Certains artistes francophones d’Amérique du Nord sortent incontestablement de l’ordinaire, par leur parcours personnel, leurs choix artistiques, leur présence scénique. Et aussi par leur liberté de création qui se joue des frontières à tous les sens du terme.
Yao fait partie de ces voix qui savent émouvoir, faire réfléchir, et danser aussi. LAPSUS, son 3ème album solo sorti en six ans, met en évidence un créateur des plus inspirés. Explications.
MÉTISSAGE, UNE FORCE INCONTESTABLE
Sur la scène francophone de l’Ontario, Yaovi Hoyi alias Yao surprend à bien des égards. Ses racines, elles s’affirment multiples aussi bien dans sa vie personnelle qu’artistiques, et ce métissage, il en a fait une force qui éclate avec brio dans les 44 minutes et 49 secondes de LAPSUS.
Cet album résulte d’un double travail : d’abord l’envie et le besoin de créer. Une volonté écrire qui donne libre cours à son imagination, ses rêves et ses remises en question aussi, en utilisant un vocabulaire riche, inspiré.
Et puis il y a le travail d’équipe, mené à bien avec une demi-douzaine de compositeurs, et une poignée de musiciens (synthés, batterie, guitares, etc). D’où un album de 13 titres, offerts en solo … avec selon les titres la participation de plusieurs voix telles Julie-Kim Beaudry, Cathy Vallières, Peter O’lean, Gabriel Whiting, Céleste Lévis, F.L.O. etc.
DES TEXTES A SUIVRE A LA TRACE
Dans cette province canadienne où la langue française est minoritaire – à la différence du Québec – le choix de chanter en français est un acte tout aussi militant qu’artistique pour Yao … invité fin novembre 2016 aux célébrations du XVIe Sommet de la Francophonie, à Antananarivo, la capitale de Madagascar. De quoi – une fois de plus et dans des circonstances totalement inédites – affirmer un répertoire des plus percutants et des plus poétiques aussi.
Car il faut bien reconnaître que trois ans après son précédent album, “Perles et Paraboles”, la veine créatrice de Yao est plus performante que jamais avec LAPSUS : un opus bénéficiant d’une superbe pochette très classe, et un livret qui l’est tout aussi, à la fois sobre et raffiné. Avec en prime les textes à suivre à la trace tout en écoutant l’album … c’est du moins ce que j’ai fait après m’être passé à plusieurs reprises cet opus en voiture !
REFUS DE LA FATALITÉ ET APPELS AU BON SENS
Ah les textes de Yao …
Il faut bien en dire un mot de ces textes, souvent longs – voire très longs comme “Étrange absurdité” ! Autant d’émotions et d’observation, d’appels au bon sens et à la tolérance, au refus de la fatalité et aux dangers du mimétisme (“Comme eux”). Vous savez, quand la personnalité est enfouie, niée au profit de comportements adoptés pour “être comme les autres”…
S’y glissent aussi d’autres thèmes, tel la déchirure sentimentale évoquée ici d’une manière originale (“L’amour et la guerre”) … la séduction aux allures de coup de foudre (“Échec et mat”) … la dépendance amoureuse (“Dans le sang”) …
Et voilà comment l’on en arrive à ce drôle de paragraphe mis en évidence dans le livret de l’album : “Prisonnier des LAPSUS que j’ai DANS LE SANS, je suis devenu NOMADE. Et cela, au risque d’un ÉCHEC ET MAT dans ce jeu de L’AMOUR ET LA GUERRE. Je ZIGZAG dorénavant cette ÉTRANGE ABSURDITÉ d’une douce FOLIE A DEUX. Te cherchant au milieu des INTERFÉRENCES. S’il te plait, PARLE-MOI. Que je sois enfin K.O. en me voyant COMME-EUX, dans des éclats de nos RÊVES D’ENFANTS”.
UN ALBUM PERCUTANT ENTRE POÉSIE ET SLAM
Impossible d’enfermer ce” poète slameur” – appellation la plus courante en vigueur pour cet artiste – dans un seul registre.
Originaire du Togo, il a vécu en Côte d’Ivoire avant de trouver sa voie au Canada, depuis 17 ans. Là à vivre au rythme du monde, de ses rythmes, il n’y a qu’un pas franchi en toute décontraction dans cet album de 13 titres.
LAPSUS, réalisé comme “Perles et Paraboles” par Sonny Black, serait-il un album “plus soul, un peu plus funk, un peu plus pop” ? Oui si l’on en croit les médias canadiens mais l’essentiel se situe ailleurs à mon sens. Dans l’énergie verbale et physique dépensée en studio et sur scène par Yao apprécié à plusieurs reprises en pleine action … comme lors d’une mémorable et trop courte “vitrine musicale” à la FrancoFête à Moncton.
L’amour des mots, la passion d’une langue intensément belle, Yao ne les cultive pas seulement pour son petit plaisir. A travers ses choix artistiques il n’oublie jamais d’affirmer haut et fort les valeurs d’un métissage qui le concerne d’autant plus qu’il se définit comme “roux et métissé”.
Mention spéciale pour une diction qui met en valeur des textes dont il varie le rythme au gré des couplets comme dans “Parle-moi” également porté par la voix forte et frissonnante de Cathy Vallières … ou encore “Interférences” offert dans un efficace duo avec l’intense Julie-Kim Beaudry.
“MON ANOMALIE PARADOXALE”
Ayant eu la chance de découvrir, à Ottawa, durant Contact-Ontario, des extraits de son spectacle de poésie théâtrale intitulé Négritude et Métissage, j’ai encore mieux compris l’authenticité de l’engagement de Yao.
Sa sensibilité envers des voix et des plumes telles que Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire ou Daniel Maximin en disent long sur un artiste qui n’est pas seulement préoccupé par l’envie de “faire carrière”.
Passionné par les musiques et les chansons, il l’est aussi par l’écriture, la littérature, la philosophie. Et évidemment le métissage dans lequel s’enracinent en permanence sa vie personnelle et son œuvre.
C’est “mon anomalie paradoxale” comme il l’explique dans un long texte où l’on croise entre autres Voltaire et Epictète, Le Petit Prince de Saint-Exupéry et Albert Camus … Sans oublier Angela Schwindt qui déclare : “Alors que nous essayons d’enseigner la vie à nos enfants, nos enfants nous montrent ce qu’est la vie” .
Ce texte des plus intéressants, on peut le retrouver à la fin du long article consacré à Yao en janvier 2014, suite à un entretien réalisé Place du Châtelet à Paris.
UN COUSIN D’ABD-AL-MALIK A FAIRE CONNAITRE EN FRANCE
En avril 2013, après avoir vu Yao pour la première fois sur scène, au Centre National des Arts à Ottawa, je l’avais qualifié de cousin d’Abd-al-Malik dans un article intitulé “Le poids des mots, le métissage des rythmes”.
“Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.
S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes.
Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre”.
Aujourd’hui je ne retire rien de ce premier constat, heureux de suivre l’évolution d’un créateur qui aime se jouer des frontières, comme le confirme si intensément son nouvel album.
Yao a la tête bien sur ses épaules, et c’est en toute connaissance de cause – comme évoqué un jour durant une longue conversation au Village en Chanson de Petite-Vallée à qu’il a, voici quelques années, abandonné “une belle carrière” toute tracée dans le milieu de la banque pour “devenir artiste”. Un sacré choix de vie assurément !
“J’ÉTAIS PICASSO DEVENU BAUDELAIRE”
Avec ce 3ème opus lancé en novembre à Montréal et Ottawa, Yao vient de franchir une nouvelle étape tant sur le fond que la forme de ses créations.
Alors à quand une meilleure visibilité en France ? Car il a vraiment TOUT pour retenir l’attention du grand public, et son titre “FOLIE A DEUX” est un des exemples les plus percutants, dansants aussi.
“J’étais Picasso devenu Baudelaire” lance Yao dans “Interférences”, plus ouvert que jamais à l’expression artistique sous diverses formes.
Mis en valeur dans le livret, cette affirmation résume bien une des voix majeures de la chanson francophone efficacement soutenue par l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique : “une référence incontournable de la musique franco-canadienne”.
“LAPSUS”, un album à découvrir, c’est évident. Yao, un artiste à suivre, à encourager.
Regardez bien le banc au bas de ce paragraphe. Vous y voyez Marie-Claire Séguin, un des fidèles “arrimeurs” du festival, un des artistes attentifs à la nouvelle génération venue “apprendre” à Petite-Vallée.
Envisagez-vous de vous y asseoir à un moment ou un autre entre le 27 juin et le 5 juillet ? Si oui, vous faites partie des privilégiés qui vivront le 32ème Festival en chanson de Petite-Vallée avec son artiste passeur Vincent Vallières.
L’auteur-compositeur-interprète québécois a d’ailleurs profité des FrancoFolies de Montréal pour présenter cet événement majeur de la chanson québécoise organisé cette année sous le thème «Ok on part”.
Parler de chanson francophone d’Amérique du nord, c’est immédiatement penser au Québec. Un réflexe naturel étant donné le nombre d’artistes et de groupes de la Belle Province désormais connus en France.
Et puis il arrive, de plus en plus souvent depuis quelques années, qu’on pense aussi à l’Acadie : une nouvelle génération de talents – comme Lisa LeBlanc, Les Hay Babies ou Caroline Savoie – s’affirme de plus en plus au fur et à mesure à travers l’Hexagone.
Et puis ? Et puis c’est la plupart du temps place au grand vide car la francophone hors Québec et hors Acadie a des allures de trou noir intersidéral.
Barbara, Françoise Hardy, voire “Amélie Poulain de la chanson québécoise”… Il faut toujours se méfier des comparaisons artistiques, si flatteuses soient-elles, reprises dans la presse québécoise.
Certes, depuis la sortie de son album homonyme de dix titres en mai 2013, Marcie a bénéficié de (très) nombreux coups de projecteurs dans les médias québécois. Et, pour cerner la personnalité et le style d’une illustre inconnue – si talentueuse soit-elle – il est toujours tentant d’en référer à des voix reconnues, à des répertoires renommés.
Mais à force de faire allusion à ses illustres aînées, subsiste le danger d’offrir une image déformée – donc partielle et partiale – de cette jeune auteure-compositrice-interprète originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Alors en piste pour l’univers de Marcie Michaud-Gagnon qui fait carrière sous son seul prénom.
C’est au Camp chanson de Petite-Vallée que se sont réunis ce jeudi 27 juin les invités, artisans et artistes du Festival en chanson pour le lancement officiel de la 31ème édition de l’événement.
Au menu, grand barbecue et présentation des chansonneurs, paroliers, compositeurs et des participants aux Rencontres qui chantent.
Décontracté, chaleureux et professionnel : c’est dans une bonne humeur contagieuse qu’Alan Côté a animé mardi 18 juin la conférence de presse du Festival en Chanson de Petite-Vallée.
Rendez-vous avait été donné aux médias et aux artistes concernés par l’édition 2013 dans les locaux des Francofolies de Montréal. Coup de projecteur sur cet événement gaspésien fertile en bonnes surprises du côté d’une programmation jouant la carte de l’innovation sans pour autant négliger les talents confirmés.
Bien que la présence de la communauté francophone en Ontario remonte à 400 ans, l’expression “Franco-Ontariens” est récente. En effet, à force d’être sans cesse qualifiés de Québécois par les Ontariens anglophones, les “Canadiens français” de cette province ont décidé de prendre les choses en main. De prendre leurs distances face à la culture québécoise. Quitte à affirmer une identité bien spécifique marquée – entre autres symboles forts – par la création d’un drapeau ! Explications.
Avant d’en revenirà la chanson franco-ontarienne, quelques points de repère linguistiques s’imposent. Il est vrai que le réveil d’une chanson francophone enracinée dans l’Ontario d’hier et d’aujourd’hui a largement contribué au besoin et à l’envie d’affirmation d’une identité propre.
Aussi les “Canadiens français” de l’Ontario se sont redéfinis en tant que Franco-Ontariens, se reconnaissant avec fierté dans “Notre Place”, chanson considérée comme “l’hymne national franco-ontarien” et signée Paul Demers et François Dubé. A découvrir ci-dessous chanté par Paul Demers, Robert Paquet et le groupe Hart Rouge de la Saskatchewan.
Ces considérations linguistiques sont plus importantes qu’il n’y paraît, car dans la francophonie ontarienne – et notamment dans sa chanson – il est des mots qui prennent qui prennent un sens particulier, différent de celui du contexte québécois.
“Ontario : chronique d’une survie annoncée”
“Ontario : chronique d’une survie annoncée” : c’est le titre d’un article de trois pages parues en 1996 dans la revue québécoise Chansons, hélas disparue, et dont le rédacteur en chef était un certain Alain Chartrand : oui l’actuel directeur de Coup de Coeur Francophone !
Ce coup de projecteur sur l’Ontario est en fait une des pièces maîtresses d’un formidable dossier de 19 pages sur la chanson dans la francophonie canadienne. Il y est notamment question de l’Acadie (“Complicité souhaitée”), du Manitoba (“Espace musical”), de la Saskatchewan (“Plaine effervescence”), de l’Alberta (“Fragile), de la Colombie-Britannique (“La chanson a une ville”).
Dans les pages sur l’Ontario, le journaliste Dominique Denis, alors chroniqueur dans divers médias (Express de Toronto, CJBC, Radio Canada) évoque avec précision cette “Question d’adjectifs” selon l’expression d’un encadré de son dossier.
“Dans l’usage courant, les francophones se désignent par l’appellation on ne peut plus logique de franco-ontarien. Mais depuis les années 70, qui ont vu l’éveil d’une identité tout à fait distincte du cadre de référence québécois, l’adjectif ontarois semble avoir la cote chez les éléments les plus militants de la communauté, sans toutefois faire l’unanimité auprès de la population dans son ensemble. Cela dit, c’est le terme choisi par plusieurs, dont Maurice Lamothe qui a signé, avec “La chanson populaire ontaroise -1970-1990″ la plus importante référence écrite sur le sujet”.
Et le journaliste de donner un peu plus loin un exemple des plus révélateurs de l’évolution de la langue française : “Dans sa chanson Le Grand six-pieds écrite en 1961, l’auteur-compositeur-interprète Claude Gauthier chante “Je suis de nationalité canadienne-française”. A partir de 1965 il chante “québécoise française” et à partir de 1979 “Je suis de nationalité québécoise”.
L’exemple de ce changement de vocabulaire chez un artiste québécois fait écho à l’évolution du français en Ontario. Précisément dans ce besoin d’affirmer une identité aux contours précis (franco-ontarien) et non plus “canadienne française”, une expression également vécue – au Québec – par Claude Gauthier : ses 50 ans de carrière en disent long sur son engagement permanent en faveur de la langue française. Après 150 concerts en trois ans avec ses complices du spectacle “La boîte en chansons”, Il vient d’ailleurs de sortir un nouvel album de 12 chansons originales intitulé tout simplement “50 ans plus loin” (Les Disques de la tribu).
Cette constance sans faille de Claude Gauthier à chanter en français témoigne d’une formidable longévité artistique et militante… qui rappelle avec force le parcours de plusieurs figures majeures de la chanson franco-ontarienne tels Paul Demers, Robert Paquette ou Marcel Aymar pour ne citer qu’eux.
C’est dire aussi combien l’emploi du mot juste est important au coeur de la francophonie d’Amérique du Nord, que ce soit au Québec, en Ontario ou ailleurs comme en Acadie par exemple ! D’autant plus qu’à l’exception des talents de la Belle Province, absolument les autres artistes francophones vivent dans un contexte minoritaire où le bilinguisme est de mise, dans la vie quotidienne. Une évidence qu’il est bon de rappeler notamment auprès des médias français pour lesquels un artiste d’Amérique du Nord chantant en français est “automatiquement” québécois.
Samedi 23 mars, devant l’Auditorium Fraser pour la 40ème Nuit sur l’Etang : deux bénévoles de l’Association canadienne-française de l’Ontario du Grand Sudbury. L’ACFO se présente comme le “distributeur officiel du drapeau franco-ontarien”
“A cheval entre deux cultures, tiraillés entre l’engagement et le reniement, coincés entre le poids démographique du Canada anglais et l’indifférence du Québec”
Aujourd’hui, en Ontario, le qualificatif “Franco-Ontarien” a pris le dessus sur le terme “Ontarois”. Bien que ce terme existe depuis quelques décennies, c’est plus souvent la génération francophone la plus jeune qui utilise le terme de “Franco-Ontarien” pour se définir. Mais il semble que les générations plus âgées utilisent encore le terme de Canadiens français … Une expression que le producteur parisien Jacques Canetti avait d’ailleurs largement utilisée au début des années 50 en faisant connaître Félix Leclerc en France !
“En conclusion, un mot sur la langue, principal baromètre de la santé de toute société qui vit en milieu minoritaire. Les rapports qu’entretiennent les artistes de l’Ontario français (et la société franco-ontarienne dans son ensemble) avec leur langue sont, on le devine, complexes : à cheval entre deux cultures, tiraillés entre l’engagement et le reniement, coincés entre le poids démographique du Canada anglais et l’indifférence du Québec, les Franco-Ontariens doivent composer avec cet outil que l’auteur-compositeur et dramaturge Jean-Marc Dalpé qualifie de “langue dyslexique”, “avec des mots qui manquent”, outil qui se trouve, de façon permanente, en proie à l’érosion”.
Publiée en 1996 dans la revue québécoise “Chansons”, cette analyse de Dominique Denis, prend – évidemment – un nouveau relief quand on la met en parallèle avec l’actuelle situation de la langue française au Canada.
La ville de Sudbury vit au rythme d’un bilinguisme qui se reflète de plus en plus dans les textes de la nouvelle génération d’artistes franco-ontariens. Deux exemples parmi d’autres de ce bilinguisme avec les photos ci-dessus d’une boulangerie et ci-dessous d’un centre pour jeunes
Ecrire en français “à la face du monde”, au coeur de Sudbury, notamment sur les murs de la cité !
Plus de 6,9 % des francophones du Canada résident en Ontario, soit 532 865 en 2006 et et 561 155 en 2011
Au fait, comment se porte actuellement le français au Canada ? Aujourd’hui, l’utilisation de la langue française y subit un lent et inévitable déclin selon le rapport de Statistique Canada d’octobre 2012. Ce rapport repose sur le recensement de 2011 : 30,1 % des Canadiens sont capables de soutenir une conversation en français contre 30,7 % lors du dernier recensement, en 2006.
Selon Statistique Canada, environ 10 millions de personnes au Canada affirment être en mesure de soutenir une conversation en français contre 9,6 millions lors du dernier recensement.Mais cette légère augmentation est “absorbée” par la progression de l’anglais ainsi que d’autres langues parlées au Canada comme le mandarin dont l’utilisation a grimpé de 51 % au Canada depuis 2006.
Et l’Ontario ? Toujours selon Statistique Canada, la proportion de francophones par rapport au reste de la population reste donc la même qu’il y a cinq ans. Les données de 2011 indiquent aussi que près de 7 % des francophones du Canada résident en Ontario, soit 532 865 en 2006 et 561 155 en 2011 !
Ces chiffres correspondent au pourcentage suivant de francophones par rapport au reste de la population de l’Ontario : 4,4 % en 2006 et 4,4% en 2011 : 4,4 % . C’est dire l’importance d’une langue vivante, d’une culture pour laquelle des artistes créent des chansons dans lesquelles se retrouvent les Franco-Ontariens. En témoigne aussi le symbole du drapeau franco-ontarien !“
Un des supports de l’identité franco-ontarienne : la presse écrite, entre informations et commentaires, au rythme de la vie quotidienne. Ici un panneau de couleur verte – comme le drapeau – présenté dans le hall de l’Auditorium Fraser pour la 40ème Nuit de l’Etang
Deux exemples parmi d’autres de la presse francophone en Ontario
Outre le petit écran, et notamment la chaîne de télévision publique TFO, voici un autre support indispensable pour la communauté franco-ontarienne : un réseau de stations de radio bénéficiant de relais dans diverses régions de l’Ontario
Le drapeau franco-ontarien a été dévoilé pour la première fois le 25 septembre 1975 à l’Université de Sudbury
Le drapeau franco-ontarien se compose de deux bandes verticales de couleurs différentes. La première bande verte comporte un lys blanc au milieu de la bande. La deuxième bande blanche a un trille vert en son milieu.
Sur l’emblème, le vert représente l’été et le blanc symbolise l’hiver. Ensemble, les deux couleurs représentent la diversité du climat de l’Ontario. Le lys évoque la francophonie mondiale, tandis que le trille est l’emblème floral de l’Ontario. Trille qui a aussi inspiré le nom du fameux Gala des prix Trille Or évoqué dans plusieurs autres articles de ce site !
Selon le site de la FESFO – Fédération de la jeunesse franco-ontarienne – des étudiants de l’Université Laurentienne de Sudbury (Jacqueline England, Michel Dupuis, Don Obonsawin et Yves Tassé) sont à l’origine de la création du drapeau franco-ontarien, sous la direction du professeur et historien Gaétan Gervais.
“Le drapeau franco-ontarien a été hissé pour la première fois le 25 septembre 1975 au mât devant l’Université Laurentienne par l’étudiant Michel Dupuis. Il faut dire qu’il n’est pas surprenant que le drapeau franco-ontarien soit issu de Sudbury et du mouvement étudiant de cette époque. On venait de vivre la “Révolution tranquille” où les Canadiens-Français du Québec sont devenus des “Québécois”. On a donc développé une nouvelle identité de “Franco-Ontariens!”.
C’est aussi une époque où l’animation culturelle bouillonnait partout en province et surtout à Sudbury : création de La Nuit sur l’étang par les étudiantes et étudiants de l’Université Laurentienne en 1973, création de la maison d’édition Prise de Parole, création du Théâtre du Nouvel-Ontario en 1970, manifestations étudiantes animées à Sturgeon Falls en 1971 pour obtenir une école secondaire de langue française, création de la pièce “Moé j’viens du Nord!” d’André Paiement, arrivée de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario (CANO) et de Robert Paquette qui clamait “Moi j’suis fier d’être Franco-Ontarien!”, début de la création de la FESFO dont la première assemblée “officielle” s’est déroulée à Sudbury”.
Toujours selon la FESFO, “les jeunes avaient besoin plus que jamais d’un symbole pour afficher leur fierté… Il nous fallait un drapeau ! Le drapeau franco-ontarien ne fut adopté officiellement qu’en 1977 par l’Association canadienne-française de l’Ontario. Le drapeau original a été cousu à la main par Jacqueline England, et Gaétan Gervais le conserve précieusement chez-lui dans l’intention le refaire flotter un jour au mât de notre future université franco-ontarienne !”.
Le drapeau franco-ontarien est le dénominateur commun de tous les rassemblements de la francophonie en Ontario. Et il flotte entre autres devant le Collège Boréal de Sudbury : un établissement francophone, situé non loin de l’université bilingue La Laurentienne. Toujours cette fameuse cohabitation de deux langues notamment évoquées par Natalie Bernardin, directrice générale de l’APCM dans un autre article de notre site.
Collège Boréal : au rythme des préoccupations de la jeunesse franco-ontarienne …
Le drapeau franco-ontarien a été hissé pour la première fois le 25 septembre 1975 au mât devant l’Université Laurentienne
Le Collège Boréal de Sudbury : bien plus qu’un établissement d’enseignement !
Fondé en 1995, le Collège Boréal est le seul collège communautaire de langue française dans le Nord de l’Ontario, à Sudbury : soit plus de six heures de route d’Ottawa !
A vrai dire il ne s’agit pas d’un collège selon le système scolaire de France, mais d’un impressionnant établissement offrantplus de 60 programmes d’études post-secondaires en français. S’y ajoutent aussi nombre de services destinés aussi bien aux élèves qu’au grand public.
En le visitant d’étage en étage durant la fameuse Nuit Emergente du 22 mars dernier, une évidence s’imposait : cette vaste structure immobilière est tout autant un établissement à vocation pédagogique qu’un carrefour artistique et culturel. D’où diverses salles de spectacles, lieux de rencontres, sites d’exposition permanentes et temporaires, etc.
Une des expositions permanentes du Collège Boréal à Sudbury
Centre Louis-Riel : “un espace d’accueil, de soutien et d’échanges” au coeur du Collège Boréal
Situé au coeur du Collège Boréal, le Centre Louis-Riel se présente comme “un milieu d’accueil axé sur la culture et la réussite”
A noter aussi que le Collège Boréal bénéficie d’un lieu vraiment pas comme les autres !
On y trouve en effet un Centre de ressources de la Nation des Métis avec une incroyable gamme de services pour les étudiants autochtones et métis. Ce centre porte le nom de Louis-Riel, considéré comme le fondateur du Manitoba. Le romancier français Alain Dubos a d’ailleurs consacré un excellent roman, “Rivières Rouges” à cette figure incontournable de l’Histoire.
Le Centre Louis-Riel illustre avec brio et tout au long de l’année l’expression “Fierté Autochtone” avec force initiatives enracinées suscitées par ses membres et/ou les autres étudiants du Collège Boréal. L’organisation de concerts permet aussi de développer cette fierté identitaire, à laquelle les prestations d’artistes tels Florent Vollant ou Elisapie Isaac apportent un incontestable plus, tant par leur talent que leur notoriété dans l’espace francophone.
Une des nombreuses initiatives organisées par le Centre Louis-Riel, à Sudbury
A gauche Michel Benac, un des piliers de la relève franco-ontarienne (groupe Swing, maison de production LAFAB), photographié au festival montréalais Coup de Cœur Francophone en novembre 2012 en compagnie d’Albert Weber (www.planetefrancophone.fr), Guy Zwinger (Radio Caraïbes Nancy) et Jean-François Laffitte (directeur-adjoint de Voix du Sud)
Festival Franco-Ontarien : à l’écoute des autres francophonies
Aujourd’hui plus que jamais la communauté francophone d’Ontario a besoin de talents à la hauteur de la richesse de son identité, et aussi d’événements synonymes de rencontre et de retrouvailles. De festivités durant lesquels le terme de francophonie prend un sens particulier, à la fois reflet de la réalité franco-ontarienne mais aussi ouverture sur de talents francophones venus d’ailleurs. C’est le pari relevé par les organisateurs du Festival franco-ontarien qui vont commémorer à leur manière les 400 ans de présence francophone en Ontario, et particulièrement le passage de Champlain sur la rivière des Outaouais en juin 1613 !
Et c’est Michel Bénac – chanteur du groupe franco-ontarien Swing – qui a été mandaté pour réunir plusieurs icônes artistiques, histoire de “brasser la baraque” lors de la soirée d’ouverture du Festival franco-ontarien, le 13 juin.
Outre le groupe de Michel Bénac, les “400 ans de party de cuisine” réuniront sur scène La Bottine souriante, ainsi que les artistes Anodajay et Koriass. Yves Lambert se joindra à cette soirée, un des temps forts du 38ème Festival franco-ontarien organisé du 13 au 15 juin 2013 au parc Major’s Hill à Ottawa.
Gala des Prix Trille Or 2013. Michel Lalonde (membre fondateur du groupe Garolou) entouré d’Anique Granger et Alexis Normand. Assurément une photo-symbole de cette chanson francophone dont la vitalité s’affirme avec force d’une génération à l’autre
Des pionniers aux talents actuels : le coeur d’une francophonie inventive et militante
Pandaléon, Lanorme, Patrick Wright et ses Gauchistes, Marie-Claire et les Hula-Hoops, Mastic, Konflit, Medhi Cayenne Club, Robert Paquette, Jean-Marc Lalonde, Christian Berthiaume, Daniel Bédard, Michel Lalonde, François Lemieux, Jean-Marc Dalpé, Yves Doyon, AkoufèN, Michel Lalonde, Michel Benac, Akeem Ouellet, Deux Saisons, Andrea Lindsay, Garolou, Damien Robitaille, Deux Saisons, En Bref, Le Paysagiste, Gabrielle Goulet, En Bref, Swing, Tricia Foster, Le Diable aux Corsets, CANO, François Dubé, ZPN, Yao, Stef Paquette, Amélie et les Singes Bleus, Le R, Les Chiclettes, et bien sûr Paul Demer et Marcel Aymar, … et la liste n’est (évidemment ! ) pas exhaustive !
Impossible de cerner en un seul article la formidable diversité de talents qui s’affirment depuis plusieurs décennies dans la création artistique franco-ontarienne ! Et aujourd’hui plus que jamais la nouvelle génération d’artistes et de groupes- notamment dans le rock et la chanson – avance avec détermination sur les traces de ses glorieux aînés.
D’où ces affirmations parus dans la revue québécoise Chansons en 1996 et qui situent les talents de 2013 dans une intéressante perspective historique : «De toutes parts, on s’entend pour attribuer à Brasse Camarade le mérite d’avoir servi de déclencheur à ce renouveau, par le biais d’un rock élémentaire mais d’une indéniable efficacité.
En effet, le trio sudburois, composé des frères François et Pierre Lamoureux et du batteur Tim Rideout, s’est donné pour objectif d’investir au maximum ce circuit fermé et restreint, vertes, mais exceptionnellement réceptif (surtout au niveau des écoles) à un rock francophone de souche.Peu à peu, Brasse Camarade a su s’implanter dans le milieu québécois, entreprenant même d’infiltrer le marché européen, ce qui n’est aucunement en contradiction avec sa volonté d’afficher ouvertement ses racines”.
Et Dominique Denis de citerPierre Lamoureux : “On représente le rock franco-ontarien, et c’est pour nous un engagement envers la jeunesse. Quand on a commencé, on était très conscient que personne en Ontario ne faisait ce qu’on faisait”.
Même constat au sujet des indispensables pionniers de la chanson, sous la signature de Maurice Lamothe dans son incroyable ouvrage de 391 pages sur la “chanson populaire ontaroise” (1994, Le Nordir-Triptyque) :
“Loin de n’avoir été qu’un feu de paille sans lendemain, l’émergence des carrières de Robert Paquette, CANO et Garolou dans le champ de la chanson durant les années 70 a permis d’alimenter un discours sur le développement d’un champ culturel distinct en Ontario français, pavant ainsi la voie à une 2ème génération d’artistes de la chanson, dont les succès seront cette fois intimement liés à un réseau ontarois”.
Et l’universitaire Maurice Lamothe de préciser :” Il est clair que la Nuit de l’Etang, qui, au départ, se voulait un lieu de diffusion des arts de la scène – aussi multidisciplinaire que le voulait la philosophie de la Coopérative des artistes du Nouvel-Ontario -, a été la première à amorcer le processus de reconnaissance du champ culturel ontarois en accordant aux chansonniers plus de place sur ses planches afin de médiatiser ainsi sa distinction“.
Le groupe Brasse Camarade en 1990. Photo parue sur le site du CRICF d’Ottawa, le Centre de recherche en civilisation canadienne-française
Pris sur le vif lors du 7ème Gala des Prix Trille Or à Ottawa : Tricia Foster dans les bras de Mehdi Hamdad. Une nouvelle génération d’artistes franco-ontariens est en train de s’affirmer, en toute décontraction tant dans ses textes bilingues que sa manière de vivre !
Un nouveau Fonds ontarien de promotion de la musique : 45 millions de dollars, étalé sur trois ans et instauré en 2013-2014
C’est évident, la chanson franco-ontarienne n’a pas fini de faire parler d’elle ! Bien au contraire, comme en atteste une (bonne) nouvelle repérée sur le site de Radio Canada (1er mai 2013). En effet, le gouvernement de l’Ontario a annoncé la création d’un nouveau fonds pour promouvoir la musique ontarienne au pays et à l’étranger.
“Le nouveau Fonds ontarien de promotion de la musique est un programme de subventions, doté de 45 millions de dollars, étalé sur trois ans, qui sera instauré en 2013-2014.
Selon le gouvernement, l’objectif est de faire de la province un chef de file dans le domaine de l’enregistrement et des spectacles musicaux. Il souhaite appuyer la production de nouveaux produits numériques et d’enregistrement et la distribution d’oeuvres musicales”.
Le groupe Garolou au début des années 80. Photo publiée sur le site www.progquebec.com consacré au rock québécois
Le groupe CANO en juin 2011. Photo du site http://francopresse.ca (Actualités francophones canadiennes) à l’occasion d’un article pour un ultime concert du groupe à La Nouvelle Scène à Ottawa
“Toute tentative de cerner l’époque nous renvoie immanquablement à une sainte trinité – Robert Paquette, Garolou et CANO”
Que de chemin parcouru entre le nouveau Fonds ontarien de promotion de la musique de 2013 et le temps des pionniers d’il y a 40 ans !
La nécessité vitale d’une chanson franco-ontarienne a bénéficié au fil des ans d’une explosion de talents et d’une mise en place d’indispensables organismes.
D’où ce coup d’œil dans le rétroviseur signé Dominique Denis (revue Chansons, 1996) : «Si les avis divergent sur ce que serait le véritable cœur de la francophonie en Ontario – Sudbury pour les uns, l’Outaouais pour les autres – une chose ne fait aucun doute : la chanson francophone est née dans le Nord (et du Nord) à l’aube des années 70 dans le cadre favorable qu’offraient notamment l’Université Laurentienne et la grande kermesse septentrionale qu’est La Nuit sur l’Etang, institution créée en 1973 à Sudbury.
Toute tentative de cerner l’époque nous renvoie immanquablement à une sainte trinité – Robert Paquette, Garolou et CANO (excroissance chansonnière de la Coopérative artistique du Nord de l’Ontario) – qui furent parmi les premiers à rêver, développer et surtout chanter l’idée d’une spécificité franco-ontarienne »
Entre ces affiches des Nuits de l’Etang d’antan (ci-dessus) et la relève incarnée par le jeune slameur Joël -Denis Groulx (ci-dessous) : des décennies d’initiatives au service d’une francophonie ontarienne plus dynamique que jamais …
Sudbury, 24 mars. Joël-Denis Groulx présente son poème-slam au Brunch des Fruits de la Nuit
“Tu dois saisir cette opportunité quand elle s’offre dans une avalanche de joie, de gloire et de positivité”
En guise de conclusion à ce long article – évidemment non exhaustif loin s’en faut ! – sur la francophonie ontarienne, donnons la parole à Joël-Denis Groulx : un des participants de l’atelier animé par Mehdi Hamdad dans le cadre des Chantiers de la Nuit tenus dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 mars à Sudbury.
Organisée dans la foulée du fameux concert de plus de 4h30 à l’Auditorium Fraser à Sudbury, cetteinitiative bénéficiait de plusieurs partenaires : le Centre franco-ontarien de folklore, le Contact interculturel francophone de Sudbury, les Editions Prise de parole et la Galerie du Nouvel-Ontario.
Et parmi les jeunes créateurs ayant pris une part active aux cinq ateliers de création artistique intensive se trouvait justement Joël-Denis Groulx, auteur d’un «Poème Slam».
Mehdi Hamdad entouré des jeunes de son atelier de création entre slam et poésie
Avant de découvrir ce texte rédigé en pleine nuit, laissons à ce jeune créateur franco-ontarien le temps de se présenter : “Je suis née en 1997 à Scarborough, Ontario. Je suis également franco ontarien et bilingue, je parle et écrit les deux langues officielles, l’anglais et le français. Je suis un étudiant de la 10e année qui fréquente présentement à l’École Secondaire Publique Renaissance.
Ma ville est située au centre du Bouclier Canadien tout près de la 49e parallèle.De plus, je suis fier aux succès de ma part dans des Cadets royaux de l’Aviation Canadienne. Placer au troisième rang/ Corporal de section. Je m’intéresse aux sports ainsi qu’à la mécanique, la maintenance et aux opérations aérienne”.
Voici à présent le texte créé par Joël-Denis Groulx et présenté dimanche 24 mars, lors du Bruch des Fruits de la Nuit avec un maître de cérémonie nommé Mehdi Hamdad, à la fois décontracté et professionnel comme à l’accoutumée.
De quoi mettre à l’aise Joël-Denis et ses amis pour partager au public toutes générations confondues le résultat de leurs cogitations nocturnes : un indiscutable temps fort de cette mise en commun de talents francophones, symbole d’une nouvelle génération en pleine effervescence.
Fais-le, connais-le.
C’est à toi, pour une raison.
Car c’est ton choix, ta décision, ton concept mental de tentation qui alimente une addiction.
Pour cette approche qu’on traite de rêve.
Mais en tout, en réalité, elle garnit ton identité qui rejet ta confidentialité.
Aux familles, aux ami(e)s, même au monde entier.
Qu’as- tu à cacher, de qui, de quoi… Laisse-toi donc aller, il n’y a pas de tort.
Ne lâches pas, ces moments y seront jusqu’à ta mort.
Par contre cette fois, tu n’as qu’un coup, une fois, une chance à maîtriser tous tes options qui viennent vers ton bout d’crayon.
Tu as l’opportunité de convaincre, d’y conquérir, d’y aller le prendre en tes mains.
N’attend pas car elle arrive à la fin d’un couloir obscure, sombre et seul d’un égout.
Là où le temps s’écoule, tombe, cale au fond et de tout cela, la pression se louche.
Tu dois saisir cette opportunité quand elle s’offre dans une avalanche de joie, de gloire et de positivité.
Qui t’avancera dans ta vie. Et après tout, ça s’adonne, fier, d’où t’y rend, fier d’où tu y es…
Fais-le, connais-le.
C’est ta vie, c’est ton choix.
A la fin, c’est à toi, illumines, brilles, exprimes-toi! …
Joël-Denis Groulx, Timmins, Ontario
Dimanche 24 mars, Sudbury. Photo souvenir des participants et animateurs des ateliers de création artistique des Chantiers de la Nuit. La relève franco-ontarienne est sur la bonne voix/voie !
Folk, hip-hop, rap, jazz, blues, rock, métal, pop, traditionnel, instrumental, alternatif, chanson, instrumental, etc. Si vous réduisez l’expression musicale franco-ontarienne à une seule facette, vous serez (agréablement) surpris par la diversité qui s’affiche avec de plus en plus d’audace dans cette province du Canada.
Cette étonnante diversité s’enraciné dans la création des pionniers historiques mis à l’honneur lors d’un concert de près de 4 heures et demie, samedi 23 mars, à l’occasion de la 40ème Nuit sur l’Etang organisé à l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : Robert Paquette, Marcel Aymar, François Lemieux, Jean-Marc Dalpé, Paul Demers, Jean-Marc Lalonde, Yves Doyon, etc.
Ottawa, place de la Francophonie, à deux pas des locaux de l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique
Le symbole d’une dynamique génération de créateurs émergents ou confirmés
Nous reviendrons dans un autre article avec force photos sur cette inoubliable soirée de 4 heures et demie à laquelle un public de tous âges a répondu présent : un auditoire fier de proclamer son identité franco-ontarienne; applaudissant à tout rompre ceux qui ont osé s’aventurer sur des voies artistiques différentes de celles de la chanson québécoise. Et cela même si nombre de passerelles artistiques existent évidemment entre l’Ontario et le Québec, comme l’aura rappelé l’animateur Eric Robitaille, chaleureux militant d’une francophonie nourrie de ses jeunes années au Québec et désormais enracinée à la cause franco-ontarienne.
Mais avant de nous attarder sur cet événement historique au sens fort du terme – tant cette soirée aura été synonyme de “véritable audio-encyclopédie vivante de la chanson franco-ontarienne – arrêtons-un à présent sur cette fameuse relève qui éclabousse avec brio les genres musicaux en Ontario : le symbole d’une dynamique génération de créateurs émergents ou confirmés qui ne demandent qu’à affirmer, aussi bien face à des publics franco-ontariens qu’au-delà de la province natale.
D’où l’intérêt d’événements tels que le Gala des Prix Trille Or et l’Autre Gala organisés les 20 et 21 mars 2013 au Centre des Arts Shenkman, à Orléans, localité située non loin d’Ottawa : des événements mis en relief dans d’autres articles de ce site.
Près du Centre nationale des arts, clin d’oeil au pianiste de jazz Oscar Peterson né à Montréal et décédé à Mississauga , Ontario.
D’autres coups de projecteurs ont été donnés au cours de ces journées artistiques en faveur d’une chanson franco-ontarienne des plus efficaces, dans des registres qui dépassent bien souvent le contexte identitaire pour célébrer sans hésitation des thèmes plus généraux, plus universels.
Ce constat, il aura éclaté avec vigueur au cours des vitrines musicales d’artistes membres de l’APCM, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique : une initiative bénéficiant de l’appui financier de Musication et du programme vitrines musicales.
“Des nouveaux projets musicaux qui n’ont pas encore été vus en vitrine à Contact Ontarois mais qui pourraient être en vitrines aux événements contacts de 2013-2014″ selon la directrice de l’APCM, Nathalie Bernardin. Place en l’occurrence à une artiste du Saskatchewan (Alexis Normand) et trois de l’Ontario (YAO ; Louis-Philippe Robillard et Konflit).
Ces quatre vitrines ont confirmé de surprenantes sources d’inspiration tant sur le fond que la forme chez les artistes et groupes qui se sont produits au Centre National des Arts, un des haut-lieux de l’expression artistique et culturelle d’Ottawa. Une bâtisse impressionnante tant par sa programmation que la multiplicité de ses équipements avec, en guise de clin d’œil aux promeneurs, une statue d’Oscar Peterson située à quelques pas de l’entrée principale de l’édifice, à quelques enjambées du Parlement du Canada.
Ottawa, le Centre national des arts avec annonce d’un concert de la chanteuse québécoise Ariane Moffatt
Sans nous embarquer dans de longues considérations sur le répertoire des quatre vitrines, quelques précisions s’imposent sur l’esprit dans lequel se sont déroulées ces vitrines.
INNOVER, RESISTER, CELEBRER sont sans doute les termes qui définissent le mieux ces quatre talents : en l’occurrence innover dans de nouvelles voies artistiques ; résister à l’environnement anglophone omniprésent mais aussi célébrer une identité francophone sans se replier dans un ghetto culturel.
Alexis Normand : attachante nouvelle voix du Saskatchewan
Un premier album de dix titres à découvrir, reflet d’une nouvelle voix francophone du Saskatchewan
Entre innovation, résistance et célébration : c’est ainsi que s’affirme la jeune Alexis Normand, auteure-compositrice-interprète originaire du Saskatchewan. Elle s’aventure dans un registre francophone tout en nuances, à l’instar de Mirador, album de dix titres lancé en début d’année.
Cet opus représente en fait une des facettes d’une efficace collaboration menée à bien avec Fortier, une artiste visuelle fransaskoise : une complicité également déclinée en une série de tableaux et un spectacle. D’où cet album intéressant à plus d’un titre. Ici pas d’effets spéciaux ou spectaculaires pour retenir l’attention de l’auditeur, mais une ambiance toute en nuances dès la première chanson “Quand il pleut”.
“Un folk chaleureux et atmosphérique dans lequel un groove entraînant et une voix suave s’installent. Sa poésie simple et sincère, empreinte d’émotions discrètes nous révèle une sensibilité touchante” … Au-delà de cette auto-présentation, une évidence s’impose : sous une apparente timidité, cette jeune artiste s’affirme avec brio dès que l’occasion se présente, face à un public qui ne demande qu’à se laisser séduire par l’ambiance jazz-folk distillée par cette artiste attachante et déterminée sous ses airs réservées. Une détermination que le public aura pu apprécier au cours de sa vitrine musicale.
YAO : le poids des mots, le métissage des rythmes
Yao, cousin d’Abd-al-Malik : un album en vue pour l’automne 2013
Autre registre avec l’extraverti YAO. Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.
S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes : Olivier Philippe-Auguste (violon), Manon Gaudreau-Fess (flûte traversière), Ammayas Khidas (djembe, derbouka) et Peterson Altimo (guitare acoustique, basse).
Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie ie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre. Autant de repères qui devraient être mis en évidence d’ici l’automne 2013 avec un deuxième album réalisé sous la houlette du producteur canadien Sonny Black.
Louis-Philippe Robillard : une voix, une guitare et de l’émotion
Un des artistes majeurs de la relève franco-ontarienne
Troisième vitrine musicale au Centre national des arts avec Louis-Philippe Robillard, autre artiste majeur de la nouvelle génération franco-ontarienne.
Ses chansons à fleur de peau distillent une émotion perceptible avec cette volonté de retenir l’attention de l’auditoire avec juste une guitare et une voix. Un sacré défi aux accents minimalistes, surtout lorsqu’on chante juste après Yao et ses talentueux complices !
Dans la foulée de son fameux opus “Le café des oiseaux”, cet artiste se sera, une fois de plus, envolé dans un univers tantôt réaliste, tantôt onirique, où la forme est peut-être aussi importante que le fond. Un peu à l’image du Québécois Alexandre Desilets dont la voix devient instrument de musique.
L’ambiance distillée par ses chansons semble ici toute aussi importante que ses thèmes. Pourtant, au cours de cette vitrine assurée en solo par Louis-Philippe Robillard, le public est sans doute resté sur sa faim : précisément à cause des conditions minimales dans lesquelles l’artiste s’est produit avec conviction. Difficile de recréer tout seul sur scène l’atmosphère tant appréciée par le public découvrant son premier album : un opus récompensé par de nombreux prix de l’industrie musicale tant en Ontario qu’au Québec, avec ( conséquence logique – nombre de commentaires élogieux dans la presse francophone d’Amérique du Nord.
KONFLIT : efficaces pionniers aux accents rock
Sacrée complicité scénique entre les membres de Konflit
Dernière vitrine proposée au Centre national des Arts avec l’énergique groupe franco-ontarien Konflit. Une formation résolument située à des années-lumière des chansons de Louis-Philippe Robillard.
Place donc à un groupe formé de sacrés musiciens. Pionnier est assurément le terme qui définit le mieux cette fougueuse formation qui a marqué une génération de jeunes (et pourquoi pas moins jeunes aussi !) Franco-ontariens en quête de sons qui bougent. De refrains percutants et de rythmes qui vous donnent des fourmis dans les jambes.
Et quand on apprend qu’il s’agit d’un des uniques groupes francophones de l’Ontario dont les clips sont diffusés sur la station québécoise MusiquePlus, on peut se dire – sans hésitation – que ces talentueux fous de rock représentent une des composantes incontournables de la nouvelle vie musicale de cette province du Canada.
Difficile d’évoquer Konflit sans insister sur l’évidente complicité entre les musiciens/chanteurs très à l’aise sur scène, emportés avec enthousiasme par l’évident plaisir à jouer. A se faire plaisir aussi avec sans doute le regret – fort compréhensible par ailleurs – que le temps était décidément trop compté pour donner totalement libre cours à leurs capacités scéniques au cours de cette vitrine musicale.
Quatre talents si différents pour le premier Cercle de la SOCAN en Ontario
1er Cercle de la SOCAN pour le 15eme anniversaire de Réseau Ontario
Reste au final le souvenir d’une série de vitrines musicales aux accents les plus diversifiés, à tous les sens du terme. Avec en guise de “dessert”, une soirée qui devrait laisser un sacré souvenir à celles et ceux qui ont eu la chance de la vivre ! . Et pour cause puisqu’il s’agissait d’un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN : une grande première en terre francophone en Ontario !
Cet événement était présenté dans le cadre de son 15ème anniversaire par Réseau Ontario dirigé par Josée Vaillancourt en collaboration avec l’APCM, la SOCAN et le Centre national des Arts.
Au fait pourquoi un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN ? Selon Réseau Ontario, “cette soirée a pour objectif de créer un moment de rencontres et d’échanges uniques entre les artistes qui, à tour de rôle, présenteront quelques compositions de leur cru. Ensemble ils échangeront sur leurs compositions et sur l’instant du moment, ils y contribueront artistiquement en joignant à l’interprétation des chansons. Une soirée inusitée lors de laquelle le public assistera à un moment unique en étant témoin de la chimie qui unira les artistes sur scène”.
Derrière cette présentation que les esprits grincheux qualifieront d’idyllique, il est tout à fait évident que ce premier cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN aura marqué le public à la fois silencieux durant les chansons et prises de paroles, et en même temps enthousiaste avec force applaudissements.
Ici par d’artiste tirant la couverture à lui mais une réelle complicité entre les quatre créateurs aux parcours pourtant si différents : Damien Robitaille, le Paysagiste (Davy Poulin), Yves Doyon, et Le R (pseudo d’un artiste né au Bénin, en Afrique de l’Ouest et désormais établi en Ontario.
Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Yves Doyon, Le R et le Paysagiste (Davy Poulin)
Une animation signée Geneviève Toupin, Franco-Manitobaine
Il faut reconnaître que le bon sen pragmatique et la faculté d’adaptation de l’animatrice Geneviève Toupin auront été des atouts majeurs dans la préparation et le bon déroulement de cette rencontre à quatre talents. Oi plutôt à cinq puisque la Franco-Manitobaine s’est transformée en pianiste au gré des chansons. De quoi surprendre agréablement le public, en attendant la sortie de son nouvel album francophone pour 2014.
Certes – et cela est tout à fait normal – le site de la SOCAN propose de cette soirée un compte-rendu des plus élogieux : “Une grande complicité régnait entre les auteurs-compositeurs-interprètes qui ont chacun interprété trois de leurs compositions, accompagnant aussi les autres avec un instrument ou en chantant. L’ambiance était décontractée et l’accent mis sur la création et l’origine des chansons. Le public a même eu droit à des primeurs. Ce premier Cercle organisé en Ontario fut donc un franc succès”.
Damien Robitaille et Yves Doyon, aussi décontractés sur scène que dans la vie
Le contenu de ce texte de la SOCAN correspond vraiment à ce qui s’est passé ce soir là dans cet événement saluant le 15ème anniversaire de Réseau Ontario. Cette évidence, elle repose aussi bien sur les réactions de l’assistance que celles des cinq artistes.
Assurément une grande première qui ne demande qu’à être renouvelée au gré d’autres rendez-vous artistiques en Ontario : histoire de mettre en valeur d’autres talents. Non pas pour les confronter entre eux, mais pour susciter des passerelles musicales, voire de vraies complicités amicales entre des créateurs qui n’auraient peut-être jamais eu la (bonne) idée de se retrouver ensemble pour vivre des moments privilégiés en paroles et en musique.
Les membres de la SOCAN ayant participé au premier Cercle des auteurs produit en Ontario. De gauche à droite Yves Doyon, Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Le Paysagiste (alias Dayv Poulin) et Le R. (Photo Réseau Ontario)