ONTARIO/ CHANSON FRANCOPHONE : INNOVER, RESISTER, CELEBRER

Folk, hip-hop, rap, jazz, blues, rock, métal, pop, traditionnel, instrumental, alternatif, chanson, instrumental, etc. Si vous réduisez l’expression musicale franco-ontarienne à une seule facette, vous serez (agréablement) surpris par la diversité qui s’affiche avec de plus en plus d’audace dans cette province du Canada.

Cette étonnante diversité s’enraciné dans la création des pionniers historiques mis à l’honneur lors d’un concert de près de 4 heures et demie, samedi 23 mars, à l’occasion de la 40ème Nuit sur l’Etang organisé à l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : Robert Paquette, Marcel Aymar, François Lemieux, Jean-Marc Dalpé, Paul Demers, Jean-Marc Lalonde, Yves Doyon, etc.

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Ottawa, place de la Francophonie, à deux pas des locaux de l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique

Le symbole d’une dynamique génération de créateurs émergents ou confirmés

Nous reviendrons dans un autre article avec force photos sur cette inoubliable soirée de 4 heures et demie à laquelle un public de tous âges a répondu présent : un auditoire fier de proclamer son identité franco-ontarienne; applaudissant à tout rompre ceux qui ont osé s’aventurer sur des voies artistiques différentes de celles de la chanson québécoise. Et cela même si nombre de passerelles artistiques existent évidemment entre l’Ontario et le Québec, comme l’aura rappelé l’animateur Eric Robitaille, chaleureux militant d’une francophonie nourrie de ses jeunes années au Québec et désormais enracinée à la cause franco-ontarienne.

Mais avant de nous attarder sur cet événement historique au sens  fort du terme – tant cette soirée aura été synonyme  de “véritable audio-encyclopédie vivante de la chanson franco-ontarienne – arrêtons-un à présent sur cette fameuse relève qui éclabousse avec brio les genres musicaux en Ontario : le symbole d’une dynamique  génération de créateurs émergents ou confirmés qui ne demandent qu’à affirmer, aussi bien face à des publics franco-ontariens qu’au-delà de la province natale.

D’où l’intérêt d’événements tels que le Gala des Prix Trille Or et l’Autre Gala organisés les 20 et 21 mars 2013 au Centre des Arts Shenkman, à Orléans, localité située non loin d’Ottawa : des événements mis en relief dans d’autres articles de ce site.

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Près du Centre nationale des arts, clin d’oeil au pianiste de jazz Oscar Peterson né à Montréal et décédé  à Mississauga , Ontario.

D’autres coups de projecteurs ont été donnés au cours de ces journées artistiques en faveur d’une chanson franco-ontarienne des plus efficaces, dans des registres qui dépassent bien souvent le contexte identitaire pour célébrer sans hésitation des thèmes plus généraux, plus universels.

Ce constat, il aura éclaté avec vigueur au cours des vitrines musicales d’artistes membres de l’APCM, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique : une initiative bénéficiant de l’appui financier de Musication et du programme vitrines musicales.

“Des nouveaux projets musicaux qui n’ont pas encore été vus en vitrine à Contact Ontarois mais qui pourraient être en vitrines aux événements contacts de 2013-2014″ selon la directrice de l’APCM, Nathalie Bernardin. Place en l’occurrence à une artiste du Saskatchewan (Alexis Normand) et trois de l’Ontario (YAO ; Louis-Philippe Robillard et Konflit).

Ces quatre vitrines ont confirmé de surprenantes sources d’inspiration tant sur le fond que la forme chez les artistes et groupes qui se sont produits au Centre National des Arts, un des haut-lieux de l’expression artistique et culturelle d’Ottawa. Une bâtisse impressionnante tant par sa programmation que la multiplicité de ses équipements avec, en guise de clin d’œil aux promeneurs, une statue d’Oscar Peterson située à quelques pas de l’entrée principale de l’édifice, à quelques enjambées du Parlement du Canada.

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Ottawa, le Centre national des arts avec annonce d’un concert de la chanteuse québécoise Ariane Moffatt

Sans nous embarquer dans de longues considérations sur le répertoire des quatre vitrines, quelques précisions s’imposent sur l’esprit dans lequel se sont déroulées ces vitrines.

INNOVER, RESISTER, CELEBRER sont sans doute les termes qui définissent le mieux ces quatre talents : en l’occurrence innover dans de nouvelles voies artistiques ; résister à l’environnement anglophone omniprésent mais aussi célébrer une identité francophone sans se replier dans un ghetto culturel.

Alexis Normand : attachante nouvelle voix du Saskatchewan

PF ALEXIS NORMAND GOOGLE

Un premier album de dix titres à découvrir, reflet d’une nouvelle voix francophone du Saskatchewan

Entre innovation, résistance et célébration : c’est ainsi que s’affirme la jeune Alexis Normand, auteure-compositrice-interprète originaire du Saskatchewan. Elle s’aventure dans un registre francophone tout en nuances, à l’instar de Mirador, album de dix titres lancé en début d’année.

Cet opus représente en fait une des facettes d’une efficace collaboration menée à bien avec Fortier, une artiste visuelle fransaskoise : une complicité également déclinée en une série de tableaux et un spectacle. D’où cet album intéressant à plus d’un titre. Ici pas d’effets spéciaux ou spectaculaires pour retenir l’attention de l’auditeur, mais une ambiance toute en nuances dès la première chanson “Quand il pleut”.

“Un folk chaleureux et atmosphérique dans lequel un groove entraînant et une voix suave s’installent. Sa poésie simple et sincère, empreinte d’émotions discrètes nous révèle une sensibilité touchante” …  Au-delà de cette auto-présentation, une évidence s’impose : sous une apparente timidité, cette jeune artiste s’affirme avec brio dès que l’occasion se présente, face à un public qui ne demande qu’à se laisser séduire par l’ambiance jazz-folk distillée par cette artiste attachante et déterminée sous ses airs réservées. Une détermination que le public aura pu apprécier au cours de sa vitrine musicale.

YAO : le poids des mots, le métissage des rythmes

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Yao, cousin d’Abd-al-Malik : un album en vue pour l’automne 2013

Autre registre avec l’extraverti YAO. Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.

S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes : Olivier Philippe-Auguste (violon), Manon Gaudreau-Fess (flûte traversière), Ammayas Khidas (djembe, derbouka) et Peterson Altimo (guitare acoustique, basse).

Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie ie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre. Autant de repères qui devraient être mis en évidence d’ici l’automne 2013 avec un deuxième album réalisé sous la houlette du producteur canadien Sonny Black.

Louis-Philippe Robillard : une voix, une guitare et de l’émotion

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Un des artistes majeurs de la relève franco-ontarienne

Troisième vitrine musicale au Centre national des arts avec Louis-Philippe Robillard, autre artiste majeur de la nouvelle génération franco-ontarienne.

Ses  chansons à fleur de peau distillent une émotion perceptible avec cette volonté de retenir l’attention de l’auditoire avec juste une guitare et une voix. Un sacré défi aux accents minimalistes, surtout lorsqu’on chante juste après Yao et ses talentueux complices !

Dans la foulée de son fameux opus “Le café des oiseaux”, cet artiste se sera, une fois de plus, envolé dans un univers tantôt réaliste, tantôt onirique, où la forme est peut-être aussi importante que le fond. Un peu à l’image du Québécois Alexandre Desilets dont la voix devient instrument de musique.

L’ambiance distillée par ses chansons semble ici toute aussi importante que ses thèmes. Pourtant, au cours de cette vitrine assurée en solo par Louis-Philippe Robillard, le public est sans doute resté sur sa faim : précisément à cause des conditions minimales dans lesquelles l’artiste s’est produit avec conviction. Difficile de recréer tout seul sur scène l’atmosphère tant appréciée par le public découvrant son premier album : un opus récompensé par de nombreux prix de l’industrie musicale tant en Ontario qu’au Québec, avec ( conséquence logique – nombre de commentaires élogieux dans la presse francophone d’Amérique du Nord.

KONFLIT : efficaces pionniers aux accents rock

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Sacrée complicité scénique entre les membres de Konflit

Dernière vitrine proposée au Centre national des Arts avec l’énergique groupe franco-ontarien Konflit. Une formation résolument située à des années-lumière des chansons de Louis-Philippe Robillard.

Place donc à un groupe formé de sacrés musiciens. Pionnier est assurément le terme qui définit le mieux cette fougueuse formation qui a marqué une génération de jeunes (et pourquoi pas moins jeunes aussi !) Franco-ontariens en quête de sons qui bougent. De refrains percutants et de rythmes qui vous donnent des fourmis dans les jambes.

Et quand on apprend qu’il s’agit d’un des uniques groupes francophones de l’Ontario dont les clips sont diffusés sur la station québécoise MusiquePlus, on peut se dire – sans hésitation – que ces talentueux fous de rock représentent une des composantes incontournables de la nouvelle vie musicale de cette province du Canada.

Difficile d’évoquer Konflit sans insister sur l’évidente complicité entre les musiciens/chanteurs très à l’aise sur scène, emportés avec enthousiasme par l’évident plaisir à jouer. A se faire plaisir aussi avec sans doute le regret – fort compréhensible par ailleurs – que le temps était décidément trop compté pour donner totalement libre cours à leurs capacités scéniques au cours de cette vitrine musicale.

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Quatre talents si différents pour le premier Cercle de la SOCAN en Ontario

1er Cercle de la SOCAN pour le 15eme anniversaire de Réseau Ontario

Reste au final le souvenir d’une série de vitrines musicales aux accents les plus diversifiés, à tous les sens du terme. Avec en guise de “dessert”, une soirée qui devrait laisser un sacré souvenir à celles et ceux qui ont eu la chance de la vivre ! . Et pour cause puisqu’il s’agissait d’un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN : une grande première en terre francophone en Ontario !

Cet événement était présenté dans le cadre de son 15ème anniversaire par Réseau Ontario dirigé par Josée Vaillancourt en collaboration avec l’APCM, la SOCAN et le Centre national des Arts.

Au fait pourquoi un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN ? Selon Réseau Ontario, “cette soirée a pour objectif de créer un moment de rencontres et d’échanges uniques entre les artistes qui, à tour de rôle, présenteront quelques compositions de leur cru. Ensemble ils échangeront sur leurs compositions et sur l’instant du moment, ils y contribueront artistiquement en joignant à l’interprétation des chansons.  Une soirée inusitée lors de laquelle le public assistera à un moment unique en étant témoin de la chimie qui unira les artistes sur scène”.

Derrière cette présentation que les esprits grincheux qualifieront d’idyllique, il est tout à fait évident que ce premier cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN aura marqué le public à la fois silencieux durant les chansons et prises de paroles, et en même temps enthousiaste avec force applaudissements.

Ici par d’artiste tirant la couverture à lui mais une réelle complicité entre les quatre créateurs aux parcours pourtant si différents : Damien Robitaille, le Paysagiste (Davy Poulin), Yves Doyon, et Le R (pseudo d’un artiste né au Bénin, en Afrique de l’Ouest et désormais établi en Ontario.

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Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Yves Doyon, Le R et le Paysagiste (Davy Poulin)

Une animation signée Geneviève Toupin, Franco-Manitobaine

Il faut reconnaître que le bon sen pragmatique et la faculté d’adaptation de l’animatrice Geneviève Toupin auront  été des atouts majeurs dans la préparation et le bon déroulement de cette rencontre à quatre talents. Oi plutôt à cinq puisque la Franco-Manitobaine s’est transformée en pianiste au gré des chansons. De quoi surprendre agréablement le public, en attendant la sortie de son nouvel album francophone pour 2014.

Certes – et cela est tout à fait normal – le site de la SOCAN propose de cette soirée un compte-rendu des plus élogieux : “Une grande complicité régnait entre les auteurs-compositeurs-interprètes qui ont chacun interprété trois de leurs compositions, accompagnant aussi les autres avec un instrument ou en chantant. L’ambiance était décontractée et l’accent mis sur la création et l’origine des chansons. Le public a même eu droit à des primeurs. Ce premier Cercle organisé en Ontario fut donc un franc succès”.

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Damien Robitaille et Yves Doyon, aussi décontractés sur scène que dans la vie

Le contenu de ce texte  de la SOCAN correspond vraiment à ce qui s’est passé ce soir là dans cet événement saluant le 15ème anniversaire de Réseau Ontario. Cette évidence, elle repose aussi bien sur les réactions de l’assistance que celles des cinq artistes.

Assurément une grande première qui ne demande qu’à être renouvelée au gré d’autres rendez-vous artistiques en Ontario : histoire de mettre en valeur d’autres talents. Non pas pour les confronter entre eux, mais pour susciter des passerelles musicales, voire de vraies complicités amicales entre des créateurs qui n’auraient peut-être jamais eu la (bonne) idée de se retrouver ensemble pour vivre des moments privilégiés en paroles et en musique.

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Les membres de la SOCAN ayant participé au premier Cercle des auteurs produit en Ontario. De gauche à droite Yves Doyon, Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Le Paysagiste (alias Dayv Poulin) et Le R. (Photo Réseau Ontario)

ONTARIO/BAIE GEORGIENNE : CEDRIC VIENO ET ALEXIS NORMAND A L’ECOLE DE L’INSPIRATION

Cinq jours pour écrire des chansons avec des élèves du primaire, produire un mini documentaire et présenter un spectacle : et tout cela dans un lieu non familier ! C’est le défi relevé par les auteurs-compositeurs et interprètes Alexis Normand de la Saskatchewan et l’Acadien, Cedric Vieno, grâce au projet artistique 24hrs dans la baie Georgienne, orchestré par l’Alliance nationale de l’industrie musicale.

En cinq jours, les deux créateurs ont rencontré de nombreux Franco-ontariens afin de mieux comprendre leur réalité culturelle minoritaire, mais également afin d’établir de nouveaux modèles de collaboration entre les communautés et les artistes.

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Alexis Normand, artiste francophone du Saskatchewan (Photo Jocelyn Ann Chillog)

 

Grandement inspiré de son voyage au centre du pays, Cedric Vieno revient ravi de son voyage exploratoire et formateur auprès de la communauté francophone de la Baie Georgienne, en Ontario.  Habitué à créer en français dans une province majoritairement anglophone, le créateur de l’album Northshore Love Stories revient de son périple avec l’espoir d’une culture toujours vibrante et bien vivante, et cela, d’un océan à l’autre.

“Les gros défis du fait français au Canada sont plus ou moins les mêmes, soit le taux d’assimilation, l’exode rural et le vieillissement de la population. Ironiquement et heureusement, je pense que le monde y tourne à grands coups de checke-moi ben aller, m’a vous l’prouver! Pour nous, les francophones en situation minoritaire, laisser mourir notre culture n’est juste pas une option”.
Le documentaire 24hrs dans la baie Georgienne, réalisé par Ryan Kerr, Nathalie Nadon, Alexis Normand et Cedric Vieno est disponible gratuitement à l’adresse suivante : http://cedricvieno.ca/blogue.

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Cédric Vieno, un des artistes de la relève acadienne (Photo Bertrand Duhammel)

Source AGENCE WADE – http://www.agencewade.com/fr