Certains artistes francophones d’Amérique du Nord sortent incontestablement de l’ordinaire, par leur parcours personnel, leurs choix artistiques, leur présence scénique. Et aussi par leur liberté de création qui se joue des frontières à tous les sens du terme.
Yao fait partie de ces voix qui savent émouvoir, faire réfléchir, et danser aussi. LAPSUS, son 3ème album solo sorti en six ans, met en évidence un créateur des plus inspirés. Explications.
MÉTISSAGE, UNE FORCE INCONTESTABLE
Sur la scène francophone de l’Ontario, Yaovi Hoyi alias Yao surprend à bien des égards. Ses racines, elles s’affirment multiples aussi bien dans sa vie personnelle qu’artistiques, et ce métissage, il en a fait une force qui éclate avec brio dans les 44 minutes et 49 secondes de LAPSUS.
Cet album résulte d’un double travail : d’abord l’envie et le besoin de créer. Une volonté écrire qui donne libre cours à son imagination, ses rêves et ses remises en question aussi, en utilisant un vocabulaire riche, inspiré.
Et puis il y a le travail d’équipe, mené à bien avec une demi-douzaine de compositeurs, et une poignée de musiciens (synthés, batterie, guitares, etc). D’où un album de 13 titres, offerts en solo … avec selon les titres la participation de plusieurs voix telles Julie-Kim Beaudry, Cathy Vallières, Peter O’lean, Gabriel Whiting, Céleste Lévis, F.L.O. etc.
Novembre 2016. Avec F.L.O. pour “Comme eux” durant le lancement du CD à Ottawa
DES TEXTES A SUIVRE A LA TRACE
Dans cette province canadienne où la langue française est minoritaire – à la différence du Québec – le choix de chanter en français est un acte tout aussi militant qu’artistique pour Yao … invité fin novembre 2016 aux célébrations du XVIe Sommet de la Francophonie, à Antananarivo, la capitale de Madagascar. De quoi – une fois de plus et dans des circonstances totalement inédites – affirmer un répertoire des plus percutants et des plus poétiques aussi.
Car il faut bien reconnaître que trois ans après son précédent album, “Perles et Paraboles”, la veine créatrice de Yao est plus performante que jamais avec LAPSUS : un opus bénéficiant d’une superbe pochette très classe, et un livret qui l’est tout aussi, à la fois sobre et raffiné. Avec en prime les textes à suivre à la trace tout en écoutant l’album … c’est du moins ce que j’ai fait après m’être passé à plusieurs reprises cet opus en voiture !
9 novembre 2016, entretien sur Radio-Canada pour le lancement de l’album à Ottawa
REFUS DE LA FATALITÉ ET APPELS AU BON SENS
Ah les textes de Yao …
Il faut bien en dire un mot de ces textes, souvent longs – voire très longs comme “Étrange absurdité” ! Autant d’émotions et d’observation, d’appels au bon sens et à la tolérance, au refus de la fatalité et aux dangers du mimétisme (“Comme eux”). Vous savez, quand la personnalité est enfouie, niée au profit de comportements adoptés pour “être comme les autres”…
S’y glissent aussi d’autres thèmes, tel la déchirure sentimentale évoquée ici d’une manière originale (“L’amour et la guerre”) … la séduction aux allures de coup de foudre (“Échec et mat”) … la dépendance amoureuse (“Dans le sang”) …
Et voilà comment l’on en arrive à ce drôle de paragraphe mis en évidence dans le livret de l’album : “Prisonnier des LAPSUS que j’ai DANS LE SANS, je suis devenu NOMADE. Et cela, au risque d’un ÉCHEC ET MAT dans ce jeu de L’AMOUR ET LA GUERRE. Je ZIGZAG dorénavant cette ÉTRANGE ABSURDITÉ d’une douce FOLIE A DEUX. Te cherchant au milieu des INTERFÉRENCES. S’il te plait, PARLE-MOI. Que je sois enfin K.O. en me voyant COMME-EUX, dans des éclats de nos RÊVES D’ENFANTS”.
UN ALBUM PERCUTANT ENTRE POÉSIE ET SLAM
Impossible d’enfermer ce” poète slameur” – appellation la plus courante en vigueur pour cet artiste – dans un seul registre.
Originaire du Togo, il a vécu en Côte d’Ivoire avant de trouver sa voie au Canada, depuis 17 ans. Là à vivre au rythme du monde, de ses rythmes, il n’y a qu’un pas franchi en toute décontraction dans cet album de 13 titres.
LAPSUS, réalisé comme “Perles et Paraboles” par Sonny Black, serait-il un album “plus soul, un peu plus funk, un peu plus pop” ? Oui si l’on en croit les médias canadiens mais l’essentiel se situe ailleurs à mon sens. Dans l’énergie verbale et physique dépensée en studio et sur scène par Yao apprécié à plusieurs reprises en pleine action … comme lors d’une mémorable et trop courte “vitrine musicale” à la FrancoFête à Moncton.
L’amour des mots, la passion d’une langue intensément belle, Yao ne les cultive pas seulement pour son petit plaisir. A travers ses choix artistiques il n’oublie jamais d’affirmer haut et fort les valeurs d’un métissage qui le concerne d’autant plus qu’il se définit comme “roux et métissé”.
Mention spéciale pour une diction qui met en valeur des textes dont il varie le rythme au gré des couplets comme dans “Parle-moi” également porté par la voix forte et frissonnante de Cathy Vallières … ou encore “Interférences” offert dans un efficace duo avec l’intense Julie-Kim Beaudry.
“MON ANOMALIE PARADOXALE”
Ayant eu la chance de découvrir, à Ottawa, durant Contact-Ontario, des extraits de son spectacle de poésie théâtrale intitulé Négritude et Métissage, j’ai encore mieux compris l’authenticité de l’engagement de Yao.
Sa sensibilité envers des voix et des plumes telles que Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire ou Daniel Maximin en disent long sur un artiste qui n’est pas seulement préoccupé par l’envie de “faire carrière”.
Passionné par les musiques et les chansons, il l’est aussi par l’écriture, la littérature, la philosophie. Et évidemment le métissage dans lequel s’enracinent en permanence sa vie personnelle et son œuvre.
C’est “mon anomalie paradoxale” comme il l’explique dans un long texte où l’on croise entre autres Voltaire et Epictète, Le Petit Prince de Saint-Exupéry et Albert Camus … Sans oublier Angela Schwindt qui déclare : “Alors que nous essayons d’enseigner la vie à nos enfants, nos enfants nous montrent ce qu’est la vie” .
Ce texte des plus intéressants, on peut le retrouver à la fin du long article consacré à Yao en janvier 2014, suite à un entretien réalisé Place du Châtelet à Paris.
Juin 2013, Festival de Petite-Vallée, Gaspésie. Le “magicien des mots” Yao en compagnie du parolier Marc Chabot et de l’auteur-compositeur-interprète Bori
UN COUSIN D’ABD-AL-MALIK A FAIRE CONNAITRE EN FRANCE
En avril 2013, après avoir vu Yao pour la première fois sur scène, au Centre National des Arts à Ottawa, je l’avais qualifié de cousin d’Abd-al-Malik dans un article intitulé “Le poids des mots, le métissage des rythmes”.
“Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.
S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes.
Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre”.
Aujourd’hui je ne retire rien de ce premier constat, heureux de suivre l’évolution d’un créateur qui aime se jouer des frontières, comme le confirme si intensément son nouvel album.
Yao a la tête bien sur ses épaules, et c’est en toute connaissance de cause – comme évoqué un jour durant une longue conversation au Village en Chanson de Petite-Vallée à qu’il a, voici quelques années, abandonné “une belle carrière” toute tracée dans le milieu de la banque pour “devenir artiste”. Un sacré choix de vie assurément !
“J’ÉTAIS PICASSO DEVENU BAUDELAIRE”
Avec ce 3ème opus lancé en novembre à Montréal et Ottawa, Yao vient de franchir une nouvelle étape tant sur le fond que la forme de ses créations.
Alors à quand une meilleure visibilité en France ? Car il a vraiment TOUT pour retenir l’attention du grand public, et son titre “FOLIE A DEUX” est un des exemples les plus percutants, dansants aussi.
“J’étais Picasso devenu Baudelaire” lance Yao dans “Interférences”, plus ouvert que jamais à l’expression artistique sous diverses formes.
Mis en valeur dans le livret, cette affirmation résume bien une des voix majeures de la chanson francophone efficacement soutenue par l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique : “une référence incontournable de la musique franco-canadienne”.
“LAPSUS”, un album à découvrir, c’est évident. Yao, un artiste à suivre, à encourager.
“C’est l’histoire d’un des artistes les plus humainement et définitivement respectables que j’aurai rencontrés en quarante-cinq ans de journalisme.
L’un de ceux qui, loin de vous faire regretter d’avoir dédié la plus grande partie de votre vie à défendre et illustrer cette petite chose si “futile”, justifient non pas seulement “quinze ans d’amour” – comme l’avait confié Brel, le dernier soir de ses adieux, au public de l’Olympia – mais en l’occurrence au moins le double…”
Signée Fred Hidalgo, cette affirmation en dit long sur l’esprit dans lequel a été rédigé JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL.
Coup de projecteur sur un livre UNIQUE dans l’histoire de la chanson française.
Encore une bio sur un des artistes majeurs de l’espace francophone ? Assurément oui mais … BIEN PLUS ENCORE car ce livre résulte d’une amitié aussi discrète que durable entre Fred Hidalgo et Jean-Jacques Goldman. Assurément un ouvrage de référence !
Impossible évidemment pour Fred Hidalgo de publier une de ces (trop nombreuses) biographies aux allures de puzzle compilant de manière souvent maladroite tout ce qui a été écrit sur JJG. C’est pourtant le lot de tant de livres parus ces dernières années sur le créateur de “La vie par procuration”, non ?
Avant de plonger dans ce document de 572 pages – illustré par un cahier photos de 16 pages dont la plupart signées Francis Vernhet – une mise en garde s’impose de toute urgence : oubliez donc TOUT ce que vous avez déjà lu, entendu ou vu à la télé sur JJG.
Ce couple, je lui ai consacré un (long) article intitulé “Un destin au service de la chanson francophone” à lire ICI.
Amis de longue date … Photo Mauricette Hidalgo
Alors comment rendre compte d’un tel livre et vous donner envie d’y plonger ?
Plutôt d’écrire un article à chaud, en m’inspirant de la 4ème de couverture ou du communiqué envoyé par l’attachée de presse des Éditions L’Archipel, j’ai préféré d’abord me jeter à l’eau avec détermination. Et puis naviguer avec enthousiasme dans des eaux tantôt calmes et agités.
Car il faut bien admettre que l’histoire de de JJG et de celle de la presse musicale sont extrêmement fertiles en surprises (bonnes et mauvaises) et en multiples rebondissements. Et Fred Hidalgo évoque ici en toute franchise nombre d’aspects de JJG ET AUSSI des aventures et mésaventures des deux revues dont le grand public n’avait à ce jour jamais eu vent.
Les quatre parrains de Chorus réunis pour une table ronde : la plus importante dans l’histoire de la chanson française depuis le débat Brel, Brassens et Ferré en 1969.
“LA PETITE HISTOIRE ET L’AIR DU TEMPS DES ANNÉES 80 A AUJOURD’HUI”
Comment résumer en quelque lignes ce livre consacré à celui qui fut un des quatre parrains de Chorus avec Alain Souchon, Francis Cabrel et Yves Simon ?
“Il ne s’agit pas là d’une “simple” biographie (même si tout y est, les faits, les dates et les chansons), c’est aussi la petite histoire de l’air du temps des années 80 à aujourd’hui qui recoupe la vie de l’artiste et s’imbrique de bout en bout dans celle de “Paroles et Musique” et de “Chorus” ; c’est une réflexion menée en commun sur la chanson, sa nature et son rôle, sur sa place dans la société contemporaine”.
Homme de terrain, Fred Hidalgo est assurément aussi un homme d’archives. En témoigne – un exemple parmi tant d’autres – le chapitre “C’est pas vrai” en partie consacré à un article du quotidien Libération “qui, non content de se montrer systématiquement odieux avec Goldman, multipliait aussi les procès d’intention à son encontre”.
Citations à l’appui, Fred Hidalgo détaille les réponses fournies par JJG à Yves Bigot dans le journal du 26 février 1991 sous le titre “Goldman : trois pour un”. S’y ajoutent les commentaires d’Yves Bigot … dont le long et impressionnant CV est publié avec force détails.
Mais alors pourquoi tant de mépris, de condescendance, voire de haine d’une partie des médias envers JJG ?
Impossible d’être “la personnalité préférée des Français pour la 6ème année consécutive (sondage Journal du Dimanche, janvier 2016″ sans susciter les réactions les plus variées, entre admiration et médisance, respect et commérages.
Raconter, montrer, expliquer … Plus fidèle que jamais à la “méthode Chorus”, Fred Hidalgo n’avance rien sans avoir recoupé ses sources.
“NI PARADIS FISCAUX NI BLANCHIMENT D’ARGENT”
TOUT ce qu’il raconte ici est argumenté.
Et sans jamais se complaire dans la presse people, son chapitre “Il part” offre également divers repère privés de JJG : premier mariage avec Catherine, “une ancienne amie d’enfance devenue psychologue” et mère de ses trois enfants …
… puis rencontre avec Nathalie, “une jolie Eurasienne aussi sportive qu’elle a la tête bien faite” et leurs trois filles : “Qui se ressemble s’assemble. Tout aussi simple et discrète, Nathalie ne fait pas mentir le dicton ; elle n’est pas du genre à se montrer dans les médias et partage volontiers le goût de son mari pour la pratique du sport”.
Ce désir de discrétion énerve évidemment les médias en quête de scoop, de révélations croustillantes, de tentative de prendre en défaut JJG. Quitte à fantasmer sur sa fortune et l’utilisation de son argent : une évidence également abordée dans ces pages consacrées au fils d’Alter Mojzesz Goldman né à Lublin en Pologne et de Ruth Ambrunn née à Munich en Allemagne.
Fred Hidalgo désamorce avec élégance et bon sens les envieux fantasmes liés au “trésor de guerre de Goldmann” … avec deux n, bien sûr, c’est plus explicite. (…) Il placerait ses économies dans des paradis fiscaux, blanchirait ses capitaux, les utiliserait à des fins illicites, à des trafics d’armes ou de drogue, ça oui, ça ferait un bon sujet ! On se régalerait. Malheureusement pour les nostalgiques d’un temps où Pétain envoyait les Juifs et les antifascistes dans les camps d’où beaucoup ne sont jamais revenus, il n’y a rien à chercher de tel chez lui”.
“L’ART D’ENCAISSER SANS BRONCHER EST UNE SECONDE NATURE”
La récente décision de JJG de s’installer du côté de Londres avec sa jeune femme Nathalie et leurs trois enfants aura une fois de plus alimenté bien des rumeurs relayées par les médias.
Pas de quoi déstabiliser déstabiliser l’artiste blindé contre les rumeurs et les médisances : “Chez Jean-Jacques Goldman, l’art d’encaisser sans broncher est une seconde nature. S’il avait choisi la boxe pour s’exprimer, il est probable qu’aucun adversaire n’aurait été capable de l’allonger pour le compte” explique Fred Hidalgo en évoquant avec force détails le malsain tapage médiatique suscitée par la chanson “Toute la vie”. (…)
Pourtant, la polémique qui va l’atteindre de plein fouet à la fin de l’hiver 2015, sous couvert de s’en prendre encore une fois aux Enfoirés, a bien failli le mettre KO. Et s’il s’en est relevé intelligemment de ce coup bas, celui-ci a sans doute scellé son départ définitif annoncé un an plus tard”.
Prenez le temps de lire CONFIDENTIEL sans sauter de page, et en laissant de côté vos préjugés… Et laissez vous guider par Fred Hidalgo au cœur d’un étonnant et attachant voyage … De l’enfance à Montrouge au groupe Taï Phong … de la chanson des Restos du Cœur reprise chaque année aux célèbres concerts débutés le 31 janvier 1987 par “La Boum du Cœur” à la Villette … de l’enchainement des tubes aux tournées internationales … avec en guise de conclusion le chapitre “Retour à Madagascar” : un compte-rendu du concert donné le 6 avril 1998 à Madagascar et signé Marine Dusigne, envoyée spéciale du Journal de l’Ile de la Réunion !
Oui, c’est une immersion totale dans la vie de JJG qui vous est proposée … avec également l’évocation d’artistes disparus tels Daniel Balavoine et Michel Berger … Et aussi Sirima poignardée le 7 décembre 1989 par son compagnon musicien … et Carole Frédéricks victime d’une crise cardiaque le 7 juin 2001 …
S’il est vrai que j’ai appris beaucoup de choses sur JJG, c’est grâce à l’incontestable complicité unissant depuis tant d’années le chanteur et l’auteur-journaliste : et cette authentique amitié dépasse évidemment le statut social de JJG et de Fred Hidalgo. En témoignent tant d’exemples développés au fil des chapitres reprenant chaque fois un titre de chanson ….
… et aussi nombre de reproductions de messages échangés entre les deux hommes avec reproduction de certaines réponses manuscrites de JJG.
NOMBREUSES ANECDOTES PERSONNELLES ET FAMILIALES
Car ce livre, c’est aussi pour Fred Hidalgo une manière de se raconter. Non, pas d’autobiographie au sens propre du terme mais de nombreuses anecdotes personnelles et familiales disséminées ici et là.
Comme l’évocation du décès de la mère de JJG avec allusion de l’auteur à sa propre maman : “Elle a fêté en 2016 ses 94 ans … et connaît encore par cœur toutes les chansons qu’elle avait apprises durant son enfance en Catalogne” …
Le sens de la famille ? Assurément une valeur partagée par les deux hommes.et enracinée dans nombre de souvenirs relatés au fil des pages …. comme les circonstances dans lesquelles le chanteur a offert son médiator au gendre de Fred Hidalgo.
Et au fait, qui est donc la belle inconnue secourue un jour par JJG et Fred Hidalgo au bord d’une rue qu’ils empruntaient à moto ? Se reconnaitra-elle dans ce livre où dans un autre chapitre, est mis en évidence la célèbre citation de Félix Leclerc ?
“Il y a des maisons où la chanson aime entrer” : cette phrase si bien mise en valeur au Village en Chanson de Petite-Vallée en Gaspésie sert de clin d’oeil à une des nombreuses allusions à la vie personnelle de l’auteur.
En l’occurrence “la maison d’amour et d’amitié” qui a traversé la vie de JJG “une quinzaine d’années avant que je n’y écrive ces lignes“. Une maison qui aura aussi accueilli Daniel Balavoine et Thierry Sabine … Hasard ? Destin ? Serait-ce la fameuse “synchronicité” ?
“CHORUS ABATTU EN PLEIN VOL ET EN PLEINE TRÊVE ESTIVALE”
Les nombreuses passerelles entre Paroles et musique/Chorus et JJG font partie des raisons qui m’ont incité à plonger avec bonheur dans la lecture de CONFIDENTIEL.
Quel plaisir de retrouver sous la plume de Fred Hidalgo divers épisodes de l’histoire de ces deux revues …. deux des repères d’une amitié née suite à notre première rencontre à l’Ile de la Réunion chez le chanteur Jacques Poustis en 1984.
Alors pas étonnant que certaines anecdotes, certains souvenirs me touchent de près. Tel le chapitre “Je commence demain” quand il est question du “jeune éditeur qui avait tout du cadre dynamique et performant” … oui celui qui a décidé unilatéralement en 2009 de déposer le bilan, “sans prévenir la rédaction, occupée à boucler le numéro 69 de l’automne” ….
La fin de Chorus “abattu en plein vol et en pleine trêve estivale”, j’en ai eu connaissance alors que je me trouvais au Festival d’Eté de Québec…
Plaisir aussi de retrouver ici le souvenir séance de travail du 20 juin 1992 avec arrivée d’un invité-surprise : Pierre Barouh “l’homme de Saravah se retrouvait caméra au poing en train de filmer notre première réunion de rédaction”… Hé oui, les premiers pas de Chorus !
Assurément un formidable document dont personne n’a hélas jamais vu une seule image à ce jour. Un constat d’autant plus regrettable que cette vidéo montre un moment unique dans l’histoire de la presse musicale … avec entre autres l’active participation de Marc Robine et Jean Théfaine, deux des signatures majeures de Chorus emportées par le cancer.
Alors cher Pierre Barouh ?
On pourra les visionner un jour, ces images inédites ?
Mardi 6 octobre 2009, Europe 1. Quatre heures d’émission enregistrées en direct par Thierry Lecamp. Ici Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie d’Alain Chamfort
“JAMAIS ON N’AVAIT CONNU DE TEL RASSEMBLEMENT DE CHANTEURS FRANCOPHONES A L’ANTENNE”
A l’heure d’internet, de l’actualité omniprésente avec ses infos qui en chassent sans cesse d’autres, il me semble important d’offrir aux lecteurs un appréciable temps d’arrêt. De se souvenir de certains événements de l’histoire de Chorus.
De se rappeler que l’inattendue cessation de parution de Chorus aura suscité quatre heures d’émission enregistrées dans les conditions en direct par Thierry Lecamp sur Europe 1 !
“Ce mardi 6 octobre, de mémoires d’artistes et de journalistes, on n’avait jamais connu pareil rassemblement de chanteurs francophones à l’antenne” se souvient Fred Hidalgo. Et de publier une liste non exhaustive de celles et ceux intervenus ce soir-là à l’antenne : au micro, par téléphone ou message enregistré. Une émission des plus mémorable que Thierry Lecamp a du réduire à deux heures de témoignages et de chansons, dont l’intervention de JJG “qui n’avait plus donné l’interview depuis notre rencontre de juillet 2005 et cela faisait des années qu’on ne l’avait pas entendu parler à la radio”.
Un tel ouvrage aurait évidemment été incomplet sans qu’il y soit question du demi-frère de JJG. Oui, le journaliste et écrivain Pierre Goldman : inoubliable figure de l’extrême-gauche française assassinée le 20 septembre 1979 par un commando de trois ou quatre hommes armés de pistolet.
Plusieurs pages sont consacrées à l’auteur de “Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France” qui inspira à Maxime Leforestier la chanson “La Vie d’un homme” sur l’album Saltimbanque illustré par Cabu.
Vous l’avez compris dès les premières lignes de ce (long) article : “CONFIDENTIEL” est une publication unique en son genre. A l’instar du livre de Fred Hidalgo consacré à Jacques Brel aux Marquises !
“UN PROJET QUE JE NOURRISSAIS DEPUIS 1991″
Alors si j’ai pu vous donner envie de le lire, j’en serai très heureux.
D’autant plus que “ce livre est le fruit de trente ans de complicité personnelle et professionnelle : un chemin semé d’interviews exclusives (dont celle où Jean-Jacques m’annonçait qu’il arrêtait les disques et la scène et retraçait l’ensemble de sa carrière), mais aussi d’anecdotes et de confidences…
C’est un projet que je nourrissais depuis 1991 et dont les médias ont annoncé prématurément la sortie en 2005. Sa gestation aura demandé dix ans de plus : c’est en 2015 que j’ai décidé d’aller au bout de mon rêve, un an avant que JJG ne choisisse de son côté de tourner aussi la page des Enfoirés…“.
A aucun moment de sa (longue) rédaction, JJG n’a cherché à intervenir sur le contenu : “GOLDMAN CONFIDENTIEL est donc un livre “autorisé” par l’intéressé – parce que c’est lui, parce que c’est moi… – qu’il n’a pourtant pas souhaité car il n’aspire plus qu’à l’anonymat et au silence des médias. Mais je n’avais d’autre choix, et Jean-Jacques le sait, que d’aller au bout de mon rêve…”.
TABLE RONDE AVEC JJG, SOUCHON, CABREL ET YVES SIMON
Ce livre consacré à un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus importants de l’espace francophone fait évidemment la part belle aux nombreuses chansons (connues ou non) de JJG. Nombre d’entre elles distillent des références de la vie de l’artiste et/ou de sa famille…
Et s’il est évident que la chanson est au cœur de cet ouvrage, il n’y est pas uniquement question des titres ayant contribué à la population de JJG.
Dans le chapitre “Juste quelques hommes”, Alain Souchon, Francis Cabrel, Yves Simon et JJG – les quatre parrains de Chorus- s’expriment à bâtons rompus sur divers sujets liés à la chanson, au rôle des médias, à “la composition du public et à l’incidence des salles sur la conception du spectacle”, etc.
Et aussi le rôle de la critique.
Ce qu’en attend JJG ? ” C’est d’apprendre ce qu’il y a dans ce disque, s’il y a des chansons lentes, des rapides, comment est faite l’orchestration, de quoi parlent les textes, qui a fait quoi, etc. Ensuite si le critique veut ajouter quatre lignes de son propre goût, libre à lui si ça le défoule, il peut dire qu’il aime ou qu’il n’aime pas, qu’il adore ou qu’il exècre, mais ça ce n’est pas très important.
Ce dont on a besoin, c’est essentiellement d’informations, ensuite on achètera le disque et on est assez grand pour avoir notre propre opinion sans chercher à l’imposer aux autres… (…) Or la critique d’aujourd’hui ce n’est que ça : des billets d’humeur, et pas d’information”.
“OUI, TON PARCOURS MÉRITAIT BIEN “TANT DE PAPIER, DE TEMPS”
CONFIDENTIEL bénéficie aussi de sept pages de repères bibliographiques et autant pour la “discographie originale” … ainsi qu’un “index qui se limite aux seules personnes ayant un lien direct ou indirect avec la vie personnelle ou professionnelle de Jean-Jacques Goldman, ainsi qu’aux artistes, aux groupes artistiques ou personnages cités par lui”.
De quoi vous clarifier bien des détails du parcours de cet artiste dont Fred Hidalgo cite une des phrases les plus connues : “Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent”. Une évidence PLUS QUE JAMAIS d’actualité chez bien des artistes …
Précisons enfin qu’il a un mois a paru un autre livre de Fred Hidalgo dont la sortie a failli ne jamais avoir lieu !
“Trop important, trop gros, trop cher à la fabrication, avec un lectorat impossible à cerner, nous ne saurons pas vendre un tel livre, ni dans le commerce ni auprès des médias… » : telle avait été la réponse de l’éditeur auquel Fred Hidalgo avait proposé en 2015 le manuscrit de “La mémoire du chante – Journal d’un échanson”.
Assurément deux livres de poids, à tous les sens du terme, pour nourrir votre passion de la chanson … si tel est votre souhait !
En guise de conclusion, laissons le dernier mot à Fred Hidalgo. Son livre-événement s’achève par une série de remerciements. Avec au final un mot adressé à JJG en ces termes :
“Merci enfin à toi, Jean-Jacques … et surtout pardon pour m’être montré, au moins sur un point (!), en total désaccord avec toi : oui, ton parcours méritait bien “tant de papier, de temps” ! Et non, je ne regrette rien.”
Site des Éditions L’Archipel … où l’on peut découvrir le prologue et le premier chapitre de l’ouvrage pour se mettre en appétit en cliquant sur TÉLÉCHARGER UN EXTRAIT.
En attendant de finir de lire et de vous parler de “Rock Sakay”, premier roman d’Emmanuel Genvrin revu en juillet dernier à l’île de la Réunion, voici un efficace coup de projecteur de Geoffroy Géraud Legros et Nathalie Valentine Legros.
Leur texte abondamment illustré est mis en valeur sur 7LAMESLAMER , site partenaire de planetefrancophone.fr que ces deux amis journalistes réunionnais ont lancé pour parler des “réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde”.
« Rock Sakay », c’est une course aux allures initiatiques, sur les traces d’une chimère appelée Janis.
« Rock Sakay », c’est le premier roman d’Emmanuel Genvrin, déglingué et poétique. « 7 Lames la Mer » aime !
“Femme brossant ses cheveux”, par Wladyslaw Slewinski, 1897
Ensorcelante et monstrueuse. Telle est Janis, femme sortie tout droit de « Rock Sakay ».
Premier roman d’Emmanuel Genvrin — créateur du théâtre Vollard, auteur de nombreuses pièces et d’opéras —, « Rock Sakay », publié chez Gallimard, a partagé la fameuse « rentrée littéraire » française [1] avec 559 autres nouveautés [2].
Avant de plonger dans le chaudron romanesque, Emmanuel Genvrin s’est essayé à l’exercice exigeant de la nouvelle, publiant régulièrement dans la revue littéraire « Kanyar », éditée par le regretté André Pangrani. Autant de récits où « Rock Sakay » pointe déjà — peut-être, d’ailleurs, à l’insu de l’auteur.
Jean-Luc Trulès (debout), musicien, compositeur, chanteur, acteur… et Emmanuel Genvrin, auteur du roman “Rock Sakay”, créateur du théâtre Vollard.
Jalon de la re-naissance de Genvrin qui, pas moins « gazé » que ses personnages, s’est mis en tête de donner à La Réunion un complet répertoire d’Opéra, « Rock Sakay » accouche de l’héroïne qui manquait au Panthéon, singulièrement dépeuplé, des figures de notre littérature : Janis.
De la beauté truculente à la silhouette diaphane, « Janis-femme » incarne l’hybris, la jubilation, la superficialité, la déraison ; l’affirmation de sa réalité et la « régression-résignation » animale et vertigineuse ; le Maître et l’Esclave, dirait un hégélien, dans la même personne.
« Il franchirent la porte de derrière. Il y avait une petite cour et un boucan — la cuisine en plein air des créoles — et, au fond, un parc cochon. L’homme sortit de sa poche un trousseau qu’il tendit à Jimi »…
(Page 122)
Fantasque, tumultueuse. Envahissante, évanescente ; absente. Dévoreuse, amante : Janis hante ce roman de son urgence haletante.
Dès les premières pages et jusqu’à la dernière, elle est là, partout, même et surtout lorsqu’elle n’est pas là…
Le lecteur, dans sa nuit, tourne les pages du livre pour retrouver sa trace dans le dédale de la capitale malgache ou à travers la brumeuse campagne française.
Démerde, dérives, gangs… « Rock Sakay » n’est pas un lagon pacifique. Les Tropiques de Genvrin sont aux antipodes des tristes topiques de l’imagerie touristique ; « Rock Sakay », éclaire le versant hardcore et « Kung Fu » et révèle les subtils et invisibles transferts d’exotisme entre les trottoirs de Paris, le foyer Sonacotra et les châteaux provinciaux…
Le rythme est vif ; il n’en délivre pas moins le spleen qui accompagne l’œuvre de l’auteur de la pièce de théâtre « Baudelaire au Paradis ».
« Pas de temps à perdre »… L’écrivain est pressé, comme son personnage Jimi : vite, vite, vivre et retrouver Janis. Vite, l’aimer. Encore. Et s’en défaire. Vite, s’enfuir. Vivre pour la retrouver. Pour la sauver. Vite, vivre et l’oublier.
« Il était 15 heures. Pas de temps à perdre. Une grosse averse avait provoqué des inondations. Le ciel était encore lourd de nuages et les trottoirs étaient boueux. Inutile de héler un taxi, les tarifs de Tana étaient prohibitifs. Avec la pénurie d’essence, on payait d’avance et les chauffeurs remplissaient des petites bouteilles aux stations ».
(Page 47)
Cimetière des pirates sur l’île Sainte-Marie (Madagascar). Photo : Antony.
L’écriture d’Emmanuel Genvrin, savamment dépouillée, affutée, projette des images directes et entêtantes, souvent empreintes d’une forte charge poétique.
Comme dans cette scène…
« En quittant les lieux, Jimi se retourna : Janis se tenait debout sur les marches, immobile, les bras ballants, les cheveux rouges au vent. Son front était plissé, son regard était d’une tristesse infinie ».
(Page 173)
Avant cette description, Janis était le feu, la pluie, la boue, l’amour.
Ainsi tombe-t-on sous l’emprise de cette héroïne, fêlée, qui nous convie à contempler sa chute, irrésistible.
Emmanuel Genvrin à la Sakay
Signe d’un roman d’aventures réussi : on voudrait protéger Janis, l’arracher à ses turpitudes, la sauver d’elle même. La ramener à son commencement, à son innocence, alors même qu’on acquiert la certitude de sa déchéance.
On souffle lorsque Janis disparaît du champ de lecture.… Mais déjà, elle nous manque ; déjà on est en manque.
Et l’on voudrait que les permanents aller-retours de Jimi qui rythment ce roman entre La Réunion, La France et Madagascar, la remettent sur notre chemin de lecture.
Source : vollard.com
Le personnage de Janis confirme l’attrait de l’auteur pour les caractères féminins hors orbite sociale ; et son talent à les mettre en scène, à les sublimer. Pour finalement les ramener à leur condition initiale.
On se souvient par exemple de cette cantatrice extravagante et si émouvante, figure centrale — et cataclysmique — de la nouvelle « Tropic Salomé » [3], écrite en 2015 par Emmanuel Genvrin et publiée dans la renue « Kanyar ».
« Rock Sakay », c’est une histoire d’amour, une histoire actuelle et déglinguée qui nous renvoie aux grandes tragédies classiques.
« Rock Sakay », c’est un road-book comme il y a des road-movies : poussière rouge, rencontres, errances, galères, drames… Départs et éternels retours.
Mais Janis n’est pas le personnage principal de « Rock Sakay ». Non. Le héros avec sa guitare, c’est Jimi (enfin… Francius). On ne vous en dira pas plus : prenez, et lisez.
« Jimi retourna en stop à la Pointe-au-Sel. De loin, il vit que la villa était fermée, volets clos, terrasse abandonnée. la petite plage était déserte, à part un chien jaune endormi et la silhouette d’un pêcheur sur un rocher ».
(Page 143)
Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros
[1] La « rentrée littéraire », au mois de septembre est une spécificité française.
[2] En 2010, 711 livres ont été publiés à l’occasion de la rentrée littéraire.
[3] « Tropic Salomé » est une nouvelle écrite par Emmanuel Genvrin et publiée dans la revue littéraire « Kanyar » N°4, page 7, février 2015. La revue « Kanyar » a été créée par André Pangrani, mort le 31 juillet 2016 à Moscou.
Question du jour : comment endormir les enfants ? Vaste interrogation sans aucun doute que nous avons tous connue, vécue, subie … en tant qu’anciens enfants ou comme parents !
Et si le remède-miracle venait d’un CD de 55 minutes et d’un livre aux expressifs dessins signés Soufie et au titre des plus encourageants : “Tous au lit !’ ‘
Vous souriez ? Alors laissez-moi vous expliquer.
Un intense travail d’équipe, une aventure tant amicale que familiale
Le déclic de cette aventure artistique est né d’un constat, d’une évidence. “Dans 99,99 % des foyers, l’heure du coucher qui souvent vire au cauchemar”.
Hé oui, comme elle sait (très) bien de quoi elle parle, Valérie Bour a fait travailler autant son imagination que ses souvenirs.
D’où cette histoire écrite avec la complicité de Marianne James … oui la chanteuse-musicienne-comédienne-humoriste-animatrice de télé … et notamment inoubliable créatrice de personnages hauts en couleurs tels Ulrika von Glott, la diva allemande plutôt déjantée ou bien Miss Carpenter, l’actrice hollywoodienne en quête de rôle.
Et la voici dans un autre rôle, celui de Tatie Jambon qui doit user et abuser de force stratagèmes pour endormir les enfants interprétés par Léonie et Adrien Buffet. Pas facile d’arriver à ses fins malgré les interventions tour à tour rassurantes et drôles, douces et exaspérées de cette tatie qui ne manque ni de bagout ni de suggestions : des histoires de princesses au yoga, en passant par le défilé de moutons voire l’hypnose !
Dessin de Soufie extrait du livret de 36 pages
11 CHANSONS POUR TROUVER LE SOMMEIL
Tatie Jambon; Douce lumière; Il était une fois; Le yoga du rire; Le chant des baleines; Les Hommes; Cher Mouton; Tout coton; Viens dans la voiture; Le temps des grands; Le musée amusé …
L’invitation au sommeil est déclinée en une douzaine de titres aux accents slow, rock, bossa, avec un zeste d’ambiance tropicale et des clins d’oeil aux sixties … entrecoupés par les interventions de Tatie Jambon Figure de proue médiatique de cette aventure, Marianne James y est entourée d’une joyeuse bande de musiciens unie par des liens amicaux et familiaux.
Les textes de Valérie Bour sont mis en musique par Sébastien Buffet et Philippe Bégin, réalisateurs et arrangeurs du CD …. Et également en studio pour interpréter un gardien de la paix (“Viens dans la voiture”) et le “gardien du musée amusé”.
Les deux compères participent aussi à l’album comme musiciens, en compagnie de Stéphane Chausse, Didier Havet, Didier Perrin … sans oublier Valérie Bour pour “les sabots de cheval” !
Certes, ce “conte musical à dormir debout” bénéficie de l’extravertie personnalité d’une Marianne James, très convaincante comme Tatie Jambon à la fois idéale et farfelue. Mais il résulte aussi d’une sacrée complicité dans laquelle s’est glissée l’auteur-compositeur-interprète Romain Lemire dans le surprenant personnage de “Charles-François Tremblay du Badelaine” !
Marianne James et Sébastien Buffet
EFFICACE ALCHIMIE AVEC ENTRAIN ET HUMOUR
Plusieurs créateurs-auteurs-musiciens-artistes mobilisés autour de “Tous au lit” se sont retrouvés l’an dernier pour une autre aventure également destinée au jeune public : “un conte musical au coeur des océans” réunissant Marianne James, Jacques Gamblin, Kent, Agnès Jaoui, etc. Voir article sur Les symphonies subaquatiques.
“Tous au lit !”, c’est le symbole d’une efficace alchimie entre imagination et talent, avec beaucoup d’entrain et d’humour aussi, le tout saupoudré de bon sens.
Mention spéciale au livret de 36 pages qui ne se contente pas de reproduire les paroles des chansons illustrées par l’imaginative Soufie.
S’y glissent en fin d’ouvrage quelques questions à lancer aux enfants qui ne dorment pas : pourquoi ronfle-t-on ? Pourquoi baille-t-on ? Combien de temps peut-on tenir sans dormir ? Qu’est-ce que le somnambulisme ? A quoi servent les rêves ?
Et si jamais vous n’avez toujours pas réussi à endormir vos enfants, rendez-vous sur la page voisine avec diverses expressions sur le sommeil à associer à une liste de huit mots ou expressions à compléter du genre : Tomber dans les bras de ? Ou bien “Comme on fait son lit” …
Bref vous l’aurez compris. Avec “Tous au lit!” paru aux Éditions des Braques il y a de quoi écouter et lire, chanter aussi … et même se creuser un peu les méninges avant de trouver ENFIN le sommeil. Assurément une authentique réussite artistique à partager avec des enfants .. de tous âges si le cœur vous en dit.
Voici un CD et un livre que je vous recommande vivement tant pour le sujet abordé que la poignée de talents qui s’est jetée à l’eau à l’invitation de l’inspirée Valérie Bour (dialogues, textes de chansons) et co-scénariste avec Sophie Bernardo.
Oui, bienvenue au fond des océans en compagnie de … mais oui … Dominique A (Phoébus, le dauphin) ; Kent (Herman, le cachalot) ; Laure Calamy (narratrice) ; Jacques Gamblin (Jack, le mérou); Marianne James (Sheila, la pieuvre); Agnès Jaoui (Sissi, la sirène) , Simon Teglas (Adrien, l’enfant qui sait parler sous l’eau) et nombre d’autres artistes !
Tout ce petit monde a plongé dans une incroyable aventure artistique vraiment pas comme les autres menée à bien pour les enfants de tous âges !
À l’occasion d’une plongée sous-marine, Sophie Bernado et Hugues Mayot, tous les deux musiciens, ont l’idée d’un conte pour enfants dans lequel il serait question de musiques qui permettraient aux humains de se reconnecter au monde marin.
65 MINUTES DE VRAI RÉGAL
Pris par leur travail, ils confient à Valérie Bour le soin d’imaginer et d’écrire l’histoire née d’une parole d’enfant (“C’est super, j’ai rêvé que je chantais sous l’eau, sur le dos d’un cachalot !”) et … le fil est donné pour la suite : Les Symphonies Subaquatiques prennent forme !
D’une durée totale de 65 minutes, ce conte musical écologique est un VRAI RÉGAL !
Sur un sujet qui aurait pu être austère (la protection des océans), Valérie Bour et ses complices s’en donnent à cœur joie dans un feu d’artifices de rythmes : jazz, disco, gospel, bossa nova, techno, rythme tropical, pop, berceuse, etc.
Réussies autant sur le fond que la forme, ces étonnantes ” Symphonies Subaquatiques” bénéficient d’un site très fourni avec quantité d’informations , de sons, de vidéos, sans oublier une partie pédagogique “pour en savoir plus sur les océan . Un superbe site à découvrir ICI .
Un album (et un livre aussi) à mettre ASSURÉMENT entre toutes les oreilles et toutes les mains EN FRANCE ET AUSSI DANS L’ESPACE FRANCOPHONE.
Envie d’en savoir plus sur ces coulisses de ce projet ?
Dans les 560 nouveaux romans de la “rentrée littéraire” en France, il n’est pas tout exagéré qu’affirmer que le 6ème ouvrage de la mauricienne Nathacha Appanah se classe dans le peloton de tête des livres qui font l’actualité. Coup de projecteur sur un livre-choc paru chez Gallimard (collection NRF) et dévoré en quelques heures.
Nathacha Appanah au cœur de l’actualité … et pas seulement littéraire. Ah non !
Pourquoi ? Pour bien des raisons enracinées autant dans le contexte mahorais de ces 175 pages que le tragique destin de ses personnages et aussi -bien évidemment – dans des phrases haletantes d’angoisses permanentes et de contagieux désespoirs … autant de mots saccadées à force tenter de s’approcher d’un irréalisable bonheur. Ou d’une moins d’une certaine vie quotidienne sans (trop de) malheurs sur cette terre française de l’Océan Indien.
CINQ (SUR)VIES AUX DESTINS TRAGIQUES
Marie, Moïse, Bruce, Stéphane, Olivier … Cinq prénoms, voire pseudonymes … cinq (sur)vies aux destins tragiques malgré quelques rares et hélas trop faibles lueurs d’espoirs. Cinq histoires qui se croisent, se déchirent, se retrouvent et explosent avec une force toute aussi implacable que logique.
Au départ, il y a “l’infirmière française” Marie qui s’installe à Mayotte avec Chamsidine, son mari, et c’est là que tout commence à se détraquer entre impossibilité d’avoir un enfant et adultère du mari mahorais …
Dès lors, malgré tout l’amour dont bénéficiera le petit Moïse, les événements vont s’enchainer. Inexorablement jusqu’à cette chute finale qui en dit long sur le destin ACTUEL de ces quelques 3 000 mineurs plus ou moins abandonnés à eux-mêmes, par leurs parents retournés contre leur gré aux Comores.
Chacun des 23 chapitres vous plonge, à la première personne du singulier, dans un ces bouts de vie où tout est permis et rien n’est impossible. A chaque personnage ou plutôt “anti-héros” de raconter avec ses mots bien à lui, comme il a vécu, survécu ET AUSSI -et c’est assurément un des atouts du livre – comment il en est mort …
SURTOUT NE PAS SE TAIRE
“Tropique de la violence” est né d’une INCONTESTABLE URGENCE chez Nathacha Appanah : surtout ne pas se taire suite à une série de constats aussi répétés que violents … observés durant les années 2008-2010 passées à Mayotte, avant d’y retourner brièvement durant quelques semaines en 2015.
Et la romancière mauricienne de raconter ce bref retour à Mayotte dans le quotidien Libération ( juillet 2016) : “J’ai accompagné d’autres pompiers, infirmiers, travailleurs sociaux, et j’ai traîné dans les ruelles bordées de cases roussies de Gaza, ce bidonville à la lisière de Mamoudzou, le chef-lieu de l’île, et écouté ceux qui ont bien voulu me parler. Les adolescents – souvent encore mineurs – s’organisent en bandes, volent, agressent et se droguent à la fameuse «chimique», ce mélange d’herbe, de tabac et d’un produit de synthèse équivalent au crack. Ils se gavent de clips rap hardcore pour imiter les gangs latino-américains”.
Impossible pour un journaliste mahorais ou métropolitain de raconter de l’intérieur ce qui se passe dans la vie quotidienne de ces jeunes sans avenir, ni dans leurs pensées déchirées entre l’envie de survivre et le besoin de s’affirmer.
D’où la force de ce livre qui vous transforme tout en tour en chacun des cinq habitants de cette ile des Comores ayant opté pour son rattachement à la France lors du référendum de 1974, à la différence des trois autres iles des Comores.
SE LAISSER ENTRAINER AVEC MO DANS LES SECRETS DE GAZA
C’est évident, il faut suivre Natacha Appanah sans opposer aucune résistance. Vous laisser entrainer avec Moïse devenu Mo dans les secrets de Gaza, marcher avec lui dans les “bas-fonds mahorais”, bien tenir en main la laisse fluo du chien Bosco, relire encore et encore le même livre “L’enfant et la rivière”, porter le sac à dos de couleur marron de votre maman adoptive.
Pas étonnant que ce livre fasse partie de la sélection des ouvrages en lice pour le Goncourt et le Prix Wepler.
Pas étonnant non plus que ce “roman” ait été qualifié sans hésitation de “chef-d’œuvre” par François Busnel dans son émission “La grande librairie”, jeudi 1er septembre sur France 5, en guise de présentation de ce “roman noir, sombre” entre “violence stupéfiante et” beauté frappante”.
Et j’hésite d’ailleurs à employer le mot “roman” tant ces 175 pages expriment une vie quotidienne à des années-lumières des préoccupations des touristes conquis par le “plus grand et le plus beau lagon du monde”. Ici pas de belles phrases littéraires chères à l’Académie Française mais des mots crus qui font mal, des actes qui blessent et font mourir aussi.
JUSTE QUELQUES TRANCHES DE VIE COUPÉES AU COUTEAU
L’auteure donne vie à cinq voix symboles de Mayotte, sans porter de jugement. Et sans prendre position. Juste en exprimant des pensées, des paroles, des actes .. avec en filigrane une infinie et impuissante tendresse pour tant de destins brisés quotidiennement … des réalités plus actuelles que jamais sur ce 101 ème département français …. et c’est pas de la “littérature” pour attendrir et émouvoir.
“Tropique de la violence” est un livre d’une rare cruauté évoquée sans voyeurisme ni “effets de style”. Juste quelques tranches de vie coupées au couteau d’une lame qui vous remue les tripes, le cœur, la tête aussi.
A lire, c’est évident. D’une ÉVIDENCE ABSOLUE pour ne jamais devoir dire “je ne savais pas”.
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Née en Alsace, élevée au Québec, en vacances en Floride : elle n’a pas fini de voir du pays, la petite Lorena ! Bien sûr, elle est souvent photographiée par ses parents, un couple d’Alsaciens établis dans la région de Trois-Rivières au Québec.
Mieux, depuis quelques années, elle est également l’incontournable repère de trois livres pour enfants parus dans la collection Jeunesse chez DOM Éditions.
Rencontre avec Martine Haas-Nunge, l’inspirée grand-mère auteure de ces découvertes sans frontières.
“De l’immobilier à l’écriture, pour mes adorables petits-enfants voyageurs, Lorena et Leo-Paul”.
L’immobilier c’est sans doute comme le journalisme ! Ça mène à tout à condition d’en sortir … comme on dit.
D’où cette dédicace au début de “Lorena en Alsace”, à côté d’une carte de France d’où ressortent, en vert, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Une phrase qui résume bien l’étonnante histoire de cet agent immobilier établie dans la région de Colmar … devenue auteure de livres pour enfants.
Lorena à New-York
UN COUP DE CŒUR DE L’ÉDITEUR DOMINIQUE TISON
Été 2012, c’est le déclic. Car bien qu’elle séjourne régulièrement au Québec pour revoir ses petits-enfants Lorena et Leo-Paul, Martine Haas-Nunge est désolée désolée de ne pas les voir plus souvent. Lorena a alors trois ans et ses photos laissent pensive sa grand-mère.
Certes, les nouvelles technologies facilitent aujourd’hui les échanges entre les membres d’une même famille qu’un océan sépare, elle restait sur sa faim.
Une grosse faim d’autant plus que les parents de Lorena sont de grands voyageurs comme en témoignent nombre de photos transmises par Martine Hass-Nunge : Boston, Chicago, Mexico, Vancouver, etc. Et aussi Ribeauvillé en Alsace, Miami en Floride et le Québec … D’où ces photos de Lorena illustrant cet article et publiées avec l’accord de ses parents.
Poussée par l’envie d’offrir à sa petite-fille des souvenirs de voyage ne se résumant pas à des photos ou vidéos, l’agent immobilier prend donc sa plume, durant l’été 2012, inspirée par les nombreux voyages internationaux de sa petite-fille.
Et elle rédige le texte de “Lorena en Alsace” qui retient l’attention d’une maison d’édition de Colmar, paru chez Dom Éditions. Assurément un coup de cœur de l’éditeur Dominique Tison revu samedi 16 avril au Salon du Livre de Marlenheim où j’ai fait (enfin) la connaissance de l’auteure dont j’avais entendu parler.
Chaque exemplaire est vendu 5 euros chez l’éditeur
AVEC LA COMPLICITÉ DU DESSINATEUR NICOLAS WILLMANN
Non, ne vous affolez pas ! Ce n’est pas un gros ouvrage indigeste, mais bel et bien un livre pour enfants 18 pages équitablement réparties entre texte et dessin. Un bref texte sur la page de gauche et un dessin d’une pleine page signé Nicolas Willmann.
En effet, c’est Lorena qui raconte l’Alsace à travers divers repères facilement identifiables pour une enfant de trois ans : maisons à colombage, cigognes, châteaux forts, seigneurs et chevaliers, choucroute, sans oublier sa poupée Poupinette portant le costume traditionnel.
Inspirée des voyages de sa petite-fille, Martine Haas-Nunge signe un livre à la fois ludique et pédagogique. Car Lorena en Alsace” raconte une région à travers les mots d’une petite fille.
Ici on va à l’essentiel, à travers le regard d’une enfant curieuse de découvrir son environnement. Le genre de livre que vous lisez à votre enfant en prenant le temps de commenter chaque dessin donnant du relief aux découvertes et commentaires de Lorena.
SCOOTER DES NEIGES, POUTINE, MAGASINAGE ET TIRE D’ÉRABLE
“Lorena en Alsace” a paru durant le 3ème trimestre 2014, en même temps que deux autres livres de la même veine : “Lorena au Québec” et puis “Lorena en Floride”. Toujours avec la même dédicace pour les deux petits-enfants publiée à côté d’une carte du pays ou de la région concernée, avec des dessins du même illustrateur, et surtout dans le respect de l’esprit dans lequel a été rédigé le premier livre de la série.
Scooter des neiges ; plages du fleuve Saint-Laurent (“On dirait une mer tellement c’est grand!” ) ; bateaux pris dans les glaces du fleuve en hiver; sucette de tire d’érable; “magasinage” à Montréal dans les “immeubles très très hauts, avec plein de magasins en sous-sol”; écureuils du Mont-Royal; poutine; autoroute à perte de vue avec ses “immenses camions rutilants et colorés”; caribous …
C’est sans aucun doute le regard synonyme de surprises de la jeune Lorena en vadrouille sur sa terre d’adoption.
Lorena au Québec
LORENA RACONTE, S’ÉMERVEILLE, VA SE SURPRISE EN SURPRISE
Ce genre de livre pour enfants a le mérite d’aller au-delà des habituels clichés, des cartes postales.
Car c’est la jeune Lorena qui – à travers les mots de sa grand-mère – raconte, s’émerveille, va de surprise en surprise sans perdre son âme d’enfant.
Après la terre natale et la terre d’adoption, Lorena découvre la Floride : Miami, plages de sable blanc; châteaux de sable construits avec son père; parc d’attraction avec rencontre des personnages de Disney; crocodiles des Everglades découverts depuis un hydroglisseur; centre spatial Kennedy; piscine et cocotiers; etc.
Cette photo prise à Miami a a été reproduite par le dessinateur dans “Lorena en Floride”
MARTINE HAAS-NUNGE SUR LES PAS DE LORENA A NEW-YORK ET EN MARTINIQUE
Évidemment, Martine Haas-Nunge est bien décidée à continuer cette aventure tant éditoriale que familiale. Après l’Alsace, le Québec et la Floride, Lorena s’en ira découvrir New-York et aussi la Martinique …
Les idées ne manquent pas, et l’auteure est prête à continuer à raconter les voyages de sa petite-fille, avec la complicité de son illustrateur et aussi de l’éditeur Dominique Tison qui se présente à juste titre comme un “révélateur de talents”.
On ne peut que lui souhaiter que cette série de Lorena emprunte une voie synonyme de succès populaire à l’instar de la fameuse collection de Martine publiée par Castermann. Soit plus de 80 livres pour enfants signés Gilbert Delahaye et Marcel Marlier : que de lecteurs depuis le premier tome, “Martine à la ferme” paru en 1954 jusqu’au “Martine et le prince mystérieux” sorti en 2010 : 65 millions d’exemplaires vendus en langue française et 35 millions en langues étrangères, traduites dans une trentaine de langues.
De quoi faire rêver un éditeur audacieux et obstiné comme Dominique Tison, non ? On peut toujours rêver, et en attendant cet éditeur agit quotidiennement, notamment bien présent sur les réseaux sociaux où il a même lancé un groupe publié pour les Amis qui aiment DOM Éditions.
Lorena à Key West, en Floride
Samedi 16 avril 2016, Salon du Livre Alsatique et Jeunesse à Marlenheim. Martine Haas-Nunge kiosque de DOM Éditions
EN ATTENDANT DE RETROUVER “LEO-PAUL A PARIS”
Comme Lorena grandit, sa grand-mère peut évidemment adapter au fur et à mesure des prochaines parutions le ton de sa petite-fille.
Et qu’en pense donc son frère Léo-Paul ? Pas de risque de jalousie … car sa grand-mère travaille sur un “Leo-Paul à Paris” !
Si le lectorat est au rendez-vous, l’inspiration de l’auteure l’est aussi. Aux parents et grands-parents qui ont envie de soutenir ce beau projet de réagir à présent. Comme dirait l’éditeur Dominique Tison, “le livre, c’est un cadeau pour soi ! Et un cadeau d’amour ou d’amitié pour les autres !”.
Alors à vous de jouer … avec Lorena et son regard d’enfant sur ses aventures sans frontières et en famille.
Début mars 2015 sera enfin disponible -L’Eden est un bazar”, 3ème enregistrement de l’auteur-compositrice-interprète interprète Janie Renée. Rencontre avec une attachante artiste franco-ontarienne à la fois fragile et sûre d’elle, aux textes inspirés mis en valeur par des mélodies inédites enracinées dans sa passion du jazz, mais pas que …
Oui, après le CD Les Valises (12 chansons originales) lancé en Octobre 2012, puis le single “Comme un Blues Tattoo” sorti en janvier 2015, Janie Renée se lance dans une nouvelle aventure qui n’est pas seulement artistique.
LE DÉFI DES PRODUCTIONS DE L’INCONVENTIONNELLE
Premier constat : il en faut du courage, de l’audace, de la persévérance pour s’aventurer dans un registre synonyme d’exigence. S’il est vrai que la musique nourrit Janie Renée depuis son enfance, pas évident du tout de s’affirmer en Ontario, voire au-delà dans le jazz francophone.
Mais il n’y a pas là de quoi la décourager, et c’est sous son label des Productions de l’Inconventionnelle/ Les Disques Mme – qu’elle a sorti ses trois opus bénéficiant de la distribution de l’APCM : l‘Association des professionnels de la chanson et de la musique, une des structures majeures de la chanson francophone en Ontario.
Et je dirai même vitale pour les talents francophones de cette vaste province du Canada (deux fois la France! ) ne demandant qu’à s’épanouir. D’où ce qualificatif de “fragile” employé à dessein, car Janie Renée a évidemment pris elle-même les choses en main pour créer et s’affirmer.
Son entreprise Les Productions de l’Inconventionnelle figure parmi la dizaine d’entreprises franco-ontaroises mobilisées autour de l’IPIMFO : l’Initiative de promotion internationale de la musique francophone de l’Ontario dont les initiatives ont constitué un des temps forts du récent Contact Ontarois accueilli par Ottawa du 13 au 16 janvier 2016.
Ces repères me semblaient importants à évoquer, pour bien situer le contexte dans lequel évolue cette artiste francophone dans une province canadienne à majorité anglophone. Il aurait été évidemment bien plus facile pour sa carrière de “chanter en anglais” en reprenant les incontournables standards.
“LA VÉRITÉ, C’EST QUE J’ÉCRIS DES CHANSONS DEPUIS MON ENFANCE”
Mais voilà, Janie Renée Myner (qui a retenu ses deux prénoms en guise de pseudonyme) est têtue et chante en français ses propres chansons. Allez savoir pourquoi se compliquer ainsi la vie ! Assurément une question d’identité franco-ontarienne, d’amour pour la langue française tout simplement.
Une langue qui l’incite aux confidences suivantes : “Telle une alchimiste, je concocte des potions multiples, tirées de mon quotidien, de mes mémoires et de ma vie. La vérité, c’est que j’écris des chansons depuis mon enfance. En plus de saupoudrer d’humour les situations loufoques dont je suis témoin, je traduis mes humeurs, mes pensées et je les accompagne de musique. J’affectionne particulièrement le blues et le jazz. Alors ne vous surprenez pas de lire ou d’écouter des textes mordants, parfois comiques, parfois sérieux– ce sont toutes des facettes de moi”.
Janie Renée n’est ni Québécoise ni Acadienne, que ce soit bien clair. Et elle revendique haut et fort ses origines : “Je tient mes racines de l’Est-Ontarien, plus précisément de St-Eugène, un petit coin de l’Ontario français qui vivote allègrement, loin des pressions des villes et qui résonne toujours au diapason de la terre et des saisons”.
Sa trajectoire artistique, elle la place résolument hors des autoroutes rectilignes et des recettes à appliquer à tout prix. Chez elle, un évident besoin d’authenticité va de pair avec l’envie de chanter la vie, les petits soucis, les déchirures (“Loin de toi, loin de moi”, les situations qui prêtent à sourire, les comportements qui donnent à réfléchir aussi.
Car au-delà des mots qui font mouche, comme ses délirantes “Mémés Versace”, elle sait s’y prendre pour émouvoir et faire rire.
D’où ces 12 chansons dont elle a signé tous les textes et la majorité des musiques aussi, exception faite de “L’embuscade” (avec Didier Lozano); “Ma biguine” (avec Ronald Tulle). Et Léo Laroche qui cosigne le texte de “La semeuse d’histoires”.
Quand on prend vraiment le temps d’écouter “L’Eden est un bazar”, on est agréablement surpris tant par le fond que la forme. A commencer par le soin apporté à l’enregistrement. S’il est vrai que les arrangements des cuivres signés Mark Ferguson occupent une place essentielle sur cet opus, Janie Renée s’est entourée d’une sacrée brochette de musiciens.
Leur nombre et leur diversité témoignent du défi relevé par cet album aux multiples sonorités : guitares (Louis Trudel); contrebasse (Jean-François Martel); batterie (Magella Cormier” ); percussions (Joanna Peters); piano (Michel Ferrari); trombone (Mark Ferguson); trompette (Nicholas Dyson); saxo et clarinette (Mike Tremblay).
C’est dans la chanson “D’Adam et d’Eve” qu”il faut déceler l’origine du titre de l’album : l’artiste est bien décidée à “rester Eve” dans ce texte aux accents oniriques, où “le piège, c’est le refus de garder les yeux clos”. Donc “L’Eden est un bazar” avec ses sous-entendus, ses situations vécues en songe, ses “jeux d’ombres” et ses “fresques de vertu”.
Certaines chansons pourraient tout à fait inspirer un clip des plus expressif, comme “La goguette du Chat Noir”, “Le diner solitaire” ou bien “Les Mémés Versace” , ces “vieilles greluches en mission”qui ont passé l’âge des diètes” décrites de manière très expressive sur un rythme de tango.
ENTRE CHANSON, JAZZ, SAMBA, BIGUINE … ET TANGO
Pas étonnant donc qu’elle qualifie de “jazz hybride” le registre dans lequel elle s’épanouit.
Remarquée en juin 2014 au Festival en chanson de Petite-Vallée alors qu’elle participait aux Rencontres qui chantent, Janie Renée se situe vraiment à part dans la chanson franco-ontarienne.
Et impossible de l’enfermer dans un seul registre : un des atouts de cet opus, c’est justement de ne pas s’en tenir au jazz, mais se laisser porter aussi par d’autres couleurs musicales. Et de s’aventurer aussi notamment du côté de la samba et des rythmes antillais avec “Ma biguine” et “Don Quichotte”. Sans parler du dernier titre, ” Tout Simplement” : un duo avec le chanteur-musicien martiniquais Tony Chasseur .
Surprenante escapade ?
Pas vraiment puisque Janie Renée a effectué en Martinique une résidence d’artiste axée sur la polyrythmie avec deux maitres percussionnistes, en septembre et octobre 2015. D’où plusieurs concerts donnés dans ce département français d’outre-mer, avant de séjourner à Paris dans le cadre du MAMA (Marché des musiques actuelles) avec la délégation de l’IPIMFO.
Ces dernières années, elle a ainsi participé à diverses délégations de l’IPIMFO, loin de son Ontario natal, dont le Womex (World Music Expo) à Budapest en octobre 2015 et les BIS (Biennales internationales du spectacle) en janvier 2016 à Nantes.
“RESSEMBLANCES NOTABLES ENTRE ARTISTES DES ANTILLES ET CEUX DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE HORS QUÉBEC”
Cette indispensable ouverture d’esprit sur des événements professionnels s’avère primordiale pour elle, tant comme artiste évoluant entre chanson, jazz et musiques du monde que créatrice des Productions de l’Inconventionnelle.
Et de se rendre (hélas) compte que les mêmes obstacles sont à surmonter, qu’on vive en Ontario ou en Martinique. D’où ce constat sur dans son expérience antillaise, au contact des artistes antillais :
“Que ce soit des diatribes sur les « étiquettes » qu’on impose aux artistes, sur un constat du manque de développement de nos industries musicales respectives, bref….y’a des ressemblances notables entre les artistes d’ici et ceux de la francophonie canadienne hors Québec. On est largement auto-produits, on a les mêmes embuches à la commercialisation, les mêmes réactions face au streaming et à la disponibilité des produits artistiques de façon non-règlementée (et surtout peu payantes) sur le web…. Cette réalité là, elle nous colle à la peau”.
En attendant l’ouverture de son nouveau site, je vous incite à retrouver cette attachante artiste franco-ontarienne sur internet, notamment au gré de ses vidéos de concerts.
Histoire d’aller bien au-delà de la pochette du nouveau CD qui n’exprime pas avec justesse les diverses facettes de sa personnalité. Un album aux 12 chansons ORIGINALES au sens fort du terme à savourer sans modération.
“Une nouvelle chanson, comme un cadeau de fin d’année ! ” lance avec enthousiasme PA Cassidy sur sa page FB.
Et Geneviève Toupin d’ajouter sur sa page FB : “Cet été j’ai eu le plaisir de participer à une semaine d’ateliers d’écriture avec Gilles Vigneault. C’est là que j’ai rencontré Paule-Andrée Cassidy et nous avons composé cette chanson ensemble, c’était un exercice d’écriture, il me semble qu’on devait faire des vers de 7 pieds… en tout cas, c’était ben l’fun et voici le résultat”.
Enregistrée au Studio Tempo à Montréal le 15 décembre, voici une superbe chanson d’autant plus symbolique qu’elle réunit trois voix INCONTOURNABLES de la chanson francophone d’Amérique du Nord : PA Cassidy, Genevieve Toupin et Anique Granger.
Trois artistes originaires de trois espaces francophones : Québec (Paule-Andrée), Manitoba (Geneviève) et Saskatchewan (Anique ).
Trois femmes aux destins artistiques assurément complémentaires. Car sans se concurrencer, elles s’affirment dans des registres musicaux divers, où la chanson d’expression française occupe une place de choix.
La complicité entre Paule-Andrée et Geneviève (qui signent toutes les deux paroles et musique) s’enrichit ici avec la participation d’Anique.
“Comme aiguille dans l’horloge” : un premier pas à renouveler pour d’autres chansons, voire tout un album à trois voix ? Et pourquoi pas ?
A noter le clin d’oeil à Gilles Vigneault dans le générique du clip et aussi dans les paroles évoquant “Les gens de tous mes pays”‘. Une allusion à une chanson très connue au Québec car chantée lors des anniversaires.
Coup de chapeau au journaliste Réjean Paulin et ses étudiants en 2ème année de journalisme du collège francophone La Cité d’Ottawa.
Voici les quatre “unes” de leur quotidien “Le Sagacité” paru entre le 13 et e 16 janvier durant Contact Ontarois.
Une passionnante expérience collective menée tambour battant au gré des rencontres, des vitrines musicales et des papiers de fond rédigés chaque jour au rythme de Contact Ontarois !
Une sympathique aventure d’équipe qui me rappelle évidemment de bons souvenirs enracinés en Gaspésie, ….
…. du côté du Festival en chanson de Petite-Vallée avec le quotidien “Le Rappel” publié en liaison avec Alan Côté, Marc-Antoine Dufresne, Jean-Charles Labarre, André Bujold et autres incontestables passionnés de chanson francophone : à renouveler cette année !