CÉLINE FAUCHER-CHRISTINE LAVILLE : INTENSES “FÉMININE(S) A L’ARTHÉ-CAFÉ

Coïncidence amusante : c’est, à deux jours près, la même date en 2016 qui nous réunissait, dimanche 5 novembre 2017, à l’Arthé-Café, à la fois pour un concert et pour l’anniversaire d’Eric Frasiak.

Arthé-Café 05 11 17 De G. à D. Christine Laville, Céline Faucher. Ph. E. André
Christine Laville et Céline Faucher (Photo E. André)

 

 AVEC L’ACCORDÉONISTE STÉPHANE PLOUVIN

Cette fois, chez Maï et Marc Usclade – toujours perchés près du point culminant des Combrailles qui est la Roche Sauterre à 977 m – nous ne sommes pas menacés par une tempête de neige comme celle qui nous contraignit à dormir sur place. Sans problème puisque le café-théâtre est aussi une auberge.

Ce soir, nous retrouvons, bien loin de chez elle, une de mes Québécoises préférées : Céline Faucher, déjà vue ici en 2013 avec Steve Normandin (accordéon et piano) pour “Gens du Québec”, puis en 2015 déjà avec sa complice, la Parisienne Christine Laville, présente ce soir.

Le duo m’avait laissé sur une forte impression cette première fois avec le spectacle “Féminines”, succession judicieuse de morceaux choisis écrits et créés par des femmes : Barbara, Diane Dufresne, Pauline Julien, Véronique Samson, Anne Sylvestre, Clémence Desrochers, Michèle Bernard, Véronique Pestel, Catherine Ringer etc.

Ce soir l’enjeu est d’autant plus costaud que c’est le même récital qui nous est présenté, du moins sous le même titre, avec, cette fois, l’accordéoniste Stéphane Plouvin en accompagnant.

Céline presque soliste. Christine en soutien Ph. E. André
Christine Laville et Céline Faucher (Photo E. André)

 

RÉPERTOIRE ENTRE NOSTALGIE, SATIRE, HUMOUR ET MILITANTISME

Il est maintenant 17 heures. L’Arthé est déjà bien garni de spectateurs et il en arrive encore quelques uns car les “aficionados” viennent parfois d’assez loin pour “communier” , le mot est à peine trop fort, dans la chanson francophone.

Sans qu’il soit besoin de brigadier pour frapper les trois coups, nos trois artistes s’installent en scène et, comme ça se fait souvent, entament la première chanson : “Cendrillon au coton” (Diane Dufresne/ Marie Bernard).

Suivent trois autres chansons avant adresse au public et présentation du trio et on a déjà compris : si le titre du spectacle est inchangé, le contenu de “Féminine(s)” a été complètement renouvelé.

Il s’agit toujours, évidemment, de chansons écrites et créées par des femmes, voire “féministes” mais qu’elles soient nostalgiques, humoristiques, satiriques ou même militantes, elles sont toujours nimbées d’une grande poésie.

Et l’interprétation qu’en donne notre duo de chanteuses, traduit leur proximité de pensée avec les auteures tant elles savent « habiter » ces chansons, se les approprier.

Ah! les 3èmes mi-temps de l'Arthé-Café- Marc Usclade au Sax, stéphane Plouvin Accordéon. A G. Maï Usclade. Ph. E. André
3eme-mi-temps à L’Arthé-Café avec Marc Usclade au saxophone

 

AUTHENTIQUE “CHANSON DE PROXIMITÉ”

 Pas moins de 24 titres nous seront “servis” au cours de ce généreux spectacle coupé d’un entracte de 15 minutes. Si je dis “servis”, c’est à dessein !

Car la qualité de ce duo de voix, formées au lyrique, maintenant délicieusement complices, se donnant mutuellement le contrechant en alternance, avec une facilité (apparente) déconcertante, jouant de leur maîtrise vocale et de leurs larges tessitures respectives, porte ces textes et ces mélodies comme des écrins présentant des joyaux.

Des joyaux, oui, on peut le dire et c’est précisément dans ces “joailleries” modestes comme l’Arthé-Café en est l’exemple, que l’on peut apprécier encore mieux ces perles de ce que Michel Trihoreau appelle “chanson de proximité”.

Car l’auditoire est totalement attentif, ne perd pas une syllabe ni une harmonie et montre, par sa qualité d’écoute, à quel point le mot “communion” , cité plus haut, n’a rien d’exagéré. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit en rien de vaine adoration.

Ce public est autant libre et potentiellement critique qu’il est attentif. Mais ce soir, il est conquis, sous le charme de ces textes magnifiques, portés par des arrangements musicaux ciselés, le tout servi par des interprètes brillantes mais pas seulement car porteuses chaque fois d’une émotion totalement contagieuse, propre à “scotcher” un auditoire et je dois avouer que j’ai succombé…..comme les autres.

Il serait bien injuste de ne pas saluer la performance de Stéphane Plouvin, accordéoniste tout en nuances et en sensibilité, d’une discrétion totale alors qu’on le sent, paradoxalement, indispensable. Un vrai talent !

Et pourtant, il est resté totalement silencieux quand Céline et Christine, aux rappels, ont interprété, dans un “a capella” superbe la dernière chanson : “Ma révérence” (Véronique Sanson).

Comme aurait dit M. de la Palice, peut-être y aurions-nous eu droit d’entrée de jeu si elles avaient opté pour entrer en scène, à la manière de Gilles Vigneault, en s’écriant : “Bon ! Les rappels tout de suite !”.

Ultime rappel- Artistes, patrons et salle en choeur. Ph. Babette-1
Artistes, responsables de la salle et public en chœur pour le final (Photo Babette)

Plus d’infos  ICI  sur le duo Céline Faucher-Christine Laville

 TEXTE HENRY TILLY

PHOTOS BABETTE, LUC FERLAND ET E. ANDRÉ

23376562_542173042794356_9201674764937208910_n

 

 

 

 

 

“CHANSONS EN CHAUSSONS” : STÉPHANE CÔTÉ, ARTISAN QUÉBÉCOIS DÉTERMINÉ

Une vingtaine de titres offerts en près d’une heure et demie à près d’une quarantaine de personnes, quelques anecdotes de papa-chanteur, une exceptionnelle qualité d’écoute, un de ces rappels qui vous donnent la chair de poule …

Et puis après le concert de quoi boire et manger salé-sucré à volonté ! Les spectateurs si attentifs sont aussi de gros pourvoyeurs de boissons alcoolisées ou non, de gâteaux, de cannelés, de charcuterie, de fromages, de tartes, et la liste est loin d’être exhaustive !

Retour sur la dernière édition de “Chansons en chaussons” : ma 3ème soirée québécoise sous la véranda de Luc et Sylvie Renaud à Beaucourt.

img_0992
Beaucourt, Territoire de Belfort, non loin de la Suisse …

 

Oui, quel privilège de vivre cette nouvelle édition de “Chansons en chaussons” !

Après les concerts de Geneviève Morissette et puis Moran accompagné par Thomas Carbou, place à un autre univers québécois.

Stéphane Côté ? Un de mes artistes québécois préférés, comme déjà dit et répété ici et là tant pour son répertoire que ses qualités humaines, son bon sens, un certain art de vivre et puis aussi des valeurs qui surgissent ici et là au gré des refrains.

 

img_1015
En attendant le début du concert, on découvre la revue Hexagone et le nouveau livre de Fred Hidalgo

 Plantons d’abord de l’ambiance.

Nous sommes mardi 18 octobre au domicile des Renaud. Il est presque 19h45 et on attend les inévitables retardataires.  

Mais tout va bien, personne n’est stressé.

img_0997
L’artiste peintre suisse Roland Schaller prêt pour le concert …

 

On prend le temps de bavarder, de faire connaissance, de découvrir “La mémoire qui chante”, le nouveau livre de Fred Hidalgo dédicacé par l’auteur aux hôtes de ce soir … de feuilleter Hexagone, la nouvelle revue lancée par David Desremaux et une poignée de passionnés aussi talentueux qu’audacieux vu la situation de la presse écrite et notamment de la presse spécialisée.

 

img_1029
Amis de la chanson bonsoir ! Je vous présente le nouveau trimestriel Hexagone

 Bon, ça y est, tout le monde est en place.

Luc Renaud s’avance, avec en main le 1er numéro de Hexagone, qu’il va présenter à l’auditoire en évoquant aussi le souvenir du trimestriel Chorus, ajoutant avant que des bulletins d’abonnements sont à disposition.

Le temps d’indiquer que ce nouveau trimestriel publie entre autres un article sur Melissmell programmé le 4 novembre novembre à la Maison pour Tous/ Foyer Georges Brassens à Beaucourt. Assurément un haut-lieu de la chanson qui vient d’entamer sa 40ème saison, sous la présidence de Luc Renaud.

 

img_1113
Bon, voyons un peu à quoi ressemble cette nouvelle revue Hexagone…

 

img_1012
Le nouveau livre de Fred Hidalgo ? Ah ben ça alors ! 664 pages, 84 chapitres plus un avant-propos, prologue et même un épilogue et des annexes !

 

 “JE NE M’ATTENDAIS PAS A UN ENDROIT AUSSI CHOUETTE”

Un mot encore de Luc de saluer la présence l’artiste peintre suisse Roland Schaller venu à Beaucourt comme ami … et chauffeur de Stéphane Côté.

Et c’est parti pour un voyage signé Stéphane Côté qui entame le concert avec “Semaine”, un des titres de l’album “Le cirque du temps”.

Le temps de saluer l’assistance : “Je suis content d’être ici à travers cette petite tournée en Suisse et de faire une incursion en France. Ça me fait beaucoup plaisir … je ne m’attendais pas à un endroit aussi chouette, à voir une si belle gang aussi remplie que ça ici ce soir “.

… et c’est reparti avec “Ballon d’héliHomme”puis “Des nouvelles”! Soit en tout près d’une vingtaine de chansons extraites de ses quatre albums parus en un coffret de 48 titres sorti en 2014.

 

img_1087
Une vingtaine de chansons face à un public TRÈS attentif

 

TORCHONS, GUENILLES ET NOMS PERDUS

Seul à la guitare, à la fois très concentré et en même temps très décontracté, l’auteur-compositeur-interprète québécois colore Beaucourt avec des couleurs aux diverses facettes : parfois gris-clair, jamais tout à fait rose ni entièrement noir.

Chansons teintées d’amour et de bonheur, de souvenirs aussi (“Les noms perdus”) … de remises en question aussi, parfois inspirés d’expressions québécoises pleine de bon sens comme “Fais toi en pas mon p’tit gars, chaque torchon finit toujours pas trouver sa guenille”. De quoi inspirer son célèbre “Torchon” extrait du 1er album sorti en 2001 “Rue des balivernes”

Ici chaque mot est ciselé avec soin. Pas de verbiage ni de laconisme exacerbé non plus. Juste des mots simples et intenses, qui racontent nos vies entre errances et espoirs, mélancolie et coups de soleil. Des textes sans effets larmoyants pour susciter une artificielle émotion.

 

img_1046
Et voilà comment ça s’est passé avec mon jeune fils au parc …

 

PAPA-CHANTEUR AUX ANECDOTES DRÔLES ET ÉMOUVANTES

Cette simplicité, elle jaillit ici et là on ne s’y attend pas, notamment dans l’évocation d’anecdotes familiale qui suscitent sourire et rire. Et aussi émotion : “Papa je ne pleure pas parce que j’ai de la peine, je pleure parce que j’ai de la joie” : réaction de sa fille un soir après lui avoir chanté, à sa demande, “Rouge, Rose”, chanson inspirée par les couleurs préférées de son enfant.

Changement de style pour “Tu dis”, la chanson inspirée par son fils aux surprenantes expressions : “”Il faudrait déchauffer la soupe”, J’ai failli dérouler l’escalier”, “Je te trouve très photo-hygiénique, ” “Regarde, papa, le monsieur se fait pleurer les yeux”.

img_1075

 

PAS ASSEZ CONNU AU QUÉBEC, DE PLUS EN PLUS APPRÉCIÉ EN EUROPE

Évidemment, les chansons de Stéphane Côté ne vous entraîneront pas sur les pistes de danse à grands coups de synthétiseurs et autres rythmiques débridées.

Alors, bien sûr, quand on revendique d’être un artisan à tous les sens du terme, on n’est pas certain de retenir l’attention des grands médias de son pays.

Car il faut bien le reconnaître, artisan dans l’écriture de ses chansons, il l’est aussi dans la réalisation de ses albums introuvables dans les grands circuits de distribution.

Et si ce concert à domicile a lieu en ce mois d’octobre Beaucourt, c’est grâce à une série de passerelles tant amicales qu’artistiques tissées au-delà des continents entre Manon Gagnon, créatrice de Notre Sentier Production et Gestion Evénementielle, et Luc et Sylvie Renaud.

img_1049
Longue vie à chacun de vous et bonne fin de soirée !

 

 UN DERNIER “RENDEZ-VOUS” ET “LONGUE VIE A CHACUN DE VOUS”

Voici une quinzaine d’années que Stéphane Côté chante régulièrement en France, Suisse et Belgique comme il l’a rappelé entre deux titres de ce concert également marqué par “Il neige”, juste avant un éclatant rappel …. pour un dernier “Rendez-vous”  achevé en beauté dans un remarquable silence du public enthousiaste par la dernière chanson de la soirée, “Longue vie”.

Tonnerre d’applaudissements avant que les chaises ne soient pas rangées pour partager le verre de l’amitié.

Le temps aussi pour Stéphane Côté de dédicacer des albums, de discuter à bâtons rompus avec plusieurs personnes, de poser guitare à main en compagnie de telle ou telle personne.

 

img_1150
Et je vous le dédicace pour qui ?

 

Retrouver Stéphane Côté et Roland Schaller aura été une grande joie. Une belle occasion également d’évoquer hier, aujourd’hui et SURTOUT demain, entre projet discographique de l’un et prochaines expositions de l’autre.

De prendre le temps de parler en toute franchise de l’alarmante situation d’une certaine chanson québécoise de plus en plus oubliée, ignorée, méprisée des “grands médias”.

Mais pas question de baisser les bras, Stéphane Côté est du genre artisan déterminé. Sans aucun doute un obstiné coureur de fond dans ce monde de la chanson au fonctionnement humain et financier de plus en plus déroutant, inquiétant.

img_1137
Le temps des photos pour amateurs de chansons en quête de souvenirs

 D’où l’importance plus vitale que jamais de ce que j’appelle ces indispensables lieux de résistance face à la mondialisation et la con-sommation… comme ces concerts sous la véranda de Beaucourt qui a jusqu’à présent également accueilli le groupe Yules, les Soeurs Boulay et Eric Frasiak.

Prochaine date, lundi 13 mars avec un autre talent québécois: Benoît Paradis Trio, “entre chanson, jazz et humour” comme indiqué avec enthousiasme par Luc Renaud.

TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER

 

img_1161
Stéphane Côté entouré par Roland Schaller et Albert Weber

 A lire aussi ICI l’entretien de Stéphane Côté ouvert réalisé en septembre 2013 à Paris à l’occasion de ses trois concerts à l’Essaïon

Site de Stéphane Côté

Site de Roland Schaller

Site de la Maison pour Tous/ Foyer Georges Brassens de Beaucourt

 

img_1169
Rencontre internationale avec le Suisse Roland Schaller, le Québécois Stéphane Côté et le Français Luc Renaud

 

SITE PATRIMONIAL ET FAMILIAL GILLES VIGNEAULT : MOBILISONS-NOUS “AVEC NATASHQUAN”

Après avoir appris en juillet dernier que la Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault renonçait – définitivement _ au projet de restauration des bâtiments du site patrimonial et familial à Natashquan, la population locale a décidé d’agir pour sauvegarder la mémoire d’un des plus grands poètes de l’histoire du Québec. Explications.

Continue Reading

QUEBEC/ STEVE NORMANDIN : un CD de 21 chansons de LA BELLE EPOQUE !

C’est sous l’égide du Musée de la Civilisation, de la ville de Québec, que Steve Normandin a enregistré un album de  21 chansons jaillies de la Belle Époque.

Continue Reading