Frustration, colère, écœurement …
Autant de réactions ressenties intensément vendredi 28 novembre au Forum Léo Ferré durant le concert de Patrick Ochs efficacement secondé par ses trois complices de Rue de la Muette : Vincent Mondy (clarinettes, saxophone), Gilles Puyfagès (accordéon) et Eric Jacquard (batterie).
Non, ne vous méprenez pas, l’intense soirée offerte par le quatuor à une bonne cinquantaine de personnes  enthousiastes n’est en cause.
Et encore moins ce haut-lieu de la chanson accueillant presque tous les soirs des “ambassadeurs” d’une chanson vivante hélas ignorée par l’immense majorité de nos concitoyens.
De quoi être sans aucun doute frustré, en colère et écœuré, non ? Explications.

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Vendredi 28 novembre, Forum Léo Ferré. Rue de la Muette

“Peut-être bien, ça ira mieux demain” : Forum Léo Ferré, 28 novembre 2014

TALENTS A VOLONTÉ ET SANS EFFICACE MÉDIATISATION

Certes, depuis que la chanson française s’affirme sur scène et en studio, dans la rue et sur partitions, il y a toujours eu deux catégories d’artistes les connus et ceux qui le moins/peu/pas du tout.

Bon d’accord, cette vision peut vous sembler manichéenne car plus d’un artiste a réussi – parfois non sans compromis voire reniement de ses valeurs – a franchi avec entrain, et succès, le gouffre entre les voix inconnus du grand public et les répertoires qualifiés de commerciaux.

Nombreux sont celles et ceux qui ont abandonné l’anonymat pour une reconnaissance radiophonique et sur le petit écran sans que leur talent ne soit pas être remis en cause.

Sans remonter jusqu’à la mythique rencontre Brel-Brassens-Ferré organisée dans l’appartement de sa belle-mère par l’obstiné Jean-François Cristiani et immortalisée par le photographe Jean-Pierre Leloir, ni faire allusion à Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldmann, Yves Simon, Alain Souchon – parrains de feu Chorus, les cahiers de la chanson regretté par tant de passionnés (dont nombre d’entre eux ne s’y sont cependant jamais abonnés d’ailleurs), une évidence s’impose : il a toujours existé, ce mélange des genres … je veux parler des répertoires appréciés par un public (réduit) de connaisseurs et les “chansons grand public” des désormais incontournables play-listes de France-Inter et programmations des “radios commerciales”.

A vrai dire – comme le raconte avec force anecdotes l’instructif film d’Yves Jeuland « Il est minuit Paris s’éveille » – nombre de voix tellement symboliques des cabarets de la rive gauche parisienne n’avaient en fait qu’une envie : franchir la rive d’en face pour enfin accéder à un plus large public sur la fameuse rive droite dotées de plus grandes salles et donc d’un public plus important.

Cette évidence est évoquée avec force exemples dans ce superbe documentaire. Lequel met en relief une période synonyme de vaches maigres et de faméliques cachets … transformée en  “période mythique” avec l’inévitable embellissement des souvenirs.

DVD RIVE GAUCHE
Diffusé en décembre 2012 sur Arte, le film d’Yves Jeuland bénéficie de 4h30 de bonus (!) : 6 heures de documents INDISPENSABLES pour en savoir plus sur les Cabarets Rive Gauche. A compléter par l’entretien de 3 pages du réalisateur rencontré par Raoul Bellaïche (Je Chante Magazine)

Peut-être bien qu’un jour c’est avec nostalgie voire émotion que sera racontée la “fabuleuse période” d’aujourd’hui où Le Limonaire et le Forum Léo Ferré -deux lieux  parmi d’autres – offraient avec une régularité à toute épreuve une programmation de qualité.

Voilà donc le genre de pensées me trottant dans la tête en cette fin novembre 2014 … tout en savourant le concert de près de deux heures de Rue de la Muette.

Avec pour commencer le regret de savoir que  “grands médias” et petit écran sont aussi frileux, ignorants, voire méprisant envers ces artistes et groupes réunissant des passionnés si motivés à Paris, Ivry et ailleurs en banlieue et en province.

Gilles Tcherniak, président de la nouvelle association gérant le Forum Léo Ferré, sait très bien de quoi il est question ici, lui le fils d’Yvonne et Léon,  propriétaires du Cheval d’Or, un des cabarets de la “mythique épopée de la Rive Gauche”.

LIVRE GILLES
151 pages signées Gilles Tcherniak qui consacre une partie de son livre de souvenirs au cabaret Le Cheval d’Or
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Un des haut-lieux de la chanson vivante en région parisienne

Et l’auteur de “Derrière la scène, Les chansons de la vie” (Éditions L’Harmattan) pourrait se lancer aujourd’hui dans la rédaction d’un autre ouvrage. Histoire d’y évoquer la situation d’une nouvelle génération de talents qui, à de rares d’exception, (sur)vivent dans des conditions pas vraiment meilleures.

“Il m’est impossible de citer toutes celles et ceux qui sont montés sur la scène du Cheval d’Or, ont accompagné son activité en tant que photographes, peintres, musiciens et journalistes, cinéastes. La liste est immense” affirmait Gilles Tcherniak, devant le 33, rue Descartes dans le 5ème arrondissement de Paris, au soir du 20 septembre 2011 durant l’inauguration de la plaque apposée devant l’ancienne adresse u Cheval d’Or.

Et de préciser : “De 1955 à 1969, le Cheval d’Or sera un lieu connu, reconnu des amoureux de la chanson et du spectacle, des professionnels de la chanson.

Aujourd’hui, il fait toujours référence. Le spectacle du Cheval d’Or s’articulait autour de quelques idées bien précises. Premièrement, il fallait être ACI, c’est-à-dire auteur, compositeur, interprète. Ce qui fait que beaucoup d’interprètes talentueux n’ont pu y chanter. Le souci d’un véritable espace scénique avec dans les dernières années, une scène avec ses entrées cour et jardin, des projecteurs et jeu d’orgue, et un rideau rouge comme au music hall.

Dans les artistes, il y avait celles et ceux qui imprimaient la marque Cheval d’Or : Anne Sylvestre, Suc et Serre, Ricet Barrier, Raymond Devos, Boby Lapointe, Luce Klein, Pierre Etaix, Daniel Prévost, Roger Riffard, Jean Obé, Annie Colette, François Lalande, Daniel Beretta et Richard de Bordeaux, Max Rongier.

Petit Bobo présentait le spectacle et racontait ses histoires merveilleuses. Un pianiste attitré accueillait les spectateurs en musique, accompagnant le tour de chant des artistes qui le souhaitaient. Au milieu du spectacle, il y avait un numéro visuel, marionnettistes, mimes. Les deux premiers numéros, en lever de rideau étaient de jeunes artistes ayant été auditionnés auparavant.

Les auditions se déroulaient après le spectacle vers 1h du matin, hors de tout public, devant Suc, Bobo, mon père et d’autres fidèles du cabaret. Quelques artistes m’ont dit en toute amitié que c’était terrifiant. Je les comprends !”

Voir ICI l’intégralité de ce discours de Gilles Tcherniak

 

A l’évocation par Gilles Tcherniak de tant d’artistes applaudis au Cheval d’Or répond une autre liste de talents, toute aussi impressionnante.
Leurs noms illustrent tant d’affiches sur les murs du Forum Léo Ferré….

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Impressionnante diversité de talents si ignorée des médias
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Nouvel album en vue pour l’auteure-compositrice-interprète Christiane Courvoisier
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Une chanson toujours vivante malgré l’indifférence médiatique
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Une foisonnante diversité de talents ignorée de la plupart des journalistes
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Ignorés de la plupart des Français …
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Le talent n’a pas de génération

Oui franchement, pensez-vous que la situation des artistes non confirmes au système médiatique auront un jour la possibilité de se faire connaître du “grand public” ? Lequel passera, dans son immense majorité, à côté d’authentiques talents …

De quoi affirmer que « Soliloque », chanson de Georges Chelon sur son album 1969 (sorti en 1969) demeure d’actualité.

Georges Chelon
SOLILOQUE

Je serai presque imbécile,
Presque mort, presque à l’asile
Enfin je serai gâteux,
Impotent et radoteux,
Lorsque l’on viendra me dire
Que j’avais des choses à dire,
C’est merveilleux.

Je n’ai pas assez de rides,
Pas d’accent, et ça fait vide,
On ne prend guère au sérieux
Que ceux qui sentent le vieux.
Je ne fais pas de risettes,
Je ne fais pas de courbettes,
Je fais merdeux.

Je ne fais pas de scandale,
J’ai des allures normales,
Je n’ai pas de grande famille
Et je n’aime qu’une fille.
Je ne distribue pas d’enveloppes,
Je ne vais pas à Saint-Tropez,
C’est pas sérieux.

Je n’ai pas de club de fans,
Tous ceux qui m’aiment n’ont pas l’âme
De quelques gens qui se complaisent
A expédier quelques fadaises
Aux radios ou à la télé,
Que j’en sois ou non le sujet,
Et c’est miteux.

Dans ce monde où l’on rigole
Dans ce monde farandole,
Dans ce futur optimiste,
C’est vrai que je fais fort triste,
Je fais toujours le même air,
Mes sujets sont trop sévères,
C’est pas douteux.

Je fais paroles et musique,
C’est mal vu par les critiques,
Ça fait celui qui se croit,
Qui veut tout garder pour soi,
Les millions de la Sacem
Ça va toujours chez le même,
C’est prétentieux.

De plus, l’Académie de la
Chanson française m’honora
Afin que je me heurte aux murs
Des théâtres de la culture,
Je ne dois pas faire le poids
Les autres le font mieux que moi.
J’en suis envieux.

Je ne fais pas de politique,
A tort, vu que les statistiques
Prouvent que l’on voit plus souvent
Des artistes dits bien penchants
Que ceux qui n’ont pas d’opinion,
Le soir, à la télévision,
C’est pas douteux.

Et puis je ne suis pas sociable,
J’ai un caractère minable,
On m’a entendu râler
Pour un piano désaccordé,
Pour une sono qui larsen
Et pour un mètre de scène,
De mieux en mieux.

Moi qui détiens le premier prix
Des galas que l’on dit gratuits,
Que l’on prévient tout juste à temps,
Pour faire des remplacements,
Quand je réponds que je regrette,
Ils disent que j’ai la grosse tête,
C’est merveilleux.

Faudrait que j’aille en Amérique,
Y dépenser quelques briques,
Pour faire le “Carneguignol”,
Pour m’y faire une auréole,
Après ce sera l’ovation,
On me prendra pour l’Eurovision,
C’est-y pas mieux.

Après toutes ces recettes,
Ces constatations de faits,
Ces concessions en puissance,
Je devrais faire pénitence,
Je devrais, si je veux plaire,
Commencer d’abord par me taire,
Mais je ne peux.

C’est une chanson miteuse,
C’est une chanson honteuse,
D’ailleurs, ce n’est pas une chanson,
Ça n’a pas d’air et pas de pont,
Je pourrais même, en désespoir de cause,
Recommencer l’histoire,
Recommençons.

Un petit aparté, quand même,
Nous sommes une bonne douzaine
Qui portons la tare du métier,
Celle de n’être que Français.
Que ne venons nous pas du Caire,
De la Russie, de l’Angleterre,
Ça marcherait mieux.

Nous serons presque imbéciles,
Presque morts, presque à l’asile,
Enfin nous serons gâteux,
Impotents et radoteux,
Lorsque l’on viendra nous dire
Que nous avions des choses à dire,
C’est merveilleux

Montage réalisé par un amateur qui en a hélas coupé les premiers mots ( !).

 

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Malgré la participation de tant d’artistes et “une presse dithyrambique” selon Didier Pascalis, ces deux albums n’ont pas bénéficié sur le petit écran d’une médiatisation à la hauteur de ce double événement

UNE NOSTALGIE SYNONYME D’ÉTROITESSE D’ESPRIT

Combien d’artistes symbolisant la chanson vivante peuvent aujourd’hui se reconnaître dans “Soliloque” ? De là à être ignorés des « grands » médias, il n’y a qu’un pas…

Et que dire des artistes connus dont le ” grand public”» ne connaît qu’une ou deux chansons à succès. Et quand ils s’aventurent dans d’autres répertoires, pas évident que les “grands” médias suivent …

Quel intérêt à regretter régulièrement via Radio Nostalgie que “Capri, c’est fini” ? La majorité des auditeurs de cette station ne saura jamais qu’ Hervé Villard a enregistré “Le café  littéraire” cher à Allain Leprest … et l’a même interprété au Forum Léo Ferré.

A quoi bon retrouver encore et encore sur cette radio “Ils s’aiment” de Daniel Lavoie qui chante “Nu” sur la 1ère compilation de Leprest produit par Tacet ?

Et pourquoi resté bloqué sur “Vous permettez Monsieur ?” d’Adamo qui a chanté “L’olivier” de Leprest ?

Pourquoi ces questions ?

Prenez donc les pochettes des deux albums “Chez Leprest” ayant mobilisé – grâce à Didier Pascalis/Tacet – nombre d’artistes connus des radios et télés obsédées par leurs audiences.

Sur le volume 1 Leprest est chanté par Olivia Ruiz, Daniel Lavoie, Jacques Higelin, Loïc Lantoine, Sanseverino, Mon Coté Punk, Michel Fugain, Nilda Fernandez, Hervé Vilard, Agnès Bihl, Jean Guidoni, Enzo Enzo, Jamait, Jehan, Fantine Leprest.

Et sur le volume 2, Leprest est mis en valeur par La Rue Ketanou, Amélie-les-Crayon, Alexis HK, Adamo, ClaireLise, Anne Sylvestre, Clarika, Gérard Morel, Bruno Putzulu, Francesca Solleville,  Flow, Gilbert Lafaille, Kent, Isabelle Mayereau, Jean-Louis Foulquier, Gérard Pierron, encore une fois Olivia Ruiz et Romain Didier.

La genèse de ce double album est développée avec force détails en pages 33 à 36 par Didier Pascalis dans Allain Leprest –Gens que j’aime de Nicolas Brulebois. Mais malgré “la presse dithyrambique” selon l’expression du producteur, aucune télé publique ou privée n’a jugé utile d’y consacrer une émission recevant tant d’artistes bénéficiant d’une évidente notoriété.

Plus facile sans doute de “faire de l’audience” sur France 2 un samedi soir ou un dimanche après-midi chez Michel Drucker avec  “la jeune génération” chantant Charles Aznavour, Annie Cordy ou Renaud,  voire Adamo reprenant Bécaud.

En attendant des émissions-hommage à Pierre Perret (81 ans) ou  Hugues Aufray (86 ans)… alors que Graeme Allwright (88 ans)  demeure royalement oublié !

En attendant  AUSSI l’ “album-hommage” pour le 5ème anniversaire de la mort de Jean Ferrat inspire à Michel Kemper le commentaire suivant : “La simple idée de priver la “famille chanson” naturelle de Ferrat (qui est plus à aller chercher du côté de Barjac qu’à la télé) de toute représentation sur un disque grand public uniquement réservé à une caste de gros vendeurs pour moutons d’acheteurs m’attriste” .

Lire  ICI l’intégralité de cet article sur son site Nos Enchanteurs, “le quotidien de la chanson”.

Et en poussant notre réflexion un peu plus loin, imaginons que  les (rares) émissions musicales du petit écran, braquent chaque semaine leur projecteur durant quelques minutes sur une des (innombrables) voix méritant de sortir de l’anonymat.

Et pourquoi pas ?

Une telle “audace”» mettrait-elle en péril l’obsessionnelle recherche d’audience du petit écran ? Ce n’est pas la brève parenthèse d’Alcaline sur France 2 qui mettra en valeur ces talents anonymes : cette émission que j’espérais enracinée dans la découverte est concentrée sur le show-biz sans frontières.

Ces considérations nous éloignent-elles du concert de Rue de la Muette ?

Bien au contraire elles mettent en relief le gouffre souvent abyssal entre chanson synonyme de création au sens fort du terme et “production discographique” si liée au tiroir-caisse.

D’ailleurs même Bob Dylan sort “Shadows in the night”, album de reprises avec sa version d’une chanson de Franck Sinatra (!). Les temps changent décidément même chez les anciens rebelles !

VOICE NOUVELLE STAR
Quand la concurrence fait rage entre les télé-crochets !
FB VINYL
En attendant la sortie papier du numéro 101 …
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Magazine également sensible à la chanson française
FB RECREACTION
74ème numéro d’un trimestriel de 24 pages publié par l’association Récré’Action “pour la défense de la chanson, des chants et musiques du monde”

SOUTENIR LA PRESSE MUSICALE ÉCRITE : UNE PRIORITÉ

Dans ces conditions là, comment ne pas être inquiets de cette tournure des événements ? Une  folle course aux gains qui, en ” faisant du neuf avec de l’ancien” espère à chaque fois toucher le jackpot, au mépris des véritables tant de créateurs.

Face à un tel rouleau compresseur notamment activé par des émissions telles The Voice ou Nouvelle Star, … tout n’est pas (encore) perdu mais les contre-pouvoirs ne bénéficient évidemment pas des mêmes moyens !

Face à cette course folle agissent des associations,  sites et blogs, émissions de radios.

Idem pour les festivals sensibles aux talents transparents dans les “grands médias” et hélas de plus en plus confrontés à des réductions budgétaires, voire menacés de disparition au gré des changements politiques tel “Alors … chante! ” à Montauban.

Pas de quoi décourager des passionnés organisateurs de concerts comme le chanteur Régis Cunin , à Jarny dans sa Lorraine natale …  Chris Land (association Puce et Cie) ou Serge Joseph (association Les Baladins) … A Thou Bout D’Chant, la Maison pour Tous de Beaucourt, et tant d’autres encore !

La disparition de divers événements entre tremplin et festival comme Festiv’Art créé par Claude Fèvre est assurément une mauvaise nouvelles pour les artistes et groupes anonymes.

Même constat pour la poignée de survivants d’une presse écrite de plus en plus en danger et marginalisée par le « tout-gratuit sur internet » : Vinyl “la musique hors-bizness” ; FrancoFans le “trimestriel indépendant de la chanson actuelle” ; le fanzine RécréAction pour “la défense de la chanson et des musiques du monde”,  Je chante Magazine “la revue de la chanson française” ; Longueur d’ondes “le détonateur musical” (publication gratuite), etc.

Comme écrit de temps à autre sur internet, cliquer j’aime sur la page Facebook de ces publications ne suffit pas/plus.

La disparition du trimestriel Chorus, les cahiers de la chanson en juillet 2009 a marqué la fin d’une époque. D’où l’importance de soutenir concrètement ces publications.

FB MOULOUDJI
Un 45 Tours 2 titres de Mouloudji : cadeau aux abonnés du nouveau numéro de Je Chante Magazine
FB JE CHANTE
Magazine incontournable de 76 pages d’une périodicité fluctuante
FB FRANCOFANS
FrancoFans, bimestriel de 84 pages denses et très instructives
FB TEUF
Cadeau du nouveau FrancoFans : 18 talents ignorés des “grands médias”
CMJN de base
Publication gratuite disponible dans divers lieux des deux jours de l’Atlantique … et sur le site de Longueur d’Ondes

 

PATRICK, HÉLÈNE, PHILIPPE, GUY, NICOLAS ET LES AUTRES

Pour découvrir des chansons autre que celle des play-listes, notons restent pour combien de temps ?) quelques îlots de résistance à Radio-France …  Étonnez-moi Benoit sur France-Musique ( ICI ) ou La prochaine fois je vous le chanterai sur France-Inter ( ICI ) ou encore Hélène Hazera et sa Chanson Boum sur France-Culture ( ICI ) …

Notons aussi des émissions sur diverses stations dont l’audience peut désormais se développer de manière exponentielle via internet tel Guy Zwinger et Je viens vous voir sur Radio Caraib Nancy ( ICI ) … voire des web radios créées par des bénévoles déterminés comme l’incroyable Radio Espiègle lancé par Nicolas Celeguegne ( ICI ) d’une programmation des plus éclectiques.

Idem pour l’obstiné Patrick Boez préparant chaque semaine un savoureux Jambon Beurre à Saint-Pierre et Miquelon ( ICI ) . Une fabuleuse banque de données puisque le site propose TOUTES les émissions depuis la première saison débutée en 2005 !

Autant d’indispensables repères (parmi d’autres !) pour les amateurs de chanson vivante de tous pays …

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Spécial Jambon Beurre en direct de Saint-Pierre et Miquelon avec Rue de la Muette
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Rue de la Muette en direct à Jambon Beurre … en paroles et musiques !

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Complices sur scène, amis loin des projecteurs
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Inoubliable soirée au Forum Léo Ferré
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Percutant et sensible

RUE DE LA MUETTE MET LE FEU AU FORUM LÉO  FERRÉ

Et Rue de la Muette là-dedans ?

S’il est bien un répertoire auquel l’émission Jambon Beurre de Patrick Boez n’est pas demeurée indifférent, c’est justement le groupe Rue de la Muette, invité aux Déferlantes Atlantiques en juillet 2012

En se produisant un seul soir à Ivry, Patrick Ochs a voulu retrouver l’ambiance d’une salle où une certaine chanson de qualité est célébrée avec une détermination à toute épreuve.

Rue de la Muette, ce n’est pas un quatuor de soixante-huitards nostalgiques, accrochés à des refrains d’antan chers à la rive gauche.

Ici il n’y a d’ailleurs pas de rive car Patrick Ochs se joue avec malice des références tant musicale. Un artiste imposant de par sa stature, sa voix, et sa gestuelle aussi, et cependant d’une sensibilité à fleur de peau – une expression si souvent galvaudée – colorée d’humour et de bon sens. Et d’observations qui font mouche à propos de ces choses de la vie qui nous font rire et réfléchir, taper dans les mains et chanter aussi.

Ce soir-là au Forum Léo Ferré, l’assistance s’en donnera à cœur joie pour manifester son attachement à un répertoire alternant entre titres connus et refrains encore inédits, du moins sur album : N’allez pas au bal de la marine ; La vache qu’un garçon était en train de traire (Le boucher) ; L’assassinat ; Malaïka, Mendiants ; Ombres chinoises ; Petilou, etc.

Sans oublier La valse de Ray et Marvin qui évoquent respectivement Ray Charles et Marvin Gaye aux accents entraînants d’une Rue de la Muette fidèle à ses fondamentaux : voix percutante et douce à la fois, gestuelle aux grands bras, ombres chinoises (hélas peu en valeur dans la configuration scénique du Forum Léo Ferré).

Bref une de ces soirées qui aura fait le bonheur d’un public emballé par une diversité musicale sans guitares ni effets spéciaux, mais avec une sonorité des plus chaleureuses (clarinettes, batterie, accordéon, saxo).

Et bien sûr cette complicité appréciée et observée autant sur scène qu’en coulisses, lors du repas partagé avant le concert.

Car Rue de la Muette, ce n’est pas Patrick Ochs secondé par trois musiciens mais quatre personnalités bien affirmées, complémentaires et pas du tout englobées ou anesthésiées dans “un groupe monolithique”.

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Complices sur scène et dans la vie
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Un artiste des plus intenses …

Mon joli carrosse : vidéo mise en ligne par Patrick Ochs le 20 janvier 2015

OMBRES CHINOISES : LE 6ème ALBUM

Parmi les nombreux temps forts de ce concert au Forum Léo Ferré, mention spéciale pour La nuit je mens, un des titres majeurs d’Alain Bashung. Le timbre de voix de Patrick Ochs y prend un relief inattendu, sans mimétisme envers la version  originale A retrouver sur le nouvel album !

Et bien sûr La Muette à Drancy, chanson plus poignante que jamais. Et plus que jamais d’actualité.

Rendez-vous d’ici fin février pour découvrir le nouvel opus Ombres Chinoises.

A savourer sans hésitation.

La Muette à Drancy :  chanson la plus connue de Rue de la Muette

 

Texte, vidéos et photos Albert WEBER

Patrick Ochs raconte Rue de la Muette : « Entre fête et émotion »

« Rue de la Muette depuis 1998…des répétitions dans des garages, des hangars, des cabanes de jardin, puis des concerts dans des bars, des cafétérias, des prisons, des supermarchés, des lieux alternatifs, des boîtes de nuit, des cinémas, des foyers d’accueils, des comités des fêtes, des maisons de quartiers, des collèges, des maisons des jeunes et de la culture, des théâtres subventionnés et luxueux, des festivals classieux déjantés, Nantes, Bastia, Lille, Bordeaux, Périgueux, Reims, Pornichet, Cannes, parfois pour les yeux aveugles d’une petite Marocaine nécessitant une opération urgente, parfois pour les rescapés du tsunami au Sri Lanka ; à Moscou au parc Taganskij le soir de la fête de la musique, l’accès de la scène entouré de policiers dans leurs uniformes faisait penser à ceux de l’armée rouge.

Un grand tatoué complètement bourré est monté sur la scène et m’a léché les pieds en hurlant Jude Jude… Juif, juif…, un soir à Berlin, moi fils de juif allemand, j’ai chanté ma chanson sur le camp de Drancy.

Un incroyable concert en Bulgarie au même programme que les filles de la star’academy accompagnées de types tellement bizarres avec leurs gueules de mafieux!

Une superbe tournée au Folk festival de Nanning en Chine, 6 concerts où 3000 Chinois reprenaient ensemble le refrain de “Ma mère traîne au café….” : ça ira mieux demain…, cette chanson inspirée de “Boublechki” ce joli traditionnel yiddish que m’avait appris ma mère….
 
Rue de la muette est un groupe de chanson française java rock nourrie de musique klezmer, où se mélange l’univers du cirque et des fêtes foraines.
Contraste de textes désenchantés et de musique festive, morceaux rapides ou lents, le groupe aborde tous les registres et toutes les nuances.

Entre un instrumental à l’énergie balkanique et une chanson hommage aux déportés de Drancy, Rue de la Muette nous fait voyager entre fête et l’émotion… »

 

CD OCHS CREDIT PHOTOS
“Un album en quatuor”
CD OCHS TITRES
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