La participation québécoise à la 18ème édition du festival “Caméras des Champs” n’est pas passée inaperçue : Pascal Gélinas y a remporté le Prix du Public pour son nouveau documentaire, “Un pont entre deux mondes”.
Retour sur un événement fertile en chaleureuses rencontres pour ce cinéaste québécois. Et même en retrouvailles avec l’auteur-compositeur-interprète Régis Cunin.
Heureux et ému, Pascal Gélinas vient de recevoir le Prix du public : un sabot de Lorraine ! Photo Monique Poukrat
Pascal Gélinas et l’auteur-compositeur-interprète Régis Cunin. Photo Gérard Lesquoy
UNE SUITE LOGIQUE AU “PORTEUR D’EAU”
Le chanteur et le cinéaste ne s’étaient pas revus depuis 2008, lors des Déferlantes Francophones créées par Françoise et Maurice Segall à Capbreton.
Pascal Gélinas y avait en effet présenté “Le porteur d’eau” également consacré à Gilles Raymond en Indonésie.
Ce documentaire s’affirme en quelque sorte le premier épisode d’une aventure collective dont “Un pont entre deux mondes” offre une suite pleine de promesses et surtout de réalisations concrètes menées à bien avec les paysans de l’ile de Florès en Indonésie.
Tous les détails du palmarès dans Le Républicain Lorrain
UN FESTIVAL DE CINÉMA DANS LE PARC NATUREL RÉGIONAL DE LORRAINE
LES CINÉASTES VENUS PRÉSENTER LEUR FILM LOGEAIENT CHEZ L’HABITANT
Loin du brouhaha des villes, la 18ème édition de “Caméras des Champs” s’est déroulée dans le village de Ville-sur-Yron situé dans le Parc naturel régional de Lorraine, un des partenaires de l’événement. Sandrine Close, Responsable du service Ingénierie culturelle et transfrontalière, est aussi la coordinatrice du festival de cinéma.
Assurément des précisions de taille qui en disent long sur l’esprit de ce festival bénéficiant d’une originale signalétique à l’entrée du village.
Car dès qu’on approche de cette commune, on plonge dans un univers champêtre à des années-lumière du strass et du stress du festival de Cannes.
Ici les budgets sont réduits, et le bénévolat constitue un des conviviaux atouts de cet événement synonyme de lien social, de discussions, de retrouvailles, de repas pris en commun sous un vaste chapiteau.
Quant aux cinéastes venus pour présenter leurs films, ils logeaient chez l’habitant.
Échange avec la coordonnatrice du festival Sandrine Close (Parc naturel régional des Vosges)
“CAMÉRAS DES CHAMPS” LOIN D’UN REGARD PASSÉISTE SUR LES CAMPAGNES
Ce Festival international du film documentaire sur la ruralité est organisé par la commune et le foyer rural de Ville-sur-Yron, avec le concours du Parc naturel régional de Lorraine et de l’Université de Lorraine.
Il est soutenu par le Conseil Régional de Lorraine, le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Lorraine et la Communauté de Communes du Jarnisy.
Comme l’explique sur le site du festival son directeur Luc Delmas, “depuis 17 ans «Caméras des Champs» permet de montrer les mutations des mondes ruraux. Aussi, loin d’un regard passéiste sur les campagnes, l’objectif du 18ème festival reste le même que celui des précédents :
- susciter un échange sur les évolutions des paysages, sur les pratiques sociales des ruraux et néoruraux, sur l’impact des techniques, sur les villages et les habitats,
- voir comment changent aussi les représentations que chacun peut avoir du monde rural, habitants des villes, artistes, créateurs, décideurs divers et ruraux eux-mêmes”.
15 DOCUMENTAIRES EN COMPÉTITION
Du 19 au 22 mai, le festival a mis en évidence 15 documentaires classés en huit thèmes : Des bêtes et des hommes; Un monde solidaire; C’est la fête, culture en milieu rural; Elles ont choisi la lutte; La vie au grand air; La terre d’où je viens; Maîtriser son territoire; Une autre agriculture demain ?
Tous ces films ont été présentés à la salle René Bertin de Ville-sur-Yron avec entrée libre et gratuite. Plusieurs cinéastes avaient effectué le déplacement pour la circonstance et ont échangé avec le public après les projections.
Attention, le festival Caméras des Champs ne se limitait pas à la projection de ces 15 documentaires, loin de là.
Par ailleurs, plusieurs projections pour scolaires ont eu lieu pour un film hors-compétition, “Les Saisons” réalisé par Jacques Perrin.
Et, chaque soir du festival, les projections de films présentés eux aussi hors-compétition étaient suivis de tables rondes et débats comme “L’avenir des villages en France” ou bien “Quelles solutions pour maîtriser notre avenir ?”
Et dimanche 22 mai, en attendant la proclamation du palmarès, des films d’archives de la Cinémathèque du Ministère de l’Agriculture ont été projetés durant les délibérations du jury.
Voir tous les détails sur les films en compétition et hors-compétition sur le site du festival.
UN FILM QUÉBÉCOIS DANS LA CATÉGORIE “UN MONDE SOLIDAIRE”
Et Pascal Gélinas alors ?
Comme tous les cinéastes participant à cette 18ème édition, Pascal Gélinas a été filmé en vue d’un entretien qui sera prochainement mis en ligne ICI sur le site du festival
Un de ses films n’avait pas été retenu lors d’une précédente éditions alors que la candidature avait été envoyée, mais le cinéaste québécois n’a pas pour autant baissé les bras. Il a donc, une nouvelle fois, tenté sa chance avec “Un pont entre deux mondes”.
Voir ICI la bande annonce de de documentaire de 52 minutes présenté vendredi 20 mai à 16 heures dans la catégorie “Un monde solidaire”.
Ce film est une suite du fameux “Porteur d’eau” réalisé en 2006 par Pascal Gélinas, à compte d’auteur en Indonésie : un documentaire présenté dans une vingtaine de pays et récompensé par cinq prix au Québec, en France, en Tunisie et en Australie.
Dix ans plus tard, caméra au poing, Pascal Gélinas est retourné sur les traces de son ami québécois Gilles Raymond installé sur l’ile de Florès depuis 15 ans. D’où un formidable film tourné en Indonésie mais aussi au Québec, notamment lors du passage de Gilles Raymond au micro de Radio-Canada dans l’émission “Médium Large” de Catherine Perrin.
S’y glissent aussi divers entretiens de Québécois sensibles aux initiatives de leur compatriote. Ces séquences mettent en évidence la solidarité très concrète suscitée par l’action de longue haleine de Gilles Raymond en Indonésie.
Ici pas de grandes considérations abstraites mais des exemples précis de mobilisation de citoyens désireux de soutenir Gilles Raymond, notamment par des prêts d’argent sans intérêt.
Gilles Raymond au micro de Catherine Perrin en direct à Radio-Canada. Image du film
GILLES RAYMOND DU MOUVEMENT “OPÉRATION DIGNITÉ” EN GASPÉSIE AU PROGRAMME “OTONOMI” EN INDONÉSIE
Il est vrai que son destin est assurément hors du commun !
Originaire de Donnacona au Québec, Gilles Raymond s’est impliqué pendant une vingtaine d’années dans le mouvement “Opération Dignité “qui combattait la fermeture des villages en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent.
Il a également été le président fondateur du mouvement pancanadien “Dignité Rurale”. En 2000, il arrive à titre de coopérant en Indonésie, un pays qui renoue avec la démocratie après 32 ans de dictature.
Et Pascal Gélinas de préciser : ” Constatant qu’une bonne partie des sommes versées par l’aide internationale est détournée, il décide de mettre sur pied une autre forme d’aide qu’il a baptisé «programme Otonomi ». Avec l’aide du clergé et du gouvernement local, Gilles travaille à établir une démocratie directe où les résultats dépendent de l’action responsable de la collectivité”.
Une des photos prises durant la projection du film
Face au public avec Hervé Roesch réalisateur alsacien de “Chaos” tourné à Haïti
UNE AUTHENTIQUE SOLIDARITÉ ENTRE HABITANTS DE FLORÈS ET QUÉBECOIS
En remportant le Prix du public et des habitants pour “Un Pont entre deux mondes”, Pascal Gélinas confirme ce que j’ai entendu et ressenti en découvrant enfin ce film sur grand écran.
Entre plusieurs réflexions relevées autour de moi durant la projection et surtout durant l’échange à bâtons rompus avec le public, une évidence s’impose : ce film retient immédiatement l’attention pour plusieurs raisons.
Gilles Raymond y est montré dans sa vraie vie quotidienne, car au-delà des fameux projets et des réalisations menées à bien avec les habitants de Florès, le documentaire raconte un destin pas comme les autres. En somme la vraie vie loin des bureaux des ONG, avec une adaptation permanente aux contraintes quotidiennes puisque Gilles Raymond n’a même pas de voiture pour se déplacer !
Mais attention, Gilles Raymond n’est pas décrit comme un super-héros.
Il est à l’origine de l’étincelle qui a mis le feu à une prise de conscience, à des actes concrets. Ici pas de baratin mais une aventure humaine collective vraiment synonyme de solidarité entre Indonésiens, et aussi entre Indonésie et Québec.
Cette solidarité a également été efficace durant la préparation et le tournage du film. Nombre de donateurs ont en effet contribué au financement de ce fameux pont entre deux deux mondes via des chèques envoyés directement au cinéaste !
Sans passer par une plate-forme de collecte de fonds retenant son pourcentage au passage, Pascal Gélinas a réussi un sacré tour de force, en bénéficiant d’un formidable élan populaire ne se réduisant pas à de belles promesses.
Le temps des questions pour Philippe Roesch, Pascal Gélinas et Luc Delmas
RÔLE DES ONG, CULTE DES ANCÊTRES ET SOLIDARITÉ ENTRE PAYSANS MUSULMANS ET CATHOLIQUES
A l’issue de la projection, le dialogue spontané entre Pascal Gélinas et l’assistance a notamment mis en évidence nombre de facettes du documentaire.
Au gré des questions et des commentaires du public, il a été entre autres été question du fonctionnement des ONG assurément … très différent de celui de Gilles Raymond et de ses amis indonésiens.
Autre thème du film qui n’est pas passé inaperçu: la fraternelle collaboration entre paysans musulmans et catholiques de l’île indonésienne de Florès qui sortent ainsi de la pauvreté et transforment leur environnement.
Et dans un autre registre le public du festival “Caméras des Champs” a aussi découvert l’importance du culte des ancêtres. Assurément un repère essentiel à Florès auquel Pascal Gélinas n’est pas demeuré insensible, comme il l’a confié aux spectateurs …
… avant de continuer à discuter avec plusieurs personnes venus à sa rencontre dès la fin du débat.
Dès la fin du débat, plusieurs spectateurs ont continué à dialoguer avec le cinéaste
Image du début du film de Pascal Gélinas …
“LA GENÈSE D’UNE FAMILLE PLANÉTAIRE QUE LA DISTANCE N’ATTEINT PAS”
Laissons le mot de la fin au cinéaste québécoise.
Comment définit-il son film ?
“C’est la genèse d’une famille planétaire que la distance n’atteint pas, un récit rythmé par l’âpreté du travail, le sourire des enfants et le lien avec les ancêtres. Une aventure qui ouvre à largeur d’épaules un chemin entre nos deux hémisphères, à une époque où le développement international est trop souvent remis en question”.
Bref, un film à voir, vous l’aurez compris !
Texte ALBERT WEBER
Photos NICOLE GIGUÈRE, GÉRARD LESQUOY, MONIQUE POURKAT ET ALBERT WEBER
UN FESTIVAL FERTILE EN RENCONTRES ET RETROUVAILLES
Pascal Gélinas et Régis Cunin. Photo Monique Pourkat
Discussion avec des bénévoles du festival ci-dessus et ci-dessous
Échange avec un des jurés, Christian Barbier, agriculteur à la retraite
Rencontres sous le chapiteau entre deux projections. Photo Monique Pourkat
Un sabot lorrain pour le Prix du public. Photo Monique Pourkat
Un original trophée à ramener au Québec. Photo Nicole Giguère
A l’occasion de la 20ème édition du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec organisé au bord du Lac Léman, en Suisse du 3 au 12 juin, coup de projecteur sur un des incontournables pionniers et piliers de cet événement international marqué par la remise de trophées portant son nom.
Place à une rencontre rare, avec un créateur assurément pas comme les autres : le forgeron d’art Guy Bel dont la vie et l’œuvre sont évidemment indissociables de la Forge à Pique-Assaut ouvert en 1977 sur l’Ile d’Orléans.
Guy Bel et Sylvie Lavoie, directrice de la Forge à Pique-Assaut
Attention ! Avant de vous parler de Guy Bel, une précision s’impose : prenez vraiment le temps de lire cet article en ne vous contentant pas de le survoler en jetant un rapide coup d’oeil aux photos signées Manon Gagnon. Car pour comprendre et apprécier la vie et l’œuvre de Guy Bel, il faut prendre tout son temps.
Et si les Trophées Guy Bel sont remis tous les deux ans au dernier soir du festival, c’est qu’ils ont été fabriqués loin de la Suisse, dans la Forge à Pique-Assaut qu’il a ouvert en 1977 avec le soutien de Sylvie Lavoie. Un couple uni par une passion déclinée jour après jour dans une forge qui est bien plus que cela.
Ce lieu regroupe non seulement un atelier mais aussi une collection de pièces et outils anciens ainsi que des créations uniques et contemporaines, sans oublier un centre de documentation et une boutique (meubles exclusifs, chandeliers, accessoires de foyers, quincaillerie, etc).
“BONJOUR MONSIEUR LE FORGERON”
C’est le nom d’une chanson que l’auteur-compositeur-interprète québécois Mario Brassard a composé en hommage à Guy Bel.
“Bonjour Monsieur le Forgeron”, c’est en effet le titre qui figure sur “Droit au Cœur”, le 1er album de l’artiste sorti en 1996. Et il vient d’être mis en images par Manon Gagnon dans un expressif montage de photos signées Philippe Saint-Gelais, extraites du reportage “Le Feu au Cœur” réalisé par Julien Fréchette en mars 2014 pour la Fabrique Culturelle.
Le montage comprend aussi des photos de l’Ile d’Orléans signées Manon-Maude qui replacent la Forge Pique-Assaut dans son environnement naturel. Un montage à découvrir ICI.
A vrai dire, Mario Brassard et Guy Bel ont un sacré point en commun : tous les deux participent au Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec depuis sa première édition ! Une histoire d’amitié entre les deux Québécois et Rico Perriard, président du festival. Lequel explique sur le site du festival :
“Depuis l’édition 2004 du festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, notre comité a voulu récompenser nos artistes par un trophée qui pourrait devenir plus célèbre que les «Oscars»…
Pour réaliser cette œuvre, le festival s’est approché de Guy Bel, sculpteur-forgeron de l’Ile d’Orléans au Québec. Cet artiste présent à notre événement depuis sa naissance en 1996 est donc le concepteur des trophées qui réunit les deux continents sur une portée musicale prise dans l’arc-en-ciel de l’amitié. Cette nouvelle preuve de fraternité entre Québec et Pully-Lavaux méritait bien, dès lors, l’appellation «Guy Bel».
Cet hommage est donc décerné aux meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes (féminin et masculin) à la révélation du festival et à l’artiste nommé par le jury. Dès l’année 2008 un 7e prix sera attribué par la Ville de Pully à un artiste ou à un groupe talentueux, convaincant et attachant.
Les récompenses sont accompagnées d’un montant de 1000 francs suisses offert par différents sponsors dont le nom est annoncé lors de la remise des trophées”.
Le temps des chansons sur l’Ile d’Orléans. De gauche à droite Caroline Desbiens, Guy Bel, Rico Perriard, Henri-Paul Bénard (groupe Suroît) et Mario Brassard
GUY BEL, MARIO BRASSARD, RICO PERRIARD : AMICALES PASSERELLES FRANCOPHONES
C’est d’ailleurs durant ce festival que Mario Brassard interprètera en public pour la première fois cette fameuse chanson composée pour Guy !
Il y a décidément bien des passerelles artistiques et amicales entre Guy Bel, Rico Perriard et Mario Brassard, un artiste québécois sans aucun doute trop peu reconnu au Québec alors qu’à chacun de ses concerts en Suisse, il est accueilli à bras ouverts par un public qui connait ses chansons par cœur.
Ayant vécu un tel concert marqué par autant de chaleur humaine, je me demande bien ce qu’attend le Québec pour enfin reconnaître à sa juste valeur un tel auteur-compositeur-interprète. A ce jour Mario Brassard est en effet LE SEUL artiste québécois qui a chanté à TOUTES les éditions du festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec.
“Mario Brassard est un homme modeste, trop modeste certainement. Cette année il réussit à battre tous les records puisqu’il sera couronné champion du monde du Festival Pully Lavaux à l’heure du Québec.
Oui, en effet, c’est le seul artiste qui les aura toutes faites…les éditions du Festival. Il n’en n’a donc raté aucune ce poète généreux, imprégné et talentueux qui chante mieux que quiconque les doux murmures du fleuve Saint-Laurent qu’il affectionne tant, mais aussi les humains, les vrais, les beaux humains, ceux qui ont une grandeur d’âme, et qu’il sait magnifier mieux que quiconque à travers ses textes et ses musiques. Vous ne devez rater sous aucun prétexte les concerts de Mario Brassard, artiste exceptionnel, hors du temps !”
Cea fait grand plaisir de relever – sur le site du festival – une telle présentation à propos d’un “illustre inconnu” dans son propre pays, par ailleurs remarqué à Saint-Pierre et Miquelon par Henri Lafitte dans ses célèbres chroniques insulaires sur le site mathurin.com.
“A LA RECHERCHE D’UN FORGERON D’ART POUR ÊTRE PARTENAIRE”
Et Guy Bel alors ?
Certes, vous avez bien saisi l’importance du Guy Bel dans l’Histoire de ce festival dont il assure la fabrication des trophées comme en témoignent ces photos signées Manon Gagnonet prises mercredi 11 mai à la Forge à Pique Assaut
S’il était important de situer ce forgeron d’art dans un contexte plus large incluant à la fois le chanteur Mario Brassard et le président du festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, il faudrait tout de même préciser quelques points très importants.Avec sa moustache en bataille, et son éternel béret basque, le créateur des Trophées Guy Bel est désormais à la croisée des chemins. Certes, à 80 ans, il continue encore à créer. A répondre à des commandes. Il travaille en ce moment à un portail pour La Seigneurie de l’île d’Orléans.
Mais quel est l’avenir de la Forge à Pique-Assaut ?
“Où trouver la relève?” lance Sylvie Lavoie. “Quand on parle de la relève, c’est qu’on cherche quelqu’un, un forgeron d’art qui est prêt à être partenaire avec tout ce que cela comporte. C’est notre souhait à Guy et moi mais c’est pas facile. Alors en attendant, on tient le phare on continue à répondre aux besoins de notre clientèle à la forge, à la boutique, avec du travail sur mesure”.
“NOTRE DÉFI RELEVÉ DEPUIS 1977 : REDÉCOUVRIR LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE FORGE ET AUSSI EN VIVRE”
C’est sûr, les années ont passé trop vite depuis que Guy Bel a construit La Forge en 1977 avec une boutique à l’étage.
Dès le début, durant la saison touristique, avec sa femme Sylvie Lavoie, il a accueilli les touristes locaux et étrangers, individuels ou en autocar, et offert des démonstrations de son savoir-faire.
Et durant ces décennies, la recherche des outils anciens dont il avait besoin et dont il rêvait pour aller plus loin dans sa quête de l’excellence aura été constante. Au fil des ans, il achètera notamment trois magnifiques marteaux- pilons centenaires ! Imposants et fonctionnels et bien installés dans la forge, ils impressionnent les visiteurs et font rêver les artisans du métal. Il a redonné vie à une manière de travaillerde en défiant le temps et la technologie
Sylvie Lavoie, collaboratrice et conjointe de Guy Bel, précise avec détermination: “Depuis l’ouverture en 1977, nous avons relevé un défi : redécouvrir les techniques traditionnelles de forge et aussi en vivre !
En 1996, un agrandissement de l’atelier s’imposait afin de pouvoir s’attaquer à des travaux d’envergure. C’est à ce moment que nous sommes devenus membre du réseau Économusée dont la mission rejoint celle que Pique-Assaut s’est donnée : garder vivant ce métier et le faire connaître au grand public. Un centre d’interprétation est venu compléter l’infrastructure culturelle. Une rampe d’escalier forgée, spectaculaire par la technique et l’originalité est le centre de cette exposition conçue et réalisée par Guy”.
Pendant toutes ces années Guy Bel formera à ses frais la main d’œuvre qualifiée (environ une quinzaine en trente ans) dont il a besoin pour réaliser ses contrats : Place Royale, Forteresse de Louisbourg, Fort Lévis etc.
“Y-A-T-IL UN AVENIR POUR CE GENRE D’ENTREPRISE SANS LA VOLONTÉ POLITIQUE DE NOS ÉLUS?”
Vous comprendrez dès lors qu’aujourd’hui plus que jamais la relève est au cœur des préoccupations de Guy Bel et Sylvie Lavoie ! Car aucun des apprentis ou forgerons formés ne pouvait ou ne voulait s’impliquer financièrement ….
D’où leur question des plus urgentes : “En cette ère de mondialisation et de surconsommation, La Forge à Pique Assaut entreprendra sa 40 ème année. Y-a-t-il un avenir pour ce genre d’entreprise sans la volonté politique de nos élus?
Nous recherchons de jeunes partenaires et éventuellement acheteurs. Connaissant la dure réalité du quotidien d’un artisan, nous sommes conscients que ce patrimoine bâti ne peut être acheté par un jeune sans aide financière. Nous nous rendons compte très vite qu’aucun programme d’aide pour les Métiers d’art n’est prévu pour le maintien d’ateliers exceptionnels ou pour la transmission des savoir-faire traditionnels.
Nous perdons deux très bons candidats qui auraient été capables d’assurer la relève. Notre défi alors : sensibiliser et demander de l’aide auprès des organismes qui représentent les artisans et dont nous sommes membre: le Conseil des Métiers d’Art et le Réseau Économusée.
Bien que l’écoute soit bonne, il est clair qu’ils en ont déjà plein les bras avec d’autres dossiers et surtout que sans programme de subvention bien établi, ils n’ont aucun pouvoir. Vient ensuite notre approche auprès des élus : ceux qui ont le pouvoir. D’abord notre député M. Raymond Bernier qui, convaincu du bien-fondé de notre demande fait cheminer notre dossier au bon endroit. En 2011 à la demande de Mme Christine Saint-Pierre, alors Ministre de la Culture, M. François Macerola (directeur général SODEC) vient visiter notre atelier.
Après une rencontre de près de trois heures, il nous confirme son engagement pour nous aider et nous demande de lui envoyer une lettre: enfin une lueur d’espoir. Et puis … deux élections provinciales, deux changements de gouvernements rapprochés, nouvelle direction à la SODEC , et au Conseil des Métiers d’Art et le départ de notre dernier apprenti !
Depuis, nos avons à l’automne dernier acheminé notre dossier à notre député Mme Caroline Simard. Elle est venue dernièrement nous visiter et s’est montrée très sensible et réceptive au problème de la transmission des savoirs-faire et au transfert de notre atelier. A suivre…”
“NOUS AIDER A SAUVER CE PATRIMOINE BÂTI ET ENCORE VIVANT, UN ATTRAIT UNIQUE POUR L’ILE D’ORLÉANS ET LA GRANDE RÉGION DE QUÉBEC”
Membre reconnu du conseil des métiers d’art du Québec, Guy Bel a participé à de nombreux salons à Toronto, Québec, Montréal, etc… Et il travaille tout seul dans l’atelier depuis l’automne 2014 et réalise les contrats variés des clients qui passent à la forge tout en essayant de produire des pièces pour notre boutique.
Et Sylvie Lavoie assure l’accueil 7 jours sur 7 durant la saison touristique depuis trois ans avec toujours la même préoccupation : “Nous sommes toujours à la recherche d’un jeune forgeron talentueux, désireux de louer l’atelier et cherchons céramistes ou autres artisans pour aider à faire vivre les lieux.
Nous avons avisé Carl Éric Guertin, directeur général du Réseau Économusée, de notre intention de quitter le réseau parce que nous n’avons malheureusement plus l’énergie et les moyens de rester membre. Décision déchirante après 17 années d’appartenance, car nous restons convaincus de l’importance de ce réseau et de la mission qu’il poursuit. Nous lui sommes reconnaissants de tous les efforts faits pour nous soutenir puisqu’il ne répond plus à nos attentes, et que nous n’avons malheureusement plus l’énergie et les moyens de rester membre.
Nous sommes convaincus de l’importance et de l’urgence de nous aider à sauver ce Patrimoine Bâti et encore vivant, un attrait unique pour l’île d’Orléans, et la grande région de Québec”.
“A LA FORGE, ON FORGE AUSSI DES CHANSONS”
Il y a 40 ans, Guy Bel, originaire de Lyon, choisissait l’Île d’Orléans comme port d’attache pour réaliser son rêve : “Redécouvrir les techniques traditionnelles de la forge et en vivre”.
Mission accomplie comme le confirme Sylvie Lavoie : “A 80 ans, toujours au marteau et à l’enclume, son plus grand défi est maintenant de conserver et transférer cet atelier exceptionnel qu’il a bâti et les outils centenaires qu’il a restaurés et avec lesquels il travaille toujours ! Ainsi d’autres porteurs de traditions pourront en profiter et garder vivant le plus vieux métier du monde à l’origine des plus grandes avancées technologiques de l’histoire de l’humanité”.
Et Manon Gagnon, créatrice et directrice de Notre Sentier Production & Gestion événementielle, de préciser : “La Forge à Pique-Assaut est un lieu de réalisation, de diffusion et une galerie-boutique. Le travail de plusieurs artistes et artisans professionnels de talent y est mis en valeur : forgeron d’art, vannière, tisserande, céramistes, photographes, verre fusion, artiste-peintre, etc. À la forge, on forge aussi des chansons ! Suivez les activités et événements à venir sous l’égide de Notre Sentier”.
Parmi les nombreuses vidéos de Guy Bel, retenons notamment le superbe entretien sans langue de bois. 14 minutes à cœur ouvert avec un créateur attachant et imaginatif, indépendant et audacieux, sensible à la fameuse relève si indispensable pour que la Forge à Pique-Assaut ne meure pas. Profession Entrepreneur – Guy Bel, La Forge à Pique Assaut
Laissons le mot de la fin au forgeron d’art Guy Bel et Sylvie Lavoie, directrice de la Forge à Pique-Assaut : “Pour terminer et pour bien comprendre notre démarche nous vous invitons à visionner le documentaire de 15 minutes sur Guy Bel et la transmission des savoir-faire traditionnels : Le Feu au Cœur réalisé par Julien Fréchette et diffusé par Canal Savoir : www.ferronnier.ca
SOIRÉE DE CLÔTURE AVEC REMISE DES TROPHÉES GUY BEL PAR LUC PLAMONDON
Photos Albert WEBER
Auteur-compositeur-interprète féminin: Marcie Auteur-compositeur-interprète: Benoît Paradis Trio interprète féminin: Lina Boudreau Interprète masculin: Claud Michaud Prix de la révélation: Alexandre Poulin Prix de la Ville de Pully: Samian Prix de la Ville de Lutry: Salomé Leclerc Prix de la Ville de Paudex: Motel 72
EXCELLENTE question lancée ce samedi 7 mai 2016 par Philippe Savouret durant la visite guidée de près de 3 h 30 au cœur de l’Histoire de Nogent sur les traces de Dimey.
Philippe Savouret, auteur de deux livres sur Bernard Dimey
Une PRÉOCCUPANTE interrogation soulevée sans langue de bois à l’attention du groupe de visiteurs, parmi lesquels Daniel Manchin, trésorier de l’association Dimey dont il est un des fondateurs avec Annie Roquis-Millet et Philippe Savouret, auteur de plusieurs ouvrages sur le poète de Montmartre né à Nogent …
Il est vrai que LE TEMPS PRESSE et si on ne fait rien, il se pourrait bien que la maison soit rasée un de ces jours pour céder la place à un immeuble, une série de garages ou je ne sais quoi d’autre …
Une maison qui risque de disparaître à défaut d’être rénovée …
LA BALLE EST DANS LE CAMP DE L’ASSOCIATION DIMEY ET DE LA MAIRIE DE NOGENT
La publication de cet article sur Facebook a suscité diverses réactions d’internautes, dont celle de l’auteure Christiane Lagarrigue : “L’idée est belle et j’espère que cela se réalisera”.
Autre réaction, celle de l’auteur-compositeur-interprète québécois Claude Vallières
“Il m’a toujours touché Bernard Dimey. Elizabeth Gagnon avait fait une série d’émissions fort intéressante sur lui à Radio-Canada il y a plusieurs années. Je connaissais quelques-unes de ses oeuvres mais là, j’y avais découvert aussi l’homme. À ce que je vois, Albert, le Québec et la France vivent encore une fois des difficultés comparables sur le plan culturel. Mêmes difficultés à Nogent et à Natashquan pour la préservation des maisons des poètes. Mêmes problèmes financiers des festivals de chansons… “.
En guise de conclusion (provisoire espérons-le !) j’ai transmis cette proposition à l’association Bernard Dimey présidée par Yves A Mour : “La balle est désormais dans le camp de l’association pour qu’elle fasse suivre l’information à Anne-Marie Nédélec maire de Nogent”.
Une affaire à suivre. Prévenu de cette “piste à creuser”, le président de l’association m’encourage à “continuer à creuser”.
Bon, alors continuons à creuser la question, en publiant sur ce site d’informations culturelles cet article initialement paru sur ma page Facebook. Histoire de sauver, s’il est encore temps, la maison natale de Bernard Dimey.
“Armand Geber , chanteur alsacien” : méfiez-vous de cette appellation, car elle est incomplète.
Rencontre avec un drôle d’oiseau. Un artiste aux refrains célébrant son Alsace natale mais aussi des versions alsaciennes de chansons connues et teintées de rock, blues, balades folk, country offerts avec son accent synonyme de fierté.
Et méfiez vous aussi quand vous lisez sur son site ou sur les sites de vente de musique la phrase suivante à propos de son nouveau CD “Blues Musik vum Elsass” : “Armand Geber revisite avec humour et tendresse les grandes et petites chansons qui vous replongeront dans les années 60-70″.
D’accord, c’est en partie vrai car cet artiste navigue depuis pas mal d’années entre scènes régionales et studios d’enregistrement. Mais pas seulement …
AVEC PASSION ET EN TOUTE SUBJECTIVITÉ
Bon, commençons par une mise au point.
Pourquoi parler d’un artiste d’Alsace sur un site nommé planetefrancophone ?
Tout simplement parce que je me suis toujours intéressé aux artistes au répertoire synonyme d’identité, de militantisme, d’engagement artistique et culturel au gré de mes voyages, découvertes et séjours : Ile Maurice, La Réunion, Québec, Acadie, Ontario, Saint-Pierre et Miquelon, Louisiane, etc .
Que ces artistes s’expriment en “français de France” ou dans leur langue régionale n’est pas l’essentiel, car ce qui compte c’est le contenu répertoire, et aussi prises de position et actions qui ponctuent leurs parcours.
Alors revenons enfin à cet auteur-compositeur-interprète dont j’ai bien souvent croisé la route et vu sur des scènes de toutes tailles – des petites salles au Festival Summerlied – comme journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Et c’est un plaisir que de vous parler de lui sur ce site sans frontières qui met en relief avec passion et en toute subjectivité des créateurs retenant mon attention.
En coulisses au Festival Summerlied
“UN CRÉNEAU ARTISTIQUE SYNONYME DE BONNE HUMEUR”
Dans le paysage musicale d’Alsace, Armand Geber occupe sans doute une place à part. Et voici pas mal de temps qu’il se produit dans diverses formules (solo ou en groupe à géométrie variable), entre chansons de son crû et “détournement” de nombre de grands standards internationaux.
“Elvis Presley, Serge Gainsbourg, Les Beatles, Bob Dylan, etc : en pastichant avec humour refrains français et anglo-saxons, Armand Geber progresse dans un créneau artistique synonyme de bonne humeur. S’y affirme aussi une réjouissante maîtrise des nuances et subtilités de la langue alsacienne : des mots et expressions mis malicieusement au service d’un répertoire à savourer”.
Près de dix ans après cet extrait d’un article parmi d’autres que je lui ai consacré dans les DNA, je dirai qu’Armand Geber est à la fois resté le même, plus que jamais à l’aise dans son registre qui n’engendre pas a mélancolie et en même temps il a affiné ses centres d’intérêt.
Un nouvel album enregistré avec ses trois complices
“BLUES MUSIK VUM ELSASS” ENTRE HUMOUR ET RÉALISME
Après son 1er CD, “La Licorne” sorti en 2010, voici son second opus. Les 12 titres de ce nouvel album “Blues Music vum Elsass” confirment l’évolution d’un artiste qui, sans renier certaines “ficelles” de son succès populaire, s’affirme aussi comme un nouvel observateur de la vie politique, culturelle et sociale de sa région.
Non, pas de panique, le chanteur établi à Marmoutier ne s’est pas transformé en Léo Ferré alsacien ou en François Béranger régional, voire régionaliste.
Si on prend VRAIMENT le temps d’écouter ses textes, il met les pieds dans le plat pour des réalités qui nous concernent tous à un moment où un autre, comme sa chanson “Glab Glab” :
“Ne crois surtout pas tout ce que tu lis en français dans les journaux, que tu entends chanter en anglais par la nouvelle vedette à la mode à la radio, que tu vois à la télé. Ne t’inquiètes pas, tu es manipulé et on se moque de toi toute la journée”.
Autre registre avec “Alsace rebelle” (paroles et musique Armand Geber) … Il y évoque en français et alsacien la fameuse dissolution de l’Alsace dans la région Grand Est : “Que notre Alsace est belle quand elle est en rébellion … elle ne veut pas de cette fusion … “.
Qu’il anime avec ses musiciens une soirée cabaret ponctuée de refrains alsaciens traditionnels comme à Wasselonne ou partage l’affiche avec Christine Fischbach à Marmoutier pour des soirées “Contes et chants alsaciens”, Armand Geber reste fidèle à lui-même : promouvoir la langue alsacienne … Et il célèbre avec entrain le vin d’Alsace sous forme de “Gewürtztraminer blues” et reprend sur fond de rock une chanson traditionnel alsacien repris par Roger Siffer sur un de ses premiers 33 tours.
Armand Geber et ses “Hoselodel”
AVEC L’EFFICACE PLUME D’YVES GRANDIDIER
Sensible à la vie de sa terre natale, Armand Geber n’en est pas moins nourri de chansons d’ailleurs …
A commencer par certains tubes français. Son nouvel album fait la part elle à à une sucette alsacienne (“D’ Schlutzer”) créée par Gainsbourg pour France Gall. Et son “Cookie Dingler Blues” est une adaptation musicale de la “Femme Libérée” écrite par Joëlle Kopf et rendue célèbre par un autre Alsacien.
Et le voilà qui reprend en alsacien et revisite “Sentimental Journey ” immortalisé par tant de voix talents (Platters, Ella Fitzgerald, Franck Sinatra, Amy Winehouse, Glenn Miller, Ringo Starr, Doris Day, Fats Domino, etc) … Juste avant de présenter ses versions alsaciennes de “You rascal you” (“Vieille Canaille”) et “de “Nobody knows you” (“Le millionnaire de Nino Ferrer).
Et il s’amuse également à détourner “Johnny Walker” du chanteur allemand Marius Müller Westerhagen pour un hymne à un célèbre apéritif alsacien dans “ L’Amer seidel .
Coup de chapeau au “Böbe Blues” dont Geber signe la musique sur un texte d’Yves Grandidier : un réaliste reflet d’une vie quotidienne synonyme de mal de vivre de misère :
“Je peux crier tant que je veux, personne ne s’inquiète… je me demande ce que je fais dans l’existence … j’ai le blues de celui dont on n’a rien à faire”. Sur fond de drogue, repli sur soi, bouteilles de plastiques vides…
“JE SUIS ALSACIEN ET M’EXPRIME DANS CETTE LANGUE COMME LE CORSE, LE BRETON OU L’OCCITAN DANS LA SIENNE”
“Un chanteur exotique” c’est ainsi qu’Armand Geber s’était défini, voici dix ans, en octobre 2006, dans un portait paru dans les DNA (Dimanche 15 Octobre 2006).
Et il me confiait : “Je suis Alsacien et je m’exprime dans cette langue, comme le Corse, le Breton ou l’Occitan dans la sienne” avant de me parler de la bonne cinquantaine de chansons françaises et anglo-saxonnes (Elvis Presley, Bob Dylan, Les Beatles, etc) servies “à la mode Geber” en prenant des libertés face au texte original : “Je tiens à une traduction la plus serrée possible au niveau du son »
Aujourd’hui, le chanteur originaire de Saverne a toujours eu envie et besoin de parler et de chanter dans sa langue maternelle.
Et le succès remporté dans sa région et en Allemagne l’incite évidement à continuer à chanter, à composer.
On le retrouve aussi dans diverses aventures artistiques comme cet album de l’association Liedebrunne présidée par Jean-Marie Lorber réunissant des talents d’âges variés tels Esther Hege, Denis Steffen, Jean-Marc Birry, etc. Des extraits des chansons sont à découvrir sur le site de cette association présentant “le catalogue en ligne de la chanson alsacienne”.
VERS MOINS DE REPRISES ET PLUS DE CHANSONS INÉDITES ?
Au terme d’une écoute des plus attentives de ce nouvel album soyons francs : il serait judicieux qu’Armand Geber s’éloigne davantage de ses reprises de tubes français et internationaux pour affirmer un répertoire plus personnel. Disons plus conforme encore à sa personnalité … quitte à travailler plus souvent avec des auteurs comme l’auteur, comédien, metteur en scène Yves Grandidier.
Armand Geber aurait sans doute à gagner en s’inspirant du parcours de Robert-Frank Jacobi, autre auteur-compositeur qui s’est d’abord fait connaître par des reprises réussies (Brel, Moustaki, Brassens, Ferrat, etc) avant de s’affirmer dans son propre répertoire.
Tout en parsemant ses récitals de versions alsaciennes de chansons connues, il devrait s’engager vers une voix plus personnelle.
“Ce lundi 2 mai 2016 , nous aurons une pensée pour notre populaire compatriote Pierre Roselli en fredonnant “Marylou”, le premier grand succès de sa carrière.
Pierre Roselli s’en est allé le 2 mai 1996 , il avait 54 ans.
Aujourd’hui , il est une référence de notre chanson populaire”.
Ces paroles sont signées André-Maurice Maunier, animateur radio et télévision de la Réunion et incontestable spécialiste de la chanson des îles de l’océan Indien depuis nombre d’années.
Hé oui, voici déjà 20 ans que cet auteur-compositeur-interprète réunionnais est décédé à 54 ans, emporté par le cancer.
Extrait du clip “Reste encore”
CHANTEUR, PRODUCTEUR DE TALENTS, ANIMATEUR DE TÉLÉVISION
D’où ce témoignage signé André-Maurice :
“En effet , vingt ans après sa disparition , on remarque que ses ségas comme ses chansons romantiques sont encore d’une étonnante actualité , sans doute parce qu’il avait toujours fait les choses en toute simplicité dans le seul but de distraire , d’amuser ou de séduire lorsqu’il passait au registre sentimental.
La carrière discographique de Pierre Roselli a commencé en 1964 avec la société SOREDISC qui a produit son premier 45 tours «J’aurais pu t’aimer ».
Quatre ans plus tard il est le lauréat d’un concours de chant de l’ORTF “Jeux ,danses et chansons dans votre quartier” et en 1969 , il s’envole pour Paris via le festival de Cannes avec sa chanson “Marylou” qui devient le N°1 des ventes du catalogue Pathé Marconi (Réunion, Maurice , Canada , Japon , Afrique francophone , Nouvelle-Calédonie,etc … ).
En 1977 , il créé le studio Piros à Saint-André où il enregistrera tous ses albums ainsi que ceux de nombreux artistes comme Michou ,Narmine Ducap , Micheline Picot , Christian Baptisto , Max Lauret et aussi des ségatiers de Maurice , Rodrigues , des Seychelles et de Madagascar.
En parallèle , Pierre Roselli a été aussi le producteur et l’animateur de l’émission “Donne a moin la main”, un programme de variétés locales à la télévision entre 1977 et 1979 .
La maladie a emporté Pierre Rosély avant qu’il ne réalise le best-of des succès de sa carrière et c’est son frère Jean-Louis Deny-Rosély qui exécutera sa dernière volonté”.
Pochette du 45 tours sorti chez Pathé avec “Marylou”, un de ses titres les plus connus
“Donne a moin la main” est devenu un classique de la chanson réunionnaise
ENTRE SÉGAS ET CHANSONS D’AMOUR DE “MARYLOU” A “DONNE A MOIN LA MAIN”
A ce texte d’André-Maurice Maunier, j’ajoute qu’avec le temps, l’importance de Pierre Rosely (ou Roselli selon les pochettes de 45 tours, 33 tours et CD) dans la chanson réunionnaise a retrouvé une place des plus méritées. Qu’il ait chanté en français ou en créole, cet artiste a toujours la carte de l’efficacité.
Évidemment, ses fameuses chansons d’amour ont marqué la Réunion comme par exemple “Reste encore” ou bien sûr sa chanson française la plus connue : “Marylou”
Quant à son célèbre séga “Donne a moin la main”, il a été repris par tant d’artistes réunionnais dont Danyel Waro, incontournable ambassadeur du maloya qui l’a, lui aussi, interprété, sous le titre “Donn a mwin la main”
Ce “tube réunionnais” a également repris lors d’une soirée hommage au Théâtre du Tampon en 2012 par une belle brochette d’artistes réunionnais : Dominique Barret, Danyel Waro, Jo Lauret, Max Lauret, Micheline Picot, Jean-Louis Deny, Nicole Dambreville, Laurent Rosely, Chloé Gajan, etc.
Concert hommage au Tampon : le CD vendu par Piros
SUR INTERNET AVEC PIROS
On peut retrouver Pierre Rosely sur nombre de vidéos sur internet dont un best-of de 46 minutes à découvrir ICI
Ce chanteur réunionnais a aussi rendu célèbre le fameux “Lamba blanc” créé par le chanteur malgache de Henri Ratsimbazafy. C’est cette version qui a connu un très gros succès dans tout l’océan indien (Madagascar, Réunion, Maurice).
La mémoire et l’œuvre de ce chanteur réunionnais demeurent vivantes grâce à son frère Jean-Louis Deny, également chanteur : c’est lui qui a pris la relève de la maison de disques PIROS créée par Pierre Rosely.
Pierre Roselli, incontestable vedette populaire réunionnaise
ALBUM, EXPOSITION, BIOGRAPHIE
Laurent Roselli, autre fils, lui rend aussi hommage pour les 20 ans de sa disparition avec un album reprenant plusieurs de ses grands succès.
Comme indiqué dans le Journal de l”Ile de la Réunion (27 mars 2016) cet album est une des facettes des hommages prévus :
“Un spectacle en même temps qu’une exposition sont en préparation à l’initiative du service Patrimoine Culturel de Saint-Denis et plusieurs manifestations auront lieu à partir du 2 mai, explique Bernard Batou.
Le public sera invité d’abord à l’Espace Culturel et Éducatif Pierre Roselli, inauguré en octobre 2012 dans le quartier de la Cressonnière par Éric Fruteau, l’ancien maire de Saint-André. On pourra découvrir, entre autres, sa production discographique et des panneaux d’exposition avec l’évocation de son parcours à travers des articles de presse, des photos de l’album de famille.
Par ailleurs, sa biographie et ses portraits (peintures, coloriages feutres…) sont actuellement réalisés par les jeunes du groupe folklorique Salazel qui présenteront également un spectacle de reprises de ses chansons sous la direction de Gilberte Rougemont. Cette exposition sera ensuite présentée à Stella Matutina, dans la salle de spectacle qui porte aussi le nom de Pierre Roselli”.
Quotidien de la Réunion, 1982 : un de mes articles Pierre Rosely
AVENTURES ET MÉSAVENTURES FACE AU SHOW-BUSINESS FRANÇAIS
Avec le chanteur-violoniste Luc Donat, Pierre Rosely aura été un pionnier de plusieurs générations d’artistes réunionnais venus “tenter leur chance” en France.
Sans trop se faire d’illusions comme évoqué sur le site PIROS :
“1968, se sera l’année de la chance pour Pierre Rosely, car il se retrouvelauréat du concoursradiophonique de l’ORTFdansl’émission « jeux et chanson ». Et, il se voitoffrir un billet Aller/Retourvers la métropole, afinqu’ilpuissetentersa chance dans la chanson.
Et ilraconte : « Je suisallélà-bas, sans les moyens techniques et l’aidelogistiquequel’onpeut disposer aujourd’huiavec le PRMA et l’ODC…. Je ne regretterien car j’ai fait avec conviction cequej’avaisà faire et je penseque le public estconscientqu’àl’époqueoù je défendais la musiqueréunionnaise en Métropole, je me battaisàarmesinégalescontre les concurrents nationaux ».
Rencontré en diverses occasions durant mes années de journalisme à la Réunion, et aussi à l’Ile Maurice en 1980 durant un de ses séjours sur l’île-sœur, Pierre Rosely fait partie des nombreuses personnes évoquées dans mon livre “L’Émigration Réunionnaise en France” (448 pages, 1994, Éditions L’Harmattan).
Dans le chapitre consacré aux réussites et au rêve de “faire carrière en France” de nombre d’artistes réunionnais, il est évidemment question des aventures et mésaventures du créateur de “Marylou” venus e frotter au show-biz parisien . Lire ci-dessous
Née en Alsace, élevée au Québec, en vacances en Floride : elle n’a pas fini de voir du pays, la petite Lorena ! Bien sûr, elle est souvent photographiée par ses parents, un couple d’Alsaciens établis dans la région de Trois-Rivières au Québec.
Mieux, depuis quelques années, elle est également l’incontournable repère de trois livres pour enfants parus dans la collection Jeunesse chez DOM Éditions.
Rencontre avec Martine Haas-Nunge, l’inspirée grand-mère auteure de ces découvertes sans frontières.
“De l’immobilier à l’écriture, pour mes adorables petits-enfants voyageurs, Lorena et Leo-Paul”.
L’immobilier c’est sans doute comme le journalisme ! Ça mène à tout à condition d’en sortir … comme on dit.
D’où cette dédicace au début de “Lorena en Alsace”, à côté d’une carte de France d’où ressortent, en vert, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Une phrase qui résume bien l’étonnante histoire de cet agent immobilier établie dans la région de Colmar … devenue auteure de livres pour enfants.
Lorena à New-York
UN COUP DE CŒUR DE L’ÉDITEUR DOMINIQUE TISON
Été 2012, c’est le déclic. Car bien qu’elle séjourne régulièrement au Québec pour revoir ses petits-enfants Lorena et Leo-Paul, Martine Haas-Nunge est désolée désolée de ne pas les voir plus souvent. Lorena a alors trois ans et ses photos laissent pensive sa grand-mère.
Certes, les nouvelles technologies facilitent aujourd’hui les échanges entre les membres d’une même famille qu’un océan sépare, elle restait sur sa faim.
Une grosse faim d’autant plus que les parents de Lorena sont de grands voyageurs comme en témoignent nombre de photos transmises par Martine Hass-Nunge : Boston, Chicago, Mexico, Vancouver, etc. Et aussi Ribeauvillé en Alsace, Miami en Floride et le Québec … D’où ces photos de Lorena illustrant cet article et publiées avec l’accord de ses parents.
Poussée par l’envie d’offrir à sa petite-fille des souvenirs de voyage ne se résumant pas à des photos ou vidéos, l’agent immobilier prend donc sa plume, durant l’été 2012, inspirée par les nombreux voyages internationaux de sa petite-fille.
Et elle rédige le texte de “Lorena en Alsace” qui retient l’attention d’une maison d’édition de Colmar, paru chez Dom Éditions. Assurément un coup de cœur de l’éditeur Dominique Tison revu samedi 16 avril au Salon du Livre de Marlenheim où j’ai fait (enfin) la connaissance de l’auteure dont j’avais entendu parler.
Chaque exemplaire est vendu 5 euros chez l’éditeur
AVEC LA COMPLICITÉ DU DESSINATEUR NICOLAS WILLMANN
Non, ne vous affolez pas ! Ce n’est pas un gros ouvrage indigeste, mais bel et bien un livre pour enfants 18 pages équitablement réparties entre texte et dessin. Un bref texte sur la page de gauche et un dessin d’une pleine page signé Nicolas Willmann.
En effet, c’est Lorena qui raconte l’Alsace à travers divers repères facilement identifiables pour une enfant de trois ans : maisons à colombage, cigognes, châteaux forts, seigneurs et chevaliers, choucroute, sans oublier sa poupée Poupinette portant le costume traditionnel.
Inspirée des voyages de sa petite-fille, Martine Haas-Nunge signe un livre à la fois ludique et pédagogique. Car Lorena en Alsace” raconte une région à travers les mots d’une petite fille.
Ici on va à l’essentiel, à travers le regard d’une enfant curieuse de découvrir son environnement. Le genre de livre que vous lisez à votre enfant en prenant le temps de commenter chaque dessin donnant du relief aux découvertes et commentaires de Lorena.
SCOOTER DES NEIGES, POUTINE, MAGASINAGE ET TIRE D’ÉRABLE
“Lorena en Alsace” a paru durant le 3ème trimestre 2014, en même temps que deux autres livres de la même veine : “Lorena au Québec” et puis “Lorena en Floride”. Toujours avec la même dédicace pour les deux petits-enfants publiée à côté d’une carte du pays ou de la région concernée, avec des dessins du même illustrateur, et surtout dans le respect de l’esprit dans lequel a été rédigé le premier livre de la série.
Scooter des neiges ; plages du fleuve Saint-Laurent (“On dirait une mer tellement c’est grand!” ) ; bateaux pris dans les glaces du fleuve en hiver; sucette de tire d’érable; “magasinage” à Montréal dans les “immeubles très très hauts, avec plein de magasins en sous-sol”; écureuils du Mont-Royal; poutine; autoroute à perte de vue avec ses “immenses camions rutilants et colorés”; caribous …
C’est sans aucun doute le regard synonyme de surprises de la jeune Lorena en vadrouille sur sa terre d’adoption.
Lorena au Québec
LORENA RACONTE, S’ÉMERVEILLE, VA SE SURPRISE EN SURPRISE
Ce genre de livre pour enfants a le mérite d’aller au-delà des habituels clichés, des cartes postales.
Car c’est la jeune Lorena qui – à travers les mots de sa grand-mère – raconte, s’émerveille, va de surprise en surprise sans perdre son âme d’enfant.
Après la terre natale et la terre d’adoption, Lorena découvre la Floride : Miami, plages de sable blanc; châteaux de sable construits avec son père; parc d’attraction avec rencontre des personnages de Disney; crocodiles des Everglades découverts depuis un hydroglisseur; centre spatial Kennedy; piscine et cocotiers; etc.
Cette photo prise à Miami a a été reproduite par le dessinateur dans “Lorena en Floride”
MARTINE HAAS-NUNGE SUR LES PAS DE LORENA A NEW-YORK ET EN MARTINIQUE
Évidemment, Martine Haas-Nunge est bien décidée à continuer cette aventure tant éditoriale que familiale. Après l’Alsace, le Québec et la Floride, Lorena s’en ira découvrir New-York et aussi la Martinique …
Les idées ne manquent pas, et l’auteure est prête à continuer à raconter les voyages de sa petite-fille, avec la complicité de son illustrateur et aussi de l’éditeur Dominique Tison qui se présente à juste titre comme un “révélateur de talents”.
On ne peut que lui souhaiter que cette série de Lorena emprunte une voie synonyme de succès populaire à l’instar de la fameuse collection de Martine publiée par Castermann. Soit plus de 80 livres pour enfants signés Gilbert Delahaye et Marcel Marlier : que de lecteurs depuis le premier tome, “Martine à la ferme” paru en 1954 jusqu’au “Martine et le prince mystérieux” sorti en 2010 : 65 millions d’exemplaires vendus en langue française et 35 millions en langues étrangères, traduites dans une trentaine de langues.
De quoi faire rêver un éditeur audacieux et obstiné comme Dominique Tison, non ? On peut toujours rêver, et en attendant cet éditeur agit quotidiennement, notamment bien présent sur les réseaux sociaux où il a même lancé un groupe publié pour les Amis qui aiment DOM Éditions.
Lorena à Key West, en Floride
Samedi 16 avril 2016, Salon du Livre Alsatique et Jeunesse à Marlenheim. Martine Haas-Nunge kiosque de DOM Éditions
EN ATTENDANT DE RETROUVER “LEO-PAUL A PARIS”
Comme Lorena grandit, sa grand-mère peut évidemment adapter au fur et à mesure des prochaines parutions le ton de sa petite-fille.
Et qu’en pense donc son frère Léo-Paul ? Pas de risque de jalousie … car sa grand-mère travaille sur un “Leo-Paul à Paris” !
Si le lectorat est au rendez-vous, l’inspiration de l’auteure l’est aussi. Aux parents et grands-parents qui ont envie de soutenir ce beau projet de réagir à présent. Comme dirait l’éditeur Dominique Tison, “le livre, c’est un cadeau pour soi ! Et un cadeau d’amour ou d’amitié pour les autres !”.
Alors à vous de jouer … avec Lorena et son regard d’enfant sur ses aventures sans frontières et en famille.
La nouvelle tournée européenne de l’artiste québécoise Dominica Merola débutera à l’Entrepôt, dans le 14ème arrondissement parisien 12 mai 2016 à 21h30, avant plusieurs autres escales en France et Belgique.
Au programme des chansons de son troisième album, “Bohémienne de cœur” offertes en piano-voix.
Mais pas seulement car cette attachante auteure-compositrice-interprète-pianiste née à Montréal, dans une famille artistique, va s’aventurer du côté de l’Afrique.
En effet, durant ce spectacle, l’auteur, compositeur, guitariste, danseur et chanteur, Youssouf Karembe la retrouvera sur scène pour interpréter ensemble plusieurs duos rythmés.
En piste pour de nouvelles sonorités festives où Québec et Mali vont se croiser avec, vers la fin du concert, la complicité du percussionniste Amadaou Daou. De quoi inciter le public à danser et faire la fête, non ?
Dominica Merola et Youssouf Karembe au micro de Jacques Thévenet sur Aligre FM
RENCONTRE AU MICRO D’ALIGRE FM
Cette rencontre entre deux artistes d’univers si différents Est née dans un studio de radio grâce à l’animateur Jacques Thévenet. C’est lui qui les a réunit au micro D’ALIGRE FM, leur tendant ainsi une belle occasion pour se lancer dans une nouvelle expérience.
Pas évident d’écrire un “texte objectif ” sur une artiste que l’on connait depuis plusieurs années et dont on suit régulièrement – et avec intérêt – l’évolution d’une carrière enracinée dans son Québec natal mais aussi du côté de l’Italie de par ses racines familiales.
A vrai dire, l’objectivité n’existe pas dans le journalisme. L’on essaye d’écrire de manière sincère et authentique, en se mettant dans la peau de celui qui va nous lire, pour l’informer et lui partager nos coups de cœur ou nos coups de gueule. Mais comme tout le monde, le journaliste s’exprime en étant, consciemment ou non, influencé par sa culture, son expérience professionnelle et personnelle.
Alors comment réagir face à Dominica Merola ? Entre un article froid et impersonnel et un texte synonyme teintée de douteuses flagorneries, existe sans doute une troisième voie pour vous parler de cette voix qualifiée dans un précédent article d’ “intense et sensuelle, tour à tour douce et puissante”.
Mon ressenti n’a pas bougé au sujet de cette voix. Je dirai même que cette voix a évolué, qu’elle s’est affirmée avec encore davantage de nuances comme en témoigne avec éclat son nouvel album sorti en 2015 : “Bohémienne de cœur”.
Un album synonyme d’intense qualité, avec 11 titres mixés par Toby Gendron. Son nom ne vous dira sans doute pas grand chose : c’est un homme de l’ombre, de studio, qui a travaillé avec tant d’artistes québécoises. De Céline Dion à Éric Lapointe en passant par Jean-Pierre Ferland, Jean Leloup, Luce Dufault ou Marie-Chantal Toupin et … tant d’autres encore …
Au micro de Jacques Thévenet en direct sur Aligre FM
“BOHÉMIENNE DE CŒUR” AVEC SYLVAIN MICHEL, SANDRINE ROY, MARC CHABOT, NELSON MINVILLE, …
Pour l’enregistrement des 11 titres de ce nouveau CD, elle s’est entourée d’une poignée de paroliers parmi les plus inspirés de la chanson québécoise : Sandrine Roy, Marc Chabot, Nelson Minville, Mala Barbulescu, etc.
En somme un album original à tous les sens du terme, avec des musiques composées par la chantese Dominica Merola … avec pour quatre titres l’efficace complicité du réalisateur Sylvain Michel, par ailleurs également guitariste, bassiste, batteur et co-arrangeur avec Dominica de l’opus sorti chez A l’infini.
Le répertoire de Dominica explore avec passion tant de facettes de la vie amoureuse, qu’elle soit synonyme de coup de foudre ou de coup de tonnerre.
Ici, le sentiment amoureux est décliné sous diverses facettes, enrichi par nombre de thèmes qui nous concernent tous inévitablement, entre l’urgence de vivre, le temps qui s’enfuit, l’envie d’être heureux tout simplement.
“Broder du bonheur, Dessiner un rire Courir dans la neige, Caresser le temps Déjouer les heures, S’armer d’un sourire Éviter les pièges, Toucher le printemps”
Et c’est avec entrain que Dominica Merola “chante les mots, la vie” , titre d’une des chansons (paroles de Marc Chabit) majeures de cet album.
Plus loin elle se glisse avec conviction dans la peau d’une femme-passion dans un sacré tango enrichi d’accents jazzy : “Ciao-ciao, c’est une version moderne et ironique des adieux d’une femme jalouse : “Ne me joue pas les larmes” comme précise Martine Girard (A l’Infini Communication).
Pause-photo durant l’enregistrement de l’album
FRANCE, SUISSE, BELGIQUE, ACADIE : CONVAINCANTE “BOHÉMIENNE DE CŒUR”
L’expression “Bohémienne de Cœur” colle avec justesse au destin de cette chanteuse québécoise.
Une artiste dont j’ai plus d’une fois – entre Québec, Acadie, France et Belgique – apprécié autant l’aisance scénique et vocale que les réactions du public visiblement conquis par un répertoire entre chanson française et airs classiques.
Son parcours est suivi de près divers professionnels québécois, dont Jean V. Valiquet, lauréat en juin 2014 de la deuxième édition du prix Christopher-J.Reed.
D’où cette photo de Dominica Merola en compagnie de son éditeur : un des repères majeurs de l’industrie musicale québécoise, fondateur le 10 août 1982 de la maison d’éditions Groupe Éditorial Musinfo Inc.
Lauréat du 2ème Prix Christopher J. Reed, Jehan V. Valiquet en (très) bonne compagnie avec de gauche à droite Valérie Lahaie, Anne Bisson, Laura Gagné (nouvelle signature), Annie Poulain, Marie-Michèle Desrosiers, Diane « Shamane » Tremblay, Gaële et Dominica Merola (Photo David Laplante)
DU BOZAR de BRUXELLES A L’ENTREPÔT DE PARIS VIA QUÉBEC
Me reviennent notamment en mémoire son inoubliable concert en décembre 2013 au prestigieux Palais des Beaux Arts (Bozar) à Bruxelles, seule au piano face à un public des plus attentifs.
Et aussi la trop courte prestation offerte en février 2016, au Fou-Bar dans la ville de Québec, lors du lancement officiel de Notre Sentier (production et gestion événementielle) créée par Manon Gagnon.
Alors là se pose l’inévitable interrogation : comment vous donner envie de retrouver, à Paris, Dominica Merola dans son nouveau spectacle “Bohémienne de cœur” ?
A l’Entrepôt, elle mettra en relief un répertoire essentiellement de chansons originales dont elle a composé la musique : D’ici et de là-bas, Ciao, ciao, Bella mia, Jusqu’au bout, Je reviendrai, etc.
S’y grefferont divers grands airs connus offerts avec “la touche Merola” … dont “Le Petit bonheur” cher à Félix Leclerc, “Une femme avec toi” immortalisé par Nicole Croisille, “Hallelujah” de l’incontournable Léonard Cohen, et la liste n’est évidemment pas exhaustive.
A retrouver à l’Entrepôt à Paris et ailleurs en France et Belgique
“J’AI FAIT DU PASSÉ MON PRÉSENT AVEC L’AV’NIR POUR SEULE ÉTOILE”
Pas étonnant que Dominica Merola soit surnommée au Québec “L’Appassionata” (la passionnée), titre de son précédent album. Assurément un album-charnière dans sa carrière … mais aussi et surtout dans sa manière d’affirmer haut et fort sa double culture.
Une évidence et une fierté évoquée avec bonheur sur les mots en français de la parolière Sandrine Roy dans “D’ici et de là-bas »: “De la Toscane au Saint-Laurent/ Et de Rome jusqu’à Montréal/ J’ai fait du passé mon présent/Avec l’av’nir pour seule étoile”.
Alors si vous êtes sensible aux artistes fiers de leur double culture, aux créateurs audacieux qui aiment s’aventurer vers des voix/voies nouvelles (comme à l’Entrepôt avec Youssouf Karembe et Amadou Daou), si vous voulez retrouver une ambiance québécoise au coeur de Paris, … vous savez ce qui vous reste à faire.
J’y serai … et vous ?
18 février 2016, avant le lancement de Notre Sentier au Fou-Bar dans le cadre de la Bourse Rideau. Deux heures de chanson francophone avec 7 artistes proposant chacun trois chansons de son choix face à un auditoire des plus attentifs : Jean-François Lambert Perso, Monique Désy Proulx, Micheline Bouzigon, Philippe Noireaut, Myreille Bédard, Claude Vallières, Ginette Paradis et Dominica Merola.
“NATURELLE, GÉNÉREUSE ET DÉBORDANTE DE JOIE QU’ELLE SAIT SI BIEN PROPAGER AUTOUR D’ELLE”
Un dernier argument pour vous convaincre ?
Bon, alors laissons le mot de conclusion à une passionnée de chanson française et francophone, Manon Gagnon (Notre Sentier) :
“Entendant des mots élogieux en faveur de l’artiste Dominica Merola, je me suis laissée guider par mon intuition et mon infatigable curiosité.
Après plus de 300 km, j’ai été séduite non seulement par le talent de l’artiste d’une grande authenticité, de passion et de sensibilité mais aussi par la personne naturelle, généreuse et débordante de joie qu’elle sait si bien propager autour d’elle.
J’ai constaté depuis que Dominica et son conjoint n’hésitent pas à soutenir les artistes dans leurs démarches par leurs présences à aux lancements et aux concerts. Un exemple à suivre.
N’hésitez pas, tout comme moi, à faire quelques kilomètres ou stations de métro pour vous offrir une soirée enrichissante d’émotions, de plaisir et d’amitiés en chansons.
Il y a aura même des Québécois qui feront plus de 7000 km pour être présents, ce n’est pas rien !”.
L’impressionnante liste des festivals annulés en France cette année a été partagéE de nombreuses fois, suite à sa publication sur ma page Facebook. Et c’est pas fini…
Sans me complaire dans la diffusion de telles infos, il faut tout de même être réaliste : ça ne s’arrange pas en France, et ce qui se passe chez nos voisins suisses et québécois est tout aussi inquiétant. Dernier exemple en provenance de la Suisse …
“Ce weekend, nous avons du prendre une importante décision !
Malgré toutes les tentatives jusqu’au dernier moment, nous ne sommes pas parvenus à réunir le minimum de fonds nécessaires pour assurer au minimum les cachets et la technique.
Nous avons déjà personnellement beaucoup investi ces trois dernières années et nous ne pouvons plus subvenir et assurer le manque à gagner.
Cette semaine encore, deux de nos principaux sponsors nous ont informé avec regret mais de manière nette que cette année ils ne pouvaient nous aider….
“CULTURE : LA POLITIQUE DES PAILLETTES”
La Culture Suisse et Valaisanne se globalise. Depuis quelques années, on constate une nette diminution des aides à la culture et spécialement à la diffusion de la musique dite à tort populaire.
Les subventions allouées sont en majorité absorbées par des évènements sans âmes, loin de l’approche locale des petits festivals.
Ces petits festivals locaux qui souvent mettent l’accent sur la qualité et la nouveauté de la programmation et cherchent à impliquer au maximum l’humain et leur environnement.
Que des sponsors privés recherchent un retour sur investissement en ayant une bonne visibilité nous comprenons mais que des institutions de fond publics ou gouvernementaux subventionnent des grosses machines pour pouvoir dire qu’ils y sont… ce n’est pas normal.
Leur mission est l’encouragement à la création, à la production et la diffusion de la culture.
“LA CULTURE EST UN MOYEN DE RÉUNION, DE COHÉSION ET DE FORMATION DE LA POPULATION”
Par ces temps perturbés, où la personne s’isole de plus en plus, la culture est un moyen de réunion, de cohésion et de formation de la population.
C’est avec tristesse que l’on voit s’envoler une année de travail mais nous sommes contraints d’annuler le festival 2016.
A vous tous qui nous avez fait confiance, qui avez cru en notre beau projet, nous ne pouvons que vous remercier de nous avoir donné des moment d’espérance en un beau festival et nous vous assurons que nous ne vous oublions pas et qu’on se retrouvera
Le festival 2016 est mort !
Vive le festival 2017 ?”.
AUCUN FESTIVAL N’EST PLUS A L’ABRI
Un mot en guise de conclusion : il est tout à fait évident que la motivation d’une poignée de bénévoles est bien faible face aux réalités économiques.
Aucun festival, même s’il s’inscrit dans une (très) longue histoire, n’est plus à l’abri du danger suscité par une baisse de subventions et d’abandon de sponsors.
Un exemple parmi tant d’autres : la fin du Festival Alors Chante ! à Montauban et sa renaissance ailleurs en ce mois de mai. En effet, comme annoncé sur son site Alors CHANTE ! fête sa 30ème édition, et sa 1ère édition à Castelsarrasin du 2 au 7 Mai 2016.
Selon les organisateurs c’est “un nouveau départ avec un nouveau public, des lieux inédits et une formule enrichie qui porte toujours la même ambition : défendre la diversité et la créativité des musiques francophones”.
Pour un exemple de “renaissance”, combien de disparitions définitives ?
Et encore dans le cas de Alors Chante ! se pose la question du passif financier de 2015… à régler.
Partout s’allument des clignotants rouges en France et dans l’espace francophone comme la disparition du festival ChanteauFête au Québec au bout de 15 éditions.
En Suisse, la Médaille d’Or de la Chanson organisée à Saignelégier, a elle aussi, été confrontée à une baisse de budget en 2016.
Mais l’édition 2016 a tout de même eu lieu, notamment marquée par la remise d’argent aux lauréats : 1500 francs suisses au groupe Boule; 1 200 francs suisses au groupe Danny Buckton Trio et 900 francs suisses au groupe Makja. Plus 150 francs suisses aux trois autres finalistes non classés dans le peloton de tête : Fabien Boeuf, Laurence-Anne et Les Fils du Facteur.
Le fait que de telles sommes d’argent (plus prises en charge du transport) soit en jeu n’est peut-être pas étranger à l’affluence de candidatures encore envoyées cette année au comité organisateur présidé par Fabrice Gélin. Soit une centaine de demandes pour 15 artistes et groupes retenus au final …
Reste désormais à prévoir le déroulement de la 50ème édition prévue fin avril 2017 à Saignelégier. Une date anniversaire pour cet événement né voici un demi-siècle sur la base de revendications politiques et linguistiques.
Il est tout de même incroyable que face au rouleau compresseur de la culture internationale, les pouvoirs publics (France, Suisse, Québec, etc) agissent de plus en plus de la sorte face aux festivals ayant (encore) une âme.
CharlElie Couture revient chez nos disquaires avec un album (CD, vinyl, etc.) le 29 avril 2016 ! Ça s’appelle « Lafayette » pour cause d’enregistrement en Louisiane.
Dans ce petit bout des États-Unis où, bon an mal an, survit une jolie petite pousse de la langue française, non pas noyée dans un univers américain, mais en parfaite harmonie harmonie avec la langue anglaise et la culture “pop- rock-folk-blues”, que CharlElie Couture parvient, avec talent, à nous faire partager.
“On va déconner” promet l’une des chansons de l’album. Promesse tenue au moins dans le clip une autre chanson, “Debout dans la boue” filmée en décors naturels de bayous plein… de boue et de faux airs de J.J. Cale., d’autant que, si CharlElie la chante en Français, il en lâche de temps à autre le refrain en Anglais, et ça “sonne bien” : “stucked in the mud”…
UNE SORTE D’OVNI MAGNIFIQUE DANS LA GALAXIE FRANCOPHONE
Toutefois, l’artiste n’a visiblement pas fait que déconner dans cette affaire.
Outre le titre ci-dessus évoqué, un autre est sorti en single (in french dans le texte…) mi-février, diffusé sur France-Inter et d’ores et déjà disponible sur le web. “Un jour les anges” n’est qu’un étalage de talents, de sérieux et de travail de l’auteur, de son guitariste et d’une flopée de musiciens.
Elles témoignent du travail de l’artiste et du plaisir que lui et quelques autres se sont donnés pour sortir cet album, sorte d’OVNI magnifique dans la galaxie francophone. Rien qu’à eux deux, ces deux micro-documentaires vous offrent un bon quart d’heure de vrai bonheur !
“DOCKSIDE STUDIO”, UN LIEU MYTHIQUE DE LA MUSIQUE AMÉRICAINE
Déjà, le décor. Rien que ça. Ça à l’air d’une grosse grange dans un grand parc, mais c’est le “Dockside Studio”, à Maurice, Louisiane. Pas trop loin de Lafayette, au milieu des bayous.
“Dockside Studio” est un lieu mythique de la musique américaine où quelques-uns des plus illustres ont immortalisé leur talent : B.B. King, Levon Helm (le batteur-chanteur de The Band), Mark Knopfler, guitariste étincelant de Dire Straits, Scarlett Johansson, chanteuse autant que comédienne, et bien d’autres…
Alors qu’est-ce que c’est que ce Lorrain qui vient chanter là, en français ? Je ne sais pas si c’est le premier “frenchie” à enregistrer là, mais pour sûr, ce n’est pas le premier francophone. Ce petit coin de Louisiane fourmille de musiciens de tout poil et beaucoup d’entre eux popularisent le “zydeco” , la musique cajun, à travers tous les États-Unis.
Avec Louis Michot, des Lost Bayou Ramblers
EN STUDIO AVEC LES LOST BAYOU RAMBLERS …
C’est dans ce vivier que CharleElie Couture a choisi la plupart de ses compères pour cet album, à l’exception de son guitariste de (presque) toujours, Karim Attoumane venu avec lui.
On aperçoit ainsi ainsi au fil des images du Dockside Studio, des habitués des lieux comme les frères Michot, Louis et André, de Lost Bayou Ramblers : un groupe mêlant hardiment la musique cajun à la country, au rockabilly et au rock punk, appréciés dans toute l’Amérique du Nord, francophone ou non, et qui feraient gigoter pas mal de monde dans les festivals français s’ils avaient la bonne idée de traverser l’Atlantique.
Charlélie Couture trouve d’ailleurs que les Lost Bayou Ramblers mériteraient à être bien plus connus en France. Je suis certain qu’ils sauraient mettre en branle des salles entières de “debouts” que ce soit indoor ou outdoor dans des festivals d’été par exemple. Leur Cajun Rock énergique et inventif est à l’image du renouveau de la culture acadienne ».
C’est avec eux qu’il est sur scène, le 21 avril, pour le grand concert d’ouverture du Festival international de Lousiane qui se tient chaque année à Lafayette.
Avec Zachary Richard
… ET ZACHARY RICHARD
Il y a d ‘autres musiciens du cru, comme ceux de cet autre groupe Feufollet (en un seul mot) qui a reçu en 2011 un Grammy Award pour “le meilleur album de musique zydeco ou cajun” avec leur disque “En Couleurs”. Ils se sont déjà produits en France avec succès à Saulieu en 2010, et seraient bien inspirés de revenir.
Un chanteur cajun plus illustre a également prêté sa voix (et son humour) à l’enregistrement de l’album, Zachary Richard. Et puis, pêle-mêle, Josh Leblanc (trompette), Nick Stephan (saxo), Storie Gonsoulin (washboard), qui avoue ne pas parler beaucoup le français, mais qui trouve l’expression “va doucement” tellement plus savoureuse que “take it easy”…
Et puis, il y a encore une foule d’autres (je n’ai pas tous les noms, mais ils figureront sur l’album, vous verrez…
“JONCTION ENTRE POÉSIE EN FRANÇAIS ET POÉSIE EN ANGLAIS”
Mais, comme le chantait Michel Fugain il y a fort longtemps “tous les Acadiens, toutes les Acadiennes, vont chanter, vont danser sous le violon, sont américains, elles sont américaines, la faute à qui donc, la faute à Napoléon” .
Francophones à de degrés divers ou pas du tout, tous sont américains et ils ont une conception plutôt… cool de leur identité cajun.
C’est peut-être ce qui a attiré CharlElie Couture dans cette Louisiane des bayous, plus authentique et en tout cas moins touristique que La Nouvelle-Orléans, estime-t-il dans l’une des vidéos.
Natif de Lorraine mais ayant passé son enfance au États-Unis, il parle aussi l’anglais, langue qu’il utilise aussi pour chanter sur ce nouvel album “avec autant de respect que j’en ai pour la langue française”.
“J’ai toujours espéré trouver une jonction entre une poésie en français et une poésie en anglais . Sur ce disque-là, c’est simplement presque naturel”, raconte-t-il plus loin.
Pendant les enregistrements, tous passaient d’une langue à l’autre, sans problème, “ça switchait”…
“J’entends souvent des jeunes groupes qui défendent l’anglais contre le français. Moi, je ne pense pas qu’il y ait d’opposition. Et c’est pour ça que je me sens si bien en Louisiane parce que ici, il n’y a pas de combat, en fait. Enfin, si, il y en a un, de toujours, mais ce n’est pas présenté sous la forme du combat en tant que tel. C’est fait sur une espèce de promiscuité”.
Jérôme Daquin, ancien journaliste au Quotidien de La Réunion, à l’Agence France-Presse et désormais indépendant, est devenu animateur d’ateliers d’écriture dans la région lyonnaise au sein de “Poussée d’écrits”», structure créée en avril 2013 après une formation à ce métier dispensée par l’Université Louis-Lumière (Lyon 2).
Fort de ses liens tissés au Québec, dans l’Océan Indien, en Afrique et dans le Maghreb, il a animé en 2014 et 2015 un “atelier d’écriture francophone mondialisé”, premier du genre sur internet, par le biais du blog Poussée d’écrits .
Cet atelier était destiné à faire écrire ensemble des francophones issus de différentes parties du monde, que le français soit leur langue maternelle ou langue acquise.
Des plumes françaises, québécoises, louisianaises, congolaises, algériennes s’y sont mêlées… avec un certain succès. Une nouvelle formule de cet atelier, plus pratique et plus accessible, est actuellement en cours de construction, en vue d’un démarrage à l’automne 2016.
Bon, asseyez-vous tranquillement et attachez votre ceinture, car le décollage est imminent pour l’aéroport de Pointe-à-Pitre.
De là nous rejoindrons la gare maritime pour nous rendre en bateau à Marie Galante. L’idéal, ce serait d’être sur place au plus tard le 13 mai, pour le début de la 17ème édition de Terre de Blues.
Le festival s’y déroulera jusqu’au 16 mai entre grande scène et scène parvis de l’Habitation Murat (photo ci-dessus) sans oublier la scène off de la gare maritime et la place de l’église à Grand-Bourg. Explications.
S’il est vrai que le titre de Laurent Voulzy a contribué à faire connaître Marie Galante, ne réduisons surtout pas cette île antillaise à une citation dans une chanson à succès !
Au-delà de la carte postale, une île authentique à découvrir loin du tourisme de masse
13 AU 16 MAI : PRES DE 15 000 FESTIVALIERS ATTENDUS
Hé oui, chaque année, en mai, l’île de Marie-Galante vit au rythme de son Festival International de musique. Un événement pas seulement enraciné dans le blues …
Il ne faudrait surtout pas réduire cette île des Antilles françaises de l’archipel de Guadeloupe à une simple citation dans la célèbre chanson de Laurent Voulzy
C’est évident, il s’agit et bien de l’un des évènements culturels majeurs de la Caraïbe, et il attire de plus en plus de monde au fil des éditions, autant des amateurs de musique que des amoureux d’une île authentique dont la vie quotidienne n’est pas bousculée par d’incessants groupes de touristes en quête d’exotisme tropical.
D’où l’intérêt de ce festival pour lequel sont attendus cette année près de 15 000 personnes selon les organisateurs. Il est vrai que ce festival s’est affirmé, au fil des éditions, comme un incontestable atout pour faire mieux connaître les 158 km2 de “l’île aux cent moulins”, dans l’archipel des Antilles, à 30 km au sud-est des côtes de la Guadeloupe.
Écomusée de Marie Galante, l’Habitat Murat accueille la grande scène et la scène parvis du festivalHabitation Roussel-Trianon : une des escales marie-galantaises de la Route de l’Esclavage de la Guadeloupe
Un des haut-lieux de l’Histoire de l’esclavage de Marie Galante : la Mare au punch
COMMUNAUTÉ DE COMMUNES – OFFICE DE TOURISME : MOBILISATION
L’histoire débute en l’an 2000. Cette année-là, Pierre-Edouard Decimus, fondateur de Kassav’, et Eddy Compper, décident avec Harry Selbonne, alors président de la Communauté de communes de Marie-Galante, de monter le festival.
Et on a tenu à y préserver l’idée première du festival. C’est-à-dire relier les trois Saint-Louis : Saint Louis, célèbre fief du blues aux Etats-Unis dans les années 1930, Saint Louis du Sénégal, symbole d’une ascendance africaine, et Saint Louis de Marie-Galante, terre créole.
Une île à découvrir loin des flots de touristes en quête d’exotisme tropical
POINTURES INTERNATIONALES ET ARTISTES RÉGIONAUX
Et voilà comment, à 7000km de Paris, “la galette” – autre nom souvent donné à Marie Galante – devient durant quelques jours en mai un carrefour international de musiciens du monde entier.
Les affiches mises en évidence dans la vaste salle d’attente de la gare maritime de Marie Galante en témoigne : depuis ses débuts, le festival a reçu de sacrées pointures internationales – Alpha Blondy, Johnny Clegg, Manu Dibango, Salif Keita ou Keziah Jones, etc. – en plus de nombreux artistes des Antilles,et plus globalement des Caraïbes.
D’année en année, Terre de blues bénéficie d’une belle couverture médiatique, grâce à la presse antillaise et de toute la région caribéenne, sans oublier les articles de divers envoyés spéciaux (L’Humanité ; Le Figaro ; Ouest-France ; mondomix.com, etc.) . A découvrir dans les références du texte consacrée au festival par Wikipédia : à lire ici.
L’AUTHENTICITÉ ÉPARGNÉE PAR LE TOURISME DE MASSE
Ce festival permet à Marie-Galante de sortir de son relatif isolement et de aussi de stimuler divers piliers de son économie locale grâce à la présence de tous ces festivaliers. Une belle aubaine pour l’ile qui continue cependant à jouer à fond la carte de l’authenticité tout en étant encore épargnée par le tourisme de masse.
Une des conséquences de ce festival, c’est de faire doubler temporairement la population Marie-Galante qui compte environ 11 000 habitants.
De quoi susciter d’incontestables (et temporaires) répercussions sur tant d’aspects de la vie locale : hôtellerie, restauration, commerce, location de voiture, … et la liste est loin d’être exhaustive.
La canne, longtemps repère majeur de l’économie de Marie Galante
VALENTIN ZODROS, PARRAIN DU FESTIVAL DE “L’ILE AUX 100 MOULINS”
Rappelons que Marie Galante comptait en 1946, 30 000 habitants. L’ile a été très marquée par l’exode massif de ses jeunes vers la grand île de Guadeloupe et aussi vers l’Hexagone. De quoi faire chuter vertigineusement la démographie ! Une chute de la population liée à la lente et inexorable agonie de l’économie sucrière.
C’est d’ailleurs de cette culture de la canne, que l’île a hésité de son fameux surnom : l’île aux 100 moulins. Hé oui, on y comptait en 1818 un peu plus d’une centaine, qui permettaient de broyer la canne. Le jus qui en était tiré était transformé en sucre et en rhum.
Ces moulins étaient originellement actionnés par des bœufs : on en rencontre encore beaucoup de nos jours et il n’est pas surprenant de trouver des panneaux de signalisation attestant de leur présence parfois inattendue.
Aujourd’hui plus que jamais, l’histoire et la vie de Marie Galante sont enracinés dans l’histoire de la canne. Pas étonnant donc que la 17e édition du festival met en relief « le patrimoine vivant de la culture guadeloupéenne en célébrant « la vwa chari », les chants de labours qui accompagnent les récoltes de canne de l’île ».
A noter que le parrain de Terre de Blues 2016 est “une figure charismatique des ainés de Marie-Galante, Valentin Zodros : un agriculteur qui perpétue la tradition du chant de labour. Actif, il contribue à faire vivre cette part du patrimoine immatérielle vivant qu’est « La vwa Chari”.
Le bœuf, incontournable dans la vie quotidienne de Marie Galante
“LA VWA CHARI”, LES CHANTS DE LABOURS ACCOMPAGNANT LES RÉCOLTÉS DE CANNE DE L’ÎLE
Bon, et le programme 20216 me direz-vous ?
Venu à plusieurs reprises couvert ce festival, le journaliste Victor Haché explique dans le quotidien L’Humanité (édition du 18-19-20 mars) qu’il s’agit d’une « Une programmation qui fera le lien entre les Antilles, l’Afrique et les États-Unis avec la présence sur la grande scène de l’Habitation Murat de nombreux artistes, dont le chanteur congolais Lokua Kanza, les jamaïquains Beres Hammond et Konshens, le trio féminin martiniquais Elle & Elles, le groupe de la Dominique Exile One ou les musiciens guadeloupéens K’Koustik et Mado-Ladrezeau ».
Autre coup de projecteur, et non des moindres mis en évidence dans cet article de L’Humanité, Terre de Blues est un « un festival qui a dû “trouver un financement pérenne (auprès de la région, à hauteur de 300 000 euros – NDLR) à l’heure où les fonds européens n’assurent plus la promotion des territoires”.
Ce constat doublé d’un regret est signé Maryze Etzol, maire de Grand-Bourg et présidente du festival. Elle est aussi présidente de la communauté de communes de Marie Galante … qui fut la première structure intercommunale de ce genre créée dans l’outre-mer français !
A vrai dire, selon le site Études Caribéennes à Marie-Galante, “la coopération intercommunale a débuté au milieu des années 1960 sous une forme syndicale ; il s’agissait alors d’une association de services, née de l’initiative de quelques élus, ayant pour but d’électrifier les communes membres. L’unité communale étant un périmètre trop exigu, particulièrement lorsqu’il fallut doter les communes des services et des équipements nécessaires au bien-être des administrés (formation, santé, environnement, assainissement, adduction d’eau, voirie, etc.), un Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU) fut créé en 1965, et se transforma en Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM) en 1966, puis en communauté de communes en 1994. L’objectif final étant la mise en place d’une vraie politique d’aménagement de l’espace”.
Reste une évidence ; en jouant, lui aussi, la carte de l’intercommunalité, le festival s’affirme comme un incontournable repère d’une île attachante. Car au-delà des aspects strictement artistiques et culturelles, Terre de Blues s’affirme aujourd’hui plus que jamais comme un événement majeur, avec une arrivée temporaire de festivaliers susceptibles de venir autant d’ambassadeurs de Marie Galante.
Merci à Gérard Davigny et Jean-Michel Poulier pour nos échanges sur Terre de Blues et Marie Galante
Ce logo du festival est utilisé pour les supports de communication du festival Terre de Blues. Il représente le contour de l’île avec une fleur de canne à sucre en haut à droite