Quand Marie-Anne Alizon chante, elle ne fait pas semblant.
Elle chante comme si sa vie en dépendait.
Coup de projecteur sur une voix originale qui s’exprime (trop peu) en Alsace.
Inaugurée par Alain Fontanel, 1er adjoint de la Ville de Strasbourg, la rue Alain Bashung est redevenue la rue du Jeu des Enfants à la fin de l’événement.
Serait-ce le premier pas vers une VRAIE rue consacrée à cet artiste ?
Et si la Ville de Strasbourg prenait exemple sur Mulhouse qui dispose, elle, d’une rue Alain Bashung ?
Elle y a été inaugurée le 3 décembre 2017 en présence du Mulhousien Arnaud Dieterlen (batteur de Bashung, Jacques Higelin, Miossec, CharlElie Couture, Françoise Hardy, etc.) et de trois autres personnes également présentes à l’inauguration de l’éphémère rue Bashung à Strasbourg : le Sélestadien Pascal Jacquemin (écriture de l’album “Figure imposée”), le parolier Jean Fauque et la veuve du chanteur, Chloé Mons.
ALAIN BASHUNG CÉLÉBRÉ EN PAROLES ET MUSIQUES ET DANSE
Immersion radiophonique avec diffusion de nombreux entretiens du chanteur, exposition de portraits et de partitions manuscrites, projection de reportages et d’extraits de films dans lesquels a tourné le chanteur, diffusion du concert de Sainte-Marie-aux-Mines en 2006 …
Pas de doute, le cinéma Star aura été un des efficaces repères de “Bashung comme un écho” en lui consacrant trois salles durant plusieurs heures dimanche 23 juin.
L’émission délocalisée de France Bleu Alsace était animée par Maxime Veyrier.
Au micro divers invités dont Stéphane Deschamps, pour son livre “Alain Bashung, sa belle entreprise” , le parolier Pascal Jacquemin, Stéphane Libs (gérant des cinémas Stars), Mélina Napoli, déléguée régionale de l’INA…
VIDÉO : Pascal Jacquemin raconte ICI rencontre avec Alain Bashung
Décontractée et sûre d’elle, Mademoiselle Maria K, clown et “tragédienne de rue” (Compagnie Les Oreilles et la Queue) a animé plusieurs visites en commentant avec force détails les panneaux de l’INA.
De quoi plonger dans le destin et le répertoire du chanteur en prenant le public à témoin, en l’apostrophant, en suscitant sa réaction, par exemple pour déposer des objets symboliques à extraire d’un sac qu’elle présentait au public.
Parmi les participants de la première visite, Vincent Kayser, passionné du répertoire de l’artiste. Voici des années qu’il découvre nombre de références, de clins d’oeil, d’allusions à l’Alsace dans les chansons de Bashung, bien au-delà de l’incontournable “Elsass Blues” …
Succès populaire : l’expression qui définit le mieux l’affluence aussi bien samedi que dimanche rue Hannong, où étaient présentées deux expositions :
celle des si expressives peintures de José Correa présentées en septembre 2017 par Michelle Ruffenach dans sa librairie-galerie Art&l’être du boulevard de la Victoire hélas fermée …
et celle du Centre Jacques Brel montrée en mars 2019 durant 10 jours à Outreau pour le 10ème anniversaire de son décès. Ces 10 tableaux enracinés dans la vie et dans l’œuvre de Bashung ont été apportés à Strasbourg par Christophe Ringot et Bernard Bocquet, à l’origine de cette expo.
Autre repère de l’opération “Bahung comme un écho” : les enregistrements sonores que le public a pu découvrir en toute quiétude, tranquillement assis dans des transats de l’Institut National de l’Audiovisuel !
Plus d’une personne a attentivement fixé les photos du chanteur collées sur les écrans des vieux téléviseurs, en pensant que l’image y était restée bloquée !
Plusieurs magnétoscopes proposaient non loin de là, dans la rue Alain Bashung, des reportages qu’on pouvait, là aussi, savourer sur des transats …
Plus une place assise dans la longue Salle Blanche de la Librairie Kléber. Et nombre d’auditeurs sont restés debout …
Une heure 45 minutes à bâtons rompus animée par l’auteur de “Bashung, sa petite entreprise” entre anecdotes et confidences évoquées par la veuve du chanteur et son parolier et ami de (très)longue date qu’il appelait Jeannot, comme le raconte Jean Fauque. Lequel sera, lors des questions de l’assistance, interpellé par une personne qui lui donnera du “Monsieur Jeannot” !
Plusieurs panneaux de la SACEM ont présenté des partitions et autres documents sur les chansons d’Alain Bashung dans la rue du Jeu des Enfants et aussi dans les couloirs du Cinéma Star.
Chloé Mons a été pendant douze ans la compagne d’Alain Bashung.
En 2012, elle publie un court texte, “Let Go”, qu’elle définit comme un journal de deuil. Dans ce livre débordant d’amour, elle dévoile avec beaucoup de réserve et d’élégance les derniers jours du chanteur, décédé le 14 mars 2009.
C’est une version augmentée de ce récit, accompagnée de photographies, qui a été republiée en mars 2019 à l’occasion des dix ans de la mort du chanteur.
Parolier, écrivain, chanteur … il est évidemment impossible de résumer Jean Fauque en quelques mots !
Et on pense aussitôt à certaines chansons d’Alain Bashung dont “Osez Joséphine”, “Ma petite entreprise” ou “La nuit je mens” pour ne citer que les plus connues … ou encore l’album “Fantaisie militaire” …
Peut-être le reverra-t-on cet automne à Strasbourg à l’occasion des Bibliothèques Idéales …
Trois des articles publiés dans les DNA. Dommage que l’unique compte-rendu paru dimanche ne mette pas en valeur davantage de facettes de l’opération “Bashung comme un écho”.
Et on reste assurément sur sa faim en lisant : “De grands panneaux explicatifs et des peintures du bonhomme attirent quelques curieux”…
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
D’abord une évidence.
Ou plutôt un malentendu car vous avez sans doute l’impression de bien connaître cette chanteuse si souvent applaudie au sein de nombres d’aventures musicales collectives. Et cela dans des registres fort variés !
Cette belle poluyvalence, elle en parle d’ailleurs à celles et ceux qui viennent la retrouver sur le site de l’album en projet :
“Je chante avec les harmonies Alsatia de Drusenheim, Vogesia de Krautergersheim et le B.B.B: Big band de Bischheim. Je fais partie du collectif « Pour ne pas oublier Charlie », participe au clip diffusé sur France 3, au concert au Zénith « Liberté de penser » et aux tournées d’été « Des voix de la liberté ».
Certes, on peut être séduit par une voix qui s’affirme dans un contexte collectif, comme ce fut le cas lors du concert de janvier 2018 avec le Big Band Bischheim.
Dans un article consacré à ce concert, j’avais parlé d’une “évidente intensité vocale entre énergie et douceur” en précisant : “La participation de Corinne Guth a mis en évidence son talent de chanteuse. Et ici en l’occurrence celui d’interprète d’incontournables standards tels que “The best is yet to come”, “Me ans Mrs Jones” et “New-York, New-York” : trois titres qui évoquent immédiatement Franck Sinatra, Billie Paul et Liza Minnelli. Reprendre de tels refrains peut se révéler problématique si on ne dispose pas d’une voix adaptée à la puissance mais aussi à l’émotion qui en découlent. Il faut à la fois du coffre, du souffle, … en somme une évidente intensité vocale tout en s’aventurant dans un univers plus nuancé avec la reprise du tube de Billie Paul”.
Mais me direz-vous, c’est bien beau de rappeler les qualités vocales et la présence scénique de Corinne Guth au sein du BBB … mais n’est-il pas ici plutôt question de son imminent album ?
Oui, c’est vrai mais comme il existe toujours des personnes qui ne connaissent pas cette chanteuse, il me semblait judicieux de la situer dans un certain contexte musical.
Histoire de vous inciter, ou plutôt de vous persuader à agir en faveur de son album…ou plutôt cet EP comme on dit aujourd’hui ! Bref un enregistrement qui mettra en valeur une voix à vous donner des frissons comme ICI dans cet extrait du CD en préparation. On y découvrira huit chansons dont une reprise en anglais: “Shout” de Tears for Fears.
“Je n’ai pas prévu de titre pour l’album. et suis principalement auteure. Et c’est pour cela que mes chansons sont le fruit de collaborations avec des compositeurs. Je leur confie mon texte mais je peux également coucher mes mots sur leur musique. Sur cet album j’ai eu le plaisir de travailler avec Nicolas Fischer, Séverine de Close, Mathilde Quartucci, Frank Jean Schmidt, Julien Grayer le chanteur de Ernest, Michael Derotus. … et il y aura aussi un morceau de ma composition”.
Julien Grayer a également composé un titre de cet album comptant au final trois chansons inédites ; les autres titres, Corinne Guth les chante déjà.
Les morceaux ont été arrangés e”n groupe, avec les belles idées et le talent de chacun”, ainsi que la bienveillance, le professionnalisme et la direction artistique de Patrick Wetterer, Julien Grayer et Mark Krauth.
L’efficace équipe réunie s’enracine en partie dans le groupe Corinne et les Voyageurs qui aura marqué nombre de scènes dans des formules variables.
Aujourd’hui plus que jamais, impossible de coller une étiquette sur son répertoire ou d’enfermer Corinne Guth dans un registre unique. C’est dans ses influences jazz, blues, pop et folk qu’elle a puisé l’inspiration.
Et ces influences s’affirment avec talent dans cet album aux thèmes autant personnels, voire intimes, que sans frontières. Il y est en effet question de la reconnaissance et l’acceptation de soi, du refus du quotidien, d’écologie, de désir, d’engagement, …
Et la liste n’est évidemment pas exhaustive chez cette artiste qui avoue : “J’ai toujours jours aimé écrire et cela depuis mon adolescence. Très vite, je me suis servie des mots pour extérioriser ce que je n’arrivais pas à dire autrement. Tout d’abord sous forme de poèmes et ensuite en chansons, l’écriture m’a permis d’exprimer ce qui me touche, mes rêves, mes espoirs, mes peines, mes révoltes, mes prises de positions mais également ce que j’observe autour de moi.”.
ATTENTION, DATE LIMITE LE 29 JUIN
Voilà tout est dit, ou presque.
Ah oui, une dernière précision, et elle est de taille. Le financement participatif se termine samedi 29 juin.
Donc vous savez ce qui vous reste à faire si vous voulez soutenir cette chanteuse, également comédienne et formatrice “
Et pour se rendre sur ulule, franchement c’est pas du tout compliqué.
C’est par ICI TOUT SIMPLEMENT
Texte et photos Albert WEBER
La troisième édition du concours d’Stìmme, lancé en novembre dernier, a pour objectif une nouvelle fois de faire découvrir les nouveaux talents de la chanson en alsacien et en platt.
Dix chanteurs amateurs ont ainsi pu enregistrer une chanson qui a été diffusée sur France Bleu Alsace et France Bleu Elsass, et soumise aux votes des auditeurs.
Cette liste de dix artistes a été établie par un jury composé d’artistes et de professionnels de la scène et des médias alsaciens : Matskat, auteur-compositeur-interprète et président du concours; Isabelle Schoepfer (directrice de l’OLCA), Sylvie Bagnuls (représentante d’Orange), Hervé De Haro (directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass); Laurent Genvo (chargé de la communication de France Bleu); Albert Weber (journaliste); le chanteur Robin Leon; Clément Dorffer, animateur de France Bleu Elsass, Agnès Lohr, directrice du Festival Summerlied, Cathy Bernecker, comédienne.
La réunion de ce jury a fait l’objet d’un reportage de la journaliste Régine Wilhelm du jury pour l’émission RUND UM.
32 chansons en alsacien (et aucune en platt) ont été écoutées par les jurés, et l’âge des candidats y variait entre 11 et 93 ans.
De quoi donner matière à des chansons en alsacien présentées dans des registres très différents …
Cette finale se déroulera dans un contexte qui mérite d’être souligné.
En effet, comme annoncé le 4 mai dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, Hervé de Haro quittera la société Radio France fin mai. Et donc y cessera ses fonctions de directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass, station diffusée via internet.
Ce départ est-il de nature à remettre en cause l’existence du concours de chanson alsacienne ?
L’arrivée d’un nouveau directeur ou d’une nouvelle directrice sera-t-elle synonyme de poursuite du partenariat entre l’OLCA et France Bleu ?
Autant de questions qui méritent d’être posées sans tarder même si les réponses n’en sont pas encore connues…
La complicité tissée entre la directrice de l’OLCA, Isabelle Dietrich Schoepfer, et le directeur de la radio, Hervé de Haro, aura ÉVIDEMMENT été essentielle dans la conception et la mise en route du concours D’Stimme.
Il est vrai que depuis son arrivée à la tête de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass en septembre 2016, Hervé de Haro a lancé une série d’initiatives destinées à rendre plus visible … ou plutôt plus audible, la langue alsacienne sur ces ondes et cela ne s’est pas limité à la chanson en alsacien.
J’espère évidemment que la finale du 31 mai aux Tanzmatten de Sélestat ne soit pas synonyme de fin de parcours pour ce concours.
La “sensibilité envers les réalités alsaciennes” de celle ou celui qui va succéder à Hervé de Haro sera un facteur ESSENTIEL dans la poursuite – voire la modification – de ce concours mettant en valeur la chanson alsacienne. Et aussi celle en platt même si les candidatures ont été très rares dans ce domaine là …
En attendant d’y voir plus clair, ne boudons pas le plaisir de retrouver tous ces talents réunis pour la 3ème édition de ce concours remporté en 2017 par Gaël Sieffert et en 2018 par Serge Rieger.
ALBERT WEBER
Entrée gratuite sur réservation obligatoire sur la billetterie en ligne ICI
Ce sont sans doute les premières réflexions venues à l’esprit dimanche 28 avril dans la belle salle de l’EcRhin à Gambsheim, cité alsacienne mitoyenne du Rhin.
Une demi-douzaine de titres surgit spontanément en pensant à Nicolas Peyrac et ces souvenirs sont indéniablement liées à deux repères : un concert en première partie de Serge Lama, en 1976 au Palais des Congrès et de la Musique à Strasbourg, durant mes années d’étudiant au Centre universitaire de journalisme, et puis une formidable émission de radio animée par Bernard Vitry durant une heure en direct, dans un studio de la Place du Barachois à Saint-Denis de la Réunion en 1981.
Et c’est là que réside évidemment le danger : celui de vouloir s’en tenir, voire se réfugier dans le plaisir que l’on éprouvera en retrouvant les premiers succès de Peyrac.
“Souvenirs attention danger” chantait Serge Lama … D’où l’importance de ne surtout pas se complaire dans un registre passéiste du genre “ah la chanson française c’était mieux avant, et les chansons c’était autre chose que ce qu’on entend ou qu’on écoute la radio … “
Le double concert de Gambsheim entre jeune artiste et talent confirmé offre une percutante réponse aux grincheux bloqués sur leurs tubes d’antan. Et cela d’autant plus que Nicolas Peyrac s’affirme aujourd’hui comme un auteur-compositeur-interprète plus que jamais passionné par l’écriture, comme il l’a si bien évoqué – avec conviction, voire émotion – en paroles et en musiques.
Ah… je me disais bien que Nicolas Peyrac n’est pas homme à se complaire dans le passé. A s’accrocher sans cesser à ces paroles et ces musiques qui ont séduit la France, et la vaste francophonie qu’il connait d’autant mieux pour avoir vécu une quinzaine d’années à Montréal, jusqu’en 1986, avant de s’établir en Bretagne.
Le rendez-vous proposé par Fréquence Verte était clair, et pas de doute sur “a règle du jeu”.
Ici pas de concert rétro à l’instar des fameuses tournées remplissant les Zéniths avec un bataillon d’artistes passés à la postérité pour un seul tube qu’ils chanteront jusqu’à leur dernier souffle.
A l’EcRhin, pas de “cirque Barnum” avec Peyrac !
Et j’emploie cette expression à dessein car il s’agit précisément des termes utilisés par l’extraverti dCookie Dingler – créateur de “Femme Libérée” – lors de ses deux récentes soirées “Carte Blanche” offertes avec une dizaine de musiciens et dans des registres fort variés au PréO d’Oberhausbergen.
“Les Acoustiques Improvisées de Nicolas Peyrac” : c’est donc le concept dans leque est très à l’aise cet attachant auteur-compositeur-interprète qui a conquis près de 200 personnes enthousiastes, un dimanche en fin d’après-midi.
Assurément un sacré pari lancé par Pascal Frank, directeur des programmes d’une radio spécialisée dans la chanson d’expression française, qu’elle provienne de l’Hexagone, du Québec ou d’ailleurs.
Une guitare, une voix, et une chaise pour offrir un concert de près d’une heure et demie marqué par de nombreuses, très nombreuses et si belles surprises … je veux dire des chansons inconnues du grand public.
Pourquoi pareille ignorance ? Tout simplement car les nouvelles chansons de Peyrac sont oubliées, ignorées, rejetées par les désormais incontournables et dictatoriales play-lists de ceux qui font la pluie et le beau temps des radios commerciales et hélas également trop souvent de celles du service public.
“Suffit que tu oses” : c’est le titre du dernier album de Nicolas Peyrac qui n’a pas pu en assurer l’indispensable promotion, à cause de problèmes de santé qui l’ont obligé à fréquenter les blouses blanches et non pas les studios radios et les plateaux de télé.
C’était l’an dernier, et rien ne dit que ces chansons ne bénéficieront pas d’une seconde vie, d’une seconde chance dans le cadre d’un nouvel enregistrement, d’une nouvelle sortie.
C’est du moins une des perspectives évoquées par le chanteur durant ce concert guitare-voix entre refrains chantés et anecdotes partagées avec lucidité et bon sens. Et un regard teinté de recul face à son parcours artistique entre périodes de sur-médiatisation et années de silence.
L’irrrésistible besoin de refuser les étiquettes, Nicolas Peyrac en a aussi parlé en évoquant la réductrice image publique de Guy Béart et Henri Salvador dont il a repris à chaque fois une chanson.
Qu’il est frustrant pour un artiste – et aussi pour un public en quête de nouveaux refrains – de toujours s’en tenir à un ou deux tubes alors qu’un parcours est si souvent synonyme de création. En témoigne aussi le destin de Donovan, un artiste majeur pour Peyrac qui a parlé de son influence sur son inspiration ….
Ce (si compréhensible) refus de se laisser enfermer dans une seule chanson à succès me rappelle le concert de Michel Rivard à Capbreton, lors des inoubliables Déferlantes Francophones créées par Maurice et Françoise Segall. Le chanteur québécois est en effet connu en France pour “La complainte du phoque en Alaska” rendue célèbre par le groupe Beau Dommage dont il fut une des figures marquantes.
“Bon, je sais que vous l’attendez ! Alors je vais vous la chantez sans tarder, et puis ce sera fait. Et vous serez plus attentif aux autres chansons” avait lancé Rivard au public avant d’interpréter le fameux tube…
Le besoin et l’envie d’écrire aura été le fil rouge de ces Acoustiques offertes par Peyrac au gré de nombre de concerts, ici et là à travers la France comme ce fut le cas en Lorraine à Boulange, lieu du concert précédant celui de Gambsheim.
Aujourd’hui, à quelques mois de ses 70 ans, Nicolas Peyrac cultive une évidente sagesse. Un art de vivre, de continuer à composer et à chanter pour les autres avec un unique souci : rendre heureux celles et ceux qui prennent le temps de le rencontrer et surtout de le (re)découvrir.
Car il s’agit bien de redécouverte quand on savoure chacune des chansons d’hier et d’aujourd’hui durant ces “acoustiques improvisées” semées d’anecdotes, de commentaires, de vérités lancées en toute décontraction. Parce que ça fait du bien d’écouter s’exprimer en toute liberté un artiste sur son parcours d’homme autant que sur sa trajectoire artistique.
Certes, comme il le raconte à Gambsheim, il ne boude pas son plaisir quand, durant son hospitalisation, Nolwen Leroy remet à la une de l’actualité artistique une de ses chansons les plus marquantes. Celle qui l’a fait sortir de l’anonymat en 1974 : : “So Far Away From L.A”.
A retrouver ICI dans une version en direct offerte dans l’émission Le Grand Studio de RTL et filmée en studio.
Ce concert, c’est tout simplement celui d’un ami que l’on retrouve en toute simplicité. Sans baratin, avec un timbre de voix que l’on reconnait d’emblée.
Reste un regret que je n’ai pas eu la présence d’esprit de partager à Nicolas Peyrac durant notre bref échange : celui de ne pas avoir mis à son répertoire la chanson sur Marylin Monroe, assurément un de mes titres préférés. Et aussi “Je pars” … que je pensais retrouver en fin de concert à Gambsheim…
Certes les années ont passé, mais l’artiste est demeuré égal à lui-même. Ni très extraverti ni très expressif, toujours un peu sur sa réserve. Avec un sens du détail, de la formule qui fait mouche. Un comportement sans doute motivé par l’envie de retenir l’attention des spectateurs bien plus par le verbe que la gestuelle.
Ici et là, comme pour “Le vin me soule”, Peyrac met le public à contribution. Histoire de ne pas se contenter de chanter mais aussi de susciter une certaine interaction.
En replaçant ses chansons – autant celles d’hier que ses plus récentes – dans le contexte de leur création, il offre un éclairage des plus instructifs à ceux qui ont envie d’en savoir plus sur la naissance de tel ou tel titre.
Et l’on imagine très facilement l’étudiant en médecine marchant d’un pas alerte dans la rue, avec en tête une mélodie qu’il ne fallait surtout pas laisser s’échapper. Donc surtout ne parler à personne et n’être interrompu par personne et rentrer précipitamment chez lui pour composer la musique de “Et mon père”, le 2ème tube sorti en 1975.
La dernière chanson du concert offre un superbe résumé de la carrière de Nicolas Peyrac, avec quantité d’allusions à ses chansons, à sa vie.
Si vous n’avez pas eu la chance de vous trouver à l’EcRhin, prenez donc le temps de retrouver l’artiste entre chansons et confidences sur France 3 Bretagne.
C’était en décembre 2017, juste avant le lancement du nouvel album qui sera si compromis pour raisons de santé : une émission comme je les aime, quand on prend le temps de respecter son interlocuteur en lui donnant l’occasion de s’exprimer sur divers sujets liés ou non à ses chansons.
Près d’une heure entrecoupée de plusieurs séquences sur lesquelles il intervient, et toujours un repère qui aura toujours guidé son parcours depuis ses premiers pas de la célébrité : “Rester digne tout en étant populaire”.
Impossible de parler de ce concert sans évoquer la première partie assurée avec brio par Deborah Elina.
En une demi-douzaine de titres, elle aura su retenir l’attention d’un public qui ne connaissait rien d’elle. Des spectateurs attentifs qui n’ont pas ménagé leurs applaudissements.
Autant de chansons à fleur de peau, sans esbroufe, teintées d’amour. Un répertoire qui en dit long sur une vie sans doute bien moins lisse que ne le laisse supposer son sourire … Des refrains pour (se) raconter via une poésie du quotidien et des sentiments qui font chaud au cœur et/ou qui obligent à se remettre en question.
Deborah Elina a séduit le public sans en rajouter, sans se forcer à plaire. Juste une talentueuse simplicité mise en relief avec sensibilité par celui qu’elle appellera après ce concert “mon fidèle pianiste très applaudi ” : Jonathan Goyvaertz.
Le nom de cet efficace musicien aura été hélas noyé par les applaudissements saluant la chanteuse qui gagnerait sans doute à s’affirmer un peu plus sur scène. Pas grave, car cette auteure-compositrice-interprète a tout d’une grande : l’inspiration, le timbre de voix, et surtout l’inspiration pleine de nuances qui irrigue son répertoire.
Encore faut-il que les médias la suivent dans son évolution et ne la résument pas à sa collaboration avec Marc Lavoine … ou au clip “Les Bruits du coeur” inspiré du milieu médical et dans lequel apparait le médecin-animateur télé Michel Cymes.
A Gambsheim, son tour de chant aura mis en relief les titres du CD “Les bruits du cœur”. Un premier album qui a incité Claude Fèvre au commentaire suivant sur son site “Chanter c’est lancer des balles”:
“Sans aucun doute Deborah Elina signe là un album profond, séduisant musicalement surtout si l’on songe à la plus jeune génération. Encore faudrait-il qu’il puisse l’atteindre ! Pour l’heure nous disons notre enthousiasme et notre impatience à découvrir ces chansons là en scène”.
En somme mission accomplie pour cette grande première signée Pascal Frank, le directeur des programmes de Fréquence Verte : ” En proposant deux artistes sur scène avec Fréquence Verte, j’ai voulu être en adéquation avec notre programme radio. Créer la surprise avec des facettes parfois cachées d’un artiste reconnu Nicolas Peyrac Officiel, et proposer la découverte d’une jeune artiste pleine de talent Deborah Elina Perso .
Je suis ravi que dans l’article des Dernières Nouvelles d’Alsace tous deux soient mis en avant, que cette osmose ait été ressentie par P.K l’auteur de ce papier. Chacun dans ce spectacle a eu sa place, rien ne me pouvait me faire plus plaisir”.
Le prochain concert organisé par Pascal Frank sous l’éghide de Fréquence Verte est prévu le 19 octobre, tiujours à l’EcRhin de Gambsheim. Au programme la québécoise Diane Tell et … et une première partie assurée par un(e) artiste émergeant qui gagne assurément à être (re)connu.
“Ah oui, j’avais vu cet article récemment paru sur Facebook” m’a-t-il lancé lors de notre bref échange, après le concert.
Cet article avait paru en février 1981 dans le supplément TV-Loisirs que j’avais alors créé au Quotidien de la Réunion. Et déjà à l’époque, au micro de Bernard Vitry et Claude Gruson, Nicolas Peyrac insistait sur cette pratique du matraquage d’une seule chanson au détriment des autres.
Un constat encore plus fracassant aujourd’hui … vu les nouvelles méthodes de médiatisation, l’importance des réseaux dit sociaux et l’incessante rotation d’une actualité qui se renouvelle sans cesse jour et nuit, notamment via les chaines d’infos permanentes.
Au fil des décennies, Nicolas Peyrac a vécu plusieurs vies entre plusieurs pays, plusieurs cultures. Reste une évidence : une authenticité nourrie du besoin d’être et non de paraître qui l’incite aujourd’hui plus que jamais à continuer à créer et à chanter alors que le système médiatique a totalement changé depuis les années 70.
Chapeau l’artiste !
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
Cette nouvelle étape de sa vie d’artiste, elle s’y engage avec deux autres créateurs connus en Alsace, voire bien au-delà.
De quoi s’agit-il au juste ?
“C’est avec grand plaisir que Morgan Spengler alias Champagne Mademoiselle, Luc Arbogast et moi même avons le plaisir de vous annoncer notre participation au nouveau programme musical produit par EndemolShine et diffusé en prime time sur M6 pour 6 émissions à partir du 30 avril 2019″.
Et l’auteure-compositrice-interprète de préciser :
“La production nous a sélectionnés pour devenir membre actif de ce jury éclectique: auteurs, compositeurs, chanteurs, comédiens, travestis, cabarettistes, coach vocaux, you-tubeurs, Djs, nombreuses célébrités, forment un jury hors normes, une première sur une chaîne française !
Nous sommes fiers de faire partie de ce programme et sommes heureux de vous communiquer notre enthousiasme, ressenti et avis au sujet de ce programme tout à fait sensationnel”.
Au-delà de ce communiqué de presse, quelques précisions s’imposent : il s’agit d’un concours de chant télévisé rassemblant 100 professionnels de la musique en France intitulé “Together, tous avec moi“.
Et Christel Kern en fait partie.
L’émission est enregistrée sous le parrainage du chanteur québécois Garou et présentée par le célèbre humoriste Eric Antoine.
Le gagnant de cette compétition haute en couleurs repartira avec 50 000 € pour développer son projet musical.
La participation de Christel Kern à cette émission d’envergure nationale va-t-elle lui offrir plus de visibilité ?
Comment va-t-elle se démarquer des autres artistes retenus pour ce fameux “Mur des 100″ ?
Drôles de questions ?
Pas vraiment à l’heure où les qualités artistiques d’un chanteur ou d’une chanteuse ne suffisent plus pour s’échapper de l’anonymat.
C’est le défi à relever en permanence pour cette créatrice dont le nouvel album, “A fleur d’âme” a été enregistré dans trois des plus grands studios d’Europe, entre Paris, Bruxelles et Londres.
Fin septembre 2017, je vous parlais ici, sur mon site d’informations, de ce que je qualifiais de “convaincante métamorphose” après avoir savouré un concert d’un peu plus d’une heure, sans temps mort, une quinzaine de titres.
Cette évidente métamorphose, elle résultait d’une belle collaboration entre la chanteuse et l’auteur/metteur en scène Lionel Courtot.
D’accord, il y a eu la satisfaction de découvrir Christel Kern sous un angle nouveau sur scène, le 29 septembre 2017 .
Et puis ?
Et puis il y a eu le superbe album de 13 titres dans lequel l’artiste s’est livrée au-delà de son personnage public. Avec ses doutes, ses envies, ses souvenirs … Au-delà de sa couleur fétiche qu’est le rose.
Et Christel Kern a continuer sa vie d’artiste qui ne se résume pas, loin de là, à se produire sur scène. Mais c’est pourtant dans ce registre qu’elle est, à mon sens, le plus en accord avec elle-même.
Car sa passion, c’est évidemment de chanter. Encore et encore. Et si possible entourée d’une poignée de musiciens qui s’affirment parmi les pointures d’Alsace.
Voilà pourquoi – avec le recul nécessaire à prendre face à l’indispensable métamorphose de 2017 – il me semble important de vous parler ici d’une autre soirée marquante durant laquelle s’est affirmée avec encore pus d’impact le talent de cette artiste.
Oui, revenons au concert offert vendredi 15 mars dans la superbe salle de l’Espace Dollfus Et Noack couramment appelé ED&N ou EDEN à Sausheim. J’y étais et ce que j’ai vu ce soir-là a aussitôt suscité la réflexion suivante : un tel spectacle aurait du … ou plutôt devrait être présenté dans d’autres villes en Alsace, voire ailleurs.
Il faut dire que ce soir là Christel Kern avait mis le paquet pour ce concert bénéficiant de prestigieux complices pour la direction vocale (Richard Cros), la mise en en scène (Thibaud Valérian), la direction musicale et les arrangements (Grégory Ott), la création lumières et la scénographie (Loïc Marafini) sans oublier celui qu’elle qualifie avec justesse de “magicien du son” : Antony Bedez.
Ce concert a mis en évidence une chanteuse très à l’aise sur scène, et évoluant dans des registres très variés : une large palette entre refrain à fleur de peau et chansons entrainantes … textes enracinés dans un évident vécu et mélodies pour taper dans les mains et reprendre en choeur …
Les photos d’Alexander Sorokopud et les vidéos réalisées par Pierre Bacher et Mickaël Lefèvre confirment ce qui s’est produit ce soir-là durant cet événement co-produit avec L’EDEN avec le soutien de l’équipe de Côté artistiK. : assurément un moment magique.
INNOVER ET SE REMETTRE EN QUESTION
Plaisir de chanter, de faire plaisir au public enthousiaste, de susciter des émotions (ah “La main de la mère” …) de mettre de l’ambiance avec “Mon disque d’or” … dans une salle exprimant son bonheur … cela et d’autant plus que la chanteuse était entourée d’une poignée de musiciens aussi décontractés que talentueux : son complice de scène Jérôme Wolf (basse et contrebasse); Sylvain Troesch aux guitares; le batteur Jérôme Spieldenner et aussi le pianiste Thibaud Lecluse, nouvelle recrue issue du conservatoire, repérée par Christel Kern.
Et comme si cette brochette de talents ne suffisait pas, le concert a également été marqué par l’intervention de plusieurs invités : Grégory Ott (“mon frère de cœur“); le fabuleux guitariste Francky Reinhardt ; le saxophoniste Maxime Luck : (“pas assez sollicité à mon goût, un jeune qui a de l’avenir et une crème humainement“) ainsi que Lionel Galonnier (“dernier arrivé dans l’équipe magnifique percussionniste”).
Ce soir-là, Christel Kern a donné libre cours à tant de nuances de son inspiration d’auteur-compositrice-interprète en reprenant les chansons de son dernier album.
Mais ce n’est pas tout, car elle s’est aussi glissé dans la peau d’autres artistes en offrant au public trois reprises à vous donner le frisson : “Le prélude de Bach” cher à Maurane, la chanson “Ça ne tient pas debout” dont le vrai titre est “Christine” – une création de Christine and the Queens et “Une histoire d’amour” célébrée par nombre de voix féminines dont Dalida et Luz Casal.
C’est évident, le concert de Sausheim est loin.
Bien loin et cette soirée s’inscrit sans aucun doute parmi les temps forts du parcours artistique de Christel Kern.
Et c’est vrai que je la préfère dans ce registre de chanteuse plutôt que dans celle de jurée dans une émission de M6.
Mais bon, le propre d’un artiste c’est d’innover, se remettre en question, avancer dans la vie, s’aventurer dans de nouvelles directions mais sans se renier, sans abandonner ce qui forge son authentique personnalité.
TEXTE ALBERT WEBER
PHOTOS LOU BRETON / M6 ET ALEXANDER SOROKOPUD (concert ED&N)
L’annonce officielle des dix finalistes a eu lieu vendredi 1er février à 9h45 au micro de France Bleu Elsass par Félicien Muffler:
Cynthia COLOMBO
Frédérique GROER
Julien HACHEMI
Edouard HEILBRONN
Anne HERRSCHER
Lydie MITTELHAUSER
Jean-Luc ULRICH
Charlotte VIX
Christophe VOLTZ
Christine WAMBST
32 CHANSONS EN ALSACIEN ET PLATT
Le jury composé d’artistes et de professionnels de la scène et des médias alsaciens : Matskat, auteur-compositeur-interprète et président du concours; Isabelle Schoepfer (directrice de l’OLCA), Sylvie Bagnuls (représentante d’Orange), Hervé De Haro (directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass); Laurent Genvo (chargé de la communication de France Bleu); Albert Weber (journaliste); le chanteur Robin Leon; Clément Dorffer, animateur de France Bleu Elsass, Agnès Lohr, directrice du Festival Summerlied, Cathy Bernecker, comédienne.
Dix candidats ont été retenus au terme de plus de deux heures et quart jeudi 31 janvier : le temps de découvrir chaque chanson, de la noter sur divers critères (voir ci-dessus).
Puis chaque titre a été passé en revue et chaque juré a exprimé ses résultats lors d’un tour de table permettant de relever les notes de chaque juré.
32 chansons étaient annoncées au début de cette séance de travail à la fois studieuse et décontractée (mais oui c’est possible !).
L’âge des candidats varie entre 11 et 93 ans. et il y a vraiment eu des chansons dans des registres très différents, entre créations et reprises en alsacien et aussi en platt !
La journaliste Régine Wilhelm a réalisé un reportage sur cette rencontre du jury pour l’émission RUND UM.
Les dix concurrents sélectionnés poursuivront l’aventure de d’Stimme par un enregistrement de leur chanson dans les studios de France Bleu Alsace début février, en présence de Matskat et de ses musiciens.
Ces chansons seront diffusées sur France Bleu Alsace ET AUSSI France Bleu Elsass et soumises au vote du public sur le site internet de France Bleu.
En effet, pour choisir leur chanteur préféré, les auditeurs devront voter sur LA PAGE D’STIMME DE FRANCE BLEU ELSASS .fr
Ils y trouveront les dix chansons et une vidéo de chaque enregistrement. Ces vidéos seront aussi mises en ligne jour après jour sur ma page Facebook.
Les votes seront ouverts à compter de début mars. Et à l’issue de ce vote, les trois chanteurs ayant reçu le plus de voix, se produiront sur la scène des Tanzmatten pour la finale à Sélestat, le vendredi 31 mai à 20h30.
Ce concours est organisé par France Bleu Elsass et l’OLCA avec le partenariat du Crédit Mutuel, d’Orange, la SACEM, les Tanzmatten, la ville de Sélestat et France 3 Alsace.
PHOTOS ISABELLE DIETRICH SCHOEPFER, HERVÉ DE HARO , RÉGINE JESSEL et ALBERT WEBER
Seul avec sa guitare et son fameux “looper” maitrisé avec brio, Pierre Schott a offert du bonheur à la cinquantaine de personnes d’un concert privé.
Privé car réservé aux membres du Club ouvert voici plus d’une année par Jaki Koehler à Poutay, près de Schirmeck, dans la vallée de la Bruche.
Du bonheur ?
Oui, car on sort d’un tel concert avec un sentiment de bien-être, une sensation de dépaysement, un ressenti plein de sérénité.
Prenez donc le temps d’écouter un seul des huit albums enregistrés entre 1992 et 2018 par cet auteur-compositeur- interprète d’Alsace et vous comprendrez de quoi je vous parle.
Enraciné dans une vingtaine de titres puisés dans ses huit albums, le répertoire de ce soir-là à Poutay s’est aussi promené en toute liberté du côté de Hendrix et Marley pour des reprises “à la Schott”.
En l’occurrence des titres frôlant ou dépassant largement les 7 à 8 minutes. En prenant le temps de faire plaisir au public et de se faire plaisir aussi … en affichant une évidente satisfaction à prolonger une sorte d’état de grâce, ou d’état second quand on se laisse embarquer dans des ambiances aussi douces qu’intenses.
Débuté par “Le Blues des lagons bleus”, le concert s’est déroulé sur une vingtaine de titres en français et anglais, soit deux bonnes heures, face à un “chaleureux public sans oublier Christophe pour son sound system exceptionnel” comme précisé par l’artiste.
L’évidente complicité avec les spectateurs allait de pair avec une indéniable aisance scénique.
Et c’est avec plaisir que je peux affirmer : « Le seul concert de Pierre Schott en 2018 ? J’y étais ! »
Oui c’est incroyable mais vrai : un des plus talentueux artistes d’Alsace s’aventure très peu, trop peu sur scène.
Pourquoi ?
Peut-être l’envie d’agir comme bon lui semble, sans pression de qui que ce soit. Et aussi une question de caractère car Schott aime tout simplement la liberté
C’est vrai qu’il “voyage en solitaire” dans le milieu artistique de sa région natale, exception faite de son active présence de trompettiste anonyme dans la Société de musique d’Entzheim.
Mais ceci est une autre facette de la, ou plutôt des passions musicales de cet artiste à l’âme d’artisan. Un créateur bien dans ses baskets, heureux de se balader quand ça lui chante dans un envoûtant univers qui lui colle si bien à la peau.
Et voilà pourquoi qu’on l’affuble si (et trop) souvent du surnom de “JJ Cale d’Alsace”.
Que voulez-vous ?
Pas évident de définir le “son Schott’ distillé album après album, d’où l’importance d’y offrir des éléments de comparaison. D’où la fameuse étiquette qui, plus que jamais, tient la route avec “GRINGO”, son dernier album sorti en avril 2018.
“Il est libre Pierre Schott “?
Oui car il avance tout simplement EN TOUTE SÉRÉNITÉ selon son cœur et son inspiration.
Assurément une autre existence que celle de Christian Fougeron. Lui, il remplit les Zénith et autres scènes françaises suisses et belges avec ses camarades abonnés aux tubes des années 80.
Et, régulièrement, il fait danser l’enthousiaste public qui raffole du tube de Raft, le duo qu’il formait avec Pierre Schott.
Oui, à chacun son destin, et ces deux choix de vie sont totalement justifiés et justifiables. Car chacun a totalement raison de vivre sa vie d’artiste comme il veut ou comme il peut.
D’où cependant une interrogation.
Oui, qui peut affirmer que Christian Fougeron n’aurait pas, lui aussi, envie d’offrir ses nouvelles chansons au public ? Mais il est vrai que les refrains de la nostalgie attire évidemment bien davantage les foules que les nouvelles chansons des vedettes du Top 50, non ?
Une évidence s’impose. On peut compter sur les doigts d’une main les chanteurs et chanteuses d’Alsace qui ont inspiré une double page au journaliste-écrivain Bayon dans la rubrique Culture de “Libération” (23 mars 1998).
Hé oui !
Mais malgré l’abondante presse nationale suscitée par ses premiers albums solo, pas question de coller le mot “carrière” sur la vie de Pierre Schott.
Parlons plutôt de parcours artistique pour celui qui n’a jamais été intermittent du spectacle mais auteur-compositeur-interprète, même du temps de Raft.
La première fois que je l’ai vu sur scène ?
C’était à Paris en 1988, lors de la réception du 14 juillet offerte par le Ministère des DOM-TOM dans ses vastes jardins du 7eme arrondissement. Le duo Raft s’y produisait dans une soirée à laquelle participaient aussi Zouk Machine et Tanya Saint-Val.
Puis nos routes se sont de nouveau croisées quelques années plus tard. Bien après “Y a qu’à danser” et “Femmes du congo” ….
A plusieurs reprises, les albums de Pierre Schott ont été mis en relief dans le trimestriel Chorus, les cahiers de la chanson. En juin 1993, en guise de titre pour un portrait de deux pages, je l’avais surnommé « L’Alsacien du Nouveau Monde », allusion à son premier album solo.
Puis Chorus a aussi publié des chroniques de plusieurs opus : “Le nouveau monde” (janvier 1993), “Le retour à la vie sauvage” (mars 1995).
Et également et “Le milieu du grand nulle part” dans le numéro de juin 1998 avec à la une Alain Bashung pour un dossier de 22 pages et aussi un autre dossier consacré à Roger Siffer sur 5 pages.
Au fil des décennies, Pierre Schott est resté égal à lui-même avec l’envie de continuer à composer à jouer de la musique. Et à chanter quand il en a envie. Sans se prendre la tête.
S’y ajoute évidemment le besoin de pédaler régulièrement sur les routes et chemins de France, y inclus divers cols de montagne. Sans doute histoire de se retrouver seul sur son vélo et de continuer à voyager en solitaire.
Hé oui, il est comme ça, et je crois bien qu’il n’est pas prêt de changer. Les enthousiastes du Club de Poutay ne s’y sont pas trompés avec cet artiste rare à tous les sens du terme.
Car je crois bien que Pierre Schott n’est pas un chanteur mais un homme qui chante.
Texte et photos Albert WEBER
PAGE FACEBOOK DU CLUB DE POUTAY
Embarquement immédiat pour 68 minutes de chansons et de poésie en alsacien, allemand, français et anglais !
Sacrée aventure menée à bien par une poignée de créateurs mobilisés par une aventure où l’inspiration s’impose face au mercantilisme.
Au programme 18 titres parlés, chantés, récités, murmurés, repris en chœur par des voix pas nécessairement connues du grand public : Rémy Morgenthaler (président de l’association Heimetsproch un Tradition) ; Frank Domnik ; Jonathan Durrenberger & Thomas Guckholz ; Yves Rudio ; Séverine de Close ; Jean-Luc Siegler (également conseiller musical) ; Grégory Huck & Dreyt Nien ; Barbara Stern ; Jean-Marc Wanner ; Brigitte et Michel Fuchs ; Bertrand Gatter, F. Slim Iwannek ; Nathalie Natwae Hoffmann ; Jean-Christophe Galen ; Christian Mary et bien sûr Olivier Félix Hoffmann.
Sans oublier trois artistes qui se sont imposés lors des récentes éditions du concours D’Stimme : les lauréats Gaël Sieffert (2017) et Serge Rieger (2018) ainsi que Julien Hachemi, un des trois finalistes 2018, l’autre étant Aurélie Diemer, alias Cadillac Lilou … hélas absente de cette compilation. Mais bon, il était évidemment impossible d’y mettre en valeur tous les talents qui auraient mérité d’y figurer.
“Vous tenez entre les mains le manifeste d’une vie poétique alsacienne vivace et plurielle. Et même s’il manque bien sûr des noms à l ‘appel, comme le chanteur-poète mosellan Elvis Stengel ; le poète francique Ronald Euler, le poète bilingue haut-rhinois Jean-Christophe Meyer ; le chanteur-humoriste Christophe Voltz ; les chanteuses Isabelle Grussenmeyer ou Léopoldine HH ; les chanteurs Guillaume Deininger, Lionel Grob ou Yan Caillasse” lance OFH.
Et de préciser avec enthousiasme : « Vous remarquerez néanmoins l’incroyable richesse de cette nouvelle vague rhénane”. Entièrement d’accord, d’autant plus que cet album s’affirme par une priorité : celle de donner libre cours à l’imagination !
Ici pas d’enregistrement réalisé en vue d’une stratégie destinée à séduire un très large public, quitte à renier un peu ou beaucoup son âme.
Pas du tout le genre d’Olivier Félix Hoffmann qui occupe assurément une place (très) à part dans la vie artistique et culturelle d’Alsace.
Surnommé l’Ethnopoète-chanteur, il s’aventure dans bien des domaines : auteur-compositeur-interprète folk, poète, photographe amateur diplômé en cinéma, il a participé à une quarantaine d’anthologies et nombre de revue ou journaux. A l‘instar des artistes mobilisés pour cet album, il crée en français, allemand, alsacien et anglais.
On le retrouve aussi tous les deux ans à Ohlungen au Festival Summerlied : il y est responsable de l’Espace Poétique Patrick Peter ainsi nommé en mémoire du poète de Haguenau.
“La liberté ça s’assume ! Je suis un électron-libre on me l’a assez expliqué : trop “américain”, “amérindien” ou “World” pour faire partie des chanteurs dialectaux, trop alsacien pour d’autres contextes, trop Folk pour le monde Country… Et trop poète (je dis et déclame même entre mes chansons en bar ou fête. Je fais comme j’ai envie, sans question de rentabilité, de comptes à rendre ou autre… Je suis heureux comme ça et aucune ambition à être connu ou à en faire un métier, j’aime juste pouvoir partager mes textes/chansons/photos”.
C’est vous dire combien cet album de 18 titres sort des autoroutes du show-biz pour s’engouffrer sans hésitation sur les chemins de traverse : “La scène régionale visible est l’arbre cachant la forêt, de nombreux artistes orignaux restant (trop) souvent relégués à l’arrière-plan » souligne le directeur artistique et musical dont l’altruisme ne fait aucun doute : “Projet non-commercial s’il en est, ce collectif mêle poètes, chanteurs et musiciens d’Alsace et des alentours (Bade, Lorraine) dans un élan artistique solidaire et humaniste néo-rhénan. L’écologie, la volonté de paix, le respect des cultures y côtoient l’amour, l’amitié et la joie du partage”.
Cet album n’a bénéficié d‘aucune subvention publique ou privée : “Chercher des sponsors aujourd’hui c’est galère et presque un boulot en soi” explique OFH.
Sur “Hìntergrùnd” sur 18 titres, on ne compte que cinq chansons/poèmes musicaux en alsacien plus une chanson au refrain alsacien et un tiers de dialecte dans le mix poétique final … Pas assez pour un éventuel soutien de L’OLCA, L’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle. “Mais il n’était évidemment pas ici question de se mettre à faire des calculs de quotas, ou de mettre des limitations” explique le producteur.
Donc il a fallu se débrouiller autrement pour produire les mille exemplaires de cet enregistrement. “Ce CD ce n’est pas seulement un investissement financier mais du temps avant, pendant et après. Ce qui est estimable financièrement c’est plus de 4000 € + 500 € SACEM, mais le temps n’est pas comptabilisable… Car cet album, ce n’est pas seulement un investissement financier mais du temps avant, pendant et après. Le tirage proprement dit (pressage/boitier/pochette) a été couvert à 90 % par les précommandes des participants, 30 % des frais de studio associatif aussi”.
Et le reste alors ?
C’est là qu’interviennent OFH et sa structure “Honky Tonk Asso” sur laquelle repose une bonne part de la diffusion, à laquelle participe aussi chaque artiste qui fait connaitre et vend le CD de son coté … à l’exception de trois participants à l’album qui n’en ont pas commandé : chaque artiste était libre de se transformer en diffuseur, cette démarche était optionnelle.
Au-delà de cet éclairage sur la réalisation concrète de cet album, une évidence s’impose : “C’est une compilation qui fera date en Alsace avec uniquement des inédits (versions ou morceaux). Et ce n’est pas tous les jours qu’un album mêle poètes, musiciens (aussi avec des instrumentaux) et chansonniers avec une multitude de langues” ajoute encore OFH, avant de mettre en relief le travail et l’engagement de Paco alias Francis Schneider.
Cet écrivain, chanteur, dessinateur aura passé plus d’une centaine d’heures à réaliser le graphisme de cette œuvre collective. “Il aura mis son enthousiasme et son inventivité débridée de graphiste amateur à notre service. C’est grâce à Paco et au talentueux peintre-écrivain Pierre Koenig – qui a spécialement réalisé le tableau dont sont extraits les éléments graphiques – que notre CD est devenu une véritable œuvre d’art dans la forme aussi, et pas seulement par le contenu”.
A relever aussi le surprenant “Mix Poétique Tac” réunissant, en guise de final et dans une même dynamique Isabelle Loeffler, Serge Rieger, Rémy Morgenthaler, Christian Mary, Olivier Félix Hoffmann, Serge Rieger, Yves Rudio, Brigitte et Michel Fuchs.
Chapeau donc à cet album qui devrait retenir l’attention de ceux qui ont envie d’en savoir plus et de soutenir la création artistique et culturelle de leur région. Et notamment celles et ceux qui aiment cliquer “j’aime” quand il est question de chanson d’Alsace sur Facebook.
Je ne parle évidemment pas seulement de “chanson alsacienne” tant cette région abonde en talents qui ont envie et besoin de s’affirmer haut et fort.
“ Une trentaine d’artistes sont intervenus pour réaliser cet opus unique” observe Olivier Félix Hoffmann, dont en arrière-plan aussi des artistes (re)connus comme Roland Engel, Daniel Muringer ou Jean-Luc Lamps & Joël B. Espesset.
Un point de vue que je partage avec le souhait que vous aurez, à votre tour, envie de découvrir cet album aux nombreux talents. Et cela d’autant plus, comme évoqué par OFH que “certains de nos participants sont d’ailleurs en train de passer de l’arrière-plan à l’avant-scène, car durant le laps de temps qu’il aura fallu pour la réalisation de cet opus les lignes ont évidemment changé”.
Et je me dis même que la 3ème finale du concours D’Stimme prévu aux Tanzmatten de Sélestat vendredi 31 mai devrait, d’une manière ou d’une autre, offrir une visibilité à cette compilation.
Un album synonyme de talents qui aspirent en toute logique à exprimer en paroles et en musiques leurs inspirations sans frontières linguistiques ni œillères artistiques.
A découvrir sans hésitation.
Texte Albert Weber / Photos Roland Asimus
Commande du CD 12 € à l’ordre de Honky Tonk asso
5A, rue du Camp 67240
Oberhoffen S/Moder