Vendredi 9 novembre, près d’un demi-millier de personnes se sont régalées à chaque moment d’un concert qui fera date assurément dans la vie d’artiste de Marcel Soulodre.
Retour sur un événement qui aura fait intensément vibrer la grande salle de l’Illiade, à Illkirch-Graffenstaden, aux accents de l’entrainant répertoire de Johnny Cash.
Pas de doute. Ce concert est le meilleur de tous ceux que j’ai eu la chance d’applaudir de cet auteur-compositeur-interprète originaire du Manitoba. Et cela des deux côtés de l’Atlantique car je connais Marcel Soulodre depuis pas mal d’années.
Nos routes se sont croisées pour la première fois en novembre 2003 au Nouveau-Brunswick.
C’était durant la Franco-Fête en Acadie et le chanteur y présentait des titres de sa composition lors d’une des nombreuses vitrines musicales organisées durant cet important événement artistique et culturel du Canada.
UN CONCERT DES PLUS MÉMORABLES
Et c’est avec une réelle satisfaction que j’ai appris, quelques années plus tard, qu’il venait de s’établir en Alsace … sans évidemment renier ou oublier ses racines francophones d’Amérique du Nord et notamment son cher Manitoba. Une des provinces canadiennes d’où est aussi originaire Daniel Lavoie hélas trop souvent pris pour un Québécois.
Ce vendredi soir de novembre, ce n’était pas la première fois que appréciais Marcel Soulodre dans son spectacle enraciné dans la vie et l’œuvre de Johnny Cash. Me revient notamment en mémoire un formidable concert de la même veine organisé le 23 mars 2018 dans la (très) belle salle voutée de Fegersheim : le Caveau.
L’ILLIADE, UN ENVIRONNEMENT EXCEPTIONNEL
Pourquoi ce concert a-t-il autant retenu mon attention ?
A vrai dire pour plusieurs raisons concernant autant le fond et la forme de ce spectacle sans aucun temps mort. A commencer par son environnement : la salle de l’Illiade est tout à fait propice pour apprécier un tel concert dans d’excellentes dispositions, tant au niveau de l’acoustique que du confort des sièges.
Dès les premières mesures de la première chanson, le public a réagi en tapant dans les mains, en accompagnant spontanément le chanteur-guitariste. Et c’est parti avec “Wanted Man”, premier titre du concert : une chanson de Bob Dylan offerte à Johnny Cash.
Autre atout de cette soirée, les jeux de lumière et les photos de Johnny Cash, de June Carter et également des pochettes de disques projetées en arrière plan. Pas de raz-de-marée d’images à vous faire tourner la tête, non juste ce qu’il faut.
Juste de quoi offrir aux spectateurs quelques repères d’une vie d’artiste avec ses hauts et ses bas évoqués par Marcel Soulodre d’une manière que je qualifierai de “nord-américaine” : un ton direct et efficace. Sans baratin, des mots qui font mouche. Un vocabulaire précis, quelques phrases et … on reprend une autre chanson.
Ici pas de longue et fastidieuse présentation du genre “bon maintenant je vais prendre le temps de vous expliquer la prochaine chanson qui va vous parler de … “.
Pas de doute : Marcel Soulodre maîtrise à merveille son sujet.
Et il serait dommage que tant de connaissances et de bon sens pédagogique ne soient pas mieux mises en valeur, par exemple dans le cadre de conférences musicales présentées dans des médiathèques ou tout autre lieu propice à un si instructif voyage du côté de chez Johnny Cash.
CONVAINCANTE PARTICIPATION DE TARA ESTHER
Et puis il faut dire que les musiciens accompagnant interprète de “l’homme en noir” sont parmi les meilleurs d’Alsace, à commencer par celui que j’aime qualifier de “guitar-héro” : Jean-Paul Distel (telecaster, Dobro et chœurs). Également au rendez-vous sur la grande scène de l’Illiade Olivier Aslan (batterie et chœurs) et Lionel Ehrhart (basse et chœurs).
Bref une équipe aussi décontractée que percutante qui bénéficiait ce soir-là de la participation de Tara Esther, chanteuse TRÈS convaincante dans le rôle de June Carter, le grand amour de Johnny Cash.
Cette artiste, qui excelle dans des registres musicaux très variés, est aussi une passionnée du groupe ACDC. Et quand elle se met dans la peau de June Carter, en chantant en duo avec Marcel Soulodre, la complicité est vraiment totale. Et la magie opère : elle résulte de nombreuses répétitions et d’une passion commune pour l’univers de Johnny Cash.
LE PLUS ALSACIEN DES ARTISTES CANADIENS
Reste évidemment l’essentiel de ce mémorable concert : la présence, la voix, l’aisance scénique du plus alsacien des chanteurs canadiens.
Coup de chapeau des plus mérités à celui qui vit en Alsace … mais n’en continue pas moins de nourrir ses racines manitobaines. Et ça se sent dans sa manière de parler, de s’égarer ici et là dans des erreurs de sujet, de verbe ou d’article mais ça n’a pas d’importance. Ou alors bien au contraire : cette absence de maîtrise totale de la langue française, c’est finalement un atout de plus dans un tel concert.
Installé depuis 10 ans à Duppigheim, l’artiste n’a rien perdu de ses racines, et c’est tant mieux. Voici des années que Marcel Soulodre célèbre avec talent un répertoire rock et country tant avec son propre répertoire que des reprises de chansons l’ayant marqué depuis l’enfance.
Pas étonnant donc qu’en 2003 il se soit lancé dans la création du spectacle “Wanted Man, a tribute to Johnny Cash” qui fait honneur au destin personnel et artistique de Johnny Cash. Et cette année-là, le décès de L’Homme en Noir » va insuffler un incontestable élan sur nombre de scènes d’Amérique du Nord – de l’Alaska à la Floride – à celui qui se fait aussi appeler M. SOUL.
UN RÉPERTOIRE D’UNE TELLE RICHESSE
Wanted Man (B. Dylan); Folsom – Cry Cry Cry- Big River (J.R. Cash) ; 5 Feet High & Rising (J.R. Cash) ; Tennessee Flat Top (J.R. Cash) ; Hey Porter (J.R. Cash) ; City Of New Orleans (Steve Goodman) ; Don’t Take Your Guns (J.R. Cash) ; I Got Stripes (trad arr. J.R. Cash) ; Ghost Riders (Stanley Jones) ; I Walk The Line (J.R. Cash) ; If I Were A Carpenter (Tim Hardin) ; Jackson (Billy Edd Wheeler & Jerry Leiber) ; It Ain’t Me Babe (Bob Dylan) ; Darling Companion (John Sebastion) ; Wildwood Flower( JP Webster & Maud Irving ; Keep On The Sunny Side(Ada Blenkhorn & J. Howard Entwisle) ; Peace In The Valley (Thomas A. Dorsey) ; Joshua Fit The Battle of Jericho (traditionnel) ; Daddy Sang Bass (Carl Perkins) ; Rose Of My Heart (Hugh Moffat) ; The Man Comes Around (J.R. Cash) ; Hurt (Trent Reznor), etc.
Quel répertoire offert ce soir-là à l’Illiade !
Quel enchainement de chansons qui incite le public à manifester son enthousiasme, son bonheur de savourer une soirée aux accents country. Avec une bonne vingtaine de chansons plus un pot-pourri de divers autres titres, Marcel Soulodre s’aventure avec délice dans un répertoire tellement riche.
Certains de ces refrains sont connus en France dans des “versions variétisées” … dont “City Of New Orleans” de Steve Goodman devenu “Salut les amoureux” de Jo Dassin sur des paroles de Claude Lemesle … ou bien “If I Were A Carpenter ” de Tim Hardin repris par Johnny Hallyday (“Si j’étais un charpentier”) …
AVEC LES VOIX DE LA LIBERTÉ AU ZÉNITH DE STRASBOURG
Bien qu’étant devenu un incontestable Alsacien de cœur, l’auteur-compositeur originaire de Winnipeg n’a pas encore trouvé sa vraie place dans le paysage artistique en Alsace.
Non pas qu’il soit boudé par les autres chanteurs et chanteuses, mais disons qu’il travaille en solitaire. Ou du moins avec une équipe des plus réduites (et des plus motivées) animée par Patricia Cully.
Certes, il était sur la scène du Zénith en 2015 pour Les Voix de la Liberté, le fameux concert suscité par Roger Siffer, Michel Reverdy et Jean-Pierre Schlagg . On le retrouve notamment sur le clip de “Die Gedanken sind frei/Liberté de penser” … et puis quoi d’autre ?
Plutôt que de poser des questions existentielles sur sa place dans la vie artistique de sa terre d’adoption, Marcel Soulodre agit. Il avance pas à pas sur les traces de Johnny Cash. Et il poursuit sa carrière entre France, Allemagne et Suisse avec détermination, accompagné par une poignée de très efficaces complices.
La talentueuse participation de Tara Esther m’incite à formuler un vœu : j’espère bien que ce duo d’artistes aura l’occasion de fouler d’autres scènes d’Alsace. Un point de vue partagé avec Pascal Frank, directeur des programmes de Fréquence Verte, revu avec plaisir à l’issue de ce concert, après avoir fait sa connaissance à celui de Christel Kern.
PROJETS À VOLONTÉ POUR SALLES TROP FRILEUSES
Et j’espère aussi que Marcel Soulodre va revenir à l’Illiade dans un autre concert, un autre concept.
C’est évident. L’homme ne manque ni de ressources ni de projets.
Et il serait bien dommage de s’en priver dans les salles des deux départements d’Alsace … dont la plupart des programmateurs sont, hélas, trop frileux pour mettre en valeur des talents régionaux, quelque soient les genres musicaux et les langues utilisées, non ?
Cette frilosité des programmateurs à l’égard des artistes et groupes d’Alsace m’a incité, voici plusieurs mois, à intervenir un matin sur France Bleu Elsass, histoire de tirer une INDISPENSABLE sonnette d’alarme. Tant il est évident que l’Alsace est synonyme de talents dans tant de registres musicaux…
En témoigne avec brio le demi-millier de spectateurs venus au concert de l’Illiade : ils sont repartis avec une pêche d’enfer et des étoiles dans les yeux.
Le coffret de trois CD paru chez Frémeaux & Associés devrait être savouré par tous ceux qui, en Alsace ou ailleurs, s’intéressent à l’histoire artistique et culturelle de cette région dans laquelle s’enracinent dans de créateurs, et pas uniquement dans la chanson.
Coup de projecteur entre sketches et chansons sur le Barabli et sur deux de ses repères aussi inspirés qu’incontournables : Germain Muller et Mario Hirlé.
Premier constat, et il est de taille.
Ce coffret résulte d’une efficace collaboration entre RONALD HIRLÉ (fils de Mario Hirlé et auteur du livret) et Jean-Baptiste Mersiol qui assure la direction artistique.
Une sacrée aventure humaine et technique aussi, comme l’explique Jean-Baptiste Mersiol “La plupart des bandes ayant été perdues, nous avons utilisé les disques originaux. C’est une magnifique compilation réalisée grâce aux concours des héritiers Muller/Hirle”.
A la fin des sept pages abondamment illustrées du livret, Frémeaux & Associés remercie d’ailleurs “pour leurs contributions à la réalisation de ce coffret” Ronald Hirlé et Jean-Baptiste Mersiol ET AUSSI Patrice Muller, fils de Germain et de Dinah Faust. laquelle est aussi remerciée dans ce texte sous le nom de Anne-Laure Muller.
UN INCONTESTABLE TRAVAIL D’ORFÈVRE RÉALISÉ EN STUDIO
Que dire de ce coffret de 42 titres, de la restittion des chansons, des monologues, des sketches ?
C’est incontestablement un travail d’orfèvre qui a été réalisé dans le studio de Jean-Baptiste Mersiol.
En prenant le temps de l’écouter, album après album, on est submergé par plein de sentiments : de l’émotion bien sûr en songeant à ces années Barabli qui ont tant marqué l’Alsace …
de l’enthousiasme pour la si grande diversité de sujets abordés par Germain Muller au fil des années et des revues satiriques …
de l’admiration pour l’inspiration de Mario Hirlé …
D’où ce constat signé Ronald Hirlé sur la complicité entre les deux créateurs : “Cet amour commun de l’Alsace, cette révolte partagée contre l’effritement du parler, de la culture des traditions de la terre natale ont fait la pérennité et la fécondité du tandem Germain Muller – Mario Hirlé. Paroles et musique du “Barabli” coulaient harmonieusement de la même source. Les deux amis restent inséparablement réunis dans tous ces airs qui chantent encore, et pour longtemps, dans la mémoire des Alsaciens, à commencer par les complaintes nostalgiques puisées aux racines de la province, “D’Alamanisch Wehmut” et surtout “Mir sin schins d’Letschte…”, ce poignant chant du cygne du dialecte alsacien”.
“Enfin, redde m’r nimm devun” / Enfin n’en parlons plus” : l’unique pièce de Germain Muller écrite en 1979.
PIERRE KRETZ : “L’ÉNORME RÉSONANCE DU BARABLI DURANT PLUS DE 40 ANS”
Il faut VRAIMENT prendre le temps de replonger dans l’ambiance de ces revues dont la liste détaillée est bien mise en valeur dans le livret, de même que les références de TOUS les sketches textes signés Germain Muller et aussi de TOUTES les chansons aux paroles de Germain Muller et musiques de Mario Hirlé.
ASSURÉMENT toute une époque, qui inspire les réflexions suivantes à Pierre Kretz dans son livre “La langue perdue des Alsaciens” (Éditions Saisons d’Alsace, 1995) : “Germain a eu probablement dès le départ l’intuition de la mort prévisible du dialecte et des questions sur “notre” devenir que susciterait cette mort.
Car le “nous” est présent dans “Redde MIR nimm devun” comme dans “MIR sen schienst d’letschde”. Il y a d’ailleurs quelque chose d’étrange à juxtaposer ces deux phrases clés de l’univers de Germain Muller. La première nous invite à oublier le passé, la seconde autoproclamée que nous n’avons aucun avenir en tant que peuple, que nous sommes les derniers, d’letschde, d’allerletschde. L’énorme résonance des spectacles du Barabli dans la région pendant plus de quarante ans démontre à quel point ils ont été le reflet de la mentalité dominante de ses habitants”
22 novembre 2017. Salle du Barabli, Patrice Muller, Jean-Baptiste Mersiol et Dédé Flick
Une des pages du livret de Ronald Hirlé
“DE SAINT-LOUIS A WISSEMBOURG ET DE BÂLE A BADEN-BADEN”
Germain Muller a été non seulement le créateur, mais aussi l’auteur et un des interprètes majeurs du cabaret satirique Le Barabli. Chaque année de 1946 à 1992, il crée une revue qui attire en moyenne plus de 50 000 spectateurs par an.
Les Alsaciens y retrouvent présentée dans leur langue maternelle une satire de l’actualité, mais aussi un regard à la fois caustique et chaleureux sur leurs qualités et défauts.
“Une période qui n’existera plus jamais… ! “ affirme Ronald Hirlé qui se pose à juste titre une série de question :
“Germain a-t-il jamais voulu donner suite à quarante-deux années de succès d’une seule idée, d’un seul homme, porté au paroxysme par une équipe hors pair ?
Le public attendait qu’il prolonge son œuvre, or chaque auteur est unique alors que dire d’un créateur, qui est aussi l’acteur principal et fondateur de sa troupe ?
Durant près d’un demi-siècle, la troupe de comédiens se produisit une soixantaine de fois chaque année, de Saint-Louis à Wissembourg et de Bâle à Baden-Baden… La dernière revue de 1988, dépassa les cent représentations !”
22 novembre 2017. Dédé Flick devant son portrait dans la salle du Barabli, à côté de ceux de Roger Siffer et Jacques Martin
Extrait du livret de Ronald Hirlé
QUAND GERMAIN MILLER COMMANDAIT UNE CHANSON À ROGER SIFFER …
Germain Muller a été non seulement le créateur, mais aussi l’auteur et un des interprètes majeurs du cabaret satirique Le Barabli.
Chaque année de 1946 à 1992, il crée une revue qui attire en moyenne plus de 50 000 spectateurs par an. Les alsaciens y retrouvent présentée dans leur langue maternelle une satire de l’actualité, mais aussi un regard à la fois caustique et chaleureux sur leurs qualités et défauts.
Au fil des années, voire des décennies, le Barabli a accueilli nombre de talents, au-delà de son “noyau dur”. Et certains d’entre eux sont, aujourd’hui encore, à pied d’œuvre dans la vie artistique et cultuelle, voire médiatique : Christian Hahn, Cathy Bernecker, Dédé Flick, Jean-Pierre Schlagg, etc .
Et bien sûr Roger Siffer qui, dans sa fameuse Choucrouterie ouverte en 1984 perpétue chaque année la tradition de la revue satirique.
Roger Siffer durant une répétition du Barabli
Au Barabli la saison théâtrale débutait en décembre. Et Roger Siffer y sera sur scène durant deux saisons : 1970-71 et 1971 -72.
C’est en l’ayant vu dans une émission de télévision avec le poète du Sundgau Nathan Katz que Germain Muller invite Roger Siffer à le rejoindre au Barabli : “Il a été mon père spirituel, je l’ai d’ailleurs perdu la même année que mon père naturel“.
Et c’est Germain Muller qui va lui suggérer d’écrire une chanson sur une winstub strasbourgeoise … ce qui va inspirer à Roger Siffer l’idée d’un de ses titres les plus connus, “Mademoiselle Anne-Marie” : un bistrot de la vallée de Villé et non pas de Strasbourg !
“Primitivement, elle devait répondre à une “commande” de Germain Muller qui voulait un air à la gloire des Winstubs strasbourgeois où “il n’y a plus ni maoïste, ni gaulliste, ni jeune, ni vieux, où tout le monde s’entend bien”. Siffer lui a préféré le petit bistrot de quartier de Madame Anne-Marie à Triembach qui appartenait à la mère de son ami “de Neger Freddel”. Pôle d’attraction de tous les jeunes de Villé ou de Maisongoutte, on s’y retrouvait en permanence, soit pour recopier les devoirs, soit pour boire et chanter sur un air d’accordéon au cours de soirées interminables où le petit blanc coulait à flots.
Le bistrot de “Mademoiselle Anne-Marie” est ainsi devenu le berceau de l’inspiration de Siffer. La chanson est une évocation de ces “samstig’s owa” (samedis soirs) passés dans la bonne humeur, en même temps un hommage sur un air de valse, au winstub de son enfance” (Extrait de ” Follig Song un andri Lieder”, 1975)
Jean-Pierre Schlagg, Dinah Faust et Rober Siffer
UN COFFRET À DÉCOUVRIR … ET A OFFRIR
Si ce coffret de trois albums vous a donné envie d’en savoir plus sur le Barabli et sur Germain Muller, plongez donc sans retenue dans la biographie de 510 pages de Bernard Jenny (Do Bentzinger Editons, 1997), dans le numéro spécial de la revue ”Saisons d’Alsace ” en mars 2014 : deux pistes de lecture parmi bien d’autres !
S’y ajoute un très intéressant site de l’INAdivisé en six parties avec nombre de vidéos situées dans leur contexte historique : Homme aux multiples facettes ; Alsace ; L’homme de télévision; Sketches du Barabli; Chansons du Barabli ; Seul sur scène.
D’où ces quelques captures d’écran de vidéos à visionner … après avoir écouté les trois CD de ce coffret que je vous recommande sans hésitation : une formidable immersion qui permet sous le label Frémeaux et Associés, de mieux comprendre le Barabli, Germain Muller, Mario Hirlé, Dinah Faust et … tous les autres.
A savourer sans modération évidemment.
Dinah Faust dans le rôle de Danielle Gilbert et Robert Breysach alias DésiréEntretien de Germain Muller filmé à la Maison Kammerzel à Strasbourg
Mario Hirlé à l’honneur sur le site de l’INA
La leçon d’alsacien pour les “femmes de l’intérieur”
De gauche à droite : André FLICK, Christiane CHAREL, Christian HAHN, Cathy BERNECKER, Jean-Pierre SCHLAGG, Elisabeth BEST, Michel PIERRAT, Anne WENGER, Charles LOBSTEIN.
A DÉCOUVRIR AUSSI UNE “ANTHOLOGIE DU PATRIMOINE MUSICAL ALSACIEN “
Hé oui, Jean-Baptiste Mersiol n’est pas à sa première réalisation chez cet éditeur musical.
En effet, en 2017, “Frémeaux et Associés” a édité une “Anthologie du patrimoine musical alsacien” consacrée aux “musiques folkloriques et régionales” de la période 1953-2015. Déclinée sous la forme d’un coffret de deux CD, cette initiative était déjà signée Jean-Baptiste Mersiol, auteur-compositeur-interprète, arrangeur, ingénieur du son et créateur du Label Akoufène.
La clairière de la forêt d’Ohlungen a bien retrouvé sa tranquillité depuis la fin du 12ème Festival Summerlied organisé du 17 au 19 août 2018.
Coup de projecteur sur un des événements majeurs de la vie artistique et culturelle d’Alsace en partie enraciné dans la création régionale.
Soyons francs : lundi 9 avril, durant la conférence de presse de Summerlied 2018, je me suis posé bien des questions sur l’édition présentée sous le label «La parole aux cultures d’ici et d’ailleurs» et récupérée par le Grand Est.
NUMÉRO D’ÉQUILIBRISTE AU CLUB DE LA PRESSE
Oui, il y avait de quoi être troublé par les paroles de Pascal Mangin, président de la commission Culture de la région Grand Est. Ses propos ne m’ont pas étonné mais mis mal à l’aise. Notamment quand il se dédoublait, en insistant sur le soutien du Grand Est tout en jouant la carte de l’identité alsacienne du festival.
Ce numéro d’équilibriste réalisé au Club de la Presse de Strasbourg m’a laissé songeur et je me demandais comment le Grand Est allait s’afficher à Ohlungen.
Pour l’inauguration du 16 août, je n’ai pas été déçu en découvrant mon badge professionnel à porter avec un tour de cou répétant 8 fois (!) le logo du Grand Est également reproduit sur divers panneaux placés sur le site du festival.
Et sur les élogieuses vidéos sur écran géant à l’entrée de la forêt qui n’ont pas suscité d’attroupement, les visiteurs préférant savourer des tartes flambées sous les arbres.
« UNE FACETTE VIVANTE ET NON PASSÉISTE DE NOTRE CULTURE »
Ironie de cette récupération : Summerlied est fondé en 1997 par Jacques Schleef qui quitte la direction en 2015, avant de créer le «Club Perspectives Alsaciennes» !
En décembre 1998, dans le bulletin municipal d’Ohlungen, Jacques Schleef raconte : «Près de deux années se sont écoulées depuis nos premières démarches auprès de la municipalité pour mettre sur pied Les Nuits de la Chanson d’Alsace.
En 1998, la 2ème édition s’est vue enrichir d’un axe formation, offrant à un large public la possibilité de rencontrer des artistes, d’assister à des conférences et de participer à des ateliers de formation littéraire et musicale, souhaitant présenter une facette vivante et non passéiste de notre culture».
Dès la 1ère édition de Summerlied il reconnaît que «dans une région où l’identité culturelle est très affirmée, il est tout de même singulier de constater qu’aucun festival n’assure la promotion de la chanson en langue régionale. Il faudra très rapidement intégrer dans notre programme d’autres cultures» (DNA, 31 juillet 1997).
1975 : 1ER FESTIVAL DE LA NOUVELLE CHANSON ALSACIENNE À ELBACH
Pas étonnant : cela a toujours été le cas des festivals d’Alsace axés sur les talents régionaux. Nombre d’exemples en témoignent dont le 1er «festival de la nouvelle chanson alsacienne» en juin 1975 à Elbach dans le Sundgau.
On est alors en pleine explosion de la chanson alsacienne grâce à tant d’artistes et groupes qui, depuis les années 70, emboitent au précurseur Jean Dentinger, à l’origine du 1er disque enregistré par un auteur-compositeur-interprète alsacien.
Il le fera sous le pseudonyme de Jann Delsdorf avant d’être révélé au grand public par l’efficace pionnier Roger Siffer. Pas évident d’affirmer son identité alors que l’on est enfin sorti des années de culpabilisation via le slogan «c’est chic de parler français» !
Venus de toute l’Alsace, du Territoire de Belfort, d’Allemagne et de Paris des milliers de personnes affluent à Elbach (DNA 10 juin 1975) !
La chanson alsacienne s’y affirme avec éclat grâce à tant de voix dont plusieurs ont été révélées aux soirées alsaciennes organisés à la Faculté de Lettres de Strasbourg par Richard Weiss.
Et pourtant ce festival d’Elbach ne se résume pas à des talents alsaciens. Y interviennent aussi des ambassadeurs d’autres identités : Occitanie (Marti) Bretagne (Gilles Servat) et Pays de Bade (Walter Mossmann).
« SCHELIGE SINGT IMMER NOCH » AVEC MORY KANTÉ
Même constat pour «Schelige singt immer noch». «La ville de Schiltigheim réunit les chanteurs d’Alsace» titre le dossier de presse de la 1ère édition d’avril 1980.
Au programme trois jours de festival avec François Brumbt, Jean Dentinger ; la troupe des Drapiers ; René Eglès ; Roland Engel ; le groupe Est ; le Folk de la Rue des Dentelles, le groupe Géranium ; Christian Hiéronimus ; Ginette Kleinmann ; Jean-Marie Koltès et Nicole Mouton ; D’Luchtiga Malker ; La Manivelle ; Germain Muller et Dinah Faust, Sylvie Reff ; Em Remes sini Band ; D’Scheligemer ; Roger Siffer ; Luc Schillinger ; le groupe D’Sonnebluem ; le groupe Torpédo ; Gérard Walter.
Quelle énumération synonyme de talents !
Et si nombre d’entre eux ne font plus de scène, certains de ces artistes ont chanté à Summerlied 2018. Après avoir été un efficace tremplin pour la chanson alsacienne, ce festival s’est de plus en plus ouvert à d’autres cultures dont Mory Kanté au 1987, lors de son ultime édition.
Jean-Marie Lorber et Jacques Schleef
«LE BONHEUR D’ÊTRE ALSACIEN»
«Qu’est-ce qui fait courir Jacques Schleef et tous les autres ?». C’est la question posée dans un entretien de 2 pages (Land un Sproch n° 175 été 2010) : «L’envie de m’engager, pour essayer de rendre à l’Alsace un peu de la joie que me donne le bonheur d’être alsacien».
A ceux qui lui reprochent de «réduire Summerlied à un festival de chansons alsaciennes», il répond : «Je n’aime pas le mot réduire. Notre festival est d’abord et avant tout dédié à la chanson alsacienne, en alsacien, en français, en allemand et pourquoi pas en italien ou en kurde d’ailleurs ? Il est ouvert à ceux qui qui veulent exprimer leur hymne à l’Alsace».
Cet été encore, l’association Liederbrunne fondée par Jean-Marie Lorber et animée par Paul Grussenmeyer, père de la chanteuse, y proposait les albums des voix d’Alsace programmées au festival.
Isabelle Grussenmeyer et Jean-Marie Lorber
CD alsaciens à volonté au stand Liederbrunne animé par Paul Grussenmeyer
Ce «bonheur d’être alsacien» n’est pas synonyme de repli identitaire comme l’a développé Pierre Kretz dans «Le Nouveau malaise alsacien» en 2015. Une évidence affirmée avec éclat à chaque édition loin du concept de «festival alsaco-alsacien».
En témoignent les concerts de Tri Yann, I Muvrini, Stéphane Eicher, Émir Kusturica, et tant d’autres prestigieuses têtes d’affiches de précédentes éditions.
Aurélie Diemer (Cadillac Lilou) et Antoine Jacob, animateur d’une émission dominicale sur la chanson et la culture alsacienne sur Fréquence Verte
« UN ESPACE DE DÉCOUVERTE ET REDÉCOUVERTE DE LA SCÈNE ALSACIENNE »
117 000 spectateurs et 2000 artistes programmés depuis la 1ère édition …
Au-delà de ces chiffres fournis avant l’édition 2018, Agnès Lohr précise : «Summerlied est désormais reconnu pour sa qualité par les tourneurs, les producteurs et les artistes.
Preuve en est la présence cette année de Grupo Compagny Segundo, Angelo Delebarre Gipsy Unity et Thomas Dutronc mais aussi les Fatals Picards, Sanseverino, Chico et The Gypsies qui en sont les têtes d’affiche. Summerlied est aussi un espace de découverte ou de redécouverte de la scène alsacienne. Thomas Schoeffler Jr, Lionel Grob ou Matskat sont aujourd’hui reconnus hors du territoire alsacien».
Lionel GrobThomas Schoeffler Jr
Bien dit … mais que retenir de cette 12ème édition ?
Et comment s’y sont affirmés les talents d’Alsace ?
Selon Agnès Lohr «plus de 4000 personnes sont venues assister aux concerts payants de la scène de la Clairière (+ 5%).Au total, 16 000 visiteurs ont déambulé sur l’ensemble du site durant les trois jours de festival (+ 12%). Summerlied 2018 est donc un véritable succès, puisque les chiffres de fréquentation sont supérieurs à ceux de 2016, alors que cette année le festival a été resserré sur trois jours, contre 5 lors de l’édition précédente. Summerlied est aussi un succès côté artistes, lesquels ont plébiscité la qualité d’accueil par les quelque 600 bénévoles».
Et le budget ? «Il s’élève à 400 000 €. Les subventions représentent la moitié du budget, la billetterie un gros quart et le mécénat/sponsoring un petit quart».
Isabelle Sire et Josef Oster après le concert hommage à Jacques Higelin
FEU D’ARTIFICE MUSICAL
La réduction à trois jours n’a pas empêché Isabelle Sire, co-programmatrice avec Agnès Lohr, de préparer un feu d’artifice musical entre chanson, rock, country, pop, musique symphonique, jazz, etc.
Selon Agnès Lohr, «le pourcentage de créations régionales représente 15% de spectacles présentés pour la 1ère fois au public, dont l’hommage à Higelin, l’opéra symphonique d’Elément 4 avec les écoles de musique et « Alsacia Mythica » d’Éric Kajia Guerrier».
«Un festival comme Summerlied ne doit pas rester adossé au Rhin» avait affirmé un jour le président du festival, Jean Lelin, emporté par le cancer en 2017.
Hommage lui a été rendu, en présence de sa veuve, lors de l’inauguration par son successeur Francis Hirn dans l’Espace portant son nom. De quoi émouvoir plus d’un invité …
Un espace en hommage au 1er président de Summerlied
Madame Lelin et Francis Hirn, président de Summerlied
Pas question de détailler chaque prestation artistique de chacune des Scènes – Clairière, Forêt, Champs, Contes, Poésie – sans oublier les animations dans la forêt décorée par la Compagnie Tohu Bohu, dont le «witzbrunne» cher aux amateurs de blagues ou le lieu de mémoire créé par Gilbert Meyer via des enregistrements de témoignages d’Alsaciens confrontés à l’évacuation de 1939.
Visite guidée de la forêt de Summerlied avec Gilbert Meyer, Sylvain et Catherine Piron
Gilbert Meyer entouré par Sylvain et Catherine PironAmbiance cubaine sur la Scène de la ClairièreJulien Hachemi
Concert d’après-midi pour la création “Éléments 4 Symphonique” dirigée par Pierre Hoppé
SCÈNE DE LA CLAIRIÈRE : ET LES TALENTS RÉGIONAUX ?
Vagabondons au gré de Summerlied 2018, au-delà des têtes d’affiche occupant chaque soir la Scène de la Clairière.
Il est regrettable qu’aucune des soirées n’y aura été consacrée à des talents d’Alsace… à l’instar du spectacle « Wilde Stimme » de Matskat en 2014.
Salut final de Matskat et ses musiciens après leur concert
C’est en journée, face à un public plus réduit qu’en soirée, que se sont produits les Rhinwagges et Serge Rieger, lauréat du concours D’Stimme 2018.
Idem pour «Éléments 4 Symphonique» réunissant sous la houlette du chef d’orchestre Pierre Hoppé, 4 jeunes de Haguenau aux sonorités électro-pop et aux accents anglais accompagnés des élèves des écoles de musique et de danse de Haguenau et de Schweighouse-sur-Moder.
Serge Rieger et les RhinwaggesÉléments 4 Symphonique sous la direction de Pierre Hoppé
Et la seule fois où le drapeau alsacien a été mis en valeur sur la Scène de la Clairière, c’est grâce au chanteur cubain qui a brandi celui que venait de lui lancer Gaby Hartmann, d’Unser Land !
Drapeau alsacien mis en valeur par un chanteur cubain
A côté des drapeaux breton et de la confédération des nations iroquoises regroupant six tribus natives, le drapeau alsacien ornait la scène de l’Espace Patrick Peter.
Y ont été mis en relief nombre de talents tels Serge Rieger qui a partagé la scène avec Cindy Blum et Elise Fraih. On y aussi applaudi Gaël Sieffert, lauréat du concours D’Stimme 2017, et Julien Hachemi, finaliste de cette année.
Gaël Sieffert Julien Hachemi (Photo Roland Asimus)Serge Rieger entouré par Cindy Blum et Elise Fraih
Pas de concert solo pour la 3ème finaliste de D’Stimme 2018, Aurélie Diemer (Cadillac Lilou) par ailleurs efficace musicienne aux côtés d’Éric Kajia Guerrier dans “Alsatia Mythica », récital en français et alsacien inspiré des contes et légendes d’Alsace du Moyen-Age.
“Alsatia Mythica” par Éric Kajia Guerrier
Nombre de photos et poèmes d’auteurs alsaciens étaient à l’honneur à l’Espace Patrick Peter dont André Weckmann, Jean Dentinger et Conrad Winter : une initiative d’Olivier-Félix Hoffmann, responsable de la programmation de la Scène Poésie.
Pierre Nuss, Olivier-Félix Hoffmann, Grégory Huck, Barbara Stern et Sylvie Reff
C’est lui qui, avec Pierre Nuss (France Bleu Elsass) a présenté les prix du Festival Summerlied sélectionnés par un jury réunissant notamment les auteurs Michel Fuchs, Grégory Huck et Barbara Stern et Sylvie Reff.
Le Prix Jean Dentinger y a été remis à Elvis Stengel. «De Fresche wille e Kinich», titre de son 3ème album en français et en platt fait allusion à la fable de La Fontaine «Les grenouilles qui demandent un roi».
Pierre Nuss remet le Prix Jean Dentinger à Elvis Stengel
Cet espace poétique a accueilli nombre d’auteurs dont Michel Fuchs et Yves Rudio, qui s’est produit sur la scène ouverte : c’est là que Fabien Spehler a été applaudi et que Guillaume Deininger a ému le public avec sa chanson consacrée à Marcel, son arrière-grand-père au destin de Malgré-Nous.
Guillaume Deininger
Fabien SpehlerMichel Fuchs, Elvis Stengel et Yves Rudio
Yves Rudio
Spectacle poétique de Grégory Huck
René Eglès et Jean-Paul Distel
Autre émotion, celle du public et de Jacques Schleef, lorsque René Eglès, accompagné par Jean-Paul Distel, a célébré le festival et rendu hommage au créateur du festival sur l’air de «Let it Be» des Beatles !
Roland Engel et ses musiciens
REFF, GRUSSENMEYER, ENGEL, EGLES, JACOBI …
Roland Engel, René Eglès et Robert-Franck Jacobi ont suscité un vif intérêt du public de la Scène des Champs : Summerlied 2018 aura été leur 13ème participation au festival dont ils auront été de toutes les éditions !
Isabelle Grussenmeyer
Grâce à ce trio, et à Isabelle Grussenmeyer, le public a applaudi quatre des figures majeures de la chanson régionale dans de bonnes conditions techniques. Lesquelles ont hélas fait grand défaut à l’auteure-compositrice-interprète Sylvie Reff sur la Scène des Contes où elle a chanté avec une sono indigne de sa place dans l’Histoire de la chanson d’Alsace.
Sylvie ReffPaul Grussenmeyer (Liederbrunne) et Marco Schmitt des Bredelers
A noter qu’à l’exception des Bredelers annoncés comme « rock alsacien», les artistes et groupes chantant en alsacien ont été présentés dans le programme sous le label «Chanson/France» !
Rejet de l’étiquette alsacienne ?
Rien à voir avec des talents annoncés comme musique cubaine, musique andalouse, jazz manouche…
Autre regret, le peu de place accordée aux chansons d’enfants présentées par un groupe d’écoliers animé par Isabelle Grussenmeyer et Jean-Pierre Abrecht.
Chansons d’enfants avec Isabelle Grussenmeyer et Jean-Pierre Albrecht
Coup de chapeau à Isabelle Sire pour avoir suggéré à Matskat de préparer un hommage à Jacques Higelin.
D’où le spectacle « Tombés du ciel » : une dizaine de chansons réunissant Grégory Ott, Christian Clua, Jean-François Untrau, Matthieu Zirn, Claire Faravarjo, Lionel Grob, Josef Oster, Rym (Lyre le temps) et Christian Fougeron.
Hommage à Jacques HigelinStéphane Jost
Autre belle surprise : “Henner chez les Yennisch”, spectacle multilingue mis en scène par Jean-Pierre Schlagg sur un texte de Roger Siffer.
Stéphane Jost est excellent dans cette évocation des «gitans blonds, entre monologues, chansons et blagues en français, alsacien et yennisch».
Nicolas Fischer
INNOVATION ET IMPACT POPULAIRE
Les directions empruntées par Les Assoiffés, Les Bredelers, Nicolas Fischer et Thomas Schoeffler Jr sont réjouissantes.
Car synonymes d’innovation et d’impact populaire de ce festival bénéficiant de 500 bénévoles : 200 pour l’organisation Summerlied et 300 des associations sports et loisirs de 5 villages pour la restauration : Ohlungen, Schweighouse-sur-Moder, Huttendorf, Morschwiller et Uhlwiller.
«Les bénévoles de l’organisation sont organisés par groupe d’activité (espace VIP, gestion des scènes, éco-festival, photo, chauffeurs, logistique, communication etc…) : 14 au total sous la houlette d’un responsable qui prépare le sujet depuis environ 6 mois voire un an pour certains domaines comme la technique et la communication» conclut Agnès Lohr.
Matskat interviewé pour l’émission “Rund Um” de France 3 Alsace
Espérons que d’ici l’édition prévue le week-end du 15 août 2020 de nouveaux talents régionaux se seront affirmés … notamment stimulés par D’Stimme, concours organisé par l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle et France Bleu Elsass.
Une station hélas devenue web radio ce qui handicape son impact.
Mais ceci est une autre histoire.
Stand de l’OLCA
Texte et photos ALBERT WEBER
Concert de René Eglès
JACQUES SCHLEEF : « SUMMERLIED DOIT VEILLER À CONSERVER SES FONDAMENAUX »
Que pensez-vous de cette 12ème édition de Summerlied ?
Ce fut un festival bien agréable à vivre ! Un temps splendide, des soirées chaudes, une ambiance chaleureuse, une programmation qui a ravi les très nombreux festivaliers.
Et il fallait cela, après 2016 aux résultats mitigés : remonter le moral des « troupes » et retrouver les saveurs du succès pour donner goût aux nouveaux bénévoles venant de rejoindre l’organisation. Nul doute que leur investissement s’inscrira dans la durée au cœur de cette magnifique aventure qu’est Summerlied !.
Et la place de l’alsacien dans la programmation ?
Les concerts, notamment ceux de la grande scène de la clairière furent au niveau des éditions précédentes. On ne peut que s’en réjouir !
L’occasion de savoureuses rencontres aux colorations musicales très chaudes … et sur des rythmes souvent endiablés ! Certes la langue alsacienne et les grandes créations furent plus discrètes mais cela ne peut –devrait – être que « conjoncturel » …
Summerlied est toujours un marqueur pour la culture alsacienne et l’identité de notre région historique ?
Il y a 20 ans les Alsaciens avaient besoin d’affirmer individuellement leur identité.
Aujourd’hui l’identité alsacienne est tellement dégradée qu’il y a besoin d’une affirmation commune car notre société est devenue communautaire… Summerlied est un festival de promotion de l’identité culturelle mais pas de la culture identitaire.
D’ailleurs pourquoi l’identité des uns serait-elle formidable, très défendable, appelant notre soutien moral et matériel alors que d’autres identités seraient des menaces, des postures politiquement incorrectes ? Summerlied doit veiller à conserver ses « fondamentaux ».
Quel avenir pour ce festival unique en Alsace ?
Le travail de réflexion que très certainement Agnès Lohr, la directrice depuis 4 ans, conduira, nécessitera de se pencher sur certains aspects du projet. Summerlied s’est forgé au fil des éditions à travers de multiples rencontres, des échanges, des questionnements…
Cette démarche devra se poursuivre en réfléchissant à son modèle économique, en reprécisant la ligne artistique, en consolidant son ancrage dans le territoire …
Des ïch awer ales zue ernscht, lon uns einfach widersch draïme mït unserem liewe Summerlied !
Roland EngelRobert Franck-Jacobi
“L’HIVER DE SUMMERLIED ? ”
L’événement « Ohlungen » est d’importance, en témoigne la foultitude d’articles de presse relatifs à la manifestation. Les DNA et Rue 89 y ont consacré des articles dont le message mérite d’être analysé. Les DNA ont rendu compte de l’importance du festival en soulignant l’intense déploiement d’énergies associatives qui s’y tient. L’article de Franck Buchy daté du 18 août relève aussi que ” l’alsacianité ” originaire du festival, voulue par les fondateurs, est réduite à sa portion congrue.
La manifestation serait moins ” militante “. Rue 89 ironise sur la prétendue ” disparition de l’Alsace ” qui est, volens nolens , effective et exhorte les Alsaciens à se retrouver au festival pour remarquer que l’Alsace n’avait pas disparu .
Qu’en est-il réellement ?
En dépit de la programmation de nombreux artistes régionaux, le dialecte est de moins en moins usité sous les frondaisons de la forêt d’Ohlungen.
La marque de fabrique alsacienne du festival ne semble plus être le mobile déterminant de la venue des jeunes et moins jeunes. Les discussions avec les spectateurs dénotent du caractère désabusé et résigné des Alsaciens lesquels, s’ils sont attachés de manière instinctive à leur langue, pensent qu’il est trop tard pour relever son défi.
Alors, Summerlied, un symptôme parmi d’autres du long hiver que s’apprête à traverser notre langue régionale ?”
Jean Faivre , 24 ans , étudiant en master 1 de droit public à l’Université de Strasbourg , est intéressé par les questions touchant à l’Alsace , du point de vue politique , linguistique , culturel etc
René Eglès et Jean-Paul DistelIsabelle Grussenmeyer et Pierre NussEric Kajia Guerrier et ses musiciens
Assurément cinq figures marquantes d’une chanson d’expression française qui retient l’attention de tant d’authentiques passionnés .. même si elle ne fait pas la une des “grands médias”.
Et c’est précisément un de ces passionnés qui partage ici ses impressions sur ce ce concert unique à tous les sens du terme : un article signé Guy Zwinger, animateur de l’émission “Je viens vous voir” sur RCN à Nancy.
Eric Frasiak
C’est par un après-midi ensoleillé que je me suis rendu à Bergères-sous-Montmirail à côté de Châlons-en-Champagne où avait lieu le concert de clôture du 23ème Festival Grange.
Photo David Rotan
Le festival s’est déroulé en effet dans ce beau pays de Brie-Champagne où huit communes ont accueilli pas moins de 15 concerts du 31 août au 9 septembre.
Jérémie Bossone
Michel Buhler
Donc ce dimanche 9 septembre, Eric Frasiak ayant carte blanche a invité ses copains artistes et pas des moindres : Michel Buhler (venu par amitié pour Eric, ayant arrêté de chanté depuis deux ans) ; Frédéric Bobin ; Jérémie Bossone et Régis Cunin.
Régis Cunin
Devant plus de 200 spectateurs, ils nous ont régalé : chacun interpréta ses chansons, soit en solo, soit accompagné de la voix ou des guitares de ses acolytes.
Ainsi par exemple la chanson « Singapour » de Frédéric Bobin fit écho au « Monsieur Boulot » d’Éric Frasiak, ou encore les « Espèces de Cons » d’Éric est mis en parallèle aux « Cons » de Régis.
Frédéric Bobin
Jérémie Bossone, Frédéric Bobin, Eric Frasiak et Michel Buhler
Bref les applaudissements furent nourris pratiquement après chaque chanson et il y a eu plus qu’une ovation debout à la fin du concert.
Eric Frasiak le maitre de cérémonie fut si ému qu’en remerciement il proposa en bonus que chaque artiste interprète une autre chanson.
Jean-Pierre Béal
Le président de l’amicale Jean-Pierre Beal fut lui aussi touché par le formidable feu d’artifice es et souligna à propos cette chaleur interactive entre le public et les chanteurs.
Régis Cunin, Frédéric Bobin et Eric Frasiak
Ce concert prouve que la chanson de caractère, quoiqu’on en dise, quand on sait la présenter au public peut encore avoir de l’avenir.
C’est d’autant plus vrai qu’Éric Frasiak et l’association « Chant’Morin » ont réussi leur «deal» avec la CRESS, la Chambre régionale de l’économie sociale.
Ils ont été retenus, dans le cadre de « Cultures et Territoires » avec 30 partenariats à faire partager la chanson vers tous public et cela pendant deux ans : collège, EPHAD, école de musique, conservatoire) et le pari est réussi.
Franchement, il aurait été dommage que je ne vous parle pas du nouvel album d’Olivier Musica : un CD de 11 titres sorti au printemps et plus que jamais d’actualité.
Car la bonne chanson ne se démode pas. Bien au contraire.
Coup de projecteur sur “Cousu Main”, qui a bénéficié d’une belle couverture dans la presse écrite et audio-visuelle régionale, en Alsace.
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PREMIÈRE RENCONTRE A FRANCE BLEU ALSACE
Faut être gonflé de prendre pour pseudo Musica quand on est auteur-compositeur-interprète !
C’est ce que je me suis dit à ma première rencontre, dans les couloirs de France Bleu Alsace. C’était le 12 mars 2018 et je m’y trouvais pour photographier Gaël Sieffert en plein enregistrement d’un album en tant que lauréat du 1er concours D’Stimme.
Et c’est Christophe Voltz, parolier des chansons alsaciennes de Gaël Sieffert, qui m’a suggéré de faire sa connaissance et de me le présenter.
Ce premier contact aussi chaleureux que direct m’a donné envie d’en savoir plus sur cet auteur-compositeur-interprète d’Alsace. Et également envie de découvrir comment ce chanteur mettait en valeur ses titres lors d’un concert : d’où ces photos prises le 26 avril au Camionneur à Strasbourg.
Car il faut bien le dire : on est parfois déçu entre le décalage d’un album des plus soignés et la prestation scénique de l’artiste.
Et là très bonne nouvelle à ce que j’ai vu et entendu ce soir-là sur la scène strasbourgeoise.
TALENT ET DÉCONTRACTION
Pas de doute: Olivier Musica fait partie de ces voix d’Alsace qui insufflent un ton, un dynamisme, une atmosphère.
Et cela tient à bien des raisons, à commencer par cette décontraction affichée sur scène avec ses musiciens que dans la vie.
Sans doute une manière de vivre qui s’exprime dans cet album sur des paroles et musiques qui vous donnent la pêche car elles sonnent juste.
L’impression ressentie face à cet artiste c’est qu’il ne joue pas la comédie : égal à lui-même, naturel et à l’aise autant face au public que lors d’une conversation en tête à tête.
Qu’il chante l’amour fou et la rupture, la liberté et l’envie d’ailleurs, une évidence s’impose : ces refrains sont entrainants, et décrits avec force nuances. Et ils évitent des sentiments mièvres alors que l’artiste aime se définir comme poète.
Plusieurs de ses titres sont marqués par des ruptures de rythmes, qui en accentuent l’efficacité.
“J’ESSAYE D’ÉCOUTER MON ÂME”‘
Quand la poésie ; Plus d’une fois ; Cours cours ; Si ; Sans l’autre ; Diamant ; La Houle ; Amore Pazzo ; Parce qu’on s’aime ; Touriste de nuit ; Tendresse : au-delà de cette énumération de titres, sachez que l’univers d’Olivier Musica ne peut pas se résumer en quelques mots, quelques clichés, quelques formules choc.
Une de mes titres préférés c’est “La Houle”. Oui, encore une chanson plein de ruptures à tous les sens du terme, et un texte doux-amer.
L’histoire d’un funambule de la vie en quête d’équilibre : “J’essaye d’écouter mon âme … Je divague sur ma barque … Mes larmes deviennent des rames … Quand on navigue on tombe parfois en rade”.
Chapeau l’artiste !
Pour avoir une bonne idée de l’univers d’Olivier Musica question paroles et ambiance musicale, prenez donc le temps de visionner le clip QUAND LA POÉSIE à découvrir ICI. Un clip réalisé avec la participation de la danseuse Coline Neff.
COMPLICITÉ MUSICALE AVEC LE GRIOT ISSOUF COULIBALY
En 2014 sort son premier album “Dessiner l’horizon” teinté de swing et coloré de balades poétiques : 11 chansons qui permettent à Olivier d’offrir une large palette de son talent, servi par une voix qui fait penser à celle du chanteur Anis. Oui, un phrasé qui rappelle celui de l’auteur-compositeur-interprète notamment connu pour sa chanson Cergy.
Vous avez raison : comparer la voix d’un artiste à celle d’un autre peut se révéler déplacé, car chaque parcours est unique.
Mais bon, si vous ne connaissez pas encore Olivier cela va vous donner un bon repère.
Et ici s’arrête la comparaison quand on prend le temps de savourer un “album jeune public” enregistré en 2017 par celui qui aime définir son répertoire de “chanson pop swing poétique“.
“AWN BÉ YÉ KELEN YÉ” (“Nous sommes tous pareils”) est le titre d’un CD réalisé à deux voix avec Issouf Coulibaly, un griot multi-instrumentiste, joueur de djembé dont l’expérience s’enracine dans une célèbre famille de musiciens du Burkina Faso.
Un pays pour lequel Olivier affiche une tendresse particulière célébrée sur ces 23 titres enregistrés en février 2017 à deux voix à Bobo Dioulasso avec plusieurs autres musiciens africains.
UNE CHANSON FRANÇAISE EXTRAVERTIE ET PLEINE DE NUANCES
“Cousu Main” … avec cœur et talent mérite une écoute attentive.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que “Cousu main”, c’est le genre d’album dont la première écoute ne peut pas vous en montrer la très large diversité. Ici place à une chanson française extravertie, aux textes travaillés et plein de nuances comme les sentiments et les situations.
Donc inutile de chercher à réduire cet artiste à un seul “genre musical”. Un constat confirmé avec éclat grâce à ce fameux “Cousu Main” mijoté avec ses complices l’accompagnant au Camionneur : Ken Leisenbach (clarinette); Thibault Lévy (basse); Romain Schmitt (batterie). S’y ajoutent le saxophoniste Guillaume Bayoux et le violoniste Alba Dylan qui renforcent l’impact musical des 11 titres.
Assurément une efficace équipe menée par Olivier Musica (textes, chants et guitares).
RENFORCER UNE INDISPENSABLE VISIBILITÉ
Cet album d’Olivier Musical a été mis en valeur par divers médias régionaux dont France Bleu Alsace émission Note in Blue ou le mensuel Strasbourg Magazine qui le qualifie de “poète troubadour”.
Espérons que les prochains concerts renforceront l’indispensable visibilité que mérite cet auteur-compositeur-interprète :
26 août, Abbaye de Marbach, Obermorschwhir 9 septembre, “Ya du monde au balcon”, Strasbourg 16 novembre, Espace Malraux, Geispolsheim
Bon, débutons par un p’tit test sur internet. Un test au résultat connu d’avance ….
Quand vous tapez “Il était une fois”, vous tombez évidemment sur des pages et des pages à la gloire du célèbre groupe des années 70. Mais rien sur cet artiste de Thionville …
Puis en affutant votre recherche, en ajoutant le prénom et le nom de l’artiste, vous avez droit à nombre d’infos sur cet opus.
Et là on lit avec grand plaisir qu’il s’agit d’un “album authentique qui met en lumière toute la palette de ses compétences créatives. Il s’est entouré de musiciens parmi les meilleurs, entre jazz et musique du monde”.
Je veux bien le croire, alors raison de plus d’écouter ces chansons avec une vive attention. D’écouter et de réécouter, et puis le constat s’impose, au-delà des phrases découvertes ici et là au gré des élogieux commentaires mis en valeur sur internet.
Oui c’est bien ça : “Il était une fois” aurait mérité une chronique dans le trimestriel “Chorus, les cahiers de la chanson”.
Et j’aurai ASSURÉMENT eu grand plaisir à la rédiger.
Alors à défaut de la presse musicale écrite, je veux dire celle qui s’imprime encore sur papier, offrons un coup de projecteur à cet amoureux de Nougaro.
Un artiste dont il défend les mots et les musiques dans un spectacle où comme dirait Christian Schott, directeur du Festival Jazzpote, “il n’imite pas Nougaro, il l’illimite” … auquel il a d’ailleurs consacré un album. mais attention !
Méfions-nous des jugements à l’emporte-pièce et des comparaisons hâtives : cet artiste de Thionville n’est surtout pas une pâle copie du créateur de “Toulouse” et il cultive avec talent et détermination son propre univers qui va sans doute vous surprendre … si vous vous donnez la peine d’y flâner au gré de votre disponibilité.
Dans son atelier, Raymond, le père de Jean-Luc Kockler
ALBUM AUTOBIOGRAPHIQUE ? OUI … MAIS PAS SEULEMENT
Prenez donc la peine de vagabonder sur son site et vous y découvrirez de multiples facettes de ce “Kockler Univers” attachant et plein de (belles) surprises.
Je me demande toujours pourquoi tel ou tel artiste ou groupe n’a aucune “chance” d’être médiatisé au-delà de sa région d’origine, s’il a la chance d’être quelque peu médiatisé d’ailleurs.
En savourant le répertoire de Kockler sur cet album, je me dis qu’il faut décidément bien du talent et de la détermination pour continuer coûte que coûte à composer, à chanter sur scène. Et aussi à enregistrer des albums, à nourrir des liens aussi amicaux qu’artistiques pour continuer à donner vie à ses rêves, ses désirs de création.
Avec cette chanson française aux accents jazzy, Kockler se met à nu, avec pudeur et via des mots qui enrobent ses souvenirs de jeunesse, de famille, d’amitié aussi.
Album autobiographique ?
Oui … mais pas seulement même si quelques-uns des titres majeurs de “Il était une fois” s’enracinent avec tendresse dans un évident vécu.
Jean-Luc Kockler et son père
EN MÉMOIRE DE RÉGINE ET DE RAYMOND …
La chanson éponyme de l’album vous entraine sans crier gare ‘en face de la rue Guérin” et vous y croisez une grand-mère “affairée au fourneau” et un grand-père “d’un mètre soixante et desaccents germaniques” … des souvenirs d’autant plus marquants qu’ils retrouvent vie “dans cette maison devenue mon nid”.
Du “Café au Tourville ” au “Côté des Roses mon quartier” avec son énumération de prénoms, Kockler s’en donne à cœur joie pour raconter avec entrain et délicatesse des tranches de vie dans lesquelles on peut facilement se glisser, tant elles peuvent évoquer nos propres souvenirs.
Ici pas de mièvrerie ni d’émotion préfabriquée pour “faire joli” mais un ton qui s’impose sans retenue : juste le besoin et l’envie de raconter.
Jongleur de mots et d’émotions, Kockler raconte le chagrin qui vous remue dans la déchirure des vies à deux. Dans la séparation avec “Parle moi mais ne me dis rien” : des termes choisis avec douceur et réalisme pour parler de ce qui n’est plus …
Mention spéciale à deux ou trois titres de cet album que je vous recommande vivement si vous aimez les textes qui ont du sens, les chansons qui ont du swing, des refrains teintés d’une nostalgie douce-amère qui vous prend aux tripes.
Ici rien de factice dans cette chanson chevillée au cœur et à l’âme. Juste des mots qui sonnent vrais parce qu’ils sont authentiques, sans baratin.
A commencer par le bouleversant “Bleu malborettes” en mémoire de Régine, “gaie, lucide et pleine de vie” avant que la mort ne l’emporte …
Il y a aussi l’entrainant hommage à son père “Raymond K”. Et dans le souvenir du “garage de grand-père” où son père donne un coup de main … avant de rencontrer “maman dans la chorale demonsieur le curé un soir” et de l’emmener dans sa Rosengart, une voiture française bien connue des collectionneurs.
La fameuse Rosengart dans la rue Guérin
FRISSONS GARANTIS POUR “J’ÉCOUTE LEPREST”
Et puis INCONTESTABLE coup de cœur pour “J’écoute Leprest” ! Ah oui …
Exactement le genre de chanson qui aurait mérité de figurer dans la play-list … de France-Inter par exemple pour les auditeurs en quête de sensations non frelatées.
Une chanson à vous donner des frissons “contre vents et marées qui me rendent fou” … tant par ses paroles qu’une ligne mélodique avec un air d’accordéon qui s’enroule en vous comme une obsessionnelle spirale.
Coup de chapeau aux musiciens complices de cette aventure qui gagne tant à être connue : Kader Fahem (guitare, mandole, chœurs); Jean Marc Robin (batterie); Nicolas Arnoult (accordéon) et Laurent Payfert (contrebasse).
Certes, Jean-Luc Kockler est l’auteur et compositeur de cet album … qui comprend aussi un texte sur l’amitié écrit par son ami Christian Schott, directeur du festival JazzPote.
S’y ajoutent aussi deux voix féminines : la comédienne Marie-Anne Lorgé et Bénédicte Pavageau-Billet, professeur de chant au conservatoire de Metz).
Page d’accueil du site
“J’ÉCRIS L’OUBLI POUR NE PAS OUBLIER”
Bien sûr, voilà longtemps que Jean-Luc Kockler a mis le pied dans “le monde de la chanson” … affichant des centaines de concerts, ainsi que diverses premières parties dont celles des Triangle et Scorpions, mais aussi de Michel Delpech, Nicoletta, ou Benjamin Biolay …
A ce jour, cet attachant artiste a plus de de 150 compositions à son actif ainsi que 7 albums dont 5 en solo.
Mais au-delà de cette énumération, une évidence s’impose chez celui qui est passé du rock progressif de la fin des années 60 (hé oui !) jusqu’à une nouvelle forme d’épanouissement dans la chanson française.
Au terme d’une résidence d’artiste, Jean-Luc Kockler donnera un concert vendredi 12 octobre 2018 au Gueulard, la salle des musiques actuelles du Val de Fensch, à Nilvange en Lorraine. Voir infos ICI
L’album “Il était une fois” reflète avec audace et sensibilité une personnalité qui ne se résume pas à celle d’un chanteur.
Et c’est tant mieux car Kockler est du genre à surprendre sans en avoir l’air. Comme dans le final de cet opus avec l’étonnant texte “Cubisme” mis en relief par une mandole sur mode mineur.
Que vous dire d’autre sur cet album sinon que j’espère vous avoir donné envie de vous le procurer. Surtout si vous avez envie de laisser vagabonder votre imagination au gré de la valse des sentiments.
De la vraie vie, celle qui incite Kockler à chanter : “J’écris l’oubli pour ne pas oublier”.
Vendredi 29 juin 2018, les Tanzmatten de Sélestat ont accueilli pour la 2ème année consécutive la finale de D’Stimme.
Ce concours de chant en alsacien et en platt était organisé par France Bleu Elsass et l’OLCA, l‘Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle, et présenté par Pierre Nuss.
Retour en photos et commentaires sur une soirée retransmise en direct et en vidéo sur le site de France Bleu Alsace :
un événement enraciné dans “la langue alsacienne”, expression reprise avec détermination face au public par Hervé de Haro, directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass.
18 janvier : 1ère réunion du jury à France Bleu Elsass
RÉUNIONS DU JURY ET VOTES DU PUBLIC
Cette finale aura été le point d’orgue d’une série d’étapes …
L’absence de chanson en platt a été regrettée lors de la 1ère réunion du jury, le 18 janvier.
Puis, du 20 mars au 30 avril, le public a voté sur la base des divers clips enregistrés par les 11 artistes à France Bleu Elsass.
Une 2ème réunion du jury tenant compte de cet avis populaire a mis en évidence, le 3 mai, trois talents en vue de la fameuse finale. D’où la participation de Serge Rieger, Lilou Cadillac et Julien Hachemi à la soirée du 29 juin aux Tanzmatten.
Vue partielle du jury réuni à France Bleu Elsass le 3 mai
Le vote du public comptait pour 1/3 dans la finale du concours
SERGE RIEGER, JULIEN HACHEMI ET CADILLAC LILOU
Avant d’aller plus loin, regardez bien cette photo prise dans le hall d’entrée des Tanzmatten peu avant l’arrivée des premiers spectateurs.
Vous y voyez Julien Hachemi en train de réaliser un selfie avec les deux autres finalistes et cette initiative résume bien ce qui s’est passé ce soir-là lors de la finale de la 2ème édition de D’Stimme.
Et en place pour un selfie face à la webcam de Julien Hachemi !
Cette photo est vraiment symbolique de ce qui s’est passé durant cette finale. Elle résume bien les deux approches artistiques mises en évidence durant la soirée.
Et sans nous égarer dans de longues comparaisons avec la célèbre “querelle des Anciens et des Modernes” ayant marqué en 1830 la représentation de Hernani, quelques réflexions s’imposent.
A l’époque, cette pièce de théâtre suscitait l’enthousiasme des uns et le rejet des autres.
Pourquoi ? Parce que Victor Hugo – alors âgé de 27 ans – y prenait nombre de libertés avec les strictes règles classiques : il était considéré comme un dérangeant rebelle bousculant des siècles de création théâtrale.
Et quel rapport avec la finale de D’Stimme ?
On en revient donc à la photo qui témoigne, elle aussi, d’un contraste dans la manière d’agir face à la webcam … et un peu plus tard par les diverses chansons interprétées par les trois finalistes sur la grande scène des Tanzmatten.
De plus, Julien Hachemi et Cadillac Lilou maîtrisent avec brio les nouvelles technologies alors que Serge Rieger est absent des réseaux sociaux….
Car dans cette finale de chanson alsacienne, deux univers musicaux étaient en lice : c’est comme si Georges Brassens ou Guy Béart se retrouvaient dans une finale face à Grand Corps Malade ou Maître Gims.
Vu la différence de registre musical, comment “choisir” l’un au détriment de l’autre ?
Mais bon, il s’agissait d’un concours où le vote du public comptait pour un tiers et il a bien fallu se résoudre à un classement final.
RÉPERTOIRES ENTRE “CLASSIQUE” ET “MODERNE” …
Serge Rieger est-il trop classique dans les textes et refrains dont il est l’auteur-compositeur-interprète ?
Et Julien Hachemi trop moderne et trop décontracté dans ses chansons signées Christophe Voltz ?
Ces points de vue essentiellement concentrés sur les deux premiers finalistes, je les ai entendus NOMBRE DE FOIS depuis cette finale !
Avec chaque fois des arguments qui en disent long sur le débat suscité par le classement final : “Je préfère Serge Rieger car il maîtrise bien l’alsacien et je comprends tout ce qu’il chante…” … “Je préfère Julien Hachemi car il amène à la chanson alsacienne un incontestable renouveau.”.
Alors qui a raison et qui a tort ?
Une telle question n’a pas de sens car TOUT est possible dans la chanson alsacienne !
Et les deux chansons présentées par les trois finalistes témoignent efficacement de cette indispensable diversité de style, de présence scénique…
Oui, TOUS les styles sont envisageables dans la chanson alsacienne et personne n’a le monopole de la “vérité” dans ce domaine.
Et c’est aussi ce qu’il faut, à mon sens, retenir des interventions tant parlées que chantées de Matskat, de Léopoldine HH et des Hopla Guys, l’énergique groupe de Benjamin Ludwig, sacrée bête de scène bondissant au gré des chansons qui ont fait lever le public.
Sans oublier le lauréat de la 1ère édition, Gaël Sieffert, compositeur des musiques et interprète des chansons en alsacien écrites par Christophe Voltz.
C’est certain, il est toujours dangereux de vouloir imposer un son de cloche, une vérité, une seule voie artistique.
C’est sans doute une des grandes leçons à retenir de cette finale, non ?
A mon sens la chanson alsacienne a autant besoin de repères classiques que de relève. Et cela s’est manifesté durant cette finale autant par Serge Rieger que Julien Hachemi et Cadillac Lilou.
Et j’espère bien que la 3ème édition prévue en 2019 va, une fois de plus, mettre en évidence ce besoin d’une chanson alsacienne enracinée dans des créations aux multiples influences musicales.
Tout simplement à l’image d’une Alsace qu’il serait illusoire, voire malsain, de réduire à quelques clichés touristiques !
ET APRÈS LA FINALE 2018 ?
Bon, cette finale de l’édition 2018 fait désormais partie des souvenirs.
Serge Rieger est reparti avec son étoile en cristal de baccarat, un diplôme et et un enregistrement professionnel d’une de ses chanson en vidéo.
Oui cette année en guise de 1er prix la lauréat sera récompensé par un clip et non par l’enregistrement d’un album à 500 exemplaires comme en 2017 pour le lauréat Gaël Sieffert.
A noter que la sortie officielle du CD de Gaël Sieffert aura lieu à la Salle du Cercle à Bischheim le 26 avril 2019. Ce sera un album de six titres sur des musiques du lauréat 2017 et des textes de Christophe Voltz, sauf pour une chanson composée avec Jean-François Pastor
Printemps 2018 : enregistrement de l’album à France Bleu par Gaël et ses musiciens
Julien Hachemi et Cadillac Lilou ne sont pas repartis les mains vides puisque eux aussi ont leur étoile en cristal et un diplôme de participation à d’Stimme.
Et puis ?
Et que se passera-t-il d’autre au niveau de la chanson alsacienne pour ces artistes ?
J’espère que Julien Hachemin et Cadillac Lilou ne vont pas se contenter de leur participation à D’Stimme … et que leur participation va donner des idées et ds envies à d’autres artistes…
Quant au lauréat Serge Rieger, il chantera mercredi 11 juillet à la Boutique Orange Place Kléber.
Et il continuera à agir en faveur de la langue alsacienne avec la nouvelle génération, comme il l’a indiqué au moment de la remise des prix.
Les trois finalistes ont fait la une de la publication de l’association Heimetsproch un Tradition.
C’est bien mais est-ce que les responsables de la programmation des salles d’Alsace vont s’intéresser un peu plus aux artistes chantant en alsacien ?
Peut-être même que la finale 2019 aurait lieu à Strasbourg. Cela reste à confirmer mais une évidence s’impose : la chanson alsacienne a plus que jamais besoin d’un tel concours qui met en relief des artistes de générations et de répertoires différents.
30 juin, 1er concert des Voix de la Liberté à Oswald. Hommage à Germain Muller par Jean-Pierre Schlagg rejoint par Gaël Sieffert et Julien Hachemi.
Au lendemain de cette finale, durant le 1er concert des Voix de la Liberté, un hommage a été rendu à Germain Muller par Jean-Pierre Schlagg entouré par Gaël Sieffert et Julien Hachemi.
Assurément une autre image symbole d’une chanson alsacienne qui ne peut pas de contenter de ses illustres pionniers mais qui a besoin de relève pour continuer à exister. A (sur)vivre ?
Quant à la dernière chanson offerte au public à Sélestat, elle résume bien cette chanson alsacienne aux multiples visages : tous les artistes se sont retrouvés pour chanter “Wildi Stimme”, un titre de Matskat enraciné dans “Rendez-vous des Voix Sauvages”, un spectacle mêlant musique et danse … créé en 2014 au Festival Summerlied alors dirigé par son fondateur Jacques Schleef.
Final de tous les artistes sur “Wildi Stimme” , chanson de Matskat
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
VIDÉO DE LA FINALE : 2 HEURES DE CONCERT À DÉCOUVRIR ICI
REPORTAGE DE RUND UM/ RÉGINE MIELLE SUR FRANCE 3 ALSACE : A VISIONNER ICI
ARTICLE SUR LA FINALE DE LA 1ERE ÉDITION EMPORTÉE PAR GAËL SIEFFERT : A LIRE ICI
Émouvante et dynamique, sensible et jazzy : l’extravertie Marikala n’a décidément pas fini de surprendre ceux qui suivent son parcours synonyme de talent et aussi de détermination.
Rencontre avec une artiste d’Alsace impossible à enfermer dans un registre musical précis, tant sont variées les nuances d’un répertoire de chansons françaises mis en valeur dans “Vivante”, son nouvel album de 13 titres.
D’emblée une précision s’impose : si Marikala signifie bien “petite Marie” en alsacien, Marie Kellerknecht n’a pas trouvé son public avec des chansons interprétées en alsacien.
C’est bien en français que son 2ème album laisse éclater l’intensité de cette artiste qui a (très agréablement) étonné plus d’un spectateur lors de la soirée de lancement de son album, samedi 24 mars dans la belle salle de l’EDEN à Sausheim.
ASSURÉMENT une soirée hors du commun, mise en scène par Fred Villard, avec en guise de début de concert une arrivée en vélo avant d’enchainer “J’fous le camp” !
Oui une sacrée soirée vu les moyens déployés : mise en scène, jeux de lumière, l’inattendue et efficace participation de la danseuse Matou Yra Cornus et d’Amed Moussa Ira au djembé.
Et évidemment l’équipe des musiciens ayant participé à l’album de l’album sauf les “guests” Florian Bauer à la guitare et Matthieu Pelletier au banjo.
Cette bande de copains qui contribue depuis plusieurs années à la réussite sur scène et en studio de Marikala, c’est un sextet forgé par Vincent Philipp (violon, violon-alto) ; Guy Egler (saxophone, clarinette); Eric Thellier (trompette, trombone); Gilles Untersinger (basse, contrebasse); Mathieu Schmidt (batterie, percussions).
S’y ajoute évidemment le pianiste Frédéric Arnold, compositeur des chansons de Marikala : soit neuf titres dont la chanteuse a assuré les textes, en enracinant son inspiration dans les soubresauts de sa vie, dans son regard sur les gens et les situations, dans ses coups de gueule et de cœur.
Aux neuf chansons signées Marikala-Frédéric Arnold s’ajoutent quatre chansons du répertoire français.
La chanteuse n’essaye pas d’y imiter celles et ceux qui ont immortalisé ces titres, mais elle y apporte une évidente touche personnelle où l’émotion est perceptible, à la fois discrète et cependant omniprésente : “Ces petits riens” (Gainsbourg); L’aigle Noir (Barbara); “Un homme heureux” (William Scheller) …
… et aussi la célèbre chanson du Livre de la Jungle proclamant avec entrain qu’ “il en faut peu pour être heureux” !
Elle est comme ça Marikala ! Visiblement autant à l’aise dans ces quatre reprises que son propre répertoire … où elle jongle avec autant d’aisance entre douceur et swing, entre murmure et dynamisme. Et aussi sur un air brésilien en racontant ses insomnies !
Chanson de variété ? Il serait très réducteur d’enfermer Marikala dans une telle expression.
Ici et là, au gré de ses textes, Marikala avoue son “indigestion de rangement” dans “Joyeux Bordel” … laisse éclater un intense besoin de vivre dans “Animale” … exprime des cris du cœur et du corps dans “La douloureuse” …
Et elle hésite à choisir entre deux amours dans “Les deux” dans une chanson dont l’impact est renforcé par une efficace rupture de rythme dansante : “Un amour moderne, garde alternée, me partager pour moitié-moitié”.
Mention spéciale à deux chansons. Dans “Chacun sa part” aux accents reggae, elle ose parler d’espoir pour “un monde vert, couleur d’espoir” et de solidarité dans une société contemporaine repliée sur elle, comme des “petits colibris tous unis”.
Et puis dans un registre plus intime, elle évoque l’importance de se remettre en question en marquant une salutaire pause (“Corps en jachère”) … sans aucun doute bien loin du rythme survolté de “Même si t’as pas envie” !
Pas étonnant que le CD VIVANTE ait retenu l’attention de Patrick Boez qui en a fait son album de la semaine pour son émission “Jambon-Beurre du 12 mai. A écouter ICI .
D’où la diffusion de pas moins de quatre titres qui résument bien les différentes facettes de cette auteure-interprète qui avance entre chanson de variétés et refrains plus intimes.
Oui c’est là que s’affirme un des atouts de Marikala : surprendre via des textes et des mélodies qui en disent long sur son parcours autant personnel que public.
“Tout un univers qui tient à distance pas mal de travers de la vie d’aujourd’hui et qui dit au final le bonheur d’être soi-même, envers et contre tout” affirme Jean-Luc Fournier : une citation extraite des deux pages parues dans Or Norme, “le magazine d’un autre regard sur Strasbourg” dont il assure la direction de la rédaction.
Un passionnant portrait sur le parcours personnel et professionnel à rebondissements de cette attachante artiste. A lire ICI .
“Vivante” – 2ème album de Marikala – est, à mon sens, un album qui mérite une audience bien plus large que le contexte régional.
Avec ces 13 titres déclinés en 48 minutes et 16 secondes, Marikala “la Petite Française” au pseudo alsacien a largement de quoi conquérir des auditeurs et des publics ailleurs en France, voire dans l’espace francophone. .
Coup de projecteur de Henry Tilly sur Pascal Mary : assurément un chanteur qui gagne à être MIEUX connu du grand public.
Retour sur son concert de fin avril offert en piano-voix à L’Arthé Café.
Marc Usclade présente Pascal Mary
Chers extraterrestres de Planète francophone,
Je crois vous avoir déjà dit, en substance tout au moins, que j’avais, à l’instar de quelques dizaines “d’aficionados”, quelque chose comme « mon rond de serviette » à l’Arthé Café, ce merveilleux petit café-concert-auberge perché dans les Combrailles, à Sauterre à une poignée de kilomètres de Riom et Clermont-Ferrand.
L’augmentation vertigineuse du prix des carburants peut donner l’impression que cette adorable oasis de la belle chanson s’éloigne peu à peu de Montluçon où je réside mais il est des affiches auxquelles on résiste difficilement s’il se trouve que l’on est justement disponible ce jour-là.
Ainsi, en cette fin avril, y suis-je arrivé au galop, me pourléchant les oreilles à l’idée d’y retrouver Pascal Mary découvert à Prémilhat en 2011 et jamais revu depuis, même si j’ai pu utiliser ses chansons dans “La chanson dans tous es états”, l’émission hebdomadaire que j’anime depuis trois ans sur RMB. Podcast à découvrir ICI
Accueilli et présenté par Maï et Marc, nos hôtes dont on ne dira jamais assez l’âpreté du combat pour maintenir en vie cette oasis, Pascal Mary surgit en scène avec une sveltesse, une légèreté qui fait penser aux Elfes chères à Charles Trénet.
Le calme avant ou après l’orage
TOUT REPOSE SUR L’EXPRESSIVITÉ DE L’ARTISTE
Manifestement, il sera seul avec son piano et le décor semble des plus sobres, pour ne pas dire austère : le fond de scène est tendu d’un rideau noir, le piano est disposé au milieu, face au public, dissimulé par un écran noir lui aussi qui en cache les pieds.
Tout repose donc sur l’expressivité de l’artiste, sa capacité à capter le public et lui offrir un voyage émotionnel ininterrompu avec les seules armes dont il dispose : son corps, plus souvent réduit à un buste, son visage et les expressions qu’il peut transmettre, sa gestuelle et bien sûr ses textes et la façon dont il les fait porter par ses mélodies mais aussi sa manière de faire parler son instrument… Enfin, sa voix.
Sa voix ! Je le savais pourtant pour l’avoir vu et entendu sur scène, comme je vous l’ai dit, en 2011 et pour avoir, entre-temps, écouté ses albums, sa voix, qui n’est pas celle d’un “chuchoteur”, loin s’en faut, est faite d’une matière limpide et délicate qui lui donne un timbre mélodieux et précis mais en même temps capable de fermeté autant que de subtilité et dans une tessiture confortable, qualités qui sont, pour une grand part, le résultat d’une parfaite maîtrise de la respiration, au service également d’une diction parfaite.
Le tout, on le sait, peut s’appeler “l’Art Vocal” dont la maîtrise ne s’improvise pas, ce que l’on devrait enseigner à nombre de perruches et autres éructeurs qui polluent régulièrement nos ondes et certains sites Internet, adoubés par des producteurs et des “experts” autoproclamés, auxquels les chèques encaissés font oublier que leurs “volailles industrielles” sont à la Musique et à la Chanson ce que peut être Mac-do à la gastronomie.
La savoureuse tradition de l’Arthe- Café : la soupe avant la 3ème mi-temps !
IL MAÎTRISE A LA PERFECTION L’ART VOCAL
Pascal Mary maîtrise donc à la perfection l’Art Vocal, au point qu’on se surprend à penser qu’au-delà de la technique, il a peut-être des gènes de Jacques Douai. Mais sa maîtrise de l’accompagnement au piano n’a rien à envier à sa maîtrise vocale et semble, associée à une expression corporelle sobre mais éloquente, propulser vers nous des textes qui nous pénètrent instantanément et nous font totalement oublier le dénuement de la scène.
Cet artiste hors du commun m’avait, certes, marqué en 2011, à sa découverte mais le souvenir de l’homme de scène était quelque peu dilué dans la richesse du plateau proposé à ce Festival d’Automne de Prémilhat.
Ici tout me revient en bloc et je vois bien que, le mûrissement aidant, l’homme de scène a perfectionné ce qui lui permettait de faire vivre intensément ses très belles chansons avec un minimum de moyens techniques, illustrant ainsi parfaitement le titre de son album de 2010 : “Vivons d’un rien”.
Certains artistes, même très talentueux, peuvent, au long d’un concert ou d’un album, s’avérer quelque peu lassants par le manque de diversité de leurs thèmes et surtout de leurs musiques. A moins d’être d’une grande mauvaise foi, c’est un reproche qu’on ne pourra pas adresser à Pascal Mary.
Il nous emmène dans un voyage rempli d’imprévus, compensant, dans une même chanson, une mélancolie appuyée par une pirouette ironique. Le spectacle est ainsi et nous explorons les replis d’une personnalité multiple, complexe mais d’une richesse rare, à travers des chansons qui sont autant de tableaux dont il est difficile de doser la part autobiographique tout en imaginant qu’elle est importante.
Tendre poésie, mélancolie que l’on sent authentique, révolte tout aussi sincère, spleen baudelairien dont on sait qu’il n’est pas feint ou de circonstance, sensualité imprégnée de tendresse ou plus tumultueuse, tous ces sentiments exprimés avec une force généralement contenue, même quand les mots sont caustiques ou trahissent un trouble profond, sont atténués par une dominante de tendresse, de charme, d’humour, d’autodérision aussi.
Au sommet de” Joyeux Noël” !
DES LARMES AU SOURIRE, VOIRE AU RIRE FRANC
Car l’un de ses talents est, à l’évidence, de savoir se moquer de lui-même, ce qui lui permet de toujours éviter le pathos, alors que la charge émotionnelle qui émane de lui nous fait passer des larmes au sourire, voire au rire franc puis replonger dans une sourde inquiétude, dans ce que l’on sent être un malaise ou disons plutôt, en empruntant la formule à Catherine Laugier (Nos enchanteurs) : “Sa douce blessure de vivre”.
Et que dire des genres musicaux empruntés pour porter ces textes si éloquents. On passe de la douce ballade à une chanson plus “folk”, puis une bossa ou une mélodie carrément “jazz”.
Et nous, spectateurs devenus captifs, sommes emportés par cet “homme piano” dont la voix, les mots, les notes et les mimiques ne font plus qu’un, indissociable, indispensable puisqu’en chantant sa vie il infiltre la nôtre et éveille en nous des sentiments et des émotions tellement humaines que nous y trouvons, même confusément, des analogies avec ce que nous avons pu vivre ou ressentir.
Un des plus beaux exemples, pour faire simple, est sans doute cette chanson satirique, à la fois drôle et caustique où beaucoup d’entre nous reconnaîtront ici et là, en caricature, des bribes de leurs propres tableaux de famille :” Joyeux Noël” (extrait de l’album « Vivons d’un rien » 2010).
Finalement, on a beaucoup (relativement) écrit sur Pascal Mary, sur ses différents albums, sur ses prestations scéniques et ce bel artiste a fait l’unanimité, me semble-t-il, pour louer ses qualités humaines en même temps que ses talents d’auteur, de compositeur, d’interprète.
Il sait s’entourer d’amis fidèles et de grands talents, ce qui se remarque aisément au “casting” de ses albums et aux musiciens qui l’entourent dans des concerts moins intimistes. Quel serait l’intérêt que je répète comme un perroquet ce qui a déjà été dit.
Retrouvailles avec Mai, Pascal Mary et Henry Tilly
SOUS LE CHARME DE SA RICHESSE POÉTIQUE
Bien sûr, je pourrais ajouter que je suis encore sous le charme de sa richesse poétique, de ses métaphores judicieuses autant qu’inattendues et que les amis que j’avais emmenés à sa découverte ont encaissé un gros coup à l’estomac mais aussi, comme disait Brassens, “du côté du poumon”.
Alors, que dire d’autre ? Si !
Commandez vite ses albums, écoutez-les avec les livrets et quand vous serez convaincus qu’il vous en manque une dimension, trouvez sur son site un lieu de concert à votre portée et je doute fort que vous ne succombiez pas à votre tour.
Comme disait Tristan Bernard : “Le meilleur moyen d’échapper à la tentation, c’est d’y succomber”.
Suite et fin du dossier en trois volets sur le Festival L’Accordéon Plein Pot ! organisé à Saint-Quentin-La-Poterie du 8 au 13 mai 2018.
Retour en photos sur plusieurs événements musicaux qui ont marqué ce 12ème Festival des Soufflets du Monde.
Soirée québécoise présentée par Jean-Jacques Carre
LES TIREUX D’ROCHES : L’EFFICACITÉ QUÉBÉCOISE
Et pour commencer, coup de projecteur sur Les Tireux D’Roches qui ont efficacement contribué à offrir des accents internationaux au 12ème Festival des Soufflets du Monde !
Au final une heure 40 de musique non-stop, de chants d’hier et d’aujourd’hui avec plusieurs titres du nouvel album TARMACADAM !
D’où un public enthousiaste pour un concert DES PLUS INTENSES où la langue française est célébrée sur des accents québécois avec FIERTÉ ET ENTRAIN face à un enthousiaste public de 150 personnes.
Assurément un groupe des plus efficaces où chaque membre donne de la voix en plus de ses instruments : Denis Massé (accordéon); Dominic Lemieux (guitare, bouzouki); David Robert (percussions); Pascal Per Veillette (guitare, harmonica, pieds) et Luc Murphy (flûte traversière, flûte alto, saxophone baryton) … et sans aucun doute un de mes groupes québécois préférés.
Reste le souvenir d’une soirée fertile en émotions et retrouvailles, en musiques et refrains folk-trad qui vous donne des fourmis dans les jambes … un formidable événement vécu avecSteve Normandin et Patrick Plouchart …
… et aussi Christian Bordarier, qui fut un attachant complice durant tant de festivals en Acadie et au Québec ah oui !
Coup de chapeau aux organisateurs pour la programmation de ce groupe-phare d’un Québec aussi talentueux qu’authentique, fraternel et festif évidemment.
EN PISTE POUR LA LOUISIANE AVEC LE MORAND CAJUN BAND …
Autre registre, tout aussi entrainant avec le concert du Morand CajunBandmené tambour battant sur la grande scène des Halles de Saint-Quentin-la-Poterie.
En piste avec quatre garçons dans le vent louisianais : Roger Morand (mélodéon, chant, chœurs) ; Jean-Marie Ferrat (guitares, basse, chœurs) ; Pascal Bonnafous (percussions) et Patrick Plouchart (violon, chant, chœurs) ….
Chronique du dernier CD du Morand Cajun Band dans le dernier numéro de Trad Magazine (mai-juin 2017) disparu sans que les abonnés soient informés !
… ET LE SARAH SAVOY QUINTET
Puis IMAGINEZ en 2ème partie l’énergique Sarah Savoy Quintet !
Sa musique trad cajun s’enracine dans bien d’autres registres dont la country et le rock avec le batteur Marty Vickers, le violoniste Marius Pibaro, le guitariste David Rolland et le bassiste Valentin Caillard …
… et évidemment la chanteuse-accordéoniste Sarah Savoy, artiste d’envergure internationale souvent appelée « la Princesse Cajun » et dont les concerts en France sont gérés par François Louwagie , secrétaire artistique et tourneur.
Et enfin IMAGINEZ l’éclatant final !
Les deux formations se retrouvent sur scène pour plusieurs titres qui incitent plus que jamais le public à danser !
VIBRANT souvenir d’une belle complicité sans frontières, d’un continent à l’autre…
MÉTÉO HIVERNALE POUR STEVE NORMANDIN
Dimanche 13 mai, au lendemain de cette sacrée soirée louisianaise, changement de météo mais pas de décor.
C’est toujours aux Halles de Saint-Quentin-La-Poterie que le public avant rendez-vous mais l’atmosphère y était glaciale et venteuse malgré tout le talent de L’Accordéon-Club L’Islois déployé durant l’apéritif-concert !
Pas de quoi décourager les danseuses rétro à mettre de l’ambiance ni René Lys à faire tourner son orgue de barbarie sous le regard très attentif de Steve Normandin !
L’auteur-compositeur-interprète québécois désormais établi en Bretagne a eu bien du mérité pour réchauffer l’ambiance avec ses refrains de France et du Québec : un repas musical dont les participants se souviendront sans doute autant pour l’entrain de l’artiste que la température glaciale !
Steve Normandin ? Assurément un infatigable créateur – véritable encyclopédie de la chanson française et francophone – à faire revenir à ce festival en vue d’un vrai concert dans une vraie salle.
Que vous dire d’autre sur ce festival terminé en beauté avec .. mais oui .. un bal musette offert par Jérémie Buirette et son grand orchestre et la participation de plusieurs jeunes talents de l’accordéon dont Guillaume Fric.
Un événement qui aura permis de réunir des habitants de Saint-Quentin-La-Poterie, voire de plus loin, toutes générations confondues.
ÉDITION 2019 : MUSIQUE ARABO-ANDALOUSE A VOLONTÉ
Hé oui, après la francophonie québécoise et louisianaise cette année, changement total de registre pour l’édition de l’an prochain. Elle sera enracinée dans la, ou plutôt les musique arabo-andalouses.
Et pourquoi pas un Spécial Alsace en 2020 ?
C’est la suggestion lancée à Sylvie Carre, présidente de L’Office Culturel organisatrice de ce festival. Il est vrai que l’Alsace est une terre aux multiples talents où l’accordéon s’affirme comme un atout incontournable, et pas seulement dans les danses et refrains folkloriques.
En attendant l’édition de l’an prochain, voici encore quelques photos synonymes d’agréables moments : retrouvailles, discussions, échanges …
Un dernier clin d’oeil à ce festival qui m’aura permis de revoir entre autres Patrick Plouchart, François Louwagie, Franck Tenaille, Christian Bordarier, Steve Normandin, Denis Massé et sa joyeuse et talentueuse bande … ET AUSSI DE TISSER DE NOUVEAUX CONTACTS.
Bœuf improvisé entre Steve Normandin et trois des musiciens du Moran Cajun BandFrançois Louwagie et Sarah SavoyDialogue entre Roger Moran et Steve Normandin …Avec Patrick Plouchart et Steve Normandin avant le concert des Tireux D’Roches