MYREILLE BÉDARD VOUS ATTEND “RUE DU RENDEZ-VOUS” :

C’est une évidence ressentie par nombre de journalistes : on a plus de plaisir à présenter les nouveaux albums de certaines personnes plutôt que d’autres. Pourquoi certains artistes retiennent davantage l’attention ? Et pourquoi éprouve-t-on plus de plaisir à parler de certains albums ? Question de répertoire bien sûr, mais pas seulement. S’y glisse aussi un autre aspect : le ressenti, l’échange, le contact vécu entre celui/celle qui chante et celui qui écrit.

 Voilà le genre de réflexion qui m’est venu à l’esprit quand j’ai appris la sortie  de Rue du Rendez-vous, le nouvel opus de Myreille Bédard.

Un mot d’abord sur cette Québécoise qu’il ne faudrait surtout pas résumer/limiter/réduire à une auteure-compositrice-interprète naviguant depuis plusieurs années déjà entre chanson et jazz.

Et c’est à juste titre que son site la présente comme une artiste aux multiples talents. Allez donc y faire un tour, histoire d’en savoir un peu plus sur cette Québécoise également connue comme comédienne, metteure en scène …

On la retrouve dans nombre de productions : scène, télé, radio ou cinéma … et même réalisatrice du court-métrage “Des enfants de tropprésenté en deux parties sur Youtube.  Sans oublier son expérience d’auteure enracinée dans son vécu : “Vaincre la Vaincre la dépression/ L’estime de soi au coeur du rétablissement”

UN EP INSPIRÉ D’UN LONG SÉJOUR EFFECTUÉ A PARIS

Voilà en quelques repères qui est Myreille Bédard bien connue à travers le vaste Québec : je vous avais déjà parlé d’elle ICI sur ce site d’information

Bon, venons-en à présent à son retour en studio ! Après avoir sorti en 2012  “Symphonie amoureuse”  –  résultat d’une fructueuse  collaboration avec le compositeur, Anthony Rozankovic – la voici de retour avec cet opus … qui me laisse hélas sur ma faim vu qu’il ne comporte que quatre titres.

Ce mini album (EP) enregistré dans la suite logique de l’univers poétique et musical s’inspire d’un long séjour à Paris que l’artiste a effectué il y a quelques années.

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En concert avec Philippe Noireaut

Rue du Rendez-vous est constitué de trois chansons originales, signées par l’auteure, ainsi qu’une reprise du grand standard du répertoire francophone “Les moulins de mon cœur” immortalisé par Michel Legrand.

Redécouvrir cette chanson avec la voix de Myreille Bédard c’est beau, intense. le genre d’émotion à vous donner la chair de poule. Une version piano-voix qui témoigne de sa complicité sans failles avec un musicien que j’ai eu la chance de rencontrer plus d’une fois durant mes divers séjours au Québec :  ami de longue date de Myreille Bérard, Philippe Noireaut est un artiste français installé à Montréal depuis plus de trente ans. 

Il s’y est installé après avoir travaillé en France auprès d’artistes tels que Serge Reggiani et Claude Nougaro. C’est aussi lui qui, en plus de l’accompagner au piano, a assuré tous les arrangements et la réalisation de l’album.

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“CHAQUE CHANSON NOUS TRANSPORTE DANS UN CLIMAT SINGULIER”

Comment définir les titres de cet album ? Laissons Myreille Bédard nous en dire plus sur sa nouvelle expérience discographique.

Chaque chanson nous transporte dans un climat singulier où l’on découvre l’histoire de personnages réels ou fictifs, habitant un des quartiers de Paris. Les textes sont magnifiés par trois compositeurs différents mais unis par l’univers du jazz. D’abord la chanson-titre, Rue du Rendez-vous, a bénéficié des influences latino/jazz du guitariste québécois d’origine suisse, Axel Fisch, avec qui l’auteure avait déjà collaboré.

Pour sa part, Chez Orphée est la première cocréation d’une chanson entre l’auteure et le musicien Philippe Noireaut.

Enfin, Dans les yeux de Naïma, a été écrite sur une des pièces provenant de l’album instrumental “Through Life “du compositeur et pianiste français d’origine libanaise, Elie Maalouf, qui a accompagné la chanteuse lors de concerts donnés à Paris”.

bedard 10916345_762245053824048_8741784678251477181_oA DÉCOUVRIR SUR LES PLATEFORMES NUMÉRIQUES

Sur cet album de chansons teintées de nuances de jazz et musiques du mondes, Myreille Bédard s’aventure ici dans un registre qui dépasse son habituelle “zone de confort”.

D’où le regret de ne pas pouvoir savourer plus de quatre titres mis en valeur par une poignée d’expérimentés musiciens. Philippe Noireaut évidemment, mais aussi un autre complice de la première heure, Christian Pamerleau, à la batterie .. à la contrebasse, le jeune et prometteur Sébastien Pellerin … sans oublier le saxophoniste et flûtiste de renommée (vraiment !) internationale : Jean-Pierre Zanella, par ailleurs connu comme compositeur et arrangeur.

Évidemment, vu le contexte économique, et les ventes de CD en chute libre, ce mini-album réalisé sous l’égide de Néméa Productions est disponible pour téléchargement et/ou pour écoute en streaming sur la plupart des plateformes numériques, notamment Itunes.

Voilà, vous ai-je donné envie de découvrir Rue du Rendez-vous ?

Et même d’en savoir un peu plus sur le parcours sur cette artiste québécoise ? Je l’espère vraiment.

A vous de voir.

Albert WEBER

 

 

 

 

 

l vit à Montréal depuis plus de trente ans, après avoir travaillé auprès de géants de la chanson française comme Serge Reggiani et Claude Nougaro.

JEAN FAUQUE ET FRANZ DELAGE : DU CÔTÉ DE BASHUNG ET GAINSBOURG

Erstein, vendredi 29 octobre. Retour sur une sacrée soirée vécue intensément dans le cadre de l’opération “Gainsbourg ? Affirmatif !” . Assurément un passionnant voyage à la fois dans le temps et en deux temps.

D’abord à une conférence à la médiathèque et ensuite un repas réunissant une douzaine de personnes au Trublion (le bien-nommé pour continuer à y parler de Gainsbourg).

Ce restaurant est situé juste en face de l’Etapenstall-Musée accueillant depuis le 8 octobre et jusqu’au 14 novembre la formidable exposition Gainsbourg ? Affirmatif  avec photos de Pierre Terrasson, œuvres du pochoiriste Jean Yarps, et nombre d’archives de l’INA et de la SACEM.

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Embarquement vers la médiathèque intercommunale Denise Rack-Salomon, en hommage à une poétesse locale qui serait sans doute passée aux oubliettes de l’Histoire sans la détermination de l’auteure alsacienne Anne-Marie Wimmer.

Oui, c’est donc dans l’impressionnante ancienne chaufferie de la filature d’Erstein transformée en médiathèque que s’est déroulé le 1er acte de cette soirée.

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Juste avant la rencontre, une escale s’imposait au 1er étage. Histoire d’y découvrir une longue fresque murale abondamment couverte de graffitis à l’instar de la façade du 5 bis rue de Verneuil. De quoi rappeler à Jean Fauque et Franz Delage bien des souvenirs de studios et nuits blanches passées avec Gainsbourg …

Puis direction la salle prévue pour la rencontre animée par Frédéric Marc / Radio Perfecto avec les deux compères : Jean Fauque (parolier et ami de Bashung) et le bassiste Franz Delage, un des membres du fameux KGDD formé avec Manfred Kovacic, Olivier Guindon et Philippe Draï  … soit le groupe ayant participé à l’album “Play blessures” : musiques Bashung et textes Gainsbourg/Bashung.

Assurément un album méconnu à sa sortie et devenu culte au fil des années : on le retrouve parmi les 100 disques essentiels du rock français selon l’édition française du magazine Rolling Stone en 2010.

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Frédéric Marc, Franz Delage et Jean Fauque

Écouter durant plus d’une heure anecdotes et réflexions/commentaires/points de vue sur Bashung et Gainsbourg c’est un vrai régal avec des conteurs nommés Fauque et Delage.

Avec délice et sans retenue, le public s’est laissé embarquer  dans un univers si fertile en rebondissements, entre nuits blanches en studio, séances d’écriture/fignolage de textes et (fallait s’y attendre) virées nocturnes avec Gainsbarre dans la capitale. Ou plutôt au petit matin : de quoi fredonner sans hésitation “Il est cinq heures Paris s’éveille”… Voire plus tard … euh non plus tôt encore !

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Mais attention ! Au-delà des fous-rires et des alcools savourés sans modération, il y a eu la réalisation de cet album. Une expérience dont Delage et Fauque parlent avec toujours autant de bon sens, sans langue de bois et avec humour aussi.

Certes, comme ils l’ont si bien raconté, quand on écoute cet album aujourd’hui, on est toujours autant touché par la noirceur des textes.

Mais bon, n’allez surtout pas croire que morosité et tristesse étaient de mise en studio. Bien au contraire, et en témoignent notamment les éclats de rires de Jean Fauque, s’amusant par avance de telle ou telle anecdote à partager avec gourmandise et sans langue de bois à l’assistance !

Plutôt qu’une conférence enracinée l’histoire et les coulisses de “Play Blessure”,  cette soirée à la médiathèque a rapidement pris des allures de dialogue à deux voix, avec en prime un montage de photos apportées par Franz Delage et commentées par lui et Jean Fauque.

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Une soirée suivie avec intérêt par le public, qui réunissait plusieurs connaisseurs de l’oeuvre de Gainsbourg et de Bashung, tels Philippe Johann ,  un Bashungologue” selon le nom donné par Manfred Kovacic… et le chanteur Florent Richard.

C’est lui qui a clôturé la soirée de la médiathèque avec plusieurs chansons de Serge Gainsbourg reprises avec plaisir par l’assistance.

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Coup de chapeau à ce chanteur qui a fait reprendre en choeur plusieurs refrains assurément inoubliables : La chanson de Prévert”, “La javanaise” et aussi “Le poinçonneur des Lilas”.

Un coup de chapeau d’autant plus mérité qu’il fait face avec professionnalisme. C’est-à-dire sans se laisser perturber par une panne de son aussi inattendue qu’exaspérante  mettant en danger  “Le gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas” … oui vous savez bien, celui qui fait “Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous/ Des trous de seconde classe / Des trous de première classe”.

Florent Richard … dont l’album de reprises de Gainsbourg a bénéficié de diverses chroniques à vous donner envie d’en savoir plus. Ainsi ce commentaire sur le site Mandolino sous la signature d’Annie-Claire Hilga :

Dans son dernier opus, il reprend quatorze titres de Gainsbourg, et je dois dire que cela lui va comme un gant. Il a la même voix grave, chantante, à s’y tromper. Il a la même approche en apparence désinvolte du monde et des autres. En fait c’est un profond, il comprend les gens au quart de tour, et, avec une certaine réserve, peut-être timidité aussi, et surtout beaucoup de respect, il s’avance à pas de loup, avec tendresse et humour. (… ) Florent Richard a en commun avec Serge Gainsbourg, outre la voix, une bonne teinture jazz et une agilité certaine avec les notes”.

 

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Précisons qu’au lendemain de cette soirée, Jean Fauque et Franz Delage se sont retrouvés au caveau de la Brasserie du Tigre à Strasbourg pour une autre rencontre axée sur Gainsbourg et Bashung… et suivie d’un concert de Florent Richard.

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Un mot enfin avant de finir sur Michelle Ruffenach, sans qui l’opération “Gainsbourg ? Affirmatif !” n’aurait sans doute pas eu lieu.

Cet événement a été organisé pour les 30 ans de la disparition de Serge Gainsbourg par la Ville d’Erstein en collaboration avec Radio Perfecto et l’INA avec expositions, films, street-art, conférences, master class.… à Erstein et à Strasbourg. 

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Face au resto Le trublion, expo Gainsbourg jusqu’au 14 novembre

Assurément une aventure de longue haleine … aux allures de marathon exigeant une bonne santé physique et aussi, voire un moral d’acier. Notamment lorsque des invités qualifiés de prestigieux et annoncés avec éclat dans la programmation vous font faux bond dans la dernière ligne droite et … sans fournir d’explications !

Pas de quoi décourager Michelle Ruffenach !

En septembre 2017, elle consacrait une superbe expo à Bashung, à la librairie galerie Art&l’être à  Strasbourg. Cet événement fut, lui aussi, largement relayé par les médias régionaux et nationaux aussi France Info.

Alors on est en droit de se poser une légitime question, sans doute prématurée alors que l’expo d’Erstein ne s’achève que la 14 novembre : après Bashug et Gainsbourg, à qui le tour ?

La balle est dans le camp de Michelle Ruffenach.

A suivre.

Texte et photos ©Albert WEBER

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JEUDI 7 OCTOBRE, QUELQUES PHOTOS DU VERNISSAGE DE L’EXPO

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Michelle Ruffenach en copmpagnie de Jean Yarps et Michel Andreau, maire d’Erstein et plus jeune maire d’Alsace

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Pierre Terrasson

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Jean Yarps

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“EMBRASSONS-NOUS” : CHANSON FRANÇAISE A VOLONTÉ AVEC VIZ

Si vous aimez la chanson française, je veux dire celle qui a du cœur, des tripes, de l’esprit, du bon sens, de l’humour et de l’ironie aussi, alors ne passez pas à côté du nouvel album de Viz.

Et je ne suis pas le seul à le penser si j’en crois la revue de presse publiée en fin d’article. Assurément une nouvelle étape pour ce trio proposant divers spectacles pour adultes et jeune public.

 

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VIZ ? C’est un trio créé par Virginie Schelcher (chant, hautbois, cor anglais, percussions), Dominique Zinderstein (chants, guitares) auquel s’est joint Fanny Roellinger (chant, violoncelle, percussions).

Et “Embrassons-nous” est le premier opus enregistré par le trio … ce qui complète une belle discographie jusqu’à présent enregistré par les deux fondateurs du groupe. Et toujours sous l’égide de la Compagnie Le Vent en Poupe.

Textes et musiques sont signés Dominique Zinderstein également arrangeur des 15 chansons auxquelles s’ajoutent deux autres titres : “Cri de la nature” – instrumental au violoncelle offert par la musicienne-chanteuse qui a transformé le duo en trio – et Colombine” (Verlaine/ Brassens).

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JOYEUX ET IMPERTINENT, ACIDE ET VOLUPTUEUX

Enregistré de mars 2020 à janvier 2021 à Steinbach, “Embrassons-Nous” joue avec brio sur plusieurs registres à commencer par des situations vécues et observées, des tranches de vie … et puis il y a aussi un aspect plus onirique. Ou disons plutôt utopique.

“Viens la belle”, “Notre amour” … Au-delà de l’amour, thème incontournable distillé dans cet album avec gourmandise, voire volupté, cet album s’affirme aussi sur des thèmes actuels, et préoccupants. A commencer par “La confusion des sentiments”  qui va très loin dans  “destruction du discernement” et “suspension des assentiments”…

Viz en parle sans langue de bois, et aussi sans prise de tête, avec une évidente satisfaction pour des expressions et des jeux de mots qui font mouche. “L’obsolescence programmée “? Une réalité à laquelle nous sommes tous confrontés : “Du clinquant stupéfiant/ Inventions diaboliques d’érudits hystériques/ Pour la frime pour le fric d’un monde agonisant”.

Même exaspération face à ces chères  “4 / 4 women”  : “Dans leur char d’assaut rutilant elles se moquent des passants / Se garent sans gêne sur le trottoir / En double file sur les boulevards“.

Les paradoxes de la vie, avec ses motivations et ses engagements affichés haut et fort en prennent un coup dans “Les révoltés de salon”  avec allusion à  “leur centrale vieille de plus de cent ans” et au souhait/ rêve de se prendre pour Louise Michel ou Victor Schoelcher.

Pas de doute, on monte encore d’un cran dans “Je hais les drapeaux ” et “Il n’y a plus d’hirondelles”  entre dénonciation des “frontières de sang” et du “suicide pesticide”… 

Passionné par la langue française, Dominique Zinderstein en savoure les nuances, comme dans “Je reviendrai Porte Dauphine” et sa farandole de plats dépaysants et sites inattendus .. pour au final retrouver les fameuses “pommes dauphine”. Il cultive aussi le sens de la formule comme dans “Pierrot” : émouvant destin d’un attachant personnage à la dérive qui avait “la bouteille dans la peau” et une “mémoire d’éléphant rose

Mais attention, pas de méprise !

Oui, ne vous y trompez pas … cet album n’est pas un enchainement de chansons à messages et de titres revendicatifs : c’est joyeux et impertinent, acide et voluptueux au gré des refrains.

Et on rit de bon cœur dans “La photographie” évoquant avec humour l’art de se débarrasser d’un amour encombrant tout en l’incitant à sourire au moment fatal /….

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 “TROIS CHANTEURS ET MUSICIENS EXTRATERRESTRES”

De quoi prendre un peu de recul, de s’imaginer en cosmonaute dans la chanson débutant l’album : de quoi observer ce qui se passe sur Terre avec un sacré bon sens teinté d’incompréhension aussi.

Viz aime d’ailleurs se présenter comme un groupe  “composé de trois chanteurs, musiciens extraterrestres qui, depuis leur station spatiale située à quelques centaines de kilomètres au-dessus de la planète terre, observent attentivement les interactions entre les êtres humains et les autres habitants de la planète bleue qu’ils soient animaux ou végétaux.

Un soin particulier a été apporté dans la mise en valeur des instruments, notamment la complicité entre violoncelle et hautbois … ainsi que l’harmonie des voix comme dans “Cosmonaute“. Et à chaque nouvelle écoute de cet opus, j’y ai déniché d’autres trouvailles  : jeux de mots vocabulaire, mots à double sens, etc …

De là à parler d’un album à “savourer sans retenue” ?

Oui bien sûr, même si cette expression se soit tellement galvaudée.

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“A L’HEURE OÙ LES OISEAUX CHANTENT”

Pour la sortie de leur album, Viz a organisé deux concerts de lancements à Vieux-Thann samedi  23 et dimanche 24 octobre. Mais je n’y ai pas retrouvé mon titre préféré de cet opus :  “A l’heure où les oiseaux chantent”.

Pourquoi préféré ? Pour les voix tellement à l’unisson … avec des mots/expressions à comprendre /apprécier selon son vécu …

Une chanson hélas absente dimanche 24 octobre.
Pourquoi ? Impossible pour Virginie Schelcher de parler et encore moins de chanter. Pas évident de se retrouver aphone alors qu’on tant attendu ces concerts de lancement !
D’autant plus qu’elle en avait du cœur à l’ouvrage pour médiatiser ces deux événements, se transformant même en colleuse d’affiche comme en témoignait une photo sur les réseaux sociaux .
 
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Mais bon pas question pour Viz de déclarer forfait, malgré des circonstances aussi inattendues que stressantes. 
 
De là à présenter un programme à deux voix, celles de Dominique et Fanny avec leurs guitare et violoncelle, il n’y avait qu’un pas, franchi avec détermination et talent.
Évidemment, le public n’a pas ménagé ses applaudissements lorsque Virginie Schelcher a rejoint ses deux complices, tout en demeurant sans voix évidemment.
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“Embrassons-nous”, la chanson éponyme du nouvel album, je l’ai entendue pour la première fois samedi 5 juin 2021, dans le cadre d’une mobilisation à l’initiative du collectif de citoyens et d’associations “50 ans sans train, ça suffit !”

Elle était chantée en duo par Virginie et Dominique, devant la mairie de Guebwiller durant l’événement organisé par l’association FloriRail pour le retour du train dans la vallée du Florival”.

 

 REVUE DE PRESSE NON EXHAUSTIVE …

 
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Magazine FrancoFans, aout-septembre 2021

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l'Alsace 19 octobre 2021
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L'Alsace 17 aout 2021  l'Alsace 16 aout 2021

L'Alsace 7 janvier 2020  DNA confinement

L'Alsace 23 aout 2021

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 COMPAGNIE LE VENT EN POUPE : UNE SACRÉE AVENTURE …

 

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MARS 2003, 1ère lettre d’information de Viz

 

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1998. 1ère expérience discographique de Virginie Schelcher

Ça fait un bon moment que je m’intéresse à l’histoire du groupe Viz évoluant désormais avec en coulisses l’efficace complicité de Francis Ruhlmann, ancien directeur du Relais culturel de Thann et passionné de chanson française.

Mon premier article parlant de Virginie Schelcher date de près d’un quart de siècle.

C’était en avril 1998.

Elle était alors membre de Bagatelle, un quatuor vocal féminin et avait chanté à Fessenheim, à l’occasion de la commémoration du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Un événement marqué par la venue de Catherine Trautmann, alors Ministre de la Culture et de la Communication, et Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer.

Quelques années plus tard, en 2006, un article d’une page paraissait dans le trimestriel Chorus, les Cahiers de la Chanson, pour présenter le duo formé par Virginie Schelcher et Dominique Zinderstein.

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Discographie de Viz en duo

 

 

Texte et photos Albert Weber

Archives VIZ

LES 10 ANS D’ALSACE-MACÉDOINE : UN ANNIVERSAIRE ET DES PROJETS

C’est au Cercle Européen de Strasbourg que l’association Alsace-Macédoine présidée par Jacques Schleef vient de célébrer son 10ème anniversaire.

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Jacques Schleef

 

 UN PAYS AU CARREFOUR DE SON DESTIN

La soirée aura été soirée marquée par plusieurs temps forts à commencer par la conférence consacrée à « La Macédoine du Nord au carrefour de son destin – les Balkans en route vers l’Europe ».

Elle a été donnée par Svetlana Goleva, ambassadrice de la République de Macédoine du Nord auprès du Conseil de l’Europe , et traduite au fur et à mesure par Tomislav Najdovski, conseiller délégué aux pratiques sportives de la Ville de Schiltigheim.

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La conférence de l’ambassadrice de la République de Macédoine du Nord auprès du Conseil de l’Europe s’enracine dans une intense actualité, espérée ponctuée par l’ouverture prochaine des négociations pour l’accession à l’Union Européenne.

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Elle s’est déroulée en présence de Gérard Staedel, président de l’Union Internationale des Alsaciens ; Jean-Marie Vetter, vice-président du Cercle Européen de Strasbourg et Richard Junkto, consul de Hongrie, secrétaire général du Corps consulaire.

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Oui, voici déjà une décennie que l’association présidée par Jacques Schleef agit dans divers domaines de coopération : culture ; tourisme ; échanges de bonnes pratiques dans l’économie du vin, etc…

Autant d’initiatives présentées dans le documentaire « Deux histoires : un destin partage en Europe » réalisé par Danco Stefkov.

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OPÉRATION DE SOLIDARITÉ EN PARTENARIAT AVEC L’ASSOCIATION ESPOIR D’ORIENT

Le président de l’ALMA a par ailleurs évoqué diverses réalisations menées à bien cette année.

Il a entre autres donné des détails sur une opération de solidarité en partenariat avec l’association Espoir d’Orient de Richardmesnil (54) : 80.000 euros (valeur à neuf) de matériel médical et paramédical acheminé pour des maisons de retraite de Berovo et de Veles.

Il a aussi été question de l’Alsace Fan Day organisé à Veles le 24 juin 2021.

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PRÉSENTATION DES PROJETS 2022

Comme cela a été précis avec force détails au Cercle Européen de Strasbourg, les projets 2022 ne manquent pas pour l’ALMA :

- colloque sur le tourisme rural en partenariat avec l’Ambassade de France en Macédoine du Nord

- voyage touristique au printemps prochain pour découvrir les divers atouts du pays

- participation de jeunes alsaciens et macédoniens à un camp sous l’égide de l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) …

La soirée s’est achevée par la remise de cadeaux par Gérard Staedel à l’ambassadrice de la République de Macédoine du Nord auprès du Conseil de l’Europe, ainsi qu’au président de l’ALMA.

Voir ICI la vidéo de cette remise de cadeaux.

SITE ASSOCIATION ALSACE-MACÉDOINE

SITE UNION INTERNATIONALE DES ALSACIENS

 

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Svetlana Goleva, ambassadrice de la République de Macédoine du Nord auprès du Conseil de l’Europe, en compagnie du bureau de l’ALMA et plusieurs personnalités

 

Texte et photos Albert Weber

LA MARSEILLAISE DE GAINSBOURG : LAURENT BALANDRAS SANS LANGUE ET BOIS ET AVEC CONVICTION

La Marseillaise de Gainsbourg ?

Un sujet plus que jamais d’actualité comme l’aura confirmé avec conviction et sans langue de bois l’éditeur musical Laurent Balandras, auteur du livre sur “l’anatomie d’un scandale / chronique d’un blasphème républicain sur fond d’antisémitisme”. 

Retour sur sin instructive conférence tenue mardi 23 novembre par l’auditorium du Musée d’art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg (MAMCS).

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Pas de doute ! Elle en aura fait du bruit, cette Marseillaise version reggae interprétée par Gainsbourg sous le titre «Aux armes et cætera».

De quoi provoquer une vague, que dis-je un tsunami de réactions. A commencer par un édito du très conservateur Michel Droit dans Le Figaro Magazine du 1er juin 1979.

De quoi mettre le feu aux poudres en attaquant Gainsbourg en tant que juif.

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Hé oui, un des atouts de cette conférence de près d’une heure aura été de bien situer “La Marseillaise de Gainsbourg” dans le contexte de son époque.

Une contextualisation qui a eu le mérite de bien faire comprendre à l’assistance ce qui s’est vraiment passé durant la polémique et aussi par la suite dans sa vie quotidienne souvent plus Gainsbarre que Gainsbourg.

 

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Laurent Balandras ne s’est pas contenté de présenter des faits.

Il les a illustrés par des photos, couvertures de revue et extraits de journaux télévisés extrêmement révélateurs de l’ambiance survoltée et malsaine suscitée par cette Marseillaise et subie par son créateur.

Dont, évidemment, la “soirée mouvementée” au Hall Rhénus à Strasbourg : Gainsbourg chantant l’hymne national a capella, face à une salle surchauffée avec active présence de parachutistes et autres manifestants.

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La fameuse photo de Christian Lutz-Sorg, emporté par le cancer dans sa 63eme année le 8 décembre.

 Autres images/séquences symboliques mises en évidence par Laurent Balandras : la vente aux enchères du manuscrit acheté par Gainsbourg, quittant la salle sous les huées d’une partie de l’assistance.

En effet c’est à Versailles, en décembre 1981, que Serge Gainsbourg décide de s’offrir le manuscrit autographe signé de la Marseillaise par Claude Rouget de Lisle. Ce manuscrit n’était pas l’original mais une réécriture “au propre” de l’hymne, datée du 7 août 1833 et accompagné d’un envoi ironique à Luigi Chérubini (“Je vous adresse une de mes vieilles sornettes…”).

Gainsbourg fut l’acquéreur pour la somme de 130.000 francs (ce qui d’après le convertisseur francs-euros de l’Insee – qui prend en compte l’évolution inflationniste) équivaudrait aujourd’hui en 2019 à la somme de 63.000 € (hors frais de vente). “J’étais prêt à monter jusqu’à 1 million de francs” déclarait l’auteur-compositeur à la sortie de la salle. (sources BLOG LETTRE AUTOGRAPHE)

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Un des moments les plus intenses de la conférence de Laurent Balandras aura été l’évocation des nombreux messages insultants/ antisémites/racistes provoqués par l’émission de Jean-François Kahn consacrant à la Marseillaise de Gainsbourg son émission sur France-Inter dédiée à la chanson.

S’y ajoute aussi les considérations … disons plutôt le torrent d’injures toutes aussi malsaines déversées par le journaliste Dominique Jamet.

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Parmi les nombreuses photos projetées par Laurent Balandras figurent deux couvertures de Hara-Kiri présentées au MAMCS dont celle-ci :

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Cette photo, je l’ai publiée sur ma page Facebook le 21 novembre en l’accompagnant d’une autre couverture de “Hara-Kiri” parue en août 1979 avec une photo-choc : en l’occurrence la mise en scène du meurtre du chanteur sous le titre “La Marseillaise vengée”.

La mise en ligne de cette seconde reproduction d’une couverture de “Hara-Kiri” a suscité une réaction immédiate de Facebook : un message d’avertissement retirant cette photo pour cause de nudité. Et dire que cette couverture de Hara Kiri censurée est évidemment bien visible au MAMCS où l’expo sur la Marseillaise est présentée ‘Sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel Macron Président de la République”.

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J’ai évidemment envoyé une lettre contestant la réaction de Facebook.

Dans le même registre, vous savez sans doute que les fameux algorithmes ont récemment censuré le tableau symbolisant l’exposition de Jean-Jacques Henner. Ce tableau illustre la couverture d’un hors-série des Saisons d’Alsace entièrement consacré à ce peintre.

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Cette censure de la couverture de “Hara-Kiri”, j’en ai évidemment parlé à Laurent Balandras ainsi que Monique Fuchs, Conservateur en chef du musée Historique et Commissaire de l’exposition La Marseillaise. Et aussi, avant d’entrer dans le MAMCS, à Denis Leonhardt, un des fondateurs des Weepers Circus.

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OÙ EST PASSÉ ROUGET DE LISLE … 

Un mot enfin sur la formidable expo sur la Marseillaise, histoire de ne pas passer sous silence deux regrets, deux absences : Rouget de Lisle et Graeme Allwright.

Pas de précisions, pas de panneau consacré à ce fameux Rouget de Lisle (1760-1836) qui faillit être guillotiné durant la Révolution. Étrange personnage aux multiples facettes : une girouette “évoluant” au gré des événements de l’Histoire de France. 

En témoigne “Rouget de Lisle inconnu” de Maurice de La Fuye (Librairie Hachette, 1943)  : l’ouvrage de cet histoire, je l’ai trouvé chez un bouquiniste de la Place Kleber. De quoi mieux cerner le créateur d’un hymne symbole de révolution et de liberté dans le monde entier et par la suite compositeur de chants en hommage à la royauté… Des évidences confirmées par la conférence de Laurent Balandras … dont il n’a pas été possible d’acheter et de faire dédicacer le livre, vu la fermeture de la boutique du MAMCS  après sa conférence.

ET LA MARSEILLAISE FRATERNELLE DE GRAEME ALLWRIGHT ?

Et pour finir, aucune référence /évocation/allusion dans cette exposition à la Marseillaise humaniste /fraternelle  de Graeme Allwright qui la chantait à chaque concert.

Oui je sais bien que l’hymne national a suscité tant de versions/transformations au fil des siècles, et il en est bien question sur divers panneaux, textes à l’appui.

Mais bon, dans le cas de Graeme, il ne s’agissait pas d’une parodie mais bel et bel d’une démarche militante.

 

 

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En témoigne notamment cette expressive vidéo de 3mn et 27 secondes : Graeme Allwright chante sa “marseillaise ” devant 4000 personnes enthousiastes au théâtre antique de vaison la Romaine et toute une école de musique entonnent avec Graeme les paroles de cette marseillaise humaniste.

Une vidéo qui aurait évidemment sa place dans cette exposition mettant en valeur en textes, photos, vidéos, etc tant de créations suscitées par la Marseillaise.

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EXPOSITION A DÉCOUVRIR JUSQU’AU 20 FÉVRIER

Exception faite de ces trois regrets, je vous incite VIVEMENT à vous rendre au MAMCS. J’ai eu la chance de participer à la visite destinée aux médias : elle aura duré une heure et demie, et je peux vous dire qu’elle a eu lieu sans temps mort et presqu’au pas de course, comme je l’ai rappelé à Monique Fuchs.

 Bref prévoyez large en vous rendant à cette expo coproduite par le Musée d’histoire de Marseille, le Musée de la Révolution française à Vizille et le Musée Historique de la Ville de Strasbourg.

D’abord conçue comme chant de guerre pour l’Armée du Rhin à Strasbourg en 1792 avant de devenir l’hymne national français en 1879, La Marseillaise est un chant révolutionnaire qui a connu plusieurs postérités. D’abord conçue comme chant de guerre pour l’Armée du Rhin à Strasbourg en 1792 avant de devenir l’hymne national français en 1879, La Marseillaise est un chant révolutionnaire qui a connu plusieurs postérités.

L’expo du MAMCS met en relief “les multiples rôles de ce chant qui résonne lorsque la patrie ou les droits de l’homme sont en danger”. Elle  s’organise autour de trois axes majeurs :

l’année de la composition de La Marseillaise (1792)

sa diffusion comme chant de guerre, refrain révolutionnaire et hymne national

son rôle patrimonial en France et à l’étranger.

Déjà présentée au Musée de la Révolution française à Vizille, du 25 juin au 4 octobre, elle l’est au MAMCS depuis le 5 novembre 2021 et jusqu’au 20 février. Puis ce sera au tour du Musée d’histoire de Marseille du 18 mars au 3 juillet 2022.

Article dédié à Christian Lutz-Sorg, emporté par le cancer dans sa 63eme année le 8 décembre. Il est l’auteur de la fameuse photo de Gainsbourg à Strasbourg face aux paras.

Texte et photos Albert WEBER

 

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JAKI KOEHLER : “FAIRE SONNER L’ALSACIEN COMME LE FERAIT UN SONGWRITER ANGLO-SAXON”

N’en déplaise aux pessimistes et autres oiseaux de mauvais augure. Il y a toujours du nouveau dans la chanson alsacienne …

Et en ce début d’année les bonnes nouvelles proviennent de la vallée de la Bruche avec “A wort em hàls”, album de 7 titres aux accents rock, blues et ballade signés Jaki Koehler. Assurément une grande première pour cet auteur-compositeur-interprète.

 

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“Enfant j’ai toujours parlé l’alsacien avec ma famille”  me confie celui qui est bien connu depuis plus de 30 ans dans le milieu musical en Alsace.

“Derrière ma batterie dans les années 80, j’ai joué dans plusieurs formations de jazz et de blues, et ai aussi accompagné la revue du Barabli et Roger Siffer. J’ai monté mon 1er studio d’enregistrement dans les années 90 et produit plusieurs albums dont Marcel Loeffler, Dédé Flick, Remes un Sini Band, etc. Plus tard j’ai produit 5 albums pour la chanteuse américaine Lisa Doby dans un registre soul /rock, albums sur lesquels l’on peut retrouver une dizaine de musiques que j’ai composé pour elle”.

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MAQUETTES EN SOLO PUIS ENREGISTREMENT AVEC PLUSIEURS MUSICIENS

C’est durant ces années-là que Jaki Koehler apprend à utiliser d’autres instruments dont les claviers et les guitares “pour communiquer avec les musiciens avec qui je travaillais”. Mais de là à se lancer en tant qu’auteur, compositeur et interprète dans sa langue maternelle il y a un pas à franchir. Le déclic a lieu voici près de quatre ans, à l’occasion des 60 ans d’un ami.

J’ai écrit une première chanson en alsacien à cette occasion, puis une deuxième pour un autre anniversaire … J’ai pris beaucoup de plaisir à essayer de faire sonner l’alsacien et de le phraser comme le ferait un songwriter anglo-saxon, car ça aussi c’est ma culture”.

Hé oui, tel est le point de départ de cette aventure discographique enracinée dans une bonne demi-douzaine de chansons écrites et enregistrées durant l’hiver 2019-2020.

La 1ère étape sera consacrée aux maquettes réalisées en solo.

“Puis, j’ai invité plusieurs amis musiciens : Aurel King (guitare électrique) Jérôme Spieldenner (batterie) et Bernhardt Ebster (contrebasse) à élaborer et rejouer certaines parties. J’y joue de la guitare acoustique, électrique, des batterie, percussions et la basse et quelques pistes de claviers.

Au final j’ai souvent repris les pistes enregistrées moi-même, malgré les imperfections : j’y trouvais un caractère d’urgence qui collait aux chansons. J’ai réalisé le mixage dans la foulée”.

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« LE CALME DE L’HIVER EST PROPICE À L’EXPLORATION DE NOUVELLES PISTES MUSICALES »

Ces chansons dormiront plusieurs mois sur un disque dur à Poutay, près de Plaine et quelques amis proches les écouteront.

Mais il faut bien le reconnaître, Jaki Koehler n’assume pas d’emblée cette casquette de singer/liedermacher. Et pourquoi donc ?

Autant cela m’a amusé de réaliser les chansons, je ne me voyais pas les rendre publiques, pas assez bon, trop personnel … Et quand on me demandait quand j’allais les jouer live, l’angoisse m’a fait ranger ce projet aux oubliettes “.

L’histoire ne s’arrête pas là et pour cause puisque ces 7 chansons sont désormais disponibles.

“J’aime passer du temps au studio avec mes instruments, et le calme de l’hiver est pour moi propice à l’exploration de nouvelle pistes musicales. Puis je me suis dit : à quoi bon ? refaire des chansons ? pour les ranger au placard ? Du coup j’ai décidé de libérer ces quelques titres enregistrés il y 2 ans, tels quels sans retouches, ni mastering… Au moins ces 7 chansons-là ne vont pas hanter pas les prochaines journées d’hiver ! “.

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Pascal Frank, directeur des programmes de Fréquence Verte, avec Jaki Koehler et Antoine Jacob

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Ces chansons ont retenu l’attention d’Antoine Jacob, animateur de “Lieder un Gedìchtle, e Elsassichi Sendung, fer eich un mìt eich” : une émission consacrée à la chanson et la poésie en alsacien et aussi en platt et en badois.

Soit près d’une heure entièrement en alsacien avec interview Jaki Koehler et programmation de plusieurs extraits de l’album “A Wort Em Hàls”.

A écouter dimanche 23 janvier de 10 h à 11 h sur Fréquence Verte et à retrouver ICI en podcast.

 

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« J’AIME TROUVER LES MOTS EN ALSACIEN QUI COLLENT A LA MUSICALITÉ »

“Geh Us De Luft”, “Unterem Debbi”, “Am Kleine Weyer”, “Du Besch”, “Di Plakate Sen A Schand”, “Mer Redde Nem Davon”, “Angelo” : l’écoute attentive de ces titres réserve bien des surprises pour qui aime la langue alsacienne, la richesse de ses expressions, la subtilité des doubles sens.

Dans « Geh Us De Luft », Jaki Koehler se met dans la peau d’un personnage fictif (ou peut-être pas !) en évoquant cette personne que nous connaissons tous dans notre entourage. Vous savez bien, celui qui vous énerve chaque fois que vous le voyez ou l’entendez.

Unterem Debbi” parle des faux semblants que l’on entretient et qui peuvent engendrer des ragots. D’où l’importance de faire le tri, histoire d’y voir plus clair et de ne surtout pas oublier de s’amuser !

« Am kleine Weyer », c’est une ballade sur le temps tranquille, envie et besoin d’une pause. D’une escale dans la nature, dans l’attente sous les sapins rouge, et le souhait de laisser les animaux boire tranquille à l’étang. Une chanson qui me fait penser à “La maison près de la fontaine” de l’inoubliable Nino Ferrer. Sans doute ma préférée … disons à égalité avec “Di Plakate Sen A Schand”. 

Autre titre : “Du besch”, « Je me suis inspiré de “The Golden State”, un titre de de John Doe. J’ai organisé quelques concerts de John il y a une dizaine d’année et cette chanson m’est restée … Je l’ai adaptée en Alsacien sur un tempo bien plus lent, et d’autres accords ». Une chanson à savourer à divers registres : elle peut évoquer l’amour, l’amitié, la filiation, les complicités entre deux êtres, des liens invisibles aux autres.

Une autre chanson est dédiée à son père. Son titre rappelle évidemment le titre de la fameuse pièce de théâtre de Germain Muller “Enfin… redde m’r nimm devun !”». Peut-être le texte le plus personnel…

“Di Plakate Sen A Schand”, assurément le titre le plus percutant fait allusion à de mauvais souvenirs. “Il y a quelques années les murs de Schirmeck étaient recouverts des affiches de campagne de Marine LePen et consorts … D’où cette chanson où je parle d’un certain discours extrémiste, et d’affiches qui m’emmerdent et polluent le paysage… D’autant plus que les affiches de notre Festival Poutay Jazz & Blues étaient recouvertes toutes les nuits !”.

Quant à “Angelo”, c’est la seule chanson dans laquelle intervient Lisa Doby, dans les chœurs. Un intense hommage à un “frère de musique” disparu trop tôt, en 2018 :
 Angelo Mannarelli : un guitariste/chanteur de blues, avec qui Jaki Koehler jouait dans le groupe Blue Lagoon dans les années 80.

J’aime trouver les mots en alsacien qui s’assemblent en musicalité” souligne Jaki Koehler, aux chansons enracinées dans des sources d’inspiration variées.

Pas de doute, c’est avec brio que le créateur de la web radio We Bruche  franchit une nouvelle étape, en s’affirmant avec fierté comme auteur-compositeur-interprète dans sa langue maternelle. A suivre, en attendant des concerts….

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 Albert Weber

“A Wort Em Hàls” est disponible par la poste (15 € + frais de port) et à La Cavine à Poutay.

Et à partir du 4 février en téléchargement et en streaming sur toutes les plateformes.

Vidéo de promo

jakikoehler@orange.fr

https://www.facebook.com/jaki.koehler

https://www.facebook.com/webruche

 

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NOUVEAU LIVRE-CD : “J’APPRENDS L’ALSACIEN AVEC TOMMY ET LOUISE”

Ça y est ! La nouvelle édition de “J’apprends l’alsacien avec Tommy et Louise” est enfin sortie …  soit près de 20 ans après la 1ère version parue en 2003.

 “La méthode a été créée à la suite d’ateliers donnés avec ma sœur Évelyne à des animateurs de cours d’alsacien pour enfants.  Elle avait alors été publiée dans ma langue maternelle, le mulhousien (bas-alémanique du Sud), en collaboration avec l’illustratrice Catherine Nouvelle et l’aide de ma sœur pour ce qui est de la progression pédagogique.

Le premier ouvrage a été réalisé en neuf mois. Édité aux Éditions du Bastberg il a eu un beau succès, et a été présenté aux Foires aux livres de Marlenheim, Colmar puis à Paris » raconte Sylvie Troxler, à l’origine de cette méthode.

Capture d’écran 2022-01-30 à 18.38.11Hé oui, à l’origine, le livre-CD mettait en valeur uniquement l’alsacien du Haut-Rhin.

D’où l’intérêt de la seconde version ayant nécessité deux ans de travail. Modernisée par les illustrations de Nadia M, elle résulte d’une nouvelle équipe réunie par Michel Kieffer, créateur des Éditions MK67 à Rhinau.

Elle est donc déclinée en alsacien du Haut-Rhin et également du Bas-Rhin grâce à Isabelle Grussenmeyer, auteure-compositrice-interprète de chansons en alsacien et traductrice.

Précision de taille ! Cette nouvelle édition a été réécrite d’après ORTHAL (= orthographie alsacienne). C’est le nom de la méthode de graphie de l’alsacien permettant de transcrire toutes les variantes de l’alsacien … et mise au point par Danielle Crevenat et Edgar Zeidler.  Cette réécriture a eu lieu sous la houlette d’Évelyne Troxler (texte original en mulhousien) et sous la supervision de Bénédicte Keck, chargée de mission à l’OLCA pour les deux versions.

 Tommy et Louise-pages int 2022-02-5Que trouve-t-on dans ce livre ?

15 leçons recouvrant des thèmes inspirés de la vie des enfants : école, jeux, Pâques, Noël, nouvelle année, découverte de la ville, visite au zoo, vacances, préparation d’une tarte aux pommes, discussion dans un magasin, etc.

Chacune de ces 15 leçons comporte trois dialogues que l’adulte racontera aux enfants. Et chaque dialogue introduit une ou plusieurs expressions simples, permettant ainsi à l’enfant d’acquérir les structures et le vocabulaire de base pour qu’il puisse s’exprimer rapidement en alsacien” explique Sylvie Troxler en précisant : “Une place prépondérante est accordée aux illustrations afin d’attirer l’attention de l’enfant mais aussi de favoriser sa compréhension”

Pas de doute, “J’apprends l’alsacien avec Tommy et Louise” est une méthode joyeuse ! Dans le prolongement des leçons, un cahier d’activités abondamment illustré permet à l’adulte d’exploiter chaque dialogue : les structures grammaticales y sont mises en valeur de manière ludique avec mise en situation d’expressions ainsi que des jeux de rôle effectués par les enfants sous la direction de l’adulte.

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Autre point important, le livre bénéficie d’un précis grammatical très détaillé de plusieurs pages ainsi que plusieurs lexiques :

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- alsacien variante bas-rhinoise – français

- français -alsacien (variantes haut-rhinoise et bas-rhinoise)

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Envie de voir à quoi ressemble cette nouvelle version ?

D’en feuilleter d’autres pages en plus de celles présentées dans cet  article ?

Allez donc sur ce lien et tournez quelques-unes des 152 pages de cette méthode d’apprentissage de l’alsacien : elle s’adresse aux débutants et/ou aux enfants dès 4 ans !

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Pour s’initier ou se perfectionner en alsacien, rien de tel que de suivre pas à pas Tommy Schmitt, Louise Muller et le fameux chien Wagges qui apporte son lot de surprises au gré des événements.

L’enregistrement du CD a mobilisé plusieurs personnes connues pour leur implication dans la vie artistique et culturelle, dont Evelyne Troxler, Bénédicte Keck, Jean-Christophe Meyer, Isabelle Grussenmeyer, Adrien Fernique, Sylvie Troxler, Laurence Bergmiller et bien d’autres Alsaciens des deux départements.

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45 DIALOGUES ILLUSTRÉS ET UN CAHIER D’ACTIVITÉS POUR JOUER

Dernières Nouvelles d’Alsace, Ami Hebdo, L’Alsace, France Bleu Elsass, France Bleu Alsace, France 3 Alsace (émission Rund Um), Fréquence Verte

Divers médias ont mis en valeur ce livre-CD sorti avec le soutien de l’OLCA et de la région Grand Est.

 “Voici une nouvelle mouture, revue, corrigée et augmentée par Sylvie Troxler et l’illustratrice Nadia M. Revue car le dépoussiérage fonctionne bien, les nouvelles illustrations sont plus contemporaines, corrigées car le livre utilise la méthode ORTHAL, littéralement orthographe alsacienne, qui permet à chacun d’écrire l’alsacien comme il le parle, et augmentée car a été ajouté le bas-rhinois dans cette méthode” explique Pierre Nuss.

C’est lui qui a reçu dans son émission “Rhin un Nuss” sur France Bleu Elsass Sylvie Troxler, et aussi Adrien Fernique, auteur d’un guide de conversation des enfants en alsacien paru aux Éditions Bonhomme de chemin .

Écoutez ICI l’émission d’Antoine Jacob sur Fréquence Verte consacrée à Sylvie Troxler : elle évoque sa méthode d’apprentissage de l’alsacien, ses autres initiatives artistiques et culturelles, et son père Tony Troxler

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45 dialogues illustrés ; un cahier d’activités pour jouer ; plusieurs lexiques et une grammaire pour apprendre : de quoi s’embarquer sans hésitation et avec plaisir dans l’apprentissage de l’alsacien !

Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement ce livre-CD de l’ancienne orthophoniste Sylvie Troxler, fille de l’inoubliable Tony Troxler (1918-1998). auteur poète alsacien, dramaturge et comédien, efficace et attachant militant de la langue et la culture alsacienne.

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Albert WEBER

Livre-CD disponible dans en librairie au prix de 25€.

Dédicaces à Strasbourg :

Vendredi 25 février de 16h30 à 18h30 à la librairie Ehrengarth

Samedi 5 mars à 15h30 à la librairie Oberlin

Ouvrage sur le site de l’éditeur.

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“MYRIAM POUR TOUJOURS” : SURVIVRE ET REVIVRE SANS OUBLIER

“Roman historique”, c’est incontestablement l’expression qui définit avec justesse le 1er livre de Jean-Marie Kutner paru aux Editions Sydney Laurent.  Tel est d’ailleurs le choix de l’auteur : s’engouffrer dans la fiction pour mieux décrire la réalité.

D’où ces 372 pages enracinées dans l’Histoire, la grande avec une majuscule et l’autre, la sienne. Celle qui l’a incité à donner vie. Ou plutôt à faire revivre par des personnages synonymes de destins authentiques mais aussi – et surtout – de membres de sa famille d’hier et d’aujourd’hui.

 

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1942-2019 : TOUTE UNE VIE SANS OUBLIER

Bien sûr, au départ, il y a ces phrases qui retiennent l’attention sur la couverture :

1942 – Elle venait d’un pays qui n’était pas le mien
             Elle était juive et je ne l’étais pas

Et on peut alors penser, à juste titre, qu’il s’agit d’un récit qui se déroule uniquement cette année-là et peut-être les suivantes aussi, bon disons jusqu’à la Libération.

Ah oui, je vous préviens sans tarder.

Ce livre peut être dangereux pour votre sommeil. J’en sais quelque chose pour l’avoir lu, dévoré, en trois soirs, jusqu’au cœur de la nuit. L’envie d’en savoir chaque fois un peu plus sur le destin des personnages, aussi bien ceux que l’auteur a inventé que ceux qui sont enracinés avec émotion dans sa vie familiale.

Il faut donc bien préciser que ce livre débute bien en 1942 mais il ne s’achève qu’en 2019. Et c’est sous la forme d’un journal intime rédigé année après année que Jean-Marie Kutner raconte l’enfance, l’adolescence, et la vie d’adulte de celui qui ne pourra jamais oublier Myriam.  

Le 3 juillet 1942, c’est le dernier jour de classe à Paris et aussi le dernier jour de liberté pour Anne Frank à Amsterdam. Et nous sommes alors à trois jours de la rafle du Vél d’Hiv.

Le narrateur, c’est un enfant de 11 ans. Il se lie d’amitié avec Myriam. Elle est juive, porte l’étoile jaune et lui pas. Complicité d’enfants oui, mais dans un environnement qui n’échappe évidemment pas aux deux écoliers parisiens. Et lorsque Myriam doit monter dans la dernière rame du métro, celle réservée aux Juifs, son jeune ami goy l’accompagne.

Amitié ou amour d’enfants ?

“Au moment où je te tendis la main, tu t’es avancée pour me murmurer à l’oreille quelque chose comme “icardilib”, sans doute du yiddish, et tu m’as embrassé sur la joue. Je n’avais pas compris tes mots mais j’étais fou de joie”.

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1982, attentat de la rue des Rosiers à Paris. Un des temps forts du livre de Jean-Marie Kutner

 

“UN PETIT CAILLOU BLANC EN FORME DE CŒUR QUE JE LUI AVAIS OFFERT”

Lorsque la guerre s’achève, l’espoir renait chez l’enfant devenu adolescent.

Dans la fumée des trains qui reviennent de l’enfer, il espère de quai de gare en quai de gare revoir celle qui lui a lancé depuis la fenêtre de son appartement un mouchoir noué .

“J’arrive à la maison et me jette sur mon lit en pleurs. Repensant au caillou, je mets ma main dans ma poche Je défais le nœud. Il était lesté du petit caillou blanc en forme de cœur que je lui avais offert. A l’intérieur, un petit morceau de papier, rapidement, arraché. “NE M’OUBLIE PAS“.

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Joseph Migneret et sa classe des garçons école Hospitalière St Gervais

 

“LES FAITS, LES DATES ET LES LIEUX DONT IL EST FAIT MENTION DANS CE LIVRE SONT RIGOUREUSEMENT EXACTS”

L’enfant devenu adulte ne pourra pas oublier l’écolière, et il lui faudra apprendre à vivre.

A revivre, à apprendre à aimer, à fonder une famille, avoir une fille … qui sera prénommée Myriam.

Jean-Marie Kutner précise : “Ce roman historique pourrait avoir comme sous-titre “Une histoire dans l’Histoire. Il nous permet d’aborder une des pages les plus noires de notre Histoire et d’en comprendre la genèse, les dessous et le déroulement. Il met en évidence la lourde responsabilité du gouvernement de Vichy et de Pierre Laval en particulier. La rafle du Vél d’Hiv’ est la première déportation massive d’enfants. 3500 durent déportés Aucun n’est revenu.  Les faits, les dates et les lieux dont il est fait mention dans ce livre sont rigoureusement exacts”

Tout au long du livre, le lecteur évolue en permanence entre deux mondes : un destin personnel ponctué de tant de rencontres  dont celles si décisive de Lina Morales,  la concierge de l’immeuble où Myriam  vécut avec sa famille.Lina, réfugiée en France à cause de la dictature de Franco en Espagne.

Et bien sûr un autre personnage qui va accompagner le narrateur de son enfance à sa vie d’adulte : Simon, rescapé des camps de la mort. “Simon est un héros fictif de mon roman, mais il est la voix de millions de victimes. La récit de son arrestation, de sa déportation et de sa participation à la capture d’Eichmann s’inspire de témoignages parvenus et des faits qui nous sont connus” souligne l’auteur. 

Ce livre s’enracine dans tant de rencontres, notamment en France et aussi en Allemagne durant le service militaire du narrateur.

Il met aussi en évidence l’Histoire de l’Alsace à travers divers dialogues qui en disent long sur la complexité de son destin. En témoigne entre autres ce constat : “Oradour est un drame pour Schiltigheim, car on trouve des Schillikois dans les deux camps. Comme je vous le disais, il y en eut neuf parmi les victimes, mais il y en eut également parmi les quatorze Alsaciens intégrés à la division Das Reich. C’est un procès difficile car, parmi ces quatorze Alsaciens, deux étaient volontaires et douze étaient des Malgré-Nous”

Et puis il y a l’actualité qui invariablement fait résonance à la vie personnelle : Auschwitz, Oradour-sur-Glane, le procès de Bordeaux, la  traque d’Eichmann, la guerre froide, celle des Six Jours, la chute du mur de Berlin, l’assassinat de Kennedy, la mort de Franco, l’attentat de la rue des Rosiers et bien d’autres événements encore qui ont tous, d’une manière ou d’une autre, des répercussions dans la vie quotidienne du journal intime rédigé, année après année par le narrateur.

Comme en juillet 1951 où il écrit : “Ce soir j’apprends qu’après six ans de détention, Philippe Pétain est mort en captivité à l’ile d’Yeu. Maréchal, te voilà devant Dieu. C’est l’heure de rendre des comptes. Sache que je ne t’ai jamais pardonné”

“Il traverse le XXe siècle, fidèle à sa promesse” souligne l’auteur qui se met dans la peau de cet enfant traumatisé par la disparition de Myriam. Et qui jusqu’à son dernier souffle ne cessera de penser à elle. De la faire revivre à sa manière, tout en vivant intensément sa vie d’adulte familiale et professionnelle.

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“ANNE, ESTER ET MYRIAM SONT TROIS VICTIMES DE LA BARBARIE NAZIE, RÉUNIES POUR TOUJOURS”

 

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Jean Marie Kutner, petit-fils d’Ester Kuttner, fils de David Kutner (=Henri Kutner) ; Lily Kutner, née Assidon, veuve d’Henri Kutner, mère de Jean Marie, Michael Cyter, petit-fils de Pinkus Cyter (Zitter), frère aîné d’Ester Kutner.

En 2006, Jean-Marie Kutner rencontre la Fondation Anne Frank et revient profondément marqué de son voyage à Amsterdam. Anne ne l’a jamais quitté.

En 2011, des habitants de ville natale de son père – Göppingen en Allemagne – l’invitent à la pose d’un pavé mémoriel en souvenir de sa grand-mère, Ester, assassinée par les nazis en 1942. C’est là qu’il découvre son histoire, ses origines.

Les trois photos ci-dessus sont extraites du site STOLPERSTEINE GÖPPINGEN .
A découvrir si vous avez envie d’en savoir plus sur le destin d’Ester Kuttner et de sa famille.

Coupables ou responsables ?

C’est la question lancée par l’auteur en fin d’ouvrage, en présentant plusieurs personnages-clés de la barbarie nazie : Carl Albrecht Oberg; Théodor Dannecker; Josef Mengele ; René Bousquet ; Jean Leguay ; André Tulard et Emile Hennequin. 

“Anne, Ester et Myriam sont trois victimes de la barbarie nazie, réunies pour toujours” explique Jean-Marie Kutner né au Maroc en 1951 et arrive en France en 1957. Un auteur bien connu en Alsace pour des raisons autres que littéraires.

Diplômé de la faculté de pharmacie de Strasbourg, il exerce dans une officine à Schiltigheim, où se déroulent plusieurs chapitres du livre.  Jean-Marie Kutner y est élu en 1995. Il y sera adjoint au maire à l’enfance jeunesse, puis maire de la ville et vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg. Et il prendra sa retraite et se retirera la vie politique en 2018.

 

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Laissons le mot de conclusion à Jean-Marie Kutner :

“En écrivant ce livre, j’ai une pensée particulière pour Joseph Migneret, héros et homme de cœur méconnu, pour ma grand-mère, Ester Kutner, assassinée le 27 mars 1942, pour mon père Henri, décédé le 24 novembre 2000 et pour Anne Franck, qui inconsciemment m’a inspiré.”

 Albert WEBER

 SITE DE L’ÉDITEUR

DÉDICACES

19 mars, Librairie Ehrengart route du Polygone

26 mars Librairie Totem, rue Principale à Schiltigheim

14 mai Salon Littéraire de Parentis en Born (Landes)

 

 

“ET TON RIRE UN OISEAU … ” ? L’ALBUM QUI FAIT DU BIEN !

Déception, colère, scandale .. Hé oui, voilà ma première réaction  en découvrant “et ton rire un oiseau …” le nouvel album de Jofroi.

Et assurément il y a de quoi quand on prend le temps de découvrir ces 13 chansons qui font du bien en ces temps étranges entre guerre et menace nucléaire.

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Jofroi

Alors pourquoi être déçu, en colère et scandalisé ?

Tout simplement parce “et ton rire un oiseau” mérite incontestablement une large audience. Je veux dire bien au-delà de celles et ceux qui aiment la chanson non formatée, celle qui nous chavire, nous émeut, nous bouleverse, nous incite à agir aussi.

Alors évidemment il faudra (une fois de plus) se lever de bonne heure, voire ne pas du tout se coucher pour que ce nouvel opus de Jofroi retienne l’attention des “grands médias”, aussi bien de la presse écrite qu’audio-visuelle.

Mais qui s’intéresse encore aujourd’hui à ce nouvel album  lumineux, tendre lucide et toujours rebelle ?

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Aurélie Goudar et Line Adam

 

POÈTE, AUTEUR, COMPOSITEUR, TERRIEN, JARDINIER

Voilà pourquoi je parle de déception et colère, et aussi de scandale en me disant que la plupart des gens n’entendront sans doute jamais parler de cet album. A moins, évidemment, d’en découvrir une chronique dans une des rares publications de presse écrite encore consacrée à la chanson

et/ou sur incontournables sites comme celui de Michel Kemper, Nos enchanteurs : on y trouve plusieurs articles sur Jofroi dont le plus récent signé Robert Migliorini présente ce nouvel album sous l’angle de “Jofroi, des maîtres mots contre les maux”.

Inspirée par ce nouvel album, Claude Juliette Fèvre propose sur son site Chanter c’est lancer des balles non pas une chronique mais un jeu littéraire : “Une pure fiction, un jeu d’écriture où se trouvent insérés en caractères gras les 13 titres de l’album et quelques mots, expressions, empruntés ici ou là aux chansons”.

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Colin Burton et Jofroi

 

Au cas où vous n’auriez encore jamais entendu parler de cet auteur-compositeur-interprète à la “chaude voix enveloppante” selon l’expression d’Annie-Claire dans FrancoFans, ayez donc la curiosité d’en savoir plus sur le site jofroi.com !

“Belge du Sud (il vit actuellement dans le Gard), chanteur à double casquette traitant le jeune public en grands en parallèle à l’auditoire adulte, directeur artistique et figure de proue pendant vingt ans du festival Chansons de Parole de Barjac, Jofroi a décidément plusieurs cordes à son arc. Chanteur, poète, auteur, compositeur, humain, terrien, promeneur, jardinier, rêveur…”.

Assurément un citoyen du monde qui affirme : “Autant dire que je suis de nulle part. Il y a bien longtemps que j’ai quitté mon village natal ainsi que la terre où reposent mes ancêtres… Et mes enfants ne sont pas tout près non plus. Mais est-ce vraiment si important ? Dans ce monde où le futur de l’homme est planétaire. Je ne suis donc ni d’ici, ni de là… Je suis à l’endroit où je vis et j’y construis des univers, en partie imaginaires. Je suis de Champs la rivière, je suis de Cabiac sur terre… Et ces mondes se métamorphosent”. 

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Guy Werner

Fraternité, humanité, citoyen du monde, avenir de la planète …

Tels sont les principaux repères de l’abondante discographie de Jofroi : une bonne vingtaine albums, sans compter les compilations et les disques collectifs. 

Aussi je vous recommande vivement son livre De Champs la rivière à Cabiac sur terre” : une lecture incontournable pour vous aventurer en toute liberté dans l’œuvre et aussi dans la vie de cet artiste avec tous ses textes de chansons, des monologues et contes pour enfants. Un sacré parcours de vie raconté entre anecdotes, photos et dessins.

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Kathy Adam

 

 “J’AI SEMÉ SIX AMANDES DANS UN COIN DE MON PRÉ”

“et ton rire un oiseau … ” s’inscrit dans le vécu d’un homme dont la vie ne se résume pas à chanter.

En témoigne le 1er titre, “Le monde d’après”, texte de bon sens et d’espoir, plein de réalisme aussi.

“J’ai semé six amandes dans un coin de mon pré. C’était début décembre 2020. J’avais les doigts gelés. J’ai creusé des petits trous. J’ai posé les amandes délicatement au fond, avec le germe bien dressé sur le dessus. Je les ai recouvertes de terre en tassant doucement. Au préalable, je les avais fait germer pendant trois semaines dans un pot en terre rempli de sable. Auparavant, je les avais gardées deux semaines au frigo pour qu’elles connaissent un hiver. Tout cela, comme l’ami des montagnes noires me l’avait recommandé, quand il me les avait données.

J’ai laissé mes semis et je suis rentré à la maison, en chantonnant “j’ai semé six amandes… et j’ai les doigts gelés”. Je pensais à l’avenir. Aux amandiers qui pousseraient fièrement sous le soleil printanier. Aux enfants, assis plus tard sous leur feuillage”.

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Colin Burton et Guy Werner
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Monique Gelder et Jofroi

 

 “LA FEMME ET L’HOMME SONT ÉGALES”

 “Désolé”, c’est un concentré des situations que nous tous subi un jour ou l’autre, dans tant de circonstances : “L’innocent refrain / Qui vous met dans le pétrin / Désolé, désolé“.

Une chanson entrainante, aussi enjouée que décapante ! De quoi inspirer un clip assurément grinçant mais également joyeux, voire optimiste vu la tournure de la chanson !

Autre titre, “La femme et l’homme sont égales” : superbe duo de Jofroi avec Monique Gelder où les deux artistes s’interpellent : “Allez va, ne le prend pas mal / Tu montes sur tes grands chevaux / Moi, j’te dis qu’il et elle se valent / Et n’sont ni rivales, ni rivaux”.

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Aurélie Goudaer

En fait, chaque chanson de cet album met en valeur un ressenti (“La tête en jachère”) , une situation, une tranche de vie loin de l’agitation urbaine et si proche de la nature, de la campagne … Un attachant kaléidoscope avec, entre autres, ses chansons d’espoir (“J’attends la fin de la nuit”) et également d’amour (“Tes yeux”)

La synfaunie des oiseaux”, c’est un sacrée feu d’artifice enraciné dans tant de noms d’animaux qui nous sont familiers. Et de surcroit une formidable leçon de vocabulaire sur la manière dont s’expriment cette “jolie synfaunie / D’où en harmonie / Fusent mille cris / Qui s’élèvent en chœur / Où chacun leur tour / De nuit et de jour”.

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André Lavoie

 

“LES OISEAUX, MIGRANTS SANS PAPIERS”

“Est-ce qu’il neige à Montréal” ? Superbe chanson dédiée à André Lavoie, un poète québécois.

N’hésitez pas à découvrir la chaine Youtube de ce poète québécois qui a également inspiré Jofroi pour “Célébration des oiseaux” :

“Mon ami poète m’avait envoyé, depuis la rivière des prairies à Montréal, un joli texte célébrant les oiseaux, migrants sans papiers, enchantant nos décors… J’en ai fait une chanson. En rêvant que les humains en prennent de la graine…”.

Le Québec – où Jofroi a chanté plus d’une fois – réapparait ici et là au gré d’autres chansons, comme dans “C’est une idée” dédié à Raymond Levesque : “Et puis enfin, rêver / D’un nouvel hymne populaire / Qu’on ne chante plus le point levé / Mais qu’on chante les bras ouverts”.

Chanter les bras ouverts ?

“Cette idée je l’avais tourné dans tous les sens lorsque j’écrivais les chansons de l’album précédent. En février 2021, j’ai appris la mort de Raymond Lévesque, ce merveilleux chanteur québécois, auteur de “Quand les hommes vivront d’amour”. C’est ainsi que m’est apparue alors, comme une évidente, cette idée qui fait sourire”.

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Gauthier Lisein

L’album se termine avec deux chansons incontournables qui me donnent toujours la chair de poule.

Deux titres majeurs de Jofroi. Deux hymnes à l’amour, à la fraternité, au besoin et à l’envie de vivre, de construire, de créer, d’être heureux et de rendre heureux tout simplement

D’abord “Faut bâtir une terre” : “Cette chanson fétiche m’a accompagné sur scène pendant un demi-siècle. C’était l’occasion de lui redonner vie pour un autre demi-siècle !”.

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Et puis  Si ce n’était manque d’amour, autre chanson très connue de Jofroi.

A retrouver ici une version collective et sans frontière enregistrée durant le confinement en 2020 et visible sur Youtube.

Jofroi se souvient de “ce moment intense de partage avec tous mes amis, musiciens et autres, où unis par le lien soudain magique de nos téléphones portables, de nos caméras d’ordinateur, nous nous étions retrouvés comme autour d’un grand feu de camp sur la toile, à jouer et chanter à tue-tête “on serait bien mieux en ces beaux jours, si ce n’était manque d’amour” à travers toute la francophonie”.

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Sorti en février 2022 chez EPM avec un livret de 16 pages, “et ton rire un oiseau … “, c’est aussi une histoire d’amitié vécue par une poignée de talents :

guitares et voix (Guy Werner), batterie et percussions (Gauthier Lisein), basses (Alain Rinallo), violon et voix (Aurélie Goudaer), violoncelle (Kathy Adam), chœurs et voix (Monique Gelder). Un 

Sans oublier la complice de Jofroi, aussi bien sur scène qu’en studio avec cet album aux arrangements et direction musicale signés Line Adam (piano, flûtes). Colin Burton assure la prise de son et aussi le mixage avec Maxime Burton.

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Line Adam
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Alain Rinallo

Si vous lu cet article jusqu’ici, peut-être comprenez-vous mieux ce que je vous disais en début  de texte en parlant de déception, colère, scandale !

Imaginez un instant – un exemple parmi d’autres question médiatisation – le documentaire télévisé qui pourrait être réalisé sur l’aventure artistique et humaine cet auteur-compositeur-interprète majeur de la francophonie …

sur sa complicité avec Jean-Pierre Chabrol qui lui confia des textes qu’il mettra en musique …

ses rencontres avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Léo Ferré, Jean Ferrat, François Béranger, Julos Beaucarne et bien d’autres créateurs des deux bords de l’Atlantique, et d’ailleurs !

Mais oui, il n’est pas interdit de rêver en cette période où les “play-list” font la loi aussi bien sur les stations commerciales que les radios du service public…

En attendant de retrouver Jofroi sur le petit écran (allez, l’espoir fait vivre !), savourez donc sans retenue cet album des Productions du Soleil.

Et croyez moi ça fait du bien en ces temps de folie guerrière : oui, c’est évident, “on s’rait bien mieux en ces beaux jours, si ce n’était manque d’amour”.

Nouveau récital ET TON RIRE UN OISEAU avec Line Adam (piano, flûte et accordéon) et Guy Werner (guitares) :

- mercredi 25 mai, 20h, Festival Dimey, Nogent (52)

- samedi 28 mai, 20 h, Paris, Café de la Danse

 

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Colin Burton et Line Adam

Texte Albert Weber

Photos studio  Facebook de Line Adam

Site de EPM

Site de Jofroi

Textes et extraits des chansons 

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“BLI VOM BRUNNE EWEG” : 4ème ALBUM D’ELVIS STENGEL

Elvis Stengel occupe une place à part parmi les artistes et groupes que j’aime mettre en valeur pour leur engagement en faveur de leur langue maternelle. Sa vie ne se résume pas – loin de là –  à celle d’un auteur, compositeur et interprète. Et son nouvel album confirme un talentueux engagement envers le francique lorrain, traditionnellement appelé Lothrìnger deitsch/ditsch ou Lothrìnger Platt. Ou tout simplement Platt.

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L’auteur-compositeur-interprète de Vibersviller photographié par Philippe Creux

Finie l’époque où il lui fallait jongler entre agriculture bio avec 100 vaches laitières le jour et chanson quand il avait le temps. Évidemment, cela ne l’empêche pas de continuer à s’intéresser à sa “vie d’avant” comme en témoignent diverses photos de sa page Facebook, dont sa visite au Salon de l’Agriculture, Porte de Versailles à Paris.

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3 mars 2022. “Un petit tour chez les Brunes des Alpes au Salon de l’Agriculture”
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Stand de “La grenouille assoiffée”, bière mosellane produite à Vahl-les-Benestroff.

Elvis Stengel peut désormais donner libre cours à sa “vie d’artiste”, entre chanson et poésie. Car la poésie fait aussi partie de ses centres d’intérêt, qu’elle soit en français, allemand, alsacien ou platt.

En 2018, lors du dernier festival Summerlied (dernier à tous les sens du terme hélas !) le Prix Jean Dentinger y a été remis à Elvis Stengel. A cette époque venait de sortir “De Fresche wille e Kinich”, son 3ème album en français et en platt … avec un titre faisant allusion à la fable de La Fontaine “Les grenouilles qui demandent un roi”.

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Festival Summerlied 2018. Pierre Nuss remet le Prix Jean Dentinger à Elvis Stengel

 

48 CHANSONS RÉPARTIES SUR 4 ALBUMS

Elvis Stengel est né en Moselle, entre les cultures allemande et française. Et c’est très tôt qu’il se passionne pour la littérature, la poésie et la chanson des deux pays.
 
“Lorrain dialectal “platt” de coeur, il écrit, chante et déclame évidemment dans les trois langues de son âme” selon l’expression de l’ethno-poète chanteur alsacien Olivier-Félix Hoffman qui le qualifie de “fervent partisan de l’amitié franco-allemande et alsaco-lorraine”. Elvis Stengel se produit principalement en Moselle, en Allemagne et Alsace dont au festival Summerlied à deux reprises. A ce jour sa discographie compte 48 chansons réparties sur 4 albums.
 
En 2003, j’ai enregistré “Made in Vibersviller”, mon premier opus de 5 titres chez moi au garage sur une toute petite table numérique avec l’aide de ma fille Céline et d’un copain désormais batteur professionnel, Raphael Schuler. Ensuite en 2008 il y a eu “Une vague idée du chemin” avec 17 titres dont 5 en platt. En 2018 j’ai produit mon 3ème CD, “De Frésche wille e Kinich” avec 11 titres dont la reprise de “En cloque” en platt avec l’autorisation de Renaud et de sa maison de production”. Et en février 2022 est sorti “Bli vom Brunne eweg”, peut-être mon album le plus abouti”.
 
 
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Février 2022. Vitrine de l’Office de tourisme de Sarreguemines.

 “UN CD RURAL QUI SENT BON LE FOIN”

C’est évident, l’ancien exploitant agricole désormais à la retraite n’a en pas perdu de son inspiration. Ni de son bon sens aussi comme le confirme “Bli vom Brunne eweg” (“Ne t’approche pas du puits”) sorti quatre ans après son précédent CD.

Un nouvel album totalement enraciné dans sa langue régionale, le platt qui devrait retenir l’attention de ceux qui estiment que les langues régionales ne doivent pas être nivelées voire anéanties par le rouleau compresseur de l’uniformisation jacobine.

 Comment présenter cet album ? “Un CD rural qui sent bon le foin, les mélodies légères au rythme entraînant, quinze titres en platt où l’artiste chante le terroir de Vibersviller et du Saulnois” selon Philippe Creux dans le Républicain Lorrain. “C’est une partie de la vie du monde rural entre Alsace et Moselle qu’on retrouve cette année dans les chansons d’Elvis Stengel” selon Thomas Lepoutre (Dernières Nouvelles d’Alsace” à qui il confie : “J’y chante mon amour de la vie rurale, avec plusieurs anecdotes qui m’ont inspiré ».

Au fil des ans, Elvis Stengel s’est forgé une belle réputation et il bénéficie de divers soutiens  dans les médias régionaux, en presse écrite et audio-visuelle : France Bleu Elsass (notamment avec Pierre Nuss) ; Fréquence Verte (émission sur la chanson en alsacien et en platt d’Antoine Jacob), et France 3 Alsace aussi.

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 “LIEDLE FÜR ALL DI WU UNSERI SPROCH NOCH VERSTEHN !”

C’est donc un album de 15 titres qu’Elvis a enregistré avec sa fille Céline Stengel-Loeffler (piano) et Michel Ledig (harmonica). Sans oublier Alain Kermann (flûtes irlandaises, guitares, guitare basse, trompette, clavier) également sur le pont dans d’autres registres : arrangements, maquette, enregistrement, mixage, mastering).

Liedle für àll die wu unseri Sproch noch verstehn !” a tenu à préciser Elvis Stengel sur la pochette du CD. Hé oui, des chansons pour tous ceux qui comprennent encore cette langue maternelle à laquelle il est plus que jamais attaché. Et à l’employer pour des refrains aux multiples inspirations.

A commencer par le titre éponyme ! “Bli vom Brunne eweg” ! Une mise en garde qui aura souvent résonné aux oreilles du chanteur durant son enfance : “Ne t’approche pas du puits, l’homme au crochet va t’attraper. Notre grand-mère disait ainsi pour nous dissuader d’aller jouer près du puits ou d’un autre point d’eau”.

 Les temps ont changé, mais Elvis Stengel n’a pas oublié l’époque où la vie était sans doute plus proche de la nature, de traditions et d’une certaine manière de vivre et d’être.

Sur les 15 titres enregistrés en platt (avec ici et là de l’allemand et un peu de français), Elvis Stengel précise que “cinq s’adressent plus spécialement aux enfants. Elles ont été écrites pour l’OLCA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle) à l’intention des enfants scolarisés en classes bilingues”.

De quoi parlent donc ces chansons ainsi commentées par l’artiste ?

“Der von dr Poscht”. (Celui de la poste!) “L’histoire d’un ancien qui m’a raconté la récolte des pommes de terre dans une année terriblement humide, il marchait sur des planches dans sa parcelle pour ne pas s’enliser ! Chanson rigolote dont le refrain dit : et celui de la poste picole seulement quand c’est gratuit !”.

“Im Hansnickel sin Kuh hàt gemàcht”. “La vache de Jean-Nicolas a fait …. meuh! Un texte de mon cru avec un refrain traditionnel alsacien. En passant de l’Alsace à la Moselle Hansmichel est devenu Hansnickel)”. De quoi se rappeler d’une célèbre chanson enregistrée par Roger Siffer sur son premier album.

“D Hàckemànn”. “L’homme au crochet, chanson pour l’OLCA pour les enfants des écoles primaires en classe bilingue”.

“Kumm mir fàhre uff Nanzich”. Viens allons à Nancy…  sur un air traditionnel une chanson sur la Place Stanislas à Nancy”.

“Klopp, klopp, klopp àm Himmelsdor”. Frappe, frappe aux portes du ciel … une chanson allant dans le sens de “Knocking on heavens door” de Bob Dylan mais qui n’en est pas la traduction et sur une musique d’Alain Kermann”.

“S’Hàselied”. “La chanson du lapin … encore une chanson pour l’Olca pour les classes bilingues du primaire”.

“S’Fuchselied”. La chanson du renard  … autre chanson pour enfants également destinée à l’OLCA”.

“E bissel Geld im Mäppel”. Chanson sur la ville de Sarre-Union d’autrefois avec tous ses petits commerces … c’est une  reprise, une nouvelle version d’un titre du CD précédent”.

“Wenn de Gold hàsch”. Si tu as de l’or, l’histoire d’un gars qui va de brocante en brocante tous les dimanches et ne vend jamais rien !”

“Hornung”. “Les anciens appelaient le mois de février “Hornung” . Ils craignaient beaucoup ce mois de l’hiver. Ils disaient alors : Février (Hornung) dit à Janvier, si j’avais ta force je ferais geler le veau à l’intérieur de la vache”.

“Lied vom Wolf”. Chanson du loup, un reprise de ma chanson en français enregistrée en 2003 sur la bête des Vosges, traduite en allemand”.

“D Oschterhàs”. “Encore une chanson pour enfants, le lapin de Pâques avec le passage des crécelleurs dans la semaine pascale”. Avec la participation d’Elisa et Maxime, petits-enfants d’Elvis Stengel.

“S Elise molt Fisch”. “Élise dessine des poissons … une chanson pour ma petite-fille Élise qui dessine des poissons, ses animaux préférés”.

 

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“QU’ALLONS-NOUS FAIRE POUR GARDER NOTRE LANGUE” ? 

Mention particulière pour “Se rossle widder àn de Sàwle”.

Cette chanson-là comporte plusieurs niveaux si on prend le temps de bien l’écouter. Ils agitent à nouveau les sabres …  Encore des souvenirs d’enfance, le samedi soir devant la télé noir et blanc, nous attendions le western sur la chaîne allemande ZDF dans le salon chez nos parents. D’autres émissions étaient programmées avant le film, il fallait attendre et patienter, et lorsque notre père regardait les infos évoquant les conflits aux quatre coins de la planète, il disait toujours : regardez comme ils agitent à nouveau les sabres ces va-t-en-guerre !”.

Cette chanson me tient particulièrement à cœur. Elle s’enracine dans un passé révolu, voire oublié (soirées en famille, feuilletons et émissions des chaines allemandes du samedi soir, etc.) et fait aussi référence à la guerre actuelle en Ukraine.

Im ZDF verzehlt dr Rudi Carrel Witze / Fer Sender wächsle muss mr àm Kàschde knipse / In dr  Stub) is wàrm, s’Télé Progràmm isch fein/ Mir wàrte àll uff d Western mim John Wayne/ D Nàchrichte màche d Vater ernscht löwe / Der Welt kànn mr iwerhàpt nimmé ver tröwe/ Löwe emol se rossle widder àn de Sàwle , hàt unser Vater gesàt”

Sur la chaîne ZDF Rudi Carrel raconte des vannes/ Pour changer de chaîne il faut presser des boutons/ Il fait bon dans la pièce, le programme TV est top/ Nous attendons tous le western avec John Wayne/ Le père change d’humeur devant les informations/ Ce monde n’inspire plus confiance du tout/ Regardez comme ils agitent les sabres , disait notre père”.

S’y ajoute une autre réalité, celle du père décédé et de la langue maternelle elle aussi disparue.

“Jà s’isch àlles erum s’isch àlles gehàkt/ Doch d Télé zeit uns dàss es nàch Krieg schmàckt/ Corona isch iwer d Welt gezoh/ Unser Vater isch schun làng nimmé do/ Wie mr sàt sie sin bàll àll furt die Alte/ Wàs gehn mr màche fer d Sproch behàlte/.

Mais tout cela est bel et bien du passé/ Et la télé nous montre que ça sent la guerre/ Le corona a envahi la Terre/ Notre père n’est plus de ce monde depuis belle lurette/ On dit que les anciens sont presque tous partis/ Qu’allons- nous faire pour garder la langue ?”

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Reste un dernier sujet à aborder. Une évidence évoquée avec ce “poète-paysan” qui chante en s’accompagnant à la guitare et à la serinette (orgue de Barbarie portatif).

UN NOUVEAU CD : ET POURQUOI ?

Signe des temps : sorti à 500 exemplaires, cet album a plus de mal à se vendre que les trois précédents. L’inspiration et le talent de l’artiste ne sont pas en cause mais l’époque a changé, Elvis Stengel le reconnait volontiers.
 
Hé oui,  à quoi bon acheter un CD si l’on n’a plus d’appareil pour l’écouter chez soi ou en voiture ?Aurait-il fallu sortir ces chansons seulement sur une clé USB ? Ou alors rien que sur les fameuses plateformes désormais aussi omniprésentes dans l’écoute de la chanson.
 
D’accord, ces moyens d’écoute devenus incontournables ne sont pas vraiment synonyme de rentrées d’argent pour les artistes ! Autant de questions et constats plus que jamais d’actualité ! Et ça ne date pas d’aujourd’hui. En octobre 2019, le quotidien québécois Le Devoir parlait de “Une poignée de dollars pour un million de clics sur les plateformes numériques”.
 
C’est le titre d’un article publié suite à l’intervention du chanteur québécois Pierre Lapointe qui a bénéficié d’une des “ovations les plus nourries du gala de l’ADISQ”, équivalent des Victoires de la Musiqu. Ces applaudissements ne concernaient pas “une performance artistique, mais plutôt une série de constats brutaux énoncés par Pierre Lapointe. Au nombre d’entre eux : “Pour un million d’écoutes de ma chanson Je déteste ma vie sur l’application Spotify — j’ai écrit les paroles et la musique —, j’ai touché 500 $”.
 
Bref pas étonnant que les temps soient de plus en plus durs pour ceux qui enregistrent (encore ?) un CD de nos jours.

Raison de plus de soutenir cet attachant et inspiré auteur-compositeur-interprète qui, bien que ne disposant pas d’un site consacré à son actualité, est cependant très présent sur les réseaux sociaux.

De quoi retenir l’attention de ceux qui parlent le Platt en Moselle, et ailleurs. Notamment … mais oui … au Brésil. La deuxième langue la plus parlée dans ce pays c’est effectivement Platt. Plus de trois millions de Brésiliens la parlent quotidiennement et 10 millions d’entre eux la comprennent, comme m’en avait parlé lors de son séjour en Alsace Solange Hamester Johann, Brésilienne, enseignante de Platt.

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“Juillet 2018. Visite d’un moulin ancien au moment du Mundartsymposium avec mon amie brésilienne Solange Hamester Johann parlant notre langue”.

 

Albert WEBER

 elvisstengel@yahoo.fr

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