 km au sud-est des côtes de la Guadeloupe.

 

IMG_4941
Écomusée de Marie Galante, l’Habitat Murat accueille la grande scène et la scène parvis du festival
IMG_4392
Habitation Roussel-Trianon : une des escales marie-galantaises de la Route de l’Esclavage de la Guadeloupe

 

IMG_4809
Un des haut-lieux de l’Histoire de l’esclavage de Marie Galante : la Mare au punch

 

IMG_4635

COMMUNAUTÉ DE COMMUNES – OFFICE DE TOURISME : MOBILISATION

L’histoire débute en l’an 2000. Cette année-là, Pierre-Edouard Decimus, fondateur de Kassav’, et Eddy Compper, décident avec Harry Selbonne, alors président de la Communauté de communes de Marie-Galante, de monter le festival.

D’abord appelé “Créole Blues” il devient le Festival de Marie-Galante, “Terre de Blues” en 2005, lors de sa sixième édition. Comme me l’a expliqué Jean-Michel Poulier – un des piliers du festival rencontré durant mon récent séjour à Marie Galante – cet événement mobilise la communauté de communes de Marie-Galante et de l’Office du Tourisme de Marie-Galante.

Et on a tenu à y préserver l’idée première du festival. C’est-à-dire relier les trois Saint-Louis : Saint Louis, célèbre fief du blues aux Etats-Unis dans les années 1930, Saint Louis du Sénégal, symbole d’une ascendance africaine, et Saint Louis de Marie-Galante, terre créole. 

 

 

IMG_4650
Une île à découvrir loin des flots de touristes en quête d’exotisme tropical

 

POINTURES INTERNATIONALES ET ARTISTES RÉGIONAUX

Et voilà comment, à 7000km de Paris, “la galette” – autre nom souvent donné à Marie Galante – devient durant quelques jours en mai un carrefour international de musiciens du monde entier.

 Les affiches mises en évidence dans la vaste salle d’attente de la gare maritime de Marie Galante en témoigne : depuis ses débuts, le festival a reçu de sacrées pointures internationales – Alpha Blondy, Johnny Clegg, Manu Dibango, Salif Keita ou Keziah Jones, etc. – en plus de nombreux artistes des Antilles,et plus globalement des Caraïbes.

D’année en année, Terre de blues bénéficie d’une belle couverture médiatique, grâce à la presse antillaise et de toute la région caribéenne, sans oublier les articles de divers envoyés spéciaux (L’Humanité ; Le Figaro ; Ouest-France ; mondomix.com, etc.) . A découvrir dans les références du texte consacrée au festival par Wikipédia : à lire ici.

 IMG_4141

 IMG_4257

 L’AUTHENTICITÉ ÉPARGNÉE PAR LE TOURISME DE MASSE

Ce festival permet à Marie-Galante de sortir de son relatif isolement et de aussi de stimuler divers piliers de son économie locale grâce à la présence de tous ces festivaliers. Une belle aubaine pour l’ile qui continue cependant à jouer à fond la carte de l’authenticité tout en étant encore épargnée par le tourisme de masse. 

Une des conséquences de ce festival, c’est de faire doubler temporairement la population Marie-Galante qui compte environ 11 000 habitants.

De quoi susciter d’incontestables (et temporaires) répercussions sur tant d’aspects de la vie locale : hôtellerie, restauration, commerce, location de voiture, … et la liste est loin d’être exhaustive.

 

IMG_4828
La canne, longtemps repère majeur de l’économie de Marie Galante

 

IMG_4762

VALENTIN ZODROS, PARRAIN DU FESTIVAL DE “L’ILE AUX 100 MOULINS”

Rappelons que Marie Galante comptait en 1946, 30 000 habitants. L’ile a été très marquée par l’exode massif de ses jeunes vers la grand île de Guadeloupe et aussi vers l’Hexagone. De quoi faire chuter vertigineusement la démographie ! Une chute de la population liée à la lente et inexorable agonie de l’économie sucrière.

C’est d’ailleurs de cette culture de la canne, que l’île a hésité de son fameux surnom : l’île aux 100  moulins. Hé oui, on y comptait en 1818 un peu plus d’une centaine, qui permettaient de broyer la canne. Le jus qui en était tiré était transformé en sucre et en rhum.

Ces moulins étaient originellement actionnés par des bœufs : on en rencontre encore beaucoup de nos jours et il n’est pas surprenant de trouver des panneaux de signalisation attestant de leur présence parfois inattendue.

Aujourd’hui plus que jamais, l’histoire et la vie de Marie Galante sont enracinés dans l’histoire de la canne. Pas étonnant donc que la 17e édition du festival met en relief « le patrimoine vivant de la culture guadeloupéenne en célébrant « la vwa chari », les chants de labours qui accompagnent les récoltes de canne de l’île ».

A noter que le parrain de Terre de Blues 2016 est “une figure charismatique des ainés de Marie-Galante, Valentin Zodros  : un agriculteur qui perpétue la tradition du chant de labour. Actif, il contribue à faire vivre cette part du patrimoine immatérielle vivant qu’est « La vwa Chari”.

 

IMG_4903
Le bœuf, incontournable dans la vie quotidienne de Marie Galante

 

IMG_4389

“LA VWA CHARI”, LES CHANTS DE LABOURS ACCOMPAGNANT LES RÉCOLTÉS DE CANNE DE L’ÎLE

Bon, et le programme 20216 me direz-vous ?

Venu à plusieurs reprises couvert ce festival,  le journaliste Victor Haché explique dans le quotidien L’Humanité (édition du 18-19-20 mars) qu’il s’agit d’une « Une programmation qui fera le lien entre les Antilles, l’Afrique et les États-Unis avec la présence sur la grande scène de l’Habitation Murat de nombreux artistes, dont le chanteur congolais Lokua Kanza, les jamaïquains Beres Hammond et Konshens, le trio féminin martiniquais Elle & Elles, le groupe de la Dominique Exile One ou les musiciens guadeloupéens K’Koustik et Mado-Ladrezeau ».

 Autre coup de projecteur, et non des moindres mis en évidence dans cet article de L’Humanité, Terre de Blues est un  « un festival qui a dû “trouver un financement pérenne (auprès de la région, à hauteur de 300 000 euros – NDLR) à l’heure où les fonds européens n’assurent plus la promotion des territoires”.

Ce constat doublé d’un regret est signé Maryze Etzol, maire de Grand-Bourg et présidente du festival. Elle est aussi présidente de la communauté de communes de Marie Galante … qui fut la première structure intercommunale de ce genre créée dans l’outre-mer français !

A vrai dire, selon le site Études Caribéennes à Marie-Galante, “la coopération intercommunale a débuté au milieu des années 1960 sous une forme syndicale ; il s’agissait alors d’une association de services, née de l’initiative de quelques élus, ayant pour but d’électrifier les communes membres. L’unité communale étant un périmètre trop exigu, particulièrement lorsqu’il fallut doter les communes des services et des équipements nécessaires au bien-être des administrés (formation, santé, environnement, assainissement, adduction d’eau, voirie, etc.), un Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU) fut créé en 1965, et se transforma en Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM) en 1966, puis en communauté de communes en 1994. L’objectif final étant la mise en place d’une vraie politique d’aménagement de l’espace”.

Reste une évidence ; en jouant, lui aussi, la carte de l’intercommunalité, le festival s’affirme comme un incontournable repère d’une île attachante. Car au-delà des aspects strictement artistiques et culturelles, Terre de Blues s’affirme aujourd’hui plus que jamais comme un événement majeur, avec une arrivée temporaire  de festivaliers susceptibles de venir autant d’ambassadeurs de Marie Galante.

En somme un événement à encourager, à soutenir.

IMG_4136
Loin de l’agitation touristique effrénée …

 

IMG_4911
Capesterre, Grand-Bourg, Saint-Louis : 1ème structure intercommunale d’outre-mer

 

 Texte et photos Albert Weber

Site du festival Terre de Blues

Page Facebook du festival Terre de Blues

Merci à Gérard Davigny et Jean-Michel Poulier pour nos échanges sur Terre de Blues et Marie Galante

CP2_TdB2016_WEB4

CP2_TdB2016_WEB(2)

CP2_TdB2016_WEB 3

CP2_TdB2016_WEB 1

 

Logo_TdB
Ce logo du festival est utilisé pour les supports de communication du festival Terre de Blues. Il représente le contour de l’île avec une fleur de canne à sucre en haut à droite

 

 

LOUISIANE : Un jour, les anges ont mis CharlElie dans le bayou …

CharlElie Couture revient chez nos disquaires avec un album (CD, vinyl, etc.) le 29 avril 2016 ! Ça s’appelle « Lafayette » pour cause d’enregistrement en Louisiane.

Dans ce petit bout des États-Unis où, bon an mal an, survit une jolie petite pousse de la langue française, non pas noyée dans un univers américain, mais en parfaite harmonie harmonie avec la langue anglaise et la culture “pop- rock-folk-blues”, que CharlElie Couture parvient, avec talent, à nous faire partager.

“On va déconner” promet l’une des chansons de l’album. Promesse tenue au moins dans le clip une autre chanson, “Debout dans la boue”  filmée en décors naturels de bayous plein… de boue et de faux airs de J.J. Cale., d’autant que, si CharlElie la chante en Français, il en lâche de temps à autre le refrain en Anglais, et ça “sonne bien” : “stucked in the mud”…

 

Lafayette-

 

7080-charlelie-couture-pochette-single-un-jour-les-anges

 

UNE SORTE D’OVNI MAGNIFIQUE DANS LA GALAXIE FRANCOPHONE

Toutefois, l’artiste n’a visiblement pas fait que déconner dans cette affaire.

Outre le titre ci-dessus évoqué, un autre est sorti en single (in french dans le texte…) mi-février, diffusé sur France-Inter et d’ores et déjà disponible sur le web. “Un jour les anges”  n’est qu’un étalage de talents, de sérieux et de travail de l’auteur, de son guitariste et d’une flopée de musiciens.

Deux vidéos sont disponibles en ligne, “Lafayette, part 1: La Louisiane”  et « Lafayette, part 2: do you speak… français? » .

Elles témoignent du travail de l’artiste et du plaisir que lui et quelques autres se sont donnés pour sortir cet album, sorte d’OVNI magnifique dans la galaxie francophone. Rien qu’à eux deux, ces deux micro-documentaires vous offrent un bon quart d’heure de vrai bonheur !

IMG_7568

“DOCKSIDE STUDIO”, UN LIEU MYTHIQUE DE LA MUSIQUE AMÉRICAINE

Déjà, le décor. Rien que ça. Ça à l’air d’une grosse grange dans un grand parc, mais c’est le “Dockside Studio”, à Maurice, Louisiane. Pas trop loin de Lafayette, au milieu des bayous.

“Dockside Studio” est un lieu mythique de la musique américaine où quelques-uns des plus illustres ont immortalisé leur talent : B.B. King, Levon Helm (le batteur-chanteur de The Band), Mark Knopfler, guitariste étincelant de Dire Straits, Scarlett Johansson, chanteuse autant que comédienne, et bien d’autres…

Alors qu’est-ce que c’est que ce Lorrain qui vient chanter là, en français ? Je ne sais pas si c’est le premier “frenchie” à enregistrer là, mais pour sûr, ce n’est pas le premier francophone. Ce petit coin de Louisiane fourmille de musiciens de tout poil et beaucoup d’entre eux popularisent le “zydeco” , la musique cajun, à travers tous les États-Unis.

 

IMG_7660

IMG_7614
Avec Louis Michot, des Lost Bayou Ramblers

 

EN STUDIO AVEC LES LOST BAYOU RAMBLERS …

C’est dans ce vivier que CharleElie Couture a choisi la plupart de ses compères pour cet album, à l’exception de son guitariste de (presque) toujours, Karim Attoumane venu avec lui.

On aperçoit ainsi ainsi au fil des images du Dockside Studio, des habitués des lieux comme les frères Michot, Louis et André, de Lost Bayou Ramblers : un groupe mêlant hardiment la musique cajun à la country, au rockabilly et au rock punk, appréciés dans toute l’Amérique du Nord, francophone ou non, et qui feraient gigoter pas mal de monde dans les festivals français s’ils avaient la bonne idée de traverser l’Atlantique.

Charlélie Couture trouve d’ailleurs que les Lost Bayou Ramblers mériteraient à être bien plus connus en France. Je suis certain qu’ils sauraient mettre en branle des salles entières de “debouts” que ce soit indoor ou outdoor dans des festivals d’été par exemple. Leur Cajun Rock énergique et inventif est à l’image du renouveau de la culture acadienne ».

C’est avec eux qu’il est sur scène, le 21 avril, pour le grand concert d’ouverture du Festival international de Lousiane qui se tient chaque année à Lafayette.

 

IMG_7647
Avec Zachary Richard

 

… ET ZACHARY RICHARD

Il y a d ‘autres musiciens du cru, comme ceux de cet autre groupe Feufollet (en un seul mot) qui a reçu en 2011 un Grammy Award pour “le meilleur album de musique zydeco ou cajun” avec leur disque “En Couleurs”. Ils se sont déjà produits en France avec succès à Saulieu en 2010, et seraient bien inspirés de revenir.

Un chanteur cajun plus illustre a également prêté sa voix (et son humour) à l’enregistrement de l’album, Zachary Richard. Et puis, pêle-mêle, Josh Leblanc (trompette), Nick Stephan (saxo), Storie Gonsoulin (washboard), qui avoue ne pas parler beaucoup le français, mais qui trouve l’expression “va doucement” tellement plus savoureuse que “take it easy”…

Et puis, il y a encore une foule d’autres (je n’ai pas tous les noms, mais ils figureront sur l’album, vous verrez…

 

IMG_7625

“JONCTION ENTRE POÉSIE EN FRANÇAIS ET POÉSIE EN ANGLAIS”

Mais, comme le chantait Michel Fugain il y a fort longtemps “tous les Acadiens, toutes les Acadiennes, vont chanter, vont danser sous le violon, sont américains, elles sont américaines, la faute à qui donc, la faute à Napoléon” .

Francophones à de degrés divers ou pas du tout, tous sont américains et ils ont une conception plutôt… cool de leur identité cajun.

C’est peut-être ce qui a attiré CharlElie Couture dans cette Louisiane des bayous, plus authentique et en tout cas moins touristique que La Nouvelle-Orléans, estime-t-il dans l’une des vidéos.

Natif de Lorraine mais ayant passé son enfance au États-Unis, il parle aussi l’anglais, langue qu’il utilise aussi pour chanter sur ce nouvel album “avec autant de respect que j’en ai pour la langue française”.

“J’ai toujours espéré trouver une jonction entre une poésie en français et une poésie en anglais . Sur ce disque-là, c’est simplement presque naturel”, raconte-t-il plus loin.

Pendant les enregistrements, tous passaient d’une langue à l’autre, sans problème, “ça switchait”…

“J’entends souvent des jeunes groupes qui défendent l’anglais contre le français. Moi, je ne pense pas qu’il y ait d’opposition. Et c’est pour ça que je me sens si bien en Louisiane parce que ici, il n’y a pas de combat, en fait. Enfin, si, il y en a un, de toujours, mais ce n’est pas présenté sous la forme du combat en tant que tel. C’est fait sur une espèce de promiscuité”.

 

Texte Jérôme DAQUIN

Photos extraites des clips présentés dans l’article

Pochettes des albums sur le site de CharlElie Couture

Jérôme Daquin, ancien journaliste au Quotidien de La Réunion, à l’Agence France-Presse et désormais indépendant, est devenu animateur d’ateliers d’écriture dans la région lyonnaise au sein de “Poussée d’écrits”», structure créée en avril 2013 après une formation à ce métier dispensée par l’Université Louis-Lumière (Lyon 2).

Fort de ses liens tissés au Québec, dans l’Océan Indien, en Afrique et dans le Maghreb, il a animé en 2014 et 2015 un “atelier d’écriture francophone mondialisé”, premier du genre sur internet, par le biais du blog Poussée d’écrits .

Cet atelier était destiné à faire écrire ensemble des francophones issus de différentes parties du monde, que le français soit leur langue maternelle ou langue acquise. 

Des plumes françaises, québécoises, louisianaises, congolaises, algériennes s’y sont mêlées…  avec un certain succès. Une nouvelle formule de cet atelier, plus pratique et plus accessible, est actuellement en cours de construction, en vue d’un démarrage à l’automne 2016.