ONTARIO/ GALA DES PRIX TRILLE D’OR : DAMIEN, TRICIA, ANIQUE ET LES AUTRES

L’Ontario s’apprête à vivre un des événements majeurs de la artistique et culturelle francophone avec le Gala des Prix Trille Or. 48 artistes et artisans sont en nomination pour cette 7e édition du Gala des prix Trille Or. Preuve s’il en était que la francophonie d’Amérique du Nord ne se résume pas au Québec et à l’Acadie. Loin de là.

En effet, ce gala célèbre les artistes ayant marqué l’industrie musicale de l’Ontario et de l’Ouest dans les deux dernières années. Vingt autres catégories seront dévoilées lors du Gala et de l’Autre Gala de l’APCM, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (www.apcm.ca) .

Une reine de la musique country à l’honneur

C’est Marie King, qui se verra remettre le prix hommage cette année, la première artiste féminine à recevoir cet honneur. Notamment célèbre pour son interprétation de la chanson « Quand le soleil dit bonjour aux montagnes », Marie King a célébré en 2009 son cinquantième anniversaire de carrière.

“Annoncer dès à présent l’artiste qui recevra le prix hommage permettra alors à tous les artistes et à la communauté de se rassembler pour célébrer, ensemble et comme il se doit, celle dont la carrière a marqué plusieurs générations. Nous souhaitions rendre hommage à une figure marquante de notre industrie”  souligne Natalie Bernardin.

Et la directrice générale de l’APCM de préciser : “La diversité des styles musicaux et le nombre d’artistes en nomination témoignent pour l’APCM de la vitalité de notre industrie musicale et promettent un réel suspens d’ici le 21 mars prochain” souligne Natalie Bernardin, Directrice générale de  (APCM).

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La Franco-Ontarienne Tricia Foster

L’événement sera diffusé le 21 mars 2013 en direct à 19 h 30 pour les téléspectateurs de Radio-Canada Ottawa-Gatineau, de tout l’Ontario ainsi que pour les auditeurs d’Espace Musique. Il sera également retransmis à 19 h 30 heure locale, pour les téléspectateurs de Radio-Canada dans les quatre provinces de l’Ouest canadien. On pourra aussi voir le Gala en direct sur www.radio-Canada.ca ou encore le revoir par la suite.

Le Gala des prix Trille Or, présenté au Centre des Arts Shenkman à Ottawa (Ontario) et télédiffusé, sera animé par Martin Vanasse, animateur et reporter culturel au Téléjournal Ottawa-Gatineau. Jhade Montpetit, animatrice à Espace Musique animera l’émission radio sur les ondes du 102,5 FM.

L’Autre Gala de l’APCM (hors des ondes) se déroulera la veille, soit le 20 mars à 13 h et sera quant à lui animé par Éric Robitaille, animateur de l’émission Grands Lacs café sur les ondes de la Première Chaîne de Radio-Canada Sudbury. Pour l’occasion, parmi les artistes qui performeront lors du Gala en onde, le 21 mars à 19 h 30, les téléspectateurs assisteront à un spectacle original avec Anique Granger, Les Chiclettes, Marijosée, Mastik, Mehdi Cayenne Club, Tricia Foster sans oublier d’autres surprises entourant un numéro spécial pour le prix hommage.

Dans l’Autre Gala de l’APCM qui se tiendra la veille, le 20 mars à 13 h, place à AkoufèN, Damien Robitaille, Le R ou encore Stef Paquette !

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Anique Granger, guitariste et auteure-compositeur de Saskatchewan

Nominations par catégorie : talents à volonté

Impressionnante s’affirme la diversité des talents francophones hors-Québec ! En témoigne cette incroyable liste d’artistes présentés ici selon leurs nominations par catégorie.

Interprète masculin par excellence

• Damien Robitaille

• Le R

• Paul Demers

• ZPN

 

Interprète féminine par excellence

• Gabrielle Goulet

• Janie

• MAO

• Tricia Foster

 

Meilleur groupe

• AkoufèN

• Amélie et les Singes Bleus

• Les Chiclettes

• Mastik

 

Prix SOCAN de l’Auteur, compositeur ou auteur-compositeur par excellence

• Amélie Lefebvre

• Damien Robitaille

• Paul Demers

• Tricia Foster

• ZPN

 

Découverte

• AkoufèN

• Le R

• Les Chiclettes

• Mehdi Cayenne Club

• Mélissa Ouimet

 

Meilleur album

• Andrea Lindsay et Luc de Larochellière – C’est d’l’amour ou c’est comme

• Damien Robitaille – Omniprésent

• Michel Lalonde – Amour fou

• Tricia Foster – Négligée

• Stef Paquette – Le salut de l’arrière pays

 

Meilleur réalisateur/arrangeur de disque

• Daniel Bédard (Le salut de l’arrière pays – Stef Paquette)

• Lone Lebone (Omniprésent – Damien Robitaille)

• Marc Pérusse (C’est d’l’amour ou c’est comme – Andrea Lindsay et Luc De Larochellière)

• Olivier Fairfield (Luminata – Mehdi Cayenne Club)

• Oivier Fairfield (Négligée – Tricia Foster)

 

Artiste créateur de musique instrumentale et/ou trame sonore

• Daniel Bédard (Au delà de l’atome)

• Daniel Bédard (Créatures de l’abysse : Hong Kong)

• Daniel Bédard (Le théâtre du climat en évolution)

• Jean-Michel Ouimet (Village d’antan franco-ontarien)

• Jean-Michel Ouimet (Frères d’hiver)

 

Meilleur vidéoclip

• Le R – Étoile filante (Ali Faghfouri – Paragon Pictures)

• Mehdi Cayenne Club – O Canada (Usman Khan/ Craig Allen Conoley – Partus Film)

• ZPN – Fils du roi (Peezee – SKP Filmz)

• ZPN – Pour la femme (Peezee – SKP Filmz)

“O Canada” : clip de Mehdhi Cayenne Club nominé pour la catégorie “meilleurs clips”

 

Meilleure pochette

• Andrea Lindsay et Luc De La Rochellière – C’est d’l’amour ou c’est comme (Mykael Nelson)

• Damien Robitaille – Omniprésent (Elizabeth Gasseldorfer)

• Mehdi Cayenne Club – Luminata (Patrick Senecal)

• Stef Paquette – Le salut de l’arrière pays (Christian Pelletier)

 

Meilleur site Internet

• AkoufèN (www.akoufen.ca) – Matthieu Leroux (Zéro Janvier)

• Damien Robitaille (www.damienrobitaille.com) – Elizabeth Gasseldorfer (Audiogram)

• Le Paysagiste (www.lepaysagiste.ca) – Frank Chartrand (Bureau Group)

• Mehdi Cayenne Club (www.mehdicayenneclub.com) – Frédéric Audet (Carbure)

• Paul Demers (www.pauldemers.org) – Jean-Michel Ouimet (Klash)

 

Meilleur spectacle

• Amélie et les Singes Bleus

• Le Paysagiste

• Mastik

• Tricia Foster

 

Artiste solo ou groupe francophone de l’extérieur s’étant le plus illustré en Ontario

• Kyssi Wète

• Les Surveillantes

• Marijosée

 

Artiste solo ou groupe franco-ontarien s’étant le plus illustré à l’extérieur de la province

• Damien Robitaille

• Les Chiclettes

• Mastik

• Mehdi Cayenne Club

• Tricia Foster

 

Découverte de l’Ouest par excellence

• Alexis Normand

• Les Surveillantes

• Marijosée

• Michel Lalonde

• Raphael Freynet

 

Meilleur album de l’Ouest canadien

• Alexis Normand (Mirador)

• Anique Granger (Les outils qu’on a)

• Daniel ROA (Hyperbole)

• Les Surveillantes (La racine carrée du cœur)

• Raphael Freynet (Le monde à voir)

 

Prix Radio-Canada pour la chanson primée

• Amélie et les Singes Bleus – Avec toi

• Andrea Lindsay et Luc De Larochellière – C’est d’l’amour ou c’est comme

• Damien Robitaille – Au pays de la liberté

• Gabrielle Goulet – Arc en ciel

• ZPN – Pour la femme

 

Artiste jeune public par excellence

• Do

• Les Cinq Pierres

• Vivo

 

Meilleur Diffuseur

• Alexandria – Les Trois P’tits Points

• Hearst – Conseil des arts de Hearst

• Kingston – Centre culturel Frontenac

• Sudbury – La Slague

 

Un des talents de la catégorie des artistes s’étant le plus illustré à l’extérieur de la province de l’Ontario. Damien Robitaille, chanteur franco-ontarien né dans le village de Lafontaine, d’un père francophone et d’une mère anglophone. Ici le clip de la chanson « Omniprésent », titre éponyme de son nouvel album de 12 titres réalisé par Laurent « Lone Lebone » Proneur


 Source APCM – www.apcm.ca

ILE DE LA REUNION : LE MAGICIEN OZE !

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« Mes textes auront toujours des ratures… » En fait de ratures, les textes du rap réunionnais n’ont pas à rougir côté littérature. Un vent nouveau souffle sur le milieu, avec des postures révolutionnaires, des réflexions audacieuses et une salutaire force dans les mots qui nous oblige à quitter la torpeur dans laquelle les standards du ronronnement radiophonique avait fini par nous engluer. OZE et ses dalons démontrent que le talent n’a pas besoin des dorures de la reconnaissance institutionnelle pour exister au grand jour.

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Les mots frappent. Les paroles claquent. Les idées fusent. Et la rythmique, toujours excellente, leur sert d’écrin. Avec peu de moyens et une bonne dose d’énergie et de génie, OZE et ses dalons [1] démontrent que le talent n’a pas besoin des dorures de la reconnaissance institutionnelle pour exister au grand jour. En plein soleil. Avec eux, le ton est donné : « chaque titre est une arme » ! Leur combat : antikolonialis ! « Bleu blanc rouge lé pa mon san », chantent-ils.

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La chanson engagée de l’océan Indien est une tradition qui a emprunté les chemins — pas toujours galizé mais souvent malizé — du maloya, du séga, du séga ravane, etc. Des différentes îles, les chants et les voix se sont mêlés pour dire la souffrance, la misère, la révolte, les injustices. Les luttes. Figure de proue de ce courant appelé « santé angazé », le Mauricien Siven Chinien [2] disparu en 1994 incarne, avec son emblématique chanson « Solda Lalit Militan » — qui proclame : « pa bizoin nou pèr pou vanzé » — un esprit revendicatif puissant et considère la musique comme un « outil de combat ».

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Deux décennies plus tard, la même détermination, la même force, se retrouvent à travers les productions du rappeur OZE et de ses dalons : Dassby, lexik, Ti bang [3], Socko, etc. A l’instar de Siven Chinien, ils considèrent leur art dans sa dimension militante et percutante et déclarent sans détours : « chaque titre est une arme ».

Très présents et actifs par l’intermédiaire des nouveaux médias, ils partagent leurs productions sur les réseaux sociaux et trouvent là une audience de fidèles connaisseurs. Leurs engagements sont multiples mais tous axés sur la nécessaire affirmation d’une « Réunion réunionnaise », décolonisée, comme par exemple lorsqu’ils lancent des débats autour de la langue créole.

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La fierté kréol lé an déklin

Paroles, musiques, prises de vue, montages, clips… L’absence de grands moyens n’est pas un obstacle et devient même une posture qui garantit une liberté dans les prises de position. On se souvient d’ailleurs de la réaction fulgurante de Ti bang dans un rap en réponse au « créole KK » d’une député : « nou va kontinié koz nout kréol kk ! » Au delà de cette réponse, le rappeur interroge non sans poésie : « Kel pé néna kan in pèp lé dominé ? » Ancrés dans la réalité réunionnaise, les textes de ces rappeurs libres collent à l’actualité comme ils l’ont prouvé par exemple suite aux émeutes de février 2012. C’est cet esprit de liberté de paroles qui les caractérise, qui les différencie, qui les galvanise. Car, du politiquement correct, ils n’en ont rien à f… et dégainent leurs textes avec une certaine dose de provocation et le miroir qu’ils nous tendent est sans compromis ni concession. Exemple : « la fierté kréol lé an déklin ant sat i fé le zorèy é sat i rod fé lafrikin ».

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Leur univers est marqué par la dérive d’une société inégalitaire où la violence et la misère (Mi rap la mizèr…) sont le lot quotidien de bon nombre de Réunionnais. Ils dénoncent. Ils apostrophent. Mais ils savent aussi glisser de la douceur et de l’espoir dans leur art comme à travers l’émouvant clip : « Pensées mélancoliques ». Une production particulièrement complète et réussie.

Une chose est certaine : les questions que nous posent ces artistes ne doivent pas rester sans réponses… « Eske moi lé noir, eske moi lé blan, eske moi lé batar, eské rouge est mon sang, eske nana la joie et la souffrance dans mon listoir, eske mi kosione sak la fé françois mussard ? »

Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros

Article paru sur le site partenaire www.7lameslamer.net/

QUEBEC/ CULTURE : FAVORISER LA DIFFUSION DE LA CHANSON QUEBECOISE

Favoriser la diffusion de la chanson québécoise : c’est l’un des temps forts de l’intervention du ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, durant la 26e édition de la bourse RIDEAU. D’où l’annonce d’un soutien à huit nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires en arts de la scène à compter de 2013-2014. Explications.

En plus de jouer un rôle de premier plan dans le maillage des œuvres avec les publics de toutes les régions du Québec, ces diffuseurs représentent l’un des plus puissants outils de circulation de la chanson québécoise sur l’ensemble du territoire.

‘Il s’agit d’une action que je veux rendre tangible à la suite du Forum sur la chanson québécoise, une tribune qui a suscité différentes réactions de la part des acteurs du milieu de la chanson. Ces nouveaux diffuseurs se distinguent par l’importance qu’ils accordent à la chanson québécoise. Cette aide financière leur permettra, d’une part, de consolider puis d’élargir leur programmation et, d’autre part, de poursuivre leur mission de développement des publics et de stimulation de leur intérêt pour les arts de la scène. En bout de ligne, ce sont les créateurs de chez nous qui profiteront de cet appui’ a déclaré le ministre Kotto.

Huit nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires soutenus par le Ministère

Corporation du Vieux Théâtre de Saint-Fabien, dans le Bas-Saint-Laurent
Corporation du Bedeau (Vieux-Couvent de Saint-Prime), au Saguenay-Lac-Saint-Jean
Théâtre Granada, à Sherbrooke
Société de la salle Jean-Grimaldi (Salle Desjardins, arrondissement de La Salle)
Corporation du Théâtre Outremont, Montréal
Diffusion Avant-Scène (Vieux Bureau de Poste de Saint-Romuald, à Lévis)
Café culturel de la Chasse-Galerie, à Lavaltrie
 Théâtre le Patriote, à Sainte-Agathe-des-Monts

Il s’agit d’un investissement supplémentaire de près de 150 000 $ par année. Rappelons qu’en décembre dernier, le ministre annonçait que l’enveloppe pour les ententes relatives au programme Aide au fonctionnement pour les diffuseurs pluridisciplinaires en arts de la scène serait de 16,5 M$ sur trois ans, soit une augmentation de près de 1 M$ pour renforcer l’accessibilité aux arts de la scène partout en province.

À la suite de l’ajout de ces huit organismes, le Ministère soutiendra un total de 104 diffuseurs pluridisciplinaires répartis dans les 17 régions administratives du Québec. De son côté, le Conseil des arts et des lettres du Québec accorde un soutien financier de plus de 5,1 M$ par année à 62 diffuseurs spécialisés en théâtre, en danse et en musique.

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Le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, durant son intervention à la Bourse Rideau (Photo Albert Weber)

La chanson francophone fait partie des priorités du ministre selon une dépêche de l’agence de presse québécoise à lire ici http://fr-ca.etre.yahoo.com/radio-chanson-qu%C3%A9b%C3%A9coise-kotto-compatit-artistes-014108791.html

“La chanson francophone est “marginalisée” dans les radios privées” estime le ministre Maka Kotto. Si le Québec récupérait les pouvoirs en matière de Culture, la notion de quotas de chanson francophone serait débattue. De nombreux artistes québécois qui connaissent une grande popularité sont peu présents sur les ondes des radios commerciales. Un phénomène qui ne date pas d’hier, a soutenu le ministre de la Culture, au cours d’un bref entretien.

“Pour quelles raisons ce choix est-il fait? La question devrait être posée aux lignes éditoriales de ces radios. Pourquoi marginaliser, consciemment ou inconsciemment, la chanson francophone et la chanson française?” -t-il questionné.

Le quota de musique francophone imposé aux radios doit atteindre 65 % sur une semaine de diffusion. L’Association québécoise de l’industrie du disque a dénoncé à plusieurs reprises le non-respect des quotas par certaines stations de radio de Montréal et de Québec. A suivre…

Source : Ministère de la Culture et des Communications du Québec

CARTE BLANCHE A MARC CHABOT : «LA CULTURE, LA CHANSON ET LE DIVERTISSEMENT »

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Marc Chabot – ci-dessus en compagnie des artistes québécois Louis-Jean Cormier et Pascale Picard.

Marc Chabot est un essayiste, écrivain et parolier québécois. Professeur de philosophie dans un CEGEP pendant 35 ans, il a notamment publié des essais sur Don Quichotte, sur les journaux d’écrivains et sur l’histoire de la philosophie québécoise.

Il est également l’un des fondateurs du magazine littéraire Nuit blanche et collabore fréquemment à la revue Relations. Il écrit son premier texte de chanson en 1987 avec Richard Séguin. Depuis, il en a signé environ 200. Il travaille avec Claire Pelletier, Luce Dufault, Daniel Lavoie, Nelson Minville, Renée Martel, Marie Denise Pelletier, Vincent Vallières et bien d’autres.

Depuis plus d’une dizaine d’années, il est formateur au Festival en chanson de Petite-Vallée. Il s’occupe entre autres choses des Rencontres qui chantent et il offre des ateliers d’écriture en collaboration avec Marie-Claire Séguin. Il a animé plusieurs ateliers pour la SPACQ. Le prix Luc-Plamondon, récompensant un parolier, lui a été décerné en 2010 par la Fondation SPACQ.

Ce texte a été rendu public par Marc Chabot lors de la séance d’ouverture du Forum sur la chanson québécoise en mutation, lundi 4 février à Montréal. Un Forum organisé par le CALQ, le Conseil des arts et lettres du Québec avec la participation du ministère de la Culture et des Communications et de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC).

Place à présent à Marc Chabot pour son texte intitulé « La culture, la chanson et le divertissement».

“En 1966, la revue Liberté publiait un numéro spécial intitulé Pour la chanson. À la question : qu’est-ce que la chanson pour vous ? Félix Leclerc répondait :

«L’accumulation de joies et de peines ferait éclater le cœur de l’homme, s’il n’y avait pas la chanson.
Ses limites. Ça ne se voit pas dans les hautes sphères comme la symphonie, ça ne s’attarde pas dans les couloirs de l’âme comme la psychanalyse, ça ne s’explique pas comme la philosophie, ça ne juge pas comme la morale, ça ne s’enseigne pas comme la doctrine, ça ne se copie pas comme la photographie, ce n’est pas un aigle, c’est un vivant petit oiseau sensible et intelligent dont l’univers est la cour, il connaît et ressent tout mais en petit, c’est très parent avec le conte et la fable. Ce n’est pas un océan, c’est une source, un grelot d’argent dans l’épaisseur du silence, une allumette dans la nuit.

Quelle est la bonne, quelle est la mauvaise ?
La mauvaise est une mouche qui bourdonne ».

Quand on m’a invité à participer à ce Forum sur la chanson québécoise, je me suis demandé si c’était vraiment la place d’un parolier. Après tout, une bonne partie d’entre vous vit de la chanson, vous êtes des artistes, des interprètes, des musiciens, des techniciens, des diffuseurs, des propriétaires de salle, des publicitaires, des agents. Moi, je suis un parolier. Je ne fais pas de scène, je suis occasionnellement formateur, mais je ne suis jamais parvenu à faire de mon travail un métier qui me permettait de vivre.

Mon vrai métier a été professeur de philosophie dans un cégep. Maintenant, je suis à la retraite et je continue d’écrire des chansons pour les chanteurs et les chanteuses qui en font la demande. J’aime les mots, j’aime ces mariages de toutes sortes entre les mots et les notes. Pour moi, une chanson est une œuvre, le travail de plusieurs pour que vive une idée, une émotion, un rythme. Brassens disait qu’une chanson est une petite fête de mots de notes.

Je ne suis pas venu ici pour vous parler d’argent. La chanson, c’est d’abord et avant tout un individu qui, souvent dans la solitude, s’occupe de sa peine ou de sa joie d’être au monde. Il écrit, il compose. Ce peut être Les vieux pianos ou Quand les hommes vivront d’amour. Il ne sait pas encore ce qu’il adviendra de son travail. En fait, il ne sait pas grand-chose. Il s’occupe le mieux possible à dire où il en est avec le monde. Il s’attriste des violences, il sympathise avec les démunis, il danse avec ceux et celles qui fêtent, il travaille, il biffe, il jette, il recommence, il avance et il recule.

Une fois sa création terminée, beaucoup de choses ou peu de choses sont possibles. Beaucoup ou peu de choses qui ne dépendent pas de lui. Son seul pouvoir était d’écrire une chanson, son seul pouvoir était au bout de son crayon ou de son clavier. Beaucoup du reste tient du hasard, de la chance, des rencontres, de la diffusion, du désir des autres de nous faire exister ou non.

Je veux insister sur ce désir d’exister, car c’est ce qui distingue en tout premier lieu la culture du divertissement. La culture peut faire exister les œuvres et généralement elle se soucie aussi de les conserver, de les rappeler à notre mémoire, de leur faire traverser le temps et les générations.
C’est une responsabilité qui devrait incomber aussi à ceux et celles qui s’occupent du divertissement, même si ce n’est pas leur premier défi. Une responsabilité oubliée, une responsabilité qu’on a parfois délibérément gommée.

Il y a quelques années, au Festival de la chanson de Petite-Vallée, Daniel Boucher a chanté la chanson L’ange vagabond que j’ai écrite avec Richard et Marie-Claire Séguin. Nous étions tous les trois dans la salle. Pour ceux et celles qui s’en souviennent et qui la connaissent, vous savez qu’il s’agit d’un hommage à l’écrivain Jack Kerouac. C’est une œuvre pour la mémoire.

Après sa prestation, Daniel Boucher est venu me voir, il m’a pris dans ses bras et il m’a dit : merci Marc, tu sais, c’est depuis que je suis Ti-Cul que je rêvais de chanter cette chanson sur scène. Richard Séguin qui était tout près ajouta : il y en a au moins une qui aura traversé une génération.
Il est là le pouvoir de la culture. Dans un moment comme celui-là, je me soucie bien peu d’en être l’auteur. Je sais depuis longtemps maintenant que le nom des paroliers n’est pas ce qui prime. Mais une œuvre est vivante et ça me suffit.

Ce qui compte, c’est de pouvoir dire : merci Kerouac, merci la littérature, merci la musique, merci Daniel Boucher, merci l’américanité, merci la poésie, merci la culture.

Réduire la chanson à un art de divertissement, c’est peut-être passer à côté de l’essentiel. Réduire la chanson à un art de divertissement, ce n’est pas lui rendre service.

Je voudrais qu’on me comprenne bien. Je ne suis pas en train de vous dire qu’il y aurait d’un côté les bons de la chanson, ceux qui plaident pour la culture, et de l’autre côté ceux qui sont pour le divertissement et qui seraient les méchants.

Je pense que nous pouvons tous penser plus loin. Je pense que nous nous devons de faire cet effort. Nous le pouvons et, si nous y arrivons, nous parviendrons peut-être à résoudre une partie de la crise qui nous amène tous ici. Il y a des ponts à rétablir entre la culture et le divertissement.

La solution est là, pas dans l’acte de creuser davantage le fossé entre les deux.

Cette crise exige d’être réfléchie de plusieurs manières. Cette crise, elle vient aussi de cette séparation que nous encourageons jour après jour entre culture et divertissement.

Une chanson peut nous faire réfléchir, une autre peut nous faire danser, une autre peut nous faire pleurer et une autre encore peut nous faire rire. La chanson est un art multiple. La chanson doit être tout autant une fête qu’un hymne. La chanson doit être tout autant une folie qu’un recueillement ou une dénonciation des violences. Chanter, c’est tenter de dire et tenter de décrire tous les mondes possibles. La danse à Saint-Dilon fait son travail comme La danse des canards ou La danse du Smatte. Le plus beau voyage fait son travail comme La langue de chez nous ou Bozo les culottes. Les oies sauvages font leur travail comme La planque à libellules ou On va s’aimer encore.

Nous avons besoin des chansons pour tous les instants de la vie des êtres et pour tous les instants de la vie d’un peuple. J’ai besoin de ces petits oiseaux dans ma cour, comme le disait Félix. Comme j’ai besoin du cinéma, du théâtre, du roman, de la peinture et de la poésie.

Admettons que comme créateur, comme compositeur, comme parolier, comme interprète, nous ne serions que trop peu de choses si notre seul but, notre seule action dans la culture était de divertir.

La chanson doit être libérée des carcans dans laquelle on tente de l’emprisonner. Elle est plus qu’un genre, elle est plus qu’un son, elle est plus qu’une voix, elle est plus qu’une mode, elle est plus que ce qu’elle vend ou ne vend pas. C’est ce plus que nous devrions rechercher. C’est ce plus qui fait que, quelque part, un jeune vient de s’acheter une guitare et s’apprête à partir à l’aventure, qu’un autre vient de s’acheter un dictionnaire de rimes et se rend compte avec tristesse que bien peu de mots riment avec amour et qu’il devra trouver le moyen de nous le faire oublier.

Oui, il y a une crise. Elle est profonde, elle est terrible. Depuis l’arrivée du CD notre chanson se disperse et se perd. Le répertoire disparaît petit à petit. Nous sommes un petit marché et beaucoup de nos créations sont complètement disparues avec l’arrivée des CD. Il est strictement impossible, même avec la plus belle volonté du monde, de posséder l’intégrale de l’œuvre de Claude Léveillée ou Pauline Julien. Qui se souvient des albums d’une Ginette Ravel ou du groupe Toubabou ?

Nous n’aimons pas la chanson quand nous nous enfermons dans le présent. Il n’est jamais bon pour l’avenir de ne pas avoir de passé.
Je rêve depuis des années d’un vrai site Internet qui aurait le souci du passé. Contrairement à ce que l’on pense, il y a une grande différence entre l’histoire et la nostalgie.

Pouvons-nous nous donner les moyens de sortir de l’éphémère ? La chanson a une histoire, comme le cinéma ou la littérature.
Écrire une chanson, c’est ouvrir à la liberté. C’est la réclamer quand on n’en voit plus le bout du nez. C’est tout autant la liberté de l’amoureux que la liberté d’un peuple. J’aime savoir que les chansons naissent d’une émotion, mais c’est justement parce qu’elles sont une émotion qu’elles sont fragiles et cette fragilité peut faire tout autant notre bonheur que notre malheur.

Idéalement, la chanson ne devrait pas être au service de quelque chose. Elle est un mode d’expression, une manière d’être et de dire le monde. On ne peut pas se contenter de penser la chanson comme un simple soutien à l’industrie, à la publicité, aux radios ou aux commerces de tous genres. Quand j’écris dans un texte de chanson : je veux encore d’un grand verre de bonheur, j’aimerais bien qu’on sache que je n’écris pas pour qu’on boive plus de lait, une liqueur ou une bière. Je veux d’une chanson qui existe pour elle-même, je veux des chansons qui s’adressent à nous tous.

La vie n’est pas un éclat de rire permanent. Nous le savons tous. Depuis quelques années, bien des arts sont disparus des médias. Il y a peu ou pas de place pour notre poésie, peu ou pas de place pour le roman, peu ou pas de place pour la peinture et le théâtre. Est-ce normal qu’il y ait à chaque semaine dans trois de nos chaînes publiques entre six et dix heures d’émissions pour rire ? Je prendrais bien quelques-unes de ces heures pour rencontrer un chanteur, une chanteuse, un romancier ou un poète. Je voudrais le dire sans dénigrer pour autant l’humour.

Oui, choisir la culture est plus exigeant que le divertissement, mais c’est un choix de société et pour moi, il y a une différence entre un choix de société et des cotes d’écoute.

Durant les deux jours qui viennent, vous aurez la chance ou la malchance d’en apprendre bien davantage sur les différentes crises de la chanson. Problèmes de diffusion, problèmes de ventes de billets, problèmes de droits d’auteur.

Il y a vraiment beaucoup de problèmes à résoudre pour que la chanson existe mieux et existe plus. Je pense que nous sommes d’accord pour dire avec ceux et celles qui nous convient à cette réflexion, que les enjeux et les défis sont grands. Mais il faut aussi ne pas confondre les enjeux collatéraux avec une interrogation majeure : quelle place voulons-nous vraiment pour la chanson dans la culture ? Et cette question ne s’adresse pas seulement aux créateurs des chansons mais aussi à ceux et celles qui font vivre nos œuvres.

Le philosophe Vladimir Jankélévitch a écrit :
… la jeunesse rend tout le monde jeune, comme la poésie fait de chacun un poète !

Il suffit d’aller entendre le spectacle des Douze hommes rapaillés pour s’en convaincre. Nous sommes au plus proche de ce que peut faire la culture : provoquer chez l’humain l’élévation dont il a besoin pour espérer. La chanson, comme tous les arts, est un arrachement au réel. Nous avons besoin qu’on nous invite dans l’ailleurs. Nous avons besoin de savoir que nous sommes autre chose que des travailleurs ou des consommateurs. Il est bon pour les hommes et les femmes que nous sommes de retrouver notre noblesse. Je refuse l’idée que nos élévations, nos arrachements au réel et notre noblesse soient des concepts creux.

On nous a habitués avec trop de facilité à consommer. Même le malheur et les guerres se consomment. J’ai besoin de la chanson pour aller ailleurs, pour approcher la beauté. La chanson m’a si souvent permis d’espérer, de grandir, de rêver. La chanson sauve des vies, elle aide à vivre, elle aide à mieux comprendre nos complexités, nos contradictions, nos divagations, nos égarements. J’aime savoir qu’elle peut continuer à faire son métier.
Simplement, sans prétention, sans exagération. J’aime qu’elle prenne ma main pour m’aider à rester debout et vivant.

Mais je pense aussi qu’elle a besoin d’être défendue par chacun de nous. Je pense que nous devons refuser qu’on oublie sa grandeur, qu’on oublie qu’elle n’a pas à être traînée dans les marges de la consommation parce que nous manquons d’imagination. Elle peut encore être un refuge quand l’insignifiance déferle sur nous.

Je relisais récemment un livre du philosophe Peter Sloterdijk, Essai d’intoxication volontaire. Il disait ceci de la mission de l’écrivain. Je pense qu’on pourrait très facilement le dire aussi de la chanson.

La mission de l’écrivain n’est pas d’être anodin. Il me semble que nous avons oublié ce qu’est un écrivain et ce qu’il fait lorsqu’il se consacre à son métier. Les écrivains sont des expérimentateurs. Leur boulot, c’est de dépister ces substances dangereuses que l’on appelle les thèmes, les thèmes profonds de leur époque, ces thèmes sont traités, décomposés, filtrés, renversés et recomposés par les auteurs. Il s’agit d’un boulot (…) risqué.

Un peu plus loin il ajoute :
C’est un sérieux symptôme du déclin de la vie publique, lorsque même les critiques, (…) ne comprennent plus ce que fait un auteur en menant des expériences sur des aspects explosifs des matériaux dangereux .

Cette mission de l’écrivain, c’est peut-être aussi celle du chanteur, du parolier et du musicien. Pouvoir dire qu’il y a des secousses sismiques en chaque être humain. Pouvoir dire que nous avons besoin d’être réveillés.

Et Sloterdijk en ajoute une dernière :
Toute personne disposant d’un téléviseur peut s’écœurer de tout .

C’est par écœurement justement qu’on finit par éteindre. Vivement la culture, vivement le retour de la chanson dans la culture.

Si la culture est un arrachement au monde ou au réel, elle n’est pas un aveuglement, une manière de m’endormir, un détournement de l’esprit. Il y a une réclame de bonheur dans l’histoire de notre chanson qui mérite d’être entendue. Elle est là cette réclame. Elle nous vient des artistes eux-mêmes.

Elle nous vient des artistes de tous les âges. Je l’entends tout autant chez Lucille Dumont que chez Bernard Adamus. Elle ne vient pas d’un son mais du sens”.

MARC CHABOT

Avec les  remerciements de Planète Francophone au Forum de la Chanson Québécoise pour l’autorisation de reproduction de ce texte.