Un premier album, c’est évidemment une étape essentielle pour un artiste. Et d’autant plus pour Colombe Barsacq qui aura mis plusieurs années de franchir le pas, alors que son parcours s’enracine dans nombre d’initiatives individuelles et collectives marquées, entre autres, par des spectacles chantsignés.
Oui je parle des spectacles mettant en valeur la langue des signes, comme en témoigne le parcours de cette artiste formée aux arts de l’acteur, du clown et du chant.
PIONNIÈRE D’UNE “PASSERELLE ENTRE DEUX MONDES, CELUI DU SILENCE ET CELUI DE LA MUSIQUE”
Durant plusieurs années, au sein d’International Visual Theater (direction Emmanuelle Laborit), elle a œuvré avec détermination, pour que artistes et public puissent se rassembler dans un même espace, qu’ils soient sourds ou entendants. Initiée au chansigne et devenue bilingue en Langue des Signes Française, elle est devenue directrice artistique de CRé qui produira ses spectacles et son nouvel album.
“En tant que femme et artiste, je souhaite contribuer à un changement de regard sur la différence, par l’art comme par l’amour. L’amour n’a ni couleur de peau, ni sexe, ni handicap, ni frontières.
En conséquence, je cherche à tracer un chemin artistique exigeant, qui intègre une dimension devenue un symbole de lutte pour l’émancipation : la Langue des Signes. J’étais pionnière en 2009, en créant une passerelle entre deux mondes, celui du silence, des signes et des Sourds et celui de la musique. J’invite des artistes qui chansignent à mes côtés. Je reste fidèle à ce partage, quasi chorégraphique, du sens de la chanson. Il reste toujours tant à faire”.
C’est à 13 ans que Colombe commence le chant classique, avec Karin Trow, pianiste, chef d’orchestre, compositrice et chanteuse allemande (1935-2002). En parallèle à des études de réalisation audiovisuelle puis de mise en scène, elle explore des univers sonores très variés : chant diphonique, chant choral, jazz, etc. Elle se forme avec le Roy Hart et suit régulièrement des stages au Studio des Variétés. A partir de 2016, elle se perfectionne au sein d’Harmoniques où elle rencontre Géraldine Ros. Avec cette compositrice, chanteuse, professeure de chant, elle approfondit le travail scénique et le coaching vocal.
“DU TEMPS, DE L’ÉNERGIE … ET TANT DE RENCONTRES ARTISTIQUES, HUMAINES ET CRÉATIVES”
Pas de doute, la patience aura été de rigueur pour qu’arrive enfin ce 1er opus résultant d’un efficace travail d’équipe aussi professionnelle que décontractée, à en juger par les coulisses de l’enregistrement de “Sous les étoiles” dans une vidéo de plus de 9 minutes.
A visionner pour comprendre la talentueuse détermination de cette artiste. Dans cette vidéo de présentation des coulisses elle “signe” en présentant son envie de produire “Sous les étoiles” dans une version bilingue en FR/LSF. Et la chanteuse de préciser : “En effet, à ce moment là je ne Chansigne pas. Je suis en train d’utiliser la Langue des Signes Française (LSF) dans son expression quotidienne et non dans un geste artistique”.
Bon et l’album alors ?
“Pour aller au bout de ce rêve, et réussir à le produire, il m’en aura fallu du temps et de l’énergie : presque 4 ans, et tant de rencontres artistiques, humaines et créatives, et réussir à réunir des compositions pleines de grâce et des musiciens bouleversants. Mais le pari fut tenu, malgré les crises de l’Histoire, malgré la Covid et son cortège d’enfermements”.
Pas évident, ou plutôt impossible d’enfermer Colombe dans un seul registre si ce n’est celui de la chanson d’expression française.
Une fois cette évidence rappelée, embarquement immédiat vers des accents jazzy, reggae, pop, … et aussi des escales du côté d’une douce nostalgie du côté de la Rue Lamartine … et dans un autre registre d’un son reggae avec “Je t’attends”. Assurément deux de mes titres préférés. Mais attention, il ne résume pas du tout atmosphère globale de l’album si on se contente d’écouter ces deux chansons !
Au fil des 12 chansons, Colombe chante et parle, murmure et s’emporte, et aucune d’elles ne ressemble à l’autre. Entre douceur et intensité, “7eme ciel” est peut-être le titre qui symbolise le mieux cet album marquées par des ruptures de rythme dans plusieurs mélodies. Un CD qui débute sur le titre éponyme à l’origine d’un clip de toute beauté tourné sur l’Île le Bréhat, lieu de son enfance.
A regarder jusqu’à la dernière seconde pour en savourer la vue aérienne de ces images entre ciel et mer !
SE FAIRE UN PRÉNOM : PARI RÉUSSI POUR COLOMBE
Cet album m’a touché pour plein de raisons, à commencer par un constat : pour l’avoir écouté plusieurs fois, je peux dire que j’y ai chaque fois découvert de nouvelles nuances dans la voix, dans les accompagnements.
Et ça fait du bien d’avancer ainsi en étant encore surpris; d’autant plus que Colombe – auteure de tous les textes – n’hésite pas ici et à se livrer.
Peut-être à se délivrer aussi car son patronyme vous fera évidemment penser à André Barsacq … ce qui ne laissera pas indifférent ceux qui s’intéressent à l’Histoire du théâtre en France. Et, bien sûr, du Théâtre de l’Atelier …
Porter un (si) illustre nom n’est peut-être pas de tout repos. Le réflexe d’évoquer, de comparer, de faire allusion au(x) membre(s) de la famille déjà connus ne doit surtout pas sous-estimer, voire occulter ou mettre entre parenthèses sa propre personnalité. Se faire un prénom aura donc été une nécessité pour Colombe d’origine française, russe, suédoise, et assurément grande voyageuse.
Et “Sous les étoiles” est synonyme de pari réussi pour cette cette chanteuse, auteure, compositeure et metteure en scène. Cet album, elle a commencé à l’écrire durant un séjour au Québec marquée par bien des rencontres : “C’est sur une route de nuit entre Québec et Montréal que j’ai commencé à écrire Sous les étoiles. Je l’ai imaginé comme une bulle intime et insolite … vusicale : à la fois un bel objet, un premier album dans un écrin, un coffret avec un CD, un vinyle, un concert et un spectacle de ChanSon et de ChanSigne.
Dans mes chansons j’ai inscrit les rythmes de mes voyages, celui de la marche quand le temps se repose, ou celui de la houle qui d’une vague soulève les cœurs et les bateaux, ou celui du martèlement des rails sous les roues du train. J’ai presque fait le tour de la planète”.
UN CD A ÊTRE MIS EN VALEUR À LA RADIO ET LA TÉLÉ
Je suis très heureux que divers passionnés de chanson aient parlé de cet album qui gagnerait évidemment à être mis en valeur sur les radios et les télés grand public.
“Sous les étoiles est le premier album long de Colombe, annoncé par un EP de cinq titres, Marchande de rêve. Dans l’album sont invités le célèbre harmoniciste Diabolo Diabolux rencontré notamment avec Higelin, Denis Piednoir aux guitares, Mohammad Sadeghin à la basse, aux enregistrements et au mixage, avec également saxo, violoncelle et batterie” indique Catherine Laugier sur Nos Enchanteurs, le quotidien de la chanson .
“Colombe croit en l’amour et son album ne fait que lui rendre grâce… Sa voix, nous vous l’assurons, est d’une jeunesse et d’une clarté qui vous donnent à y croire. Souvent, elle prend les accents d’une chanteuse de jazz, soutenue par les instrumentistes qui l’accompagnent, à commencer par le piano omniprésent. Parlons-en des instruments… Il semble que chacun d’eux ait eu précisément son morceau de choix, son rôle, comme pour incarner un sentiment, un personnage, une image…” souligne Claude Juliette Fèvre sur son blog Chanter c’est lancer des Balles.
“Elle porte un regard particulier, mystique sur le monde et dans les portraits qu’elle dresse. Portraits de femmes le plus souvent” lit-on sur le site de FrancoFans, revue où Anne Claire Hilga précise dans sa chronique : “Colombe chante l’émerveillement de l’amour avec douceur et folie. Sa sensualité côtoie une certaine forme de spiritualité, sinon d’idéal. La chanteuse ne manque pas de charme et son titre “Sous les étoiles” devrait avoir le destin d’un grand succès. Un très beau disque, émouvant”.
“JE VOUS INVITE À CE QUI EST RADIEUX EN NOUS, AU-DELÀ DES DIFFICULTÉS DU JOUR”
Bref, vous l’aurez compris, je vous recommande vivement ces chansons mises en mots par Colombe Barsacq et en musique par Michel Trillot et Denis Uhalde.
Et vous trouverez évidemment sur internet nombre d’articles et liens sur le parcours artistique de Colombe Barsacq dont l’album a bénéficie le 17 mars d’une soirée de lancement sur le bateau El Alamein, au terme d’un agenda des plus chargés : voir la vidéode près de 7 mn “Un film court de quelques moment pas ordinaires de ma vie d’artiste !’” assurément fertile en rebondissements.
A noter aussi sa chaine Youtube aux nombreuses vidéos à découvrir sans se presser. Car les chansons de Colombe parlent au cœur, à des années-lumière des refrains préfabriquées et des tubes aussi creux qu’éphémères.
Laissons le mot de la fin à cette artiste dont l’album vibre d’une intense sensibilité. Ce qui n’exclut évidemment pas une incontestable lucidité. D’où ses interrogations :
” Qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui, dans sa force vibrante et sa vulnérabilité ?
Qu’est-ce qu’être femme au-delà d’être soumise ou fatale, pure ou perverse, amoureuse ou volage ?
Qu’est-ce qu’être femme que l’on soit en situation de handicap ou non, que l’on ait moins de 50 ans ou plus ?
D’Ève, la marchande de rêves, à Loin de tes bras, de la Rue Lamartine à l’Alpha et l’Omega, de Sous les étoiles au 7e ciel, tous ces titres cherchent à dessiner les constellations de ce que nous sommes, et de ce que nous désirons être. Tout est dit, tout est là : je vous invite à ces voyages, à ces musiques de l’autre en soi, à ces danses de chansons, à ce qui est radieux en nous, au-delà des difficultés du jour”.
Albert WEBER
Photos Armelle Yons (portraits) et Gilles Crampes (scène).
SOUS LES ÉTOILES EXACTEMENT est un amical clin d’œil au titre de l’émission nocturne (hélas disparue) de Serge Levaillant sur France Inter. Un programme diffusé de 1997 à 2013 avec des invités chantant en direct, notamment des talents acadiens que j’ai eu le bonheur d’accompagner plusieurs fois en studio.
Elvis Stengel occupe une place à part parmi les artistes et groupes que j’aime mettre en valeur pour leur engagement en faveur de leur langue maternelle. Sa vie ne se résume pas – loin de là – à celle d’un auteur, compositeur et interprète. Et son nouvel album confirme un talentueux engagement envers le francique lorrain, traditionnellement appelé Lothrìnger deitsch/ditsch ou Lothrìnger Platt. Ou tout simplement Platt.
Elvis Stengel peut désormais donner libre cours à sa “vie d’artiste”, entre chanson et poésie. Car la poésie fait aussi partie de ses centres d’intérêt, qu’elle soit en français, allemand, alsacien ou platt.
En 2018, lors du dernier festival Summerlied (dernier à tous les sens du terme hélas !) le Prix Jean Dentinger y a été remis à Elvis Stengel. A cette époque venait de sortir “De Fresche wille e Kinich”, son 3ème album en français et en platt … avec un titre faisant allusion à la fable de La Fontaine “Les grenouilles qui demandent un roi”.
48 CHANSONS RÉPARTIES SUR 4 ALBUMS
Elvis Stengel est né en Moselle, entre les cultures allemande et française. Et c’est très tôt qu’il se passionne pour la littérature, la poésie et la chanson des deux pays.
“Lorrain dialectal “platt” de coeur, il écrit, chante et déclame évidemment dans les trois langues de son âme” selon l’expression de l’ethno-poète chanteur alsacien Olivier-Félix Hoffman qui le qualifie de “fervent partisan de l’amitié franco-allemande et alsaco-lorraine”. Elvis Stengel se produit principalement en Moselle, en Allemagne et Alsace dont au festival Summerlied à deux reprises. A ce jour sa discographie compte 48 chansons réparties sur 4 albums.
“En 2003, j’ai enregistré “Made in Vibersviller”, mon premier opus de 5 titres chez moi au garage sur une toute petite table numérique avec l’aide de ma fille Céline et d’un copain désormais batteur professionnel, Raphael Schuler. Ensuite en 2008 il y a eu “Une vague idée du chemin” avec 17 titres dont 5 en platt. En 2018 j’ai produit mon 3ème CD, “De Frésche wille e Kinich” avec 11 titres dont la reprise de “En cloque” en platt avec l’autorisation de Renaud et de sa maison de production”. Et en février 2022 est sorti “Bli vom Brunne eweg”, peut-être mon album le plus abouti”.
“UN CD RURAL QUI SENT BON LE FOIN”
C’est évident, l’ancien exploitant agricole désormais à la retraite n’a en pas perdu de son inspiration. Ni de son bon sens aussi comme le confirme “Bli vom Brunne eweg” (“Ne t’approche pas du puits”) sorti quatre ans après son précédent CD.
Un nouvel album totalement enraciné dans sa langue régionale, le platt qui devrait retenir l’attention de ceux qui estiment que les langues régionales ne doivent pas être nivelées voire anéanties par le rouleau compresseur de l’uniformisation jacobine.
Comment présenter cet album ? “Un CD rural qui sent bon le foin, les mélodies légères au rythme entraînant, quinze titres en platt où l’artiste chante le terroir de Vibersviller et du Saulnois” selon Philippe Creux dans le Républicain Lorrain. “C’est une partie de la vie du monde rural entre Alsace et Moselle qu’on retrouve cette année dans les chansons d’Elvis Stengel” selon Thomas Lepoutre (Dernières Nouvelles d’Alsace” à qui il confie : “J’y chante mon amour de la vie rurale, avec plusieurs anecdotes qui m’ont inspiré ».
Au fil des ans, Elvis Stengel s’est forgé une belle réputation et il bénéficie de divers soutiens dans les médias régionaux, en presse écrite et audio-visuelle : France Bleu Elsass (notamment avec Pierre Nuss) ; Fréquence Verte (émission sur la chanson en alsacien et en platt d’Antoine Jacob), et France 3 Alsace aussi.
“LIEDLE FÜR ALL DI WU UNSERI SPROCH NOCH VERSTEHN !”
C’est donc un album de 15 titres qu’Elvis a enregistré avec sa fille Céline Stengel-Loeffler (piano) et Michel Ledig (harmonica). Sans oublier Alain Kermann (flûtes irlandaises, guitares, guitare basse, trompette, clavier) également sur le pont dans d’autres registres : arrangements, maquette, enregistrement, mixage, mastering).
“Liedle für àll die wu unseri Sproch noch verstehn !” a tenu à préciser Elvis Stengel sur la pochette du CD. Hé oui, des chansons pour tous ceux qui comprennent encore cette langue maternelle à laquelle il est plus que jamais attaché. Et à l’employer pour des refrains aux multiples inspirations.
A commencer par le titre éponyme ! “Bli vom Brunne eweg” ! Une mise en garde qui aura souvent résonné aux oreilles du chanteur durant son enfance : “Ne t’approche pas du puits, l’homme au crochet va t’attraper. Notre grand-mère disait ainsi pour nous dissuader d’aller jouer près du puits ou d’un autre point d’eau”.
Les temps ont changé, mais Elvis Stengel n’a pas oublié l’époque où la vie était sans doute plus proche de la nature, de traditions et d’une certaine manière de vivre et d’être.
Sur les 15 titres enregistrés en platt (avec ici et là de l’allemand et un peu de français), Elvis Stengel précise que “cinq s’adressent plus spécialement aux enfants. Elles ont été écrites pour l’OLCA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle) à l’intention des enfants scolarisés en classes bilingues”.
De quoi parlent donc ces chansons ainsi commentées par l’artiste ?
“Der von dr Poscht”. (Celui de la poste!) “L’histoire d’un ancien qui m’a raconté la récolte des pommes de terre dans une année terriblement humide, il marchait sur des planches dans sa parcelle pour ne pas s’enliser ! Chanson rigolote dont le refrain dit : et celui de la poste picole seulement quand c’est gratuit !”.
“Im Hansnickel sin Kuh hàt gemàcht”. “La vache de Jean-Nicolas a fait …. meuh! Un texte de mon cru avec un refrain traditionnel alsacien. En passant de l’Alsace à la Moselle Hansmichel est devenu Hansnickel)”. De quoi se rappeler d’une célèbre chanson enregistrée par Roger Siffer sur son premier album.
“D Hàckemànn”. “L’homme au crochet, chanson pour l’OLCA pour les enfants des écoles primaires en classe bilingue”.
“Kumm mir fàhre uff Nanzich”. “Viens allons à Nancy… sur un air traditionnel une chanson sur la Place Stanislas à Nancy”.
“Klopp, klopp, klopp àm Himmelsdor”. “Frappe, frappe aux portes du ciel … une chanson allant dans le sens de “Knocking on heavens door” de Bob Dylan mais qui n’en est pas la traduction et sur une musique d’Alain Kermann”.
“S’Hàselied”. “La chanson du lapin … encore une chanson pour l’Olca pour les classes bilingues du primaire”.
“S’Fuchselied”. “La chanson du renard … autre chanson pour enfants également destinée à l’OLCA”.
“E bissel Geld im Mäppel”. “Chanson sur la ville de Sarre-Union d’autrefois avec tous ses petits commerces … c’est une reprise, une nouvelle version d’un titre du CD précédent”.
“Wenn de Gold hàsch”. “Si tu as de l’or, l’histoire d’un gars qui va de brocante en brocante tous les dimanches et ne vend jamais rien !”
“Hornung”.“Les anciens appelaient le mois de février “Hornung” . Ils craignaient beaucoup ce mois de l’hiver. Ils disaient alors : Février (Hornung) dit à Janvier, si j’avais ta force je ferais geler le veau à l’intérieur de la vache”.
“Lied vom Wolf”. “ Chanson du loup, un reprise de ma chanson en français enregistrée en 2003 sur la bête des Vosges, traduite en allemand”.
“D Oschterhàs”. “Encore une chanson pour enfants, le lapin de Pâques avec le passage des crécelleurs dans la semaine pascale”. Avec la participation d’Elisa et Maxime, petits-enfants d’Elvis Stengel.
“S Elise molt Fisch”. “Élise dessine des poissons … une chanson pour ma petite-fille Élise qui dessine des poissons, ses animaux préférés”.
“QU’ALLONS-NOUS FAIRE POUR GARDER NOTRE LANGUE” ?
Mention particulière pour “Se rossle widder àn de Sàwle”.
“Cette chanson-là comporte plusieurs niveaux si on prend le temps de bien l’écouter. Ils agitent à nouveau les sabres … Encore des souvenirs d’enfance, le samedi soir devant la télé noir et blanc, nous attendions le western sur la chaîne allemande ZDF dans le salon chez nos parents. D’autres émissions étaient programmées avant le film, il fallait attendre et patienter, et lorsque notre père regardait les infos évoquant les conflits aux quatre coins de la planète, il disait toujours : regardez comme ils agitent à nouveau les sabres ces va-t-en-guerre !”.
Cette chanson me tient particulièrement à cœur. Elle s’enracine dans un passé révolu, voire oublié (soirées en famille, feuilletons et émissions des chaines allemandes du samedi soir, etc.) et fait aussi référence à la guerre actuelle en Ukraine.
“Im ZDF verzehlt dr Rudi Carrel Witze / Fer Sender wächsle muss mr àm Kàschde knipse / In dr Stub) is wàrm, s’Télé Progràmm isch fein/ Mir wàrte àll uff d Western mim John Wayne/ D Nàchrichte màche d Vater ernscht löwe / Der Welt kànn mr iwerhàpt nimmé ver tröwe/ Löwe emol se rossle widder àn de Sàwle , hàt unser Vater gesàt”
“Sur la chaîne ZDF Rudi Carrel raconte des vannes/ Pour changer de chaîne il faut presser des boutons/ Il fait bon dans la pièce, le programme TV est top/ Nous attendons tous le western avec John Wayne/ Le père change d’humeur devant les informations/ Ce monde n’inspire plus confiance du tout/ Regardez comme ils agitent les sabres , disait notre père”.
S’y ajoute une autre réalité, celle du père décédé et de la langue maternelle elle aussi disparue.
“Jà s’isch àlles erum s’isch àlles gehàkt/ Doch d Télé zeit uns dàss es nàch Krieg schmàckt/ Corona isch iwer d Welt gezoh/ Unser Vater isch schun làng nimmé do/ Wie mr sàt sie sin bàll àll furt die Alte/ Wàs gehn mr màche fer d Sproch behàlte/.
Mais tout cela est bel et bien du passé/ Et la télé nous montre que ça sent la guerre/ Le corona a envahi la Terre/ Notre père n’est plus de ce monde depuis belle lurette/ On dit que les anciens sont presque tous partis/ Qu’allons- nous faire pour garder la langue ?”
Reste un dernier sujet à aborder. Une évidence évoquée avec ce “poète-paysan” qui chante en s’accompagnant à la guitare et à la serinette (orgue de Barbarie portatif).
UN NOUVEAU CD : ET POURQUOI ?
Signe des temps : sorti à 500 exemplaires, cet album a plus de mal à se vendre que les trois précédents. L’inspiration et le talent de l’artiste ne sont pas en cause mais l’époque a changé, Elvis Stengel le reconnait volontiers.
Hé oui, à quoi bon acheter un CD si l’on n’a plus d’appareil pour l’écouter chez soi ou en voiture ?Aurait-il fallu sortir ces chansons seulement sur une clé USB ? Ou alors rien que sur les fameuses plateformes désormais aussi omniprésentes dans l’écoute de la chanson.
D’accord, ces moyens d’écoute devenus incontournables ne sont pas vraiment synonyme de rentrées d’argent pour les artistes ! Autant de questions et constats plus que jamais d’actualité ! Et ça ne date pas d’aujourd’hui. En octobre 2019, le quotidien québécois Le Devoir parlait de “Une poignée de dollars pour un million de clics sur les plateformes numériques”.
C’est le titre d’un article publié suite à l’intervention du chanteur québécois Pierre Lapointe qui a bénéficié d’une des “ovations les plus nourries du gala de l’ADISQ”, équivalent des Victoires de la Musiqu. Ces applaudissements ne concernaient pas “une performance artistique, mais plutôt une série de constats brutaux énoncés par Pierre Lapointe. Au nombre d’entre eux : “Pour un million d’écoutes de ma chanson Je déteste ma vie sur l’application Spotify — j’ai écrit les paroles et la musique —, j’ai touché 500 $”.
Bref pas étonnant que les temps soient de plus en plus durs pour ceux qui enregistrent (encore ?) un CD de nos jours.
Raison de plus de soutenir cet attachant et inspiré auteur-compositeur-interprète qui, bien que ne disposant pas d’un site consacré à son actualité, est cependant très présent sur les réseaux sociaux.
De quoi retenir l’attention de ceux qui parlent le Platt en Moselle, et ailleurs. Notamment … mais oui … au Brésil. La deuxième langue la plus parlée dans ce pays c’est effectivement Platt. Plus de trois millions de Brésiliens la parlent quotidiennement et 10 millions d’entre eux la comprennent, comme m’en avait parlé lors de son séjour en Alsace Solange Hamester Johann, Brésilienne, enseignante de Platt.
Déception, colère, scandale .. Hé oui, voilà ma première réaction en découvrant “et ton rire un oiseau …” le nouvel album de Jofroi.
Et assurément il y a de quoi quand on prend le temps de découvrir ces 13 chansons qui font du bien en ces temps étranges entre guerre et menace nucléaire.
Alors pourquoi être déçu, en colère et scandalisé ?
Tout simplement parce “et ton rire un oiseau” mérite incontestablement une large audience. Je veux dire bien au-delà de celles et ceux qui aiment la chanson non formatée, celle qui nous chavire, nous émeut, nous bouleverse, nous incite à agir aussi.
Alors évidemment il faudra (une fois de plus) se lever de bonne heure, voire ne pas du tout se coucher pour que ce nouvel opus de Jofroi retienne l’attention des “grands médias”, aussi bien de la presse écrite qu’audio-visuelle.
Mais qui s’intéresse encore aujourd’hui à ce nouvel album lumineux, tendre lucide et toujours rebelle ?
POÈTE, AUTEUR, COMPOSITEUR, TERRIEN, JARDINIER
Voilà pourquoi je parle de déception et colère, et aussi de scandale en me disant que la plupart des gens n’entendront sans doute jamais parler de cet album. A moins, évidemment, d’en découvrir une chronique dans une des rares publications de presse écrite encore consacrée à la chanson
et/ou sur incontournables sites comme celui de Michel Kemper, Nos enchanteurs: on y trouve plusieurs articles sur Jofroi dont le plus récent signé Robert Migliorini présente ce nouvel album sous l’angle de “Jofroi, des maîtres mots contre les maux”.
Inspirée par ce nouvel album, Claude Juliette Fèvre propose sur son site Chanter c’est lancer des ballesnon pas une chronique mais un jeu littéraire : “Une pure fiction, un jeu d’écriture où se trouvent insérés en caractères gras les 13 titres de l’album et quelques mots, expressions, empruntés ici ou là aux chansons”.
Au cas où vous n’auriez encore jamais entendu parler de cet auteur-compositeur-interprète à la “chaude voix enveloppante” selon l’expression d’Annie-Claire dansFrancoFans, ayez donc la curiosité d’en savoir plus sur le site jofroi.com !
“Belge du Sud (il vit actuellement dans le Gard), chanteur à double casquette traitant le jeune public en grands en parallèle à l’auditoire adulte, directeur artistique et figure de proue pendant vingt ans du festival Chansons de Parole de Barjac, Jofroi a décidément plusieurs cordes à son arc. Chanteur, poète, auteur, compositeur, humain, terrien, promeneur, jardinier, rêveur…”.
Assurément un citoyen du monde qui affirme : “Autant dire que je suis de nulle part. Il y a bien longtemps que j’ai quitté mon village natal ainsi que la terre où reposent mes ancêtres… Et mes enfants ne sont pas tout près non plus. Mais est-ce vraiment si important ? Dans ce monde où le futur de l’homme est planétaire. Je ne suis donc ni d’ici, ni de là… Je suis à l’endroit où je vis et j’y construis des univers, en partie imaginaires. Je suis de Champs la rivière, je suis de Cabiac sur terre… Et ces mondes se métamorphosent”.
Fraternité, humanité, citoyen du monde, avenir de la planète …
Tels sont les principaux repères de l’abondante discographie de Jofroi : une bonne vingtaine albums, sans compter les compilations et les disques collectifs.
Aussi je vous recommande vivement son livre “De Champs la rivière à Cabiac sur terre” : une lecture incontournable pour vous aventurer en toute liberté dans l’œuvre et aussi dans la vie de cet artiste avec tous ses textes de chansons, des monologues et contes pour enfants. Un sacré parcours de vie raconté entre anecdotes, photos et dessins.
“J’AI SEMÉ SIX AMANDES DANS UN COIN DE MON PRÉ”
“et ton rire un oiseau … ” s’inscrit dans le vécu d’un homme dont la vie ne se résume pas à chanter.
En témoigne le 1er titre, “Le monde d’après”, texte de bon sens et d’espoir, plein de réalisme aussi.
“J’ai semé six amandes dans un coin de mon pré. C’était début décembre 2020. J’avais les doigts gelés. J’ai creusé des petits trous. J’ai posé les amandes délicatement au fond, avec le germe bien dressé sur le dessus. Je les ai recouvertes de terre en tassant doucement. Au préalable, je les avais fait germer pendant trois semaines dans un pot en terre rempli de sable. Auparavant, je les avais gardées deux semaines au frigo pour qu’elles connaissent un hiver. Tout cela, comme l’ami des montagnes noires me l’avait recommandé, quand il me les avait données.
J’ai laissé mes semis et je suis rentré à la maison, en chantonnant “j’ai semé six amandes… et j’ai les doigts gelés”. Je pensais à l’avenir. Aux amandiers qui pousseraient fièrement sous le soleil printanier. Aux enfants, assis plus tard sous leur feuillage”.
“LA FEMME ET L’HOMME SONT ÉGALES”
“Désolé”, c’est un concentré des situations que nous tous subi un jour ou l’autre, dans tant de circonstances : “L’innocent refrain / Qui vous met dans le pétrin / Désolé, désolé“.
Une chanson entrainante, aussi enjouée que décapante ! De quoi inspirer un clip assurément grinçant mais également joyeux, voire optimiste vu la tournure de la chanson !
Autre titre, “La femme et l’homme sont égales” : superbe duo de Jofroi avec Monique Gelder où les deux artistes s’interpellent : “Allez va, ne le prend pas mal / Tu montes sur tes grands chevaux / Moi, j’te dis qu’il et elle se valent / Et n’sont ni rivales, ni rivaux”.
En fait, chaque chanson de cet album met en valeur un ressenti (“La tête en jachère”) , une situation, une tranche de vie loin de l’agitation urbaine et si proche de la nature, de la campagne … Un attachant kaléidoscope avec, entre autres, ses chansons d’espoir (“J’attends la fin de la nuit”) et également d’amour (“Tes yeux”)
“La synfaunie des oiseaux”, c’est un sacrée feu d’artifice enraciné dans tant de noms d’animaux qui nous sont familiers. Et de surcroit une formidable leçon de vocabulaire sur la manière dont s’expriment cette “jolie synfaunie / D’où en harmonie / Fusent mille cris / Qui s’élèvent en chœur / Où chacun leur tour / De nuit et de jour”.
“LES OISEAUX, MIGRANTS SANS PAPIERS”
“Est-ce qu’il neige à Montréal” ? Superbe chanson dédiée à André Lavoie, un poète québécois.
“Mon ami poète m’avait envoyé, depuis la rivière des prairies à Montréal, un joli texte célébrant les oiseaux, migrants sans papiers, enchantant nos décors… J’en ai fait une chanson. En rêvant que les humains en prennent de la graine…”.
Le Québec – où Jofroi a chanté plus d’une fois – réapparait ici et là au gré d’autres chansons, comme dans “C’est une idée” dédié à Raymond Levesque : “Et puis enfin, rêver / D’un nouvel hymne populaire / Qu’on ne chante plus le point levé / Mais qu’on chante les bras ouverts”.
Chanter les bras ouverts ?
“Cette idée je l’avais tourné dans tous les sens lorsque j’écrivais les chansons de l’album précédent. En février 2021, j’ai appris la mort de Raymond Lévesque, ce merveilleux chanteur québécois, auteur de “Quand les hommes vivront d’amour”. C’est ainsi que m’est apparue alors, comme une évidente, cette idée qui fait sourire”.
L’album se termine avec deux chansons incontournables qui me donnent toujours la chair de poule.
Deux titres majeurs de Jofroi. Deux hymnes à l’amour, à la fraternité, au besoin et à l’envie de vivre, de construire, de créer, d’être heureux et de rendre heureux tout simplement
D’abord “Faut bâtir une terre” : “Cette chanson fétiche m’a accompagné sur scène pendant un demi-siècle. C’était l’occasion de lui redonner vie pour un autre demi-siècle !”.
A retrouver ici une version collective et sans frontière enregistrée durant le confinement en 2020 et visible sur Youtube.
Jofroi se souvient de “ce moment intense de partage avec tous mes amis, musiciens et autres, où unis par le lien soudain magique de nos téléphones portables, de nos caméras d’ordinateur, nous nous étions retrouvés comme autour d’un grand feu de camp sur la toile, à jouer et chanter à tue-tête “on serait bien mieux en ces beaux jours, si ce n’était manque d’amour” à travers toute la francophonie”.
Sorti en février 2022 chez EPM avec un livret de 16 pages, “et ton rire un oiseau … “, c’est aussi une histoire d’amitié vécue par une poignée de talents :
guitares et voix (Guy Werner), batterie et percussions (Gauthier Lisein), basses (Alain Rinallo), violon et voix (Aurélie Goudaer), violoncelle (Kathy Adam), chœurs et voix (Monique Gelder). Un
Sans oublier la complice de Jofroi, aussi bien sur scène qu’en studio avec cet album aux arrangements et direction musicale signés Line Adam (piano, flûtes). Colin Burton assure la prise de son et aussi le mixage avec Maxime Burton.
Si vous lu cet article jusqu’ici, peut-être comprenez-vous mieux ce que je vous disais en début de texte en parlant de déception, colère, scandale !
Imaginez un instant – un exemple parmi d’autres question médiatisation – le documentaire télévisé qui pourrait être réalisé sur l’aventure artistique et humaine cet auteur-compositeur-interprète majeur de la francophonie …
sur sa complicité avec Jean-Pierre Chabrol qui lui confia des textes qu’il mettra en musique …
ses rencontres avec Félix Leclerc, Gilles Vigneault, Léo Ferré, Jean Ferrat, François Béranger, Julos Beaucarne et bien d’autres créateurs des deux bords de l’Atlantique, et d’ailleurs !
Mais oui, il n’est pas interdit de rêver en cette période où les “play-list” font la loi aussi bien sur les stations commerciales que les radios du service public…
En attendant de retrouver Jofroi sur le petit écran (allez, l’espoir fait vivre !), savourez donc sans retenue cet album des Productions du Soleil.
Et croyez moi ça fait du bien en ces temps de folie guerrière : oui, c’est évident, “on s’rait bien mieux en ces beaux jours, si ce n’était manque d’amour”.
Nouveau récital ET TON RIRE UN OISEAU avec Line Adam (piano, flûte et accordéon) et Guy Werner (guitares) :
- mercredi 25 mai, 20h, Festival Dimey, Nogent (52)
“Roman historique”, c’est incontestablement l’expression qui définit avec justesse le 1er livre de Jean-Marie Kutner paru aux Editions Sydney Laurent. Tel est d’ailleurs le choix de l’auteur : s’engouffrer dans la fiction pour mieux décrire la réalité.
D’où ces 372 pages enracinées dans l’Histoire, la grande avec une majuscule et l’autre, la sienne. Celle qui l’a incité à donner vie. Ou plutôt à faire revivre par des personnages synonymes de destins authentiques mais aussi – et surtout – de membres de sa famille d’hier et d’aujourd’hui.
1942-2019 : TOUTE UNE VIE SANS OUBLIER
Bien sûr, au départ, il y a ces phrases qui retiennent l’attention sur la couverture :
1942 – Elle venait d’un pays qui n’était pas le mien Elle était juive et je ne l’étais pas
Et on peut alors penser, à juste titre, qu’il s’agit d’un récit qui se déroule uniquement cette année-là et peut-être les suivantes aussi, bon disons jusqu’à la Libération.
Ah oui, je vous préviens sans tarder.
Ce livre peut être dangereux pour votre sommeil. J’en sais quelque chose pour l’avoir lu, dévoré, en trois soirs, jusqu’au cœur de la nuit. L’envie d’en savoir chaque fois un peu plus sur le destin des personnages, aussi bien ceux que l’auteur a inventé que ceux qui sont enracinés avec émotion dans sa vie familiale.
Il faut donc bien préciser que ce livre débute bien en 1942 mais il ne s’achève qu’en 2019. Et c’est sous la forme d’un journal intime rédigé année après année que Jean-Marie Kutner raconte l’enfance, l’adolescence, et la vie d’adulte de celui qui ne pourra jamais oublier Myriam.
Le 3 juillet 1942, c’est le dernier jour de classe à Paris et aussi le dernier jour de liberté pour Anne Frank à Amsterdam. Et nous sommes alors à trois jours de la rafle du Vél d’Hiv.
Le narrateur, c’est un enfant de 11 ans. Il se lie d’amitié avec Myriam. Elle est juive, porte l’étoile jaune et lui pas. Complicité d’enfants oui, mais dans un environnement qui n’échappe évidemment pas aux deux écoliers parisiens. Et lorsque Myriam doit monter dans la dernière rame du métro, celle réservée aux Juifs, son jeune ami goy l’accompagne.
Amitié ou amour d’enfants ?
“Au moment où je te tendis la main, tu t’es avancée pour me murmurer à l’oreille quelque chose comme “icardilib”, sans doute du yiddish, et tu m’as embrassé sur la joue. Je n’avais pas compris tes mots mais j’étais fou de joie”.
“UN PETIT CAILLOU BLANC EN FORME DE CŒUR QUE JE LUI AVAIS OFFERT”
Lorsque la guerre s’achève, l’espoir renait chez l’enfant devenu adolescent.
Dans la fumée des trains qui reviennent de l’enfer, il espère de quai de gare en quai de gare revoir celle qui lui a lancé depuis la fenêtre de son appartement un mouchoir noué .
“J’arrive à la maison et me jette sur mon lit en pleurs. Repensant au caillou, je mets ma main dans ma poche Je défais le nœud. Il était lesté du petit caillou blanc en forme de cœur que je lui avais offert. A l’intérieur, un petit morceau de papier, rapidement, arraché. “NE M’OUBLIE PAS“.
“LES FAITS, LES DATES ET LES LIEUX DONT IL EST FAIT MENTION DANS CE LIVRE SONT RIGOUREUSEMENT EXACTS”
L’enfant devenu adulte ne pourra pas oublier l’écolière, et il lui faudra apprendre à vivre.
A revivre, à apprendre à aimer, à fonder une famille, avoir une fille … qui sera prénommée Myriam.
Jean-Marie Kutner précise : “Ce roman historique pourrait avoir comme sous-titre “Une histoire dans l’Histoire. Il nous permet d’aborder une des pages les plus noires de notre Histoire et d’en comprendre la genèse, les dessous et le déroulement. Il met en évidence la lourde responsabilité du gouvernement de Vichy et de Pierre Laval en particulier. La rafle du Vél d’Hiv’ est la première déportation massive d’enfants. 3500 durent déportés Aucun n’est revenu. Les faits, les dates et les lieux dont il est fait mention dans ce livre sont rigoureusement exacts”
Tout au long du livre, le lecteur évolue en permanence entre deux mondes : un destin personnel ponctué de tant de rencontres dont celles si décisive de Lina Morales, la concierge de l’immeuble où Myriam vécut avec sa famille.Lina, réfugiée en France à cause de la dictature de Franco en Espagne.
Et bien sûr un autre personnage qui va accompagner le narrateur de son enfance à sa vie d’adulte : Simon, rescapé des camps de la mort. “Simon est un héros fictif de mon roman, mais il est la voix de millions de victimes. La récit de son arrestation, de sa déportation et de sa participation à la capture d’Eichmann s’inspire de témoignages parvenus et des faits qui nous sont connus” souligne l’auteur.
Ce livre s’enracine dans tant de rencontres, notamment en France et aussi en Allemagne durant le service militaire du narrateur.
Il met aussi en évidence l’Histoire de l’Alsace à travers divers dialogues qui en disent long sur la complexité de son destin. En témoigne entre autres ce constat : “Oradour est un drame pour Schiltigheim, car on trouve des Schillikois dans les deux camps. Comme je vous le disais, il y en eut neuf parmi les victimes, mais il y en eut également parmi les quatorze Alsaciens intégrés à la division Das Reich. C’est un procès difficile car, parmi ces quatorze Alsaciens, deux étaient volontaires et douze étaient des Malgré-Nous”
Et puis il y a l’actualité qui invariablement fait résonance à la vie personnelle : Auschwitz, Oradour-sur-Glane, le procès de Bordeaux, la traque d’Eichmann, la guerre froide, celle des Six Jours, la chute du mur de Berlin, l’assassinat de Kennedy, la mort de Franco, l’attentat de la rue des Rosiers et bien d’autres événements encore qui ont tous, d’une manière ou d’une autre, des répercussions dans la vie quotidienne du journal intime rédigé, année après année par le narrateur.
Comme en juillet 1951 où il écrit : “Ce soir j’apprends qu’après six ans de détention, Philippe Pétain est mort en captivité à l’ile d’Yeu. Maréchal, te voilà devant Dieu. C’est l’heure de rendre des comptes. Sache que je ne t’ai jamais pardonné”
“Il traverse le XXe siècle, fidèle à sa promesse” souligne l’auteur qui se met dans la peau de cet enfant traumatisé par la disparition de Myriam. Et qui jusqu’à son dernier souffle ne cessera de penser à elle. De la faire revivre à sa manière, tout en vivant intensément sa vie d’adulte familiale et professionnelle.
“ANNE, ESTER ET MYRIAM SONT TROIS VICTIMES DE LA BARBARIE NAZIE, RÉUNIES POUR TOUJOURS”
En 2006, Jean-Marie Kutner rencontre la Fondation Anne Frank et revient profondément marqué de son voyage à Amsterdam. Anne ne l’a jamais quitté.
En 2011, des habitants de ville natale de son père – Göppingen en Allemagne – l’invitent à la pose d’un pavé mémoriel en souvenir de sa grand-mère, Ester, assassinée par les nazis en 1942. C’est là qu’il découvre son histoire, ses origines.
Les trois photos ci-dessus sont extraites du site STOLPERSTEINE GÖPPINGEN . A découvrir si vous avez envie d’en savoir plus sur le destin d’Ester Kuttner et de sa famille.
Coupables ou responsables ?
C’est la question lancée par l’auteur en fin d’ouvrage, en présentant plusieurs personnages-clés de la barbarie nazie : Carl Albrecht Oberg; Théodor Dannecker; Josef Mengele ; René Bousquet ; Jean Leguay ; André Tulard et Emile Hennequin.
“Anne, Ester et Myriam sont trois victimes de la barbarie nazie, réunies pour toujours” explique Jean-Marie Kutner né au Maroc en 1951 et arrive en France en 1957. Un auteur bien connu en Alsace pour des raisons autres que littéraires.
Diplômé de la faculté de pharmacie de Strasbourg, il exerce dans une officine à Schiltigheim, où se déroulent plusieurs chapitres du livre. Jean-Marie Kutner y est élu en 1995. Il y sera adjoint au maire à l’enfance jeunesse, puis maire de la ville et vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg. Et il prendra sa retraite et se retirera la vie politique en 2018.
Laissons le mot de conclusion à Jean-Marie Kutner :
“En écrivant ce livre, j’ai une pensée particulière pour Joseph Migneret, héros et homme de cœur méconnu, pour ma grand-mère, Ester Kutner, assassinée le 27 mars 1942, pour mon père Henri, décédé le 24 novembre 2000 et pour Anne Franck, qui inconsciemment m’a inspiré.”
Ça y est ! La nouvelle édition de “J’apprends l’alsacien avec Tommy et Louise” est enfin sortie … soit près de 20 ans après la 1ère version parue en 2003.
“La méthode a été créée à la suite d’ateliers donnés avec ma sœur Évelyne à des animateurs de cours d’alsacien pour enfants. Elle avait alors été publiée dans ma langue maternelle, le mulhousien (bas-alémanique du Sud), en collaboration avec l’illustratrice Catherine Nouvelle et l’aide de ma sœur pour ce qui est de la progression pédagogique.
Le premier ouvrage a été réalisé en neuf mois. Édité aux Éditions du Bastberg il a eu un beau succès, et a été présenté aux Foires aux livres de Marlenheim, Colmar puis à Paris » raconte Sylvie Troxler, à l’origine de cette méthode.
Hé oui, à l’origine, le livre-CD mettait en valeur uniquement l’alsacien du Haut-Rhin.
D’où l’intérêt de la seconde version ayant nécessité deux ans de travail. Modernisée par les illustrations de Nadia M, elle résulte d’une nouvelle équipe réunie par Michel Kieffer, créateur des Éditions MK67 à Rhinau.
Elle est donc déclinée en alsacien du Haut-Rhin et également du Bas-Rhin grâce à Isabelle Grussenmeyer, auteure-compositrice-interprète de chansons en alsacien et traductrice.
Précision de taille ! Cette nouvelle édition a été réécrite d’après ORTHAL (= orthographie alsacienne). C’est le nom de la méthode de graphie de l’alsacien permettant de transcrire toutes les variantes de l’alsacien … et mise au point par Danielle Crevenat et Edgar Zeidler. Cette réécriture a eu lieu sous la houlette d’Évelyne Troxler (texte original en mulhousien) et sous la supervision de Bénédicte Keck, chargée de mission à l’OLCA pour les deux versions.
Que trouve-t-on dans ce livre ?
15 leçons recouvrant des thèmes inspirés de la vie des enfants : école, jeux, Pâques, Noël, nouvelle année, découverte de la ville, visite au zoo, vacances, préparation d’une tarte aux pommes, discussion dans un magasin, etc.
“Chacune de ces 15 leçons comporte trois dialogues que l’adulte racontera aux enfants. Et chaque dialogue introduit une ou plusieurs expressions simples, permettant ainsi à l’enfant d’acquérir les structures et le vocabulaire de base pour qu’il puisse s’exprimer rapidement en alsacien” explique Sylvie Troxler en précisant : “Une place prépondérante est accordée aux illustrations afin d’attirer l’attention de l’enfant mais aussi de favoriser sa compréhension”
Pas de doute, “J’apprends l’alsacien avec Tommy et Louise” est une méthode joyeuse ! Dans le prolongement des leçons, un cahier d’activités abondamment illustré permet à l’adulte d’exploiter chaque dialogue : les structures grammaticales y sont mises en valeur de manière ludique avec mise en situation d’expressions ainsi que des jeux de rôle effectués par les enfants sous la direction de l’adulte.
Autre point important, le livre bénéficie d’un précis grammatical très détaillé de plusieurs pages ainsi que plusieurs lexiques :
- alsacien variante haut-rhinoise -français
- alsacien variante bas-rhinoise – français
- français -alsacien (variantes haut-rhinoise et bas-rhinoise)
Envie de voir à quoi ressemble cette nouvelle version ?
D’en feuilleter d’autres pages en plus de celles présentées dans cet article ?
Allez donc sur ce lien et tournez quelques-unes des 152 pages de cette méthode d’apprentissage de l’alsacien : elle s’adresse aux débutants et/ou aux enfants dès 4 ans !
Pour s’initier ou se perfectionner en alsacien, rien de tel que de suivre pas à pas Tommy Schmitt, Louise Muller et le fameux chien Wagges qui apporte son lot de surprises au gré des événements.
45 DIALOGUES ILLUSTRÉS ET UN CAHIER D’ACTIVITÉS POUR JOUER
Dernières Nouvelles d’Alsace, Ami Hebdo, L’Alsace, France Bleu Elsass, France Bleu Alsace, France 3 Alsace (émission Rund Um), Fréquence Verte …
Divers médias ont mis en valeur ce livre-CD sorti avec le soutien de l’OLCA et de la région Grand Est.
“Voici une nouvelle mouture, revue, corrigée et augmentée par Sylvie Troxler et l’illustratrice Nadia M. Revue car le dépoussiérage fonctionne bien, les nouvelles illustrations sont plus contemporaines, corrigées car le livre utilise la méthode ORTHAL, littéralement orthographe alsacienne, qui permet à chacun d’écrire l’alsacien comme il le parle, et augmentée car a été ajouté le bas-rhinois dans cette méthode” explique Pierre Nuss.
C’est lui qui a reçu dans son émission “Rhin un Nuss” sur France Bleu Elsass Sylvie Troxler, et aussi Adrien Fernique, auteur d’un guide de conversation des enfants en alsacien paru aux Éditions Bonhomme de chemin .
Écoutez ICI l’émission d’Antoine Jacob sur Fréquence Verte consacrée à Sylvie Troxler : elle évoque sa méthode d’apprentissage de l’alsacien, ses autres initiatives artistiques et culturelles, et son père Tony Troxler
45 dialogues illustrés ; un cahier d’activités pour jouer ; plusieurs lexiques et une grammaire pour apprendre : de quoi s’embarquer sans hésitation et avec plaisir dans l’apprentissage de l’alsacien !
Vous l’aurez compris, je vous recommande vivement ce livre-CD de l’ancienne orthophoniste Sylvie Troxler, fille de l’inoubliable Tony Troxler (1918-1998). auteur poète alsacien, dramaturge et comédien, efficace et attachant militant de la langue et la culture alsacienne.
Albert WEBER
Livre-CD disponible dans en librairie au prix de 25€.
Dédicaces à Strasbourg :
Vendredi 25 février de 16h30 à 18h30 à la librairie Ehrengarth
Si vous aimez la chanson française, je veux dire celle qui a du cœur, des tripes, de l’esprit, du bon sens, de l’humour et de l’ironie aussi, alors ne passez pas à côté du nouvel album de Viz.
VIZ ? C’est un trio créé par Virginie Schelcher (chant, hautbois, cor anglais, percussions), Dominique Zinderstein (chants, guitares) auquel s’est joint Fanny Roellinger (chant, violoncelle, percussions).
Et “Embrassons-nous” est le premier opus enregistré par le trio … ce qui complète une belle discographie jusqu’à présent enregistré par les deux fondateurs du groupe. Et toujours sous l’égide de la Compagnie Le Vent en Poupe.
Textes et musiques sont signés Dominique Zinderstein également arrangeur des 15 chansons auxquelles s’ajoutent deux autres titres : “Cri de la nature” – instrumental au violoncelle offert par la musicienne-chanteuse qui a transformé le duo en trio – et Colombine” (Verlaine/ Brassens).
JOYEUX ET IMPERTINENT, ACIDE ET VOLUPTUEUX
Enregistré de mars 2020 à janvier 2021 à Steinbach, “Embrassons-Nous” joue avec brio sur plusieurs registres à commencer par des situations vécues et observées, des tranches de vie … et puis il y a aussi un aspect plus onirique. Ou disons plutôt utopique.
“Viens la belle”, “Notre amour” … Au-delà de l’amour, thème incontournable distillé dans cet album avec gourmandise, voire volupté, cet album s’affirme aussi sur des thèmes actuels, et préoccupants. A commencer par “La confusion des sentiments” qui va très loin dans “destruction du discernement” et “suspension des assentiments”…
Viz en parle sans langue de bois, et aussi sans prise de tête, avec une évidente satisfaction pour des expressions et des jeux de mots qui font mouche. “L’obsolescence programmée “? Une réalité à laquelle nous sommes tous confrontés : “Du clinquant stupéfiant/ Inventions diaboliques d’érudits hystériques/ Pour la frime pour le fric d’un monde agonisant”.
Même exaspération face à ces chères “4 / 4 women” : “Dans leur char d’assaut rutilant elles se moquent des passants / Se garent sans gêne sur le trottoir / En double file sur les boulevards“.
Les paradoxes de la vie, avec ses motivations et ses engagements affichés haut et fort en prennent un coup dans “Les révoltés de salon” avec allusion à “leur centrale vieille de plus de cent ans” et au souhait/ rêve de se prendre pour Louise Michel ou Victor Schoelcher.
Pas de doute, on monte encore d’un cran dans “Je hais les drapeaux ” et “Il n’y a plus d’hirondelles” entre dénonciation des “frontières de sang” et du “suicide pesticide”…
Passionné par la langue française, Dominique Zinderstein en savoure les nuances, comme dans “Je reviendrai Porte Dauphine” et sa farandole de plats dépaysants et sites inattendus .. pour au final retrouver les fameuses “pommes dauphine”. Il cultive aussi le sens de la formule comme dans “Pierrot” : émouvant destin d’un attachant personnage à la dérive qui avait “la bouteille dans la peau” et une “mémoire d’éléphant rose“
Mais attention, pas de méprise !
Oui, ne vous y trompez pas … cet album n’est pas un enchainement de chansons à messages et de titres revendicatifs : c’est joyeux et impertinent, acide et voluptueux au gré des refrains.
Et on rit de bon cœur dans “La photographie” évoquant avec humour l’art de se débarrasser d’un amour encombrant tout en l’incitant à sourire au moment fatal /….
“TROIS CHANTEURS ET MUSICIENS EXTRATERRESTRES”
De quoi prendre un peu de recul, de s’imaginer en cosmonaute dans la chanson débutant l’album : de quoi observer ce qui se passe sur Terre avec un sacré bon sens teinté d’incompréhension aussi.
Viz aime d’ailleurs se présenter comme un groupe “composé de trois chanteurs, musiciens extraterrestres qui, depuis leur station spatiale située à quelques centaines de kilomètres au-dessus de la planète terre, observent attentivement les interactions entre les êtres humains et les autres habitants de la planète bleue qu’ils soient animaux ou végétaux.
Un soin particulier a été apporté dans la mise en valeur des instruments, notamment la complicité entre violoncelle et hautbois … ainsi que l’harmonie des voix comme dans “Cosmonaute“. Et à chaque nouvelle écoute de cet opus, j’y ai déniché d’autres trouvailles : jeux de mots vocabulaire, mots à double sens, etc …
De là à parler d’un album à “savourer sans retenue” ?
Oui bien sûr, même si cette expression se soit tellement galvaudée.
“A L’HEURE OÙ LES OISEAUX CHANTENT”
Pour la sortie de leur album, Viz a organisé deux concerts de lancements à Vieux-Thann samedi 23 et dimanche 24 octobre. Mais je n’y ai pas retrouvé mon titre préféré de cet opus : “A l’heure où les oiseaux chantent”.
Pourquoi préféré ? Pour les voix tellement à l’unisson … avec des mots/expressions à comprendre /apprécier selon son vécu …
Une chanson hélas absente dimanche 24 octobre.
Pourquoi ? Impossible pour Virginie Schelcher de parler et encore moins de chanter. Pas évident de se retrouver aphone alors qu’on tant attendu ces concerts de lancement !
D’autant plus qu’elle en avait du cœur à l’ouvrage pour médiatiser ces deux événements, se transformant même en colleuse d’affiche comme en témoignait une photo sur les réseaux sociaux .
Mais bon pas question pour Viz de déclarer forfait, malgré des circonstances aussi inattendues que stressantes.
De là à présenter un programme à deux voix, celles de Dominique et Fanny avec leurs guitare et violoncelle, il n’y avait qu’un pas, franchi avec détermination et talent.
Évidemment, le public n’a pas ménagé ses applaudissements lorsque Virginie Schelcher a rejoint ses deux complices, tout en demeurant sans voix évidemment.
“Embrassons-nous”, la chanson éponyme du nouvel album, je l’ai entendue pour la première fois samedi 5 juin 2021, dans le cadre d’une mobilisation à l’initiative du collectif de citoyens et d’associations “50 ans sans train, ça suffit !”
Mon premier article parlant de Virginie Schelcher date de près d’un quart de siècle.
C’était en avril 1998.
Elle était alors membre de Bagatelle, un quatuor vocal féminin et avait chanté à Fessenheim, à l’occasion de la commémoration du 150ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Un événement marqué par la venue de Catherine Trautmann, alors Ministre de la Culture et de la Communication, et Jean-Jack Queyranne, secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer.
Quelques années plus tard, en 2006, un article d’une page paraissait dans le trimestriel Chorus, les Cahiers de la Chanson, pour présenter le duo formé par Virginie Schelcher et Dominique Zinderstein.
Erstein, vendredi 29 octobre. Retour sur une sacrée soirée vécue intensément dans le cadre de l’opération “Gainsbourg ? Affirmatif !” . Assurément un passionnant voyage à la fois dans le temps et en deux temps.
D’abord à une conférence à la médiathèque et ensuite un repas réunissant une douzaine de personnes au Trublion (le bien-nommé pour continuer à y parler de Gainsbourg).
Ce restaurant est situé juste en face de l’Etapenstall-Musée accueillant depuis le 8 octobre et jusqu’au 14 novembre la formidable exposition Gainsbourg ? Affirmatif avec photos de Pierre Terrasson, œuvres du pochoiriste Jean Yarps, et nombre d’archives de l’INA et de la SACEM.
Embarquement vers la médiathèque intercommunale Denise Rack-Salomon, en hommage à une poétesse locale qui serait sans doute passée aux oubliettes de l’Histoire sans la détermination de l’auteure alsacienne Anne-Marie Wimmer.
Oui, c’est donc dans l’impressionnante ancienne chaufferie de la filature d’Erstein transformée en médiathèque que s’est déroulé le 1er acte de cette soirée.
Juste avant la rencontre, une escale s’imposait au 1er étage. Histoire d’y découvrir une longue fresque murale abondamment couverte de graffitis à l’instar de la façade du 5 bis rue de Verneuil. De quoi rappeler à Jean Fauque et Franz Delage bien des souvenirs de studios et nuits blanches passées avec Gainsbourg …
Puis direction la salle prévue pour la rencontre animée par Frédéric Marc / Radio Perfecto avec les deux compères : Jean Fauque (parolier et ami de Bashung) et le bassiste Franz Delage, un des membres du fameux KGDD formé avec Manfred Kovacic, Olivier Guindon et Philippe Draï … soit le groupe ayant participé à l’album “Play blessures” : musiques Bashung et textes Gainsbourg/Bashung.
Assurément un album méconnu à sa sortie et devenu culte au fil des années : on le retrouve parmi les 100 disques essentiels du rock français selon l’édition française du magazine Rolling Stone en 2010.
Écouter durant plus d’une heure anecdotes et réflexions/commentaires/points de vue sur Bashung et Gainsbourg c’est un vrai régal avec des conteurs nommés Fauque et Delage.
Avec délice et sans retenue, le public s’est laissé embarquer dans un univers si fertile en rebondissements, entre nuits blanches en studio, séances d’écriture/fignolage de textes et (fallait s’y attendre) virées nocturnes avec Gainsbarre dans la capitale. Ou plutôt au petit matin : de quoi fredonner sans hésitation “Il est cinq heures Paris s’éveille”… Voire plus tard … euh non plus tôt encore !
Mais attention ! Au-delà des fous-rires et des alcools savourés sans modération, il y a eu la réalisation de cet album. Une expérience dont Delage et Fauque parlent avec toujours autant de bon sens, sans langue de bois et avec humour aussi.
Certes, comme ils l’ont si bien raconté, quand on écoute cet album aujourd’hui, on est toujours autant touché par la noirceur des textes.
Mais bon, n’allez surtout pas croire que morosité et tristesse étaient de mise en studio. Bien au contraire, et en témoignent notamment les éclats de rires de Jean Fauque, s’amusant par avance de telle ou telle anecdote à partager avec gourmandise et sans langue de bois à l’assistance !
Plutôt qu’une conférence enracinée l’histoire et les coulisses de “Play Blessure”, cette soirée à la médiathèque a rapidement pris des allures de dialogue à deux voix, avec en prime un montage de photos apportées par Franz Delage et commentées par lui et Jean Fauque.
Une soirée suivie avec intérêt par le public, qui réunissait plusieurs connaisseurs de l’oeuvre de Gainsbourg et de Bashung, tels Philippe Johann , un “Bashungologue” selon le nom donné par Manfred Kovacic… et le chanteur Florent Richard.
C’est lui qui a clôturé la soirée de la médiathèque avec plusieurs chansons de Serge Gainsbourg reprises avec plaisir par l’assistance.
Coup de chapeau à ce chanteur qui a fait reprendre en choeur plusieurs refrains assurément inoubliables : La chanson de Prévert”, “La javanaise” et aussi “Le poinçonneur des Lilas”.
Un coup de chapeau d’autant plus mérité qu’il fait face avec professionnalisme. C’est-à-dire sans se laisser perturber par une panne de son aussi inattendue qu’exaspérante mettant en danger “Le gars qu’on croise et qu’on ne regarde pas” … oui vous savez bien, celui qui fait “Des petits trous, des petits trous, toujours des petits trous/ Des trous de seconde classe / Des trous de première classe”.
“Dans son dernier opus, il reprend quatorze titres de Gainsbourg, et je dois dire que cela lui va comme un gant. Il a la même voix grave, chantante, à s’y tromper. Il a la même approche en apparence désinvolte du monde et des autres. En fait c’est un profond, il comprend les gens au quart de tour, et, avec une certaine réserve, peut-être timidité aussi, et surtout beaucoup de respect, il s’avance à pas de loup, avec tendresse et humour. (… ) Florent Richard a en commun avec Serge Gainsbourg, outre la voix, une bonne teinture jazz et une agilité certaine avec les notes”.
Précisons qu’au lendemain de cette soirée, Jean Fauque et Franz Delage se sont retrouvés au caveau de la Brasserie du Tigre à Strasbourg pour une autre rencontre axée sur Gainsbourg et Bashung… et suivie d’un concert de Florent Richard.
Un mot enfin avant de finir sur Michelle Ruffenach, sans qui l’opération “Gainsbourg ? Affirmatif !” n’aurait sans doute pas eu lieu.
Cet événement a été organisé pour les 30 ans de la disparition de Serge Gainsbourg par la Ville d’Erstein en collaboration avec Radio Perfecto et l’INA avec expositions, films, street-art, conférences, master class.… à Erstein et à Strasbourg.
Assurément une aventure de longue haleine … aux allures de marathon exigeant une bonne santé physique et aussi, voire un moral d’acier. Notamment lorsque des invités qualifiés de prestigieux et annoncés avec éclat dans la programmation vous font faux bond dans la dernière ligne droite et … sans fournir d’explications !
Pas de quoi décourager Michelle Ruffenach !
En septembre 2017, elle consacrait une superbe expo à Bashung, à la librairie galerie Art&l’être à Strasbourg. Cet événement fut, lui aussi, largement relayé par les médias régionaux et nationaux aussi France Info.
Alors on est en droit de se poser une légitime question, sans doute prématurée alors que l’expo d’Erstein ne s’achève que la 14 novembre : après Bashug et Gainsbourg, à qui le tour ?
La fresque murale du 5 bis rue Verneuil transplantée à la médiathèque d’Erstein, à 22 km de Strasbourg ? Mais non ici pas d’illusion d’optique ni d’hallucinations ! Explications.
Hé oui … belle surprise vendredi 29 octobre, juste avant la conférence prévue dans le cadre de l’opération « Gainsbourg ? Affirmatif » organisée à Erstein et Strasbourg.
Comme une photo en dit évidemment bien plus qu’une explications détaille, prenez le temps de vous arrêter sur cette fresque découverte avec grand intérêt par Jean Fauque et Franz Delage … avant leur conférence animée par Frédéric Marc / Radio Perfecto et consacrée à Serge Gainsbourg et Alain Bashung réunissant leurs talents pour l’album “Play blessures” : c’est-à-dire le 4eme album studio de Bashung sorti en 1982 chez Philips.
A la suite de ces photos prises à Erstein en Alsace, en voici quelques autres datant d’octobre 2015 à Paris.
C’était durant une visite de l’Histoire de la Chanson via les rues de Paris : une initiative du chanteur-écrivain-guide Jean Lapierre, avec escale devant le domicile de Serge Gainsbourg, 5 bis rue de Verneuil.
Juste avant que septembre ne se termine, un mot sur un grand écrivain alsacien passé aux oubliettes : le romancier et poète Alfred Kern (1919-2001), disparu voici 20 ans, le 12 septembre.
C’est en 1960 qu’il est révélé au grand public … au niveau national avec le Prix Renaudot qui lui est remis pour un roman lu récemment : « LE BONHEUR FRAGILE » paru dans la Collection Blanche chez Gallimard.
Une histoire poignante aux multiples rebondissements … le destin mouvementé du narrateur, entre camp soviétique comme Malgré-Nous et envie/besoin de s’affirmer comme peintre dans le Paris de l’après-guerre… De quoi rappeler la vie du peintre Camille Claus (1920 – 2005), un de ses proches amis.
Alfred Kern et son épouse Halina ont passé les dernières années de leur vie à Haslach, dans la vallée de Munster.
C’est là que Michel Fuchs – poète, musicien, chanteur – l’a rencontré à plusieurs reprises : des rencontres enracinées dans une belle amitié marquée par plusieurs heures d’enregistrement en vue d’une biographie. Soit 11 cassettes enregistrées entre le 8 avril et le 18 novembre 2000.
D’une première rencontre au Salon du Livre de Colmar en 1995 se développera une amitié ponctuée par tant de discussions à quatre voix : Alfred, Halina, Michel et Brigitte.
“DANS LA VERRIÈRE, AVEC LE HOHNECK EN TOILE DE FOND”
« Nos visites furent régulières à Haslach, au-dessus de Munster. Dans la verrière, avec le Hohneck pour toile de fond, Alfred se montrait volubile ; Halina encore davantage. Au fil des conversations nous nous rendions compte que nous avions la même approche des choses, la même philosophie, et que nous avions des goûts communs.
Ainsi j’appris rapidement qu’Alfred appréciait mon ami Jean Dentinger et ressentait en revanche, comme moi, une distance envers d’autres gens qui se prenaient très au sérieux. C’était un régal de découvrir au fur et à mesure de telles connivences.
Brigitte et moi emportions nos guitares pour les distraire avec nos chansons. Nous ne pouvions guère leur offrir davantage en échange de toutes ces histoires extraordinaires qu’ils nous racontaient. Leur vie, tout simplement”.
Dès la première discussion, le romancier se confie sans hésitation : “Sitôt l’appareil en marche, Alfred, transcendé, se mit à parler avec verve, avec brio, ne s’interrompant que le temps de retourner la cassette au bout de quarante-cinq minutes. Il en avait des choses à dire. Après une heure et demie, une fois la bande pleine, il dit simplement : “Bon, ça suffit pour aujourd’hui”.
Assurément un formidable témoignage pour lequel Michel Fuchs a cherché en vain un éditeur en Alsace et ailleurs. Aucune réponse positive au national du côté de chez Gallimard où Kern avait publié plusieurs romans, et hélas rien non plus au niveau régional.
Bien décidé à publier son manuscrit, Michel Fuchs finira par opter pour l’autoédition. Le livre de 190 pages intitulé « ALFRED KERN M’A RACONTÉ » sortira en 2011, soit dix ans après le décès de l’écrivain.
“UN MONUMENT DE LA LITTÉRATURE ALSACIENNE”
La dernière cassette sera enregistrée le 18 novembre 2000.
« Il me restait de nombreuses questions à lui poser, des précisions à lui demander. Un jour, par exemple, Halina lui suggéra de parler de ses diplômes en théologie, de ses licences de philosophie et d’allemand, de son doctorat en histoire. Il botta en touche en disant qu’il avait aussi une licence de saut en longueur. Pourtant j’espérais bien encore aborder des périodes qu’il n’avait pas évoquées mais Alfred s’affaiblissait inexorablement.
Les fois suivantes, j’ai trouvé indécent de sortir encore le magnétophone. Nos conversations redevenaient ce qu’elles avaient été au début. Moins virevoltantes cependant, contenant de longues pauses silencieuses. Avec la profondeur de l’amitié en plus. Il sentait la fin inéluctable. Un jour il me dit que lorsque j’aurai fini ce livre, il ne serait plus là pour le voir. Ça, je ne pouvais pas l’imaginer, je croyais Alfred immortel ».
Pas la peine de vous en dire plus sur cet écrivain que je n’ai pas eu la chance de connaître. Vous en saurez plus sur sa vie et son œuvre sur wikipédia et nombre d’autres sites littéraires.
De quoi vous donner peut-être envie de (re)lire Alfred Kern… ou même le livre de Michel Fuchs (michefuchs@yahoo.fr)
sur celui qu’il qualifie de “monument de la littérature alsacienne. Mais c’était aussi un esprit universel dont la curiosité ne rencontrait aucune limite”
Tu sais, c’est la dernière fois que je t’écris. Point final de près d’un quart de siècle d’échanges de courriels, lettres, cartes postales De conversations téléphoniques en direct de Saint-Pierre ou d’une de tes escales en métropole, dans ta famille dans le Nord ou chez ta sœur en région parisienne.
Désolé de n’avoir pas réagi plus tôt, je n’en avais pas envie. Fallait d’abord encaisser le choc de ta disparition, accepter ou tenter d’accepter l’inacceptable.
Je sais bien qu’on est dans une époque où tout va vite, trop vite même. “L’actualité n’attend pas”, comme je l’ai souvent lancé à mes collègues des Dernières Nouvelles d’Alsace.
Donc, pour être dans les clous, il aurait fallu que je m’exprime sans tarder. A chaud, à temps, dans l’urgence quoi, à l’instar des centaines de réactions que j’ai pris le temps de découvrir sur internet, notamment sur Facebook. Messages, commentaires, photos, smileys tristes … démultipliés à l’extrême, partagés et encore et encore.
Tu vois, je n’avais absolument pas le cœur à “témoigner”, tu me comprends j’espère. Ne m’en veux pas, je n’ai pas envie d’évoquer ta mémoire à la télé, au journal de Saint-Pierre et Miquelon la 1ère.
J’ai décliné l’invitation d’un de tes amis, le journaliste Aldric Lahiton qui m’a écrit : “Notre communauté a perdu l’un de ses amoureux de la chanson française, et personnellement, un collègue en or. Nous allons produire un sujet hommage dans notre édition du JT de ce soir, et nous souhaitons recueillir des témoignages de ses proches dans l’archipel et en dehors… Je me tourne naturellement vers vous, savoir si vous seriez d’accord pour participer à un entretien sur Zoom”.
Au lendemain de ton suicide, le journal de 20 h a été présenté par Claudio Arthur.
Lui aussi, on le sentait ému. Il a parlé de toi comme tu le méritais, et le reportage était à la hauteur de ce que tu as vécu et mené à bien depuis plus de 30 ans sur l’archipel. S’y sont ajoutés les témoignages de Michel Le Carduner et Roselle Billy, émus tous les deux.
Autant de précieuses minutes d’un journal télévisé enraciné dans tes passions : curling, sports de glace, faune et flore, photo, et bien sûr la chanson. “Érudition, humour, impertinence” comme ça a été dit dans le reportage qui a bien mis en valeur ton engagement en faveur de la chanson française et francophone.
Cet inoubliable journal télé m’a donné envie de revoir, encore une fois, la vidéo d’une émission radio. Celle où tu as parlé en direct au micro de ta station, lundi 11 janvier 2016. Tu y avais été l’invité de 10h30 de “Brume de Capelans”. A un moment tu y lances un souhait : gagner au loto et ainsi pouvoir organiser un “Festival Jambon Beurre” avec les artistes et groupes de ton choix…
Cette émission , elle a été diffusée pour les dix ans de ton cher “Jambon Beurre” totalement dédié à cette chanson qui nous fait vibrer. Celle qui a des tripes, du cœur, du bon sens. Et beaucoup d’humour aussi comme en témoignent tant de fous-rires partagés à l’antenne avec Roselle Billy, Myriam Lelorieux et Hélène Pannier.
Au fil des saisons, elles ont co-animé ce programme avec toi. D’où cette photo prise le 16 janvier 2016. Elle a été publiée dans le 1er numéro du trimestriel Hexagone avec la légende suivante : “Pour les 10 ans de “Jambon Beurre”, Patrick Boez est entouré des trois co-animatrices successives de l’émission. Au centre Roselle Billy de la 1ère émission le 19 janvier 2006 à février 2007; à droite Myriam Lelorieux de février 2007 à juin 2010; à gauche Hélène Pannier depuis septembre 2010″.
Tout y est depuis 2005 et jusqu’à la dernière émission, celle diffusée le 30 janvier 2021 avec comme “album de la semaine” Léonor Bolcatto et ses “Allumeuses d’étoile”. Et ton ultime “Jambon Beurre” s’est terminé par une série de chansons célébrant toutes un mot : Merci. Il y a eu Coko, Céline Brémond, le groupe Fenouil et les fines herbes, Marc Vincent, Lareplik et enfin une dernière chanson : Bill Deraime pour un titre qui prend aujourd’hui une résonance toute particulière évidemment : “Merci pour tout”.
Je me souviens combien tu avais été surpris que le premier numéro de Hexagone, le trimestriel te consacrent autant de place pour les 10 ans de “Jambon Beurre” : un entretien de 7 pages signé Michel Gallas avec des photos de David Desremeaux.
“Un entretien alerte avec le sympathique Patrick Boez, animateur de l’émission « Jambon-Beurre », sur Radio Saint-Pierre-et-Miquelon, entretien qu’on espère être le premier d’une série consacrée à ces émissions chanson, plus nombreuses qu’on le pense, que les publications de naguère comme les blogs d’aujourd’hui ont toujours superbement ignorées” avait écrit Floréal Melgar sur le site Crapauds et rossignols
Tu te souviens de notre première rencontre ?
C’était en juillet 1997, au Centre culturel et sportif de Saint-Pierre.
J’y suis pour l’inauguration des Franco-Marines, formidable festival monté par Henri et Marie-Andrée Lafitte. Un des nombreux festivals vécus ensemble sur l’archipel.
Les discours sont terminés, et voilà qu’un gars souriant et frisé s’approche de moi, me dit qu’il est un des abonnés de Chorus sur l’archipel et on se met à discuter.
Et c’est parti pour près d’un quart de siècle de complicité sans orages. Je me souviens combien tu as été surpris par la rapidité de publication du dossier de trois pages dans le numéro d’automne de Chorus : “Franco-Marines, 1ère Un festival brise-glace”. Le titre avait d’ailleurs fait grincer quelques dents à Saint-Pierre et à Miquelon, il faisait allusion au groupe Brise Glace Orchestra …
Depuis juillet 1997, on en fait des milliers de kilomètres pour nous retrouver au gré des événements : Saint-Pierre, et évidemment aussi Miquelon; Paris; Montréal; Nogent en Haute-Marne; Strasbourg aussi …
Henri Lafitte aura été un des premiers à réagir à ton décès, Patrick.
“Je suis là, soudain, devant mon clavier et je pense à la tristesse qui étreint d’ores et déjà tous ceux qui ont pu mesurer tout ce qu’il apportait à l’archipel, par sa gentillesse, son implication dans ce qui permet de nous dépasser, par la beauté de la musique, d’un oiseau passereau, d’un paysage de plénitude, tant il aimait à la partager” confie l’auteur-compositeur-interprète de l’archipel sur son blog mathurin.com sous le titre “Hommage à toi, Patrick Boez”.
Ton suicide survenu quelques jours après ses 60 ans, nous a ébranlés …. Henri et moi avons aussitôt pensé à un autre compagnon de route, le musicien Jean-Guy Pannier . Lui aussi, avait décidé de s’en aller, à 54 ans en avril 2005.
Tu sais Patrick, un autre ami de l’archipel m’a dit de toi : “Il ne doit pas avoir un Miquelonnais ou Saint-Pierrais qui ne connaissait pas le météorologue, le président de la ligue des sports de glace, le président du curling club, le photographe hors pair et…. l’animateur de l’émission “Jambon beurre”. La population, dans son ensemble a été choquée d’apprendre sa disparition, dans des conditions qui nous laissent sans voix. J’avais de temps à autre l’occasion de le consulter pour lui demander une information sur un oiseau photographié, il répondait toujours rapidement passionné qu’il était par tout ce qui touchait à l’ornithologie”.
Et puis, dans le flot de souvenirs dont je n’évoque que quelques facettes ici, il y a évidemment ton séjour en Alsace, avec Sophie. Avec notamment ce fraternel repas organisé dans un resto alsacien, “Aux Armes de Strasbourg”, Place Gutenberg, à deux pas de la cathédrale.
Quelles belles retrouvailles avec Guy Zwinger, animateur de “Je viens vous voir” sur RNC Nancy, et l’auteur-compositeur-interprète et Jean-Luc Kockler, tous deux venus spécialement de Lorraine pour cette rencontre à laquelle participa aussi Isabelle Sire (chargée de diffusion/ production, Rose Macadam).
Et puis il y a eu la Choucrouterie ! Depuis le temps que je t’en avais parlé ! On y a diné, puis on a passé une soirée inoubliable avec la revue satirique de Roger Siffer et ses complices.
On était en premier rang tous les trois, toi, Sophie et moi. Et le comédien-humoriste Guy Riss a vite remarqué que Sophie n’en pouvait plus de rire quand elle le regardait en train de parodier le maire de Colmar dans son personnage de “Chilibébert” . Durant le spectacle, Guy s’est adressé à Sophie en lui demandait si elle tenait le coup et, évidemment, elle riait encore plus, et toi aussi.
Quelques mois plus tard, en parlant de vous deux à Guy, il m’a dédicacé un mot en alsacien que je vous ai envoyé. On s’était évidemment promis tous les trois de retourner à la Chouc à votre prochain passage à Strasbourg. D’ailleurs à chaque fois que je postais sur Facebook une info sur la Chouc tu y réagissais, et Sophie aussi.
Strasbourg aura été une étape inoubliable pour toi. Pas seulement pour la Choucrouterie mais aussi la soirée des attentats de Strasbourg, le 11 décembre 2018.
Ce jour-là, en fin d’après-midi, je suis d’abord allé à la Brasserie Saint-Michel, pour une rencontre poésie animée par Sido Gal. Puis nous nous sommes retrouvés au 1er étage de la Brasserie Kohler Rhem (à présent hélas fermée définitivement), au cœur de la ville, à la place Kleber et son sapin. On dinait tranquillement, et tout à coup l’ambiance a changé. Sophie voulait sortir fumer une cigarette, mais le serveur lui a refusé d’aller prendre l’air.
Et on s’est retrouvé tous les trois, à attendre la fin de la soirée, suspendus aux sites d’infos de nos portables, avant de pouvoir quitter les lieux, via un circuit indiqué par les forces de l’ordre.
Le lendemain, c’en était fini du Marché de Noël que vous vouliez tant prendre le temps de découvrir …
Bien sûr quand je pense à toi et à l’archipel surgissent également tant de souvenirs avec nos amis d’Alcaz, Jean-Yves et Viviane Cayol. On en a vécu des choses ensemble à Saint-Pierre, et aussi à Miquelon.
Tu te souviens de ta surprise faite à Jean-Yves lors d’un diner chez toi ?
Dans ton incroyable collection d’enregistrements se trouvait un des premiers 45 Tours de Jean-Yves. Je crois bien celui de “Neige neige tombe” sorti en 1973, avec sur la pochette la tête d’un jeune chanteur chevelu aux allures de Francis Lalanne débutant. Tu me montres le disque en précisant à voix basse : “On va le mettre sans rien dire, et on va regarder la réaction de Jean-Yves” … Stupéfaction totale évidemment de l’intéressé et toi .. un large sourire, heureux comme si tu lui avais joué une bonne farce. “Ça alors, c’est pas possible ! Je retrouve un de mes premiers 45 Tours à Saint-Pierre et Miquelon ! J’y crois pas ! Moi même je n’ai plus ce disque” nous avait confié Jean-Yves.
Avec Jean-Yves et Viviane, nous avons aussi été à Miquelon pour un concert prévu chez Péco je crois bien. Là aussi tu étais heureux de nous emmener dans la nature, de nous expliquer la faune, de prendre des photos, de nous parler faune et flore aussi.
Tu sais, j’ai aussi décliné la proposition de Michel Kemper. Pas envie de réagir par écrit en écrivant un texte sur toi. J’ai préféré lui parler de toi avec émotion au téléphone et lui envoyer quelques photos.
Et d’y préciser notamment ; “Recevoir un paquet orné de timbres de la Poste miquelonaise avec des photos d’oiseaux prises par lui, ça donnait de suite une once de plus-value à l’envoi… Il savait tout des oiseaux migrateurs, autant que des oiseaux rares de la chanson française, du dernier Michèle Bernard, du prochain Frasiak… tout ! La chanson – et les chanteurs – le connaissaient, tous l’appréciaient. Notre diable d’homme animait depuis des lustres une formidable émission radiophonique sur la chanson, Jambon-Beurre : il est à la hauteur de près de six cents émissions !” y écrit notamment Michel Kemper.
Bon mon ami, il est bientôt temps de te laisser, en espérant que ton irremplaçable site réunissant près de 600 émissions ne soit pas jeté aux oubliettes.
Ah oui, j’espère que ton site “Jambon-Beurre” tellement bien détaillé – sommaire, artistes, chansons, pochettes d’albums – va te survivre. De temps en temps, au gré des émissions, tu aimais bien m’y faire un clin d’oeil, saluant un “auditeur alsacien faisant des bulles dans son bain“. Je t’avais dit un jour que j’écoutais souvent “Jambon Beurre” en train de prendre un bain en Alsace. Merci pour tous les talents que je t’ai recommandés et que tu as programmés dans une de tes émissions.
J’espère aussi qu’un des innombrables artistes et groupes diffusés dans “Jambon Beurre” pensera à toi en composant une chanson …
J’espère enfin – et ce serait rendre honneur à son engagement sans failles au service de la chanson – qu’un jour il existera un Prix Patrick Boez. Et pourquoi pas ?
J’ai pris un peu de temps avant de pouvoir t’écrire. Impossible de t’écrire “Puteaux” : c’était une de nos blagues récurrentes, depuis des années. Et ça nous incitait à parler de Jean-Pierre Laurent, chanteur et joueur de Barbarie. On passait du bon temps avec lui lors d’un festival Bernard Dimey à Nogent. Et voilà qu’un matin, il nous dit devoir s’absenter un jour, le temps d’un aller-retour pour chanter à Puteaux, en région parisienne.
Depuis, entre nous, quand on se parlait ou quand on s’écrivait, on ne disait pas “plutôt” mais “Puteaux”. Oui, on savait bien que c’était idiot mais ça nous faisait rire. Tu sais, Jean-Pierre était ému en ce mardi 4 mai quand nous nous avons parlé de toi, et de ses chansons, dont des reprises de Mouloudji programmées dans “Jambon-Beurre”.
C’est vrai qu’on aimait bien les blagues idiotes. Comme cette revue de l’Équipement d’avril 2007 reçue un jour vu qu’elle contenait un article sur l’archipel. Quelques semaines plus tard, je te l’ai renvoyé accompagné d’un post-it :”Pas question de priver de la revue de la DDE, tu y tiens trop”. Pas étonnant que quelques mois plus tard je la retrouve dans ma boite aux lettres accompagné d’un post-it de toi : “Les best-sellers faut les relire de temps en temps !” et ça continuait de la sorte … Et voilà comment cette publication de l’Équipement aura effectué nombre de voyages entre l’Alsace et l’archipel, surchargée de post-it…
Patrick, tu sais, depuis que tu as été retrouvé au pied de la falaise, une chanson de Henri Lafitte prend un sens très particulier.
Je te parle évidemment de “Rêverie au Cap à l’Aigle”, le 22 octobre 1996. C’est un des 10 titres de l’album “Je suis né Outre-Mer” et Henri y chante notamment :
“Des roches ciselées d’un burin subarctique
Sur un fond bleu de vie qu’on voudrait le fixer
Un havre imaginé aux rives atlantiques
Par des mains maions transposées par la divinité
(…)
Du haut de la falaise je guette les moraines
Vont-elles s’animer comme le fit l’oiseau
Je suis au Cap à l’Aigle mon cœur est en haleine
J’aspire à être pierre dans ce coin de tableau”
Voilà mon cher Patrick, je vais bientôt prendre congé de toi. Tu as retrouvé l’ami Marc Robine avec qui nous avons passé des soirées mémorables, jusqu’au cœur de la nuit, avec une poignée d’ami(e)s passionné(e)s de chansons, de bon vin. Et tant de fous-rires aussi jusque sur les dunes entre Miquelon et Langlade, avec Roger Etcheberry … Formidable passionné d’ornithologie comme toi, il nous donnait spontanément en latin le nom de tel oiseau rare qu’il venait d’apercevoir, faisant piler net sa voiture et secouant ses passagers.
Salues Marc de ma part et de Fred Hidalgo, on pense toujours à lui. Et tu donneras le bonjour à ces compagnons de chansons et de musique partis trop tôt : Maurice Segall, Jean-Guy Pannier, Hervé Chevallier, Gerry Boudreau Joseph Moalic, Edouard Bauer/ Fok de la Rue des Dentelles, et d’autres encore.
Il est à présent temps de reprendre “ma place dans le trafic”. Agir comme celles et ceux qui ont réagi à ton suicide sur Facebook avant de reprendre l’inévitable cours de la vie. Va donc falloir recommencer à m’intéresser aux artistes et aux groupes d’Alsace, progresser dans le livre sur la chanson en Alsace dont nous avons parlé plus d’une fois et qui te sera dédié.
Tu ne parlais pas l’alsacien, mais je me rappelle ton émotion, perceptible au micro de “Jambon Beurre”. Hélène Panier t’en avait fait la remarque, et ta réaction l’avait touchée. C’était le 2 juin 2018, juste après la diffusion du Conte alsacien d’Abd Al Malik.
Ce titre, tu l’avais présenté avec enthousiasme : “Un de mes énormes coups de cœur, franchement c’est que du bonheur, j’adore. 3 mn 30 de bonheur avec Gérard Jouannest au piano et Marcel Azzola à l’accordéon C’est que bonheur. Il faut savoir qu’Abd Al Malik est né à Paris et il a grandi en Alsace. Donc on a avoir même un petit peu d’alsacien dans la chanson”.
Texte Albert Weber
Photos et documents David Desremaux, Claude Juliette Fèvre, Patrick Ochs, Henry Tilly, Anne-Marie Siegfriedt, Albert Weber
MONTMARTRE : PATRICK BOEZ SUR LES TRACES DE L’HISTOIRE DE LA CHANSON AVEC JEAN LAPIERRE
FESTIVAL DE NOGENT : EN SOUVENIR DE BERNARD DIMEY
HENRY TILLY : “IL AVAIT UNE CAPACITÉ EXCEPTIONNELLE A SENTIR LE TALENT ET L’AUTHENTICITÉ”
Ce texte de Henry Tilly, originaire de Saint-Pierre et Miquelon, était destiné au mensuel L’Écho des Caps. Mais la publication de la mairie de Saint-Pierre a cessé de paraître en mars après 39 ans d’existence.
“C’est ce matin 4 mai qu’un coup de fil de l’ami Eric Frasiak m’a annoncé l’horrible nouvelle, suivi à quelques minutes par un autre ami commun : Albert WeberR.
Assommés tous trois par cette annonce catastrophique, nous avons fait le même constat qui peut apparaître égoïste, certes, mais qui traduit bien notre désarroi et notre peine profonde : notre esprit s’est soudain vidé de toute autre préoccupation, de toute autre interrogation aussi, de toute autre pensée nécessaire à nos travaux en cours ou nos occupations du moment.
Il faut dire que Patrick, discret comme un chat et parfois même taiseux, n’aurait jamais pu illustrer ce poème de Dimey (un de ses auteurs favoris) : « Quand on n’a rien à dire…et du mal à se taire ». Et pourtant il avait tant de choses à dire mais ne les distillait qu’à bon escient, qu’il s’agisse de photo, domaine dans lequel il excellait : de photo artistique, d’instantané paysager ou d’ambiance ou photo animalière ; d’ornithologie où son point de vue, toujours bien documenté, était écouté et respecté ; et bien sûr de chanson francophone, domaine particulier où s’était forgée notre amitié et où il était reconnu comme « connaisseur ».
Longtemps absent du Territoire, j’ai fait sa connaissance aux « Déferlantes Atlantiques » de 2011 que j’ai eu le plaisir de « chroniquer » pour Albert Weber, découvrant alors, en même temps que Patrick, déjà St-Pierrais adopté, intégré et impliqué, les artistes qui étaient au programme : Eric Frasiak, Govrache, « Les Imposteures », Steve Normandin et quelques autres plus les artistes locaux : Henri Lafitte, D’gé, Dode, Cox &Co, pour les plus réputés, que je connaissais déjà.
Certains de ces artistes « importés », c’était le cas d’Eric Frasiak, peut-être de Govrache, avaient été repérés par Patrick qui, par son excellente émission « Jambon Beurre », connue d’un nombre étonnant d’artistes métropolitains et les tournées de festivals, découvrait et faisait découvrir au public des talents qui pouvaient bien parfois désigner les véritables héritiers de nos « Géants » disparus ; c’est déjà sûr pour certains comme Frasiak.
Mais ça n’est pas le fait du hasard. Patrick avait une capacité exceptionnelle à sentir le talent et l’authenticité parce qu’il avait une très grande capacité d’écoute et de concentration dans l’écoute, et du texte, et de la mélodie, ce qui facilite grandement l’analyse….
Et corollairement, la conclusion. Je ne saurais dire si cette disposition était naturelle ou liée à sa formation mais on a pu constater que dans les différents domaines où il s’est plongé, il n’est jamais resté en superficie. En fait, il était servi en toutes ces activités par un même sens et amour de la poésie et quand il consentait à donner son avis, celui-ci était documenté… Mais pas uniquement technique.
C’était Patrick, tel qu’on l’estimait et qu’on l’aimait et avec ça naturel, souriant, franchement agréable. Il nous manque déjà …Et ce n’est que le début…
Toutes mes condoléances attristées à ses proches et ses amis”
Jusqu’à quand serons-nous privés de concerts ? De festivals ? Bonnes questions auxquelles il n’y pas de réponse en ce mois de mars 2021.
Heureusement que certaines salles ne sont pas totalement fermées. Elles ouvrent le temps d’une répétition, voire d’une résidence artistique celle que j’ai eu la chance de vivre fin février. C’était dans une des salles de l’Illiade, à Illkirch.
Une expérience d’autant plus intéressante que cela faisait plus d’un an que je n’avais plus pris de photos à l’Illiade.
Ce n’est pas la première fois que je consacre un article à Marcel Soulodre sur ce site d’infos.
Bon, refermons la parenthèse sur ce qui a déjà été écrit sur www.planetefrancophone.fr et revenons-en à ce qui s’est passé récemment à l’Illiade.
“On y était en résidence du lundi le 22 février jusqu’à lundi le 1 mars” précise Marcel Soulodre qui a travaillé avec des musiciens dont je ne connaissais pas certains visages.
La résidence artistique s’est en effet déroulée avec Jean-Michel Eschbach (accordéon) Yvan Keller (batterie) et Gilou Haggen (basse) présents le jour de ma venue.
D’autres musiciens étaient, eux aussi, de la partie à d’autres moments : Emmanuel Boch (piano); Pascal Kempf (saxophones); Lionel Ehrhart (basse).
QUATRE PROJETS ARTISTIQUES
Cette résidence s’enracinait dans pas moins de quatre projets.
A commencer par le spectacle “Blue Suede Shoes” qui a été enregistré avec en prime une interaction entre Marcel Soulodre Jupiter, oui le fameux jukebox qui faisait partie du spectacle présenté dans une salle comble à l’Illiade.
“La voix de Jupiter est assurée par Joan Ott qui fait un travail remarquable” souligne le chanteur en parlant de ce spectacle enraciné dans les origines du du Rock ’n Roll
Et c’est pas tout puisqu’en plus de ces quatre clips, le chanteur er les musiciens ont enregistrés “quatre chansons en version raccourcie” en vue de la promotion.
RÉPERTOIRE PERSONNEL
Le 2eme axe de travail, c’est un spectacle intitulé “Giddy Up ! ” : le répertoire de Marcel Soulodre.
Donc les chansons dont il est l’auteur et le compositeur, parfois avec la complicité de Bernard Bocquel … pas revu depuis près de 45 ans ! Nous nous sommes connus dans une vie antérieure, étudiants au CUEJ, le Centre universitaire d’enseignement du journalisme alors situé au 10 rue Schiller à Strasbourg. A l’automne 1977, au terme de nos études, Bernard s’envolait pour le Canada, et précisément pour le Manitoba, alors que – toujours dans le cadre de la coopération, j’atterrissais à l’autre bout du monde, à l’Ile Maurice. Nous nous sommes perdus de vue, et c’est grâce à Marcel Soloudre – à qui Bernard a écrit plusieurs textes de chansons – que j’ai eu de ses nouvelles voici plusieurs années.
Les répétitions à l’Iliade ont permis de répéter une vingtaine de titres, en français et égaiement en anglais.
Le concert était prévu pour fin mars, dans le cadre du Printemps des Bretelles, annulé pour la 2me année de suite.
Le concert de Marcel et ses musiciens y aura donc lieu pour l’édition 2022. Je l’espère vivement !
DUO AVEC TARA ESTHER
Et le 3eme projet alors ? C’est le duo avec Tara Esther, que les spectateurs de l’Illiade ont apprécié dans le concert Johnny Cash où elle assurait le rôle de June Carter.
“Je suis en train de préparer quelques nouvelles chansons avec ma guitare pour notre collaboration” souligne le chanteur.
C’est précisément cet aspect de la résidence artistique que j’ai suivi lors des heures passées à l’Illiade.
En témoignent les deux chansons répétées avec Tara Esther mises récemment en ligne sur ma page Facebook. “Quand le soleil dit bonjour aux montagnes” et “All I Have to Do Is Dream”
Elles y sont toujours visibles sur ma chaine Youtube où vous pouvez découvrir 90 autres vidéos consacrées à des événements artistiques et culturelles d’Alsace. Voici une des nombreuses chansons répétées par le plus alsacien des chanteurs du Manitoba, avec ses musiciens.
NOUVEL ALBUM À L’HORIZON
Quant au dernier projet de cette résidence artistique, il concerne … mais oui … le nouvel album !
“L’enregistrement de six nouveaux titres que j’ai composé depuis janvier. Je souhaite sortir beaucoup de nouvelles chansons cette année notamment mon album “Hello Out There“. confie Marcel Soloudre.
En somme une semaine bien remplie pour cette résidence artistique menée à bien sous l’égide de l’équipe de l’Illiade (Sebastien Bauer, Éric & Matthieu, Élodie Morlaes)
Sans parler des vidéos filmées par Patricia Cully , et qui ont été montées les semaines suivantes.
Bref un efficace travail entre sonorisateur et régisseur (Julien Burke), éclairage (Loïc Hollender), monteur vidéo (Sylvain Drouilly), cadreur (David Heitzmann),
“En dehors d’artistes dont nous ne pouvons pas payer les cachets et qui remplissent n’importe quelle jauge, tout choix artistique reste délicat et complexe …
Nous faisons donc confiance à ceux qui ont cette pratique et ces compétences, tout en étant ouvert à toutes les propositions raisonnables ou pistes. C’est la raison pour laquelle la direction s’appuie sur une experte en la matière. Là où je me sens plus compétent, c’est en matière de prudence pour ne pas prendre de risques qui nous mettraient à terre.
Je crois beaucoup à la cohérence tel que je l’évoque plus haut : c’est ça l’avenir de Summerlied, un positionnement clairement identifié, et à la hauteur de nos moyens. Une ambition, mais légitime, une offre attractive, mais sans négliger nos talents locaux et régionaux.
Nous devons aussi gagner en indépendance financière, par exemple en séduisant plus de partenaires privés”.
Ce sont quelques-unes des affirmations de cette longue interview.
Sans langue de bois et avec bon sens, Francis Hirn s’exprime dans cet entretien mis en ligne le 5 mai sur la page Facebook Ohlungen entraide Covid-19 … et plus que jamais d’actualité.
Entre bilan et perspectives, le président de l’association SummerLied aborde nombre de sujets liés au passé, au présent et à l’avenir de cet événement enraciné enraciné dans la clairière d’Ohlungen et désormais appelé Forest’ival SummerLied. Agnès Lohr en assure la direction, Isabelle Sire la programmation et l’agence Lao Cai la communication.
Il y a quelques jours SummerLied a annoncé l’annulation de l’édition 2020. Un crève-cœur pour son président ?
C’est évidemment une très grande déception et une tristesse, car cela faisait des mois que les équipes travaillaient avec la direction sur l’édition 2020.
Il y a deux mois personne ne soupçonnait, ni l’importance, ni les conséquences du traumatisme et l’espoir était encore permis. Et d’ailleurs personne ne sait aujourd’hui comment nous allons nous en sortir et ce que sera l’après.
Certes nous étions restés très sereins et lucides, alors que depuis deux mois, la préparation s’était poursuivie sur tous les aspects où personne ne se mettait en danger par rapport à ce fléau qui a bouleversé nos vies. Parce que nous voulions être prêts « si jamais », nous avons fait « comme si ». Et la très grande partie de ce travail préparatoire ne sera pas perdue.
Mais progressivement nous avions pris conscience que la mission devenait impossible ; dès le début du mois d’avril nous avons donc réfléchi à différentes options alternatives que nous avons affinées et évaluées, avant de les valider financièrement. Car tous ceux qui connaissent Summerlied de près savent que l’équilibre financier est très fragile, et soumis à de nombreuses incertitudes, y compris en temps normal, alors a fortiori dans le contexte de la crise.
Tout en prenant en compte également nos partenaires financiers, mais aussi nos mécènes et sponsors, ainsi que la formidable armée des bénévoles qui sont le moteur indispensable de notre festival, nous souhaitions présenter nos réflexions et propositions aux instances dirigeantes, bureau et conseil d’administration, début mai, afin qu’ils décident avec nous.
Mais il y a dix jours, l’intervention du Premier ministre suivie du débat à l’Assemblée nationale, nous a contraints à bousculer le calendrier et à annoncer publiquement, par un communiqué à la presse, ce dont nous étions convaincus entre temps, que SummerLied ne pouvait pas se tenir en août 2020.
Cette décision peut-elle remettre en cause l’avenir du festival ?
Toutes les esquisses et réflexions que nous avons menées, dans des conditions pas faciles, ce que chacun peut imaginer (et même si je n’ai pas pu empêcher quelques attaques désagréables à mon égard notamment), étaient précisément faites avec la volonté farouche de ne pas compromettre l’avenir de SummerLied auquel nous tenons tous.
Nous le devons à ceux qui ont voulu, imaginé et créé Summerlied. Et nous le devons au public qui a adhéré à notre concept unique. Ce qui compromettrait l’avenir de SummerLied, ce serait le manque de courage et la lâcheté face aux difficultés, ou encore la mauvaise compréhension et l’incompétence face aux réalités économiques qui régissent toute activité quel qu’elle soit.
Même si nous avons été obligés de modérer nos ambitions pour 2020, ce que certains ont du mal à comprendre, le budget de Summerlied reste conséquent et chaque édition du festival est exposée à de gros risques, climatiques notamment, qui peuvent être une grande menace sur l’exploitation.
De plus les coûts artistiques sont galopants et l’argent ne tombe pas du ciel. Nous avons une lourde responsabilité vis-à-vis de nos partenaires publics et privés. SummerLied est très dépendant du financement, sous forme de subventions, de la part des collectivités (Région et département, mais aussi des communes, hier du SIVOM, désormais de la CAH). Pour assurer notre avenir nous devons l’avoir en tête et gérer notre affaire au mieux.
Nous devons aussi gagner en indépendance financière, par exemple en séduisant plus de partenaires privés. C’est un point de faiblesse de SummerLied ; j’en appelle à tous ceux qui peuvent nous aider dans ce sens. En résumé : nous n’avons droit ni à l’erreur, ni à l’insouciance. Par ailleurs, c’est l’occasion aussi de faire travailler nos imaginations quant à l’avenir. Si dans la Société rien ne sera probablement plus comme avant, cela devra s’appliquer aussi à notre événement.
Je dois dire que la volonté affichée de travailler davantage en réseau, avec les autres opérateurs du territoire, et le rapprochement opéré avec le Relais culturel de Haguenau s’avèrent comme étant de bons choix et allant dans la bonne direction. Avec le recul et malgré les réticentes perçues je ne peux que m’en féliciter.
Trois années sans festival : les bénévoles resteront-ils mobilisés ?
SummerLied n’est pas simplement un festival d’été, tous les deux ans dans la merveilleuse forêt d’Ohlungen, c’est un concept beaucoup plus large et plus vaste, pour ne pas dire une philosophie : celle de la valorisation d’un patrimoine culturel et du farouche attachement à un patrimoine inestimable et à des valeurs caractéristiques de l’Alsace du Nord et de ses habitants. N’oublions pas nos actions auprès des écoles et du jeune public.
Ceux qui se réjouissent de la magie des journées de festival sont profondément imprégnés de cette globalité. Leur foi et leur enthousiasme sont trop forts pour être menacés par un simple décalage calendaire auquel chacun de nous est étranger. Il s’agit désormais de préparer la suite, avec toutes les parties prenantes et notamment les bénévoles. Nous y travaillons et dès que nous en saurons plus, à la fois sur l’évolution de la pandémie et des conséquences, mais aussi quant à l’attitude de nos partenaires, nous en débattrons avec les bénévoles et leurs responsables.
L’hypothèse sur laquelle nous travaillons est de reporter le festival qui aurait dû avoir lieu cet été, sur l’année prochaine, 2021, à des dates qui seront décidées ensemble. Et à titre de « rattrapage » – mais ce serait aussi la bonne solution pour assurer la pérennité de Summerlied – nous pourrions en même temps préparer une édition suivante qui pourrait donc se tenir dès 2022.
Une première évaluation avec la directrice et l’équipe de direction du festival nous laisse penser que c’est jouable, mais il faut aussi des assurances du côté des partenaires au sens large et donc tout spécialement des bénévoles qui seraient mobilisés deux années de suite. Trois années « sans » festival – pour reprendre votre question – seraient donc suivies de deux années « avec » festival. Une belle consolation, non ?
Faudra-t-il une programmation ambitieuse pour la prochaine édition afin que Summerlied retrouve son public ?
Bien évidemment il le faut !
Comme toute offre, notre festival est quelque chose de global. Pour que ça marche, il faut que tous les éléments soient en phase et que l’ensemble soit cohérent.
Dans une offre culturelle et artistique comme la nôtre (et parmi les éléments qui nous maitrisons, ce qui n’est pas le cas d’une météo ou d’événements extérieurs), il y a tout particulièrement le plateau ou la programmation, qui est à l’évidence un élément central et déterminant. Il faut qu’il y ait « résonance » entre notre concept, tel que je l’ai rappelé plus haut, mais aussi notre public et last but not least le modèle économique.
Ce dernier point étant l’élément le plus incertain. En dehors d’artistes dont nous ne pouvons pas payer les cachets et qui remplissent n’importe quelle jauge, tout choix artistique reste délicat et complexe. On n’a pas forcément la chance de piocher tous les ans un Hugues Auffray ou des I Muvrini qui étaient à la fois cohérents avec notre concept, les attentes du public et nos ressources. Je ne suis pas compétent dans ce domaine ; c’est un métier difficile qui nécessite un véritable savoir-faire et l’expérience d’un marché difficile.
Nous faisons donc confiance à ceux qui ont cette pratique et ces compétences, tout en étant ouvert à toutes les propositions raisonnables ou pistes. C’est la raison pour laquelle la direction s’appuie sur une experte en la matière.
Là où je me sens plus compétent, c’est en matière de prudence pour ne pas prendre de risques qui nous mettraient à terre.
Je crois beaucoup à la cohérence tel que je l’évoque plus haut : c’est ça l’avenir de SummerLied, un positionnement clairement identifié, et à la hauteur de nos moyens. Une ambition, mais légitime, une offre attractive, mais sans négliger nos talents locaux et régionaux.
Un message particulier pour les artistes et les métiers du spectacle durement frappés par la crise ?
Pour exercer des responsabilité dans d’autres lieux culturels, tels le Festival international de musique de Colmar ou la Choucrouterie à Strasbourg, je suis parfaitement conscient de la tragédie qui frappe les professions culturelles : artistes, comédiens, auteurs, interprètes, musiciens.
Ces activités sont sinistrées au même titre que les professions touristiques et de la restauration, l’événementiel ou d’autres. Les dispositions et mesurettes à court terme qui s’appliquent à eux ne régleront pas le problème à moyen et long terme. Que ce sera l’après pour le monde culturel ?
D’abord au niveau du « mode de consommation » ? Certes la frustration actuelle de ne pouvoir sortir ni assister à quelque spectacle que ce soit, est une immense frustration et crée des manques qui chercheront à se satisfaire dès que ce sera possible.
Mais est-ce que les habitudes qui se sont créées à domicile pendant le confinement vont rester ou le public va-t-il revenir aux pratiques antérieures ?
Et les gens auront-ils suffisamment de moyens disponibles à consacrer au monde du spectacle, des loisirs et de la culture ?
Il serait tout à fait paradoxal que la culture devienne non prioritaire les jours d’après, car au contraire le besoin sera plus grand que jamais. Il faut espérer que la redistribution de nos valeurs lui laisse une place majeure.
Chacun, là où il se trouve et avec les moyens dont il dispose, doit faire en sorte que le « plus de culture », sous toutes les formes, s’impose et que les activités de création, de réalisation et de production triomphent.
A notre modeste niveau, les efforts que nous déployons pour faire vivre et perdurer Summerlied va dans ce sens, d’abord pour tout le monde artistique local, de proximité, mais aussi de manière plus large pour notre forme d’événement.
Propos recueillis par JACQUES SCHLEEF, créateur du Festival Summerlied et directeur jusqu’en 2015.
Entretien illustré par des photos d’artistes d’Alsace, Lorraine et Allemagne prises lors de diverses éditions. Il se termine par le dossier de 4 pages parus en septembre 2018 dans la revue Land un Sproch.
Ça y est, la fin du déconfinement permet de découvrir ou de retrouver des réalisations artistiques et culturelles dans un rayon de 100 km de chez vous.
Alors si le quartier Malraux à Strasbourg se situe à vol d’oiseau à cette distance de chez vous, pas d’hésitation !
Rendez-vous sur le parcours sonore EC(H)O, sur la presqu’ile Malraux pour joindre l’utile et l’agréable. Vous dégourdir les jambes tout en savourant de la poésie … hé oui ! Explications.
Bon commençons par le début, surtout si vous n’êtes pas familier de Strasbourg et encore moins du quartier Malraux.
QUATRE ATELIERS ENTRE NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 2019
Histoire de vous donner quelques points de repères, voire d’envie de flâner dans le coin à votre guise, voici d’abord une “carte sensible » du quartier !
Elle est composée des balades imaginées par les participants du 1er des quatre ateliers tenus sous l’égide du Laboratoire artistique d’Innovation Territoriale organisé par l’agence CAPAC. En l’occurrence quatre rencontres qui ont permis la collecte d’informations sur le quartier : de quoi alimenter la création des artistes embarqués dans cette aventure !
Cette 1ère réunion a eu lieu au Shadok, lieu de découverte, d’expérimentation et de partage dédié aux industries culturelles et créatives. Art, design, technologie, projets innovants, toutes les idées s’expriment ici dans un cadre convivial où petits et grands, amateurs comme professionnels, se rencontrent et inventent de nouvelles formes de pratiques. En somme un espace tout à fait indiqué pour les premiers pas de ce “processus collaboratif pour une commande d’œuvre d’art“ selon l’expression de celle qui est à l’origine de ce projet , la co-fondatrice de l’agence d’ingénierie culturelle CAPAC.
Et Cécile Haeffelé de préciser : “ Les habitants, entreprises et collectivités du quartier ont participé à des réunions de créativité et de découverte du processus de création artistique entre novembre et décembre 2019. Ces ateliers ont permis la collecte d’informations et de données « sensibles » sur le quartier, qui ont alimenté la création des artistes. Se rencontrer autour de l’art permet de faire émerger des intérêts communs (ici valoriser un territoire), de créer une dynamique collective et de découvrir le processus de création qui alimente notre capacité à innover”.
HABILLAGE MUSICAL DE GAËTAN GROMER POUR LES POÈTES CLAUDINE BOHI ET GERMAIN ROESZ
Après le Shadok, c’est l’Hôtel OKKO qui a accueilli la 2eme réunion, puis direction le CNFPT-INET (Centre National de la Fonction Publique Territoriale/ L’institut national des études territoriales (INET), dans l’imposante bâtisse qui jouxte le complexe UGC Ciné Cité et les tours Blacks Swan.
C’est là, à cette 3eme réunion, qu’a eu lieu la rencontre avec les poètes Claudine Bohi et Germain Roesz, entre lectures d’extrait de poèmes et travail en groupe sur la mise en mots des photos prises lors de l’atelier précédent.
Puis retour au Shadok pour le 4eme et dernier atelier co-animé, comme les précédents avec le directeur artistique du laboratoire, Gaëtan Gromer, et ACCRO, association fédérant les industries culturelles et créatives du territoire.
Notons que Gaëtan Gromer, directeur artistique et compositeur, mène une activité de création aux confluents de la composition, de la performance et de l’installation multimédia. Et il s’est plus particulièrement inspiré des histoires rédigées par les participants pour ses compositions sonores.
Une VIDÉO de 3 mn et 30 secondes résume le processus de création du parcours sonore EC(H)O enraciné dans les quatre ateliers ayant mobilisé une vingtaine de personnes aux diverses origines : association d’habitants du quartier AREM ; Hôtel OKKO ; CNFPT-INET ; Médiathèque Malraux ; Festival Musica ; association ACCRO et Direction de territoire Neudorf, Deux Rives
Ces quatre ateliers ont donné quel résultat ?
C’est simple, il suffit de se promener sur le parcours sonore Malraux « EC(H)O » en vous laissant guider par votre envie de découverte : ce parcours relie en effet 34 points. Autant d’œuvres créées par les poètes Claudine Bohi et Germain Roesz : ils ont écrit chacun un poème pour chaque photo sélectionnée par les participants du laboratoire. Et leurs textes bénéficient d’un habillage musical signé Gaëtan Gromer dans le cadre co-production CAPAC et Les Ensembles 2.2. Ce studio de création spécialisé dans les arts sonores et technologiques conçoit, produit et diffuse des concerts multimédias, des œuvres et installations sonores.
“Vous pensez bien connaître le quartier Malraux ? Mais l’avez-vous déjà regardé avec vos oreilles ? ”.
Bonnes questions lancées par Cécile Haeffelé ! D’où son invitation à “découvrez les capsules sonores (poèmes et compositions sonores) créées pour le quartier et laissez-vous emporter dans un voyage contemplatif et onirique, une parenthèse hors du temps”.
Plusieurs autres soutiens sont intervenus dans le processus de création et la commande artistique : SERS (Société d’Aménagement et d’Équipement de la Région de Strasbourg) ; Ville de Strasbourg ; Centre commercial Rivétoile. Et la Région Grand Est qui soutient le projet dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt Création numérique.
Précisons que le parcours sonore est accessible gratuitement via l’application G.O.H et pour une durée d’au moins un an. GOH est une application mobile dédiée à l’exploration itinérante de l’espace public, sous le prisme de la création artistique.
Elle se base sur le principe de la géolocalisation (GPS) et propose des parcours sonores guidés pour découvrir la ville via une expérience sensible.
Dernier point et non des moindres !
La conférence de presse suivie de la visite guidée par Gaëtan Gromer aura été synonyme d’une chaleureuse rencontre avec le poète, peintre et théoricien de l’art Germain Roesz.
Un sacré parcours entre pratique des arts plastiques, poésie et de recherche théorique pour celui qui a enseigné en théorie, pratique et sciences des arts à l’Université de Strasbourg.
Et depuis 1994 il réalise nombre de performances poétiques : lecture poésie action avec des musiciens contemporains ou en solo.
De nombreuses publications personnelles ou en collaboration avec des ami(e)s poètes et philosophes, dans des revues et chez différents éditeurs jalonnent son parcours. Dont “Broussailles/ Reflets” réalisé avec Gaëtan Gromer et paru en 2015.
“Broussailles”, “Krisis”, “Rhin par-dessus le ciel”, “Tehran”, “Je sais ma langue”, “J’ai rêvé”, “Commencer” : j’ai beaucoup apprécié ce livre-CD reçu quelques jours après la conférence de presse … et accompagné du catalogue de son exposition à la Galerie de Nicole Buck à Schiltigheim.
Bien sûr, nous nous y attentions. Nous savions qu’il avait cessé de chanter et que sa santé déclinait. N’empêche que l’annonce du décès de Graeme Allwright aura été d’une intense violence.
Un ami, un proche, un membre de la famille s’en est allé dimanche 16 février dans sa 94ème année, à la Maison de retraite des Artistes de Pont-aux-Dames fondée en 1903 à Couilly-Pont-aux-Dames, en Seine-et-Marne.
L’annonce de sa disparition sera à jamais liée à la cathédrale de Strasbourg. Avec mon amie, nous nous trouvions juste en face dans une brasserie, en attendant de nous rendre à Bischwiller pour le dernier hommage à Ahmed Ferhati, comédien, metteur en scène, musicien et chanteur.
J’y ai retrouvé Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel à qui j’ai appris le décès .. et il s’est aussitôt souvenu d’une mémorable soirée d’après-concert en Corse avec Graeme.
En fait, c’est un coup d’oeil sur le site des Dernières Nouvelles d’Alsace que j’ai découvert l’info, ce dimanche là, peu après 17 heures. Et sans une seconde d’hésitation, j’ai téléphoné à l’ami Fred Hidalgo, créateur avec sa femme Mauricette des revues “Paroles et Musique” et “Chorus, les Cahiers de la chanson”.
Notre échange téléphonique enraciné dans près de 36 ans d’amitié m’a fait penser à un autre appel … une autre conversation quand, en août 2003, j’ai appris le décès de notre ami Marc Robine, figure incontournable de la chanson française et signature majeure de Chorus.
Fred Hidalgo, compagnon de route de Graeme depuis tant d’années. Ou plutôt de décennies comme il l’a si bien raconté dans un témoignage paru lors de la sortie du livre de Jacques Vassal écrit sur et avec Graeme.
Une complicité de (très) longue date … avant le lancement mi-juin 1980 de Paroles et Musique, le mensuel de la chanson vivante : Graeme aura été un des premiers artistes au courant de ce projet de presse écrite.
“Aujourd’hui, on veut définitivement y croire encore moins. Salut l’Artiste, adieu l’Ami, tu emportes avec toi le meilleur de nous-mêmes...” écrira le 16 février Fred Hidalgo sur sa page Facebook “La mémoire qui chante, journal d’un échanson”, “en pensée et en affection avec ses proches“.
De quoi susciter tant de réactions de personnes sincèrement bouleversées par son décès …
La photo ci-dessus a été prise en juin 1985, du temps de Paroles et Musique.
Il est vrai que chez Fred et Mauricette Hidalgo, le mois de juin aura si souvent été synonyme de rencontres amicales chez eux, avec nombre d’artistes : une formidable tradition si souvent vécu du temps de Chorus…
Quelques mois plus tard, en novembre 1985, Graeme (re)venait à la Réunion pour chanter.
L’occasion pour une poignée de passionnées de chanson – Noël Gros, Bobby Antoir, Bernard Vitry, Gilbert Hardy - de lancer l’association Mascareignes parrainée par Graeme.
“Il s’agissait de créer sur place un festival de chanson qui permette à la fois de promouvoir les musiques de l’océan Indien et d’accueillir à la Réunion des chanteurs francophones. J’étais moi-même, au nom de PAROLES ET MUSIQUE, l’un des membres fondateurs de cette association… Ben oui ! Beau souvenir, en tout cas” précise Fred Hidalgo au sujet de la photo parue dans le .mensuel Paroles et Musique.
AVEC GRAEME, VIVIANE ET JEAN-YVES …
Ma première rencontre avec Graeme date de cette fin 1985, et je n’imaginais alors pas que nos routes allaient se croiser si souvent.
Ile de la Réunion, Strasbourg, Saverne, Sarrebourg, Paris, Québec … sans oublier l’inoubliable soirée à Vernouillet où nous avons célébré en 2002 les dix ans du trimestriel Chorus ont été célébrés en chanson avec Graeme et nombre d’invités, dont Marc Robine, Allain Leprest, Jean Corti …
Pas de doute ! Graeme aura sans doute été l’artiste le plus vu sur scène et dans un contexte plus privé aussi … un “record de retrouvailles” partagé avec mes amis Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol (Alcaz) avec lesquels j’ai d’ailleurs revu Graeme à Besançon à l’occasion d’une soirée organisée par Christophe Régnier : Alcaz y assura la première partie avant de rejoindre Graeme durant son concert
Concert au Petit Journal, à Montparnasse : salle archibondée …
1967 : PREMIER ENTRETIEN DE GRAEME DANS LA PRESSE NATIONALE AVEC JACQUES VASSAL POUR ROCK & FOLK
Notons, avec la complicité de Fred Hidalgo, que le premier coup de projecteur d’une publication nationale sur Graeme date de 1967.
“ C’est à Jacques Vassal, par exemple, qu’on doit la toute première interview de Graeme chanteur dans la presse nationale. Par la même occasion, c’était le tout premier article qu’il réalisait pour le mensuel Rock & Folk à peine né : les historiens le retrouveront dans le n° 3 de janvier 1967 et les lecteurs de Graeme Allwright par lui-même en pages 98-101. Cela se passait à l’automne 1966, rue de la Gaîté, dans les coulisses de Bobino.
En réalité, c’était la seconde fois que le journaliste en herbe voyait le chanteur débutant en scène. Trois ou quatre semaines plus tôt, il l’avait découvert par hasard dans un de ces cabarets de la rive gauche qui faisaient florès et le bonheur des amateurs de chanson. C’était à la Contrescarpe. Vassal s’en souvient bien“.
Il aura donc fallu le décès de Graeme pour que “les grands médias” se souviennent de lui.
Un hommage posthume qui en dit long sur l’impact de cet artiste si et trip souvent ignoré des radios et des télés, à quelques rares exceptions près comme en témoigne cette photo parue sur le blog de Fred Hidalgo dans son article du 2 septembre 2018.
Pour connaitre tout ou presque sur la vie et le répertoire de cet auteur-compositeur-interprète né le 7 novembre 1923 à Wellington en Nouvelle-Zélande, pas de problème !
Il suffit de lire sa longue biographie ICI sur wikipédia …
Autant d’informations détaillées avec force références. De quoi alimenter plus d’un article paru au lendemain de son décès dans la presse francophone, nationale et régionale comme ce papier des Dernières Nouvelles d’Alsace annoncé à la une.
“PETIT GARÇON” PAR NANA MOUSKOURI, GAROU, NILDA FERNANDEZ, HENRI DÈS, SERGE RIEGER ET TANT D’AUTRES !
Bien des journalistes ont mis en évidence avec force exemples l’importance majeure de Graeme qui a adapté nombre d’artistes.
A commencer par Leonard Cohen (Suzanne, L’étranger, Demain sera bien), et bien sûr Woody Guthrie, Pete Seeger ou Tom Paxton… sans parler de ses adaptations de Georges Brassens en anglais en collaboration avec Andrew KELLY comme Les Passantes.
Il existe une superbe version publique de Suzanne par Graeme et Maurane accompagnés par Jean-Félix Lalanne …
Sans parler, évidemment, de ses nombreuses compositions et son opus d’inspiration jazzy, enregistré en 2 000 avec The Glenn Ferris Quartet (« Tant de joies ») : un album hélas trop méconnu à mon sens …
Nombre de titres ont été repris par tant de groupes et artistes … dont “Petit garçon” chanté entre autres par Nana Mouskouri, Garou, Henri Dès, Nilda Fernandez,
“Il est, il fut, le chaînon entre deux mondes, le traducteur avisé et talentueux tant de Leonard Cohen (“Suzanne”, “L’étranger”, “Demain sera bien”…), de Woody Guthrie (“Le clochard américain”), de Tom Paxton (“Qu’as-tu appris à l’école ?”), de Pete Seeger (“Jusqu’à la ceinture” …
Même, le savez-vous, le chanteur de Georges Brassens, mais dans l’autre sens, du français à l’anglais. Il fut aussi auteur (“Lumière”, “Il faut que je m’en aille” …).
En 2009 est sorti “Pacific Blues”, documentaire de 52 minutes tourné en France et en Nouvelle-Zélande par Chantal Perrin et Arnaud Deplagne.
“Ses chansons appartiennent au patrimoine de la chanson française. Devenues des classiques, elles sont fredonnées par plusieurs générations. Il en est ainsi de certaines chansons vouées à se perpétuer dans le temps. tSes dix-huit albums se sont vendus à des centaines de milliers d’exemplaires en France et dans tous les pays francophones. À 84 ans, et à son propre étonnement, il continue de remplir les salles de concert” indique le synopsis de ce DVD en ajoutant :
“Son public français ignore bien souvent ses racines néo-zélandaises. On le croit Canadien, Hollandais, comme Dick Annegarn, ou bien on ne se pose pas la question. Il fait partie de notre culture. C’est notre Bob Dylan à nous”.
Il est tout de même INCROYABLE ET HONTEUX qu’aucune chaine de télé n’ait eu l’idée de diffuser ce document après le décès de Graeme …aussitôt retombé dans dans l’oubli des “grands médias” après leurs “hommages de circonstance”.
En 2010, l’Académie Charles Cros lui décernera un “Grand Prix in honorem” pour l’ensemble de sa carrière.
ANECDOTES ET CONFIDENCES “A VOIE NUE” SUR FRANCE-CULTURE EN 2015
En février 2015, à 88 ans, Graeme Allwright se raconte dans l’émission A VOIE NUE sur France-Culture … par Victor Macé de Lépinay
Toute personne intéressée par Graeme aura GRAND plaisir à savourer ces cinq émissions sans langue de bois entre confidences et souvenirs !
Un formidable document sonore sur l’enfance, la jeunesse et la vie publique et privée d’un DESTIN INCROYABLE à découvrir en prenant tout son temps évidemment.
“CONTRE TOUTES LES HAINES ET LES GUERRES L’ÉTENDARD D’ESPOIR EST LEVÉ”
Fred Hidalgo se souvient : “ Depuis 2005, les concerts du chanteur aux pieds nus, qui continuait de sillonner l’Hexagone malgré son âge avancé, commençaient par un rituel immuable : une vibrante Marseillaise qu’il avait “adaptée” avec des paroles pacifistes.
“Pour tous les enfants de la Terre, Chantons amour et liberté”, entonnait-il…”
On la retrouve partout … car elle aura accompagné Graeme durant une bonne partie de sa vie de chanteur et elle a été reprise encore et encore dans les hommages fleurissant sur les réseaux sociaux !
Je parle bien sûr de LA photo de Francis Vernhet, qui a entre autres été LE photographe de “Chorus les Cahiers de la Chanson”.
Cette photo, Fred Hidalgo en parlait ainsi lors de la sortie du livre de Jacques Vassal :
“La superbe image de couverture (excellent choix !) est une photo de Francis Vernhet réalisée à l’automne 1992 pour illustrer l’une de nos rencontres avec Graeme* ; en l’occurrence, une interview que j’avais mise en boîte, publiée dans le n° 2 de Chorus (hiver 1992-1993), à l’occasion de la sortie de son album Lumière et de sa « rentrée parisienne » au Passage du Nord-Ouest”.
“C’est un livre de Jacques Vassal, éminent confrère de plume, mais c’est avant tout un livre sur Graeme Allwright par Graeme Allwright : Graeme Allwight par lui-même.
En fait en livre d’entretiens, entrecoupé parfois par des témoignages extérieurs : sa première épouse Catherine Dasté, les journalistes Fred Hidalgo et Jacques Gandeboeuf, son fils Christophe Allwright et d’autres encore” écrira Michel Kemper en présentant cet ouvrage aux lecteurs de Nosenchanteurs, le quotidien de la chanson.
QUÉBEC : FESTIVAL DE PIERRE JOBIN AVEC GRAEME, JEHAN ET GILLES VIGNEAULT
De toutes les rencontres vécues avec Graeme une des plus marquantes aura été le Festival LIMOILOU M’EN CHANTE fondé par Pierre Jobin chez qui il logeait.
Catherine Marck, incontournable figure du Festival de Tadoussac dont elle fut la directrice artistique et responsable de la programmation et des relations internationales, se souvient :
“J’y étais ! assise à côté de Graeme à regarder chanter Gilles Vigneault !! Impressionnant. Il était nu pied dans ses sandales. Quand je l’ai revu quelques mois plus tard à Paris à l’espace Jemmapes, il m’a dit “je reconnais vos cheveux !!”. Il était encore nu pieds dans ses sandales”.
“Limoilou m’en chante” ?
Assurément un événement d’une intense fraternité, marqué par plusieurs retrouvailles celle avec l’homme de théâtre Paul Hebert connu du temps où Graeme était, lui aussi, comédien ..
et également le souvenir d’un échange durant le trajet en voiture, sous une pluie battante lorsque qu’après un concert j’ai reconduit Graeme chez Pierre Jobin où l’attendait “ma chambre”… je veux celle où Pierre m’avait hébergé plus d’une fois.
Le concert de Graeme accompagné par ses musiciens malgaches aura été une sacrée” révélation pour l’auteur québécois Richard Baillargeon, passionné de chanson française.
“L’artiste a proposé, d’entrée de jeu, sa version d’une “Marseillaise” pacifique qu’il milite pour faire accepter des autorités françaises depuis 2005″ raconte-t-il sur le site QUEBEC INFO MUSIQUE :
“La révélation fut pour moi l’ampleur de la démarche du Néo-Zélandais, depuis longtemps francisé, Graeme Allwright. Je connaissais l’homme et sa voix pour avoir entendu ses adaptations de Léonard Cohen, notamment “L’étranger” que j’ai remarqué une première fois au générique de la version française du film McCabe and Mrs Miller, un des premiers films de Robert Altman. (…)
“J’y étais” se souvient la québécoise Guylaine Saint-Pierre à la vie enracinée dans tant de passions : enseignement du français et de la littérature; traduction, théâtre, écriture de textes de chansons, de poésie et de nouvelles : autant de centres d’intérêt qui l’ont menée “à la radio, où elle rencontre des artistes de jazz aussi fous qu’elle de création et de musique”.
Et de préciser : “Le départ de Graeme m’attriste beaucoup. C’est irréel que ça lui arrive, à lui. Je voyais sans doute Graeme comme une sorte de Jésus qui ressuscite après trois jours…”.
AU GRÉ DES RETROUVAILLES
Une des choses qui m’aura toujours le plus frappé chez Graeme, c’est la manière dont il vous regardait intensément en vous parlant. Comme si personne d’autre n’existait autour de vous.
Quelques article parmi d’autres consacré à un concert de Graeme …
Chaque concert que j’ai eu la chance de vivre aura été synonyme d’intense satisfaction. Une joue partagée sans retenue par des salles enthousiastes … dont ce fameux concert de soutien à Emmaus-Strasbourg face à un public qui n’avait pas envie que Graeme cesse de chanter …
Je pense aussi à formidable soirée organisée par le pasteur de Saverne en Alsace. Il avait envoyé un communiqué de presse aux allures de brève à publier dans les Dernières Nouvelles d’Alsace.
La brève a été transformée en article avec photo et … dès la publication du papier, les réservations se sont envolées tellement vite que le pasteur a regretté de ne pas avoir prévu une salle plus grande … et ce n’est pas ma consœur Simone Giedinger qui me dira le contraire !
D’ailleurs avant même que l’info ne soit publiée, plusieurs appels téléphoniques étaient arrivées à la rédaction, histoire d’avoir confirmation de la prochaine venue de Graeme à Saverne !
Et chaque fois j’ai vécu la même convivialité, la même émotion, le même échange entre Graeme et son public réunionnais, parisien, alsacien, québécois …
“JE CONNAIS BIEN PERNAND-VERGELESSES, EN CÔTE D’OR, OÙ J’AI TRAVAILLÉ COMME OUVRIER AGRICOLE DURANT TROIS ANS”
Graeme était le père des acteurs Christophe Allwright, Jacques Allwright et Nicolas Allwright (de son union avec Catherine Dasté fille de Jean Dasté) et de Jeanne Allwright de son union avec Claire Bataille, qui fut aussi son agent artistique.
En février 2015, Le Journal de Saône et Loire demandait à Graeme : “Vous avez de nombreux souvenirs en Bourgogne ?” .
“Je connais bien Pernand-Vergelesses en Côte-d’or où j’ai travaillé trois ans comme ouvrier agricole. Je jouais déjà un peu de guitare mais juste pour les amis.
Et puis c’est aussi au milieu de ces grands crus que j’ai épousé Catherine Dasté, la petite fille de Jacques Copeau que j’avais rencontrée dans une école de théâtre à Londres.
Le vigneron qui nous a mariés avait toutes les peines du monde a prononcer mon nom. J’ai beaucoup de souvenirs liés à la maison Copeau même s’il y a bien longtemps que je n’y suis pas allé”.
“J’t’ai raconté mon mariage À la mairie d’un p’tit village Je rigolais dans mon plastron Quand le maire essayait d’prononcer mon nom
Buvons encore ( Buvons encore) Une dernière fois ( Une dernière fois) À l’amitié, l’amour, la joie On a fêté nos retrouvailles Ça m’fait d’la peine Mais il faut que je m’en aille”
Extrait de “Il faut que je m’en aille”
Le décès de Graeme a été annoncé par un faire-part de ses enfants Nicolas, Christophe, Jacques, Jeanne et les petits-enfants Alice, Adrien, Eliott, Axel, Gaia et Adam.
Les obsèques ont été célébrées à l’église de Couilly-Pont-aux-Dames le jeudi 20 février à 15 heures et l’inhumation le lendemain vendredi 21 février au petit cimetière de Pernand-Vergelesses à 15 heures
“Voici un petit résumé de l’enterrement de Mr Allwright validé par la famille et filmé par Didier Buffet , merci à lui …. Pour info , le nez rouge à la fin c’est celui de Graeme qu’il met quand il chante Jolie bouteille sur scène” précise Dina Rakotomanga au sujet de la vidéo mise en ligne sur le groupe Graeme Allwright Le Jour de Clarté ouvert sur Facebook.
“SES CHANSONS PROFONDES, LUMINEUSES S’ÉLEVAIENT SOUS LA VOÛTE DISANT L’AMOUR DE L’ÊTRE HUMAIN”
Pour finir, voici le témoignage de l’auteur-compositeur-interprète Jean Lapierre publié sur Facebook au lendemain des obsèques.
“A GRAEME …
Une petite église de campagne… En Ile-de-France… Il fait froid, mais les cœurs sont chaleureux…
L’office d’enterrement de Graeme Allwright a été à l’image de sa carrière… plutôt de sa vie…
Graeme n’a pas fait « une carrière », mais a vécu sa vie d’artiste concerné, « montant sur la scène des p’tits patelins » comme il le chantait…
Et hier, avec sa famille, au sens large, ce n’était pas triste… Ses chansons, profondes, lumineuses, s’élevaient sous la voûte, disant l’Amour de l’être humain, de l’Autre… Quand on pense à Graeme, le mot « humilité » arrive, loin du show-business et ses frivolités « hit-paradesques »…
Toutes les réactions à son décès sont formidables, car elles montrent que ses chansons, venues de l’esprit de la Folk-Music (pour « le peuple »), étaient en suspension en chacun, en tous…
Un jour des années 60, quelqu’un de sa famille m’offre un disque… c’était son premier… Et là, révélation ! J’écoute des chansons… Et je les entends !
La première aura été donc son adaptation de Woody Guthrie « Hard traveling », « Le trimardeur »… Beaucoup de fraîcheur… On sent le voyage, les grands espaces… La Vie…
Je ne remercierais jamais assez ses cousins pour ce « partage »… Je l’ai vu sur scène…
Et un soir, le samedi 10 février 1968 dans une ville minière du Dauphiné, je me suis dit en l’applaudissant : « Je veux faire ça ! »
Et je l’ai fait ! J’ai même aussi adapté en français des chansons de Léonard Cohen, à ma manière…
C’est comme si je reprenais un flambeau, tout enm’affranchissant de sa figure tutélaire… Il ne se voulait pas « un maître ». Il n’aimait pas ça… Mais il a donné énormément… On s’en rend compte ces jours…
Dans la petite église, André Chapelle, qui le fit signer chez « Philips-Mercury », s’était glissé, avec son épouse… Nana Mouskouri…
Ils étaient là, comme des anonymes, écoutant une voix du fond de l’âme… Sa première femme, Catherine Dasté, petite-fille de Jacques Copeau, le rénovateur du théâtre était présente…
L’esprit de la décentralisation culturelle, théâtrale, d’après-guerre, résonnait chez Graeme, loin du vedettariat, de la vaine « popularité », seulement tourné vers la transmission d’idées, avant tout, tout en cherchant à apporter de la joie…
Aujourd’hui, il sera mis en terre, à Pernand-Vergelesses, en Bourgogne, là où « le maire essayait de prononcer son nom… », village cher à Jacques Copeau…
A nous de continuer la route, essayant d’être à la hauteur de l’homme de paix, venu de Nouvelle-Zélande, pourfendeur de la consommation pathétique, rêveur d’un monde où on pourrait vivre, simplement, sans le pouvoir des uns sur les autres…
Créons, chantons !”
Texte et photos Albert WEBER sauf mention particulière
AMICAL MERCI À FRED HIDALGO pour l’autorisation de reproduction des documents
« Je m’envolerai »
Une belle journée, quand cette vie s’achève J’ m’envolerai Vers un merveilleux pays de rêve J’ m’envolerai, volerai
J’ m’envolerai tout là-haut J’ m’envolerai comme un oiseau Quand je meurs, alléluia, tout à l’heure J’ m’envolerai, volerai
Plus d’soucis, de peines dans ce monde J’ m’envolerai De cette prison, comme une colombe J’ m’envolerai, volerai
Encore quelques journées de douleur et J’ m’envolerai Vers une terre où règne le bonheur J’ m’envolerai, volerai
J’ m’envolerai au matin J’ m’envolerai, sûr et certain Quand je meurs, alléluia, tout à l’heure J’ m’envolerai, volerai”
Ce trio féminin, j’en avais souvent entendu parler et j’avais lu nombre de commentaires élogieux. De quoi donner envie de les voir en pleine action, au Centre culturel de l’Illiade d’Illkirch-Graffenstaden, dans la salle “Côté Cour” aussi comble que conquise.
Coup de projecteur sur Marie Dubus, Jika Sterbakova et Marie Ruby réunies dans un “trio vocal féminin délicieusement fêlé” selon leur expression. Ce qui ne les empêche pas – bien au contraire – de poursuivre en parallèle diverses aventures en solo ou collectives entre chanson, musique, comédie, cabaret et contes.
Embarquement immédiat pour plus d’une heure et quart avec ce spectacle sans temps mort offert par ces trois chanteuses et musiciennes.
Trois multi-instrumentistes : flûte traversière, ukulélé, basse, guitares percussions sont au rendez-vous … sans oublier un piano transformé en bar au gré du spectacle !
Le fameux “piano-bar” retiendra bien sûr l’attention de “Claude, intellectuelle française alcoolique” (Marie Dubus), mais aussi celle d’une “sulfureuse diva tchèque déjantée” (Jika Sterbakova) et une “noble british quelque peu pincée” (Marie Ruby).
Trois personnages aux contrastes bien tranchés … et dont la confrontation donne du piment à l’interprétation des chansons et évidemment aux dialogues entre deux titres.
Ambiance garantie entre les trois personnages au caractère bien trempé.
Et bien décidées à ne pas se laisser marcher sur les pieds.
D’où un savoureux cocktail qui transforme sans tarder le “Cracked Cookie’show” en un spectacle complet aux multiples rebondissements.
C’est-à-dire bien au-delà d’un “simple concert” aux accents des Andrews Sisters et autres trios féminins américains des années 30 !
Au gré des petites tranches de vies, des anecdotes et réflexions, le trio passe par toutes sortes de situations qui font sourire et rire. Et suscitent aussi ici et là une évidente émotion.
Dans ce “voyage musical et théâtral” – selon l’expression du trio – on chante ensemble ou bien seule ou à deux, on se parle tout sourire juste avant d’échanger des mots aigres-doux, on s’apostrophe, on se dispute, on sort de scène fâchée et … puis on revient dans une autre tenue … jusqu’à la prochaine prise de tête !
Pas question de s’ennuyer une seconde dans ce feu d’artifices de paroles et de musiques, entre coup de sang, coup de cœur et même coup de blues.
Bref la vie avec ses chamailleries et ses réconciliations. Avec une bonne dose d’humour, de dérision aussi.
Pas de doute, ces “Cracked Cookie’s” s’affirment en toute liberté tellement loin du cliché de la “gentille femme au foyer des années 40 (la « cookie »)”.
Donc tout peut arriver – et tout arrive ! – durant ce spectacle où les mélodies donnent envie de taper dans les mains.
Un répertoire plein d’énergie qui met en relief de sacrées harmonies vocales.
Et voilà comment le trio s’affirme à l’aise dans des registres bien variés, entre “These boots are made for walkin”, “Lollipop ” Twist again” et bien d’autres standards entre swing, twist et rock …
Et aussi chanson française avec leurs versions de l’inoubliable “Amstrong” de Claude Nougaro ou “Résiste de France Gall.
Les trois complices s’en donnent à cœur joie.
Et chacune s’impose à tour de rôle sur le devant d’une scène qu’elles occupent avec brio. Cette aisance ne résulte évidemment pas d’une joyeuse improvisation.
Jika Sterbakova, Marie Dubus et Marie Ruby et ont travaillé avec MarcoLocci, inspiré metteur en scène qu’on retrouve aussi dans la mise en valeur des “Chroniques d’outre-tombe” du duo Firmin et Victor (Valentin Stoeffler et Guillaume Schleer).
Le public de la salle “Côté Cour” de l’Iliade a réagi comme il se doit : avec enthousiasme.
De quoi donner envie au trio fondé en 2016 à s’aventurer auprès d’autres publics. Vers d’autres salles et festivals d’Alsace et Lorraine, voire de bien plus loin comme la République Tchèque, terre natale de Jika Sterbakova.
Patience et talent vont de pair chez Pascal Vecca, chanteur d’origine italienne, allemande et polonaise.
Coup de projecteur sur un artiste d’Alsace qui prend assurément un nouveau virage avec cet album de 61 minutes : 18 titres à ne pas réduire aux traditionnels refrains de Noël.
Cet album, c’est le 3ème enregistré par Vecca après « Vu de Haut » aux couleurs swing en 2009, et puis les « Crooners à l’honneur » en 2014 avec des refrains de Ray Charles et Franck Sinatra.
Deux voix américaines qu’il célèbrera avec succès lors de la sortie de cet album via plusieurs concerts suivis de près par un public de fidèles. Au rendez-vous Dean Martin, Sammy Davis Jr, Tom Jones, Nat King Cole, Sacha Distel et Michael Bublé, Paolo Conté, etc.
Évidemment – et nombre de médias écrits et audio-visuels mettent en valeur ce registre – Vecca sera désormais souvent réduit à ses indéniables performances vocales de crooner.
Et cette étiquette lui colle aussi à la peau avec cet opus où l’Alsacien jongle avec une grande aisance dans divers genres musicaux et aussi plusieurs langues : anglais, français, anglais, allemand, italien, espagnol, etc. Mais (hélas) pas en alsacien et c’est bien dommage mais bon, rien ne dit qu’il ne se lancera pas sur cette voie un de ces jours.
Sans aucun doute, le “ton crooner” surgit et s’impose avec brio quand Vecca met sa voix chaude au service de chants de Noël aux accents jazzy.
C’est un des atouts de cet album mastérisé par Jean-François Untrau … enregistré à Gimbrett au studio de Michel Ott qu’on retrouve également au mixage, à la prise de son et aux percussions. S’y ajoutent Christian Ott (guitares et chœurs), la pianiste Laura Strubel (également aux choeurs) et du contrebassiste Roland Grob.
Cet album, c’est l’aventure d’une poignée de complices aussi talentueux que décontractés, qui jongle entre les langues et les cultures, dont la chanson espagnole El burrito de Belen, le fameux Hallelujah de l’inoubliable Léonard Cohen et évidemment bien des standards de Noël.
S’y glisse aussi une belle surprise avec le Noël interdit enregistré en 1973 par Johnny Hallyday sur des paroles de Michel Mallory.
Très à l’aise sur scène, il a su apprendre en chantant encore et encore à l’Europa-Park, à Rust en Allemagne. Le genre d’expérience qui vous donne insuffle une confiance en toutes circonstances, dans des lieux fort variés.
Aujourd’hui cet auteur-compositeur français partage son temps entre Strasbourg Paris et l’Allemagne.
“Blue Suede Shoes” est une chanson écrite et enregistrée par Carl Perkins en 1955 et devenue un succès international l’année suivante avec Elvis Presley. C’est aussi le titre du nouveau spectacle de M. Soul consacré aux origines du rock.
Vendredi 20 novembre, 20h30.
Plus une seule place de libre dans la grande salle de l’Illiade pour un public venu, toutes générations confondues, savourer sans modération « Blue Suede Shoes ».
Lors de la précédente saison de l’Illiade, M. Soul avait déjà enthousiasmé le public en faisant salle comble avec son hommage à Johnny Cash.
Rebelote cette année avec autant d’impact populaire pour remonter aux sources du rock, précisément aux années 46 à 59.
Durant près d’une heure et demie, on (re)découvre les refrains et les voix qui ont forgé l’image, la réalité, le mythe aussi d’un genre que les nouvelles modes musicales n’ont pas pu enterrer.
Et c’est tant mieux car avec le spectacle “Blue Suede Shoes”, on comprend mieux comment et pourquoi tout a commencé.
M. Soul ne se contente pas d’enchainer les tubes.
En effet, la plupart des chansons sont situées en quelques mots dans leur contexte historique, social, culturel … entre autres sur fond de racisme et d’envie/besoin d’une jeunesse en quête de rythmes et de joie de vivre.
Pas de longue présentation, pas de baratin, pas de phrases superflues dans ce spectacle : juste quelques anecdotes et repères, quelques évocations d’artistes et de groupes.
C’est simple, direct, précis. Une efficacité nord-américaine chère à cet artiste canadien originaire du Manitoba établi en Alsace depuis pas mal d’années.
ELVIS, BILL, CHUCK ET LES AUTRES
Autre atout du spectacle : M. Soul ne s’en tient pas aux titres les plus connus.
Évidemment, on retrouve (avec grand plaisir !) Elvis Presley, Chuck Berry, Bill Halley, Little Richard, Jerry Lee Lewis, Fats Domina, The Everly Brother, Little Richard et autres légendes du rock …
mais aussi – et c’est une des forces du spectacle – nombre de talents retombés dans l’anonymat après une brève et percutante apparition.
Voilà pourquoi “Blue Suede Shoes” est assurément un shows autant distrayant que pédagogique … qui mérite d’être présenté aussi bien à des scolaires que le “grand public” comme ce sera le cas en mars 2020 à Colmar.
La mise en scène du spectacle accorde une place de première importance à un interlocuteur qui intervient tout au long de la soirée avec un accent bien français …
… ce qui donne lieu à quelques mises au point linguistiques plein d’humour échangées entre M. Soul et Jupiter. En l’occurrence le juke-box dont la culture est aussi encyclopédique qu’efficace !
Un tel spectacle n’est évidemment pas l’œuvre d’un homme seul, et le chanteur originaire de Winnipeg s’est une fois de plus entouré de sacrés complices : Olivier Aslan (batterie), Emmanuel Boch (claviers), Jean-Paul Distel (guitares), et Lionel Ehrhart (basse) et Pascal Kempf (saxo).
Bref un spectacle que je vous recommande vivement.
A noter que Marcel Soulodre sera de retour à l’Illiade en février 2020 dans la petite salle pour son projet solo avec ses compositions personnelles, “Hello Out There, Le Manitoba vous répond”.
La 4ème édition du concours D’Stìmme débutera le 12 novembre 2019. Les chanteurs amateurs seront invités à participer au concours à travers une campagne de communication commune menée par France Bleu Elsass, l’OLCA, France 3 Grand Est, SR3 Saarlandwelle et SWR.
Pour participer, chaque candidat devra envoyer sa maquette à France Bleu Elsass avant le 20 janvier et la finale aura lieu le 6 juin 2020 à la Cité de la Musique et de la Danse à Strasbourg.
On en saura plus lors de la conférence de presse prévue mardi 12 novembre à 11h30 au Club de la Presse de Strasbourg.
Elle sera animée par à l’invitation de Justin Vogel, président de l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle, en présence de Matskat et Charlotte Vix, gagnante de l’édition 2019.
Mais nous n’en sommes pas encore là.
Avant d’en savoir plus sur les modalités de l’édition 2020, il me semble important de faire le point sur l’édition 2019 remportée par Charlotte Vix vendredi 31 mai 2019 aux Tanzmatten à Sélestat.
A 28 ans, la chanteuse de Kurtzenhouse a ainsi succédé à Gaël Sieffert et SergeRieger, lauréats en 2017 et 2018.
Rappelons que le 3ème concours de chanson en alsacien et platt a été lancé en 2018 par l’OLCA et France-Bleu Elsass. Cet événement a été médiatisé dans la presse régionale écrite et audiovisuelle.
Bien, et puis ? Car il faut bien se poser quelques questions de fond.
Quel reflet cet événement donne-t-il de la créativité de la chanson en Alsace ?
Et quel est vraiment son impact sur la promotion de la langue alsacienne ?
Deux interrogations parmi d’autres, sachant que deux des trois chansons arrivées en finale sont des adaptations alsaciennes de tubes internationaux.
S’y ajoute une 3ème interrogation : est-il plus facile d’écrire un texte en alsacien sur un tube plutôt que de composer paroles et musique d’une chanson originale ?
Autant de questions que je me suis posé après la finale 2019 présentée par Bénédicte Keck (OLCA) et Clément Dorffer (France Bleu Elsass).
STEVIE WONDER, SOPRANO, LIONEL RITCHIE ET ANTONIA AUS TIROL EN VERSION ALSACIENNE
Charlotte Vix y a remporté le 1er prix avec une reprise de « Isn’t she lovely » de Stevie Wonder adaptée en alsacien sous le titre « ‘s Lëwe isch scheener mit Lieb ».
Seconde place à Julien Hachemi pour « Min Herzschritt Maker », chanson inédite dont il a composé la musique sur un texte de Bénédicte Keck. Et 3ème place pour Christine Wambst qui a adapté la chanson « Cosmo » de Soprano devenue « Min Ziel ».
A cette finale chacun de ces artistes a également interprété une seconde chanson en alsacien : « All nigth long » de Lionel Ritchie est devenu « D’gànz Nacht làng » avec Charlotte Vix.
Julien Hachemi a offert une nouvelle version de «’s Elsass unser Landel » sur des paroles de Christian Hahn et des arrangements des Bredelers. Et Christine Wambst a chanté « E Owe mit eich », adaptation alsacienne de « Auf die Banke » d’Antonia aus Tirol.
Certes, des artistes tels Robert-Franck Jacobi ou Armand Geber – deux noms parmi d’autres – se sont fait connaître avec des versions alsaciennes de tubes français ou anglo-saxons. Et FrançoisBrumbt a chanté en alsacien Brassens, Moustaki, Léo Ferré ou Woody Guthrie.
Mais ils ne se sont pas contentés d’exploiter encore et encore ce « filon des adaptations » qui fait chaque année le bonheur des spectateurs des tournées d’été de la Choucrouterie. Ce fut encore le cas cet été 2019 marqué par une 33ème édition où Roger Siffer et ses amis offraient des versions alsaciennes de nombreux succès français ou anglo-saxons
Et le 31 mai, invité à chanter une chanson en qualité de lauréat 2018, Serge Rieger a offert « Baggersee », adaptation des « Champs-Elysées » de Jo Dassin. Mais rappelons que sa victoire à D’Stimme 2018 s’enracine dans « Nit um’s verrecke », titre dont il l’auteur, le compositeur et l’interprète.
UNE LANGUE SI RICHE CÉLÉBRÉE PAR TANT DE CHANSONS
La création n’aura pas été l’atout majeur de cette finale 2019. Plutôt inquiétant pour une langue alsacienne censée être célébrée via ce concours. D’autant plus que chaque année, nombre des 10 finalistes ne maitrisent pas la langue alsacienne et s’expriment donc en français dans les entretiens réalisés par France Bleu Elsass.
Cette abondance d’adaptations alsaciennes n’est pas une grande première pour D’Stimme !
En 2017, la finale remportée par Gaël Sieffert a été marquée par des chansons alsaciennes sur des airs de de Claude Nougaro, Léonard Cohen, Claude François, Creedence Clearwater Revival, etc interprétés par trois de quatre finalistes : Lucie et Valentin Zaepffel (2ème) ; Tatiana Henius (3ème) et Maxime Kuhm (4ème).
Étonnant non ? Frustrant aussi …
Car l’alsacien est une langue si riche !
Et assurément teintée de force nuances dans les chansons enregistrées par Jean Dentinger, Germain Muller, Dinah Faust, Liselotte Hamm, Jean-Marie Hummel, Daniel Muringer, Sylvie Reff, Roger Siffer, Bernard Biechel, Pierre Specker, Jean-Marie Friedrich, Bernard Guntz, François Brumbt, Dany Dollinger, Cathy Bernecker, Roland Engel, René Eglès, Jean-Pierre Albrecht, Alain Martz, Robert-Franck Jacobi, Armand Geber, Jean-Pierre Schlagg,
et ÉVIDEMMENT tant d’autres encore …
DU CÔTÉ D’ISABELLE GRUSSENMEYER ET STÉPHANE JOST
Bon me direz-vous cette énumération concerne des artistes disparus ou ayant dépassé la soixantaine !
Oui vous avez raison et j’y ajoute donc Isabelle Grussenmeyer, une des (très) rares voix de la nouvelle génération maitrisant vraiment l’alsacien.
Cette chanteuse pour petits et grands a fait ses premiers pas à 12 ans sur scène et en studio avec René Eglès. Et au fil des albums et des scènes, elle s’est affranchie de son talentueux mentor grâce à un répertoire inédit pour publics de tous âges, “de la crèche à l’EPHAD” selon son expression.
A suivre aussi de près Stéphane Jost, remarqué pour “Henner chez les Yennisch”, son spectacle solo mis en scène par Jean-Pierre Schlagg sur un texte de Roger Siffer. Bien connu dans le nord de l’Alsace, notamment dans la région de Lembach (théâtre alsacien, revue satirique, etc), c’est aussi un artiste inspiré qui aurait toute sa place au sein d’une nouvelle chanson en alsacien, langue qu’il maîtrise parfaitement …
Et ce ne sont pas les chansons inédites qui manquent.
Mais à quoi bon comment se lancer dans l’enregistrement d’un album à l’heure où les CD se vendent de moins en mois ?
Reste la perspective d’un financement participatif : encore faut-il parvenir à boucler son budget alors que cette formule suscite de plus en plus de courriels d’artistes et groupes en quête d’argent !
NICOLAS FISCHER : “CE N’EST PAS DE LA MUSIQUE ALSACIENNE”
Et pourquoi pas la dématérialisation des chansons ? Une solution dans l’air du temps …
En témoigne le triple album récemment enregistré en alsacien et allemand (Krock”) et français (“Crock”) par NicolasFischer. “Il est est diffusé sous forme de PDF avec tous les liens vers les chansons mises à disposition gratuitement suite au financement du Rectorat de Strasbourg. Pas de diffusion physique prévue dans l’immédiat” précise l’auteur-compositeur-interprète, avant d’évoquer la mise en ligne de clips sur sa chaine Youtube et les chansons disponibles via www.nicolasfischer.bandcamp.com
Son précédent album, “E nejes Lied” sorti en 2016 est toujours disponible en version physique et via son site http://nicolasfischer.net/e-nejes-lied.
“Un album sans bretzels, sans cigognes ni colombages… Ce n’est pas de la musique alsacienne” mentionne la pochette de cet enregistrement : des chansons originales créées avec l’auteur et poète Yves Rudio, connu pour ses textes mis en valeur sur un recueil de chants de Jean-Marie Friedrich et les fameuses “Alsa’Comptines” enregistrées par Isabelle Grussenmeyer, Jean-PierreAlbrecht, Daniel Muringer et Gérard Dalton.
Les 19 titres de “E nejes Lied” mixés par Jean-François Untrau confirment tout simplement que la chanson alsacienne a encore de beaux jours devant elle … du moment que l’innovation est préférée à la “version alsacienne” de tubes internationaux. Cet album résulte d’un efficace travail d’équipe auquel ont participé Matskat au violon pour la chanson “E altes Lied” et Dinah Faust dans “D’Letschde 2015 ” qui offre une nouvelle jeunesse au célèbre texte de Germain Muller.
“Cet album été réalisé grâce au soutien de l’association Liederbrunne, des Editions SALDE, de la Fondation Joseph David, du Rotary Club de Wissembourg, de l’Eurodistrict Pamina, de la commune de Sebach et de France Bleu” ajoute Nicolas Fischer à l’aise aussi bien devant le micro qu’en coulisses (direction artistique, arrangements, identité visuelle du CD, prise de son avec Denis Bildstein, etc)
Assurément le genre de chanson que tout(e) candidat(e) de S’timme 2020 devrait écouter avant de se lancer dans l’écriture d’un texte alsacien à plaquer sur un titre à succès …
Nul doute que Nicolas Fischer aurait toute sa place lors du spectacle de la finale du 6 juin 2020 à la Cité de la Musique de Strasbourg : une évidente légitimité à l’instar de celle de Christophe Voltz vivement applaudi le 26 octobre à la soirée des Holpl’Awards pour ses trois titres. Soit deux chansons en alsacien (dont une qui n’avait pas franchi le cap des trois finalistes de D’Stimme !) et une superbe reprise du “Corridor” de Germain Muller.
EN PARTENARIAT AVEC SR3 SAARLANDWELLE ET SWR EN 2020
Isabelle Grussenmeyer a été membre du jury aux Tanzmatten.
Elle qui manie avec brio sa langue maternelle s’est retrouvée à délibérer sur les trois finalistes avec plusieurs autres personnes, dont une autre passionnée de chanson en langue régionale : Suzanne Wachs du Saarländischer Rundfunk (Radio de Sarre). Laquelle avoue sa perplexité quant à la diffusion de ces adaptations alsaciennes : comment en assurer la médiatisation ?
La question vous semble bizarre ?
Non puisque les enregistrements de ces candidats retenus seront diffusés sur les ondes de France Bleu Elsass et France Bleu Alsace, SR3 Saarlandwelle et SWR durant toute la durée du vote (du 20 mars au 20 avril 2020).
L’édition 2020 sera-t-elle marquée par une « compétition » entre voix d’Alsace- Moselle et d’Allemage ? Espérons que l’imagination sera au rendez-vous avec des chansons inédites et non pas/plus des paroles alsaciennes posées sur des tubes.
D’où l’intérêt de la démarche de Julien Hachemi, ayant grandi comme Abd al Malik dans le quartier du Neuhof sans y parler l’alsacien.
Aux finales de D’Stimme 2018 et 2019, il s’est retrouvé chaque fois en 2ème place avec des textes de Christophe Voltz puis Bénédicte Keck. Et il a pris des cours d’alsacien lui permettant petit à petit de se familiariser avec la langue de sa grand-mère. Laquelle a inspiré Christophe Voltz à écrire paroles et musiques de la chanson « Mamama ».
Hélas, ce titre ne figure pas sur « Elsässich Poet », titre du EP de 4 titres en français plus « Mitnander Lewe », chanson interprétée par Hachemi en finale de D’Stimme 2018. Les puristes diront sans doute que le titre de cet album devrait plutôt être « Elsässicher Poet » mais tel est le choix de l’artiste.
MATSKAT CHANTE ALBERT MATTHIS
La finale de D’Stimme 2019 aura mis en relief trois autres talents d’Alsace aux parcours musicaux très différents : Matskat, Serge Rieger, et Robin Léon.
Le chanteur-violoniste Mathias Hecklen-Obernesser alias Matskat participe depuis longtemps à la vie artistique de sa région et pas seulement en alsacien !
Il est vrai que son expérience de coach pour les 30 finalistes de D’Stimme depuis 2017 l’a confronté à des chansons alsaciennes extrêmement différentes.
Comme indiqué dans le dossier de presse de l’édition 2020, “Matskat offre aux candidats sélectionnés, un coaching vocal personnalisé et travaille avec eux les arrangements musicaux. Il accompagne également, avec ses musiciens professionnels, les participants lors des enregistrements en studio et de la soirée concert”.
Et c’est avec bonheur que la finale du 31 mai a résonné aux entraînants accents de « Wilde Stimme » : une création de Matskat présentée au Festival Summerlied 2014 suite à un appel à la création lancé par Jacques Schleef, alors directeur du festival.
Ce soir-là – en plus de cette chanson il signe le texte et avec Jean-François Untrau la musique – Matskat a interprété deux autres titres enracinés dans l’histoire d’Alsace : un hommage au peintre et illustrateur Léo Schnug (« Crazy Léo ») avec texte de Christian Hahn et musique du tube « Crazy » de Seal. Il a aussi célébré la cathédrale de Strasbourg avec « Hitt grattle mir uff d’Schnecke nuff » : un texte d’Albert Matthis extrait de « Bissali ».
Ces deux titres sont extraits du formidable spectacle « L’Ill aux trésors/D’Wunderinsel » présenté en mars 2019 avec René Eglès et Cathy Bernecker dans le cadre de « E Friehjohr fer unseri Sproch / Un printemps pour notre langue » à la Cité de la Musique, Strasbourg. Une représentation hélas unique …
SERGE RIEGER ENTRE CHANSON ALSACIENNE ET BLUEGRASS
Cet auteur-compositeur-interprète de Surbourg aime se présenter, à juste titre, comme Lìedermàcher.
Il bénéficie d’une belle expérience dans la chanson alsacienne. En témoigne entre autres son portrait par Antoine Wicker (Nouvel Alsacien, 10 décembre 1981) qui annonce sa participation à la soirée « Ecolofolk » de Bischwiller organisée par le REM. Il s’agissait du Rassemblement écologique de Moder l’ayant invité avec Sylvie Reff et Roland Engel pour un concert retransmis par Radio Dreyeckland. En l’occurrence la station qui était alors la digne héritière de Radio Verte Fessenheim et pas encore le réseau commercial désormais connu sous ce nom.
Chez Serge Rieger, la maitrise de l’alsacien tranche radicalement avec la majorité des participants des trois éditions de D’Stimme. Une maitrise partagée avec le comédien-humoriste-chanteur Christophe Voltz, un des 10 finalistes de D’Stimme 2018 et 2019 qui ne s’est hélas jamais retrouvé parmi les 3 lauréats.
Chaque année, Serge Rieger organise le rassemblement de bluegrass à la Maison Rurale de l’Outre-Foret à Kutzenhausen : une passion musicale partagée par Aurélie Diemer alias Cadillac Lilou, finaliste de D’Stimme 2018 avec Julien Hachemi.
Connu pour ses interventions dans les écoles d’Alsace du Nord et divers festivals Summerlied, il est membre du cercle alsaco-badois d’écrivains et chanteurs.
En tant que finaliste en 2018, Serge Rieger a gagné une étoile en cristal de Baccarat, l’enregistrement d’un clip destiné aux réseaux sociaux, et un ticket pour Summerlied.
Il y a chanté le 19 août 2018 sur la grande scène avec l’orchestre des Rhinwagges, et à l’Espace Poésie Patrick Peter avec les chanteuses française Élise Fraih et allemande Cindy Blum.
ROBIN LÉON, VEDETTE DE SCHLAGERMUSIK
Aisance scénique et professionnalisme sont évidents chez Robin Léon, inconnu dans la chanson alsacienne et vedette de « Schlagermusik ».
En août 2016, en direct d’Europa-Park, il remporte à 19 ans le concours «Immer wieder Sonntags» (“Encore et toujours dimanche”) de la chaîne allemande ARD : une émission consacrée à la chanson populaire entre Schlager et Volksmusik.
Depuis plusieurs années, le chanteur de « Mein Sommertraum” (« Mon rêve d’été ») attire la foule dans les soirées aussi dansantes que chantantes d’Alsace, dont les Fêtes de la Bière de Schiltigheim.
Robin Léon est un artiste aussi décontracté que performant sur scène dont la présence dans le jury pour la sélection des 10 finalistes) et sur la scène de la finale 2019 a surpris les amateurs de chansons en alsacien et en platt.
Pourquoi avoir programmé un chanteur de Schlager et non un talent reconnu dans la chanson alsacienne ? La question m’a été posée plus d’une fois avant et après la finale 2019.
Bonne question … N’empêche que lors de la finale D’Stimme 2019 Robin Léon a repris en duo avec Matskat l’inusable “Hans im Schnokeloch » dans une convaincante version arrangée par le groupe manouche DiMauro Swing.
Cette version aux accents jazzy manouche, Matskat la reprendra d’ailleurs en guise de rappel à la salle comble du Cercle de Bischheim, vendredi 18 octobre 2019 au terme de 2h30 de concert assuré avec Francky Reinhardt, Grégory Ott, Matthieu Zirn, Jean-François Untrau, Christian Clua, Guillaume Nuss et Franck Wolf.
ENTRE ADAPTATIONS ET TITRES INÉDITS
« Il est dangereux de donner des espoirs à de jeunes artistes, et ensuite de les laisser se débrouiller » commente un artiste alsacien reconnu qui estime que « D’Stimme est un alibi pour les organisateurs ».
Sans aller jusque-là, notons que D’Stimme incite chaque année une bonne trentaine d’artistes d’Alsace à envoyer une chanson avec l’espoir d’être sélectionné parmi les 10 finalistes.
Ayant été à deux reprises membre du jury pour la sélection des 10 finalistes, j’y ai découvert une indéniable diversité des chansons écoutées intégralement. De quoi se réjouir de l’intérêt suscité par ce concours, en regrettant cependant l’absence de titres en platt mosellan.
Au vu de la finale de la 1ère édition, j’avais interpellé sur mon site www.planetefrancophone.fr les organisateurs : pourquoi ne pas envisager une catégorie création et une autre de reprise/ adaptation ?
Suggestion non retenue … vu que France Bleu Elsass ne reçoit pas suffisamment de chansons alsaciennes inédites pour envisager deux catégories bien distinctes.
J’en déduis que soit D’Stimme ne donne pas suffisamment envie de créer en alsacien ou en platt … soit l’Alsace ne compte plus suffisamment d’auteurs et compositeurs capables de créer en alsacien.
« Pour qu’une langue soit parlée, il faut qu’elle soit utile. Et pour qu’elle soit utile, il faut qu’elle soit pratiquée tous les jours. Ça sert à quoi qu’un jeune chante en alsacien si personne ne le diffuse ? » : durant ses 3 ans en Alsace, Hervé de Haro a souvent insisté sur la langue régionale.
Et en juin 2019, c’est d’ailleurs pour D’Stimme en partenariat avec l’OLCA qu’il a reçu un prix décerné par la Fondation Aquatique Show … dont la directrice Isabelle Formhals présidera le jury de D’Stimme 2020.
L’organisation de la 4ème édition sera assurée à France Bleu Elsass, par celui ou celle qui succédera à Hervé de Haro. Lequel a préféré quitter Radio France plutôt que de devoir appliquer la nouvelle stratégie nationale et régionale décidée à Paris.
Donc nul ne sait si le/la futur(e) responsable sera aussi sensible à la langue alsacienne que celui qui a lancé D’Stimme avec le soutien d’Isabelle Schoepfer Dietrich, directrice de l’OLCA. On en saura sans doute plus lors de la conférence de presse du 12 novembre située dans un nouveau contexte avec l’arrivée de nouveaux partenaires et l’internationalisation du concours
L’avenir de D’Stimme aura été une des priorités de celui qui est désormais directeur délégué du groupe Radio Caraïbes International.
Évoquant sa démission le 31 mai aux Tanzmatten, il a lancé un appel en faveur de la langue et de l’avenir de France Bleu Elsass en s’adressant directement à Brigitte Klinkert et FrédéricBierry, présidents des conseils départementaux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin présents dans la salle.
CONCERTS INTER-GÉNÉRATIONELS
L’envie des finalistes de D’Stimme de chanter en alsacien suscite en certaines circonstances des rencontres très symboliques.
Deux exemples parmi d’autres …
A commencer par Gaël Sieffert et Julien Hachemi entourant Jean-Pierre Schlagg face à la foule de la place Kleber pour chanter « E stickel Barabli » durant la tournée 2018 des Voix de la Liberté. Enregistré sur le CD des 20 ans de chansons, ce titre rend hommage à Germain Muller au Barabli sur la musique de “Quelque chose de Tennessee” de Michel Berger composé pour Johnny Hallyday.
A souligner aussi la 1ère partie assurée par Charlotte Vix, Julien Hachemi et Gaël Sieffert au Festival Clair de Nuit à Andlau début août avant les concerts de Selia et Dick Annegarn !
Les trois finalistes de D’Stimme y ont chanté en alsacien mais aussi en français, anglais et italien : ce concert vivement applaudi par la foule a bénéficié de l’accompagnement de Di Mauro Swing et de l’accordéoniste Jeannot Vix, père de la chanteuse.
EFFICACE TREMPLIN POUR CHARLOTTE VIX
« Je chante depuis toujours. Je suis en train de faite valider mes titres auprès de la SACEM et d’écrire pour un EP de 6 titres, dont deux en alsacien » confie Charlotte Vix, à l’approche de sa trentaine.
Au compteur 10 ans de conservatoire en chant, sous la houlette de Catherine Fender (technique vocale) et Catherine Bolzinger (chœur d’enfants du conservatoire) … une longue expérience avec Familly Project, groupe créé avec son père (mariage, fêtes de comités d‘entreprises, Nouvel An, Saint Valentin, restaurants, soirées privées, etc).
Employée au sein d’un foyer d’hébergement pour personne en situation de handicap, elle affirme « vivre un rêve éveillé » grâce à son 1er prix de D’Stimme 2019. Ce qui a suscité divers nouveaux contacts chez celle qui est heureuse de jouer depuis peu sur scène avec Di Mauro Swing : un groupe où joue aussi Matskat selon sa disponibilité.
Charlotte Vix participe également à « un magnifique projet : la création de « Être Ange », une troupe de comédie musicale composée de personnes en situation de handicap ».
A quand des textes d’auteurs alsaciens repris par Julien Hachemi et Gaël Sieffert ?
CHANTER WECKMANN, KATZ, VIGÉE ET LES AUTRES
Comment donner à D’Stimme un nouveau souffle ?
Car il y aurait tant à faire en faveur d’un concours enraciné dans une vraie chanson alsacienne synonyme de créativité et non pas/plus de reprise….
A commencer par mettre au centre de D’Stimme un vrai travail : écrire une chanson, maitriser la langue, développer le sens de la musique, de la ligne mélodique, des accents toniques …
Et puis créer des spectacles, des récitals construits et bien mis en scène à l’instar de « L’Ill aux trésors/D’Wunderinsel ».
Et aussi inciter Summerlied 2020 à jouer la carte d’une création régionale encore plus enracinée dans la … ou plutôt dans les langues parlées en Alsace !
Autre piste de réflexion : proposer aux candidats de mettre en musique des textes d’André Weckmann, Nathan Katz, Gaston Jung. Des noms pris au hasard ? Pas du tout, c’est la démarche de la chanteuse Isaka qui a célébré ces auteurs début août au Festival Music’In Music’Août.
A vrai dire, rien de nouveau sous le soleil !
François Brumbt chante Marie Hart, André Weckmann, Conrad Winter, Henri Mertz, etc. Nombre de chansons alsaciennes mettent en valeur des textes de Conrad Winter (Jean-Philippe Winter et le groupe D’Sonnebluem ; Isabelle Grussenmeyer), Albert et AdolpheMatthis (Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel), André Weckmann (René Eglès), Henri Mertz (Roland Engel, Isabelle Grussenmeyer) … et la liste est évidemment très loin d‘être exhaustive !
La littérature d’Alsace compte tant de textes à mettre en musique chez les classiques d’hier ou les auteurs actuels tels Jean-Christophe Meyer, Albert Strickler, Jean-Paul Klee, etc.
Le 11 septembre 2019, grâce aux Bibliothèques Idéales créées par la Librairie Kleber, Claude Vigée, Hans Arp et Tomi Ungerer étaient au coeur de la soirée « Du génie alsacien /Vum elsässische Geischt » … à l’initiative de l’association “A livre ouvert…wie ein offenes Buch” qui a porté à bout de bras ce concert-lecture aux Bibliothèques idéales à l’instar des trois années précédentes !
Entre musique, lecture et conférence, La Cité de la Musique de Strasbourg a accueilli Matskat, Bénédicte Keck, Aline Martin, Charles Fichter, Jean Lorrain, Fabrice Kieffer, Mathieu Zirn, Romain Pivard, Jean-François Untrau, la chorale Collège Baldung-Grien de Hoerdt et le Neuhof Orchestra, etc.
Les auteurs – en alsacien et en français – ne manquent pas ! Et chaque “Dichterwaj” d’Alsace est une sacrée mine pour qui cherche des textes.
On ne peut qu’encourager les artistes de la génération D’Stimme à s’aventurer sur ces sentiers des poètes qui mettent en valeur tant d’auteurs dont nombre de chanteurs et chanteuses.
DES ARTISTES EN QUÊTE DE SALLES
Certes, D’Stimme suscite des contacts et échanges entre talents de générations différentes. Mais l’avenir de la chanson alsacienne ne se limite évidemment pas aux lauréats de D’Stimme.
Le concours a fait sortir de l’anonymat plusieurs voix et elle peut donc servir de carte de visite : un constat à relativiser car D’Stimme n’a pas valeur de sésame auprès des salles de concerts d’Alsace.
Pas facile pour Gaël Sieffert, 39 ans, à trouver des dates de concerts comme lauréat de la 1ère édition de D’Stimme. Ce concours lui a permis d’enregistrer un EP de six titres en alsacien sous l’étiquette « Vostok Project » avec la parolier Christophe Voltz, son complice dans « Ich bekum a Aff », spectacle de monologues et chansons synonymes de réjouissante maitrise de l’alsacien.
Ce CD a été mis en valeur grâce au concert de la salle du Cercle de Bischheim le 26 avril 2019, soit près de deux ans après la finale. Bien, mais à part cette soirée synonyme de dédicaces pour Gaël Sieffert et Christophe Voltz, quoi de plus ?
Hélas, trois fois hélas … Aucun autre concert n’a médiatisé cet album résultant du concours lancé par France Bleu Elsass et l’OLCA. C’est dire l’impact relatif de D’Stimme sur les programmateurs en Alsace, à de rares exceptions telles la Foire Européenne de Strasbourg ou bien le Festival Clair de Lune grâce à la chanteuse-programmatrice Christel Kern.
On peut aussi citer Olivia Lams qui programme chaque année un talent d’Alsace au Cercle le de Bischheim, et évidemment Roland Engel qui organise chaque mois un concert à Hoerdt. Depuis nombre d’années, tant d’artistes d’Alsace ont été invités à chanter à l’Espace Heyler, dont Julien Hachemi en octobre 2019.
La conférence de presse du mardi 12 novembre permettra d’en savoir plus sur l’édition 2020 de ce concours ayant “pour ambition de faire découvrir au public les nouveaux talents de la chanson en alsacien et en platt” selon l’expression de l’invitation à cet événement.
Quand Marie-Anne Alizon chante, elle ne fait pas semblant.
Elle chante comme si sa vie en dépendait.
Coup de projecteur sur une voix originale qui s’exprime (trop peu) en Alsace.
Cette rage de chanter, je l’ai vivement ressentie au soir du 27 juin, au terme d’une nouvelle journée caniculaire. Alors plus que jamais bienvenue au caveau (heureusement climatisé) du Local, un bar concert du quartier de la Krutenau, rue de l’Abreuvoir à Strasbourg.
Le genre de lieu qui donne carte blanche à ces artistes indépendants qui s’affirment comme ils veulent et comme ils peuvent, loin des “grandes salles” et proche de spectateurs qu’on peut saluer, presque les yeux dans les yeux vu la proximité entre le spectateur et l’artiste.
Et ce soir-là ils seront quatre à se donner à fond entre paroles et musiques. Marie-Anne Alizon est accompagnée par trois efficaces musiciens : Mathilde Quartucci, Martin Spannagel et Foes Von Ameisedorfer.
Et c’est parti pour un concert d’un peu plus d’une heure enraciné dans une gestuelle extravertie.
Marie-Anne Alizon s’empare du micro avec détermination, le fait jongler d’une main à l’autre entre deux chansons, quand elle s’adresse au public. Quand avec du sourire dans la voix, elle donne quelques précisions – sur telle ou telle chanson qui reflète (un peu/beaucoup/passionnément) sa vie d’hier ou d’aujourd’hui entre coups de blues et coups de cœur.
Ce concert met en valeur les titres de son dernier enregistrement de quatre titres “Le joug”, “Nos corps”, “Sale temps pour les pélicans”.
Et ÉVIDEMMENT sa chanson-fétiche, cette fameuse “Reine Marteau” à laquelle elle s’identifie entre cris et murmures.
ASSURÉMENT une de ces chansons à fleur de peau qui vous secoue. C’est comme si Marie-Anne Alizon allait chercher au fond de soi des zones d’ombres qu’on a envie et besoin d’éclairer un peu. Histoire d’en atténuer un peu l’impact en la racontant.
En la voyant chanter, bouger, se démener ainsi dans le Local de Strasbourg, on sent bien qu’on ‘na pas seulement affaire à une femme qui chante.
Elle a besoin de dire haut et fort (et avec talent) ce qu’elle a sur le cœur. D’accord, et elle a aussi envie de ne pas attirer toute la couverture à elle.
Et la voilà qui passe le flambeau à Mathilde Quartucci pour qu’à son tour, la musicienne devienne chanteuse et offre une chanson de son nouvel album de 7 titres aux accents rock. Encore un album qui a pu sortir grâce au financement participatif et qui gagne à être connu…
Et puis ça continue de plus belle. Marie-Anne Alizon ne se contente pas de saluer chaleureusement deux amies artistes présentes dans l’assistance.
Elle va les inviter, à tour de rôle, à venir au micro.
Et voilà comment la soirée s’enrichit des interventions d’Anne Huber et d’Alexia Walter.
Et c’est pas fini !
Le temps de quelques chansons, son batteur droitier se lève pour céder la place à un autre batteur, gaucher celui-ci.
Et Marie-Anne Alizon le connait (très) bien, c’est son fils Geoffroy Sourp … par ailleurs découvert en pleine action dans la salle de réception de l’Hôtel de Ville de Strasbourg et entendu en même temps en direct sur France-Inter dans l’émission “Par Jupiter”. C’était le 8 décembre 2018 avec ses deux compères Victor Sbrovazzo (chant, harmonica, guitare) et le bassiste Adam Lanfrey à la basse. du trio de “heavy bues” Dirty Deep.
CHANSONS FRANÇAISES SURVITAMINÉES
Reste le souvenir d’une énergique soirée musicale et d’une complicité féminine dépassant le cadre de la chanson : un concert regorgeant de chansons survitaminées interprétées dans une langue française synonyme de frissons, d’émotion.
De nostalgie aussi quand l’auteure-compositrice-interprète s’embarque avec douceur et conviction dans la vie de “Garance”, dans l’évocation du Quai des Brumes, dans le souvenir de son inoubliable “atmosphère” immortalisée par Arletty.
ARTISTE DE TERRAIN DÉTERMINÉE ET INDÉPENDANTE
Les mots, elle connait bien …
Il est vrai que Marie-Anne Alizon n’est pas seulement une artiste au répertoire évoluant entre chanson française, pop, jazz et évidemment rock. Elle est aussi également comédienne, poète et romancière.
Et on aimerait bien que cet EP de quatre titres annonce la préparation d’un “vrai” album.
Oui, je sais bien, pas évident question finances surtout quand on est une “artiste de terrain” comme elle aime à se définir. Elle en a d’ailleurs parlé en quelques mots et en toute décontraction au Local : cette existence de “chanteuse indépendante” – loin des majors et d’une médiatisation d’envergure nationale – c’est … comme dire ? Sans doute une leçon de vie et de remise en question permanente.
Pas question de se couler dans un moule, de chanter des textes qui ne font pas vibrer. En témoigne sa rencontre, sa conversation avec Maurane décédée à 48 ans. Et dont elle reprend “Tout pour un seul homme” comme si ce titre avait toujours fait partie de son répertoire.
Marie-Anne Alizon chantera dimanche 7 juillet à 18 heures à Paris.
Expositions, émission de France Bleu Alsace en direct, projection de reportages au Cinéma Star, performances dansées, création de “street art”, rencontre à la Librairie Kléber avec le parolier Jean Fauque et Chloé Mons, veuve du chanteur, visite guidée (im)pertinente avec Mademoiselle Maria K, …
Retour en images sur cette formidable immersion qui a attiré la foule samedi 22 et dimanche 23 juin dans la rue du Jeu des Enfants baptisée “Rue Alain Bashung” … hélas seulement durant deux jours !
BIENVENUE DANS LA (TROP) ÉPHÉMÈRE RUE ALAIN BASHUNG !
Inaugurée par Alain Fontanel, 1er adjoint de la Ville de Strasbourg, la rue Alain Bashung est redevenue la rue du Jeu des Enfants à la fin de l’événement.
Serait-ce le premier pas vers une VRAIE rue consacrée à cet artiste ?
Et si la Ville de Strasbourg prenait exemple sur Mulhouse qui dispose, elle, d’une rue Alain Bashung ?
Elle y a été inaugurée le 3 décembre 2017 en présence du Mulhousien Arnaud Dieterlen (batteur de Bashung, Jacques Higelin, Miossec, CharlElie Couture, Françoise Hardy, etc.) et de trois autres personnes également présentes à l’inauguration de l’éphémère rue Bashung à Strasbourg : le Sélestadien Pascal Jacquemin (écriture de l’album “Figure imposée”), le parolier Jean Fauque et la veuve du chanteur, Chloé Mons.
ALAIN BASHUNG CÉLÉBRÉ EN PAROLES ET MUSIQUES ET DANSE
LE CONCERT DE SAINTE-MARIE AUX MINES AU CINÉMA STAR
Immersion radiophonique avec diffusion de nombreux entretiens du chanteur, exposition de portraits et de partitions manuscrites, projection de reportages et d’extraits de films dans lesquels a tourné le chanteur, diffusion du concert de Sainte-Marie-aux-Mines en 2006 …
Pas de doute, le cinéma Star aura été un des efficaces repères de “Bashung comme un écho” en lui consacrant trois salles durant plusieurs heures dimanche 23 juin.
EN DIRECT SUR FRANCE BLEU ALSACE
L’émission délocalisée de France Bleu Alsace était animée par Maxime Veyrier.
Au micro divers invités dont Stéphane Deschamps, pour son livre “Alain Bashung, sa belle entreprise” , le parolier Pascal Jacquemin, Stéphane Libs (gérant des cinémas Stars), Mélina Napoli, déléguée régionale de l’INA…
VIDÉO : Pascal Jacquemin raconteICI rencontre avec Alain Bashung
VISITE GUIDÉE (IM)PERTINENTE AVEC MADEMOISELLE MARIA K
Décontractée et sûre d’elle, Mademoiselle Maria K, clown et “tragédienne de rue” (Compagnie Les Oreilles et la Queue) a animé plusieurs visites en commentant avec force détails les panneaux de l’INA.
De quoi plonger dans le destin et le répertoire du chanteur en prenant le public à témoin, en l’apostrophant, en suscitant sa réaction, par exemple pour déposer des objets symboliques à extraire d’un sac qu’elle présentait au public.
Parmi les participants de la première visite, Vincent Kayser, passionné du répertoire de l’artiste. Voici des années qu’il découvre nombre de références, de clins d’oeil, d’allusions à l’Alsace dans les chansons de Bashung, bien au-delà de l’incontournable “Elsass Blues” …
EXPOSITIONS DE MICHELLE RUFFENACH ET DU CENTRE JACQUES BREL D’OUTREAU
Succès populaire : l’expression qui définit le mieux l’affluence aussi bien samedi que dimanche rue Hannong, où étaient présentées deux expositions :
celle des si expressives peintures de José Correa présentées en septembre 2017 par Michelle Ruffenach dans sa librairie-galerie Art&l’être du boulevard de la Victoire hélas fermée …
et celle du Centre Jacques Brel montrée en mars 2019 durant 10 jours à Outreau pour le 10ème anniversaire de son décès. Ces 10 tableaux enracinés dans la vie et dans l’œuvre de Bashung ont été apportés à Strasbourg par Christophe Ringot et Bernard Bocquet, à l’origine de cette expo.
ARCHIVES SONORES ET IMAGES A VOLONTÉ AVEC L’INA
Autre repère de l’opération “Bahung comme un écho” : les enregistrements sonores que le public a pu découvrir en toute quiétude, tranquillement assis dans des transats de l’Institut National de l’Audiovisuel !
Plus d’une personne a attentivement fixé les photos du chanteur collées sur les écrans des vieux téléviseurs, en pensant que l’image y était restée bloquée !
Plusieurs magnétoscopes proposaient non loin de là, dans la rue Alain Bashung, des reportages qu’on pouvait, là aussi, savourer sur des transats …
LIBRAIRIE KLÉBER : SALLE COMBLE POUR CHLOÉ MONS ET “MONSIEUR JEANNOT”
Plus une place assise dans la longue Salle Blanche de la Librairie Kléber. Et nombre d’auditeurs sont restés debout …
Une heure 45 minutes à bâtons rompus animée par l’auteur de “Bashung, sa petite entreprise” entre anecdotes et confidences évoquées par la veuve du chanteur et son parolier et ami de (très)longue date qu’il appelait Jeannot, comme le raconte Jean Fauque. Lequel sera, lors des questions de l’assistance, interpellé par une personne qui lui donnera du “Monsieur Jeannot” !
QUAND BASHUNG INSPIRE L’ART DE LA RUE …
AVEC LES ARCHIVES DE LA SACEM
Plusieurs panneaux de la SACEM ont présenté des partitions et autres documents sur les chansons d’Alain Bashung dans la rue du Jeu des Enfants et aussi dans les couloirs du Cinéma Star.
“BASHUNG COMME UN ÉCHO” EN COMPAGNIE DE CHLOÉ MONS
Chloé Mons a été pendant douze ans la compagne d’Alain Bashung.
En 2012, elle publie un court texte, “Let Go”, qu’elle définit comme un journal de deuil. Dans ce livre débordant d’amour, elle dévoile avec beaucoup de réserve et d’élégance les derniers jours du chanteur, décédé le 14 mars 2009.
C’est une version augmentée de ce récit, accompagnée de photographies, qui a été republiée en mars 2019 à l’occasion des dix ans de la mort du chanteur.
LE TEMPS DES ÉCHANGES AVEC JEAN FAUQUE
Parolier, écrivain, chanteur … il est évidemment impossible de résumer Jean Fauque en quelques mots !
Et on pense aussitôt à certaines chansons d’Alain Bashung dont “Osez Joséphine”, “Ma petite entreprise” ou “La nuit je mens” pour ne citer que les plus connues … ou encore l’album “Fantaisie militaire” …
Peut-être le reverra-t-on cet automne à Strasbourg à l’occasion des Bibliothèques Idéales …
DANS LES “DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE
Trois des articles publiés dans les DNA. Dommage que l’unique compte-rendu paru dimanche ne mette pas en valeur davantage de facettes de l’opération “Bashung comme un écho”.
Et on reste assurément sur sa faim en lisant : “De grands panneaux explicatifs et des peintures du bonhomme attirent quelques curieux”…
La finale de la 3ème édition du concours D’Stimme aura lieu vendredi 31 mai à 20h30 aux Tanzmatten à Sélestat.
Cet événement résulte d’un efficace partenariat entre L’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA) et France-Bleu Elsass dont le directeur, Hervé de Haro, quitte ses fonctions fin mai.
La troisième édition du concours d’Stìmme, lancé en novembre dernier, a pour objectif une nouvelle fois de faire découvrir les nouveaux talents de la chanson en alsacien et en platt.
Dix chanteurs amateurs ont ainsi pu enregistrer une chanson qui a été diffusée sur France Bleu Alsace et France Bleu Elsass, et soumise aux votes des auditeurs.
Cette liste de dix artistes a été établie par un jury composé d’artistes et de professionnels de la scène et des médias alsaciens : Matskat, auteur-compositeur-interprète et président du concours; Isabelle Schoepfer (directrice de l’OLCA), Sylvie Bagnuls (représentante d’Orange), Hervé De Haro (directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass); LaurentGenvo (chargé de la communication de France Bleu); Albert Weber (journaliste); le chanteur Robin Leon; Clément Dorffer, animateur de France Bleu Elsass, Agnès Lohr, directrice du Festival Summerlied, Cathy Bernecker, comédienne.
JULIEN HACHEMI, CHARLOTTE VIX ET CHRISTINE WAMBST
La réunion de ce jury a fait l’objet d’un reportage de la journaliste Régine Wilhelm du jury pour l’émission RUND UM.
32 chansons en alsacien (et aucune en platt) ont été écoutées par les jurés, et l’âge des candidats y variait entre 11 et 93 ans.
De quoi donner matière à des chansons en alsacien présentées dans des registres très différents …
Pour cette finale, trois artistes seront donc en lice : Julien Hachemi, Charlotte Vix et Christine Wambst (photos en début d’article). Ils seront accompagnés par Matskat et ses musiciens : Christian Clua, Grégory Ott, Jean-François Untrau et Matthieu Zirn – ainsi que Robin Léon et Serge Rieger, le gagnant de la deuxième édition du concours.
Le public et le jury s’accorderont ce soir-là aux Tanzmatten pour désigner le vainqueur de l’édition 2019, qui se verra offrir son album ou un clip vidéo.
FRANCE BLEU ELSASS – OLCA : UN PARTENARIAT FONDAMENTAL
Cette finale se déroulera dans un contexte qui mérite d’être souligné.
En effet, comme annoncé le 4 mai dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, Hervé de Haro quittera la société Radio France fin mai. Et donc y cessera ses fonctions de directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass, station diffusée via internet.
Ce départ est-il de nature à remettre en cause l’existence du concours de chanson alsacienne ?
L’arrivée d’un nouveau directeur ou d’une nouvelle directrice sera-t-elle synonyme de poursuite du partenariat entre l’OLCA et France Bleu ?
Autant de questions qui méritent d’être posées sans tarder même si les réponses n’en sont pas encore connues…
La complicité tissée entre la directrice de l’OLCA,Isabelle Dietrich Schoepfer, et le directeur de la radio, Hervé de Haro, aura ÉVIDEMMENT été essentielle dans la conception et la mise en route du concours D’Stimme.
Il est vrai que depuis son arrivée à la tête de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass en septembre 2016, Hervé de Haro a lancé une série d’initiatives destinées à rendre plus visible … ou plutôt plus audible, la langue alsacienne sur ces ondes et cela ne s’est pas limité à la chanson en alsacien.
J’espère évidemment que la finale du 31 mai aux Tanzmatten de Sélestat ne soit pas synonyme de fin de parcours pour ce concours.
La “sensibilité envers les réalités alsaciennes” de celle ou celui qui va succéder à Hervé de Haro sera un facteur ESSENTIEL dans la poursuite – voire la modification – de ce concours mettant en valeur la chanson alsacienne. Et aussi celle en platt même si les candidatures ont été très rares dans ce domaine là …
En attendant d’y voir plus clair, ne boudons pas le plaisir de retrouver tous ces talents réunis pour la 3ème édition de ce concours remporté en 2017 par Gaël Sieffert et en 2018 par Serge Rieger.
ALBERT WEBER
Vendredi 31 mai à 20h30 aux Tanzmatten à Sélestat, quai de l’Ill.
Entrée gratuite sur réservation obligatoire sur la billetterie en ligne ICI
Il est toujours réducteur, voire déplacé, d’apposer une indécollable étiquette sur un artiste qui a eu la chance de toucher un très large public avec une poignée de chansons.
Comme si le temps et surtout la mémoire collective étaient définitivement et irrémédiablement figés dans un passé que l’on a évidemment tendance à embellir.
“SOUVENIRS, ATTENTION DANGER”
Ce sont sans doute les premières réflexions venues à l’esprit dimanche 28 avril dans la belle salle de l’EcRhin à Gambsheim, cité alsacienne mitoyenne du Rhin.
Une demi-douzaine de titres surgit spontanément en pensant à Nicolas Peyrac et ces souvenirs sont indéniablement liées à deux repères : un concert en première partie de Serge Lama, en 1976 au Palais des Congrès et de la Musique à Strasbourg, durant mes années d’étudiant au Centre universitaire de journalisme, et puis une formidable émission de radio animée par Bernard Vitry durant une heure en direct, dans un studio de la Place du Barachois à Saint-Denis de la Réunion en 1981.
Et c’est là que réside évidemment le danger : celui de vouloir s’en tenir, voire se réfugier dans le plaisir que l’on éprouvera en retrouvant les premiers succès de Peyrac.
“Souvenirs attention danger” chantait Serge Lama … D’où l’importance de ne surtout pas se complaire dans un registre passéiste du genre “ah la chanson française c’était mieux avant, et les chansons c’était autre chose que ce qu’on entend ou qu’on écoute la radio … “
Le double concert de Gambsheim entre jeune artiste et talent confirmé offre une percutante réponse aux grincheux bloqués sur leurs tubes d’antan. Et cela d’autant plus que Nicolas Peyrac s’affirme aujourd’hui comme un auteur-compositeur-interprète plus que jamais passionné par l’écriture, comme il l’a si bien évoqué – avec conviction, voire émotion – en paroles et en musiques.
Ah… je me disais bien que Nicolas Peyrac n’est pas homme à se complaire dans le passé. A s’accrocher sans cesser à ces paroles et ces musiques qui ont séduit la France, et la vaste francophonie qu’il connait d’autant mieux pour avoir vécu une quinzaine d’années à Montréal, jusqu’en 1986, avant de s’établir en Bretagne.
Le rendez-vous proposé par Fréquence Verte était clair, et pas de doute sur “a règle du jeu”.
Ici pas de concert rétro à l’instar des fameuses tournées remplissant les Zéniths avec un bataillon d’artistes passés à la postérité pour un seul tube qu’ils chanteront jusqu’à leur dernier souffle.
A l’EcRhin, pas de “cirque Barnum” avec Peyrac !
Et j’emploie cette expression à dessein car il s’agit précisément des termes utilisés par l’extraverti dCookie Dingler – créateur de “Femme Libérée” – lors de ses deux récentes soirées “Carte Blanche” offertes avec une dizaine de musiciens et dans des registres fort variés au PréO d’Oberhausbergen.
“ACOUSTIQUES IMPROVISÉES” EN TOUTE DÉCONTRACTION
“Les Acoustiques Improvisées de Nicolas Peyrac” : c’est donc le concept dans leque est très à l’aise cet attachant auteur-compositeur-interprète qui a conquis près de 200 personnes enthousiastes, un dimanche en fin d’après-midi.
Assurément un sacré pari lancé par Pascal Frank, directeur des programmes d’une radio spécialisée dans la chanson d’expression française, qu’elle provienne de l’Hexagone, du Québec ou d’ailleurs.
Une guitare, une voix, et une chaise pour offrir un concert de près d’une heure et demie marqué par de nombreuses, très nombreuses et si belles surprises … je veux dire des chansons inconnues du grand public.
Pourquoi pareille ignorance ? Tout simplement car les nouvelles chansons de Peyrac sont oubliées, ignorées, rejetées par les désormais incontournables et dictatoriales play-lists de ceux qui font la pluie et le beau temps des radios commerciales et hélas également trop souvent de celles du service public.
“Suffit que tu oses” : c’est le titre du dernier album de Nicolas Peyrac qui n’a pas pu en assurer l’indispensable promotion, à cause de problèmes de santé qui l’ont obligé à fréquenter les blouses blanches et non pas les studios radios et les plateaux de télé.
C’était l’an dernier, et rien ne dit que ces chansons ne bénéficieront pas d’une seconde vie, d’une seconde chance dans le cadre d’un nouvel enregistrement, d’une nouvelle sortie.
C’est du moins une des perspectives évoquées par le chanteur durant ce concert guitare-voix entre refrains chantés et anecdotes partagées avec lucidité et bon sens. Et un regard teinté de recul face à son parcours artistique entre périodes de sur-médiatisation et années de silence.
BIENVENUE CHEZ GUY BÉART ET HENRI SALVADOR
L’irrrésistible besoin de refuser les étiquettes, Nicolas Peyrac en a aussi parlé en évoquant la réductrice image publique de Guy Béart et Henri Salvador dont il a repris à chaque fois une chanson.
Qu’il est frustrant pour un artiste – et aussi pour un public en quête de nouveaux refrains – de toujours s’en tenir à un ou deux tubes alors qu’un parcours est si souvent synonyme de création. En témoigne aussi le destin de Donovan, un artiste majeur pour Peyrac qui a parlé de son influence sur son inspiration ….
Ce (si compréhensible) refus de se laisser enfermer dans une seule chanson à succès me rappelle le concert de Michel Rivard à Capbreton, lors des inoubliables Déferlantes Francophones créées par Maurice et Françoise Segall. Le chanteur québécois est en effet connu en France pour “La complainte du phoque en Alaska” rendue célèbre par le groupe Beau Dommage dont il fut une des figures marquantes.
“Bon, je sais que vous l’attendez ! Alors je vais vous la chantez sans tarder, et puis ce sera fait. Et vous serez plus attentif aux autres chansons” avait lancé Rivard au public avant d’interpréter le fameux tube…
BESOIN ET ENVIE D’ÉCRIRE
Le besoin et l’envie d’écrire aura été le fil rouge de ces Acoustiques offertes par Peyrac au gré de nombre de concerts, ici et là à travers la France comme ce fut le cas en Lorraine à Boulange, lieu du concert précédant celui de Gambsheim.
Aujourd’hui, à quelques mois de ses 70 ans, Nicolas Peyrac cultive une évidente sagesse. Un art de vivre, de continuer à composer et à chanter pour les autres avec un unique souci : rendre heureux celles et ceux qui prennent le temps de le rencontrer et surtout de le (re)découvrir.
Car il s’agit bien de redécouverte quand on savoure chacune des chansons d’hier et d’aujourd’hui durant ces “acoustiques improvisées” semées d’anecdotes, de commentaires, de vérités lancées en toute décontraction. Parce que ça fait du bien d’écouter s’exprimer en toute liberté un artiste sur son parcours d’homme autant que sur sa trajectoire artistique.
UN SENS DE LA FORMULE QUI FAIT MOUCHE
Certes, comme il le raconte à Gambsheim, il ne boude pas son plaisir quand, durant son hospitalisation, Nolwen Leroy remet à la une de l’actualité artistique une de ses chansons les plus marquantes. Celle qui l’a fait sortir de l’anonymat en 1974 : : “So Far Away From L.A”.
A retrouver ICI dans une version en direct offerte dans l’émission Le Grand Studio de RTL et filmée en studio.
Ce concert, c’est tout simplement celui d’un ami que l’on retrouve en toute simplicité. Sans baratin, avec un timbre de voix que l’on reconnait d’emblée.
Reste un regret que je n’ai pas eu la présence d’esprit de partager à Nicolas Peyrac durant notre bref échange : celui de ne pas avoir mis à son répertoire la chanson sur Marylin Monroe, assurément un de mes titres préférés. Et aussi “Je pars” … que je pensais retrouver en fin de concert à Gambsheim…
Certes les années ont passé, mais l’artiste est demeuré égal à lui-même. Ni très extraverti ni très expressif, toujours un peu sur sa réserve. Avec un sens du détail, de la formule qui fait mouche. Un comportement sans doute motivé par l’envie de retenir l’attention des spectateurs bien plus par le verbe que la gestuelle.
SURTOUT NE PAS LAISSER S’ENVOLER LA MÉLODIE DE “ET MON PÈRE”
Ici et là, comme pour “Le vin me soule”, Peyrac met le public à contribution. Histoire de ne pas se contenter de chanter mais aussi de susciter une certaine interaction.
En replaçant ses chansons – autant celles d’hier que ses plus récentes – dans le contexte de leur création, il offre un éclairage des plus instructifs à ceux qui ont envie d’en savoir plus sur la naissance de tel ou tel titre.
Et l’on imagine très facilement l’étudiant en médecine marchant d’un pas alerte dans la rue, avec en tête une mélodie qu’il ne fallait surtout pas laisser s’échapper. Donc surtout ne parler à personne et n’être interrompu par personne et rentrer précipitamment chez lui pour composer la musique de “Et mon père”, le 2ème tube sorti en 1975.
RESTER DIGNE TOUT EN ÉTANT POPULAIRE
La dernière chanson du concert offre un superbe résumé de la carrière de Nicolas Peyrac, avec quantité d’allusions à ses chansons, à sa vie.
Si vous n’avez pas eu la chance de vous trouver à l’EcRhin, prenez donc le temps de retrouver l’artiste entre chansons et confidences sur France 3 Bretagne.
C’était en décembre 2017, juste avant le lancement du nouvel album qui sera si compromis pour raisons de santé : une émission comme je les aime, quand on prend le temps de respecter son interlocuteur en lui donnant l’occasion de s’exprimer sur divers sujets liés ou non à ses chansons.
Près d’une heure entrecoupée de plusieurs séquences sur lesquelles il intervient, et toujours un repère qui aura toujours guidé son parcours depuis ses premiers pas de la célébrité : “Rester digne tout en étant populaire”.
DEBORAH ELINA – JONATHAN GOYVAERTZ : LA TALENTUEUSE COMPLICITÉ
Impossible de parler de ce concert sans évoquer la première partie assurée avec brio par Deborah Elina.
En une demi-douzaine de titres, elle aura su retenir l’attention d’un public qui ne connaissait rien d’elle. Des spectateurs attentifs qui n’ont pas ménagé leurs applaudissements.
Autant de chansons à fleur de peau, sans esbroufe, teintées d’amour. Un répertoire qui en dit long sur une vie sans doute bien moins lisse que ne le laisse supposer son sourire … Des refrains pour (se) raconter via une poésie du quotidien et des sentiments qui font chaud au cœur et/ou qui obligent à se remettre en question.
Deborah Elina a séduit le public sans en rajouter, sans se forcer à plaire. Juste une talentueuse simplicité mise en relief avec sensibilité par celui qu’elle appellera après ce concert “mon fidèle pianiste très applaudi ” : Jonathan Goyvaertz.
Le nom de cet efficace musicien aura été hélas noyé par les applaudissements saluant la chanteuse qui gagnerait sans doute à s’affirmer un peu plus sur scène. Pas grave, car cette auteure-compositrice-interprète a tout d’une grande : l’inspiration, le timbre de voix, et surtout l’inspiration pleine de nuances qui irrigue son répertoire.
Encore faut-il que les médias la suivent dans son évolution et ne la résument pas à sa collaboration avec Marc Lavoine … ou au clip “Les Bruits du coeur” inspiré du milieu médical et dans lequel apparait le médecin-animateur télé Michel Cymes.
“UN ALBUM PROFOND ET SÉDUISANT”
A Gambsheim, son tour de chant aura mis en relief les titres du CD “Les bruits du cœur”. Un premier album qui a incité Claude Fèvre au commentaire suivant sur son site “Chanter c’est lancer des balles”:
“Sans aucun doute Deborah Elina signe là un album profond, séduisant musicalement surtout si l’on songe à la plus jeune génération. Encore faudrait-il qu’il puisse l’atteindre ! Pour l’heure nous disons notre enthousiasme et notre impatience à découvrir ces chansons là en scène”.
“DEUX ARTISTES EN ADÉQUATION AVEC LA PROGRAMMATION DE FRÉQUENCE VERTE”
En somme mission accomplie pour cette grande première signée Pascal Frank, le directeur des programmes de Fréquence Verte : ” En proposant deux artistes sur scène avec Fréquence Verte, j’ai voulu être en adéquation avec notre programme radio. Créer la surprise avec des facettes parfois cachées d’un artiste reconnu Nicolas Peyrac Officiel, et proposer la découverte d’une jeune artiste pleine de talent Deborah Elina Perso .
Je suis ravi que dans l’article des Dernières Nouvelles d’Alsace tous deux soient mis en avant, que cette osmose ait été ressentie par P.K l’auteur de ce papier. Chacun dans ce spectacle a eu sa place, rien ne me pouvait me faire plus plaisir”.
Le prochain concert organisé par Pascal Frank sous l’éghide de Fréquence Verte est prévu le 19 octobre, tiujours à l’EcRhin de Gambsheim. Au programme la québécoise Diane Tell et … et une première partie assurée par un(e) artiste émergeant qui gagne assurément à être (re)connu.
TOUJOURS LE BESOIN D’ÊTRE ET NON DE PARAITRE
“Ah oui, j’avais vu cet article récemment paru sur Facebook” m’a-t-il lancé lors de notre bref échange, après le concert.
Cet article avait paru en février 1981 dans le supplément TV-Loisirs que j’avais alors créé au Quotidien de la Réunion. Et déjà à l’époque, au micro de Bernard Vitry et Claude Gruson, Nicolas Peyrac insistait sur cette pratique du matraquage d’une seule chanson au détriment des autres.
Un constat encore plus fracassant aujourd’hui … vu les nouvelles méthodes de médiatisation, l’importance des réseaux dit sociaux et l’incessante rotation d’une actualité qui se renouvelle sans cesse jour et nuit, notamment via les chaines d’infos permanentes.
Au fil des décennies, Nicolas Peyrac a vécu plusieurs vies entre plusieurs pays, plusieurs cultures. Reste une évidence : une authenticité nourrie du besoin d’être et non de paraître qui l’incite aujourd’hui plus que jamais à continuer à créer et à chanter alors que le système médiatique a totalement changé depuis les années 70.
Déterminée, convaincante, extravertie : Christel Kern est un personnage à part dans le milieu artistique d’Alsace.
Et à vrai dire il serait réducteur de résumer ses nombreuses initiatives à sa région d’adoption. En témoigne “Together, tous avec moi“, la nouvelle aventure dans laquelle elle s’est lancée : une émission diffusée sur M6 à partir du 30 avril 2019.
Cette nouvelle étape de sa vie d’artiste, elle s’y engage avec deux autres créateurs connus en Alsace, voire bien au-delà.
De quoi s’agit-il au juste ?
“C’est avec grand plaisir que Morgan Spengler alias Champagne Mademoiselle,Luc Arbogast et moi même avons le plaisir de vous annoncer notre participation au nouveau programme musical produit par EndemolShine et diffusé en prime time sur M6 pour 6 émissions à partir du 30 avril 2019″.
AVEC MORGAN SPENGLER ET LUC ARBOGAST
Et l’auteure-compositrice-interprète de préciser :
“La production nous a sélectionnés pour devenir membre actif de ce jury éclectique: auteurs, compositeurs, chanteurs, comédiens, travestis, cabarettistes, coach vocaux, you-tubeurs, Djs, nombreuses célébrités, forment un jury hors normes, une première sur une chaîne française !
Nous sommes fiers de faire partie de ce programme et sommes heureux de vous communiquer notre enthousiasme, ressenti et avis au sujet de ce programme tout à fait sensationnel”.
Au-delà de ce communiqué de presse, quelques précisions s’imposent : il s’agit d’un concours de chant télévisé rassemblant 100 professionnels de la musique en France intitulé “Together, tous avec moi“.
L’émission est enregistrée sous le parrainage du chanteur québécois Garou et présentée par le célèbre humoriste Eric Antoine.
Le gagnant de cette compétition haute en couleurs repartira avec 50 000 € pour développer son projet musical.
La participation de Christel Kern à cette émission d’envergure nationale va-t-elle lui offrir plus de visibilité ?
Comment va-t-elle se démarquer des autres artistes retenus pour ce fameux “Mur des 100″ ?
Drôles de questions ?
Pas vraiment à l’heure où les qualités artistiques d’un chanteur ou d’une chanteuse ne suffisent plus pour s’échapper de l’anonymat.
C’est le défi à relever en permanence pour cette créatrice dont le nouvel album, “A fleur d’âme” a été enregistré dans trois des plus grands studios d’Europe, entre Paris, Bruxelles et Londres.
“A FLEUR D’ÂME”, UN SUPERBE ALBUM DE 13 TITRES
Fin septembre 2017, je vous parlais ici, sur mon site d’informations, de ce que je qualifiais de “convaincante métamorphose” après avoir savouré un concert d’un peu plus d’une heure, sans temps mort, une quinzaine de titres.
Cette évidente métamorphose, elle résultait d’une belle collaboration entre la chanteuse et l’auteur/metteur en scène Lionel Courtot.
D’accord, il y a eu la satisfaction de découvrir Christel Kern sous un angle nouveau sur scène, le 29 septembre 2017 .
Et puis ?
Et puis il y a eu le superbe album de 13 titres dans lequel l’artiste s’est livrée au-delà de son personnage public. Avec ses doutes, ses envies, ses souvenirs … Au-delà de sa couleur fétiche qu’est le rose.
Et Christel Kern a continuer sa vie d’artiste qui ne se résume pas, loin de là, à se produire sur scène. Mais c’est pourtant dans ce registre qu’elle est, à mon sens, le plus en accord avec elle-même.
Car sa passion, c’est évidemment de chanter. Encore et encore. Et si possible entourée d’une poignée de musiciens qui s’affirment parmi les pointures d’Alsace.
Voilà pourquoi – avec le recul nécessaire à prendre face à l’indispensable métamorphose de 2017 – il me semble important de vous parler ici d’une autre soirée marquante durant laquelle s’est affirmée avec encore pus d’impact le talent de cette artiste.
SOUS LA DIRECTION MUSICALE DE GRÉGORY OTT
Oui, revenons au concert offert vendredi 15 mars dans la superbe salle de l’Espace Dollfus Et Noack couramment appelé ED&N ou EDEN à Sausheim. J’y étais et ce que j’ai vu ce soir-là a aussitôt suscité la réflexion suivante : un tel spectacle aurait du … ou plutôt devrait être présenté dans d’autres villes en Alsace, voire ailleurs.
Il faut dire que ce soir là Christel Kern avait mis le paquet pour ce concert bénéficiant de prestigieux complices pour la direction vocale (Richard Cros), la mise en en scène (Thibaud Valérian), la direction musicale et les arrangements (Grégory Ott), la création lumières et la scénographie (LoïcMarafini) sans oublier celui qu’elle qualifie avec justesse de “magicien du son” : Antony Bedez.
Ce concert a mis en évidence une chanteuse très à l’aise sur scène, et évoluant dans des registres très variés : une large palette entre refrain à fleur de peau et chansons entrainantes … textes enracinés dans un évident vécu et mélodies pour taper dans les mains et reprendre en choeur …
Les photos d’Alexander Sorokopud et les vidéos réalisées par Pierre Bacher et Mickaël Lefèvre confirment ce qui s’est produit ce soir-là durant cet événement co-produit avec L’EDEN avec le soutien de l’équipe de Côté artistiK. : assurément un moment magique.
INNOVER ET SE REMETTRE EN QUESTION
Plaisir de chanter, de faire plaisir au public enthousiaste, de susciter des émotions (ah “La main de lamère” …) de mettre de l’ambiance avec “Mon disque d’or” … dans une salle exprimant son bonheur … cela et d’autant plus que la chanteuse était entourée d’une poignée de musiciens aussi décontractés que talentueux : son complice de scène Jérôme Wolf (basse et contrebasse); Sylvain Troesch aux guitares; le batteur JérômeSpieldenner et aussi le pianiste Thibaud Lecluse, nouvelle recrue issue du conservatoire, repérée par Christel Kern.
Et comme si cette brochette de talents ne suffisait pas, le concert a également été marqué par l’intervention de plusieurs invités : Grégory Ott (“mon frère de cœur“); le fabuleux guitariste Francky Reinhardt ; le saxophoniste Maxime Luck : (“pas assez sollicité à mon goût, un jeune qui a de l’avenir etune crème humainement“) ainsi que Lionel Galonnier (“dernier arrivé dans l’équipe magnifique percussionniste”).
Ce soir-là, Christel Kern a donné libre cours à tant de nuances de son inspiration d’auteur-compositrice-interprète en reprenant les chansons de son dernier album.
Mais ce n’est pas tout, car elle s’est aussi glissé dans la peau d’autres artistes en offrant au public trois reprises à vous donner le frisson : “Le prélude de Bach” cher à Maurane, la chanson “Ça ne tient pas debout” dont le vrai titre est “Christine” – une création de Christine and the Queens et “Une histoire d’amour” célébrée par nombre de voix féminines dont Dalida et Luz Casal.
C’est évident, le concert de Sausheim est loin.
Bien loin et cette soirée s’inscrit sans aucun doute parmi les temps forts du parcours artistique de Christel Kern.
Et c’est vrai que je la préfère dans ce registre de chanteuse plutôt que dans celle de jurée dans une émission de M6.
Mais bon, le propre d’un artiste c’est d’innover, se remettre en question, avancer dans la vie, s’aventurer dans de nouvelles directions mais sans se renier, sans abandonner ce qui forge son authentique personnalité.
TEXTE ALBERT WEBER
PHOTOS LOU BRETON / M6 ET ALEXANDER SOROKOPUD (concert ED&N)
Ca y est, les dix talents retenus pour l’édition 2019 du concours de chansons en alsacien ont été révélés.
Coup de projecteur sur la 3ème édition mise sur pied comme les années précédentes par l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle et France Bleu Elsass.
L’annonce officielle des dix finalistes a eu lieu vendredi 1er février à 9h45 au micro de France Bleu Elsass par Félicien Muffler:
Cynthia COLOMBO
Frédérique GROER
Julien HACHEMI
Edouard HEILBRONN
Anne HERRSCHER
Lydie MITTELHAUSER
Jean-Luc ULRICH
Charlotte VIX
Christophe VOLTZ
Christine WAMBST
32 CHANSONS EN ALSACIEN ET PLATT
Le jury composé d’artistes et de professionnels de la scène et des médias alsaciens : Matskat, auteur-compositeur-interprète et président du concours; Isabelle Schoepfer (directrice de l’OLCA), Sylvie Bagnuls (représentante d’Orange), Hervé De Haro (directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass); LaurentGenvo (chargé de la communication de France Bleu); Albert Weber (journaliste); le chanteur Robin Leon; Clément Dorffer, animateur de France Bleu Elsass, Agnès Lohr, directrice du Festival Summerlied, Cathy Bernecker, comédienne.
Dix candidats ont été retenus au terme de plus de deux heures et quart jeudi 31 janvier : le temps de découvrir chaque chanson, de la noter sur divers critères (voir ci-dessus).
Puis chaque titre a été passé en revue et chaque juré a exprimé ses résultats lors d’un tour de table permettant de relever les notes de chaque juré.
32 chansons étaient annoncées au début de cette séance de travail à la fois studieuse et décontractée (mais oui c’est possible !).
L’âge des candidats varie entre 11 et 93 ans. et il y a vraiment eu des chansons dans des registres très différents, entre créations et reprises en alsacien et aussi en platt !
La journaliste Régine Wilhelm a réalisé un reportage sur cette rencontre du jury pour l’émission RUND UM.
ET MAINTENANT ? LE VOTE DU PUBLIC !
Les dix concurrents sélectionnés poursuivront l’aventure de d’Stimme par un enregistrement de leur chanson dans les studios de France Bleu Alsace début février, en présence de Matskat et de ses musiciens.
Ces chansons seront diffusées sur France Bleu Alsace ET AUSSI France Bleu Elsass et soumises au vote du public sur le site internet de France Bleu.
En effet, pour choisir leur chanteur préféré, les auditeurs devront voter sur LA PAGE D’STIMME DE FRANCE BLEU ELSASS .fr
Ils y trouveront les dix chansons et une vidéo de chaque enregistrement. Ces vidéos seront aussi mises en ligne jour après jour sur ma page Facebook.
Les votes seront ouverts à compter de début mars. Et à l’issue de ce vote, les trois chanteurs ayant reçu le plus de voix, se produiront sur la scène des Tanzmatten pour la finale à Sélestat, le vendredi 31 mai à 20h30.
Ce concours est organisé par France Bleu Elsass et l’OLCA avec le partenariat du Crédit Mutuel, d’Orange, la SACEM, les Tanzmatten, la ville de Sélestat et France 3 Alsace.
PHOTOS ISABELLE DIETRICH SCHOEPFER, HERVÉ DE HARO , RÉGINE JESSEL et ALBERT WEBER
Oui, intenses et authentiques sont sans doute les mots qui définissent le mieux les deux artistes applaudies par une cinquantaine de personnes samedi 19 janvier à Erstein.
Une soirée sous le signe d’une chanson de caractère, aussi débridée qu’inspirée : le reflet de deux caractères déterminés.
Coup de projecteur sur deux auteures-compositrices-interprètes assurément très différentes, et réunies dans le cadre de la Nuit de la Lecture à l’initiative de la Médiathèque d’Erstein et du label #14 Records de Joël Beyler.
Chansons douces-amères, drôles, féministes aussi : en 45 minutes, Marie Cheyenne vous embarque avec réalisme dans une vie pleine de surprises en tous genres aux rebondissements vécus, subis et provoqués aussi.
Voilà le genre d’artiste qui mérite une audience plus large dans sa région d’adoption l’Alsace, voire plus loin. Mais pas évident de s’imposer dans ce milieu de la chanson quand on s’y aventure toute seule, ou presque.
AVEC GEORGES BRASSENS ET VICTOR HUGO
Extrait de son EP “A plume de peau”, son titre “Les cowboys et les indiens” est une de mes chansons préférées.
Sans baratin et avec un sens aigu du détail, Marie Cheyenne raconte le temps qui s’enfuit inexorablement : un texte enraciné à la fois dans l’évocation de jeux d’enfants et dans une série de portraits brossés en quelques mots qui en disent long sur une certaine nostalgie d’une époque révolue.
Mention spéciale pour “Les nouveaux émigrants”, chanson qu’elle qualifie de “terriblement d’actualité” : le texte d’un poète juif des années 30 qu’elle a mis en musique.
Guitare et ukulélé se succèdent pour tisser un puzzle d’émotions et de sensations aux mélodies que n’aurait pas renié Georges Brassens … dont elle reprend d’ailleurs une chanson aux paroles signées Victor Hugo.
Envie de découvrir cette chanteuse ? A retrouver en concert vendredi 15 février Au coin du bar au Zornhoff à Monswiller à 20h30 : une soirée organisée par “le barde alsacien” Armand Geber. Entrée libre.
EN TOURNÉE AVEC MEDHI CAYENNE
Changement de registre avec Camicelaà l’aise avec ses instruments (violoncelle, guitare, claviers) maitrisés avec talent et avec sa “pédale looper”.
De quoi colorer sans hésitation son répertoire tout en noir, entre coups de blues et coups de cœur, mélancolie et désespoir.
D’où un concert d’une heure offert par une artiste à fleur de peau aussi émouvante que décontractée … Avec chaque fois entre deux chansons, une brève “respiration” : une touche de décontraction qui me fait immédiatement penser aux interventions teintées d’humour de Valérian Renault entre deux chansons sombres du groupe Vendeurs d’Enclume.
A noter aussi l’interprétation toute en nuances de la fameuse chanson d’Anne Sylvestre : “Les gens qui doutent”. Le genre de refrain qui fait du bien car tout en se glissant dans l’atmosphère du texte, Camicela lui offre un relief particulier, pleine de force et de fragilité aussi.
INCONTESTABLE MAITRISE DE LA LANGUE FRANÇAISE
Marie Cheyenne, Camicela : certes, voici deux chanteuses d’Alsace tellement différentes, tant par leur style que leur démarche artistique. La première travaille en solo et la seconde est un des talents du label #14 Records.
Reste cependant un évident dénominateur commun : une incontestable maîtrise de la langue française. S’y ajoute l’art de retenir l’attention de l’assistance avec des chansons non formatées : rien à voir avec des ritournelles consensuelles fabriquées artificiellement pour plaire au plus grand nombre. .
Cette soirée m’a permis d’apprendre que Camicela se produit du 24 janvier au 3 février à plusieurs reprises dans diverses salles en France : une initiative menée à bien sous l’égide du Mégaphone Tour avec le rappeur français Pih Poh et également Medhi Cayenne.
Cet attachant artiste franco-ontarien, j’ai eu la chance d’en apprécier l’inventivité et la décontraction en nombre de circonstances et sur des scènes de toutes tailles en Amérique du Nord, entre Ontario, Acadie, Québec.
Le Mégaphone Tour résulte d’un partenariat avec l’Ecole Nationale de la chanson de Granby dirigé par Bruno Robitaille, le Festival en chanson de Petite-Vallée d’Alan Côté et Marc-Antoine Dufresne et Musicaction.
Autre surprise de la soirée d’Erstein : en discutant avec Marie Cheyenne, j’ai découvert un point en commun entre elle et l’amiEric Frasiak : Bar-le-Duc, sa ville d’origine.
Bref une soirée pleine de belles découvertes avec deux artistes aux répertoires VRAIMENT originaux qui, à défaut de retenir l’attention des play-lists des radios nationales, sont synonyme d’intensité et d’authenticité.
Hé oui, on en revient aux premiers mots de ce texte.
La boucle est bouclée.
Alors raison de découvrir de découvrir ces deux voix qui gagnent assurément tant à être (re)connues.
Un concert qui vous prend au cœur, des paroles et des mélodies qui vous font décoller, des ambiances planantes offertes avec virtuosité et décontraction. Bienvenue chez Pierre Schott en concert unique – à tous les sens du terme – samedi 8 décembre à Poutay.
Seul avec sa guitare et son fameux “looper” maitrisé avec brio, Pierre Schott a offert du bonheur à la cinquantaine de personnes d’un concert privé.
Privé car réservé aux membres du Club ouvert voici plus d’une année par Jaki Koehler à Poutay, près de Schirmeck, dans la vallée de la Bruche.
Du bonheur ?
Oui, car on sort d’un tel concert avec un sentiment de bien-être, une sensation de dépaysement, un ressenti plein de sérénité.
Prenez donc le temps d’écouter un seul des huit albums enregistrés entre 1992 et 2018 par cet auteur-compositeur- interprète d’Alsace et vous comprendrez de quoi je vous parle.
FAIRE PLAISIR ET SE FAIRE PLAISIR
Enraciné dans une vingtaine de titres puisés dans ses huit albums, le répertoire de ce soir-là à Poutay s’est aussi promené en toute liberté du côté de Hendrix et Marley pour des reprises “à la Schott”.
En l’occurrence des titres frôlant ou dépassant largement les 7 à 8 minutes. En prenant le temps de faire plaisir au public et de se faire plaisir aussi … en affichant une évidente satisfaction à prolonger une sorte d’état de grâce, ou d’état second quand on se laisse embarquer dans des ambiances aussi douces qu’intenses.
Débuté par “Le Blues des lagons bleus”, le concert s’est déroulé sur une vingtaine de titres en français et anglais, soit deux bonnes heures, face à un “chaleureux public sans oublier Christophe pour son sound system exceptionnel” comme précisé par l’artiste.
L’évidente complicité avec les spectateurs allait de pair avec une indéniable aisance scénique.
Et c’est avec plaisir que je peux affirmer : « Le seul concert de Pierre Schott en 2018 ? J’y étais ! »
Oui c’est incroyable mais vrai : un des plus talentueux artistes d’Alsace s’aventure très peu, trop peu sur scène.
Pourquoi ?
Peut-être l’envie d’agir comme bon lui semble, sans pression de qui que ce soit. Et aussi une question de caractère car Schott aime tout simplement la liberté
UN CRÉATEUR BIEN DANS SES BASKETS
C’est vrai qu’il “voyage en solitaire” dans le milieu artistique de sa région natale, exception faite de son active présence de trompettiste anonyme dans la Société de musique d’Entzheim.
Mais ceci est une autre facette de la, ou plutôt des passions musicales de cet artiste à l’âme d’artisan. Un créateur bien dans ses baskets, heureux de se balader quand ça lui chante dans un envoûtant univers qui lui colle si bien à la peau.
Et voilà pourquoi qu’on l’affuble si (et trop) souvent du surnom de “JJ Cale d’Alsace”.
Que voulez-vous ?
Pas évident de définir le “son Schott’ distillé album après album, d’où l’importance d’y offrir des éléments de comparaison. D’où la fameuse étiquette qui, plus que jamais, tient la route avec “GRINGO”, son dernier album sorti en avril 2018.
SCHOTT-FOUGERON : A CHACUN SA VOIX/VOIE DEPUIS RAFT
“Il est libre Pierre Schott “?
Oui car il avance tout simplement EN TOUTE SÉRÉNITÉ selon son cœur et son inspiration.
Assurément une autre existence que celle de Christian Fougeron. Lui, il remplit les Zénith et autres scènes françaises suisses et belges avec ses camarades abonnés aux tubes des années 80.
Et, régulièrement, il fait danser l’enthousiaste public qui raffole du tube de Raft, le duo qu’il formait avec Pierre Schott.
Oui, à chacun son destin, et ces deux choix de vie sont totalement justifiés et justifiables. Car chacun a totalement raison de vivre sa vie d’artiste comme il veut ou comme il peut.
D’où cependant une interrogation.
Oui, qui peut affirmer que Christian Fougeron n’aurait pas, lui aussi, envie d’offrir ses nouvelles chansons au public ? Mais il est vrai que les refrains de la nostalgie attire évidemment bien davantage les foules que les nouvelles chansons des vedettes du Top 50, non ?
“LIBÉRATION” : DOUBLE PAGE CULTURE POUR “L’ALSACIEN DU NOUVEAU MONDE”
Une évidence s’impose. On peut compter sur les doigts d’une main les chanteurs et chanteuses d’Alsace qui ont inspiré une double page au journaliste-écrivain Bayon dans la rubrique Culture de “Libération” (23 mars 1998).
Hé oui !
Mais malgré l’abondante presse nationale suscitée par ses premiers albums solo, pas question de coller le mot “carrière” sur la vie de Pierre Schott.
Parlons plutôt de parcours artistique pour celui qui n’a jamais été intermittent du spectacle mais auteur-compositeur-interprète, même du temps de Raft.
La première fois que je l’ai vu sur scène ?
C’était à Paris en 1988, lors de la réception du 14 juillet offerte par le Ministère des DOM-TOM dans ses vastes jardins du 7eme arrondissement. Le duo Raft s’y produisait dans une soirée à laquelle participaient aussi Zouk Machine et Tanya Saint-Val.
Puis nos routes se sont de nouveau croisées quelques années plus tard. Bien après “Y a qu’à danser” et “Femmes du congo” ….
A plusieurs reprises, les albums de Pierre Schott ont été mis en relief dans le trimestriel Chorus, les cahiers de la chanson. En juin 1993, en guise de titre pour un portrait de deux pages, je l’avais surnommé « L’Alsacien du Nouveau Monde », allusion à son premier album solo.
Puis Chorus a aussi publié des chroniques de plusieurs opus : “Le nouveau monde” (janvier 1993), “Le retour à la vie sauvage” (mars 1995).
Et également et “Le milieu du grand nulle part” dans le numéro de juin 1998 avec à la une Alain Bashung pour un dossier de 22 pages et aussi un autre dossier consacré à Roger Siffer sur 5 pages.
PAS UN CHANTEUR, MAIS UN HOMME QUI CHANTE
Au fil des décennies, Pierre Schott est resté égal à lui-même avec l’envie de continuer à composer à jouer de la musique. Et à chanter quand il en a envie. Sans se prendre la tête.
S’y ajoute évidemment le besoin de pédaler régulièrement sur les routes et chemins de France, y inclus divers cols de montagne. Sans doute histoire de se retrouver seul sur son vélo et de continuer à voyager en solitaire.
Hé oui, il est comme ça, et je crois bien qu’il n’est pas prêt de changer. Les enthousiastes du Club de Poutay ne s’y sont pas trompés avec cet artiste rare à tous les sens du terme.
Car je crois bien que Pierre Schott n’est pas un chanteur mais un homme qui chante.
“Une compilation originale en guise de 5ème album personnel” : pas de doute, ce nouveau CD joue la carte de l’originalité sous l’égide d’Olivier Félix Hoffmann qui assure la direction musicale et artistique d’un opus regroupant des “poètes, chansonniers et musiciens d’Alsace et d’ailleurs.
Embarquement immédiat pour 68 minutes de chansons et de poésie en alsacien, allemand, français et anglais !
Sacrée aventure menée à bien par une poignée de créateurs mobilisés par une aventure où l’inspiration s’impose face au mercantilisme.
18 TITRES ENTRE CHANSON ET POÉSIE
Au programme 18 titres parlés, chantés, récités, murmurés, repris en chœur par des voix pas nécessairement connues du grand public : Rémy Morgenthaler (président de l’association Heimetsproch un Tradition) ; Frank Domnik ; Jonathan Durrenberger & Thomas Guckholz ; Yves Rudio ; Séverine de Close ; Jean-Luc Siegler (également conseiller musical) ; Grégory Huck & Dreyt Nien ; Barbara Stern ; Jean-Marc Wanner ; Brigitte et Michel Fuchs ; Bertrand Gatter, F. Slim Iwannek ; Nathalie Natwae Hoffmann ; Jean-Christophe Galen ; Christian Mary et bien sûr Olivier Félix Hoffmann.
Sans oublier trois artistes qui se sont imposés lors des récentes éditions du concours D’Stimme : les lauréats Gaël Sieffert (2017) et Serge Rieger (2018) ainsi que Julien Hachemi, un des trois finalistes 2018, l’autre étant Aurélie Diemer, alias Cadillac Lilou … hélas absente de cette compilation. Mais bon, il était évidemment impossible d’y mettre en valeur tous les talents qui auraient mérité d’y figurer.
“Vous tenez entre les mains le manifeste d’une vie poétique alsacienne vivace et plurielle. Et même s’il manque bien sûr des noms à l ‘appel, comme le chanteur-poète mosellan Elvis Stengel ; le poète francique Ronald Euler, le poète bilingue haut-rhinois Jean-Christophe Meyer ; le chanteur-humoriste Christophe Voltz ; les chanteuses Isabelle Grussenmeyer ou Léopoldine HH ; les chanteurs Guillaume Deininger, Lionel Grob ou Yan Caillasse” lance OFH.
Et de préciser avec enthousiasme : « Vous remarquerez néanmoins l’incroyable richesse de cette nouvelle vague rhénane”. Entièrement d’accord, d’autant plus que cet album s’affirme par une priorité : celle de donner libre cours à l’imagination !
OLIVIER FÉLIX HOFFMANN : INSPIRÉ ÉLECTRON LIBRE
Ici pas d’enregistrement réalisé en vue d’une stratégie destinée à séduire un très large public, quitte à renier un peu ou beaucoup son âme.
Pas du tout le genre d’Olivier Félix Hoffmann qui occupe assurément une place (très) à part dans la vie artistique et culturelle d’Alsace.
Surnommé l’Ethnopoète-chanteur, il s’aventure dans bien des domaines : auteur-compositeur-interprète folk, poète, photographe amateur diplômé en cinéma, il a participé à une quarantaine d’anthologies et nombre de revue ou journaux. A l‘instar des artistes mobilisés pour cet album, il crée en français, allemand, alsacien et anglais.
On le retrouve aussi tous les deux ans à Ohlungen au Festival Summerlied : il y est responsable de l’Espace Poétique Patrick Peter ainsi nommé en mémoire du poète de Haguenau.
“La liberté ça s’assume ! Je suis un électron-libre on me l’a assez expliqué : trop “américain”, “amérindien” ou “World” pour faire partie des chanteurs dialectaux, trop alsacien pour d’autres contextes, trop Folk pour le monde Country… Et trop poète (je dis et déclame même entre mes chansons en bar ou fête. Je fais comme j’ai envie, sans question de rentabilité, de comptes à rendre ou autre… Je suis heureux comme ça et aucune ambition à être connu ou à en faire un métier, j’aime juste pouvoir partager mes textes/chansons/photos”.
C’est vous dire combien cet album de 18 titres sort des autoroutes du show-biz pour s’engouffrer sans hésitation sur les chemins de traverse : “La scène régionale visible est l’arbre cachant la forêt, de nombreux artistes orignaux restant (trop) souvent relégués à l’arrière-plan » souligne le directeur artistique et musical dont l’altruisme ne fait aucun doute : “Projet non-commercial s’il en est, ce collectif mêle poètes, chanteurs et musiciens d’Alsace et des alentours (Bade, Lorraine) dans un élan artistique solidaire et humaniste néo-rhénan. L’écologie, la volonté de paix, le respect des cultures y côtoient l’amour, l’amitié et la joie du partage”.
UN ALBUM RÉALISÉ SANS SOUTIEN PUBLIC OU PRIVÉ
Cet album n’a bénéficié d‘aucune subvention publique ou privée : “Chercher des sponsors aujourd’hui c’est galère et presque un boulot en soi” explique OFH.
Sur “Hìntergrùnd” sur 18 titres, on ne compte que cinq chansons/poèmes musicaux en alsacien plus une chanson au refrain alsacien et un tiers de dialecte dans le mix poétique final … Pas assez pour un éventuel soutien de L’OLCA, L’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle. “Mais il n’était évidemment pas ici question de se mettre à faire des calculs de quotas, ou de mettre des limitations” explique le producteur.
Donc il a fallu se débrouiller autrement pour produire les mille exemplaires de cet enregistrement. “Ce CD ce n’est pas seulement un investissement financier mais du temps avant, pendant et après. Ce qui est estimable financièrement c’est plus de 4000 € + 500 € SACEM, mais le temps n’est pas comptabilisable… Car cet album, ce n’est pas seulement un investissement financier mais du temps avant, pendant et après. Le tirage proprement dit (pressage/boitier/pochette) a été couvert à 90 % par les précommandes des participants, 30 % des frais de studio associatif aussi”.
Et le reste alors ?
C’est là qu’interviennent OFH et sa structure “Honky Tonk Asso” sur laquelle repose une bonne part de la diffusion, à laquelle participe aussi chaque artiste qui fait connaitre et vend le CD de son coté … à l’exception de trois participants à l’album qui n’en ont pas commandé : chaque artiste était libre de se transformer en diffuseur, cette démarche était optionnelle.
DES INÉDITS ENRACINÉS DANS UNE MULTITUDE DE LANGUES
Au-delà de cet éclairage sur la réalisation concrète de cet album, une évidence s’impose : “C’est une compilation qui fera date en Alsace avec uniquement des inédits (versions ou morceaux). Et ce n’est pas tous les jours qu’un album mêle poètes, musiciens (aussi avec des instrumentaux) et chansonniers avec une multitude de langues” ajoute encore OFH, avant de mettre en relief le travail et l’engagement de Paco alias Francis Schneider.
Cet écrivain, chanteur, dessinateur aura passé plus d’une centaine d’heures à réaliser le graphisme de cette œuvre collective. “Il aura mis son enthousiasme et son inventivité débridée de graphiste amateur à notre service. C’est grâce à Paco et au talentueux peintre-écrivain Pierre Koenig – qui a spécialement réalisé le tableau dont sont extraits les éléments graphiques – que notre CD est devenu une véritable œuvre d’art dans la forme aussi, et pas seulement par le contenu”.
“UNE TRENTAINE D’ARTISTES POUR UN OPUS UNIQUE”
A relever aussi le surprenant “Mix Poétique Tac” réunissant, en guise de final et dans une même dynamique Isabelle Loeffler, Serge Rieger, Rémy Morgenthaler, Christian Mary, Olivier Félix Hoffmann, Serge Rieger, Yves Rudio, Brigitte et Michel Fuchs.
Chapeau donc à cet album qui devrait retenir l’attention de ceux qui ont envie d’en savoir plus et de soutenir la création artistique et culturelle de leur région. Et notamment celles et ceux qui aiment cliquer “j’aime” quand il est question de chanson d’Alsace sur Facebook.
Je ne parle évidemment pas seulement de “chanson alsacienne” tant cette région abonde en talents qui ont envie et besoin de s’affirmer haut et fort.
“ Une trentaine d’artistes sont intervenus pour réaliser cet opus unique” observe Olivier Félix Hoffmann, dont en arrière-plan aussi des artistes (re)connus comme Roland Engel, Daniel Muringer ou Jean-Luc Lamps & Joël B. Espesset.
Un point de vue que je partage avec le souhait que vous aurez, à votre tour, envie de découvrir cet album aux nombreux talents. Et cela d’autant plus, comme évoqué par OFH que “certains de nos participants sont d’ailleurs en train de passer de l’arrière-plan à l’avant-scène, car durant le laps de temps qu’il aura fallu pour la réalisation de cet opus les lignes ont évidemment changé”.
Et je me dis même que la 3ème finale du concours D’Stimme prévu aux Tanzmatten de Sélestat vendredi 31 mai devrait, d’une manière ou d’une autre, offrir une visibilité à cette compilation.
Un album synonyme de talents qui aspirent en toute logique à exprimer en paroles et en musiques leurs inspirations sans frontières linguistiques ni œillères artistiques.
Coup de projecteur sur la nouvelle tournée de Roland Engel et ses amis musiciens et chanteurs débutée en Allemagne.
Depuis le 1er décembre et jusqu’au 6 janvier, une quinzaine de dates sont prévues à travers l’Alsace.
Chaque année durant l’Avent et dans le prolongement de Noël, puis durant la période précédent Pâques, Roland Engel propose des rendez-vous alliant chanson, conte, récit dans un esprit humaniste, fraternel.
Dimanche 2 décembre, j’ai eu grand plaisir la nouvelle création présentée sous le signe de “E Widergeburt in de Renaissance” (“Une renaissance au temps de la Renaissance”) en l’église protestante de Plobsheim : ” Voici un vieux moulin recouvert de neige. Abandonné. La roue est prise dans la glace. Les araignées ont tissé leurs toiles aux coins des fenêtres. Des hêtres lancent leur bras nus, décharnés vers le ciel gris. Pas une âme qui vive alentour. Que sont devenus le meunier et sa fille ? Et le valet ? “
CONCERT EN ALSACIEN ET LIVRET EN FRANÇAIS
C’est en alsacien qu’est présentée cette histoire de Noël imaginée par Lucie Aeschelmann …. mais pas de panique si vous maîtrisez pas toutes les subtilités de cette langue !
Un livret en français est remis aux personnes qui souhaitent en savoir plus sur ce récit mis en valeur par Isabelle Loeffler, Dany Franck et Sylvain Piron sur des airs de la Renaissance.
Guitare, flutes, harpe, mandole, mandoline, nyckelharpa, percussions, cromorne, psaltérion …. : autant d’instruments joués par les quatre artistes. Ils ont été présentés en fin de concert par le pasteur de Plobsheim, Daniel Priss, également connu comme musicien et chanteur.
“MES MULTIPLES IDENTITÉS PERSONNELLES !”
Je vous encourage vivement à découvrir cette histoire de Noël qui révèle, une fois de plus, les qualités de chanteur ET AUSSI de conteur de Roland Engel.
Après avoir été un des pionniers majeurs du renouveau de la chanson alsacienne dans les années 70, il s’est aventuré dans bien d’autres domaines artistiques et culturels comme en témoigne entre autres son dernier livre de CONTES, CHRONIQUES ET CONFIDENCES.
Et parmi ces confidences je vous recommande vive de lire le texte intitulé “MES MULTIPLES IDENTITÉS PERSONNELLES ! Raison de plus de ne surtout pas réduire Roland Engel à un “chanteur alsacien” !
ENCORE 11 DATES EN ALSACE
- Vendredi 7 décembre à 20h15 : Église protestante d’Eckbolsheim
- Samedi 8 décembre à 19h30 : Église protestante de Harskirchen
- Dimanche 9 décembre à 10h30 : Église protestante de Mittelhausen
- Vendredi 14 décembre à 20h15 : Église protestante de Hoerdt
- Dimanche 16 décembre à 10h : Église protestante de Hoenheim
- Vendredi 21 décembre à 20h15 : Église protestante de Monswiller
- Samedi 22 décembre à 20h : Église protestante de Dahlhunden
- Dimanche 23 décembre à 10h : Église protestante d’Oberhoffen sur Moder
- Mercredi 26 décembre à 10h : Église protestante de Gerstheim
- Mercredi 26 décembre à 17h : Château du Liebfrauenberg à Goersdorf
- Dimanche 6 janvier à 11h : Église protestante de Bouxwiller
Vendredi 9 novembre, près d’un demi-millier de personnes se sont régalées à chaque moment d’un concert qui fera date assurément dans la vie d’artiste de Marcel Soulodre.
Retour sur un événement qui aura fait intensément vibrer la grande salle de l’Illiade, à Illkirch-Graffenstaden, aux accents de l’entrainant répertoire de Johnny Cash.
Pas de doute. Ce concert est le meilleur de tous ceux que j’ai eu la chance d’applaudir de cet auteur-compositeur-interprète originaire du Manitoba. Et cela des deux côtés de l’Atlantique car je connais Marcel Soulodre depuis pas mal d’années.
Nos routes se sont croisées pour la première fois en novembre 2003 au Nouveau-Brunswick.
C’était durant la Franco-Fête en Acadie et le chanteur y présentait des titres de sa composition lors d’une des nombreuses vitrines musicales organisées durant cet important événement artistique et culturel du Canada.
UN CONCERT DES PLUS MÉMORABLES
Et c’est avec une réelle satisfaction que j’ai appris, quelques années plus tard, qu’il venait de s’établir en Alsace … sans évidemment renier ou oublier ses racines francophones d’Amérique du Nord et notamment son cher Manitoba. Une des provinces canadiennes d’où est aussi originaire Daniel Lavoie hélas trop souvent pris pour un Québécois.
Ce vendredi soir de novembre, ce n’était pas la première fois que appréciais Marcel Soulodre dans son spectacle enraciné dans la vie et l’œuvre de Johnny Cash. Me revient notamment en mémoire un formidable concert de la même veine organisé le 23 mars 2018 dans la (très) belle salle voutée de Fegersheim : le Caveau.
L’ILLIADE, UN ENVIRONNEMENT EXCEPTIONNEL
Pourquoi ce concert a-t-il autant retenu mon attention ?
A vrai dire pour plusieurs raisons concernant autant le fond et la forme de ce spectacle sans aucun temps mort. A commencer par son environnement : la salle de l’Illiade est tout à fait propice pour apprécier un tel concert dans d’excellentes dispositions, tant au niveau de l’acoustique que du confort des sièges.
Dès les premières mesures de la première chanson, le public a réagi en tapant dans les mains, en accompagnant spontanément le chanteur-guitariste. Et c’est parti avec “Wanted Man”, premier titre du concert : une chanson de Bob Dylan offerte à Johnny Cash.
Autre atout de cette soirée, les jeux de lumière et les photos de Johnny Cash, de June Carter et également des pochettes de disques projetées en arrière plan. Pas de raz-de-marée d’images à vous faire tourner la tête, non juste ce qu’il faut.
Juste de quoi offrir aux spectateurs quelques repères d’une vie d’artiste avec ses hauts et ses bas évoqués par Marcel Soulodre d’une manière que je qualifierai de “nord-américaine” : un ton direct et efficace. Sans baratin, des mots qui font mouche. Un vocabulaire précis, quelques phrases et … on reprend une autre chanson.
Ici pas de longue et fastidieuse présentation du genre “bon maintenant je vais prendre le temps de vous expliquer la prochaine chanson qui va vous parler de … “.
Pas de doute : Marcel Soulodre maîtrise à merveille son sujet.
Et il serait dommage que tant de connaissances et de bon sens pédagogique ne soient pas mieux mises en valeur, par exemple dans le cadre de conférences musicales présentées dans des médiathèques ou tout autre lieu propice à un si instructif voyage du côté de chez Johnny Cash.
CONVAINCANTE PARTICIPATION DE TARA ESTHER
Et puis il faut dire que les musiciens accompagnant interprète de “l’homme en noir” sont parmi les meilleurs d’Alsace, à commencer par celui que j’aime qualifier de “guitar-héro” : Jean-Paul Distel (telecaster, Dobro et chœurs). Également au rendez-vous sur la grande scène de l’Illiade Olivier Aslan (batterie et chœurs) et Lionel Ehrhart (basse et chœurs).
Bref une équipe aussi décontractée que percutante qui bénéficiait ce soir-là de la participation de Tara Esther, chanteuse TRÈS convaincante dans le rôle de June Carter, le grand amour de Johnny Cash.
Cette artiste, qui excelle dans des registres musicaux très variés, est aussi une passionnée du groupe ACDC. Et quand elle se met dans la peau de June Carter, en chantant en duo avec Marcel Soulodre, la complicité est vraiment totale. Et la magie opère : elle résulte de nombreuses répétitions et d’une passion commune pour l’univers de Johnny Cash.
LE PLUS ALSACIEN DES ARTISTES CANADIENS
Reste évidemment l’essentiel de ce mémorable concert : la présence, la voix, l’aisance scénique du plus alsacien des chanteurs canadiens.
Coup de chapeau des plus mérités à celui qui vit en Alsace … mais n’en continue pas moins de nourrir ses racines manitobaines. Et ça se sent dans sa manière de parler, de s’égarer ici et là dans des erreurs de sujet, de verbe ou d’article mais ça n’a pas d’importance. Ou alors bien au contraire : cette absence de maîtrise totale de la langue française, c’est finalement un atout de plus dans un tel concert.
Installé depuis 10 ans à Duppigheim, l’artiste n’a rien perdu de ses racines, et c’est tant mieux. Voici des années que Marcel Soulodre célèbre avec talent un répertoire rock et country tant avec son propre répertoire que des reprises de chansons l’ayant marqué depuis l’enfance.
Pas étonnant donc qu’en 2003 il se soit lancé dans la création du spectacle “Wanted Man, a tribute to Johnny Cash” qui fait honneur au destin personnel et artistique de Johnny Cash. Et cette année-là, le décès de L’Homme en Noir » va insuffler un incontestable élan sur nombre de scènes d’Amérique du Nord – de l’Alaska à la Floride – à celui qui se fait aussi appeler M. SOUL.
UN RÉPERTOIRE D’UNE TELLE RICHESSE
Wanted Man (B. Dylan); Folsom – Cry Cry Cry- Big River (J.R. Cash) ; 5 Feet High & Rising (J.R. Cash) ; Tennessee Flat Top (J.R. Cash) ; Hey Porter (J.R. Cash) ; City Of New Orleans (Steve Goodman) ; Don’t Take Your Guns (J.R. Cash) ; I Got Stripes (trad arr. J.R. Cash) ; Ghost Riders (Stanley Jones) ; I Walk The Line (J.R. Cash) ; If I Were A Carpenter (Tim Hardin) ; Jackson (Billy Edd Wheeler & Jerry Leiber) ; It Ain’t Me Babe (Bob Dylan) ; Darling Companion (John Sebastion) ; Wildwood Flower( JP Webster & Maud Irving ; Keep On The Sunny Side(Ada Blenkhorn & J. Howard Entwisle) ; Peace In The Valley (Thomas A. Dorsey) ; Joshua Fit The Battle of Jericho (traditionnel) ; Daddy Sang Bass (Carl Perkins) ; Rose Of My Heart (Hugh Moffat) ; The Man Comes Around (J.R. Cash) ; Hurt (Trent Reznor), etc.
Quel répertoire offert ce soir-là à l’Illiade !
Quel enchainement de chansons qui incite le public à manifester son enthousiasme, son bonheur de savourer une soirée aux accents country. Avec une bonne vingtaine de chansons plus un pot-pourri de divers autres titres, Marcel Soulodre s’aventure avec délice dans un répertoire tellement riche.
Certains de ces refrains sont connus en France dans des “versions variétisées” … dont “City Of New Orleans” de Steve Goodman devenu “Salut les amoureux” de Jo Dassin sur des paroles de Claude Lemesle … ou bien “If I Were A Carpenter ” de Tim Hardin repris par Johnny Hallyday (“Si j’étais un charpentier”) …
AVEC LES VOIX DE LA LIBERTÉ AU ZÉNITH DE STRASBOURG
Bien qu’étant devenu un incontestable Alsacien de cœur, l’auteur-compositeur originaire de Winnipeg n’a pas encore trouvé sa vraie place dans le paysage artistique en Alsace.
Non pas qu’il soit boudé par les autres chanteurs et chanteuses, mais disons qu’il travaille en solitaire. Ou du moins avec une équipe des plus réduites (et des plus motivées) animée par Patricia Cully.
Certes, il était sur la scène du Zénith en 2015 pour Les Voix de la Liberté, le fameux concert suscité par Roger Siffer, Michel Reverdy et Jean-Pierre Schlagg . On le retrouve notamment sur le clip de “Die Gedanken sind frei/Liberté de penser” … et puis quoi d’autre ?
Plutôt que de poser des questions existentielles sur sa place dans la vie artistique de sa terre d’adoption, Marcel Soulodre agit. Il avance pas à pas sur les traces de Johnny Cash. Et il poursuit sa carrière entre France, Allemagne et Suisse avec détermination, accompagné par une poignée de très efficaces complices.
La talentueuse participation de Tara Esther m’incite à formuler un vœu : j’espère bien que ce duo d’artistes aura l’occasion de fouler d’autres scènes d’Alsace. Un point de vue partagé avec Pascal Frank, directeur des programmes de Fréquence Verte, revu avec plaisir à l’issue de ce concert, après avoir fait sa connaissance à celui de Christel Kern.
PROJETS À VOLONTÉ POUR SALLES TROP FRILEUSES
Et j’espère aussi que Marcel Soulodre va revenir à l’Illiade dans un autre concert, un autre concept.
C’est évident. L’homme ne manque ni de ressources ni de projets.
Et il serait bien dommage de s’en priver dans les salles des deux départements d’Alsace … dont la plupart des programmateurs sont, hélas, trop frileux pour mettre en valeur des talents régionaux, quelque soient les genres musicaux et les langues utilisées, non ?
Cette frilosité des programmateurs à l’égard des artistes et groupes d’Alsace m’a incité, voici plusieurs mois, à intervenir un matin sur France Bleu Elsass, histoire de tirer une INDISPENSABLE sonnette d’alarme. Tant il est évident que l’Alsace est synonyme de talents dans tant de registres musicaux…
En témoigne avec brio le demi-millier de spectateurs venus au concert de l’Illiade : ils sont repartis avec une pêche d’enfer et des étoiles dans les yeux.
Le coffret de trois CD paru chez Frémeaux & Associés devrait être savouré par tous ceux qui, en Alsace ou ailleurs, s’intéressent à l’histoire artistique et culturelle de cette région dans laquelle s’enracinent dans de créateurs, et pas uniquement dans la chanson.
Coup de projecteur entre sketches et chansons sur le Barabli et sur deux de ses repères aussi inspirés qu’incontournables : Germain Muller et Mario Hirlé.
Premier constat, et il est de taille.
Ce coffret résulte d’une efficace collaboration entre RONALD HIRLÉ (fils de Mario Hirlé et auteur du livret) et Jean-Baptiste Mersiol qui assure la direction artistique.
Une sacrée aventure humaine et technique aussi, comme l’explique Jean-Baptiste Mersiol “La plupart des bandes ayant été perdues, nous avons utilisé les disques originaux. C’est une magnifique compilation réalisée grâce aux concours des héritiers Muller/Hirle”.
A la fin des sept pages abondamment illustrées du livret, Frémeaux & Associés remercie d’ailleurs “pour leurs contributions à la réalisation de ce coffret” Ronald Hirlé et Jean-Baptiste Mersiol ET AUSSI Patrice Muller, fils de Germain et de Dinah Faust. laquelle est aussi remerciée dans ce texte sous le nom de Anne-Laure Muller.
UN INCONTESTABLE TRAVAIL D’ORFÈVRE RÉALISÉ EN STUDIO
Que dire de ce coffret de 42 titres, de la restittion des chansons, des monologues, des sketches ?
C’est incontestablement un travail d’orfèvre qui a été réalisé dans le studio de Jean-Baptiste Mersiol.
En prenant le temps de l’écouter, album après album, on est submergé par plein de sentiments : de l’émotion bien sûr en songeant à ces années Barabli qui ont tant marqué l’Alsace …
de l’enthousiasme pour la si grande diversité de sujets abordés par Germain Muller au fil des années et des revues satiriques …
de l’admiration pour l’inspiration de Mario Hirlé …
D’où ce constat signé Ronald Hirlé sur la complicité entre les deux créateurs : “Cet amour commun de l’Alsace, cette révolte partagée contre l’effritement du parler, de la culture des traditions de la terre natale ont fait la pérennité et la fécondité du tandem Germain Muller – Mario Hirlé. Paroles et musique du “Barabli” coulaient harmonieusement de la même source. Les deux amis restent inséparablement réunis dans tous ces airs qui chantent encore, et pour longtemps, dans la mémoire des Alsaciens, à commencer par les complaintes nostalgiques puisées aux racines de la province, “D’Alamanisch Wehmut” et surtout “Mir sin schins d’Letschte…”, ce poignant chant du cygne du dialecte alsacien”.
“Enfin, redde m’r nimm devun” / Enfin n’en parlons plus” : l’unique pièce de Germain Muller écrite en 1979.
PIERRE KRETZ : “L’ÉNORME RÉSONANCE DU BARABLI DURANT PLUS DE 40 ANS”
Il faut VRAIMENT prendre le temps de replonger dans l’ambiance de ces revues dont la liste détaillée est bien mise en valeur dans le livret, de même que les références de TOUS les sketches textes signés Germain Muller et aussi de TOUTES les chansons aux paroles de Germain Muller et musiques de Mario Hirlé.
ASSURÉMENT toute une époque, qui inspire les réflexions suivantes à Pierre Kretz dans son livre “La langue perdue des Alsaciens” (Éditions Saisons d’Alsace, 1995) : “Germain a eu probablement dès le départ l’intuition de la mort prévisible du dialecte et des questions sur “notre” devenir que susciterait cette mort.
Car le “nous” est présent dans “Redde MIR nimm devun” comme dans “MIR sen schienst d’letschde”. Il y a d’ailleurs quelque chose d’étrange à juxtaposer ces deux phrases clés de l’univers de Germain Muller. La première nous invite à oublier le passé, la seconde autoproclamée que nous n’avons aucun avenir en tant que peuple, que nous sommes les derniers, d’letschde, d’allerletschde. L’énorme résonance des spectacles du Barabli dans la région pendant plus de quarante ans démontre à quel point ils ont été le reflet de la mentalité dominante de ses habitants”
22 novembre 2017. Salle du Barabli, Patrice Muller, Jean-Baptiste Mersiol et Dédé Flick
Une des pages du livret de Ronald Hirlé
“DE SAINT-LOUIS A WISSEMBOURG ET DE BÂLE A BADEN-BADEN”
Germain Muller a été non seulement le créateur, mais aussi l’auteur et un des interprètes majeurs du cabaret satirique Le Barabli. Chaque année de 1946 à 1992, il crée une revue qui attire en moyenne plus de 50 000 spectateurs par an.
Les Alsaciens y retrouvent présentée dans leur langue maternelle une satire de l’actualité, mais aussi un regard à la fois caustique et chaleureux sur leurs qualités et défauts.
“Une période qui n’existera plus jamais… ! “ affirme Ronald Hirlé qui se pose à juste titre une série de question :
“Germain a-t-il jamais voulu donner suite à quarante-deux années de succès d’une seule idée, d’un seul homme, porté au paroxysme par une équipe hors pair ?
Le public attendait qu’il prolonge son œuvre, or chaque auteur est unique alors que dire d’un créateur, qui est aussi l’acteur principal et fondateur de sa troupe ?
Durant près d’un demi-siècle, la troupe de comédiens se produisit une soixantaine de fois chaque année, de Saint-Louis à Wissembourg et de Bâle à Baden-Baden… La dernière revue de 1988, dépassa les cent représentations !”
22 novembre 2017. Dédé Flick devant son portrait dans la salle du Barabli, à côté de ceux de Roger Siffer et Jacques Martin
Extrait du livret de Ronald Hirlé
QUAND GERMAIN MILLER COMMANDAIT UNE CHANSON À ROGER SIFFER …
Germain Muller a été non seulement le créateur, mais aussi l’auteur et un des interprètes majeurs du cabaret satirique Le Barabli.
Chaque année de 1946 à 1992, il crée une revue qui attire en moyenne plus de 50 000 spectateurs par an. Les alsaciens y retrouvent présentée dans leur langue maternelle une satire de l’actualité, mais aussi un regard à la fois caustique et chaleureux sur leurs qualités et défauts.
Au fil des années, voire des décennies, le Barabli a accueilli nombre de talents, au-delà de son “noyau dur”. Et certains d’entre eux sont, aujourd’hui encore, à pied d’œuvre dans la vie artistique et cultuelle, voire médiatique : Christian Hahn, Cathy Bernecker, Dédé Flick, Jean-Pierre Schlagg, etc .
Et bien sûr Roger Siffer qui, dans sa fameuse Choucrouterie ouverte en 1984 perpétue chaque année la tradition de la revue satirique.
Roger Siffer durant une répétition du Barabli
Au Barabli la saison théâtrale débutait en décembre. Et Roger Siffer y sera sur scène durant deux saisons : 1970-71 et 1971 -72.
C’est en l’ayant vu dans une émission de télévision avec le poète du Sundgau Nathan Katz que Germain Muller invite Roger Siffer à le rejoindre au Barabli : “Il a été mon père spirituel, je l’ai d’ailleurs perdu la même année que mon père naturel“.
Et c’est Germain Muller qui va lui suggérer d’écrire une chanson sur une winstub strasbourgeoise … ce qui va inspirer à Roger Siffer l’idée d’un de ses titres les plus connus, “Mademoiselle Anne-Marie” : un bistrot de la vallée de Villé et non pas de Strasbourg !
“Primitivement, elle devait répondre à une “commande” de Germain Muller qui voulait un air à la gloire des Winstubs strasbourgeois où “il n’y a plus ni maoïste, ni gaulliste, ni jeune, ni vieux, où tout le monde s’entend bien”. Siffer lui a préféré le petit bistrot de quartier de Madame Anne-Marie à Triembach qui appartenait à la mère de son ami “de Neger Freddel”. Pôle d’attraction de tous les jeunes de Villé ou de Maisongoutte, on s’y retrouvait en permanence, soit pour recopier les devoirs, soit pour boire et chanter sur un air d’accordéon au cours de soirées interminables où le petit blanc coulait à flots.
Le bistrot de “Mademoiselle Anne-Marie” est ainsi devenu le berceau de l’inspiration de Siffer. La chanson est une évocation de ces “samstig’s owa” (samedis soirs) passés dans la bonne humeur, en même temps un hommage sur un air de valse, au winstub de son enfance” (Extrait de ” Follig Song un andri Lieder”, 1975)
Jean-Pierre Schlagg, Dinah Faust et Rober Siffer
UN COFFRET À DÉCOUVRIR … ET A OFFRIR
Si ce coffret de trois albums vous a donné envie d’en savoir plus sur le Barabli et sur Germain Muller, plongez donc sans retenue dans la biographie de 510 pages de Bernard Jenny (Do Bentzinger Editons, 1997), dans le numéro spécial de la revue ”Saisons d’Alsace ” en mars 2014 : deux pistes de lecture parmi bien d’autres !
S’y ajoute un très intéressant site de l’INAdivisé en six parties avec nombre de vidéos situées dans leur contexte historique : Homme aux multiples facettes ; Alsace ; L’homme de télévision; Sketches du Barabli; Chansons du Barabli ; Seul sur scène.
D’où ces quelques captures d’écran de vidéos à visionner … après avoir écouté les trois CD de ce coffret que je vous recommande sans hésitation : une formidable immersion qui permet sous le label Frémeaux et Associés, de mieux comprendre le Barabli, Germain Muller, Mario Hirlé, Dinah Faust et … tous les autres.
A savourer sans modération évidemment.
Dinah Faust dans le rôle de Danielle Gilbert et Robert Breysach alias DésiréEntretien de Germain Muller filmé à la Maison Kammerzel à Strasbourg
Mario Hirlé à l’honneur sur le site de l’INA
La leçon d’alsacien pour les “femmes de l’intérieur”
De gauche à droite : André FLICK, Christiane CHAREL, Christian HAHN, Cathy BERNECKER, Jean-Pierre SCHLAGG, Elisabeth BEST, Michel PIERRAT, Anne WENGER, Charles LOBSTEIN.
A DÉCOUVRIR AUSSI UNE “ANTHOLOGIE DU PATRIMOINE MUSICAL ALSACIEN “
Hé oui, Jean-Baptiste Mersiol n’est pas à sa première réalisation chez cet éditeur musical.
En effet, en 2017, “Frémeaux et Associés” a édité une “Anthologie du patrimoine musical alsacien” consacrée aux “musiques folkloriques et régionales” de la période 1953-2015. Déclinée sous la forme d’un coffret de deux CD, cette initiative était déjà signée Jean-Baptiste Mersiol, auteur-compositeur-interprète, arrangeur, ingénieur du son et créateur du Label Akoufène.
La clairière de la forêt d’Ohlungen a bien retrouvé sa tranquillité depuis la fin du 12ème Festival Summerlied organisé du 17 au 19 août 2018.
Coup de projecteur sur un des événements majeurs de la vie artistique et culturelle d’Alsace en partie enraciné dans la création régionale.
Soyons francs : lundi 9 avril, durant la conférence de presse de Summerlied 2018, je me suis posé bien des questions sur l’édition présentée sous le label «La parole aux cultures d’ici et d’ailleurs» et récupérée par le Grand Est.
NUMÉRO D’ÉQUILIBRISTE AU CLUB DE LA PRESSE
Oui, il y avait de quoi être troublé par les paroles de Pascal Mangin, président de la commission Culture de la région Grand Est. Ses propos ne m’ont pas étonné mais mis mal à l’aise. Notamment quand il se dédoublait, en insistant sur le soutien du Grand Est tout en jouant la carte de l’identité alsacienne du festival.
Ce numéro d’équilibriste réalisé au Club de la Presse de Strasbourg m’a laissé songeur et je me demandais comment le Grand Est allait s’afficher à Ohlungen.
Pour l’inauguration du 16 août, je n’ai pas été déçu en découvrant mon badge professionnel à porter avec un tour de cou répétant 8 fois (!) le logo du Grand Est également reproduit sur divers panneaux placés sur le site du festival.
Et sur les élogieuses vidéos sur écran géant à l’entrée de la forêt qui n’ont pas suscité d’attroupement, les visiteurs préférant savourer des tartes flambées sous les arbres.
« UNE FACETTE VIVANTE ET NON PASSÉISTE DE NOTRE CULTURE »
Ironie de cette récupération : Summerlied est fondé en 1997 par Jacques Schleef qui quitte la direction en 2015, avant de créer le «Club Perspectives Alsaciennes» !
En décembre 1998, dans le bulletin municipal d’Ohlungen, Jacques Schleef raconte : «Près de deux années se sont écoulées depuis nos premières démarches auprès de la municipalité pour mettre sur pied Les Nuits de la Chanson d’Alsace.
En 1998, la 2ème édition s’est vue enrichir d’un axe formation, offrant à un large public la possibilité de rencontrer des artistes, d’assister à des conférences et de participer à des ateliers de formation littéraire et musicale, souhaitant présenter une facette vivante et non passéiste de notre culture».
Dès la 1ère édition de Summerlied il reconnaît que «dans une région où l’identité culturelle est très affirmée, il est tout de même singulier de constater qu’aucun festival n’assure la promotion de la chanson en langue régionale. Il faudra très rapidement intégrer dans notre programme d’autres cultures» (DNA, 31 juillet 1997).
1975 : 1ER FESTIVAL DE LA NOUVELLE CHANSON ALSACIENNE À ELBACH
Pas étonnant : cela a toujours été le cas des festivals d’Alsace axés sur les talents régionaux. Nombre d’exemples en témoignent dont le 1er «festival de la nouvelle chanson alsacienne» en juin 1975 à Elbach dans le Sundgau.
On est alors en pleine explosion de la chanson alsacienne grâce à tant d’artistes et groupes qui, depuis les années 70, emboitent au précurseur Jean Dentinger, à l’origine du 1er disque enregistré par un auteur-compositeur-interprète alsacien.
Il le fera sous le pseudonyme de Jann Delsdorf avant d’être révélé au grand public par l’efficace pionnier Roger Siffer. Pas évident d’affirmer son identité alors que l’on est enfin sorti des années de culpabilisation via le slogan «c’est chic de parler français» !
Venus de toute l’Alsace, du Territoire de Belfort, d’Allemagne et de Paris des milliers de personnes affluent à Elbach (DNA 10 juin 1975) !
La chanson alsacienne s’y affirme avec éclat grâce à tant de voix dont plusieurs ont été révélées aux soirées alsaciennes organisés à la Faculté de Lettres de Strasbourg par Richard Weiss.
Et pourtant ce festival d’Elbach ne se résume pas à des talents alsaciens. Y interviennent aussi des ambassadeurs d’autres identités : Occitanie (Marti) Bretagne (Gilles Servat) et Pays de Bade (Walter Mossmann).
« SCHELIGE SINGT IMMER NOCH » AVEC MORY KANTÉ
Même constat pour «Schelige singt immer noch». «La ville de Schiltigheim réunit les chanteurs d’Alsace» titre le dossier de presse de la 1ère édition d’avril 1980.
Au programme trois jours de festival avec François Brumbt, Jean Dentinger ; la troupe des Drapiers ; René Eglès ; Roland Engel ; le groupe Est ; le Folk de la Rue des Dentelles, le groupe Géranium ; Christian Hiéronimus ; Ginette Kleinmann ; Jean-Marie Koltès et Nicole Mouton ; D’Luchtiga Malker ; La Manivelle ; Germain Muller et Dinah Faust, Sylvie Reff ; Em Remes sini Band ; D’Scheligemer ; Roger Siffer ; Luc Schillinger ; le groupe D’Sonnebluem ; le groupe Torpédo ; Gérard Walter.
Quelle énumération synonyme de talents !
Et si nombre d’entre eux ne font plus de scène, certains de ces artistes ont chanté à Summerlied 2018. Après avoir été un efficace tremplin pour la chanson alsacienne, ce festival s’est de plus en plus ouvert à d’autres cultures dont Mory Kanté au 1987, lors de son ultime édition.
Jean-Marie Lorber et Jacques Schleef
«LE BONHEUR D’ÊTRE ALSACIEN»
«Qu’est-ce qui fait courir Jacques Schleef et tous les autres ?». C’est la question posée dans un entretien de 2 pages (Land un Sproch n° 175 été 2010) : «L’envie de m’engager, pour essayer de rendre à l’Alsace un peu de la joie que me donne le bonheur d’être alsacien».
A ceux qui lui reprochent de «réduire Summerlied à un festival de chansons alsaciennes», il répond : «Je n’aime pas le mot réduire. Notre festival est d’abord et avant tout dédié à la chanson alsacienne, en alsacien, en français, en allemand et pourquoi pas en italien ou en kurde d’ailleurs ? Il est ouvert à ceux qui qui veulent exprimer leur hymne à l’Alsace».
Cet été encore, l’association Liederbrunne fondée par Jean-Marie Lorber et animée par Paul Grussenmeyer, père de la chanteuse, y proposait les albums des voix d’Alsace programmées au festival.
Isabelle Grussenmeyer et Jean-Marie Lorber
CD alsaciens à volonté au stand Liederbrunne animé par Paul Grussenmeyer
Ce «bonheur d’être alsacien» n’est pas synonyme de repli identitaire comme l’a développé Pierre Kretz dans «Le Nouveau malaise alsacien» en 2015. Une évidence affirmée avec éclat à chaque édition loin du concept de «festival alsaco-alsacien».
En témoignent les concerts de Tri Yann, I Muvrini, Stéphane Eicher, Émir Kusturica, et tant d’autres prestigieuses têtes d’affiches de précédentes éditions.
Aurélie Diemer (Cadillac Lilou) et Antoine Jacob, animateur d’une émission dominicale sur la chanson et la culture alsacienne sur Fréquence Verte
« UN ESPACE DE DÉCOUVERTE ET REDÉCOUVERTE DE LA SCÈNE ALSACIENNE »
117 000 spectateurs et 2000 artistes programmés depuis la 1ère édition …
Au-delà de ces chiffres fournis avant l’édition 2018, Agnès Lohr précise : «Summerlied est désormais reconnu pour sa qualité par les tourneurs, les producteurs et les artistes.
Preuve en est la présence cette année de Grupo Compagny Segundo, Angelo Delebarre Gipsy Unity et Thomas Dutronc mais aussi les Fatals Picards, Sanseverino, Chico et The Gypsies qui en sont les têtes d’affiche. Summerlied est aussi un espace de découverte ou de redécouverte de la scène alsacienne. Thomas Schoeffler Jr, Lionel Grob ou Matskat sont aujourd’hui reconnus hors du territoire alsacien».
Lionel GrobThomas Schoeffler Jr
Bien dit … mais que retenir de cette 12ème édition ?
Et comment s’y sont affirmés les talents d’Alsace ?
Selon Agnès Lohr «plus de 4000 personnes sont venues assister aux concerts payants de la scène de la Clairière (+ 5%).Au total, 16 000 visiteurs ont déambulé sur l’ensemble du site durant les trois jours de festival (+ 12%). Summerlied 2018 est donc un véritable succès, puisque les chiffres de fréquentation sont supérieurs à ceux de 2016, alors que cette année le festival a été resserré sur trois jours, contre 5 lors de l’édition précédente. Summerlied est aussi un succès côté artistes, lesquels ont plébiscité la qualité d’accueil par les quelque 600 bénévoles».
Et le budget ? «Il s’élève à 400 000 €. Les subventions représentent la moitié du budget, la billetterie un gros quart et le mécénat/sponsoring un petit quart».
Isabelle Sire et Josef Oster après le concert hommage à Jacques Higelin
FEU D’ARTIFICE MUSICAL
La réduction à trois jours n’a pas empêché Isabelle Sire, co-programmatrice avec Agnès Lohr, de préparer un feu d’artifice musical entre chanson, rock, country, pop, musique symphonique, jazz, etc.
Selon Agnès Lohr, «le pourcentage de créations régionales représente 15% de spectacles présentés pour la 1ère fois au public, dont l’hommage à Higelin, l’opéra symphonique d’Elément 4 avec les écoles de musique et « Alsacia Mythica » d’Éric Kajia Guerrier».
«Un festival comme Summerlied ne doit pas rester adossé au Rhin» avait affirmé un jour le président du festival, Jean Lelin, emporté par le cancer en 2017.
Hommage lui a été rendu, en présence de sa veuve, lors de l’inauguration par son successeur Francis Hirn dans l’Espace portant son nom. De quoi émouvoir plus d’un invité …
Un espace en hommage au 1er président de Summerlied
Madame Lelin et Francis Hirn, président de Summerlied
Pas question de détailler chaque prestation artistique de chacune des Scènes – Clairière, Forêt, Champs, Contes, Poésie – sans oublier les animations dans la forêt décorée par la Compagnie Tohu Bohu, dont le «witzbrunne» cher aux amateurs de blagues ou le lieu de mémoire créé par Gilbert Meyer via des enregistrements de témoignages d’Alsaciens confrontés à l’évacuation de 1939.
Visite guidée de la forêt de Summerlied avec Gilbert Meyer, Sylvain et Catherine Piron
Gilbert Meyer entouré par Sylvain et Catherine PironAmbiance cubaine sur la Scène de la ClairièreJulien Hachemi
Concert d’après-midi pour la création “Éléments 4 Symphonique” dirigée par Pierre Hoppé
SCÈNE DE LA CLAIRIÈRE : ET LES TALENTS RÉGIONAUX ?
Vagabondons au gré de Summerlied 2018, au-delà des têtes d’affiche occupant chaque soir la Scène de la Clairière.
Il est regrettable qu’aucune des soirées n’y aura été consacrée à des talents d’Alsace… à l’instar du spectacle « Wilde Stimme » de Matskat en 2014.
Salut final de Matskat et ses musiciens après leur concert
C’est en journée, face à un public plus réduit qu’en soirée, que se sont produits les Rhinwagges et Serge Rieger, lauréat du concours D’Stimme 2018.
Idem pour «Éléments 4 Symphonique» réunissant sous la houlette du chef d’orchestre Pierre Hoppé, 4 jeunes de Haguenau aux sonorités électro-pop et aux accents anglais accompagnés des élèves des écoles de musique et de danse de Haguenau et de Schweighouse-sur-Moder.
Serge Rieger et les RhinwaggesÉléments 4 Symphonique sous la direction de Pierre Hoppé
Et la seule fois où le drapeau alsacien a été mis en valeur sur la Scène de la Clairière, c’est grâce au chanteur cubain qui a brandi celui que venait de lui lancer Gaby Hartmann, d’Unser Land !
Drapeau alsacien mis en valeur par un chanteur cubain
A côté des drapeaux breton et de la confédération des nations iroquoises regroupant six tribus natives, le drapeau alsacien ornait la scène de l’Espace Patrick Peter.
Y ont été mis en relief nombre de talents tels Serge Rieger qui a partagé la scène avec Cindy Blum et Elise Fraih. On y aussi applaudi Gaël Sieffert, lauréat du concours D’Stimme 2017, et Julien Hachemi, finaliste de cette année.
Gaël Sieffert Julien Hachemi (Photo Roland Asimus)Serge Rieger entouré par Cindy Blum et Elise Fraih
Pas de concert solo pour la 3ème finaliste de D’Stimme 2018, Aurélie Diemer (Cadillac Lilou) par ailleurs efficace musicienne aux côtés d’Éric Kajia Guerrier dans “Alsatia Mythica », récital en français et alsacien inspiré des contes et légendes d’Alsace du Moyen-Age.
“Alsatia Mythica” par Éric Kajia Guerrier
Nombre de photos et poèmes d’auteurs alsaciens étaient à l’honneur à l’Espace Patrick Peter dont André Weckmann, Jean Dentinger et Conrad Winter : une initiative d’Olivier-Félix Hoffmann, responsable de la programmation de la Scène Poésie.
Pierre Nuss, Olivier-Félix Hoffmann, Grégory Huck, Barbara Stern et Sylvie Reff
C’est lui qui, avec Pierre Nuss (France Bleu Elsass) a présenté les prix du Festival Summerlied sélectionnés par un jury réunissant notamment les auteurs Michel Fuchs, Grégory Huck et Barbara Stern et Sylvie Reff.
Le Prix Jean Dentinger y a été remis à Elvis Stengel. «De Fresche wille e Kinich», titre de son 3ème album en français et en platt fait allusion à la fable de La Fontaine «Les grenouilles qui demandent un roi».
Pierre Nuss remet le Prix Jean Dentinger à Elvis Stengel
Cet espace poétique a accueilli nombre d’auteurs dont Michel Fuchs et Yves Rudio, qui s’est produit sur la scène ouverte : c’est là que Fabien Spehler a été applaudi et que Guillaume Deininger a ému le public avec sa chanson consacrée à Marcel, son arrière-grand-père au destin de Malgré-Nous.
Guillaume Deininger
Fabien SpehlerMichel Fuchs, Elvis Stengel et Yves Rudio
Yves Rudio
Spectacle poétique de Grégory Huck
René Eglès et Jean-Paul Distel
Autre émotion, celle du public et de Jacques Schleef, lorsque René Eglès, accompagné par Jean-Paul Distel, a célébré le festival et rendu hommage au créateur du festival sur l’air de «Let it Be» des Beatles !
Roland Engel et ses musiciens
REFF, GRUSSENMEYER, ENGEL, EGLES, JACOBI …
Roland Engel, René Eglès et Robert-Franck Jacobi ont suscité un vif intérêt du public de la Scène des Champs : Summerlied 2018 aura été leur 13ème participation au festival dont ils auront été de toutes les éditions !
Isabelle Grussenmeyer
Grâce à ce trio, et à Isabelle Grussenmeyer, le public a applaudi quatre des figures majeures de la chanson régionale dans de bonnes conditions techniques. Lesquelles ont hélas fait grand défaut à l’auteure-compositrice-interprète Sylvie Reff sur la Scène des Contes où elle a chanté avec une sono indigne de sa place dans l’Histoire de la chanson d’Alsace.
Sylvie ReffPaul Grussenmeyer (Liederbrunne) et Marco Schmitt des Bredelers
A noter qu’à l’exception des Bredelers annoncés comme « rock alsacien», les artistes et groupes chantant en alsacien ont été présentés dans le programme sous le label «Chanson/France» !
Rejet de l’étiquette alsacienne ?
Rien à voir avec des talents annoncés comme musique cubaine, musique andalouse, jazz manouche…
Autre regret, le peu de place accordée aux chansons d’enfants présentées par un groupe d’écoliers animé par Isabelle Grussenmeyer et Jean-Pierre Abrecht.
Chansons d’enfants avec Isabelle Grussenmeyer et Jean-Pierre Albrecht
Coup de chapeau à Isabelle Sire pour avoir suggéré à Matskat de préparer un hommage à Jacques Higelin.
D’où le spectacle « Tombés du ciel » : une dizaine de chansons réunissant Grégory Ott, Christian Clua, Jean-François Untrau, Matthieu Zirn, Claire Faravarjo, Lionel Grob, Josef Oster, Rym (Lyre le temps) et Christian Fougeron.
Hommage à Jacques HigelinStéphane Jost
Autre belle surprise : “Henner chez les Yennisch”, spectacle multilingue mis en scène par Jean-Pierre Schlagg sur un texte de Roger Siffer.
Stéphane Jost est excellent dans cette évocation des «gitans blonds, entre monologues, chansons et blagues en français, alsacien et yennisch».
Nicolas Fischer
INNOVATION ET IMPACT POPULAIRE
Les directions empruntées par Les Assoiffés, Les Bredelers, Nicolas Fischer et Thomas Schoeffler Jr sont réjouissantes.
Car synonymes d’innovation et d’impact populaire de ce festival bénéficiant de 500 bénévoles : 200 pour l’organisation Summerlied et 300 des associations sports et loisirs de 5 villages pour la restauration : Ohlungen, Schweighouse-sur-Moder, Huttendorf, Morschwiller et Uhlwiller.
«Les bénévoles de l’organisation sont organisés par groupe d’activité (espace VIP, gestion des scènes, éco-festival, photo, chauffeurs, logistique, communication etc…) : 14 au total sous la houlette d’un responsable qui prépare le sujet depuis environ 6 mois voire un an pour certains domaines comme la technique et la communication» conclut Agnès Lohr.
Matskat interviewé pour l’émission “Rund Um” de France 3 Alsace
Espérons que d’ici l’édition prévue le week-end du 15 août 2020 de nouveaux talents régionaux se seront affirmés … notamment stimulés par D’Stimme, concours organisé par l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle et France Bleu Elsass.
Une station hélas devenue web radio ce qui handicape son impact.
Mais ceci est une autre histoire.
Stand de l’OLCA
Texte et photos ALBERT WEBER
Concert de René Eglès
JACQUES SCHLEEF : « SUMMERLIED DOIT VEILLER À CONSERVER SES FONDAMENAUX »
Que pensez-vous de cette 12ème édition de Summerlied ?
Ce fut un festival bien agréable à vivre ! Un temps splendide, des soirées chaudes, une ambiance chaleureuse, une programmation qui a ravi les très nombreux festivaliers.
Et il fallait cela, après 2016 aux résultats mitigés : remonter le moral des « troupes » et retrouver les saveurs du succès pour donner goût aux nouveaux bénévoles venant de rejoindre l’organisation. Nul doute que leur investissement s’inscrira dans la durée au cœur de cette magnifique aventure qu’est Summerlied !.
Et la place de l’alsacien dans la programmation ?
Les concerts, notamment ceux de la grande scène de la clairière furent au niveau des éditions précédentes. On ne peut que s’en réjouir !
L’occasion de savoureuses rencontres aux colorations musicales très chaudes … et sur des rythmes souvent endiablés ! Certes la langue alsacienne et les grandes créations furent plus discrètes mais cela ne peut –devrait – être que « conjoncturel » …
Summerlied est toujours un marqueur pour la culture alsacienne et l’identité de notre région historique ?
Il y a 20 ans les Alsaciens avaient besoin d’affirmer individuellement leur identité.
Aujourd’hui l’identité alsacienne est tellement dégradée qu’il y a besoin d’une affirmation commune car notre société est devenue communautaire… Summerlied est un festival de promotion de l’identité culturelle mais pas de la culture identitaire.
D’ailleurs pourquoi l’identité des uns serait-elle formidable, très défendable, appelant notre soutien moral et matériel alors que d’autres identités seraient des menaces, des postures politiquement incorrectes ? Summerlied doit veiller à conserver ses « fondamentaux ».
Quel avenir pour ce festival unique en Alsace ?
Le travail de réflexion que très certainement Agnès Lohr, la directrice depuis 4 ans, conduira, nécessitera de se pencher sur certains aspects du projet. Summerlied s’est forgé au fil des éditions à travers de multiples rencontres, des échanges, des questionnements…
Cette démarche devra se poursuivre en réfléchissant à son modèle économique, en reprécisant la ligne artistique, en consolidant son ancrage dans le territoire …
Des ïch awer ales zue ernscht, lon uns einfach widersch draïme mït unserem liewe Summerlied !
Roland EngelRobert Franck-Jacobi
“L’HIVER DE SUMMERLIED ? ”
L’événement « Ohlungen » est d’importance, en témoigne la foultitude d’articles de presse relatifs à la manifestation. Les DNA et Rue 89 y ont consacré des articles dont le message mérite d’être analysé. Les DNA ont rendu compte de l’importance du festival en soulignant l’intense déploiement d’énergies associatives qui s’y tient. L’article de Franck Buchy daté du 18 août relève aussi que ” l’alsacianité ” originaire du festival, voulue par les fondateurs, est réduite à sa portion congrue.
La manifestation serait moins ” militante “. Rue 89 ironise sur la prétendue ” disparition de l’Alsace ” qui est, volens nolens , effective et exhorte les Alsaciens à se retrouver au festival pour remarquer que l’Alsace n’avait pas disparu .
Qu’en est-il réellement ?
En dépit de la programmation de nombreux artistes régionaux, le dialecte est de moins en moins usité sous les frondaisons de la forêt d’Ohlungen.
La marque de fabrique alsacienne du festival ne semble plus être le mobile déterminant de la venue des jeunes et moins jeunes. Les discussions avec les spectateurs dénotent du caractère désabusé et résigné des Alsaciens lesquels, s’ils sont attachés de manière instinctive à leur langue, pensent qu’il est trop tard pour relever son défi.
Alors, Summerlied, un symptôme parmi d’autres du long hiver que s’apprête à traverser notre langue régionale ?”
Jean Faivre , 24 ans , étudiant en master 1 de droit public à l’Université de Strasbourg , est intéressé par les questions touchant à l’Alsace , du point de vue politique , linguistique , culturel etc
René Eglès et Jean-Paul DistelIsabelle Grussenmeyer et Pierre NussEric Kajia Guerrier et ses musiciens
Assurément cinq figures marquantes d’une chanson d’expression française qui retient l’attention de tant d’authentiques passionnés .. même si elle ne fait pas la une des “grands médias”.
Et c’est précisément un de ces passionnés qui partage ici ses impressions sur ce ce concert unique à tous les sens du terme : un article signé Guy Zwinger, animateur de l’émission “Je viens vous voir” sur RCN à Nancy.
Eric Frasiak
C’est par un après-midi ensoleillé que je me suis rendu à Bergères-sous-Montmirail à côté de Châlons-en-Champagne où avait lieu le concert de clôture du 23ème Festival Grange.
Photo David Rotan
Le festival s’est déroulé en effet dans ce beau pays de Brie-Champagne où huit communes ont accueilli pas moins de 15 concerts du 31 août au 9 septembre.
Jérémie Bossone
Michel Buhler
Donc ce dimanche 9 septembre, Eric Frasiak ayant carte blanche a invité ses copains artistes et pas des moindres : Michel Buhler (venu par amitié pour Eric, ayant arrêté de chanté depuis deux ans) ; Frédéric Bobin ; Jérémie Bossone et Régis Cunin.
Régis Cunin
Devant plus de 200 spectateurs, ils nous ont régalé : chacun interpréta ses chansons, soit en solo, soit accompagné de la voix ou des guitares de ses acolytes.
Ainsi par exemple la chanson « Singapour » de Frédéric Bobin fit écho au « Monsieur Boulot » d’Éric Frasiak, ou encore les « Espèces de Cons » d’Éric est mis en parallèle aux « Cons » de Régis.
Frédéric Bobin
Jérémie Bossone, Frédéric Bobin, Eric Frasiak et Michel Buhler
Bref les applaudissements furent nourris pratiquement après chaque chanson et il y a eu plus qu’une ovation debout à la fin du concert.
Eric Frasiak le maitre de cérémonie fut si ému qu’en remerciement il proposa en bonus que chaque artiste interprète une autre chanson.
Jean-Pierre Béal
Le président de l’amicale Jean-Pierre Beal fut lui aussi touché par le formidable feu d’artifice es et souligna à propos cette chaleur interactive entre le public et les chanteurs.
Régis Cunin, Frédéric Bobin et Eric Frasiak
Ce concert prouve que la chanson de caractère, quoiqu’on en dise, quand on sait la présenter au public peut encore avoir de l’avenir.
C’est d’autant plus vrai qu’Éric Frasiak et l’association « Chant’Morin » ont réussi leur «deal» avec la CRESS, la Chambre régionale de l’économie sociale.
Ils ont été retenus, dans le cadre de « Cultures et Territoires » avec 30 partenariats à faire partager la chanson vers tous public et cela pendant deux ans : collège, EPHAD, école de musique, conservatoire) et le pari est réussi.
Franchement, il aurait été dommage que je ne vous parle pas du nouvel album d’Olivier Musica : un CD de 11 titres sorti au printemps et plus que jamais d’actualité.
Car la bonne chanson ne se démode pas. Bien au contraire.
Coup de projecteur sur “Cousu Main”, qui a bénéficié d’une belle couverture dans la presse écrite et audio-visuelle régionale, en Alsace.
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PREMIÈRE RENCONTRE A FRANCE BLEU ALSACE
Faut être gonflé de prendre pour pseudo Musica quand on est auteur-compositeur-interprète !
C’est ce que je me suis dit à ma première rencontre, dans les couloirs de France Bleu Alsace. C’était le 12 mars 2018 et je m’y trouvais pour photographier Gaël Sieffert en plein enregistrement d’un album en tant que lauréat du 1er concours D’Stimme.
Et c’est Christophe Voltz, parolier des chansons alsaciennes de Gaël Sieffert, qui m’a suggéré de faire sa connaissance et de me le présenter.
Ce premier contact aussi chaleureux que direct m’a donné envie d’en savoir plus sur cet auteur-compositeur-interprète d’Alsace. Et également envie de découvrir comment ce chanteur mettait en valeur ses titres lors d’un concert : d’où ces photos prises le 26 avril au Camionneur à Strasbourg.
Car il faut bien le dire : on est parfois déçu entre le décalage d’un album des plus soignés et la prestation scénique de l’artiste.
Et là très bonne nouvelle à ce que j’ai vu et entendu ce soir-là sur la scène strasbourgeoise.
TALENT ET DÉCONTRACTION
Pas de doute: Olivier Musica fait partie de ces voix d’Alsace qui insufflent un ton, un dynamisme, une atmosphère.
Et cela tient à bien des raisons, à commencer par cette décontraction affichée sur scène avec ses musiciens que dans la vie.
Sans doute une manière de vivre qui s’exprime dans cet album sur des paroles et musiques qui vous donnent la pêche car elles sonnent juste.
L’impression ressentie face à cet artiste c’est qu’il ne joue pas la comédie : égal à lui-même, naturel et à l’aise autant face au public que lors d’une conversation en tête à tête.
Qu’il chante l’amour fou et la rupture, la liberté et l’envie d’ailleurs, une évidence s’impose : ces refrains sont entrainants, et décrits avec force nuances. Et ils évitent des sentiments mièvres alors que l’artiste aime se définir comme poète.
Plusieurs de ses titres sont marqués par des ruptures de rythmes, qui en accentuent l’efficacité.
“J’ESSAYE D’ÉCOUTER MON ÂME”‘
Quand la poésie ; Plus d’une fois ; Cours cours ; Si ; Sans l’autre ; Diamant ; La Houle ; Amore Pazzo ; Parce qu’on s’aime ; Touriste de nuit ; Tendresse : au-delà de cette énumération de titres, sachez que l’univers d’Olivier Musica ne peut pas se résumer en quelques mots, quelques clichés, quelques formules choc.
Une de mes titres préférés c’est “La Houle”. Oui, encore une chanson plein de ruptures à tous les sens du terme, et un texte doux-amer.
L’histoire d’un funambule de la vie en quête d’équilibre : “J’essaye d’écouter mon âme … Je divague sur ma barque … Mes larmes deviennent des rames … Quand on navigue on tombe parfois en rade”.
Chapeau l’artiste !
Pour avoir une bonne idée de l’univers d’Olivier Musica question paroles et ambiance musicale, prenez donc le temps de visionner le clip QUAND LA POÉSIE à découvrir ICI. Un clip réalisé avec la participation de la danseuse Coline Neff.
COMPLICITÉ MUSICALE AVEC LE GRIOT ISSOUF COULIBALY
En 2014 sort son premier album “Dessiner l’horizon” teinté de swing et coloré de balades poétiques : 11 chansons qui permettent à Olivier d’offrir une large palette de son talent, servi par une voix qui fait penser à celle du chanteur Anis. Oui, un phrasé qui rappelle celui de l’auteur-compositeur-interprète notamment connu pour sa chanson Cergy.
Vous avez raison : comparer la voix d’un artiste à celle d’un autre peut se révéler déplacé, car chaque parcours est unique.
Mais bon, si vous ne connaissez pas encore Olivier cela va vous donner un bon repère.
Et ici s’arrête la comparaison quand on prend le temps de savourer un “album jeune public” enregistré en 2017 par celui qui aime définir son répertoire de “chanson pop swing poétique“.
“AWN BÉ YÉ KELEN YÉ” (“Nous sommes tous pareils”) est le titre d’un CD réalisé à deux voix avec Issouf Coulibaly, un griot multi-instrumentiste, joueur de djembé dont l’expérience s’enracine dans une célèbre famille de musiciens du Burkina Faso.
Un pays pour lequel Olivier affiche une tendresse particulière célébrée sur ces 23 titres enregistrés en février 2017 à deux voix à Bobo Dioulasso avec plusieurs autres musiciens africains.
UNE CHANSON FRANÇAISE EXTRAVERTIE ET PLEINE DE NUANCES
“Cousu Main” … avec cœur et talent mérite une écoute attentive.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que “Cousu main”, c’est le genre d’album dont la première écoute ne peut pas vous en montrer la très large diversité. Ici place à une chanson française extravertie, aux textes travaillés et plein de nuances comme les sentiments et les situations.
Donc inutile de chercher à réduire cet artiste à un seul “genre musical”. Un constat confirmé avec éclat grâce à ce fameux “Cousu Main” mijoté avec ses complices l’accompagnant au Camionneur : Ken Leisenbach (clarinette); Thibault Lévy (basse); Romain Schmitt (batterie). S’y ajoutent le saxophoniste Guillaume Bayoux et le violoniste Alba Dylan qui renforcent l’impact musical des 11 titres.
Assurément une efficace équipe menée par Olivier Musica (textes, chants et guitares).
RENFORCER UNE INDISPENSABLE VISIBILITÉ
Cet album d’Olivier Musical a été mis en valeur par divers médias régionaux dont France Bleu Alsace émission Note in Blue ou le mensuel Strasbourg Magazine qui le qualifie de “poète troubadour”.
Espérons que les prochains concerts renforceront l’indispensable visibilité que mérite cet auteur-compositeur-interprète :
26 août, Abbaye de Marbach, Obermorschwhir 9 septembre, “Ya du monde au balcon”, Strasbourg 16 novembre, Espace Malraux, Geispolsheim
Bon, débutons par un p’tit test sur internet. Un test au résultat connu d’avance ….
Quand vous tapez “Il était une fois”, vous tombez évidemment sur des pages et des pages à la gloire du célèbre groupe des années 70. Mais rien sur cet artiste de Thionville …
Puis en affutant votre recherche, en ajoutant le prénom et le nom de l’artiste, vous avez droit à nombre d’infos sur cet opus.
Et là on lit avec grand plaisir qu’il s’agit d’un “album authentique qui met en lumière toute la palette de ses compétences créatives. Il s’est entouré de musiciens parmi les meilleurs, entre jazz et musique du monde”.
Je veux bien le croire, alors raison de plus d’écouter ces chansons avec une vive attention. D’écouter et de réécouter, et puis le constat s’impose, au-delà des phrases découvertes ici et là au gré des élogieux commentaires mis en valeur sur internet.
Oui c’est bien ça : “Il était une fois” aurait mérité une chronique dans le trimestriel “Chorus, les cahiers de la chanson”.
Et j’aurai ASSURÉMENT eu grand plaisir à la rédiger.
Alors à défaut de la presse musicale écrite, je veux dire celle qui s’imprime encore sur papier, offrons un coup de projecteur à cet amoureux de Nougaro.
Un artiste dont il défend les mots et les musiques dans un spectacle où comme dirait Christian Schott, directeur du Festival Jazzpote, “il n’imite pas Nougaro, il l’illimite” … auquel il a d’ailleurs consacré un album. mais attention !
Méfions-nous des jugements à l’emporte-pièce et des comparaisons hâtives : cet artiste de Thionville n’est surtout pas une pâle copie du créateur de “Toulouse” et il cultive avec talent et détermination son propre univers qui va sans doute vous surprendre … si vous vous donnez la peine d’y flâner au gré de votre disponibilité.
Dans son atelier, Raymond, le père de Jean-Luc Kockler
ALBUM AUTOBIOGRAPHIQUE ? OUI … MAIS PAS SEULEMENT
Prenez donc la peine de vagabonder sur son site et vous y découvrirez de multiples facettes de ce “Kockler Univers” attachant et plein de (belles) surprises.
Je me demande toujours pourquoi tel ou tel artiste ou groupe n’a aucune “chance” d’être médiatisé au-delà de sa région d’origine, s’il a la chance d’être quelque peu médiatisé d’ailleurs.
En savourant le répertoire de Kockler sur cet album, je me dis qu’il faut décidément bien du talent et de la détermination pour continuer coûte que coûte à composer, à chanter sur scène. Et aussi à enregistrer des albums, à nourrir des liens aussi amicaux qu’artistiques pour continuer à donner vie à ses rêves, ses désirs de création.
Avec cette chanson française aux accents jazzy, Kockler se met à nu, avec pudeur et via des mots qui enrobent ses souvenirs de jeunesse, de famille, d’amitié aussi.
Album autobiographique ?
Oui … mais pas seulement même si quelques-uns des titres majeurs de “Il était une fois” s’enracinent avec tendresse dans un évident vécu.
Jean-Luc Kockler et son père
EN MÉMOIRE DE RÉGINE ET DE RAYMOND …
La chanson éponyme de l’album vous entraine sans crier gare ‘en face de la rue Guérin” et vous y croisez une grand-mère “affairée au fourneau” et un grand-père “d’un mètre soixante et desaccents germaniques” … des souvenirs d’autant plus marquants qu’ils retrouvent vie “dans cette maison devenue mon nid”.
Du “Café au Tourville ” au “Côté des Roses mon quartier” avec son énumération de prénoms, Kockler s’en donne à cœur joie pour raconter avec entrain et délicatesse des tranches de vie dans lesquelles on peut facilement se glisser, tant elles peuvent évoquer nos propres souvenirs.
Ici pas de mièvrerie ni d’émotion préfabriquée pour “faire joli” mais un ton qui s’impose sans retenue : juste le besoin et l’envie de raconter.
Jongleur de mots et d’émotions, Kockler raconte le chagrin qui vous remue dans la déchirure des vies à deux. Dans la séparation avec “Parle moi mais ne me dis rien” : des termes choisis avec douceur et réalisme pour parler de ce qui n’est plus …
Mention spéciale à deux ou trois titres de cet album que je vous recommande vivement si vous aimez les textes qui ont du sens, les chansons qui ont du swing, des refrains teintés d’une nostalgie douce-amère qui vous prend aux tripes.
Ici rien de factice dans cette chanson chevillée au cœur et à l’âme. Juste des mots qui sonnent vrais parce qu’ils sont authentiques, sans baratin.
A commencer par le bouleversant “Bleu malborettes” en mémoire de Régine, “gaie, lucide et pleine de vie” avant que la mort ne l’emporte …
Il y a aussi l’entrainant hommage à son père “Raymond K”. Et dans le souvenir du “garage de grand-père” où son père donne un coup de main … avant de rencontrer “maman dans la chorale demonsieur le curé un soir” et de l’emmener dans sa Rosengart, une voiture française bien connue des collectionneurs.
La fameuse Rosengart dans la rue Guérin
FRISSONS GARANTIS POUR “J’ÉCOUTE LEPREST”
Et puis INCONTESTABLE coup de cœur pour “J’écoute Leprest” ! Ah oui …
Exactement le genre de chanson qui aurait mérité de figurer dans la play-list … de France-Inter par exemple pour les auditeurs en quête de sensations non frelatées.
Une chanson à vous donner des frissons “contre vents et marées qui me rendent fou” … tant par ses paroles qu’une ligne mélodique avec un air d’accordéon qui s’enroule en vous comme une obsessionnelle spirale.
Coup de chapeau aux musiciens complices de cette aventure qui gagne tant à être connue : Kader Fahem (guitare, mandole, chœurs); Jean Marc Robin (batterie); Nicolas Arnoult (accordéon) et Laurent Payfert (contrebasse).
Certes, Jean-Luc Kockler est l’auteur et compositeur de cet album … qui comprend aussi un texte sur l’amitié écrit par son ami Christian Schott, directeur du festival JazzPote.
S’y ajoutent aussi deux voix féminines : la comédienne Marie-Anne Lorgé et Bénédicte Pavageau-Billet, professeur de chant au conservatoire de Metz).
Page d’accueil du site
“J’ÉCRIS L’OUBLI POUR NE PAS OUBLIER”
Bien sûr, voilà longtemps que Jean-Luc Kockler a mis le pied dans “le monde de la chanson” … affichant des centaines de concerts, ainsi que diverses premières parties dont celles des Triangle et Scorpions, mais aussi de Michel Delpech, Nicoletta, ou Benjamin Biolay …
A ce jour, cet attachant artiste a plus de de 150 compositions à son actif ainsi que 7 albums dont 5 en solo.
Mais au-delà de cette énumération, une évidence s’impose chez celui qui est passé du rock progressif de la fin des années 60 (hé oui !) jusqu’à une nouvelle forme d’épanouissement dans la chanson française.
Au terme d’une résidence d’artiste, Jean-Luc Kockler donnera un concert vendredi 12 octobre 2018 au Gueulard, la salle des musiques actuelles du Val de Fensch, à Nilvange en Lorraine. Voir infos ICI
L’album “Il était une fois” reflète avec audace et sensibilité une personnalité qui ne se résume pas à celle d’un chanteur.
Et c’est tant mieux car Kockler est du genre à surprendre sans en avoir l’air. Comme dans le final de cet opus avec l’étonnant texte “Cubisme” mis en relief par une mandole sur mode mineur.
Que vous dire d’autre sur cet album sinon que j’espère vous avoir donné envie de vous le procurer. Surtout si vous avez envie de laisser vagabonder votre imagination au gré de la valse des sentiments.
De la vraie vie, celle qui incite Kockler à chanter : “J’écris l’oubli pour ne pas oublier”.
Vendredi 29 juin 2018, les Tanzmatten de Sélestat ont accueilli pour la 2ème année consécutive la finale de D’Stimme.
Ce concours de chant en alsacien et en platt était organisé par France Bleu Elsass et l’OLCA, l‘Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle, et présenté par Pierre Nuss.
Retour en photos et commentaires sur une soirée retransmise en direct et en vidéo sur le site de France Bleu Alsace :
un événement enraciné dans “la langue alsacienne”, expression reprise avec détermination face au public par Hervé de Haro, directeur de France Bleu Alsace et France Bleu Elsass.
18 janvier : 1ère réunion du jury à France Bleu Elsass
RÉUNIONS DU JURY ET VOTES DU PUBLIC
Cette finale aura été le point d’orgue d’une série d’étapes …
L’absence de chanson en platt a été regrettée lors de la 1ère réunion du jury, le 18 janvier.
Puis, du 20 mars au 30 avril, le public a voté sur la base des divers clips enregistrés par les 11 artistes à France Bleu Elsass.
Une 2ème réunion du jury tenant compte de cet avis populaire a mis en évidence, le 3 mai, trois talents en vue de la fameuse finale. D’où la participation de Serge Rieger, Lilou Cadillac et Julien Hachemi à la soirée du 29 juin aux Tanzmatten.
Vue partielle du jury réuni à France Bleu Elsass le 3 mai
Le vote du public comptait pour 1/3 dans la finale du concours
SERGE RIEGER, JULIEN HACHEMI ET CADILLAC LILOU
Avant d’aller plus loin, regardez bien cette photo prise dans le hall d’entrée des Tanzmatten peu avant l’arrivée des premiers spectateurs.
Vous y voyez Julien Hachemi en train de réaliser un selfie avec les deux autres finalistes et cette initiative résume bien ce qui s’est passé ce soir-là lors de la finale de la 2ème édition de D’Stimme.
Et en place pour un selfie face à la webcam de Julien Hachemi !
Cette photo est vraiment symbolique de ce qui s’est passé durant cette finale. Elle résume bien les deux approches artistiques mises en évidence durant la soirée.
Et sans nous égarer dans de longues comparaisons avec la célèbre “querelle des Anciens et des Modernes” ayant marqué en 1830 la représentation de Hernani, quelques réflexions s’imposent.
A l’époque, cette pièce de théâtre suscitait l’enthousiasme des uns et le rejet des autres.
Pourquoi ? Parce que Victor Hugo – alors âgé de 27 ans – y prenait nombre de libertés avec les strictes règles classiques : il était considéré comme un dérangeant rebelle bousculant des siècles de création théâtrale.
Et quel rapport avec la finale de D’Stimme ?
On en revient donc à la photo qui témoigne, elle aussi, d’un contraste dans la manière d’agir face à la webcam … et un peu plus tard par les diverses chansons interprétées par les trois finalistes sur la grande scène des Tanzmatten.
De plus, Julien Hachemi et Cadillac Lilou maîtrisent avec brio les nouvelles technologies alors que Serge Rieger est absent des réseaux sociaux….
Car dans cette finale de chanson alsacienne, deux univers musicaux étaient en lice : c’est comme si Georges Brassens ou Guy Béart se retrouvaient dans une finale face à Grand Corps Malade ou Maître Gims.
Vu la différence de registre musical, comment “choisir” l’un au détriment de l’autre ?
Mais bon, il s’agissait d’un concours où le vote du public comptait pour un tiers et il a bien fallu se résoudre à un classement final.
RÉPERTOIRES ENTRE “CLASSIQUE” ET “MODERNE” …
Serge Rieger est-il trop classique dans les textes et refrains dont il est l’auteur-compositeur-interprète ?
Et Julien Hachemi trop moderne et trop décontracté dans ses chansons signées Christophe Voltz ?
Ces points de vue essentiellement concentrés sur les deux premiers finalistes, je les ai entendus NOMBRE DE FOIS depuis cette finale !
Avec chaque fois des arguments qui en disent long sur le débat suscité par le classement final : “Je préfère Serge Rieger car il maîtrise bien l’alsacien et je comprends tout ce qu’il chante…” … “Je préfère Julien Hachemi car il amène à la chanson alsacienne un incontestable renouveau.”.
Alors qui a raison et qui a tort ?
Une telle question n’a pas de sens car TOUT est possible dans la chanson alsacienne !
Et les deux chansons présentées par les trois finalistes témoignent efficacement de cette indispensable diversité de style, de présence scénique…
Oui, TOUS les styles sont envisageables dans la chanson alsacienne et personne n’a le monopole de la “vérité” dans ce domaine.
Et c’est aussi ce qu’il faut, à mon sens, retenir des interventions tant parlées que chantées de Matskat, de Léopoldine HH et des Hopla Guys, l’énergique groupe de Benjamin Ludwig, sacrée bête de scène bondissant au gré des chansons qui ont fait lever le public.
Sans oublier le lauréat de la 1ère édition, Gaël Sieffert, compositeur des musiques et interprète des chansons en alsacien écrites par Christophe Voltz.
C’est certain, il est toujours dangereux de vouloir imposer un son de cloche, une vérité, une seule voie artistique.
C’est sans doute une des grandes leçons à retenir de cette finale, non ?
A mon sens la chanson alsacienne a autant besoin de repères classiques que de relève. Et cela s’est manifesté durant cette finale autant par Serge Rieger que Julien Hachemi et Cadillac Lilou.
Et j’espère bien que la 3ème édition prévue en 2019 va, une fois de plus, mettre en évidence ce besoin d’une chanson alsacienne enracinée dans des créations aux multiples influences musicales.
Tout simplement à l’image d’une Alsace qu’il serait illusoire, voire malsain, de réduire à quelques clichés touristiques !
ET APRÈS LA FINALE 2018 ?
Bon, cette finale de l’édition 2018 fait désormais partie des souvenirs.
Serge Rieger est reparti avec son étoile en cristal de baccarat, un diplôme et et un enregistrement professionnel d’une de ses chanson en vidéo.
Oui cette année en guise de 1er prix la lauréat sera récompensé par un clip et non par l’enregistrement d’un album à 500 exemplaires comme en 2017 pour le lauréat Gaël Sieffert.
A noter que la sortie officielle du CD de Gaël Sieffert aura lieu à la Salle du Cercle à Bischheim le 26 avril 2019. Ce sera un album de six titres sur des musiques du lauréat 2017 et des textes de Christophe Voltz, sauf pour une chanson composée avec Jean-François Pastor
Printemps 2018 : enregistrement de l’album à France Bleu par Gaël et ses musiciens
Julien Hachemi et Cadillac Lilou ne sont pas repartis les mains vides puisque eux aussi ont leur étoile en cristal et un diplôme de participation à d’Stimme.
Et puis ?
Et que se passera-t-il d’autre au niveau de la chanson alsacienne pour ces artistes ?
J’espère que Julien Hachemin et Cadillac Lilou ne vont pas se contenter de leur participation à D’Stimme … et que leur participation va donner des idées et ds envies à d’autres artistes…
Quant au lauréat Serge Rieger, il chantera mercredi 11 juillet à la Boutique Orange Place Kléber.
Et il continuera à agir en faveur de la langue alsacienne avec la nouvelle génération, comme il l’a indiqué au moment de la remise des prix.
Les trois finalistes ont fait la une de la publication de l’association Heimetsproch un Tradition.
C’est bien mais est-ce que les responsables de la programmation des salles d’Alsace vont s’intéresser un peu plus aux artistes chantant en alsacien ?
Peut-être même que la finale 2019 aurait lieu à Strasbourg. Cela reste à confirmer mais une évidence s’impose : la chanson alsacienne a plus que jamais besoin d’un tel concours qui met en relief des artistes de générations et de répertoires différents.
30 juin, 1er concert des Voix de la Liberté à Oswald. Hommage à Germain Muller par Jean-Pierre Schlagg rejoint par Gaël Sieffert et Julien Hachemi.
Au lendemain de cette finale, durant le 1er concert des Voix de la Liberté, un hommage a été rendu à Germain Muller par Jean-Pierre Schlagg entouré par Gaël Sieffert et Julien Hachemi.
Assurément une autre image symbole d’une chanson alsacienne qui ne peut pas de contenter de ses illustres pionniers mais qui a besoin de relève pour continuer à exister. A (sur)vivre ?
Quant à la dernière chanson offerte au public à Sélestat, elle résume bien cette chanson alsacienne aux multiples visages : tous les artistes se sont retrouvés pour chanter “Wildi Stimme”, un titre de Matskat enraciné dans “Rendez-vous des Voix Sauvages”, un spectacle mêlant musique et danse … créé en 2014 au Festival Summerlied alors dirigé par son fondateur Jacques Schleef.
Final de tous les artistes sur “Wildi Stimme” , chanson de Matskat
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
VIDÉO DE LA FINALE : 2 HEURES DE CONCERT À DÉCOUVRIR ICI
REPORTAGE DE RUND UM/ RÉGINE MIELLE SUR FRANCE 3 ALSACE : A VISIONNER ICI
ARTICLE SUR LA FINALE DE LA 1ERE ÉDITION EMPORTÉE PAR GAËL SIEFFERT : A LIRE ICI
Émouvante et dynamique, sensible et jazzy : l’extravertie Marikala n’a décidément pas fini de surprendre ceux qui suivent son parcours synonyme de talent et aussi de détermination.
Rencontre avec une artiste d’Alsace impossible à enfermer dans un registre musical précis, tant sont variées les nuances d’un répertoire de chansons françaises mis en valeur dans “Vivante”, son nouvel album de 13 titres.
D’emblée une précision s’impose : si Marikala signifie bien “petite Marie” en alsacien, Marie Kellerknecht n’a pas trouvé son public avec des chansons interprétées en alsacien.
C’est bien en français que son 2ème album laisse éclater l’intensité de cette artiste qui a (très agréablement) étonné plus d’un spectateur lors de la soirée de lancement de son album, samedi 24 mars dans la belle salle de l’EDEN à Sausheim.
ASSURÉMENT une soirée hors du commun, mise en scène par Fred Villard, avec en guise de début de concert une arrivée en vélo avant d’enchainer “J’fous le camp” !
Oui une sacrée soirée vu les moyens déployés : mise en scène, jeux de lumière, l’inattendue et efficace participation de la danseuse Matou Yra Cornus et d’Amed Moussa Ira au djembé.
Et évidemment l’équipe des musiciens ayant participé à l’album de l’album sauf les “guests” Florian Bauer à la guitare et Matthieu Pelletier au banjo.
Cette bande de copains qui contribue depuis plusieurs années à la réussite sur scène et en studio de Marikala, c’est un sextet forgé par Vincent Philipp (violon, violon-alto) ; Guy Egler (saxophone, clarinette); Eric Thellier (trompette, trombone); Gilles Untersinger (basse, contrebasse); Mathieu Schmidt (batterie, percussions).
S’y ajoute évidemment le pianiste Frédéric Arnold, compositeur des chansons de Marikala : soit neuf titres dont la chanteuse a assuré les textes, en enracinant son inspiration dans les soubresauts de sa vie, dans son regard sur les gens et les situations, dans ses coups de gueule et de cœur.
Aux neuf chansons signées Marikala-Frédéric Arnold s’ajoutent quatre chansons du répertoire français.
La chanteuse n’essaye pas d’y imiter celles et ceux qui ont immortalisé ces titres, mais elle y apporte une évidente touche personnelle où l’émotion est perceptible, à la fois discrète et cependant omniprésente : “Ces petits riens” (Gainsbourg); L’aigle Noir (Barbara); “Un homme heureux” (William Scheller) …
… et aussi la célèbre chanson du Livre de la Jungle proclamant avec entrain qu’ “il en faut peu pour être heureux” !
Elle est comme ça Marikala ! Visiblement autant à l’aise dans ces quatre reprises que son propre répertoire … où elle jongle avec autant d’aisance entre douceur et swing, entre murmure et dynamisme. Et aussi sur un air brésilien en racontant ses insomnies !
Chanson de variété ? Il serait très réducteur d’enfermer Marikala dans une telle expression.
Ici et là, au gré de ses textes, Marikala avoue son “indigestion de rangement” dans “Joyeux Bordel” … laisse éclater un intense besoin de vivre dans “Animale” … exprime des cris du cœur et du corps dans “La douloureuse” …
Et elle hésite à choisir entre deux amours dans “Les deux” dans une chanson dont l’impact est renforcé par une efficace rupture de rythme dansante : “Un amour moderne, garde alternée, me partager pour moitié-moitié”.
Mention spéciale à deux chansons. Dans “Chacun sa part” aux accents reggae, elle ose parler d’espoir pour “un monde vert, couleur d’espoir” et de solidarité dans une société contemporaine repliée sur elle, comme des “petits colibris tous unis”.
Et puis dans un registre plus intime, elle évoque l’importance de se remettre en question en marquant une salutaire pause (“Corps en jachère”) … sans aucun doute bien loin du rythme survolté de “Même si t’as pas envie” !
Pas étonnant que le CD VIVANTE ait retenu l’attention de Patrick Boez qui en a fait son album de la semaine pour son émission “Jambon-Beurre du 12 mai. A écouter ICI .
D’où la diffusion de pas moins de quatre titres qui résument bien les différentes facettes de cette auteure-interprète qui avance entre chanson de variétés et refrains plus intimes.
Oui c’est là que s’affirme un des atouts de Marikala : surprendre via des textes et des mélodies qui en disent long sur son parcours autant personnel que public.
“Tout un univers qui tient à distance pas mal de travers de la vie d’aujourd’hui et qui dit au final le bonheur d’être soi-même, envers et contre tout” affirme Jean-Luc Fournier : une citation extraite des deux pages parues dans Or Norme, “le magazine d’un autre regard sur Strasbourg” dont il assure la direction de la rédaction.
Un passionnant portrait sur le parcours personnel et professionnel à rebondissements de cette attachante artiste. A lire ICI .
“Vivante” – 2ème album de Marikala – est, à mon sens, un album qui mérite une audience bien plus large que le contexte régional.
Avec ces 13 titres déclinés en 48 minutes et 16 secondes, Marikala “la Petite Française” au pseudo alsacien a largement de quoi conquérir des auditeurs et des publics ailleurs en France, voire dans l’espace francophone. .
Coup de projecteur de Henry Tilly sur Pascal Mary : assurément un chanteur qui gagne à être MIEUX connu du grand public.
Retour sur son concert de fin avril offert en piano-voix à L’Arthé Café.
Marc Usclade présente Pascal Mary
Chers extraterrestres de Planète francophone,
Je crois vous avoir déjà dit, en substance tout au moins, que j’avais, à l’instar de quelques dizaines “d’aficionados”, quelque chose comme « mon rond de serviette » à l’Arthé Café, ce merveilleux petit café-concert-auberge perché dans les Combrailles, à Sauterre à une poignée de kilomètres de Riom et Clermont-Ferrand.
L’augmentation vertigineuse du prix des carburants peut donner l’impression que cette adorable oasis de la belle chanson s’éloigne peu à peu de Montluçon où je réside mais il est des affiches auxquelles on résiste difficilement s’il se trouve que l’on est justement disponible ce jour-là.
Ainsi, en cette fin avril, y suis-je arrivé au galop, me pourléchant les oreilles à l’idée d’y retrouver Pascal Mary découvert à Prémilhat en 2011 et jamais revu depuis, même si j’ai pu utiliser ses chansons dans “La chanson dans tous es états”, l’émission hebdomadaire que j’anime depuis trois ans sur RMB. Podcast à découvrir ICI
Accueilli et présenté par Maï et Marc, nos hôtes dont on ne dira jamais assez l’âpreté du combat pour maintenir en vie cette oasis, Pascal Mary surgit en scène avec une sveltesse, une légèreté qui fait penser aux Elfes chères à Charles Trénet.
Le calme avant ou après l’orage
TOUT REPOSE SUR L’EXPRESSIVITÉ DE L’ARTISTE
Manifestement, il sera seul avec son piano et le décor semble des plus sobres, pour ne pas dire austère : le fond de scène est tendu d’un rideau noir, le piano est disposé au milieu, face au public, dissimulé par un écran noir lui aussi qui en cache les pieds.
Tout repose donc sur l’expressivité de l’artiste, sa capacité à capter le public et lui offrir un voyage émotionnel ininterrompu avec les seules armes dont il dispose : son corps, plus souvent réduit à un buste, son visage et les expressions qu’il peut transmettre, sa gestuelle et bien sûr ses textes et la façon dont il les fait porter par ses mélodies mais aussi sa manière de faire parler son instrument… Enfin, sa voix.
Sa voix ! Je le savais pourtant pour l’avoir vu et entendu sur scène, comme je vous l’ai dit, en 2011 et pour avoir, entre-temps, écouté ses albums, sa voix, qui n’est pas celle d’un “chuchoteur”, loin s’en faut, est faite d’une matière limpide et délicate qui lui donne un timbre mélodieux et précis mais en même temps capable de fermeté autant que de subtilité et dans une tessiture confortable, qualités qui sont, pour une grand part, le résultat d’une parfaite maîtrise de la respiration, au service également d’une diction parfaite.
Le tout, on le sait, peut s’appeler “l’Art Vocal” dont la maîtrise ne s’improvise pas, ce que l’on devrait enseigner à nombre de perruches et autres éructeurs qui polluent régulièrement nos ondes et certains sites Internet, adoubés par des producteurs et des “experts” autoproclamés, auxquels les chèques encaissés font oublier que leurs “volailles industrielles” sont à la Musique et à la Chanson ce que peut être Mac-do à la gastronomie.
La savoureuse tradition de l’Arthe- Café : la soupe avant la 3ème mi-temps !
IL MAÎTRISE A LA PERFECTION L’ART VOCAL
Pascal Mary maîtrise donc à la perfection l’Art Vocal, au point qu’on se surprend à penser qu’au-delà de la technique, il a peut-être des gènes de Jacques Douai. Mais sa maîtrise de l’accompagnement au piano n’a rien à envier à sa maîtrise vocale et semble, associée à une expression corporelle sobre mais éloquente, propulser vers nous des textes qui nous pénètrent instantanément et nous font totalement oublier le dénuement de la scène.
Cet artiste hors du commun m’avait, certes, marqué en 2011, à sa découverte mais le souvenir de l’homme de scène était quelque peu dilué dans la richesse du plateau proposé à ce Festival d’Automne de Prémilhat.
Ici tout me revient en bloc et je vois bien que, le mûrissement aidant, l’homme de scène a perfectionné ce qui lui permettait de faire vivre intensément ses très belles chansons avec un minimum de moyens techniques, illustrant ainsi parfaitement le titre de son album de 2010 : “Vivons d’un rien”.
Certains artistes, même très talentueux, peuvent, au long d’un concert ou d’un album, s’avérer quelque peu lassants par le manque de diversité de leurs thèmes et surtout de leurs musiques. A moins d’être d’une grande mauvaise foi, c’est un reproche qu’on ne pourra pas adresser à Pascal Mary.
Il nous emmène dans un voyage rempli d’imprévus, compensant, dans une même chanson, une mélancolie appuyée par une pirouette ironique. Le spectacle est ainsi et nous explorons les replis d’une personnalité multiple, complexe mais d’une richesse rare, à travers des chansons qui sont autant de tableaux dont il est difficile de doser la part autobiographique tout en imaginant qu’elle est importante.
Tendre poésie, mélancolie que l’on sent authentique, révolte tout aussi sincère, spleen baudelairien dont on sait qu’il n’est pas feint ou de circonstance, sensualité imprégnée de tendresse ou plus tumultueuse, tous ces sentiments exprimés avec une force généralement contenue, même quand les mots sont caustiques ou trahissent un trouble profond, sont atténués par une dominante de tendresse, de charme, d’humour, d’autodérision aussi.
Au sommet de” Joyeux Noël” !
DES LARMES AU SOURIRE, VOIRE AU RIRE FRANC
Car l’un de ses talents est, à l’évidence, de savoir se moquer de lui-même, ce qui lui permet de toujours éviter le pathos, alors que la charge émotionnelle qui émane de lui nous fait passer des larmes au sourire, voire au rire franc puis replonger dans une sourde inquiétude, dans ce que l’on sent être un malaise ou disons plutôt, en empruntant la formule à Catherine Laugier (Nos enchanteurs) : “Sa douce blessure de vivre”.
Et que dire des genres musicaux empruntés pour porter ces textes si éloquents. On passe de la douce ballade à une chanson plus “folk”, puis une bossa ou une mélodie carrément “jazz”.
Et nous, spectateurs devenus captifs, sommes emportés par cet “homme piano” dont la voix, les mots, les notes et les mimiques ne font plus qu’un, indissociable, indispensable puisqu’en chantant sa vie il infiltre la nôtre et éveille en nous des sentiments et des émotions tellement humaines que nous y trouvons, même confusément, des analogies avec ce que nous avons pu vivre ou ressentir.
Un des plus beaux exemples, pour faire simple, est sans doute cette chanson satirique, à la fois drôle et caustique où beaucoup d’entre nous reconnaîtront ici et là, en caricature, des bribes de leurs propres tableaux de famille :” Joyeux Noël” (extrait de l’album « Vivons d’un rien » 2010).
Finalement, on a beaucoup (relativement) écrit sur Pascal Mary, sur ses différents albums, sur ses prestations scéniques et ce bel artiste a fait l’unanimité, me semble-t-il, pour louer ses qualités humaines en même temps que ses talents d’auteur, de compositeur, d’interprète.
Il sait s’entourer d’amis fidèles et de grands talents, ce qui se remarque aisément au “casting” de ses albums et aux musiciens qui l’entourent dans des concerts moins intimistes. Quel serait l’intérêt que je répète comme un perroquet ce qui a déjà été dit.
Retrouvailles avec Mai, Pascal Mary et Henry Tilly
SOUS LE CHARME DE SA RICHESSE POÉTIQUE
Bien sûr, je pourrais ajouter que je suis encore sous le charme de sa richesse poétique, de ses métaphores judicieuses autant qu’inattendues et que les amis que j’avais emmenés à sa découverte ont encaissé un gros coup à l’estomac mais aussi, comme disait Brassens, “du côté du poumon”.
Alors, que dire d’autre ? Si !
Commandez vite ses albums, écoutez-les avec les livrets et quand vous serez convaincus qu’il vous en manque une dimension, trouvez sur son site un lieu de concert à votre portée et je doute fort que vous ne succombiez pas à votre tour.
Comme disait Tristan Bernard : “Le meilleur moyen d’échapper à la tentation, c’est d’y succomber”.
Suite et fin du dossier en trois volets sur le Festival L’Accordéon Plein Pot ! organisé à Saint-Quentin-La-Poterie du 8 au 13 mai 2018.
Retour en photos sur plusieurs événements musicaux qui ont marqué ce 12ème Festival des Soufflets du Monde.
Soirée québécoise présentée par Jean-Jacques Carre
LES TIREUX D’ROCHES : L’EFFICACITÉ QUÉBÉCOISE
Et pour commencer, coup de projecteur sur Les Tireux D’Roches qui ont efficacement contribué à offrir des accents internationaux au 12ème Festival des Soufflets du Monde !
Au final une heure 40 de musique non-stop, de chants d’hier et d’aujourd’hui avec plusieurs titres du nouvel album TARMACADAM !
D’où un public enthousiaste pour un concert DES PLUS INTENSES où la langue française est célébrée sur des accents québécois avec FIERTÉ ET ENTRAIN face à un enthousiaste public de 150 personnes.
Assurément un groupe des plus efficaces où chaque membre donne de la voix en plus de ses instruments : Denis Massé (accordéon); Dominic Lemieux (guitare, bouzouki); David Robert (percussions); Pascal Per Veillette (guitare, harmonica, pieds) et Luc Murphy (flûte traversière, flûte alto, saxophone baryton) … et sans aucun doute un de mes groupes québécois préférés.
Reste le souvenir d’une soirée fertile en émotions et retrouvailles, en musiques et refrains folk-trad qui vous donne des fourmis dans les jambes … un formidable événement vécu avecSteve Normandin et Patrick Plouchart …
… et aussi Christian Bordarier, qui fut un attachant complice durant tant de festivals en Acadie et au Québec ah oui !
Coup de chapeau aux organisateurs pour la programmation de ce groupe-phare d’un Québec aussi talentueux qu’authentique, fraternel et festif évidemment.
EN PISTE POUR LA LOUISIANE AVEC LE MORAND CAJUN BAND …
Autre registre, tout aussi entrainant avec le concert du Morand CajunBandmené tambour battant sur la grande scène des Halles de Saint-Quentin-la-Poterie.
En piste avec quatre garçons dans le vent louisianais : Roger Morand (mélodéon, chant, chœurs) ; Jean-Marie Ferrat (guitares, basse, chœurs) ; Pascal Bonnafous (percussions) et Patrick Plouchart (violon, chant, chœurs) ….
Chronique du dernier CD du Morand Cajun Band dans le dernier numéro de Trad Magazine (mai-juin 2017) disparu sans que les abonnés soient informés !
… ET LE SARAH SAVOY QUINTET
Puis IMAGINEZ en 2ème partie l’énergique Sarah Savoy Quintet !
Sa musique trad cajun s’enracine dans bien d’autres registres dont la country et le rock avec le batteur Marty Vickers, le violoniste Marius Pibaro, le guitariste David Rolland et le bassiste Valentin Caillard …
… et évidemment la chanteuse-accordéoniste Sarah Savoy, artiste d’envergure internationale souvent appelée « la Princesse Cajun » et dont les concerts en France sont gérés par François Louwagie , secrétaire artistique et tourneur.
Et enfin IMAGINEZ l’éclatant final !
Les deux formations se retrouvent sur scène pour plusieurs titres qui incitent plus que jamais le public à danser !
VIBRANT souvenir d’une belle complicité sans frontières, d’un continent à l’autre…
MÉTÉO HIVERNALE POUR STEVE NORMANDIN
Dimanche 13 mai, au lendemain de cette sacrée soirée louisianaise, changement de météo mais pas de décor.
C’est toujours aux Halles de Saint-Quentin-La-Poterie que le public avant rendez-vous mais l’atmosphère y était glaciale et venteuse malgré tout le talent de L’Accordéon-Club L’Islois déployé durant l’apéritif-concert !
Pas de quoi décourager les danseuses rétro à mettre de l’ambiance ni René Lys à faire tourner son orgue de barbarie sous le regard très attentif de Steve Normandin !
L’auteur-compositeur-interprète québécois désormais établi en Bretagne a eu bien du mérité pour réchauffer l’ambiance avec ses refrains de France et du Québec : un repas musical dont les participants se souviendront sans doute autant pour l’entrain de l’artiste que la température glaciale !
Steve Normandin ? Assurément un infatigable créateur – véritable encyclopédie de la chanson française et francophone – à faire revenir à ce festival en vue d’un vrai concert dans une vraie salle.
Que vous dire d’autre sur ce festival terminé en beauté avec .. mais oui .. un bal musette offert par Jérémie Buirette et son grand orchestre et la participation de plusieurs jeunes talents de l’accordéon dont Guillaume Fric.
Un événement qui aura permis de réunir des habitants de Saint-Quentin-La-Poterie, voire de plus loin, toutes générations confondues.
ÉDITION 2019 : MUSIQUE ARABO-ANDALOUSE A VOLONTÉ
Hé oui, après la francophonie québécoise et louisianaise cette année, changement total de registre pour l’édition de l’an prochain. Elle sera enracinée dans la, ou plutôt les musique arabo-andalouses.
Et pourquoi pas un Spécial Alsace en 2020 ?
C’est la suggestion lancée à Sylvie Carre, présidente de L’Office Culturel organisatrice de ce festival. Il est vrai que l’Alsace est une terre aux multiples talents où l’accordéon s’affirme comme un atout incontournable, et pas seulement dans les danses et refrains folkloriques.
En attendant l’édition de l’an prochain, voici encore quelques photos synonymes d’agréables moments : retrouvailles, discussions, échanges …
Un dernier clin d’oeil à ce festival qui m’aura permis de revoir entre autres Patrick Plouchart, François Louwagie, Franck Tenaille, Christian Bordarier, Steve Normandin, Denis Massé et sa joyeuse et talentueuse bande … ET AUSSI DE TISSER DE NOUVEAUX CONTACTS.
Bœuf improvisé entre Steve Normandin et trois des musiciens du Moran Cajun BandFrançois Louwagie et Sarah SavoyDialogue entre Roger Moran et Steve Normandin …Avec Patrick Plouchart et Steve Normandin avant le concert des Tireux D’Roches
Du 8 au 13 mai, Saint-Quentin-La-Poterie a accueilli le 12ème Festival des Soufflets du Monde : un événement original à bien des égards, enraciné cette année dans une dynamique francophonie d’Amérique du Nord, entre Louisiane et Québec.
8 mai Cinéma Le Capitole d’Uzès. Jean-Pierre Bruneau présente le documentaire “DEDANS LE SUD DE LA LOUISIANE”, accompagné par le Moran Cajun Band (Page Facebook du Festival)
Dans le 1er volet de ce dossier, nous avons pris le temps de flâner dans ce village du Gard qui accueille nombre de céramistes et potiers.
Une commune qui, grâce à une poignée de bénévoles, permet d’organiser “L’Accordéon Plein Pot !”.
Place à présent à la musique qui a fait résonner le village grâce à deux ateliers d’accordéon et mis de l’ambiance dans les rues avec une éclatante balade musicale ponctuée de plusieurs escales.
“Cette année, l’APP ! c’est l’Amérique. Pas un pays de replis, d’écrans et de murs. Notre Amérique – en doutez-vous chers amis, qui êtes attentifs depuis 12 ans aux plis si variés de notre accordéon ? ! est une contrée festive, légère, colorée et gourmande, un continent d’échange et de générosité”.
Ces propos sont signés Sylvie Carre, présidente de l’Office Culturel organisatrice du festival. Ils en disent long sur l’esprit d’une manifestation populaire au sens large du terme.
“Les musiques – cajun, zydéco, jazz New Orléans, rock, blues, folk, trad québécois … – ici se parlent, s’influencent en douceur, discutent traternellement et portes aux nues l’envie de se connaitre mieux.”
Atelier de Steve Normandin
Enraciné dans le village, le festival ne s’est pas contenté d’investir les Scènes de la Halle et de la salle Mendes France.
L’accordéon aura aussi été à l’honneur durant la fameuse balade à Bretelles qui s’est affirmée comme une incontournable tradition au fil des éditions.
Un parcours musical ponctué par diverses escales agrémentées par des genres musicaux variés, avec présentation des stagiaires de Cédric Pierini, Jérémie Buirette, Guillaume Fric et Steve Normandin …. danses de l’association Country Danse Bagnols … présentation de jeunes talents sous l’égide du Centre international de musique et d’accordéon Jacques Mornet … ambiance du groupe Les Merguez Éclatées …
Cette balade à bretelles a également été ponctuée par le Moran Cajun Band qui a traversé une partie du village sur d’entrainants accents louisianais …
Dans le 3ème et dernier volet de ce dossier coup de projecteur en photos sur plusieurs autres temps forts du festival : les concerts des Tireux D’Roches, du Moran Cajun Band, du Sarah Savoy Quintet … le bal musette offert par Jérémie Buirette et son grand orchestre
sans oublier un repas musical offert par Steve Normandin dans une ambiance des plus québécoises, vu la météo hivernale subie par Saint-Quentin-La Poterie le dimanche 13 mai.
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
Expo photos de Bill Akwa Bétoté : René Lacaille, Marcel Loeffler, Yvette Horner, Manu Dibango, Christophe et bien d’autres !
L’accent québécois et les rythmes louisianais se sont envolés mais le souvenir du 12ème Festival L’Accordéon Plein Pot ! n’est pas pour autant tombé dans les oubliettes.
Coup de projecteur sur Saint-Quentin-La Poterie : une attachante cité d’un peu plus de 3 000 habitants qui mérite bien plus qu’un rapide détour.
En piste pour une visite guidée … sans se presser !
Avant de vous parler en texte et photos du 12ème “Festival des Soufflets du Monde” qui s’est déroulé du 8 au 13 mai 2018, laissez-vous d’abord guider dans les ruelles de ce village aux maisons provençales colorées.
Et prenez surtout le temps de flâner chez les potiers et céramistes du village. Car ils contribuent à la renommée de ce haut-lieu d’art de culture situé à l’écart du tourisme de masse.
Nombre de galeries sont éparpillées à travers la cité qui accueille aussi le fameux le Musée de la Poterie Méditerranéenne.
Oui, un village si proche d’Uzès, dans le Gard, et cependant loin de l’affluence touristique de masse …
Tant mieux car ainsi le Festival L’Accordéon Plein Pot conserve une taille humaine : d’où une atmosphère conviviale et chaleureuse.
A voir durant plusieurs jours et soirs l’intensité du travail qu’exige un tel événement accompli, un constat s’impose cependant : la poignée d’une quinzaine bénévoles aussi efficaces que motivée aurait mérité d’être renforcée !
Repas de clôture des bénévoles. Photo page Facebook du festival.Adeline Gorrichon entourée par deux bénévoles
Le bon déroulement d’un telle manifestation d’envergure internationale relève … de l’exploit.
Organisé par L’Office Culturel présidé par Sylvie Carre, le festival ne bénéficie que d’une permanente, Adeline Gorrichon.
Et elle a assurément encore bien d’autres dossiers et manifestations artistiques et culturelles à gérer dans ce village. Dont, entre autres, la Terralha !
Ce festival européen des arts céramiques se déroule chaque année à la mi-juillet pendant 3 jours : une sacrée occasion aussi pédagogique que festive pour découvrir la création contemporaine.
Revenons à la musique et à l’APP avec le constat suivant. Certes, il est évident que ce festival attire bien des passionnés d’accordéon toutes génération mais …
… mais il il est dommage qu’il ne retienne pas l’attention de plus de villageois.
Un constat valable – à vrai dire – pour tant de festivals dispersés à travers l’Hexagone dont, par exemple celui consacré à Dimey du côté de Nogent près de Chaumont.
Chaque année Philippe Savouret, ancien directeur de la médiathèque de Nogent et auteur d’un ouvrage de référence sur Bernard Dimey, regrette qu’il n’incite pas plus d’habitants à découvrir les talents programmés.
Rendez-vous pour le 2ème volet de ce dossier sur le Festival L’Accordéon Plein Pot pour vous parler des talents mis à l’honneur à Saint-Quentin-La-Poterie.
Au fil des années, doucement et sûrement, sans esbroufe ni baratin, le québécois Claud Michaud s’est forgé en France un auditoire dont la qualité d’écoute n’a d’égal que sa fidélité.
En témoigne sa récente tournée de printemps qui aura conduit l’artiste dans diverses cités régionales ainsi qu’au Forum Léo Ferré à Ivry.
D’où une série de rencontres qui ne sont surtout pas limitées à un enchaînement de concerts enracinés dans son nouvel album “Comme si j’avais des elles”.
UNE AVENTURE A RENOUVELER A L’AUTOMNE
Alors comment rendre compte de cette formidable expérience tant personnelle qu’artistique alors que je n’ai pas eu la chance d’assister à un de ces concerts ?
Drôle de question sans aucun doute, à laquelle je réponds avec la complicité de l’artiste et de ceux qui ont, d’une manière ou d’une autre contribué à cette aventure qui devrait se renouveler à l’automne entre le 25 octobre et le 15 novembre.
Hé oui, bien des personnes ont œuvré en coulisses pour que cette tournée de printemps soit synonyme de réussite au sens fort du terme.
Je pense notamment à Jacqueline Girodet, responsable de sa tournée française … à Serge Joseph le président de l’association des Baladins … à Guy Zwinger, animateur de l’émission “Je viens vous voir” sur RCN à Nancy … Norbert Gabriel et son blog “Le doigt dans l’oeil” … et la liste est loin d’être exhaustive.
S’y ajoute évidemment Chantal Bou-Hannavivement remerciée par le chanteur pour son soutien (et évidemment ses intenses photos) au concert au Forum Léo Ferré.
Et elle est l’auteure d’un compte-rendu de cette soirée reproduit avec son feu vert et bien sûr ses photos.
12 CHANSONS A DÉGUSTER SANS SE PRESSER
Conseil d’ami : prenez donc le temps d’écouter et réécouter à votre guise les 12 titres “Comme si j’avais des elles”. Le genre d’album à déguster sans se presser, en appréciant chaque gorgée …euh chaque chanson différente de la précédente.
Un album tout en nuances dont la genèse a été racontée par Claud Michaud au micro de Guy Zwinger. En effet, c’est à Montréal qu’a germé ce projet d’interprétation de “chansons de femmes” … une idée lancée à l’artiste par Rico Pierrard, incontournable pilier du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec.
Bon voyage dans l’univers féminin de Claud Michaud, visiblement très à l’aise pour célébrer avec sa voix grave et sa naturelle décontraction, des chansons écrites et ou enregistrées par des femmes des deux bords de l’Atlantique, aussi bien de France (Françoise Sagan, Louise Labé, Michèle Bernard, Danielle Messia, Anne Sylvestre) que du Québec (Lhasa de Sela, Pauline Julien, Clémence Desrochers, Mouffe).
Un opus à savourer sans modération … après avoir pris connaissance des textes consacrés à Claud Michaud sur ce site d’infos artistiques et culturelles.
DE L’ALLIER AU JURA VIA PUY-DE-DÔME, LORRAINE ET ARDÈCHE
Sacrée tournée !
Du 15 mars au 7 avril, elle aura conduit Claud Michaud de “Châtô” en loge, de bistrot culturel en salle des fêtes, de demeure en grange …
Une belle aventure sur les routes du Puy-de-Dôme, de l’Allier, du Jura, d’Ardèche et de Lorraine pour douze concerts et un lancement d’album. Une tournée avec, tour à tour ou ensemble, deux spectacles : Félix Leclerc, un homme qui chante et son univers.
De quoi (re) découvrir) avec bonheur les chansons, les écrits du Géant de l’Île d’Orléans, avec la tristesse de “Notre sentier” sa première chanson, la colère de l’alouette, la revendication de dignité évoquée par « Les 100 000 façons de tuer un homme », le « Tour de l’Île », le rêve de Bozo au poète philosophant, de l’épopée de la drave au conte de Pieds nus dans l’aube…
AVEC DES SURPRISES ET DES IMPRÉVUS D’UN SOIR À L’AUTRE
Cette tournée aura aussi été marquée par le présentation du second opus de Claud Michaud, « Poésie sans frontières » : œuvre de troubadour pour, de vers en notes, supprimer les barrières entre poèmes et chansons, des chansons oubliées, des chansons aimées, des chansons perdues, avec les sourires lorsque commencent les premières notes d’un Brassens.
Et aussi la découverte bouleversante de « La vie d’factrie » et de l’exode de 900 000 Québécois vers les usines de coton du nord des États-Unis au début du siècle dernier, le coup de poing d’émotions du Tachan tendresse et révolte où s’entrelacent avec sa première chanson « Dans mon paradis », « …la vie qui me fait signe, …je ne veux pas vieillir, pas mourir… », l’élégance du verbe et la tendresse de l’Ecole de Rochefort, Cadou- Bérimont-Bertin…
Avec des surprises et des imprévus d’un soir à l’autre : « Un canadien errant », « La complainte du partisan », la version française (adaptée en français par Claud) de « Palabras para Julia », la prouesse du « Barbier de Belleville » ou Jean de La Fontaine avec « Le savetier et le financier ».
Autant de chansons portées d’un lieu à l’autre par la voix profonde et toute en nuances de Claud, sa présence chaleureuse, ses interprétations elles aussi toutes en subtilités primesautières, retenues, sobres, émues, vibrantes, enjouées, douces… et si vivantes.
Concert à Ludres. Photo Serge Joseph
“UNE PRESTATION SANS FAILLE, VARIÉE, ET VOLUPTUEUSE”
Une tournée ne va pas sans rencontres qui laissent des étincelles de mémoire : une goguette écrite tout spécialement pour l’hôte québécois et reprise par tous au Chatô à Châteauneuf-les-Bains en fin de concert.
À Corgenay, une vielle , un accordéon diatonique, une guitare accompagnant « Le p’tit bonheur », un bistrot ouvert un jeudi à Ainay alors que tous retournent au travail le lendemain, un article dans le quotidien local à St Julien évoquant « la prestation sans faille, variée, voluptueuse, surprenante parfois dans des langues tierces polonaise ou espagnole », l’émerveillement d’une spectatrice découvrant la beauté de « Notre sentier » pendant le concert à Ludres,
… et aussi « La Petite fugue » chantée spontanément par tous à Novéant et les « pa-pa-pa » scandés pertinemment sur « J’ai rendez-vous avec vous », la goguette- chanson à répondre écrite à Pourchères, le silence demandé par un spectateur à Bourbon pour dire merci de tant de découvertes .
Autant de lieux ouverts, des textes magnifiques, la beauté et l’ampleur de la voix.
Comme la chanson est belle, comme la tournée fut belle !
Incluse dans cette tournée de printemps, une sortie d’album le 27 mars , sortie précédée la veille par l’invitation des deux Bernard et Gégé, à l’émission de Radio Libertaire : «Ça urge au bout de la scène » … Souvenir d’une entrevue en profondeur donnant ainsi du temps pour développer les réponses, pour les préciser, pour aller et venir sur un parcours d’interprète, pour commenter le choix des chansons, pour en chanter quatre en direct et faire entendre des artistes québécois comme Sylvain Lelièvre ou Fred Pellerin.
AVEC LA COMPLICITÉ DE LA PIANISTE CLÉLIA BRESSAT-BLUM
Finalement le mardi 27 mars, sortie d’album au Forum Léo Ferré, un Forum rempli à capacité pour accueillir les chansons de son plus récent CD « Comme si j’avais des Elles » et tous les amis et connaissances invités, venus nombreux comme en écho à la chanson d’ouverture de la soirée « L’âme à la tendresse » :
Soirée où tout était première, première fois pour l’accompagnement au piano par Clélia Bressat-Blum, attentive, inventive, brillante, première en France pour plusieurs de ces chansons-là , uniquement des textes écrits par des femmes et pour certaines introduites aussi par une écriture féminine.
S’enchaînent alors, l’onirique « Marée haute » de Lhasa de Sela, le sensuel « Baise m’encor » de Louise Labé, la sobre et terrible « Vie d’factrie » de Clémence DesRochers… « Je ne suis pas un sujet à chanson… » le tragique « Maumariée », l’éclatant « Je t’aime » de Michèle Bernard, la nostalgique « Petite cantate », la bouleversante « Main gauche » de Danièle Messia …, et ainsi les douze chansons de l’album.
Au rappel, « N’écris pas », ni piano, ni guitare, seule la voix puis une chanson de chacun des deux autres spectacles : « Moi, mes souliers », virtuose en polonais et « Le rêveur » de Jacques Bertin, avant de terminer par un rappel (dans son sens premier), « L’âme à la tendresse » chanson reprise à l’unisson par tous, comme le point d’orgue et résumé de cette soirée et des concerts à venir.
FORUM LÉO FERRÉ : “UNE SACRÉE BELLE SOIRÉE”
Mis en ligne mercredi 28 mars sur sa page Facebook, voici le texte de Chantal Bou-Hanna sur le concert à Ivry.
Des effluves québécoises flottaient dans ce haut et beau lieu de la chanson française, dirigé par Roxane Joseph et Nicolas Joseph aidés par bon nombre de bénévoles. C’est cette scène quasi parisienne que notre ami et artiste québécois Claude Michaud a choisi pour le lancement de son tout nouvel opus “Comme si j’avais des Elles”.
Et pour ce bel évènement, Claude s’est libéré de sa guitare pour donner une autre dimension à ses chansons. Et on a le plaisir de retrouver Clélia Bressat-Blum au clavier de ce beau piano que certains disent avoir appartenu à Léo Ferré.
Ces deux-là on dirait bien qu’ils jouent ensemble depuis longtemps, tellement ils sont en parfait harmonie et jubilation, les miracles de la musique font que le courant est bien passé entre eux, ils se connaissent et bossent ensemble depuis juste une petite semaine !
Claude Michaud nous confie avec un bonheur non feint que s’il passe la dernière étape de son permis pilote de ligne très prochainement, ce soir au Forum, il vole plus haut qu’il n’a jamais volé.
Et le concert commence, ce ne sont que des voix de femme qui vont emprunter celle de Claud ce soir. Et pas des moindres.
Cet artiste nous interprétera entre autres un texte de Barbara (Une petite cantate), de Louise Labé (Baise m’encor), de Clémence DesRochers (La vie d’factrie), le magnifique texte de Danièle Messia (De la main gauche), un texte que j’aime beaucoup de Marceline Desbordes-Valmore également interprété avec une grande sensibilité par Julos Beaucarne ( Vous aviez mon coeur, Moi, j’avais le vôtre, Un coeur pour un coeur, Bonheur pour bonheur !…), un texte d’Anne Sylvestre, qui est dans la salle ce soir (La maumariée, écrite pour Serge Reggiani, ce dernier la chantera en retirant le premier couplet.
Et j’me demande si ce soir Claude Michaud n’en a pas fait autant…et n’a pas été repris par Dame Sylvestre…) et bien d’autres, je ne peux tous les citer ici. Clélia accompagne Claud au piano et à la voix.
Dès après soixante dix minutes de concert, c’est déjà fini. Claude Michaud dit à juste titre que soixante dix minutes pour des spectateurs qui viennent de loin, ça fait peu. Il nous offrira en guitare voix cette fois, une très belle chanson de Jacques Bertin (Le rêveur), un texte de Félix Leclerc (Moi, mes souliers ) qu’il interprétera le temps de quelques lignes, avec beaucoup d’amusement sur scène et dans le public, en polonais. “Et dans ce moment de prolongations, un de ces petits miracles du spectacle vivant, un sifflement très doux venu de la salle accompagne le chanteur dans un duo spontané, harmonieux et inattendu.. Un vrai moment de grâce …” ( Je cite Norbert Gabriel ).
Hélas la fin arrive, et c’est “L’âme à la tendresse” de Pauline Julien qui va clôturer ce très beau concert.
Ce sera un des moments chargés d’émotion de cette belle soirée, Claude Michaud interprète ce magnifique texte avec une belle sensibilité, c’est la partie féminine de lui qui doit s’exprimer, et cerise sur le gâteau, il entraîne tout le public dans un chœur magnifique, il a décidé que ce soir les larmes ne seraient pas loin…
Parmi le public, ce soir là, quelques artistes ici ou là, dont Anne Sylvestre, Christian Camerlynck (qui va débuter la soirée avec une belle et solide plaidoirie en faveur de ces artistes qui ne sont… que des interprètes !), Christiane Courvoisier, Céline Faucher et…Nicole Croisille… C’était une sacrée belle soirée.
Last, but not last, dans ses remerciements, Claud Michaud a salué avec chaleur une photographe qui le suit depuis quelques années, Chantal Bou-Hanna.
“La théorie du complot”, c’est le titre du nouvel enregistrement de Jean-Baptiste Mersiol décliné en CD avec 20 titres et aussi en 33 Tours avec 12 titres.
Incontestablement une étape déterminante dans le parcours des plus créatifs pour cet auteur-compositeur-interprète de 37 ans connu pour la diversité de ses (si) nombreuses initiatives musicales. Et aussi pour son franc-parler.
D’où cet entretien-vérité à découvrir en prenant tout votre temps avec ce texte aussi long que dense. Assurément le fidèle reflet d’une parole libérée et pleine de bon sens. Inclassable, inattendu, prolifique, sincère et attachant. C’est ainsi que j’aime définir ce créateur (trop) souvent incompris.
Pas étonnant donc que ses réflexions s’affirment plus d’une fois à fleur de peau: leur authenticité s’enracine dans la vraie. Et pas seulement dans son parcours artistique.
Première question pour débuter cet échange à bâtons rompus. Comment définir ce nouvel album ?
« La théorie du complot » est un album un peu à part. Je me suis rendu compte qu’à 37 ans, cela faisait déjà 25 ans que je trainais ma bosse dans le milieu de la musique. Et je voulais faire quelque chose qui me tenait à cœur.
En fait en 1997, j’avais imaginé un album avec des chansons, un style, mais je n’avais aucun moyen. Les jeunes d’aujourd’hui ont infiniment plus de moyens que j’en avais à leur âge.
Pour quelques euros ils peuvent se payer un bon micro et une carte son avec tous les effets souhaités.
Malgré cette absence de moyens, vous avez tout de même foncé ?
À l’époque j’ai emprunté des milliers de francs pour me payer un enregistreur 4 pistes à cassette, il n’avait même pas de reverbe, c’est dire. Si je voulais en avoir un minimum il fallait que j’aille dans le grand couloir de ma tante ou dans les toilettes.
Parfois j’allais le dimanche dans le hangar de la distillerie de mes parents. Je me souviens avoir posé une caisse claire dans la cuvette des toilettes pour faire une démo un jour.
Par la suite, Thibault mon guitariste m’a envoyé une vieille photo de Paul Mc McCartney qui avait fait la même chose chez lui pour son album solo de 1970.
Ça m’a vraiment fait plaisir de voir que j’ai encore pu avoir les contraintes de l’époque, j’ai beaucoup appris : « Mon souhait était de faire de l’art, pas de devenir une star ».
“Faire de l’art” d’accord, mais en même temps travailler en équipe ?
“La théorie du complot” est exactement l’exemple de ce à quoi j’ai toujours aspiré : des chansons acoustiques et folk comme je les aime avec ce violon si cher à mes yeux, une équipe de musiciens cool qui se retrouvent sur un même projet, une pochette avec un thème.
Ici en l’occurrence on s’est mis à poser dans un château pour faire ressurgir nos vieux fantômes.
De plus je sors ce disque en CD mais aussi en Vinyle 33 tours, donc je ne pouvais pas rêver mieux.
Winston Churchill disait que le problème du monde actuel c’est que les gens ne veulent pas devenir utile, mais important. Je le vois bien quand je réalise des disques notamment pour les jeunes.
Ce sont souvent des égos sur pattes, mais le pire c’est qu’ils sont coupables mais pas responsables… Et je crois que les réseaux sociaux ne leur font pas du bien. En gros pour résumer, les jeunes veulent passer à la télé, être des stars, mais ils oublient qu’avant il faut passer par le travail.
Une nouvelle génération d’artistes “coupables mais pas responsables” ? Et vous alors ? Vous vous définissez comment ?
J’ai un caractère absolument épouvantable, il m’arrive de ne m’emporter pour trois fois rien. Du coup certaines personnes m’ont taxé d’égo surdimensionné ou d’arrogance maladive mais je pense qu’ils se trompent, ça n’a rien à voir.
J’essaie toujours de pousser les gens à donner le meilleur d’eux-mêmes, le maximum, et parfois il faut les brusquer un peu, et le résultat est juste bluffant.
Combien de fois j’ai été sidéré de voir autant de talent face à moi. Je ne pense pas avoir d’égo particulier pour la simple raison que ce qui me plait le plus dans ce métier, c’est justement d’être dans l’ombre des autres artistes.
Je veux dire par là que j’aime être derrière un autre artiste pour composer et réaliser un disque qui sera, je l’espère, à la hauteur de son talent.
Mettre en valeur le talent d’un autre artiste d’accord, mais pour quel public ?
C’est super de pouvoir faire évoluer un univers personnel dans un monde où la société est en crise d’identité et ça paye toujours à long terme.
Il faudrait lâcher cette politique des covers chantés sur des fichiers midi et privilégier les compositions personnelles, ça prendrait plus de temps et de travail mais il faut s’adresser à un public exigeant de soi pour apporter quelque chose de nouveau. Ce n’est pas un jugement mais une idée tout simplement.
Il m’est arrivé d’avoir de belles surprises dans mes collaborations comme d’avoir parfois eu l’impression de donner de la confiture aux cochons. Voilà encore quelque chose qui va me faire passer pour un connard arrogant mais bon…
Un artiste qui chante sur scène avec un pupitre c’est juste intolérable. Je trouve que ça montre la désinvolture la plus complète du genre “bon voilà, ça m’emmerde d’apprendre les paroles je te fais mon truc à la va te faire foutre”.
Un évident manque de respect pour le public …
Je ne dis pas, dans les bals ça passe, les gens dansent, le groupe ne fait que des reprises, on les regarde peu car c’est de l’animation. Mais quand on prétend être un artiste de compositions et qu’on fait un concert, c’est inexcusable de se pointer avec ce machin planté sur la scène.
À la limite si on manque de mémoire, un petit pense bête papier posé discrètement sur scène, est plus discret et ça ne fait de mal à personne. Et puis c’est touchant de voir un artiste oublier les paroles au milieu d’une chanson, ça créé une complicité avec le public. J’adore écouter les concerts d’Edith Piaf ou Léo Ferré où ils se trompent dans les paroles, ça créé toujours de grands moments.
Et votre point de vue sur le milieu artistique ?
Ce que je déplore aujourd’hui c’est la manière dont les artistes se comportent entre eux. Ils sont très hypocrites l’un envers l’autre.
Je ne suis pas en train de faire la morale, je n’ai pas de leçons à donner, je dois confesser que j’ai été comme ça par le passé mais à force de voir et vivre ce genre de choses j’ai fini par prendre mes distances. Je pense m’être fait pas mal d’ennemis parce que je disais trop facilement à ces gens ce que je pensais réellement.
Visiblement ils préfèrent les faux compliments des hypocrites que ma franchise.
Donc vous acceptez la franchise de la part de ceux qui travaillent avec vous ?
Pour ma part ça ne me pose pas problème d’être entouré de gens qui ne me font pas des compliments et qui me disent réellement ce qui ne va pas, ça me permet d’avancer.
C’est une question de choix, c’est parfois plus embarrassant mais au moins je ne fuis pas les problèmes, je tente de les affronter et de d’avancer.
Thibault, mon guitariste est très brutal dans sa manière de dire les choses mais c’est très souvent justifié, alors ou est le problème ? Ce n’est pas mortel de reconnaître qu’on a pu faire de la merde à un moment donné ou que l’on s’est comporté comme un connard.
Quand on s’exprime ainsi aussi spontanément, ça suscite toutes sortes de réactions, non ?
Je m’étais parfois insurgé contre la médiocrité de certains artistes, et cela publiquement, ce qui était absolument le truc à ne pas faire mais je ne suis pas du genre manipulateur. Alors j’avais tendance à dire ce que je pensais ouvertement.
On m’avait rétorqué que j’étais jaloux. En fait c’est la vérité, j’étais jaloux, comment voulez-vous ne pas être jaloux de quelqu’un qui réussit en faisant n’importe quoi pendant que vous voyez d’autres artistes bourrés de talent qui ne connaissent pas la moindre considération ?
Oui j’étais jaloux de cette injustice qui a toujours été de mise dans le métier. Il faut être un hypocrite fini pour prétendre le contraire.
Et votre regard sur les émissions de télé qui mettent en valeur des inconnus jugés par des artistes reconnus ?
“The Voice”, je ne regarde jamais. Sincèrement, 15 minutes de ce truc et c’est la dépression pour moi. Déjà parce que le drame actuel c’est qu’on recherche des voix et non pas des créateurs. Tout le monde qui a un peu de voix peut façonner et formater sa voix en fonction de ce que l’on demande.
Bon après je devrais regarder la poutre qu’il y a dans mon œil avant de condamner la paille dans celui de mon voisin ! J’ai aussi participé à l’époque à des émissions de télévisions avec leurs tremplins qui étaient l’équivalent de « The Voice » comme « Les marches de la gloire » ou « Club Dorothée ».
Et j’ai regardé Leho lorsqu’elle est passée sur TF1, je l’ai trouvé super géniale. Je suis très heureux de travailler avec elle, mais je sais qu’elle est bien plus qu’une simple interprète, elle a beaucoup de talent.
Bon pour résumer disons qu’il est dommage qu’on ne laisse pas les jeunes montrer qu’ils sont des créateurs, je pense que ça intéresserait davantage le public.
Avoir une voix n’est pas nécessairement synonyme de talent, de création, d’innovation. D’où l’importance de proposer du contenu, de la création, non ?
Oui, car avoir des bons auteurs et des bons compositeurs, ce n’est pas aussi simple.
C’est dommage que les gens choisissent la facilité des artifices. Nietzsche s’était d’ailleurs insurgé contre Wagner à propos de ses arrangements d’orchestre donc le problème ne date visiblement pas d’hier.
Ensuite ce qui me désole, c’est cet esprit de compétition ! Je préfère laisser ça aux sportifs. Quand j’étais gamin je pensais que les musiciens jouaient ensemble, dans l’esprit de faire la musique l’un avec l’autre et non pas l’un contre l’autre.
À l’âge de dix ans je faisais de la guitare et du football et j’ai dû choisir entre les deux car mon emploi du temps devenait serré. J’ai choisi la guitare et mes amis m’en ont un peu voulu, il paraît que j’étais plutôt un bon footballer.
Mais j’avais beaucoup de mal avec cet esprit d’affronter une équipe en face, je ne voulais pas gagner ma vie en brisant les rêves des autres, alors les concours de chants, vous imaginez bien ce que cela suscite en moi, je trouve ça franchement glauque.
C’est comme si tant de jeunes étaient plus attirés par la célébrité que la création artistique ?
Ces jeunes qui claquent 8000 balles en un an pour apprendre la musique rock ou de variété dans des écoles d’où l’on ne sort avec aucun diplôme sont complètement à côté de la plaque.
Ils font les choses à l’envers, déjà parce que ce genre de truc ça ne s’apprend pas. La raison pour laquelle rien n’est durable aujourd’hui c’est que les jeunes veulent devenir des stars et non pas des musiciens.
Seuls ceux qui ont une vraie fibre artistique sont voués à perdurer et ce n’est pour une fois que justice.
Avoir la fibre artistique c’est indispensable évidemment. Mais encore faut-il avoir l’occasion de monter sur scène, de découvrir un public qui a envie de vous connaître, non ?
Je fais très peu de dates, déjà parce que je ne suis pas une star (rire) Mais surtout parce qu’aucune salle ne peut nous accueillir en payant un prix décent pour moi et mes musiciens. On est sept, vous m’imaginez leur dire de venir pour rien ?
Il était question de faire quelques dates à Metz, Nantes et même à Florence en Italie. Mais pour une raison indépendante de ma volonté cela ne se fera pas, en tout cas pas dans l’immédiat. Mais je pense que ça se fera finalement un jour ou l’autre.
J’aimerais beaucoup retourner au Québec, la tournée en 2008 avec Sarah Eddy était absolument géniale, c’est un public tellement chaleureux.
Mais c’est difficile de mettre ce genre de projet en place mais je ne perds pas espoir. En tout cas ça me fait plaisir de savoir que mes disques sont écoutés là-bas et en Italie, donc c’est assez légitime que je veuille y jouer.
Rien à voir avec ce que peuvent vivre les musiciens de bar …
On est saturé dans les bars de groupes qui se contente de jouer parfois même gratis. Je pense que ce n’est pas convenable.
Honnêtement je préfère rester chez moi en dessous de certaines conditions, ce n’est pas pour faire les divas, c’est juste qu’à un moment donné il faudrait que les musiciens exigent qu’on les respecte.
Les bars qui font des annonces en disant aux musiciens qu’ils peuvent jouer gratuitement en échange de faire leur promotion, devraient savoir que ça m’intéresse aussi vivement de faire une grosse soirée avec mes amis … et qu’ils peuvent venir servir à boire à volonté gratuitement en échange de faire leur promotion.
C’est amusant, aucun patron de bar n’acceptera une telle aberration mais un musicien accepte de telles conditions, c’est scandaleux.
Le danger c’est d’avoir envie de jouer à tout prix … ou plutôt pour aucun prix. Voire gratuitement, non ?
La mentalité de la gratuité de la musique acquise, c’est vraiment un truc que je trouve honteux.
Peut-être que si mon boulanger m’offre son pain, que si les artisans voulaient bien me donner leur service en échange de rien, je consentirais à leur offrir ma musique. Léo Ferré disait que l’art n’est pas un bureau d’anthropométrie.
J’avoue que je suis un peu bourgeois dans ma façon de concevoir la musique.
Un peu bourgeois ? Pourquoi ?
J’aime les concerts et manifestations décalés, ou prestigieux, comme jouer dans un château, une librairie réputée ou un casino.
Mais je suis pour que tout le monde y ait accès, je veux dire un prix d’entrée raisonnable.
J’ai déjà eu 18 ans et j’ai déjà joué dans des salles de concerts dégueulasses mal sonorisées et qui vivent de subventions, j’ai donc fait le tour de la question.
C’est aussi une question de mise en scène d’une certaine réalité qui ne correspond pas à ce que vit vraiment l’artiste, non ?
J’ai un problème avec ces gens qui font semblant d’être positifs et qui jugent les gens comme moi qui se permettent d’être négatifs quand les choses ne vont pas dans le bon sens.
On le voit bien sur les réseaux sociaux et ça sent la manipulation à plein nez. En fait c’est une technique de manipulation de masse qui est très connue.
Je ne suis pas persuadé qu’on va très loin en mentant sur la réalité et en s’entourant de gens comme ça. Il faut se méfier, car tôt ou tard ça vous rattrape. Un beau jour les masques finissent par tomber.
Pourquoi proposer « La théorie du complot » en CD et aussi en version vinyle avec un 33 Tours ? On est bien loin du téléchargement actuel !
Je suis très heureux du retour du vinyle et c’est pour cela que nous avons édité le nouvel album dans ce format.
Déjà l’objet est beau, et j’ai toujours été favorable à savoir qui a fait quoi dans un album, ce qui en général est inscrit sur la pochette.
Le drame actuel des téléchargements c’est que tout est dématérialisé, alors les gens surconsomment la musique. En réalité ils ne prêtent plus attention à ce qu’ils entendent. C’est un mépris total de la musique. Vous liriez un livre en marchant vous ?
C’est dans ce sens que j’ai dit un jour qu’hélas, la musique, ce n’est pas fait pour tout le monde. Qu’est-ce que je n’ai pas encore dit ce jour là ?
Je persiste et je signe en disant que de nombreuses personnes ne savent même pas ce que c’est que la musique.
Alors c’est quoi la musique selon vous ?
À la base c’est un art exigeant, et on en a fait une espèce de machin pour combler le vide des gens qui ne supportent pas la solitude.
L’avantage du vinyle, c’est que vous allez l’écouter sur un système d’écoute de qualité, en voyageant dans votre canapé, et pourquoi pas les yeux fermés.
Mercredi 14 mars, durant son entretien animé par Augustin Trappenard sur France-Inter, Maxime Leforestier comparait le téléchargement mp3 à de la malbouffe. Ça vous interpelle ?
Exactement. Les gens qui écoutent des MP3 me font de la peine. Ça me fait de la peine, parce que manger dans un fastfood merdique c’est pas toujours un choix, parce que c’est moins cher qu’un restaurant trois étoiles.
Mais télécharger un MP3 ou choper un abonnement dématérialisé où de toute façon vous allez écouter 10 albums à l’année ça coûte aussi cher que de se procurer des vinyles.
Alors cultiver le culte de la médiocrité, oui ça m’emmerde un peu.
La musique, la chanson c’est aussi, ou plutôt ça devrait aussi être synonyme de rencontres : un contrepoids face à cette inquiétante et omniprésente dématérialisation…
Rien de tel que le contact direct ! En l’espace de 10 ans, j’ai travaillé avec presque mille personnes au sein de JBM Studio, soit en tant qu’auteur compositeur, arrangeur ou encore musicien et ingénieur du son.
Je suis heureux d’avoir rencontré autant de personnes qui ont des talents incroyables, mais ça m’attriste un peu plus d’en voir peu sous les projecteurs.
J’ai beaucoup aimé travailler sur le disque de Delphine Wespiser (Miss France 2012), et réaliser les disques de Sarah Eddy a toujours été un gros travail mais d’un épanouissement total.
Son prochain album va en surprendre plus d’un, c’est à mes yeux ma plus belle réalisation. J’aime beaucoup les disques pour enfant que nous avons fait chez EPM et Universal.
Donc pas de regret dans toutes les expériences et collaborations artistiques depuis que vous mis un pied dans ce milieu ?
Je crois que je ne regrette aucune de mes collaborations que ce soit Blackbird, Sophy-Ann Pudwell, Sébastien Minot, Christian Daniel et tant d’autres. J’ai bossé avec des poètes comme Jean-Marie Koltès et Philippe Charrier qui sont des maîtres, mais aussi avec des jeunes qui ne savaient pas qu’ils avaient un talent d’écriture fou.
J’adore ce travail de conservation du patrimoine qu’il m’est permis de réaliser chez la prestigieuse maison de disque «Frémeaux & Associés ».
C’est pour moi un immense privilège que de travailler avec leur équipe que je trouve très rigoureuse et sérieuse.
Et qu’en est-il du personnage de Mr Bretzel alors ?
Je n’en parle jamais en tant que « JB Mersiol » mais le projet humoristique « Mr Bretzel » a été un accident.
C’est en travaillant comme prestataire pour un orchestre folklorique alsacien, qu’un producteur indépendant de la région est venu me proposer de faire un CD avec des pastiches sur l’Alsace.
Je n’y croyais pas et je me souviens lui avoir dit « D’accord, c’est rigolo, on va le faire avec mes musiciens, mais tu vas en vendre 28 ! ».
Pour une raison que je n’explique pas ça a marché comme tout le monde dans cette région le sait. Il n’était donc pas prévu que je fasse cela pendant 10 ans.
Avec au bout du compte le danger qu’on ne fasse plus la distinction entre l’auteur-compositeur-interprète et ce personnage …
Et ce qui m’a gêné c’est que certaines personnes, mélangent Mr Bretzel et JB Mersiol !
Pour moi c’était deux choses complètement distinctes, comme si c’était deux artistes différents.
Forcément, avec JB Mersiol, je travaillais avec des auteurs exigeant alors qu’avec Mr Bretzel on faisait semblant de se tromper dans les solos, on balançait des rots, des injures et on faisait en sorte que ça sonne le plus amateur possible.
Enfin la plupart des gens ont quand même compris que c’était deux trucs différents et d’ailleurs les publics ne sont en général pas les mêmes. Enfin je ferai le concert d’adieu de Mr Bretzel fin d’année car toutes les bonnes choses doivent avoir une fin. Il y aura un livre aussi.
A passer ainsi en revue autant d’expériences musicales dans des registres aussi variés, je me demande si ce n’est pas seul en train de créer dans votre studio d’enregistrement que vous êtes le plus … heureux, non ?
Je me lève le matin avec beaucoup d’énergies, des projets. Mon entourage a parfois du mal à suivre mais il faut aussi comprendre que je ne fais pas partie du monde de la scène.
Si je me produis peu c’est parce que je me considère comme un artisan du monde de l’édition musicale. Oui, j’aime le travail en studio, car tout est possible, et travailler le son d’une batterie, faire des expérimentations, m’amuse davantage que d’être sur les routes.
Le studio d’enregistrement c’est ma façon de voir la musique. Je sais que les artistes et les organisateurs de spectacles méprisent en général le disque et privilégient le spectacle vivant mais ils oublient un point essentiel : faire un disque c’est laisser quelque chose de soi dans un temps précis. C’est aussi créer son monde parallèle. J’aime bien l’idée.
ILLUSTRATIONS Sarah Eddy /au coin des yeux photographie
Pas de doute, dès ce samedi 24 mars il devrait y avoir de l’ambiance du côté de Saint-Quentin-la-Poterie !
Le Festival L’Accordéon Plein Pot ! n’aura pas encore débuté “pour de vrai” mais un savoureux avant-goût sera proposé ce jour-là entre conférence musicale et concert.
Coup de projecteur sur une 12ème édition enracinée avec bonheur dans une talentueuse francophonie du 8 au 13 mai dans ce village du Gard.
Soyons francs. C’est un passionné de musiques et chansons francophones d’Amérique du Nord, PatrickPlouchart qui m’a informé de ce festival. Sans lui je serai sans aucun doute passé à côté de ce feu d’artifice de talents francophones.
L’ancienne signature de Trad Magazine – revue hélas disparue en juillet 2017 sans même prévenir ses fidèles abonnés dont j’étais … – m’a en effet parlé avec enthousiasme de cette manifestation à multiples facettes.
Évidemment, il y a des concerts mais pas seulement … comme vous le détaille avec force précisions le programme à découvrir ICI .
Et avant même que le festival ne débute “officiellement”, la journée du samedi 24 mars mérite d’être évoquée pour deux rendez-vous :
d’abord une CONFÉRENCE MUSICALE animée par Roger Morand , accordéoniste reconnu comme un des meilleurs spécialistes européens des genres cajun/zydéco, et Jean-Marie Ferrat et Guy Vasseur ...
et le soir un CONCERT sauce Rock & Country avec Sarah Savoy, “the Princess of Cajun” , Issue d’une famille de musiciens légendaires de Louisiane. Chanteuse, accordéoniste, guitariste, cette artiste multi-instrumentiste. Elle se distingue du registre traditionnel cajun de ses aînés, avec une touche épicée de rock’n’roll un peu coquin.
“UN CONTINENT QUI S’OUVRE A VOUS”
Cet avant-goût des plus prometteurs devrait vous donner envie d’en savoir plus sur cet événement marqué par plusieurs stages de musiques présenté en ces termes, au nom de L’Office Culturel, par sa présidente, Sylvie Carre :
“Cette année l’APP !, c’est l’Amérique !”. Pas un pays de replis, d’écrans et de murs. Notre Amérique – en doutez-vous, chers amis, qui êtes attentifs depuis 12 ans aux plis si variés de notre accordéon? – est une contrée festive, légère, colorée et gourmande, un continent d’échange et de générosité. les musiques cajun, zydéco, jazz New-Orleans, rock, blues, folk, trad québécois… Ici se parlent, s’influencent en douceur, discutent fraternellement et portent aux nues l’envie de se connaître mieux. Un continent qui s’ouvre à vous….
Les Tireux d’Roches en Alsace au Printemps des Bretelles, Festival des accordéons du monde (Photo Albert Weber)
Pas de doute, pour découvrir “ce continent qui s’ouvre à vous”, le public bénéficiera de guides hors-pair.
J’en apprécie certains depuis des années pour les suivre dans leur parcours artistique tel l’auteur-compositeur-interprète québécois Steve Normandin surnommé à juste titre “L’accordéoniste voyageur” (photo ci-dessus) … les groupes Les Tireux d’Rocheset Cajun Morand Band présentés sur mon site pour la sortie des albums “Marcher Plancher” et aussi “Une limonade ?” !
Quelques noms d’artistes et de groupes parmi bien d’autres à découvrir ICI et aussi sur scène à Saint-Quentin-la-Poterie dans le Gard !
Un concert de Danyel Waro à 10 minutes à pied de chez moi ! Quelle chance !
Franchement, ne pas y aller aura été une faute professionnelle pour un passionné de rythmes de l’océan Indien.
Pire un manque de bon sens pour un amoureux des Mascareignes.
Ça va commencer dans un p’tit moment …
Deux heures de maloya non-stop en créole réunionnais au Centre socio-culturel du Fossé des Treize, un public enthousiaste qui chante et danse, et ne veut pas quitter la salle … et puis une longue séance de dédicaces d’affiches et de CD et nombre de selfies aussi, ce mercredi 14 mars au Centre socio-culturel du Fossé des Treize à Strasbourg.
Et toujours le même accueil chaleureux, fraternel de Danyel dans la loge partagée avec ses musiciens Gilles Lauret, Mika Talpot, Stéphane Gaze, Jean-Didier Hoareau et David Doris …
Danyel Waro et Firmin Viry : une des 6 pages de l’entretien signé Fred Hidalgo pour Chorus / juin 2001
INSCRIPTION AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO
Jusqu’à l’arrivée de la Gauche au pouvoir en 1981, le maloya était rejeté, méprisé, ignoré, combattu autant par les autorités que les gens bien-pensants à la Réunion. Et plus d’un kabar réunionnais – soirée privée se déroulant souvent jusqu’au cœur de la nuit – a été stoppée par l’arrivée des gendarmes. Au milieu des années 70, sans le soutien du Parti communiste réunionnais, pas évident que les 33 tours de Firmin Viry aient pu être enregistrés.
Danse traditionnelle enracinée dans l’Histoire intime de la Réunion, chant d’espoir et de révolte en mémoire des ancêtres arrivés à la Réunion au temps de l’esclavage , le maloya est une très importante composante de l’Histoire artistique, culturelle, sociale de cette île de l’océan Indien.
Et depuis le 1er octobre 2009, le maloya est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO grâce à un dossier présenté par la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise avec l’aide du PRMA (Pôle régional des musiques actuelles) et, évidemment, le soutien de nombreux artistes.
La Région Réunion avait en effet proposé l’inscription du Maloya au patrimoine culturel immatériel de l’humanité : une inscription synonyme d’immense reconnaissance pour tous les créateurs ainsi que pour toutes celles et ceux qui ont œuvré à sa sauvegarde et à sa transmission.
Juin 2001, Chorus n° 36 : Danyel Waro à cœur ouvert
EN MÉMOIRE DE JEAN THÉFAINE ET DE CHORUS
Et tout au long du concert suivi avec enthousiasme par l’artiste d’Alsace Yérri Gaspar, (http://exhibitronic.eu/) … j’ai été emporté par un flot incessant de souvenirs entre rencontres, spectacles, événements et retrouvailles avec Danyel durant ma dizaine d’années de journalisme à l’ile de la Réunion …
Des souvenirs également enracinés dans tant de discussions durant les réunions de rédaction du trimestriel Chorus animées par Fred Hidalgo venu plusieurs fois à la Réunion en vue de dossiers où Danyel Waro aura toujours été mis en relief …
… dans les célèbres chroniques “Soleil Noir” de l’ami Jean Théfaine , un des piliers de Chorus disparu trop vite et emporté par le cancer comme l’ami Marc Robine …
… et aussi dans le formidable concert de Danyel en mars 2017 au Train-Théâtre à Portes-lès-Valence savouré avec Patrick Plouchart, collaborateur de la revue Trad Magazine qui n’avait alors pas encore cessé de paraître …
Mars 2017, après le concert au Train-Théâtre avec Danyel Waro et Patrick Plouchart
PERCUTANTE DÉCONTRACTION
Pour tous ces souvenirs, et surtout pour ta percutante décontraction à célébrer le maloya, à rappeler le souvenir des Frères Adecalom (un de mes titres préférés comme je te l’ai dit ai dit après le spectacle)… oui pour tout cela et bien d’autres choses merci Danyel.
“Le maloya devrait être remboursé par la Sécu !” : c’est la boutade lancée après le concert à Philippe Conrath.
Oui l’incontournable Philippe : l’ami, le gérant, le chauffeur, le vendeur de CD de Danyel qu’il avait fait tant soutenu dans ses articles dans Libé et aussi dans son festival Africolor !
Et bravo au Festival Jazzdor d’avoir programmé Danyel, figure MAJEURE de la vie artistique et culturelle de la Réunion. Un artiste aussi authentique qu’engagé, et plus jamais FIER de parler, chanter et célébrer sa langue maternelle – le créole – et ÉVIDEMMENT son ile natale.
Oui BRAVO au Festival Jazzdor bien que le maloya c’est pas du jazz !
Et cette manière de mettre en valeur des genres musicaux différents dans le même festival me convient parfaitement.
Dessin de Jacques Poustis dans Chorus : une des illustrations de l’entretien de Danyel Waro paru en juin 2001
Lauréat du 1er concours D’ Stimme en 2017, Gaël Sieffert vient de passer trois jours dans les studios de France Bleu Alsace pour enregistrer 5 titres de l’album prévu dans le cadre de cet événement.
Sur ce CD on trouver évidemment “Atmosphère”, le titre lui ayant permis de l’emporter en juin dernier devant 9 autres candidats à la salle des Tanzmatten à Sélestat. Voir ARTICLE ICI.
Et on y découvrira donc les chansons enregistrées dans l’un des studios de la rue Massol à Strasbourg du vendredi 9 au dimanche 11 mars : “E Weijh”, “Heile”, “E Leed”, “Hin un Här” et Schaal”.
Les musiques des chansons sont toutes de Gaël Sieffert et les textes du chanteur-comédien Christophe Voltz, également coach pour la prononciation en alsacien durant ces heures de studio.
Seule exception musicale pour le titre “Heile” dont les compositeurs sont Gaël Sieffert et Jean-François Pastor, également guitariste aux côtés de Gaël Sieffert dans cette aventure menée à bien avecJean-François Untrau (basse) et Sébastien Kanmacher (batterie).
Gaël Sieffert et Christophe Voltz
L’album sortira sous l’appellation VOSTOK PROJECT , le projet né de la complicité entre Gaël Sieffert et Christophe Voltz.
Par ailleurs, les deux compères se produisent également dans “ICH BEKUM A AFF”, savoureux spectacle enraciné dans la richesse de la langue alsacienne, entre monologues et chansons.
Ils se transforment alors en efficaces cousins de Raymond Devos et Pierre Desproges. A LIRE ICI.
Christophe Voltz, Gaël Sieffert, Pierre Schott et Jean-François Untrau
L’enregistrement de ces chansons a été marquée par l’amical passage de deux chanteurs d’Alsace : Olivier Musica et Pierre Schott , l’ancien membre du duo Raft venu en voisin puisqu’il est technicien à France Bleu.
Et – bonne nouvelle – tous les deux sont sur le point de sortir chacun leur nouvel album.
Christophe Voltz et Olivier Musica
Rappelons que le concours D’Stimme est organisé par l’ OLCA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle) et France Bleu Elsass.
Dans quelques jour seront ENFIN rendus visibles sur le site de France Bleu Alsace les clips des 11 candidats en lice pour la 2ème édition : Cadillac Lilou (Aurélie Diemer) ; Katia Criqui ; Julien Hachemi (Julien Hmi) ; Mister Lucky (Luc Lemenu) ; Patrick Osowieki ; Paddy K. (Patrick Kawski) ; Serge Rieger ; Arnaud Rosfelder (Arnaud Schnee) ; Stichling (Joseph Spinali Wermelinger) ; Gilbert Troendlé et Christophe Voltz.
Ça fait du bien de parler d’un artiste si peu mis en valeur dans les “grands médias”. Je conserve d’Yves Vessière le souvenir d’un intense concert au Festival Bernard Dimey, voici quelques années.
Henry Tilly, sensible aux talents aussi authentiques qu’ignorés du grand public, a été emballé par la soirée animée par Yves Vessière le 9 février 2018 à la “Fabrique Poïen”. Comme il n’est jamais trop tard pour évoquer un auteur-compositeur-interprète de cette qualité, voici son texte illustré par des photos prises par son épouse Françoise et par lui.
UN REFUGE POTENTIEL IDÉAL POUR “LA CHANSON DE PROXIMITÉ”
Je connais Yves Vessière depuis plusieurs années et ai eu la chance, habitant la même ville d’Auvergne, de suivre son parcours et ses albums. Et, bien entendu, ce qui est le plus intéressant chez ce genre d’artiste, l’évolution de ses textes et de ses mélodies et arrangements.
Si quelqu’un connaît bien la vie en usine, c’est lui puisqu’il y a travaillé toute sa vie, ne s’autorisant la musique et la chanson que comme des “violons d’Ingres”, alors même qu’il les pratique passionnément depuis 1975. Peut-être avait-il compris très tôt le côté hasardeux d’une vie artistique à plein temps ?
Peut-être cet esprit à la fois hardi et sage n’a-t-il pas cru en son propre talent au point de ne s’y risquer qu’en amateur, “fourbissant” patiemment sa guitare et ses chansons sans négliger, par goût et par admiration, de chanter Brassens et quelques autres Grands pour lesquels il s’est pris quelques ampoules aux doigts et quelques crampes au poignet, sur son instrument.
Ce soir, 9 Février, je fais une double découverte : le lieu du concert et la nouvelle forme d’accompagnement choisie par Yves.
Nous sommes à La Fabrique Poïein” dont je ne connaissais que le nom mais qui m’apparaît comme un refuge potentiel idéal pour la “chanson de proximité”, appellation chère à Michel Trihoreau.
NOUVELLE FORMULE AVEC UN PIANISTE
Il s’agit d’une ancienne grange, bien restaurée, bien proportionnée, adossée à une maison d’habitation. Le plafond est haut mais pleinement rassurant quand on voit l’échantillonnage des poutres qui le composent et qui, bien que neuves, sont assemblées à tenons et mortaises et chevillées bois. La poutre centrale, elle, n’est visiblement pas neuve mais son état impeccable, sa patine et sa section impressionnante montrent qu’elle peut voir défiler encore beaucoup d’années …et plus….
La Fabrique Poïein est un lieu privé, dédié à la culture mais la culture dans sa forme ouverte, libre, créative, comme l’incarne le propriétaire de cette “oasis”, Gérald Casteras, ancien professeur de lettres classiques, chaleureux et simple mais dont on sent le large éventail des curiosités et une érudition considérable et pourtant sans ostentation. Je vous invite, pour en savoir plus, à découvrir ICI le site afin que je puisse vous conter notre soirée.
L’accueil est, à l’image du maître de céans, sympathique et amical et l’on se sent tout de suite à l’aise en apportant son écot au casse-croûte qui suivra le concert (façon “Chantappart”). La météo qui trahit tant de gens en ce moment, a causé beaucoup de défections par rapport aux réservations mais chacun reste stoïque et détendu.
En Auvergne, l’hiver est souvent significatif, même si nous ne sommes pas au Canada et ce soir, la menace de neige et de verglas n’est pas à prendre à la légère. A l’intérieur, le poêle à bois dispense déjà généreusement sa chaleur et les flammes qui dansent derrière la vitre, ajoutent au charme du lieu.
Je découvre donc Yves Vessiere “nouvelle formule”, c’est-à-dire accompagné d’un pianiste. Jusque là, Yves était le plus souvent accompagné par son “vieux” complice Marc Bargero, guitariste exceptionnel dont on peut mesurer le talent sur les 2 derniers albums.
Yves, guitariste lui-même, utilise souvent son instrument en chantant mais il a toujours su s’entourer de musiciens de haute qualité, que ce soit pour les enregistrements ou les concerts importants, ce qui ne l’empêche pas d’apporter un soin jaloux au choix de son accompagnant pour des manifestations plus conviviales.
Marc Bargero
“ON SE DEMANDE” : UN ALBUM A DÉCOUVRIR
Et c’est, outre sa fidèle guitare, en piano-voix que nous retrouvons notre ami et le pianiste ne nous est pas d’avantage inconnu.
C’est Alain Régerat que nous connaissons surtout comme pianiste de jazz. Mais s’il excelle dans cette discipline, on sait qu’il a plus d’une corde à sa harpe et comme les chansons d’Yves sont souvent “jazzy”, ça devrait “le faire”, comme on dit.
Et “ça le fait” ! En commençant par une bossa de sa composition, “On aime la musique”, parfait échantillon des chansons de cet artiste qui sait si bien allier poésie, fraîcheur et humour. La seconde, “Lui plaire encore”», est une “chanson d’amour ” si on met de côté l’autodérision et l’ironie dont elle est cousue tout du long. Une chanson à retrouver également ICI sur youtube.
C’est celle qui débute l’album “Patchwork”sorti en 2010. J’avoue bien volontiers que je “l’attendais au virage”, la guitare Manouche de Marc Bargero m’ayant semblé inséparable de cette chanson, par la couleur qu’elle lui apportait. Mission accomplie pour le nouvel arrangement d’Yves et pour Alain Régerat. Le piano d’Alain a su prendre sa place, comme d’ailleurs dans la bossa qui précédait.
Dans l’annonce que j’ai reçue et qui m’a attiré jusqu’ici, en dépit des injonctions alarmantes de M. Météo, le spectacle s’intitulait : « On se demande », titre du dernier album d’Yves, sorti en 2016 et salué, à sa sortie par un bel article de l’ami Michel Kemper sur le site NOSENCHANTEURS à lire ICI .
De gauche à droite Yves-Vessière, Ludovic Legros et Marc Bargero au Pianocktail
AVEC IRONIE, HUMOUR ET DÉRISION
Je dis un bel article car il résume à peu près tout ce que je pense de l’artiste Yves Vessière. Et de ses chansons et de la place qu’elles devraient occuper, avec bien d’autres, si l’espace médiatique qui permet d’accéder à un public plus large n’était confisqué par les promoteurs de choses insignifiantes quand ce ne sont pas des insanités ordurières empilées en vrac dans un emballage bruyant, baptisées rapidement “rap” pour décrocher trois “victoires de la musique” le même soir : ce qui a, quand même déclenché une pétition pour réclamer leur retrait .A suivre…
Donc notre soirée s’intitule “On se Demande” et, si à notre grand plaisir, elle est majoritairement tournée vers les chansons de cet excellent album (écoutable et achetable sur son site . Yves, comme à l’accoutumée, ne s’interdit pas de nous emmener en promenade dans ses précédents albums tels “Patchwork” en 2010 ou ” Chansons d’autres étés” en 2000, par exemple
Yves Vessière n’est pas tombé de la dernière averse. Et l’on a plaisir à visiter ou revisiter ses œuvres antérieures, d’autant que sa maturité d’auteur est constamment consolidée par une fréquentation régulière et gourmande de la littérature, poétique entre autres.
Son regard lucide et attentif sur le monde et la société, ajouté au soin qu’il apporte à chacune de ses chansons (texte, équilibre, mélodie, arrangements) en fait, depuis longtemps des sortes de madeleines qu’on aime à retrouver périodiquement et savourer.
On n’est jamais menacé de monotonie ou d’ennui, avec cet homme. L’ironie, l’humour, la dérision peuvent tout à fait venir “dédramatiser ” une histoire qui pourrait paraître un peu sombre, telle cette chanson qui pourrait évoquer des parfums de Chelon et de Brel, sans ce sourire en coin … dans “Rue des soubrettes” à retrouver ICI sur youtube.
CHAQUE ALBUM PLUS RICHE QUE LE PRÉCÉDENT
Chaque chanson est une entité complètement différente de la précédente, avec ce que Jean Anglade appelle “une grande variété d’inspiration, qui passe de l’humour à la poésie, de la gravité à la tendresse, jonglant avec les mots, métissant les musiques (Jazz, tango, bossa, valse)”.
Il y a toujours un brin de sérieux dans les chansons d’Yves Vessière, même si elles sont délibérément drôles. A chacun d’aller le chercher et d’en tirer la substantifique moelle, au milieu de propos malicieux et sur une musique qui peut sembler primesautière … comme dans “La pomme de terre” à savourer ICI sur youtube.
En 2000, à la sortie de son album “Chansons d’autres étés”, la revue “Chorus, Les cahiers de la chanson” saluait l’artiste et ses musiciens par un beau coup de chapeau. Et on peut dire qu’à Chorus, ils en connaissaient un rayon en matière de chanson francophone.
Pour ma part, bien qu’amateur des chansons d’Yves Vessière depuis longtemps, je ne puis m’empêcher de trouver chaque album plus riche que le précédent, impression dont je ne saurais, bien sûr, certifier la totale objectivité. Et le dernier né des albums d’Yves n’échappe pas à cette “règle” toute personnelle.
Au total, les chansons ne sont ni plus graves ni plus drôles que dans “Patchwork”, par exemple mais peut-être certains sujets abordés sont-ils devenus plus préoccupants qu’ils ne l’étaient déjà et l’art déployé à nous permettre malgré tout d’en sourire (même jaune), me semble-t-il encore plus habile. En somme plus abouti, qu’il s’agisse des propres textes d’Yves ou de ceux empruntés à des auteurs amis (Bernard Martin, “Vrai fils de la nation”) ou à des auteurs ou écrivains connus tels Jean Richepin, René Fallet, Raymond Devos.
Mais si la première chanson de l’album donne le ton de la dégradation des problèmes sociaux, elle est compensée par une instillation d’espoir dans les refrains .. avec “On se demande”. A découvrir ICI sur youtube.
Yves Vessiere avec Alain Regerat au piano
DES CHANSONS AUSSI RÉCRÉATIVES QU’INTERROGATIVES
Dès que l’on sort de la chanson purement bucolique ou de la chansonnette d’amour, certains ne peuvent retenir la question récurrente qu’on a entendue un nombre incalculable de fois pour bien d’autres artistes : Yves Vessière est-il un “chanteur engagé” ?
Certains artistes ayant usé et abusé de cette appellation, il a été plus facile pour une génération plus timorée de la “ringardiser”, au point que l’adjectif “engagé” puisse paraître ridicule, voire handicapant aujourd’hui.
Personnellement, je ne vois aucun inconvénient à considérer comme tel un artiste qui donne à tout ou partie de ses chansons un contenu “signifiant” : au sens où ce mot est le contraire “d’insignifiant” et qu’aujourd’hui les problèmes du monde ou simplement du pays, qu’ils soient sociaux ou sociétaux méritent bien quelques chansons … forme sous laquelle, résumés et condensés, ils s’impriment plus facilement dans les consciences, ce qui est un début.
Les chansons d’Yves Vessière, de ce point de vue, récréatives autant qu’interrogatives, s’inscrivent dans la ligne de Frasiak, Bobin, Lavilliers, Utgé-Royo, Chelon, Tachan, Jamait, Leprest, Boutet et bien d’autres, sans parler de leurs grands aînés.
La seule exigence qui leur est alors imposée, hormis de demeurer intéressants, ce qui est un minimum, est de rester cohérents avec eux-mêmes, ce qui n’est pas forcément évident, surtout si le succès survient.
En conclusion, nous avons passé une belle soirée à La Fabrique Poïein, retrouvé avec grand plaisir un Yves Vessière toujours aussi attachant et qui, de surcroît a gagné son pari : adapter ses mélodies à l’accompagnement piano grâce à la complicité d’Alain Régerat.
Nous avons découvert un nouveau lieu de rendez-vous artistique fort accueillant qui n’aurait besoin que d’un petit “habillage mural” pour être parfait et complètement “photogénique”.
“Pas croyable !” “J’hallucine !”, Complétement dingue !”. Ainsi peut se traduire “Ich bekum a Aff”, le spectacle vivement applaudi vendredi 2 février à l’Orgestubb de Pfaffenhoffen.
Face au public le comédien-humoriste-chanteur Christophe Voltz et son compère Gaël Sieffert, lauréat du concours D’Stimme 2017 organisé par l’OLCA (Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle) et France-Bleu Elsass.
Un spectacle filmé en vue d’un reportage dans l’émission RUND UM de FR3 Alsace
D’emblée une précision s’impose : le spectacle “Ich bekum a Aff” est synonyme de renaissance.
En effet, dès les années 2004, Christophe Voltz s’était lancé dans cette aventure scénique nourrie de ses chroniques humoristiques en alsacien diffusées sur RFM Strasbourg. D’où diverses représentations : Caveau du Scala; Illiade; Festival Clair de Nuit; Café-théâtre Le Kafteur, etc.
UN TANDEM D’EFFICACES COMPLICES
Évidemment, le ton et l’esprit de la version 2018 sont toujours fidèles à ses origines … grâce aux fameux monologues plein de bon sens et d’humour.
La nouveauté, c’est qu’au fil des années, la formule s’est enrichie avec les chansons de Christophe Voltz et depuis 2010 avec la participation du chanteur Gaël Sieffert.
Les deux complices ont multiplié expériences et projets, entre l’Alsace avec l’Atelier Voix du Sud organisé par le Ville de Strasbourg et Astaffort pour la création de “La Nuit d’Encontre” : intense aventure d’une dizaine de jours de création multirégionale réunissant langues de Bretagne, de la Réunion, d’Occitanie, de Corse et … d’Alsace !
Mais ce n’est pas pour autant que le tandem Voltz-Sieffert a abandonné “Ich bekum a Aff” que j’ai eu le plaisir de découvrir en mai 2017 au Petit Théâtre d’Epfig. J’avais alors été bluffé par ces deux artistes d’une nouvelle scène alsacienne aussi talentueuse que décomplexée, en espérant que ce spectacle retienne l’attention d’espaces culturels en Alsace mais aussi ailleurs dans le monde, sous l’égide de l’Union Internationale des Alsaciens.
C’est lui qui est à l’origine de la soirée organisée à l’Orgelstubb, dans le logique prolongement d’un spectacle à domicile ayant permis à plusieurs professionnels de savourer la nouvelle version de “Ich bekum a Aff”.
ENTRE MONOLOGUES ET CHANSONS
Débuté par Gaël Sieffert seul à la guitare pour la chanson “Schall”, le spectacle se poursuivra, ce soir-là à l’Orgelstubb, sans temps mort avec un Votz des plus à l’aise pour raconter des tranches de vie, évoquer des situations aussi inattendues que réalistes.
Et c’est avec une déconcertante facilité qu’il se glisse dans la peau d’une vieille dame dans une file d’attente à la caisse du supermarché … d’un vampire pas comme les autres … d’un nostalgique de Goldorak, Candy et Cap’tain Flam … d’une famille oubliant la grand-mère sur l’aire de stationnement d’une grande surface, …. et la liste est très loin d’être exhaustive !
Avec Voltz on en sait enfin un peu plus sur le fameux Cac 40 devenu “Drack 40″ … et aussi sur ce qui vous attend en prenant l’ascenseur en ayant trop bu et que les gendarmes viennent vous contrôler …
DU CÔTÉ DE DESPROGES ET DEVOS
Attention ! “Ich bekum a Aff” n’a rien à voir avec un enchainement de “blagues alsaciennes”.
Ici on navigue dans un autre univers, dans un registre à la fois plein de bon sens et d’illogisme. En l’occurrence deux repères de “La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède”, la célèbre émission télévisée de Pierre Desproges déclinée en 98 épisodes au début des années 80.
Assurément une référence pour Christophe Voltz qui affiche avec tout autant de spontanéité son admiration pour un autre magicien des mots : Raymond Devos. Avec une différence taille tout de même : ce spectacle est irrigué avec talent par la maîtrise, la virtuosité de la langue alsacienne par Christophe Voltz.
“Besserwisser”, “Volonté”, “Courant d’air”, “Racing”, “Agence de voyage”, “Wym em Wawe”,” “Frigo”, 14 Kinder”, “Fahne”, Cuisine”, “Strasbourg” : autant de titres de monologues qui font mouche. Qui suscitent rires et fous-rires, qui font réfléchir aussi….
DE QUOI ENVISAGER UN ALBUM …
Que dire de plus avoir situé l’historique de ce spectacle présenté vendredi 2 février dans une version de près d’une heure 45 minutes entre monologues, sketches et chansons ?
Les grandes bizarreries et petits travers de notre société évoquées par Voltz ne sont pas les seuls atouts de “Ich bekum aAff”. Les chansons interprétées seul par Gaël Sieffert (Schall; E Weij; Ussenwendi) ou avec Christophe Voltz (Mamama; Sterne) offrent une couleur tout à fait particulière au spectacle à soutenir, à faire connaître.
Une autre manière d’exprimer en alsacien des sensations et des émotions aussi. De là à espérer que les deux compères enregistrent leurs chansons, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement.
Texte et photos ALBERT WEBER
ICH BEKUMM A AFF : Médiathèque de Hangenbieten (7 avril) et Théâtre de la Choucrouterie, Strasbourg (16 juin).
Ambiance assurée deux fois d’affilée au Cheval Blanc de Bischheim pour un concert mené tambour battant par le BBB et la chanteuse-comédienne Corinne Guth.
BBB ? Tout simplement le Big Band Bischheim dont le rendez-vous annuel aura été synonyme de (très) belles surprises savourées par les mélomanes venus en (très) grand nombre.
ACCENTS JAZZY POUR PROKOVIEV
C’est entre refrains classiques et mélodies jazzy que le BBB s’est donné à fond dans cette manifestation menée à bien avec le soutien de l’Agence Culturelle d’Alsace et dédiée au tromboniste Jean-Pierre Bergmiller disparu le 25 juin 2017.
Retenir l’attention d’un public fidèle tout en se renouvelant : pari relevé avec brio par le BBB qui a notamment mis en valeur le talent d’une convaincante Corinne Guth en qualité de récitante du célèbre “Pierre et le loup”.
Oui, c’est le conte musical pour enfants de Sergueï Prokofiev qui a offert une couleur tout à fait particulière à la première partie du concert débutée par “Ainsi parlait Zarahustra” de Richard Strauss.
C’est en se glissant dans la peau de la narratrice du fameux poème symphonique que Corinne Guth a marqué le début de soirée : un rôle assuré avec efficacité qui aura judicieusement mis en relief nombre d’instruments du BBB. Une initiative d’autant plus intéressante que cette version de “Pierre et le loup” a été proposée dans un registre jazzy sur des arrangement signés Oliver Nelson.
UNE ÉVIDENTE INTENSITÉ VOCALE
En seconde partie, la participation de Corinne Guth a mis en évidence son talent de chanteuse. Et ici en l’occurrence celui d’interprète d’incontournables standards tels que “The best is yet to come”, “Me ans Mrs Jones” et “New-York, New-York” : trois titres qui évoquent immédiatement Franck Sinatra, Billie Paul et Liza Minelli.
Reprendre de tels refrains peut se révéler problématique si on ne dispose pas d’une voix adaptée à la puissance mais aussi à l’émotion qui en découlent. Il faut à la fois du coffre, du souffle, … en somme une évidente intensité vocale tout en s’aventurant dans un univers plus nuancé avec la reprise du tube de Billie Paul.
Autant de repères auxquels Corinne Guth a offert une talentueuse réponse entre énergie et douceur, en compagnie des musiciens du BBB sous la direction de Sylvain Dedenon, également à l’origine des arrangements des titres repris par elle.
Reste le souvenir d’une soirée synonyme d’entraînantes escapades musicales dans des univers fort variés entre Mozart, Bach et même Bernstein pour l’inoubliable “West Side Story” … sans oublier “Garaje gato”, endiablée salsa finale créée par Gordon Goodwin.
Le jury du concours de chanson en alsacien et platt s’est réuni ce jeudi 18 janvier 2018 dans les locaux de France Bleu Elsass pour choisir les dix lauréats de la 2e édition de d’Stimme du concours de chanson en alsacien et en platt.
LA SÉLECTION AURA ÉTÉ LONGUE ET COMPLIQUÉE
Ils étaient 26 inscrits cette année contre 37 inscrits pour la 12ère édition.
Pour écouter les chansons, les noter et en débattre, il aura fallu 4 heures au jury composé d’artistes et de professionnels comme Matskat, Gaël Sieffert (gagnant de la 1ere édition de d’Stimme), Cathy Bernecker, Albert Weber (journaliste), Pierre Schott, Isabelle Schoepfer (directrice de l‘Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA), Sylvie Bagnuls (représentante d’Orange)
Les concurrents sélectionnés poursuivront l’aventure de d’Stimme par un enregistrement de leur chanson dans les studios de France Bleu Alsace début février : une initiative menée à bien, comme pour la 1ère édition, par Matskat et ses complices musiciens.
Les chansons seront soumises au vote du public au courant du mois de mars sur le site internet de France Bleu. Les trois finalistes pourront se produire sur la scène des Tanzmatten à Sélestat, soirée où sera annoncé LE grand gagnant.
La sélection aura été longue et compliquée. Il ressort qu’au final ce seront 11 candidats qui poursuivront l’aventure de d’Stimme, les deux derniers étant arrivés ex aequo. Les 11 onze lauréats sont
Cadillac Lilou (Aurélie Diemer)
Katia Criqui
Julien Hachemi
Mister Lucky (Luc Lemenu)
Patrick Osowieki
Paddy K. (Patrick Kawski)
Serge Rieger
Arnaud Rosfelder
Stichling (Joseph Spinali)
Gilbert Troendlé
Christophe Voltz
UN CONCOURS ORGANISÉ PAR FRANCE BLEU ELSASS ET L’OLCA
Les lauréats feront l’objet d’une médiatisation sur les ondes de FRANCE BLEU ELSASS ET AUSSI FRANCE BLEU ALSACE ET FRANCE 3 ALSACE.
La finale de la 1ère édition a été organisée samedi 10 juin à Sélestat aux Tanzmatten à Sélestat devant une salle comble : un sacré événement pour qui s’intéresse à la chanson alsacienne. Et plus globalement à la culture alsacienne dont la chanson est (évidemment) une des facettes les plus populaires).
D’où l’importance de la médiatisation de la chanson alsacienne grâce à ce concours à l’heure où l’Alsace se retrouve intégrée dans un Grand Est en compagnie de la Lorraine, de la Champagne et des Ardennes. En découlent diverses remises en question de la place de l’Alsace dans ce vaste puzzle, dont l’Appel des 100 lancé par quatre associations : l’Initiative citoyenne alsacienne, Culture & Bilinguisme, le Club Perspectives alsaciennes et Avenir Région d’Europe. Cet “Appel pour une nouvelle Région Alsace ” réunit une centaine de personnalités alsaciennes du monde de la culture (dont plusieurs du monde de la chanson d’Alsace), de l’économie, des sciences, du droit, du sport, etc.
Ce concours est organisé par France Bleu Elsass et l’OLCA avec le partenariat du Crédit Mutuel, d’Orange, Café Reck, la SACEM, les Tanzmatten, la Ville de Sélestat et France 3 Alsace.
ÉVITER D’ENFERMER LA CHANSON ALSACIENNE DANS UN GHETTO
Dans cet article consacré à la 2ème édition de D’Stime, pas question de se lancer dans de longues considérations sur le Grand Est mais tout simplement de se réjouir avec force de l’existence et de la reconduction d’un tel concours si intensément enraciné dans l’identité alsacienne.
Car il est évident que culture et identité ont trop souvent méprisées/reniées/anesthésiés par la France et l’Allemagne qui ont tenté de la mettre au pas, voire de l’étouffer définitivement au gré d’une tragique Histoire synonyme de perpétuelles tentatives d’assimilation forcée.
D’où l’importance d’un tel événement artistique. Car il contredit avec professionnalisme les oiseaux de mauvaise augure (et de mauvaise foi) qui se complaisent à ringardiser et à sous-estimer la détermination de ceux qui chantent en alsacien.
Reste qu’un plus grande programmation de chansons alsaciennes serait assurément la bienvenue sur la webradio France Bleu Elsass qui diffuse aussi nombre de chansons françaises, anglaises et également allemandes … plutôt du genre Schlager que dans le registre de Reinhardt Mey ou Hannes Wader par exemple.
La grande diversité des chansons alsaciennes enregistrée au fil des décennies dans les registres les plus variées mérite sans aucun doute une mise en évidence grandissante sur France Bleu Elsass.
Les lauréats sélectionnés pour ce 2ème concours bénéficieront d’une médiatisation sur la webradio ET AUSSI sur France Bleu Alsace : une excellente décision prise par Hervé de Haro, directeur de deux stations. Cela évitera une regrettable forme de ghettoïsation pour les 11 lauréats de cette nouvelle édition dont les chansons sont destinées AU GRAND PUBLIC D’ALSACE.
Tout ou presque a évidemment été dit et écrit sur Barbara décédée le 24 novembre 1997. S’il est évident que nombre de livres ont paru à l’occasion du 20ème anniversaire de sa disparition, il en est un qui me tient particulièrement à cœur à double titre. Explications.
Certes, j’en connais l’une des signatures, mais j’ai surtout envie de vous parler de ce livre de 96 pages car il est assurément très différent de la bonne vingtaine d’ouvrages consacrés au cours de l’année 2017 à la “dame en noir”.
A vrai dire, il faudrait nuancer cette expression qui lui colle tant à la peau, comme l’écrit Calogero dans sa préface : “Je me suis rendu compte que son univers n’était pas si sombre, qu’il y avait de la lumière dans Barbara. Celle qu’on appelle “la dame en noir” est pour moi un puissant soleil. C’est lumineux le noir, c’est ma couleur préférée”.
UN LIVRE TRÈS PERSONNEL ENTRE ANECDOTES ET CONFIDENCES
Premier constat : ce livre ne se résume pas à une série de coups de projecteurs sur la vie et sur l’œuvre de Barbara. Les textes de Claude Fèvre en disent long – entre anecdotes et confidences – sur sa propre approche, voire appropriation des thèmes distillés au gré des chansons qui sont mises en images, page après page, par le dessinateur Jean-Marc Héran.
Idem pour le comédien-chanteur Laurent Viel qui éclaire, lui aussi, de touches très personnelles Babara. D’autant plus qu’il lui a déjà consacré un spectacle … ce qui est d’ailleurs également le cas de Claude Fèvre, intense passionnée d’une artiste à laquelle elle donne vie avec une passion communicative.
Chacune des 43 chansons mise en valeur (un texte et un dessin sur chaque double page), c’est en quelque sorte un chapitre de la vie de Barbara qui nous est offert.
Mais attention, ici pas de morne et fastidieuse chronologie mais une série d’arrêts sur image sur des tranches de vie : autant d’instants vécus au gré des rencontres, séparations, retrouvailles, projets et voyages, concerts et moments de solitude aussi.
LOIN D’UNE CATÉGORIE RÉSERVÉE À L’ÉLITE INTELLECTUELLE
Bien plus qu’un livre sur Barbara, c’est à mon sens un ouvrage sur une certaine époque d’une chanson française exigeante et pourtant de plus en plus ouverte et appréciée par le grand public, et pas seulement pour “L’aigle noir” !
Claude Fèvre – dont les lectures musicales mettent notamment en relief les fameuses mémoires interrompus de Barbara – connait assurément TRÈS bien les multiples facettes de la chanteuse.
De là à consacrer une page à la chanson créée sur scène par Claude François (mais oui !), il y a un pas franchi allègrement à propos de “Même si tu revenais” … en lançant diverses passerelles entre Barbara et Johnny Hallyday, Jean-Jacques Debout, Julien Clerc, Régine, France Gall, Serge Gainsbourg,, Sylvie Vartan, etc.
“On la verra souvent à la télévision se prêter à des duos” raconte Claude Fèvre en précisant : “Barbaba aimait cette chanson, ces “variétés”, ces rengaines. Elle aimait ce monde de paillettes, de strass… celui de la rive droite, du “miousic hall” comme elle l’écrit dans ses Mémoires, celui de la déferlante yé-yé qui dévore tout au moment où elle émerge avec ses propres chansons. C’était là son premier rêve d’adolescente”.
D’où ce constat qui en dit long sur l’inconfortable situation de Barbara vécue/subie en permanence dans le “monde de la chanson” : “Elle ne cessera jamais de s’opposer au portrait que l’on fait d’elle et qui l’enferme dans une catégorie réservée à l’élite intellectuelle”.
Un dessin qui tient particulièrement à cœur à Jean-Marc Héran avec clin d’oeil à Cabu
APRÈS BRASSENS, RENAUD, BREL ET JOHNNY
Un mot enfin sur l’originale collection “Plume & Pinceau” dirigée par Jean-Marc Heran.
En effet, il avait déjà consacré le même type de publication à Brassens en 2013 avec Jean-Paul Sermonte; Renaud en 2014 avec Baptiste Vignol puis Brel avec Bruno Brel. Et enfin en 2015 Johnny Hallyday avec Michel Kemper, créateur du site Nos enchanteurs, le quotidien de la chanson. Un site dont Claude Fèvre fut une des signatures avant de fonder Chanter, c’est lancer des balles.
Et dire que ce livre sur Barbara a failli ne pas être publié puisque les Éditions Carpentier ont déposé le bilan fin 2016 juste avant sa sortie !
Il faudra attendre cette année 2017 pour que sous l’impulsion d’Olivier Wright, responsable des éditions Ramsay, la société EDIGROUP crée la marque d’édition Plume&Pinceau !
Son pari ? Rééditer les précédents albums et continuer la défunte collection “Chansons à la plume et au pinceau” en l’élargissant, à terme, à d’autres domaines que la chanson (théâtre, cinéma…).
Mission accomplie avec brio en faveur de Barbara.
Reste une interrogation : et qui sera donc le (la) prochain(e) artiste sur la liste de Jean-Marc Héran ?
Coïncidence amusante : c’est, à deux jours près, la même date en 2016 qui nous réunissait, dimanche 5 novembre 2017, à l’Arthé-Café, à la fois pour un concert et pour l’anniversaire d’Eric Frasiak.
Christine Laville et Céline Faucher (Photo E. André)
AVEC L’ACCORDÉONISTE STÉPHANE PLOUVIN
Cette fois, chez Maï et Marc Usclade – toujours perchés près du point culminant des Combrailles qui est la Roche Sauterre à 977 m – nous ne sommes pas menacés par une tempête de neige comme celle qui nous contraignit à dormir sur place. Sans problème puisque le café-théâtre est aussi une auberge.
Ce soir, nous retrouvons, bien loin de chez elle, une de mes Québécoises préférées : Céline Faucher, déjà vue ici en 2013 avec Steve Normandin (accordéon et piano) pour “Gens du Québec”, puis en 2015 déjà avec sa complice, la Parisienne Christine Laville, présente ce soir.
Le duo m’avait laissé sur une forte impression cette première fois avec le spectacle “Féminines”, succession judicieuse de morceaux choisis écrits et créés par des femmes : Barbara, Diane Dufresne, Pauline Julien, Véronique Samson, Anne Sylvestre, Clémence Desrochers, Michèle Bernard, Véronique Pestel, Catherine Ringer etc.
Ce soir l’enjeu est d’autant plus costaud que c’est le même récital qui nous est présenté, du moins sous le même titre, avec, cette fois, l’accordéoniste Stéphane Plouvin en accompagnant.
Christine Laville et Céline Faucher (Photo E. André)
RÉPERTOIRE ENTRE NOSTALGIE, SATIRE, HUMOUR ET MILITANTISME
Il est maintenant 17 heures. L’Arthé est déjà bien garni de spectateurs et il en arrive encore quelques uns car les “aficionados” viennent parfois d’assez loin pour “communier” , le mot est à peine trop fort, dans la chanson francophone.
Sans qu’il soit besoin de brigadier pour frapper les trois coups, nos trois artistes s’installent en scène et, comme ça se fait souvent, entament la première chanson : “Cendrillon au coton” (Diane Dufresne/ Marie Bernard).
Suivent trois autres chansons avant adresse au public et présentation du trio et on a déjà compris : si le titre du spectacle est inchangé, le contenu de “Féminine(s)” a été complètement renouvelé.
Il s’agit toujours, évidemment, de chansons écrites et créées par des femmes, voire “féministes” mais qu’elles soient nostalgiques, humoristiques, satiriques ou même militantes, elles sont toujours nimbées d’une grande poésie.
Et l’interprétation qu’en donne notre duo de chanteuses, traduit leur proximité de pensée avec les auteures tant elles savent « habiter » ces chansons, se les approprier.
3eme-mi-temps à L’Arthé-Café avec Marc Usclade au saxophone
AUTHENTIQUE “CHANSON DE PROXIMITÉ”
Pas moins de 24 titres nous seront “servis” au cours de ce généreux spectacle coupé d’un entracte de 15 minutes. Si je dis “servis”, c’est à dessein !
Car la qualité de ce duo de voix, formées au lyrique, maintenant délicieusement complices, se donnant mutuellement le contrechant en alternance, avec une facilité (apparente) déconcertante, jouant de leur maîtrise vocale et de leurs larges tessitures respectives, porte ces textes et ces mélodies comme des écrins présentant des joyaux.
Des joyaux, oui, on peut le dire et c’est précisément dans ces “joailleries” modestes comme l’Arthé-Café en est l’exemple, que l’on peut apprécier encore mieux ces perles de ce que Michel Trihoreau appelle “chanson de proximité”.
Car l’auditoire est totalement attentif, ne perd pas une syllabe ni une harmonie et montre, par sa qualité d’écoute, à quel point le mot “communion” , cité plus haut, n’a rien d’exagéré. Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit en rien de vaine adoration.
Ce public est autant libre et potentiellement critique qu’il est attentif. Mais ce soir, il est conquis, sous le charme de ces textes magnifiques, portés par des arrangements musicaux ciselés, le tout servi par des interprètes brillantes mais pas seulement car porteuses chaque fois d’une émotion totalement contagieuse, propre à “scotcher” un auditoire et je dois avouer que j’ai succombé…..comme les autres.
Il serait bien injuste de ne pas saluer la performance de Stéphane Plouvin, accordéoniste tout en nuances et en sensibilité, d’une discrétion totale alors qu’on le sent, paradoxalement, indispensable. Un vrai talent !
Et pourtant, il est resté totalement silencieux quand Céline et Christine, aux rappels, ont interprété, dans un “a capella” superbe la dernière chanson : “Ma révérence” (Véronique Sanson).
Comme aurait dit M. de la Palice, peut-être y aurions-nous eu droit d’entrée de jeu si elles avaient opté pour entrer en scène, à la manière de Gilles Vigneault, en s’écriant : “Bon ! Les rappels tout de suite !”.
Artistes, responsables de la salle et public en chœur pour le final (Photo Babette)
Plus d’infos ICI sur le duo Céline Faucher-Christine Laville
La 6ème édition des Hopl’Awards s’est déroulée samedi 21 octobre à la Cité de la Musique et de la Danse à Strasbourg sous l’égide du mensuel COZE, “l’agenda culturel alsacien”.
Chaleureuses félicitations à Gaël Sieffert ET Christophe Voltz dont le Vostok Project est lauréat dans la catégorie USS’M ELSASS.
Cette catégorie était présentée par COZE en collaboration avec l’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA) dont la directrice Isabelle Schoffper a pris la parole lors de la remise de ce prix marquée par l’interprétation de trois chansons en alsacien (paroles Christophe Voltz, musiques Gaël Sieffert) …
… par celui qui est aussi le lauréat de la première édition du concours D’Stimme (Les Voix) lancé par France Bleu Elsass et L’OLCA.
Quelques réflexions s’imposent à l’issue de cette 6ème édition présentée par Julien Lafargue, directeur de publication de COZE et Pierre Nuss, animateur de Radio Bleu Elsass.
Je regrette que Christophe Voltz, parolier et complice de longue date de Gaël Sieffert, n’ait pas été invité à venir sur scène lors de la remise de ce prix attribué non pas à Gaël Siffert (comme mentionné encore aujourd’hui sur le site de COZE) mais bel et bien au VOSTOCK PROJET. Une absence toute aussi flagrante en découvrant la grande photo projetée en toile de fond sur la scène et montrant Gaël avec un de ses musiciens et non pas avec Christophe Voltz.
CRÉATION D’UNE CATÉGORIE “CHANSON ALSACIENNE” ?
Autre réflexion : comment départager trois finalistes aux expressions artistiques tellement différentes ?
Les trois finalistes annoncés étaient en effet Gaël Siffert, Gilles Chavanel/École de Cabaret Cactus et et le Théâtre du Lichtenberg !
Pour y voir un peu plus clair dans le prochaine édition de cette initiative lancée par Coze et soutenue par l’OLCA, ne serait-il pas préférable d’envisager une catégorie regroupant des finalistes de la chanson alsacienne ?
Encore faut-il évidemment que chaque année soient mis sur le marché plusieurs albums susceptibles de figurer dans une telle cérémonie…
Et pourquoi ne pas créer aussi une catégorie mettant à l’honneur des artistes d’Alsace dont le parcours mérite d’être mis en évidence dans le cadre d’une telle cérémonie au ton décontracté ? La liste est assurément (très) longue …
Signalons aussi la présence de Léopoldine HH parmi les trois finalistes de la catégorie « Groupe/artiste solo de l’année» en compagnie des Garçons Trottoirs et de Ork qui l’a emporté …
… et de Christel Kern, directrice artistique du festival Claire e Nuit qui s’est retrouvé parmi les trois finalistes de l’événement culturel de l’année avec Pelpass Festival et la lauréat Au grès du jazz.
Et en guise de conclusion un regret de taille : l’absence de reconnaissance envers Isabelle Grussemeyer dont le nouveau CD ICH BIN DO est hélas passé totalement inaperçu dans cette remise de prix.
PALMARÈS OFFICIEL DE L’ÉDITION 2017
Cette cérémonie officielle a réuni 500 personnes. En voici le palmarès officiel des Hopl’Awards 2017 paru sur le site de COZE.
“Frémeaux et Associés” vient d’éditer une “Anthologie du patrimoine musical alsacien” consacrée aux “musiques folkloriques et régionales” de la période 1953-2015.
Déclinée sous la forme d’un coffret de deux CD, cette initiative est signée Jean-Baptiste Mersiol, auteur-compositeur-interprète, arrangeur, ingénieur du son et créateur du Label Akoufène.
Coup de projecteur sur cette grande première également mise en valeur dans l’imposant catalogue du “dernier label phonographique indépendant français”.
“DES ORCHESTRES FOLKLORIQUES DE RENOM” …
Premier constat : les amateurs de musiques et voix d’Alsace pourront découvrir pas moins de 44 titres.
“Le premier disque rassemble les principaux thèmes traditionnels alsaciens exécutés par les orchestres folkloriques de renom qui ont connu une carrière alsacienne riche et qui ont bénéficié d’une portée nationale, voire internationale” explique Jean-Baptiste Mersiol, précisant avoir “volontairement gardé les titres français proposés par les maisons de disques autrefois sur les pochettes originales et cela sans doute pour des raisons commerciales”.
En piste pour 24 titres soit 64 minutes et 35 secondes offertes par une pognée de formations ayant marqué leur époque : Les Cigognes d’Alsace; Charly Schaff; Fischer Kappel; Les Joyeux Strasbourgeois; Groupe Folklorique de Hochfelden et en bonus le Groupe Obermodern.
Assurément de quoi faire découvrir aux auditeurs une petite partie d’un vaste pan de la musique mise en relief par tant de groupes à travers l’Alsace depuis tant de décennies.
… ET DES VOIX HISTORIQUES DE LA CHANSON ALSACIENNE
Quant au second CD, il rassemble 20 titres, soit 74 minutes et 53 secondes chantées par des voix fort connues par ceux qui s’intéressent à la chanson alsacienne : Mario Hirlé; Germain Muller; Roger Siffer, René Eglès, Roland Engel; Dédé Flick; Huguette Dreikhaus et le groupe Les Copines (Sarah Eddy, Véronique Gayot et Severine K ; Patrick Breitel; Aloyse & Dynamo; Paul Glaeser, ainsi que les Bredelers & Mr Bretzel.
On trouve ici plusieurs “titres historiques” présentées par des voix historiques de la chanson en Alsace tels Roger Siffer, Roland Engel, René Eglès … ainsi que les inoubliables Mario Hirlé et Germain Muller dont les créations sous l’égide du “Barabli” ont été déterminantes pour le renouveau de la langue et de l’identité alsaciennes après la Seconde Guerre Mondiale.
Mention spéciale pour les deux chansons aux paroles et aux musiques de Jean-Marie Friedrich enregistrées sur un 45 Tours devenu introuvable par René Eglès avec le talentueux Henri Muller aux arrangements et à la direction artistique.
EN ATTENDANT UN 2ÈME COFFRET SUR LA CHANSON ALSACIENNE …
Mais il est tout à fait évident qu’on ne peut pas résumer l’extrême diversité de la chanson alsacienne sur un seul CD de près de 75 minutes.
Les artistes et groupes retenus par Jean-Baptiste Mersiol mettent en relief une (petite) poignée de talents qui ont, à juste titre, leur place sur un tel album mais ne représentent pas – loin de là – un échantillon des plus représentatifs de cette fameuse chanson alsacienne.
Pas question d’entrer ici dans une énumération des artistes et des groupes qui auraient mérité de figurer sur un tel album. Il y en existe tant !
Et c’est là justement que réside le délicat défi relevé par Jean-Baptiste Mersiol, par ailleurs membre de la direction artistique de “Frémeaux& Associés”, en sélectionnant une poignée de voix dont certaines enregistrées sous son Label Akoufene.
A propos de “Tapis rouge”, Jean-Baptiste Mersiol précise que “ce sketch en français est long d’une quinzaine de minutes mais résulte à lui seul le genre d’humour que l’on aime pratiquer en Alsace” .
Bon d’accord … mais à mon sens ce sketch et celui qui le précède “Le répondeur des pompiers”) n’ont pas leur place sur cet album consacré au patrimoine musical. Et la présence de chansons d’autres artistes alsaciens aurait été préférable.
Ce coffret est vraiment une grande première du côté de chez Frémeaux & Associés. Et Patrick Frémeaux de préciser : “Cette musique a été un support de création inestimable pour faire vivre cette langue, son sens si particulier du mot, de son humour et de sa poésie”.
Reste une évidence : ce coffret mérite une écoute attentive pour apprécier des voix d’hier et d’aujourd’hui …
… en attendant de retrouver un de ces jours chez Frémeaux & Associés un 2ème coffret. C’est-à-dire la suite logique de cette “anthologie du patrimoine musical alsacien” à poursuivre avec Jean-Baptiste Mersiol en faveur d’autres artistes et de groupes d’Alsace.
Une heure ou presque en compagnie de Pierre Etaix, ça vous tente ?
C’est en effet l’invitation lancée par deux compères qui proposent jusqu’à ce samedi 14 octobre inclus un attachant et surprenant voyage dans l’univers d’un créateur absolument impossible à enfermer dans un seul talent : auteur, clown, dessinateur, illusionniste, jongleur … et évidemment aussi cinéaste.
Embarquement immédiat pour le TAPS Laiterie (Théâtre actuel et public de Strasbourg) dans un spectacle mis en scène par François Small avec face au public un seul comédien : Frédéric Solunto.
Le décor de Gérard Puel a été réalisé par Olivier Benoit
“L’éternité est une interminable histoire qui n’a ni queue ni tête” : cette citation d’Etaix est sans doute le déclic ayant réuni François Small et Frédéric Solunto pour mener à bien cette étonnante aventure artistique.
Se laisser surprendre par les textes de Pierre Etaix (1928-2016) : c’est dans cet état d’esprit que je me suis rendu au TAPS ne connaissant – il faut bien l’avouer – pas grand chose des écrits de celui qui fut notamment engagé comme assistant, gagman et dessinateur par Jacques Tati pour le film “Mon oncle”. Mais si cet épisode de la vie d’Etaix est sans doute un des plus connus, n’oublions surtout pas le magicien des mots qu’il fut. Et là croyez-moi on est servi par un feu d’artifices de phrases, de répliques, de bons mots auquel Frédéric Solunto offre une réjouissante jeunesse.
“L’action se déroule entre la loge de Yoyo et le tournage du “Soupirant. Nous passons du noir et blanc à la couleur, du rire à l’émotion, du silence intérieur aux bruits extérieurs” indique le metteur en scène François Small.
En effet, le spectacle s’affirme sur deux espaces qui s’enchaînent régulièrement, entre ce que voit le public et ce qu’il entend seulement lorsque le comédien disparait et que résonnent sons et dialogues.
Pas étonnant que François Small s’affirme comme un inconditionnel de Pierre Etaix. Il est également connu en Alsace (voire ailleurs!) pour son personnage du clown Smol. Quant Frédéric Solunto auquel on doit la conception et le jeu de ce spectacle, son parcours artistique s’enracine par ailleurs également dans nombre de mises en scène.
Mention spéciale à la bande-son. Elle met en valeur avec humour et de manière inattendue quantité de gestes de la vie quotidienne … qui prennent ici un relief particulier ! Un intense travail d’équipe car en plus de l’univers sonore signé Olivier Fuchs, l’attention des spectateurs est également captée par les jeux de lumière de Sébastien Small.
A voir pour se laisser surprendre par cette “Carte Blanche” offerte pour la rentrée au TAPS. Le genre de spectacle qui aurait évidemment gagné à être présenté en d’autres lieux que Strasbourg.
En écoutant “A.O.C”, le nouvel album de Xavier Merlet, une évidence s’impose : méfiez-vous de Xavier Merlet, c’est un drôle d’oiseau … de passage qu’on ne peut pas/plus oublier.
Le genre d’auteur-compositeur-interprète dont les chansons vous touchent car elles sont hélas terriblement authentiques et actuelles. Mais ici pas de refrain pour coller à l’air du temps, ni de texte à faire mouche parce que c’est à la mode. Explications.
Cinq ans …. oui il aura fallu attendre aussi longtemps pour découvrir les nouvelles chansons de Xavier Merlet, conseillé artistiquement par Laëtitia Chenoir.
Et il de la suite dans les idées, le bougre ! Une talentueuse obstination l’incite au fil des ans et des albums à tracer un profond sillon… Son inspiration nourrie des constats de la drôle de société dans laquelle nous (sur)vivons s’enrichit des impressions et réactions de l’artiste-observateur de son époque.
Étrange époque où intolérance, rejet de l’autre, méfiance, racisme semblent devenir les nouveaux repères. Mais attention ! Xavier Merlet n’est pas du tout un “chanteur à messages” qui vous plombe le moral.
Ici on jongle avec bonheur entre humour, autodérision, jeux de mots, et aussi un amour inconditionnel pour la langue française qui permet évidemment des écarts quand l’heure est grave comme dans “Le Gromo”: “Si tu vois un jour/ Ta liberté se perdre/ Je t’autorise, amour/ A dire “Bordel de merde”.
“NOUS SERIONS DONC UN PAYS DE FESSES BLANCHES”
Prenez par exemple “Variété Française”, une des 13 chansons de cet album mise en ligne au printemps dernier avant les élections présidentielles : un clip aussi dépouillé par ses images que percutant par ses paroles ! Mais pas du tout du genre harangueur à monter sur les tribunes et les barricades.
D’où un texte faussement décontracté, sur une mélodie aux accents de balade dont le destinataire est explicitement désigné : “Cette chanson Marine, elle est à toi/ Toi qui ne soufflera pas sur les braises/ De crainte que le feu de l’Auvergnat/ Se mette à réchauffer la soudanaise“.
Dans un autre style musical s’impose évidemment le titre éponyme de ce CD. La chanson “A.O.C” est un p’tit bijou avec son refrain échappé de l’univers d’un Brassens survitaminé qui n’a pas la langue dans sa poche. Au point de se décrire (et de décrire la France) sous tous les angles avec entrain et sans pudeur : “Nous serions donc un pays de fesses blanches/ Et nous prions tous le dimanche/ Mais pour aller au fion des choses/ Notez qu’nos trous du cul sont roses”.
Chaque chanson de cet opus est ciselé d’une façon particulière, et si certains thèmes sont récurrents, il n’y a jamais de répétition dans la manière de s’exprimer sans langue de bois comme dans “Un peu de tout ça” quand la vie à deux se transforme en impasse : “Mais au final après vingt ans/Certes, on se supporte, on s’entend.Et on s’emporte pour un rien/ Moi je ne veux pas faire semblant/ Je pense que tu devrais foutre le camp”.
Quant à “Ouille”, c’est un constat d’une évidente lucidité : “Tu dis à l’envi sans répit tu dis qu’ils veulent tous venir ici”. Alors comment réagir face à ces infos qui bousculent nos relations sociales? “Je sens que tout ça part en couille/Que si on en parle on se brouille/ Entre amis, entre bons voisins”…
Offert en guitares-voix, “A.O.C” est l’album d’un convaincant Terrien qui se fout des frontières, ou plutôt des étiquettes et des drapeaux comme dans “J’ai pas peur” ou bien sa “Chanson en 120 minutes” confrontée à “la chaleur du feu de l’opinion/Des sondages crieurs/ Des mensonges du Front/ du Manque de lecteurs/ Des résumés bidon”.
Xavier Merlet et son complice Marc Brébion (guitares, chœurs arrangements) Photos Cie Zany Corneto
“IL FAUT ALLUMER LA PLANÈTE PLUTÔT QUE LE TÉLÉVISEUR”
Reste ma chanson préférée de l’album “A.O.C” : “La recette du bonheur” avec son texte qui fait du bien sur un entrainant refrain qui monte en crescendo … “Quand l’Autre me prend dans ses bras/Je vois la vie -ensemble – en rose/Et je lui dis : posons-nous là/ Il faut que toi et moi on ose/ Chanter partout et à tue-tête/Que l’essentiel semble être ailleurs/Qu’il faut allumer la planète/Plutôt que le téléviseur”.
“Je n’adulterai pas” (2002); “Du point d’vue d’la mouette” (2005); “Clacfric Land” (2009) et “La théorie du gentil” (2012) : plusieurs des précédents albums de Xavier Merlet ont été mis en évidence dans le trimestriel “Chorus, les cahiers de la chanson” ainsi qu’un portrait né de ma rencontre avec Xavier Merlet en octobre 2005, après son concert à l’Essaïon à Paris vécu avec un voisin nommé Pierre Barouh.
Avec ce nouvel album, Xavier Merlet s’affirme plus que jamais fidèle à lui-même. A ses passions et ses convictions qui refusent l’hypocrisie. En 43 minutes et 28 secondes, ses nouvelles chansons sont non seulement très agréables à ÉCOUTER pour l’apparente légèreté qui s’en dégage, mais aussi à ENTENDRE pour qui a envie de prendre le temps d’en savourer le contenu.
D’où le titre d’ “éclatant clair-obscur” accolé à cet article … car ce nouvel album a des allures de puzzle aux multiples nuances. Et une fois assemblées, elles vous offrent le portrait d’un auteur-compositeur-interprète poussé par l’envie et le besoin de chanter tout haut ce que trop de gens disent tout bas.
“A.O.C” est assurément un excellent cru à découvrir, à partager, et à consommer sans modération.
Un peu plus d’une heure de concert sans temps mort, une quinzaine de titres et surtout une belle évidence.
Celle d’avoir assisté vendredi 29 septembre 2017 à une grande première : la convaincante “métamorphose” de Christel Kern. Explications.
UNE INTENSE PRÉSENCE SCÉNIQUE AVEC UN RÉPERTOIRE RÉALISTE
C’est à l’Espace Culturel de Souffelweyersheim, à un quart d’heure de voiture de Strasbourg, qu’a eu lieu ce concert qui, à bien y réfléchir, prend des allures de nouvelle étape dans la vie de la chanteuse , en attendant la sortie de son nouvel album prévu en 2018.
L’artiste assurément bien connue pour ses prestations scéniques enrichies de divers accessoires roses (chapeau, boa, etc) a cédé la place à une chanteuse infiniment plus sobre. Plus intense aussi car justement débarrassée de toute cette éclatante et affriolante apparence qui masquait sa voix, sa gestuelle. Et dissimulait inévitablement l’aisance scénique d’une artiste qui raconte la vie, sa vie, la vie des autres avec des mots bien à elle, entre décontraction et émotion, humour et gravité … au point qu’après certaines chansons le public a marqué un bref silence – histoire d’encaisser l’intensité ce qu’il venait d’écouter – avant d’applaudir…
Oui, ce spectacle aura pris ce vendredi soir à Souffelweyersheim des allures de véritable grande première.
Et sa captation permettra sans aucun doute à celles et ceux qui n’ont pas été présents de bien se rendre compte de cette fameuse métamorphose provoquée par celui qui a remis en question sa “personnalité publique” : l’auteur et metteur en scène Lionel Courtot.
CONCERT D’UNE QUINZAINE DE TITRES EN CINQ PARTIES
Sur la quinzaine de titres du concert dédié à sa mère, seulement deux ont été offerts par Christel Kern chantant dans sa fameuse “tenue rose”.
C’est largement suffisant pour confirmer ce changement de cap qui, sans mettre entre parenthèses la personnalité extravertie de l’artiste, permet cependant de l’apprécier autrement. Plus sobrement sans aucun doute.
Plus authentiquement aussi … d’autant plus que ce spectacle a été découpé en cinq parties sans que le public ne se rende compte. Du moins pas de manière démonstrative du genre “maintenant je vais vous chanter une chanson triste … un refrain joyeux … une mélodie entraînante” “.
Rien de tout cela dans les brèves interventions de la chanteuse entre les divers titres qui se sont enchaînés de la sorte : Rencontre avec le personnage; Rencontre avec le public et la musique; Début de l’âge adulte et le réveil des sens ; L’émotion, les fractures, les blessures; L’épanouissement, la liberté, la réussite.
RÉCITAL EN CRESCENDO AVEC JÉRÔME WOLF ET MICHEL OTT
En somme un concert en crescendo débuté par “Ma souris sourit” et achevé en apothéose avec “Disque d’or” et “Un peu pas comme comme les autres” Juste avant un rappel marqué par “Ma vie en rose” repris par le public qui ne s’est pas privé de montrer sa satisfaction.
Autre point non négligeable : Christel Kern ne se contente pas d’interpréter les chansons mises en musique par Oliver Schmidt, Luke Arno, Grégory Ott, Jérôme Richard, Murta Oztürk, Clément Dague.
En effet TOUS les textes sont d’elle, ce qui donne à ce tour de chant des accents autobiographiques pour qui sait lire entre les lignes, et qui connait un peu le parcours personnel et artistique de Christel Kern.
Mention très spécialiste aux deux complices de Christel Kern : le contrebassiste Jérôme Wolf et le pianiste Michel Ott. D’où un trio des plus convaincants avec deux musiciens et une chanteuse sans percussions ni autre instrument.
De quoi donner envie de retrouver Christel Kern dans ce répertoire réaliste sur d’autres scènes régionales – voire nationales – d’autant plus qu’elle était entourée à l’Espace Culturel des 7 Arpents par une poignée d’efficaces professionnels tels l’ingénieur du son Antony Bedez et Daniel Kipper aux lumières.
Michel Giacometti, Michel Boutet, Marianne Masson, Jofroi : coup de projecteur sur quatre talents invités les 11 et 12 août 2017 à St Cirgues en Montagne.
Retour sur la 4ème édition d’un événement d’une authentique intensité aussi artistique qu’amicale que j’ai eu la chance de vivre entre concerts et salon du livre en Ardèche.
Ici pas d’esbroufe de chanteurs (plus ou moins) connus et encore moins d’attaché de presse aussi survolté qu’obsédé par les indispensables “retombées médiatiques”.
Juste des hommes et des femmes qui chantent dans un environnement de toute beauté loin de l’agitation urbaine. Au cœur d’une nature ardéchoise qui vous donne envie d’être heureux et de savourer les quatre concerts organisés par Jacky et Chantal Petit sous l’égide de l’association Mots en Liberté.
Marlène Bouvier (émission DE RIMES ET DE NOTES, Radio Libertaire) et Monique Haillant dont l’association REMONTER LA RIVIÈRE fait vivre l’œuvre de Bernard Haillant Avec Jofroi et Francesca Solleville, marraine du Festival de St Cirgues en Montagne
“NOUS SOMMES QUELQUES-UNS, UN GROUPE DE RÉSISTANCE”
C’est évident : à Saint-Cirgue en montagne, on ne vient pas (surtout pas !) pour frimer, pour se montrer mais pour apprécier une chanson qui a du CŒUR ET DU CARACTÈRE.
D’ailleurs le premier soir, avant le concert de Michel Giacometti accompagné par Patrick Pernet, Jacky Petit a remis les pendules à l’heure. Avec sourire et détermination.
“Quand pour la 4ème année consécutive, ce festival de chanson se déroule se déroule dans ce petit village de l’Ardèche presque introuvable mais tellement vivant, que cette chanson que nous aimons tant retenti dans cette salle avec des artistes qui tous se sont rendus disponibles pour être là, ce plaisir est infini et j’espère contagieux.
Nous sommes quelques-uns, un groupe de résistance, à faire connaître la chanson que certains appellent à textes, cette culture tellement ignorée des médias et des technocrates ministériels.
Mais ils ont certainement raison, cette chanson est trop belle pour eux.
Cette chanson existe bien, présente partout. Elle bouge et fait bouger les consciences. Contrairement à ce que voudraient les esprits chagrins ou intéressés, la jeune est bien présente durant les concerts”.
Chantal Petit, Jofroi, Marianne Masson, Michel Boutet, Michel Giacometti, Patrick Pernet et Jacky Petit
Et c’est vrai qu’il faut une sacrée dose de courage (d’inconscience ?) pour se lancer pour la 4ème année consécutive dans un tel festival.
Bienvenue dans un village de l’Ardèche du Nord dont la démographie baisse d’année en année.
“En ce moment on frôle les 150 habitants, on en a encore perdu une dizaine l’hiver dernier” : les indications fournies par la réceptionniste de l’hôtel en disent long sur la vie par ici.
Et ne comptez pas sur les transports en commun pour arriver ici. Voiture ou covoiturage sont indispensables pour arriver à St Cirgues. On y accède au bout d’une sinueuse route à lacets qui me rappelle l’étroite route menant à Cilaos, à l’Ile de la Réunion. Donc patience et prudence de rigueur durant 45 minutes, au départ d’Aubenas.
Pas étonnant donc que Jacky Petit ait chaleureusement remercié le maire Eric Lespinasse “car depuis le début il nous a apporté son aide et aussi Gilbert et Marie, membres du Comité des Fêtes sans qui rien n’aurait été possible”.
Anne-Marie Hénin, Jofroi et Jacky Petit
HOMMAGE A BARBARA WELDENS : “JE NE VEUX PAS DE TON AMOUR”
En ce vendredi 11 août, premier soir du festival, c’est dans un impressionnant silence que résonne la voix de Barbara Weldens : “Je ne veux pas de ton amour”.
Un choix de Jacky Petit qui vient tout juste d’évoquer sa disparition : “Barbara était promise à une très belle carrière et avait reçu de nombreux prix. Cette magnifique chanteuse de 35 ans, décédée sur scène, frappée par le destin lors du festival Léo Ferré à Gourdon dans le Lot.
Nous avons une pensée pour sa famille, sa fille, son compagnon, ses parents et aussi pour les organisateurs de ce festival qui depuis des années se battent pour faire vivre la chanson”.
Michel Giacometti et Patrick Pernet
SEMAL, MIE, PACCOUD … AVEC MICHEL GIACOMETTI
Et c’est Michel Giacometti qui ouvre le festival.
Michel qui ? Hé oui, un illustre inconnu dont la présence sur internet n’est visiblement pas des plus percutantes, mais pas de quoi freiner l’association Mots en liberté dans son élan de programmation.
Car cet auteur-compositeur-interprète a l’art d’évoquer avec force nuances des choses de la vie qui nous touchent, notamment “Petite chanson orpheline” et et surtout “Les coteaux de Bry” dont je regrette qu’elle ne soit disponible nulle part à l’écoute.
Amateur, Giacometti l’est sans aucun doute. Pas du tout question pour lui de “devenir chanteur”, du moins dans une perspective de “carrière” comme on peut l’entendre. Il aime raconter et se raconter, reconnaissant que la scène n’est pas indispensable à son épanouissement personnel et artistique.
Sur les six titres offerts avec le discret et efficace Patrick Pernet aux claviers, plusieurs n’étaient d’ailleurs pas de lui. L’occasion de mettre en valeur des chansons d’Eric Mie (“Le dernier tour”), Claude Semal (“La balade du passant”), Christian Paccoud (“Les souliers vernis”) …
S’y ajoute une chanson suédoise de Cornélis Vreswijk” dont la traduction française et les arrangements sont signés Giacomietti : “La balade de Jean-Frédérick et de la belle Cécilia Lind”. Chanson originale à retrouver sur youtube : Balladen om fredrik åkare och cecilia lind.
Les deux Michel: Boutet et Giacometti devant des toiles de Louis de Grandmaison Michel Boutet
MICHEL BOUTET : “DES HISTOIRES QUI AURAIENT PU EXISTER”
En cette époque où il semble bien que le “grand public” ne soit plus attiré que par des artistes encensés dans les “grands médias”, il est infiniment heureux qu’une centaine de personne OSE (encore !) venir dans un petit village ardéchois pour prendre tout simplement le temps d’y apprécier des auteurs-compositeurs-interprètes d’une telle qualité.
C’est du moins ce que je me dis dit durant la seconde partie de la soirée assurée par Michel Boutet avec l’intelligence et la finesse, l’humour et la décontraction qui le caractérisent.
“Nambou” ; “Boulevard de monte-à-regret” ; “Dans la Basse Nantes” ; “Jean-Guy Douceur” ; “Mayence” ; “Putain de maréchal” ; “Papier tu-mouche” : “La Valse du dernier bateau”; “Le silence du fleuve”, etc : très à l’aise sur scène, Boutet n’enchaîne pas les titres comme s’il avait un train à prendre.
Avec lui on sourit, on rit, on voyage en chansons mais aussi en anecdotes distillées entre deux titres.
Du genre raconter des histoires vraies qui auraient pu exister ! Étrange formule développée avec force paroles et musiques par Michel Boutet dans la version solo du spectacle “La ballade de Jean-Guy Douceur” proposée ce soir-là à St Cirgues.
Et quand il s’embarque dans une histoire aussi inattendue que surréaliste où il est question de Nouvelle-Calédonie et de Jofroi, pas de doute : on a affaire à un drôle d’oiseau de passage ! Avec en prime “Les garde-barrières”, chanson offerte en duo avec Jofroi.
Les deux compères s’en donnent à cœur joie, bien au-delà d’une complicité de circonstance. On ressent une authentique fraternité entre eux, et ça fait du bien.
Jofroi et Michel Boutet
UNE HEURE ET DEMIE SUR LA TERRE DE JOFROI
Cette fraternité, elle éclatera tout aussi intensément le lendemain soir lorsque Jofroi invitera Michel Boutet à le rejoindre sur scène pour une superbe version d’une de ses chansons les plus connues : “Si ce n’était manque d’amour”.
Sans aucun doute un des temps forts du spectacle d’une heure et demie de Jofroi débuté par “Que dirait le vide”.
Seul face à une belle centaine de personnes attentives, guitare à la main, Jofroi proposera une vingtaine de titres dont deux rappels (“La Marie-Tzigane”; “En l’an deux mille, l’humanité” … entrecoupés par une bonne demie-douzaine de monologues dont “Le fil rouge”, “Amstrong” … et celui qui m’a peut-être touché le plus : “L’homme qui voulait peindre la mer”.
Jofroi
“CABIAC SUR TERRE” : UNE HISTOIRE D’HUMAINS, TOUT SIMPLEMENT
A vrai dire Jofroi ne chante pas, il vit ses chansons (et ses monologues) avec une intensité à fleur de peau.
Si est vrai que “Cabiac sur terre” s’impose comme un des titres-repères de son répertoire, nombre d’autres de ses chansons vous prennent, elles aussi, par les sentiments. Ou plutôt par un sentiment bien précis. Une évidence qui s’impose avec une force tranquille résumée en une phrase, un titre : “Bonjour les humains”.
Terre, Terrien, Humain, Humanité : des mots des réalités incontournables dans la vie et dans l’œuvre de cet auteur-compositeur-interprète qui vous parle de poésie avec des mots directs, sans baratin ni mièvrerie comme dans “Habiter la terre”, une de ses nouvelles chansons présentées à St Cirgues.
Jofroi
Marianne Masson
MARIANNE MASSON OU L’HYMNE À L’AMOUR POUR SA FILLE MARGOT
Les choix artistiques du Festival de St Cirgues en Montagne reposent sur des créateurs qui savent nous émouvoir. Nous faire réfléchir et nous faire rire aussi. Et surtout sans se prendre la tête et sans jouer aux artistes incompris car ignorés, oubliés, voire méprisés par les accros de l’audimat et des courbes d’audience.
Alors quand vous découvrez Marianne Masson en 1ère partie de Jofroi, pas d’hésitation possible. Vous êtes touché autant par ce qu’expriment ses chansons que ce qu’elle vous partage de son existence, entre tranches de vie, sensations, émotions offertes entre lucidité et joie de vivre.
En huit chansons extraites de ses deux albums (“Margot les mots”, “Sur la route de Ravilloles”) et du 3ème prêt à sortir, Marianne Masson s’affirme sur scène comme elle est dans la vie : naturelle et entière, spontanée et émouvante aussi.
Mention spéciale à la chanson dédiée à sa fille autiste, Margot, venue avec elle dans ce festival. Certes un moment d’émotion palpable sur scène et dans la salle (où sa fille est alors assise), mais aussi un hymne à l’amour, au respect de l’autre surtout quand il est différent.
Ici pas de “chanson composée sur un thème qui peut retenir l’attention” mais un regard tellement maternel et intensément réaliste en même temps. A découvrir SANS TARDER sur cette vidéo
Patrick Pernet et Marianne Masson
AVEC LA COMPLICITÉ DE PATRICK PERNET
Une fois de plus, Patrick Pernet est aux claviers, et sa complicité avec la chanteuse se laisse savourer sans aucune retenue. D’autant plus que le musicien est incontournable sur les deux premiers albums de Marianne Masson : arrangements, enregistrements, mixage, programmation et claviers.
Depuis 2005, cette auteure-compositrice-interprète participe aux créations collectives de l’atelier “comédie chanson” de la MJC Village de Créteil sous l’égide d’une association. Un 3ème album de 13 titres inédites aux textes et mélodies signées Marianne Masson est d’ailleurs en vue !
“Tous les enregistrements sont prêts, le maquettiste est à pied- d’œuvre et le fabricant de CD trépigne déjà d’impatience et de plaisir à le réaliser. Il paraîtra début novembre” explique-t-elle sur le bulletin de souscription.
SALON DU LIVRE : ALAIN, RÉMI, BERNARD ET LES AUTRES
Rémi Le Bret ; près de 25 ans d’amitié avec Allain Leprest et un livre de témoignage et de photos prises de 1987 à 2011 Alain Callès me montre un carnet de son journal de bord rédigé chaque jour durant sa “bataille contre le cancer”
Bernard Prou : un ouvrage au titre improbable vendu à plus de 6 000 exemplaires à compte d’auteur !
Au-delà des deux soirées de concerts, le festival a aussi fait a part belle au livre le dimanche 13 août.
L’occasion de retrouver les artistes appréciés les 11 et 12 août …
… et également de beaux échanges sans langue de bois avec plusieurs d’auteurs tels Alain Callès (Journal 2016 Ma vie et ma bataille contre le cancer); Rémi Le Bret (Allain Leprest Un chemin de tempête); Bernard Prou (Alexis Vassikov ou La vie tumultueuse du fils de Maupassant).
Avec Noël Gros et Jofroi (Photo Michel Boutet)Jofroi, Anne-Marie Hénin, Monique Haillant et Jacky Petit au Salon du Livre du festival agrémenté d’une exposition de peinture de Louis de GrandmaisonNoël Gros et Monique Haillant
MONIQUE HAILLANT, NOËL GROS : L’AMITIÉ EN CHANSONS
Et puis ce festival de St Cirgues en Montagne aura aussi été marqué par de chaleureuses retrouvailles avec Monique Haillant dont l’association REMONTER LA RIVIÈRE met en valeur l’œuvre de son mari décédé, le chanteur Bernard Haillant …
… et avec Noël Gros, connu au début des années 80 comme auteur-compositeur-interprète à l’ile de la Réunion où il assura la 1ère partie de Mama Béa au Théâtre de Champ-Fleuri.
Novembre 1985. Avec Bobby Antoir, Bernard Vitry, Noël Gros et Graeme Allwright. Photo Jean-Yves Kee-Soon
L’occasion aussi d’évoquer le souvenir de l’association MASCAREIGNES dont les président et vice-président étaient Bernard Vitry et Noël Gros.
Pourquoi cette association créée en novembre 1985 durant une tournée réunionnaise de Graeme Allwright qui en fut le parrain ?
“Il s’agissait de créer sur place un festival de chanson qui permette à la fois de promouvoir les musiques de l’océan Indien et d’accueillir à la Réunion des chanteurs francophones” explique Fred Hidalgo qui en fut un des membres fondateurs au nom de PAROLES ET MUSIQUE.
Certes, le projet de “Festival de la Chanson Vivante” organisé en collaboration avec Paroles et Musique n’a hélas pas eu lieu mais l’amitié a survécu et …
… avec elle la passion d’une CHANSON VIVANTE offerte sans retenue et avec talent à St Cirgues en Montagne par Michel Boutet et Jofroi Cabiac, Marianne Masson et Michel Giacometti.
Chantal Petit et Monique Haillant (Photo collection M. Haillant)
JACKY ET CHANTAL PETIT : L’AVENTURE CONTINUE DANS L’YONNE
Et pas question pour Jacky et Chantal Petit de s’en tenir à cette 4ème édition : “Dès notre retour dans l’ Yonne, on s’y est remis en prévoyant un concert de Christian Paccoud”.
Hé oui, pour Chantal et Jacky Petit l’aventure continue de plus belle : “On peut se retrouver en Puisaye, à Moutiers en Puisaye avec l’ association l’ Anart Scène!”
Envie d’en savoir plus sur les initiatives entre concerts et salons du livre de ce couple de passionnés ? Un détour s’impose sur le site de leur association … dont le nom est à lui seul tout un programme !
Depuis samedi 17 juin 2017, le groupe scolaire (maternelle et primaire) de ce village alsacien porte le nom de René Egles, un des auteurs-compositeurs-interprètes majeurs de la chanson alsacienne et un de ses obstinés pionniers.
Retour sur une cérémonie aux multiples facettes entre discours officiels, chansons reprises par des écoliers d’hier et d’aujourd’hui, expo photos d’antan, déjeuner préparé par l’US Gumbrechtshoffen et par les parents d’élèves, animation par l’Harmonie Municipale.
René Egles chantant entre les écoliers d’hier et d’aujourd’hui avec au premier plan Yann Schaller, actuel directeur de l’écoleRené Egles et Jean-Pierre Neusch (veste bleue), l’ancien directeur d’école et une partie des anciens écoliers de Gumbrechtshoffen
UNE LONGUE HISTOIRE AVEC LES ÉCOLIERS DE GUMBRECHTSHOFFEN
C’est la première fois en Alsace qu’une école ou un groupe scolaire porte le nom d’un chanteur alsacien vivant.
Une initiative qui rappelle l’inauguration en octobre 2004 de l’école André Weckmann de Roeschwoog, alors organisée en présence du poète et romancier alsacien ainsi que de René Eglès.
D’où l’importance du symbole mis en évidence à Gumbrechtshoffen par nombre d’interventions parlées (élus, ancien et actuel directeur d’école) et chantées avec l’active participation des actuels écoliers de ce groupe scolaire mais aussi d’une chorale d’anciens élèves reformés pour la circonstance.
Le dessinateur Raymond Piela, créateur de tant de pochettes d’albums et de couvertures de livres. Ici avec le chanteur Roland Engel durant la cérémonie.
Dessin Raymond Piela
Hé ou, si cette école porte aujourd’hui le nom d’Egles, c’est qu’une longue histoire unit le village alsacien et le chanteur.
A partir de la fin des années 70, cet ancien instituteur a passé une bonne partie de sa vie à circuler dans toute l’Alsace, guitare à la main, pour valoriser sa langue et sa culture natales.
En résulte une bonne cinquantaine de comptines enregistrées sur 33 tours avec la complicité d’écoliers de Niederbronn, Hochfelden et Gumbrechtshoffen : une période également marquée par nombre de concerts et émissions télévisées avec les enfants.
Ah oui c’était moi, quand je chantais avec René Egles !René Egles venu en famille pour cet événement
“ICH BIN A KLEINER MUSKANT” : TOUTE UNE ÉPOQUE !
L’exposition de photos présentées samedi 17 juin a ravivé bien des souvenirs chez les anciens écoliers.
Ils sont venus en grand nombre à l’inauguration de l’école, et leurs téléphones portables ont été bien utiles pour photographier des clichés pris voici plus de 30 ans avec le chanteur.
Même émouvant plongeon dans le passé lors de la projection d’extraits de “Ich bin ein kleiner Musikant”, l’émission télé réalisée avec les écoliers …
S’y sont ajoutées plusieurs minutes d’une vidéo réalisée voici quelques semaines avec des écoliers d’aujourd’hui : un clin d’œil plein d’humour et de rythme présenté à René Eglès en présence de Yann Schaller, actuel directeur de l’école.
Il est vrai que René Eglès est revenu à plusieurs reprises à Gumbrechtshoffen ces derniers mois pour préparer la fête organisée samedi 17 juin. D’où notamment ce panneau de photos de la “préparation du baptême de l’école”.
Le dévoilement de la fameuse plaque a réservé une surprise ! La corde tirée par René Egles s’est cassée et …
… et il a fallu une canne à pêche pour décrocher le voile recouvrant l’inscription ! Sous l’œil attentif de nombre d’élus alsaciens …Avec des écoliers portant le tee-shirt illustré par le dessin de Raymond Piela
« Aujourd’hui, notre école est aussi ton école, depuis 1985 nous entretenons une relation forte, j’espère que tu continueras à venir de temps en temps nous rendre visite ».
Relatés par Jeannot Jeannot Schamber, correspondant des Dernières Nouvelles d’Alsace (23 juin 2017) ces propos du maire Fernand Feig en disent long sur les liens tissés entre le village et cet artiste chanté par des générations d’Alsaciens de tous âges.
Car il ne faudrait surtout pas réduire René Egles à son parcours de “chanteur pour enfants”.
Il est bel et bien un des artistes majeurs d’Alsace célébré comme il se doit ce fameux samedi par les écoliers et anciens écoliers … qui, dans l’après-midi, lui ont rendu hommage entre sketchs, chansons et lectures de textes.
Anecdotes et confidences se côtoient dans ce livre bilingue (français/alsacien) “né dans l’obscurité de mes insomnies” : des “petites histoires, poèmes et textes de chansons qui j’espère vous feront rêver, voyager”.
Extrait de “Do un Dert”, journal de l’OLCA (mars 2006)Cature d’écran de l’émission “Vous avez dit : Alsacien ? “, 3 décembre 1982 sur FR3 Alsace avec divers invités dont les chanteurs Roger Siffer et Sylvie Reff
“PAVANE POUR UNE LANGUE DÉFUNTE” : TOUJOURS D’ACTUALITÉ
Une des chansons les plus expressives de René Egles, celle qui évoque sans doute le mieux son engagement et ses inquiétudes en faveur de sa langue natale, c’est “Pavane pour une langue défunte”.
A découvrir ICI sur le site de l’INA … durant les 5 premières minutes à visionner gratuitement de cette émission diffusée le 3 décembre 1982. Ses paroles dénoncent en français la disparition de l’alsacien, mais aussi du breton et de l’occitan.
Oui, nombre de chansons d’Egles célèbrent l’urgence de la préservation de l’alsacien. Et cette préoccupation, il l’exprime avec une intense richesse de vocabulaire aux accents souvent poétiques, avec le souci du mot précis, de l’expression qui fera mouche.
D’où, par exemple, l’hymne composé pour l’événement “Friehjohr fer unseri Sproch” (Printemps pour notre langue”) renouvelé chaque année via nombre d’événements artistiques et cultures en Alsace.
Avec la participation de l’Harmonie du village
“DES FRÉMISSEMENTS QU’ON SURVEILLE POUR LES VALORISER”
Drôle de question ? Lors de l’assemblée générale de l’OLCA (Office pour la langue et la culture d’Alsace) elle a été posée par … René Eglès !
“Je ne connais personne qui écoute cette radio sur internet” a-t-il tout simplement déclaré quand l’assistance a été invitée à s’exprimer.
Le déménagement de France Bleu Elsass des ondes moyennes vers internet et son réel impact auprès du grand public font toujours débat. Du moins chez ceux qui sont sensibles à la promotion de la chanson alsacienne.
Le “pavé dans la mare” jeté avec bon sens et sans hésitation par René Egles a évidemment suscité une réponse immédiate du directeur Hervé de Haro, le directeur de France Bleu Amsace et France Bleu Elsass présent à l’assemblée générale de l’OLCA.
Selon Christine Zimmer (Dernières Nouvelles d’Alsace, 24 juin 2017), il “estime qu’il est en train de se passer quelque chose (sans crier victoire), qu’il y a là des étapes nouvelles à franchir et qu’il y a là des frémissements qu’on surveille pour les valoriser”.
Réponse convaincante ?
Il en ressort tout au moins par déduction qu’il n’y pas/plus de place pour une “radio alsacienne” sur les ondes moyennes et encore moins sur la bande FM en Alsace. Certes, les multiples rediffusions sonores avec ou sans vidéo sont assurément bien en valeur sur le site de France Bleu Elsass.
Mais peuvent-elles efficacement “remplacer” une station de radio comme il en existe tant sur la bande FM ? J’en doute fort …
En tout cas bravo à Rneé Egles d’avoir “mis les pieds dans le plat” durant l’assemblée générale de l’OLCA.
Et saluons à juste titre la décision de la mairie de Gumbrechtshoffen d’honorer ainsi un chanteur alsacien DE SON VIVANT.
ASSURÉMENT UN SYMBOLE FORT plus efficace, à long terme, que le bouquet de rassurantes déclarations officielles prononcées en ce jour de fête devant le “groupe scolaire René Egles”.
Et ce symbole évoqué avec enthousiasme par le maire Fernand Feig s’inscrit dans la suite logique des initiatives de Pierre Deyon, Recteur de l’Académie de Strasbourg (1981-91). C’est lui qui avait donné à René Egles l’indispensable feu vert pour intervenir en parles et en musique en milieu scolaire.
Un appréciable soutien qui aura largement fait connaître cet auteur-compositeur-interprète alsacien, un des efficaces pionniers d’une chanson alsacienne … qui n’a ASSURÉMENT pas dit son dernier mot.
Loin de là.
Fraternelles retrouvailles entre René Egles et Roland Engel
Soirée des plus réjouissantes samedi 10 juin à Sélestat pour qui s’intéresse à la chanson alsacienne.
Culture et identité ont si souvent méprisées par la France et l’Allemagne qui ont tenté de la mettre au pas, voire de l’étouffer définitivement au gré d’une tragique Histoire enraciné dans de perpétuelles tentatives d’assimilation forcée.
D’où l’importance d’un tel événement artistique. Car il contredit avec professionnalisme les oiseaux de mauvaise augure (et de mauvaise foi) qui se complaisent à ringardiser et à sous-estimer la détermination de ceux qui chantent en alsacien.
Gaël Siffert
UN CONCOURS LANCÉ PAR L’OLCA ET RADIO BLEU ELSASS
Gaël Sieffert est donc lauréat de la 1ère édition du concours D’Stimme (les voix) accueillie aux Tanzmatten, le complexe culturel et festif de Sélestat.
Lancé en novembre dernier par L’Office pour la Langue et les Cultures d’Alsace et de Moselle (OLCA) et France Bleu Elsass, ce concours aura suscité une quarantaine de 40 candidatures en provenance de toutes générations.
S’en est suivie une sélection de 10 artistes ou duo : André BAUMERT, Katia CRIQUI, Maxime KUHM, Tatiana HENIUS, Luc LEMENU, Gaël SIEFFERT, Joseph SPINALI, Gilbert TROENDLE, Christophe VOLTZ, Lucie et Valentin ZAEPPFEL
La finale aura été marquée par des adaptations alsaciennes de divers tubes (Claude Nougaro, Léonard Cohen, Claude François, Creedence Clearwater Revival, Secret Garden, etc) interprétés par trois de quatre finalistes : Lucie et Valentin Zaepffel (2ème) ; Tatiana Henius (3ème) et Maxime Kuhm (4ème).
Lucie et Valentin Zaeppfel au micro de Pierre NussTatiana HeniusMaxime Kuhm, 13 ans
AVEC MATSKAT, LEOPOLDINE HH ET CATHIE BERNECKER
Présentée en alsacien (et en toute décontraction) par Pierre Nuss, une des voix de la radio coorganisatrice, la finale aura également mis en relief trois artistes dont l’expérience dépasse leur Alsace natale : MatsKat , Léopoldine HH et Cathie Bernecker.
D’où plusieurs chansons proposées par ces trois complices avec notamment des nouvelles versions de refrains traditionnels d’Alsace …
… efficacement accompagnés par le groupe Di Mauro Swing ainsi que les musiciens Christian Clua, Jessy Heilig, Jean-François Untrau, Franck Reinhard, Grégory Ott et Matthieu Zirn.
Une soirée marquée par nombre de projections présentant finalistes, musiciens et chacune des chansons offertes au public venu en force à ce grand concert gratuit Les quatre finalistes entourés par Matskat, Léopoldine HH et Cathie Bernecker
CHALEUREUX CLIN D’ŒIL AU FESTIVAL SUMMERLIED
A noter aussi la chaleureuse allusion lancée par Matskat au festival Summerlied fondé en 1997 par Jacques Schleef , juste avant que ne résonnent “Wilde Stimme”, chanson composée spécialement pour LA CRÉATION de l’édition 2014.
Le Festival Summerlied – représenté à la finale de Sélestat par sa directrice Agnès Lohr- invitera Gaël Sieffert, gagnant du concours d’Stimme, à se produire lors de sa prochaine édition en août 2018.
A vrai dire, le résultat du concours met en relief non pas un mais deux créateurs d’Alsace !
La finale a été gagnée avec les chansons “Atmosphère” et “Hin un Här” : paroles de Christophe Voltz et musiques de Gaël Sieffert. Deux créateurs mobilisés en faveur de diverses initiatives communes. En fait, au départ, Gaël accompagne Christophe à la guitare lors des one-man-show ‘s “Ich Bekum a Aff” crées par ce dernier.
Ce spectacle, je l’ai découvert (et apprécié) début mai au Petit Thépatre d’Epfig dirigé par Christian Rauch, directeur d’une salle de 50 places qui mérite assurément d’être mieux connue.
Gaël Sieffert et les autres artistes régionaux à Astaffort avec leurs formateurs et Francis Cabrel, créateur de Voix du Sud. (Photo du site de VDS)
QUAND ALSACE, PAYS BASQUE, CORSE, BRETAGNE, CORSE, OCCITANIE, ILE DE LA RÉUNION CRÉENT ENSEMBLE A ASTAFFORT
En 2013, les deux compères se lancent dans un nouveau projet de création musicale basée sur l’alsacien.
VOSTOK PROJECTest né, et participe la même année à un atelier à Voix du Sud, aux fameuses Rencontres d’Astaffort créées par Francis Cabrel : une intense semaine de rencontre avec d’autres artistes pour composer des chansons dans un temps imparti.
Cet atelier conforte Sieffert et Voltz à continuer sur cette voie, encouragés par Voix du Sud. Et VOSTOK PROJECT prend peu à peu son envol en poursuivant son objectif : diffuser le plus largement possible ses créations originales en alsacien.
A l’été 2016 les deux compères sont à nouveau invités par l’équipe de Voix du Sud sous l’égide du festival Summerlied pour participer à la création “La nuit d’encontre”. Une sacrée aventure synonyme de rencontre de diverses cultures : Alsace (Gaël Sieffert); Pays Basque (Philippe de Ezcurra); Bretagne (Rozenn Talec); Corse (Diana Salicetti); Occitanie (Coralie Nazabal) Ile de la Réunion (Mathias Vienne alias Tias).
Il en résultera un spectacle réalisé en dix jours à Astaffort et présenté à quatre reprises, dont une fois au festival d’Ohlungen en août 2016.
Une aventure sans lendemain ?
Gaël Sieffert et Christophe Voltz espèrent bien que non ! Suite à cette expérience, ils ont envie de présenter “VOSTOK PROJECT” dans d’autres contrées.
Pas de doute, la balle est dans le camp des décideurs …
Pierre Nuss, une des voix de Radio Bleu Elsass
“C’EST CHIC DE PARLER ALSACIEN”
En guise de conclusion à la finale D’Stimme samedi 10 juin à Sélestat une évidence s’impose : “C’est chic de parler alsacien” !
C’est le constat lancé après la proclamation des résultats par l’animateur de la soirée, Pierre Nuss, une des voix de Radio Bleu Elsass.
Un cri du cœur et un percutant clin d’œil plein de bon sens et de fierté … à la célèbre expression “C’est chic de parler français” ayant fleuri avec force en Alsace au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, au détriment de la langue et de la culture régionales menacées d’étouffement.
D’Stimme ? Un concours à renouveler sans aucun doute l’année prochaine …
… mais en proposant si possible deux catégories : une pour les versions alsaciennes de chansons connues et l’autre pour des titres originaux, au sens fort du terme.
C’est au Théâtre de la Choucrouterie créé en 1984 par Roger Siffer à Strasbourg qu’Isabelle Grussenmeyer a présenté dimanche 14 mai “Ich bin do” (“Je suis là”) son 4ème album solo.
Retour sur cet événement marqué par une intense prestation de l’auteure-compositrice-interprète accompagnée par quatre efficaces musiciens.
S’en est suivie une séance de dédicace animée par une artiste visiblement très heureuse de présenter son nouvel opus de 38 minutes et 50 secondes réparties en 11 chansons.
Une vraie complicité sur scène et dans la vie aussi
“PAS DU FOLKLORIQUE MAIS DES MUSIQUES ACTUELLES”
Premier constat : “Le titre “Ich bin do” veut dire pleines de choses ! C’est aussi pour dire que le dialecte est bien vivant ! Et qu’il existe ! “explique la chanteuse.
Non à la nostalgie, oui à la chanson pleine d’entrain, joyeuse, audacieuse, qui donne envie de chanter, d’avoir du plaisir. Et aussi de se poser des questions De bon sens, voire de tirer une très inquiète sonnette d’alarme sur la non-reconnaissance, l’indifférence, voire le mépris et le rejet suscité par un artiste soucieux de créer dans sa langue natale.
Ainsi pourrait-on résumer en quelques phrases la démarche artistique d’une des rares chanteuses alsaciennes qui continue à défendre sa langue natale sur des accents résolument modernes.
“Des textes avec des notes d’humour, une touche de poésie une invitation à transformer le quotidien en rêve” explique Isabelle Grussenmeyer.
“Franchement, c’est toujours difficile de caser ma musique dans un style, un genre musical. “Ich pàss nit guet in e Käschtel nin” ! Mais ça reste toujours des chansons en alsacien pour les grands, …et pour les petits. Et ce n’est pas folklorique, ce sont des musiques actuelles”.
Bien sûr qu’en cette époque de mondialisation effrénée il est vital de continuer à créer, à chanter dans sa langue natale. Mais la langue ne doit surtout pas être l’unique atout d’une démarche artistique.
Il est essentiel que l’inspiration soit elle aussi au rendez-vous. Pas pour offrir de nouvelles versions de refrains alsaciens qu’on aurait envie de dépoussiérer mais bel et bien dans l’affirmation d’un répertoire enraciné dans des réalités actuelles.
Après Morjerot en 2002 et Hin un her en 2007, voici donc le 3ème album autoproduit d’Isabelle Grussenmeyer. S’y ajoute Sunnebluem (2004) “Sunnebluem” sur des textes de Conrad Winter et musiques de son fils Jean-Philippe.
Avec obstination, Isabelle Grussenmeyer trace sa voie de “Liedermacherin” (“faiseuses de chansons”): “Je me définis souvent par ce mot, c’est comme Songwriter en anglais, ça résume en un mot : auteur-compositeur-interprète“.
A l’aise sur scène …
ÉVIDENTE AISANCE SCÉNIQUE
Pour bien mettre en valeur son envie et son besoin de parler et de chanter en alsacien, l’artiste s’est entourée à la Choucrouterie de quatre talentueux musiciens : Adrien Geschickt (contrebasse), Jean Bernhardt (batterie, percussions), Kalévi Uibo aux guitares et Thomas Etterlé (claviers, cuillères, kazou). Et aussi au thérémine qui intrigue toujours le public : un des plus anciens instruments de musique électronique.
Créé en 1919 par le Russe Lev Sergueïevitch Termen connu sous le nom de Léon Theremin, il se compose d’un boîtier électronique équipé de deux antennes, l’instrument a la particularité de produire de la musique sans être touché par l’instrumentiste.
Histoire de mieux faire comprendre son fonctionnement, la chanteuse cherchera une spectatrice dans la salle pour qu’elle en joue devant le public !
1ère leçon de thérémine pour Huguette, une des spectatrices de la Choucrouterie
SURMONTER LE TRAC ET ÊTRE (TRÈS) HEUREUSE FACE AU PUBLIC
Cette pause dans le spectacle, c’est aussi tout un symbole. Celui d’une artiste bien à l’aise sur scène, évoluant entre ses musiciens, s’avançant dans le public pour chercher un(e) volontaire pour jouer du thérémine.
Une fois surmontées les premières minutes du début de son spectacle entamé dans un certain stress, Isabelle s’en donne à cœur joie, expressive autant dans ses intonations que sa gestuelle : une réelle aisance qui aura eu raison de l’obsédant trac
De quoi lui inspirer une de mes chansons préférées de “Ich bin do” : “De Bühnedatteri” exprime avec humour et réalisme les divers symptômes qui s’emparent d’elle avant d’affronter le public.
Pris sur le vif, au moment des rappels …
“SPINNERLIED” : CLIN D’ŒIL À RENÉ ÉGLÈS
En plus des titres de son nouvel album, elle aura, ici et là, glissé des refrains plus anciens de son répertoire forgé au fil des années. Sa discographie est marquée par trois albums solo pour adultes), plusieurs participations à des compilations sans oublier quatre albums pour enfants en duo avec Jean-Pierre Albrecht et un livre-CD avec Gérard Dalton (et toujours Jean-Pierre Albrecht, également co-auteur de “Ich bin do”).
Selon son site, il existe neuf albums pour tout public ! Et on peut y ajouter les CD produits par l’OLCA (Office pour la langue et la culture d’Alsace) pour les enfants : une compilation pour les carnets de santé, une autre pour les écoles.
Isabelle Grussenmeyer chante ses compositions et aussi divers auteurs alsaciens tels Conrad Winter, Henri Mertz, Emma Muller. Sans oublier René Egles, Gustave Stoskopf (“Spinnerlied”), Jean-Pierre Albrecht, surtout pour le répertoire enfant … et aussi Germain Muller, dans le projet “Barabli Hit”, et Roland Engel pour “Gospel Gsang”.
Après un premier rappel, c’est d’ailleurs avec “Spinnerlied” qu’elle termine seule à la guitare son lancement d’album. Assurément un superbe clin d’oeil à ses débuts discographiques …. puisqu’elle a enregistré en 1996 ce poème de Gustave Stosskopf mis en musique par René Egles.
En l’occurrence sa première expérience en studio, pour la compilation “Lieder fer’s Herz” (“Chansons pour le cœur”) produite par l’association Liederbrunne. Plus d’un artiste de cette compilation a depuis longtemps cessé de chanter, mais pas la femme en rouge, sans doute sa couleur fétiche sur scène. Mais pas elle …
PREMIÈRE SCÈNE A 11 ANS
Il est vrai qu’elle se passionne pour l’alsacien depuis son jeune âge.
D’où cette anecdote bien connue de ceux qui s’intéressent à la carrière d’Isabelle Grussenmeyer. En 1990, elle a 11 ans et apprécie tant un concert de René Eglès à Ingwiller qu’elle va voir l’artiste durant l’entracte en lui lançant : “Tu sais, moi aussi j’aime chanter en alsacien !”.
Imaginez la surprise de René Eglès, une des figures majeures de la chanson alsacien dont il fut un des pionniers dans les années 70. Il la prend au mot et la fait monter sur scène.
Ce seront ses premiers pas suivis peu de temps après par une invitation à chanter au Palais des Congrès de Strasbourg, un lieu dont Isabelle ignore alors tout. Une fois sur place elle se rendra compte de l’importance de cette vaste salle où elle sera applaudie aux côtés de son mentor.
Retenu par un concert prévu de longue date, René Eglès n’aura hélas pas pu être présent à la Choucrouterie le 14 mai. Et c’est bien dommage. En effet, il aurait apprécié l’épanouie personnalité de la chanteuse : une femme aussi déterminée que talentueuse. Finie la jeune fille timide, réservée, qui chantait à l’ombre du célèbre “troubadour alsacien”.
11 CHANSONS POUR RACONTER LA VIE
Depuis sa plus tendre enfance, elle a toujours aimé chanter ! D’abord des comptines alsaciennes avec son arrière-grand-mère et ensuite diverses chansons au sein d’une chorale.
A 38 ans, maman de deux filles, Isabelle Grussenmeyer est une femme épanouie. Jonglant toujours entre répertoire pour adultes et chansons pour jeune public, elle avance à son rythme. Et de plus en plus à l’affut d’un monde en perpétuelle (r)évolution.
Aucun titre de “Ich bin do” ne ressemble à l’autre, chacun met en évidence un constat, une réalité, une évidence. Du vécu aussi pour l’album débute par des cris de bébé … qui ont également résonné ce jour-là à la Choucrouterie. Avec cette chanson sur les premiers pas d’un enfant, elle se dévoile encore un peu plus sur scène, notamment accompagnée par le thérémine.
Tour à tour enjouée et sérieuse, Isabelle Grussenmeyer passe en revue quantité de tranches de vie et de constats qui s’envolent parfois bien au-delà de son Alsace natale tel “Klimablues” , un blues enraciné dans des préoccupations écologiques.
ENVIE D’UN DUO AVEC ALDEBERT
Isabelle Grussenmeyer se sent “proche des artistes comme Aldebert. J’aime son style, sa façon d’écrire pour les grands et les petits, ses musiques parfois très dynamiques, parfois plus douces“.
Enregistrer un jour avec lui ? “Bien sûr ! Et pourquoi pas même en alsacien, il aime travailler avec d’autres artistes et même d’autres langues, c’est peut-être un rêve réalisable !”.
Et parmi ses autres repères ? “Bien sûr René Egles, et Jean-Pierre Albrecht, dans la famille des Liedermacher” répond-t-elle, précisant aussitôt qu’elle n’est pas du tout fermée à la chanson d’expression française.
Bien au contraire : “Oui, ça m’est déjà arrivé d’écrire des chansons en français, mais peu, entre autres, la chanson “Ensemble nous voyageons autour du monde”, c’est l’adaptation de “Mit’nander han mr de Kehr vun de Walt gemacht” sur l’album “Morjerot”. Une strophe y est “parlée” en français par Jean-Pierre Albrecht”.
“NE M’ENFERMEZ SURTOUT PAS DANS UN TIROIR MUSICAL “
Jazz, folk, rock, pop, électro ? Impossible pour la chanteuse de s’enfermer dans un seul univers.
Et c’est en jonglant avec entrain entre divers espaces musicaux en ponctuant ses mélodies de diverses ruptures de rythmes : ““Nous avons souhaité mettre des musiques aux couleurs latines, dynamiques, mais aussi d’autres pour rêver … et pour sourire !
Je ne sais pas trop dire ce que c’est, mais je sais bien ce que ce n’est pas : ce n’est pas de la musique folklorique, ni rap, ni punk, ni hard rock, ni classique, …. . C’est plutôt pop, folk, latin, voir jazzy et touches d’electro, c’est léger, joyeux, rêveur.. avec des notes d’humour. Des chansons en alsacien avec les couleurs du soleil ! De la musique du monde, version en alsacien ?!”.
Attention, , ne croyez surtout pas que l’album “Ich bin do” soit réservé aux Alsaciens maîtrisant leur langue à la perfection. Certes, il s’adresse aux dialectophones et germanophones mais – pour selon l’artiste – “il interpelle aussi les jeunes générations et tous ceux qui ne connaissent pas encore la langue et qui sont attirés par les sonorités actuelles de la musique”.
Enregistrement et mixage ont été assurés au studio Dub & Sound par Patrick Wetterer, et en plus des musiciens venus à la Choucrouterie, notons aussi la participation sur cet opus de Julien Grayer (guitares), Jean-René Mourot (accordéon et trompette) Marion Schmitt (flûte traversière).
“PERSONNE N’EST PROPHÈTE EN SON PAYS”
Outre la chanson sur le trac, mention spéciale à deux autres titres de “Ich bin do”.
D’abord “Waje de Litt” (à cause des gens) : elle se glisse dans la peau d’une femme toujours obsédée par ce que pensent les autres et dont la manière de s’habiller et de se comporter sont adoptées en fonction de la pression sociale.
Jusqu’au jour où Trudel fait exploser sa peur et s’affiche avec une liberté qui, évidemment, suscite une avalanche de commérages. Cette chanson devrait faire l’objet d’un clip tant elle reflète la vie de trop de personnes, non ?
Et bien sûr, il y a “Kenner isch Prophet in sim Lànd” : autre chanson qui pourrait donner lieu à un clip tant il est plus que jamais d’actualité dans une Alsace où langue et culture régionale sont plus que jamais en danger. Et où un artiste chantant dans sa langue natale a bien du mal à sortir d’un certain ghetto médiatique.
Andréas Ottmayer en pleine action : ce seront les seuls images du concert
UN RÉALISATEUR VENU DE STUTTGART POUR FILMER LE CONCERT
Nul n’est prophète en son pays ?
En regardant Isabelle Grussenmeyer chanter ce titre, une évidence s’est imposée pour moi à la Choucrouterie : ce concert a été filmé par Andréas Ottmayer, réalisateur allemand venu spécialement de Stuttgart !
Hé oui, aucune prise de vue du spectacle n’a été effectuée par un cinéaste d’Alsace ou d’ailleurs en France.
Ce professionnel allemand d’une trentaine d’années se passionne pour l’identité alsacienne. D’où “Schmierwurst & baguette” (saucisse à tartiner et baguette), son documentaire sur la musique, le dialecte et la culture en Alsace. Soit 50 minutes ponctuées par plusieurs interventions d’artistes entre témoignages et chansons dont Isabelle Grussenmeyer, Jean-Pierre Albrecht, Roger Siffer, Serge Rieger, le groupe Les Hopla Guys, etc.
Jean-Pierre Albrecht et Gérard Dalton
Gérard Dalton face à la caméra d’Andréas Ottmayer après le concert
OTTMAYER, ALBRECHT, DALTON, SCHLEEF, LORBER ET LES AUTRES …
“D’après les réservations, la salle devait être complète jusqu’à la dernière place. Mais finalement, plusieurs personnes qui avaient réservé ne sont pas venues, m’explique Isabelle Grussenmeyer en précisant : “Oui, heureusement qu’Andreas est venu, lui s’est proposé de filmer, et je suis bien contente qu’il restera une trace !”.
A part Jean-Pierre Albrecht, co-auteur des textes et Gérard Dalton, aucun autre artiste d’Alsace n’était présent à la Choucrouterie pour le lancement de cet album. Ces deux auteurs-compositeurs-interprètes sont des complices de longue date ‘Isabelle Grussenmeyer sur plusieurs albums et spectacles pour enfants.
Soulignons aussi l’absence des caméra de “Rund Um”, l’émission alsacienne de France 3 Alsace… Un reportage avait été convenu mais il y a eu désistement de leur part deux jours avant le concert. D’où l’importance – au risque de me répéter – des prises de vues réalisées par Andréas Ottmayer. Hé oui, nul n’est prophète …
Andréas Ottamyer, Jacques Schleef et Jean-Marie Lorber
Le lancement de cet album aura aussi été l’occasion de retrouvailles avec des Alsaciens sensibles à l’identité et l’avenir de leur terre natale.
Et surtout qui l’affichent sous diverses formes d’action tels le président du Centre culturel alsacien Jean-Marie Woerhling, également directeur de publication de “Land Sproch”, Les Cahiers du Bilinguisme, et président de Culture et Bilinguisme d’Alsace et de Moselle …
… Jean-Marie Lorber, créateur de l’association Liederbrunne et candidat du parti Unser Land (Notre Pays) aux législatives aux élections de juin … et Jacques Schleef, créateur du Festival Summerlied et fondateur du Club Perspectives Alsaciennes. Ce concert lui aura permis de distribuer des exemplaires du journal gratuit de 12 pages réalisé par le CPA.
Distribution du journal du Club Perspectives Alsace par Jacques Schleef
“J’AI PROFITÉ DE CE MOMENT SUR SCÈNE AVEC MES MUSICIENS”
C’est certain, ce concert a été un défi pour la chanteuse et ses proches. Il a fallu préparer tout l’aspect matériel, artistique, mais aussi médiatique… même si peu d’artistes, de médias ainsi que de producteurs (pourtant invités nominativement par TRÜDEL Production) se sont déplacés.
“J’étais contente, j’ai profité de ce moment sur scène avec tous mes musiciens” confie l’énergique chanteuse en précisant au sujet de TRÜDEL Production : “‘C’est une association qui a à coeur de soutenir les projets artistiques autour de la langue et la culture régionale”.
Reste au final une évidence : ce concert aura été synonyme d’authentique réussite.
Idem pour l’album soutenu entre aides et subventions à hauteur de 65% par divers partenaires associations : Liederbrunne, et Culture et Bilinguisme, Région Grand Est; OLCA (Office pour la langue et la culture d’Alsace).
“Ce sont des soutiens financiers ou bien des aides logistiques (comme la diffusion via le site Liedebrunne). Effectivement, je n’ai pas de maison de disque, Le Liederbrunne est distributeur et un soutien financier et logistique. Pour Culture et Bilinguisme intervient en tant qu’aide logistique administrative”.
En somme un CD qui confirme – tout simplement – de l’incontestable et réjouissante vitalité d’une chanson alsacienne qui ne demande qu’à être MIEUX mise en valeur. Et pas seulement en Alsace.
“Une limonade ? “, c’est le nom du 3ème album du Morand Cajun Band.
51 minutes et trois secondes à savourer sans modération même si ces chansons ne sont pas souvent diffusées sur les ondes et que le groupe fondé en 1994 est plus que jamais invisible sur le petit écran.
Coup de projecteur sur un album anti-morosité qui vous (re)donne ne sourire, et vous donne envie de danser de de chanter. D’être heureux sur des rythmes enracinés dans une attachante Louisiane et offerts par le MCB dans une réjouissante décontraction.
SURTOUT PAS DE COPIÉ-COLLÉ DE LA MUSIQUE DE LOUISIANE
“Un quatuor qui ne s’embarrasse pas des conventions en ne cherchant pas à faire du copié/collé de la musique de nos cousins de Louisiane, mais en y mettant tout leurs bagages musicaux et leurs sensibilités qu’ils trimballent depuis longtemps”.
Signée Roger Morand, cette présentation en dit long sur l’esprit qui règne sur scène en coulisses dans ce groupe offrant une musique entièrement acoustique puisée dans un large registre d’airs cajun et créole, zydeco,
S’y ajoute un zeste de musique acadienne et country, et une pincée de rock comme en témoigne un titre caché glissé malicieusement dans cet enregistrement : le genre de titre qui vous met d’aplomb dès le matin, pour que vous ayez eu un réveil quelque peut difficile !
Ce nouvel album a largement de quoi ravir “les amateurs de blues que ceux des planchers de danses cajun, zydeco, rock ou country… On y retrouve des two step, jitterbug, côtoyant des one step, line dance, polka, baisse bas et même biguine”.
“BELLES CHANSONS TANTÔT BRAILLARDES OU MÉLANCOLIQUES”
Pour ceux qui ne sont pas de redoutables spécialistes des rythmes de la Louisiane, normal qu’ils aient un peu de mal à s’y retrouver dans les divers genres musicaux mis en relief au fil des titres.
Mais pas de panique ! La pochette met en valeur chaque titre avec une brève explication mêlant références historiques et repères musicaux, précisions sur le créateur et sur l’impact de la chanson au moment de sa sortie.
Ces précisions sont d’autant plus précieuses qu’elles témoignent de la vaste diversité des sources d’inspiration des quatre compères. Mais soyons francs : on peut très bien se laisser emporter par l’ambiance de l’album sans nécessairement s’accrocher à ces informations.
Car il faut bien affirmer haut et fort une évidence : “Une limonade ?” ne s’adresse pas à l’esprit, à l’intellect, mais au corps. Bref à l’envie et au besoin de s’abandonner à l’ambiance de ces “belles chansons tantôt braillardes ou mélancoliques, tranches de vie, d’amour et de dérision”.
A la une de Trad Magazine, mars-avril 2015
CLIN D’ŒIL A CLIFTON CHÉNIER
En somme du “vrai french Cajun blues boogie & Zydeco quoi !” selon Roger Morand, créateur du groupe. Un sacré passionné de musique qui apprend l’accordéon chromatique à l’âge de 6 ans avant de s’intéresser durant son adolescence au mélodéon : deux des instruments qu’il joue au sein du MCB qui a subi plus d’un changement dans sa déjà longue histoire de plus de 20 ans.
Aujourd’hui le groupe comprend aussi Guy Vasseur aux percussions, Patrick Plouchart (violons, chant et choeurs) et Jean-Marie Ferrat (guitares, basses, choeurs) qui a également enregistré et produit l’album aux arrangements signés Roger Morand.
Mention spéciale, au fil des refrains de “La limonade ?” au “Bon temps rouler” créé en 1967 par Clifton Chenier (1925-1987).
D’où une évidente passerelle entre ce 3ème CD et le précédent album du MCB, “Marcher Plancher” : un clin d’œil à ce pionnier de la renaissance d’une certaine Louisiane francophone, influencé à la fois par le blues et le jazz et inoubliable musicien de zydeco. L’impressionnante discographie de cet inventif pionnier en dit long sur le parcours de ce créateur assurément cher à Roger Morand.
S’il est évident que le Morand Cajun Band célèbre avec talent la Louisiane, notons que le groupe s’est également forgé une belle réputation dans un registre plus folk, notamment avec l’animation de bals avec danses traditionnelles (mazurka, polka, danses en ligne et en cercle, etc
Vous aimez le Québec ? Et la poésie ? Notamment la poésie qui incite à découvrir tant de nuances insoupçonnées d’une “Belle Province”…
Si ces interrogations retiennent votre attention, surtout pas d’hésitation. Laissez-vous entrainer par les poètes alsaciens Albert Strickler et Jean-Christophe Meyer dans un voyage aussi inattendu qu’inoubliable. Avec en prime 22 dessins et gravures de Delphine Gutron : trois talents réunis sur cette photo de Daniel Walther.
Attachez vos ceintures, décollage immédiat vers une destination chatoyante de couleurs et de sensations, d’impressions au gré de déplacements de deux poètes alsaciens à Montréal, Québec et bien plus loin encore.
CARNET DE VOYAGE À DEUX VOIX ENTRE DÉCOUVERTE ET RESSENTI
Premier constat. Autant vous prévenir : ne vous attendez surtout pas à un guide touristique avec cet ouvrage paru aux Éditions du Tourneciel dans la collection “Le Miroir des échos”. Pas du tout le genre de livre qu’on emporte pour dénicher les “bonnes adresses” et autres “sites incontournables” à immortaliser avec votre appareil photo ou téléphone portable.
“Dans la paume d’une feuille d’érable”, c’est plutôt un carnet de voyage enraciné dans quantité d’impressions et de découvertes. Entre voir et raconter, découvrir et ressentir. Il n’existe pas de photo réunissant les deux auteurs au Québec. Et pour cause puisque leurs séjours respectifs n’auront jamais eu lieu aux mêmes périodes.
Albert Strickler est venu deux fois au Québec, entre participation à deux reprises au Festival International de la Poésie de Trois Rivières et retrouvailles familiales.
“J’ai séjourné deux fois au Québec, chaque fois motivé par l’envie de revoir ma fille Cornélia installée à Montréal après avoir vécu à Ottawa. La première fois, j’y suis allé en 2010 avec Benjamin notre aîné et plus récemment en automne 2016” souligne-t-il en évoquant ses impressions québécoises. Cette expérience, il la raconte avec force détails dans son journal rédigé quotidiennement et publié chaque année dans la collection “Le chant du Merle” aux Éditions du Tourneciel.
Jean-Christophe Meyer a aussi, effectué deux séjours au Québec, de quelques semaines à chaque fois.
“Comme simple touriste la première fois. Et c’est alors que j’ai rédigé le texte paru avec les poèmes d’Albert… Et la deuxième fois pour promouvoir “Garde ton souffle pour le chant de la gratitude », un de mes précédents recueils, que Dominic Deschênes a choisi pour une de ses collections aux Éditions du Sablier à Québec”.
Septembre 2016, Blienschwiller. De gauche à droite : Jean-Christophe Meyer, Dominic Deschênes, Juliette Amiel, Albert Strickler et Gabriel Braeuner,
AVEC LA COMPLICITÉ DU QUÉBÉCOIS DOMINIC DESCHÊNES
Dominic Deschênes ? Ce Québécois est un des créateurs des Éditions du Sablier fondées en 2003 dans la ville de Québec et spécialisé dans la poésie.
Une intense complicité s’est forgée entre lui et les deux auteurs d’Alsace. Elle s’exprime intensément dans la préface rédigée le 9 mars 2017 à Québec. En effet, l’Alsace n’est plus une terre inconnue pour ce poète et éditeur.
On le retrouve sur cette photo de groupe prise en septembre 2016 dans la salle familiale du domaine François Meyer, au-dessus de la cave à Blienschwiller. C’était à l’occasion d’une lecture poétique organisée par les Éditions du Tourneciel, et dont Dominic Deschênes fut l’invité d’honneur.
L’événement fut organisé pour la venue du poète québécois et la création des créations de la pianiste Juliette Amiel. compositrice de plusieurs œuvres inspirés de poèmes de “Les Aigrettes des cirses dans le jour qui naît”, avant-dernier recueil de Jean-Christophe Meyer.
Sur cette photo se trouve aussi l’historien Gabriel Braeuner, historien proche de la Bibliothèque humaniste et auteur des livres sur Sélestat et Colmar parus aux Éditions du Tourneciel.
Escale à l’Ile d’Orléans pour Jean-Christophe Meyer
“NOUS LES SUIVONS DANS LEURS PÉRÉGRINATIONS ÉMERVEILLÉES”
Quand on prend le temps de se promener à travers la “Belle Province” en compagnie de Strickler et Meyer, une évidence s’impose : les deux auteurs embellissent avec talent ce qu’ils ont vu, vécu, entendu … et compris aussi de cette terre francophone et de ses habitants d’Amérique du Nord.
Certes, comme l’affirme avec justesse Dominic Deschênes dans sa préface, ce livre “évoque les voyages que nos deux poètes ont fait loin de leur vallée du Rhin, dans une autre vallée fluviale, celle du Saint-Laurent. De Montréal au parc de la Bic, en passant par la Mauricie, le Vieux-Québec, le fjord du Saguenay, l’Ile-aux-Coudres et bien d’autres endroits, nous les suivons dans leurs pérégrinations émerveillées à travers les grands espaces du Québec, mais aussi au cœur de ses principaux sites historiques”.
En somme un livre pour deux approches poétiques à la fois différentes et complémentaires.
Entre observations et anecdotes, Jean-Christophe Meyer s’adresse à sa compagne venue découvrir le Québec avec lui : belle expérience commune développée avec force allusions et souvenirs, et enracinés dans des repères souvent plus géographiques que ceux des textes d’Albert Strickler. Lequel, en jongleur habile et amoureux des mots, laisse vagabonder son imagination vers des espaces souvent oniriques.
Il s’envole au gré des mots colorant ses “impressions québécoises” et utilise plusieurs fois dans chaque poème l’expression “Québec je me souviens”. Évidemment une allusion à la devise du Québec … dont la signification historique aura suscité bien des controverses longuement développée ICI sur internet.
STRICKLER, AUTEUR-ÉDITEUR GUIDÉ PAR L’ÉCRITURE QUOTIDIENNE
Plusieurs pages sont consacrés au Québec dans le Journal 2016 d’Albert Strickler
C’est évident, “Dans la paume d’une feuille d’érable” met en relief deux regards bien distincts du “vécu québécois” deux poètes d’Alsace. Le parcours de chaque auteur est singulier et ne ressemble pas à l’autre bien qu’à chaque fois enraciné dans l’Alsace natale.
Né en 1955 à Sessenheim, Albert Strickler est l’auteur d’une bonne trentaine de livres. Et aujourd’hui plus que jamais, il publie depuis 1994 des volumes annuels de son fameux Journal aux titres des plus poétiques : “Comme un roseau de lumière”, “De feuilles mortes et d’étourneaux”, “Le cœur saxifrage”, “La traversée des éphémères”, “Les andains de la joie”, “Pour quelques becquées de lumière”, etc.
En plus de ces rendez-vous annuels avec ses lecteurs, il publie également divers recueils de poèmes ainsi et des ouvrages réalisés en binôme, notamment avec des plasticiens : Dan Steffan, Gilbert Mosser, Rolf Ball, Patrice Thébault, Colette Ottmann, Sylvie Lander, Gérard Brandt, etc.
D’où une (très) impressionnante bibliographie témoignant d’une inspiration permanente doublée par un évident besoin d’écrire chaque jour.
18 décembre 2015. Médiathèque Intercommunale de Truchtersheim. Lecture de textes d’auteurs des Éditions du Tourneciel fondées par Albert Strickler
MEYER : MILITANT DE LA LANGUE ET DE LA CULTURE ALSACIENNES
Photo extraite de l’entretien de Jean-Christophe Meyer dans le documentaire réalisé par le cinéaste allemand Andréas Ottmayer
Né en 1978 à Blienschwiller, sur la Route des Vins, Jean-Christophe Meyer est journaliste au quotidien L’Alsace, à Saint-Louis où il rédige en alternance avec d’autres chroniqueurs le billet en alsacien du samedi.
Ce fils de vigneron a publié plusieurs recueils en français avant son premier son premier ouvrage bilingue, “Lìechtùnge – Clairières” dans la collection “d’Fladdermüs” aux Éditions du Tourneciel.
Engagé dans diverses associations pour la défense de la langue et culture alsaciennes, il agit au sein d’AGATE (Académie pour une Graphie Alsacienne Transfrontalière avec laquelle il a créé en 2010 le sentier des poètes de Blienschwiller.
Par ailleurs, une des étapes du sentier des poètes de Bischwiller lui est consacré à l’initiative de Sylvie Reff, auteure-compositrice-interprète, chanteuse, écrivain et poétesse qui a préfacé ce premier recueil bilingue.
Pas étonnant qu’on retrouve Jean-Christophe Meyer face à la caméra du cinéaste allemand Andréas Ottmayer dans son documentaire Schmierwurst & Baguette sur l’identité alsacienne.
Jean-Christophe Meyer : une des plumes retenues par Sylvie Reff pour la création du sentier des poètes à Bischwiller
EXPOSITION DE DELPHINE GUTRON AU CENTRE CULTUREL ALSACIEN
“Dans la peau d’une feuille d’érable” est un beau livre de poésie. Il retient l’attention tant par l’intensité textes de Jean-Christophe Meyer et Albert Strickler que la création graphique d’Olivier Klencklen. Ce livre est d’ailleurs présenté via son “regard de graphiste” sur son site reflétant un esthétisme des plus efficaces.
Dessins et gravures de Delphine Gutron constituent un atout de taille dans cet ouvrage. Du 10 au 30 juin, les œuvres inspirées par “le Québec de Strickler et Meyer ” sont exposées au Centre Culturel Alsacien à Strasbourg
“Nancéenne de naissance, alsacienne depuis près de 20 ans à présent, je grave et dessine des balades intérieures, des voyages de papier comme les estampes et les dessins réalisés pour le recueil de poèmes sur le Québec « Dans la paume d’une feuille d’érable » écrit par Jean-Christophe Meyer et Albert Strickler” confie-t-elle sur le site du Centre Culturel Alsacien.
Une série de six cartes postales a été éditée pour la sortie de ce livre. Elle reprend des œuvres du recueiul de poèmes. Soit trois cartes par auteur chaque fois illustré par un phrase poétique de chacun d’eux : une autre initiative des Éditions du Tourneciel qui mérite, elle aussi d’être connue et encouragée.
Sélestat, dimanche 28 mai, 2017. Lecture au Fonds Régional d’Art Contemporain
“LES POÈMES LUS ENGENDRÈRENT UNE CARTOGRAPHIE ÉTRANGEMENT INCONNUE ET UNIVERSELLE A LA FOIS”
Hé oui, du 10 au 30 juin, Delphine Gutron expose dans ce haut-lieu de l’identité alsacienne situé à Strasbourg.
Samedi 17 juin à 14 heures, poésie et peinture sont d’ailleurs au rendez-vous avec les trois artistes mobilisés pour ce recueil : un des nombreux événements organisés par le CCA au fil des semaines.
Et Delphine Gutron de préciser : “Je dessine très lentement car le temps s’arrête dans le quotidien et l’encre prend alors la route, une marche quasi en temps réel, laborieuse ou bucolique, champêtre ou marécageuse, fluide ou saccadée. Les poèmes lus n’eurent pas de seconde vie, ils engendrèrent une cartographie étrangement inconnue et universelle à la fois, celle du voyageur qui sait ramasser les miettes de nature d’un peu partout comme celui qui collectionne les sables du monde entier”.
“COMME SI C’ÉTAIT LA PREMIÈRE FOIS”
Au fait comment s’y retrouver dans cet ouvrage de 64 pages réunissant deux manuscrits ?
Pour que le lecteur puisse aisément distinguer les auteurs des deux cycles de poèmes, celui de Jean-Christophe Meyer (“Nous, pèlerins de l’aube”) est présenté en typographie droite alors que “Je me souviens” d’Albert Strickler apparaît en italiques.
Pas de doute, si vous avez déjà été au Québec ou que vous y viviez, ce livre vous offrira une vision attachante et insolite, inattendue assurément. Et des plus poétiques évidemment !
D’où ce constat final relevé dans la préface de Dominic Deschênes : “Même le lecteur québécois, après avoir refermé ce livre, peut regarder ces paysages qu’il habite au quotidien comme si c’était la première fois et s’en émerveiller à son tour”.
Une évidence à laquelle j’adhère avec conviction.
Albert WEBER
“Dans la paume d’une feuille d’érable”, couverture et 64 pages à l’italienne. Éditions du Tourneciel. 20 euros.
Photos Daniel WALTHER, Albert WEBER et Jean-Christophe MEYER
Avis aux personnes venues à Mably, près de Roanne, pour l’exposition photographique et sonore, le concert de Benoît Paradis Trio ou la causerie sur l’Histoire de la Chanson Québécoise : hé oui, la programmation 2017 est enfin connue.
Place à une éclatante 35e édition qui se déroulera du 29 juin au 8 juillet entre artistes confirmés et talents émergents.
Alors pas d’hésitation ! Rendez-vous dans cet attachant village de Gaspésie comptant 224 habitants en 1996 et 142 aujourd’hui : grâce à son festival, Petite-Vallée a assurément acquis une renommée internationale.
ALAN CÔTÉ : “35 ANS DE VAGUES D’ARTISTES VENUS SE POSER SUR LES GALETS DE LA LONGUE-POINTE”
Voici le 3ème et dernier volet de notre dossier sur Petite-Vallée.
Après un 1er article sur l’exposition photographique et sonore signée Jean-Charles Labarre, Nathalie Dion et Alan Côté, et sur la causerie sur la chanson québécoise … et un 2ème consacré au concert de Benoît Paradis Trio, voici un tour d’horizon de ce qui attend les festivaliers en 2017 !
Pour commencer, une citation signée Alan Côté, directeur général et artistique du festival :
“Cette année on célèbre 35 ans de vagues d’artistes qui sont venus se poser sur les galets de la Longue-Pointe. C’est l’année du retour de la vague, du retour à bon port de certains qui en étaient à leurs premières marées lors de leur passage initial à Petite-Vallée. De nouvelles déferlantes d’artistes viendront également brasser les plages de nos villages et à leur tour, marquer l’histoire de notre événement”.
PROGRAMMATION TRÈS ÉCLECTIQUE EN GASPÉSIE
Fidèle à sa tradition, l’incontournable événement gaspésien propose une programmation éclectique qui viendra célébrer la chanson sous toutes ses formes.
Plus de 30 spectacles seront présentés pour le plus grand plaisir des quelque 15 000 festivaliers attendus.
C’est évident, il y en aura pour tous les goûts !
Au programme : Sarah Toussaint-Léveillé / La Petite École de la chanson / Dumas / Vague de cirque / Amylie / Patrick Norman et ses invités / Les Hôtesses d’Hilaire / Les Rencontres qui chantent / Klô Pelgag / Les Soeurs Boulay / Samito / Catherine Major / Patrice Michaud / Vincent Vallières / Fuudge / Dick Annegarn / Hommage à Patrick Norman et aux Soeurs Boulay / Métissages : Quatuor en chaises berçantes / Bon Débarras / Joëlle St-Pierre / Les chansonneurs / Dans l’shed / Les Hay Babies / Louis Jean-Cormier / Matt Holubowski / Ponteix / Laurie Leblanc / Shawn Barker / Clay and friends / Richard Séguin / Éric Lapointe / Marie-Pierre Arthur / Raton Lover … et la liste n’est pas exhaustive …
PATRICK NORMAND : ARTISTE PASSEUR 2017
L’artiste passeur et les artistes complices seront à l’honneur de quatre soirées.
D’abord, près de 400 jeunes interpréteront le répertoire des artistes porte-paroles le 29 juin lors de la Petite École de la chanson.
Le lendemain, Patrick Norman montera sur la scène du chapiteau pour présenter un concert en compagnie d’artistes invités. Le 1er juillet, Les Sœurs Boulay offriront leur plus récent spectacle. Enfin, elles seront au coeur d’un spectacle hommage, en compagnie de Patrick Norman, le lundi 3 juillet.
Les chansonneurs qui participeront à la Destination Chanson Fleuve termineront leur périple à Petite-Vallée. Les festivaliers pourront voir ces artistes de la relève à deux reprises, soit le 5 juillet et le 7 juillet en fin de soirée au Théâtre de la Vieille Forge.
Les fêtes du 175e anniversaire de Grande-Vallée présenteront deux concerts lors du Festival en chanson, soit un double plateau à saveur country mettant en vedette l’acadien Laurie Leblanc et Shawn Barker le 7 juillet, ainsi qu’Éric Lapointe le 8 juillet.
GRANDE PREMIÈRE : PLACE AUX ARTS DU CIRQUE
A signaler une nouveauté dans la programmation 2017. Les arts du cirque donneront une couleur particulière à la 35e édition du Festival en chanson.
En effet, Vague de cirque présentera son spectacle “Barbecue” à six reprises durant l’événement. La venue de cette compagnie circassienne est le fruit d’une collaboration avec la Municipalité de Grande-Vallée.
Les passeports et billets de spectacle sont en vente le lundi 6 auprès de la billetterie du Festival en chanson (418-393-2222 / 1-844-393-2226) ou via le réseau Admission (www.admission.com).
“DESTINATION CHANSON FLEUVE” AVEC LE FESTIVAL DE TADOUSSAC
Cette année, le Festival de Petite-Vallée sera aussi marquée par une nouvelle étape, à tous les sens du terme.
Place à “La Destination Chanson Fleuve” : l’union des Chemins d’écriture du Festival de la Chanson de Tadoussac et de la sélection officielle des chansonneurs du Festival en chanson de Petite-Vallée.
Dédié aux artistes de la chanson de demain, ce parcours offrira de nombreuses tribunes et un accompagnement artistique et professionnel singulier à cinq auteurs-compositeurs-interprètes du Québec, deux créateurs de chanson de la francophonie canadienne et un chansonneur français qui formeront la première cuvée de ce projet artistique.
TÉLÉ-QUÉBEC, PARTENAIRE MÉDIA OFFICIEL
Les airs portés par la Destination Chanson Fleuve trouveront une tribune d’exception grâce à Télé-Québec, qui devient le partenaire média officiel de ce parcours artistique unique.
Les auteurs-compositeurs-interprètes qui feront naviguer leurs chansons entre Montréal et Petite-Vallée, en passant par Québec et Tadoussac, bénéficieront de la couverture de sa plateforme numérique, La Fabrique culturelle, tout au long de l’aventure.
Ce nouveau partenariat permettra de mettre en lumière et de documenter le travail des artistes sélectionnés, comme précisé par Sophie Dufort, directrice générale des médias numériques et régions de Télé-Québec : “Nous sommes très enthousiastes à l’idée de nous associer à la première édition la Destination Chanson Fleuve. Dans le cadre de L’Année de notre chanson, Télé-Québec offre une place de choix à la musique francophone d’ici. De plus, notre plateforme numérique La Fabrique culturelle s’engage chaque jour à faire rayonner la culture dans tout le Québec”.
“POUR LE RAYONNEMENT DES ARTISTES DE LA CHANSON DE DEMAIN”
Alors Petite-Vallée et Tadoussac même combat ?
Oui, surtout lorsqu’il s’agit d’unir ses forces en faveurs des talents émergents qui s’affirment du côté des Chemins d’écriture du Festival de la Chanson de Tadoussac ET AUSSI de la sélection officielle des chansonneurs du Festival en chanson de Petite-Vallée.
Laissons le mot de la fin à Charles Breton, directeur général du Festival de la Chanson de Tadoussac : “Télé-Québec, avec La Fabrique culturelle, s’investit dans la culture et dans les régions en devenant partenaire média de la Destination Chanson Fleuve. Il s’agit d’un partenaire de choix pour nos événements et pour le rayonnement des artistes de la chanson de demain”.
PHOTOS ALBERT WEBER (FESTIVAL 2016)
Source : Marc-Antoine Dufresne, adjoint à la direction artistique et directeur des communications
224 habitants en 1996, 142 aujourd’hui : grâce à son Village en Chanson, Petite-Vallée a assurément acquis une renommée internationale Souvenirs, souvenirs …
Un des 15 panneaux de l’exposition “Re-tour de chant de Petite-Vallée” présentée du 25 février au 11 mars à la Médiathèque Georges Sand de Mably était consacrée à Benoit Paradis Trio.
Après un premier article sur cette exposition photographique et sonore signée Jean-Charles Labarre, Nathalie Dion et Alan Côté, bienvenue dans le monde survolté, à la fois jazzy et drôle de Benoît Paradis et de ses deux complices.
ACROBATE ENTRE CHANSON ET JAZZ
Oui, samedi 11 mars le groupe québécois a assuré la première partie du trio Karpatt, dans le cadre du festival “Chant sur Paroles” organisé à l’Espace Culturel Pierre Hémon.
Pas de doute. Benoît Paradis Trio a mis le feu ce samedi à la salle de Mably, pour le plus grand bonheur des spectateurs qui le voyaient pour la première fois.
Jonglant avec brio, entre chanson et jazz, le trio ne laissera assurément pas une seconde répit au public visiblement ravi de découvrir ces trois compères plein de bonne humeur, de groove aussi.
FORTE DOSE D’HUMOUR ET PLUSIEURS RAPPELS
Efficacement accompagné par la pianiste Chantal Morin et le contrebassiste Benoit Coulombe, le chanteur- percussionniste – tromboniste -guitariste s’envolera ce soir-là, sans hésitation, dans son univers rythmé et percutant, aux accents québécois faussement désespérés.
Un répertoire offert avec une intense dose d’humour et ponctué par plusieurs rappels d’un public conquis par tant de décontraction et de virtuosité également.
Ce concert organisé dans le cadre du festival “Chant sur Paroles” était la 2ème étape de la tournée internationale d’une dizaine de dates mise sur pied par Klakson Production ainsi que Ülrich Schuwey et sa bande de mordus de rythmes francophones : une initiative “pas mal bien” au service des talents francophones d’Amérique du Nord !
Médiathèque Georges Sand à Mably
NOUVELLE TOURNÉE EN FRANCE ET EN SUISSE
Hé oui, l’infatigable trio se produit ces temps-ci en Suisse et en France, dans des lieux aux configurations fort variées.
Si vous n’avez pas encore vu ce trio en pleine action, un conseil d’ami : ne le manquez pas. Il faut dire que les trois compères sont aussi complices sur scène que dans la vie, comme en témoigne la bonne humeur communicative vécue en gare de Roanne.
Exposition, causerie sur la chanson québécoise, concert de Benoît Paradis Trio : la ville de Mably près de Roanne, vient de vivre à l’heure québécoise. En l’occurrence celle du Village en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie.
Retour sur cette opération en plusieurs étapes, toutes synonymes de découvertes pour tant d’habitants et également de coups de cœur à en juger par le nombre de personnes intéressées par un séjour du côté de Petite-Vallée à l’heure du festival.
Jean-Charles Labarre et Cécile Comby (Photo Guy Plotton)
Intervention de Marc-Antoine Dufresne entouré par Jean-Charles Ladet, maire de Mably, Cécile Comby et Albert Weber (Photo Guy Plotton)
L’histoire débute en mars 2016 quand Alan Côté, directeur général et artistique du festival, fait escale à Mably.
Le temps d’évoquer en paroles et en musiques l’histoire de cette aventure artistique lancée en 1983, à la médiathèque Georges Sand, puis d’offrir un concert à l’Espace Culturel Pierre Hémon.
A l’entrée de l’Espace Culturel Pierre Hémon, un des panneaux consacrés aux concerts met en valeur le passage d’Alan Côté et aussi de Marcie
CÉCILE COMBY : INTENSE IMMERSION AU CŒUR DU FESTIVAL
Et voilà comment Cécile Comby se retrouve fin juin 2016 à Petite-Vallée pour vivre ce fameux festival dont Alan Côté a tant vanté les mérites. L’animatrice culturelle vivra intensément, jour après jour, cet événement unique en son genre au Québec.
Unique ? Oui et pour plusieurs raisons liées entre autres à l’environnement géographique et la diversité de la programmation.
S’y ajoute aussi cette ambiance tout à fait unique qui marque la vie quotidienne du Village en Chanson entre concerts à la Vieille Forge, sous chapiteau et dans le désormais célèbre “shed à Léon”; résidence d’artistes pour talents émergents; émissions quotidiennes de Radio Gaspésie en direct depuis Petite-Vallée, “guitare de course”; matinée des enfants … et la liste est assurément bien loin d’être exhaustive !
Réception à la Médiathèque Georges Sand en l’honneur de l’expo sur Petite-Vallée (Photo Jean-Charles Labarre)
AVEC LE SOUTIEN DE MUSICACTION
Et plusieurs matins de suite, lors de petits déjeuners partagés tous deux au bord du Saint-Laurent, avec force échanges sur l’histoire de la chanson québécoise et du festival, une idée germe doucement mais sûrement chez Cécile Comby : et si Mably accueillait une exposition racontant le festival ?
Son départ de Mably pour la MJC de Charrrieu ne va pas mettre en péril le projet. C’est là qu’intervient François Collonge, responsable du Service Culture de Mably.
Encouragé par le maire Jean-Jacques Ladet, il avait envoyé Cécile Comby en mission du côté de Petite-Vallée et pas étonnant donc que l’idée d’une exposition suit donc son bonhomme de chemin. Mieux, elle décroche un soutien de Musicaction, structure créée voici 30 ans pour soutenir le développement de la musique vocale francophone canadienne.
TALENTS QUÉBÉCOIS A L’HONNEUR
Résultat ? “Re-tour de chant de Petite-Vallée”, superbe exposition de 15 panneaux, aura été présentée du 25 février au 11 mars à la Médiathèque Georges Sand à Mably.
Cette exposition est à la fois photographique grâce à Jean-Charles Labarre et Nathalie Dion, et également sonore.
Muni d’un casque, le visiteur s’y promène en compagnie du créateur et directeur du festival ayant enregistré un texte de présentation sur chacun des talents mis en valeur : Alan Côté, Koriass, Les Trois Accords, Chloé Sainte-Marie, Dans l’Shed, Tire le Coyotte, Pierre Flynn, Émile Bilodeau, Dumas, Florent Vollant, Yves Lambert et Benoît Paradis Trio.
Juillet 2016 : sortie du dernier Rappel du festival 2016.
LE RAPPEL, UNE AVENTURE QUOTIDIENNE DURANT LE FESTIVAL
“Re-tour de chant de Petite-Vallée” met aussi en valeur des extraits d’article du journal Le Rappel diffusé tous les jours durant le festival : ces compte-rendus de concerts sont rédigés à chaud, après les spectacles.
Le Rappel résulte d’un intense travail d’équipe mené à bien par près d’une dizaine de personnes : Marc-Antoine Dufresne, Albert Weber et Alain Saint-Yves, Danielle Vaillancourt, Jean-Charles Labarre, André Bujold, Nathalie Dion, Emilie Rioux, Marie-Eve Forest, …
Le fameux concert acoustique de Dumas dans la Vieille Forge privée d’électricité …
UNE EXPOSITION À FAIRE CIRCULER ET A ENRICHIR …
Espérons que cette exposition continuera a circuler dans la région, autour de Roanne et bien plus encore.
Car au-delà de quelques grands noms du show-business québécois, bien rares sont les artistes de la Belle Province qui arrivent à sortir de l’ombre et SURTOUT à s’imposer durablement en France.
D’où l’intérêt d’une telle initiative qui pourrait, au gré de la prochaine édition du festival de Petite-Vallée, être enrichie de nouveaux panneaux.
UNE HEURE AU CŒUR DE LA CHANSON QUÉBÉCOISE
L’incroyable diversité des talents québécois aura été un des axes de la causerie sur la chanson animée durant une heure à la Médiathèque Georges Sand, juste après une présentation des panneaux de l’exposition et du festival de Petite-Vallée, et …
… et avant une réception et un vin d’honneur marqué par les interventions du maire de Mably, Jean-Charles Ladet; de Marc-Antoine Dufresne, adjoint d’Alan Coté et de Cécile Comby à l’origine du projet.
A défaut de pouvoir s’aventurer durant une (petite) heures dans les multiples méandres de la chanson québécoise, place à quelques-unes des ses figures marquantes d’hier et d’aujourd’hui, à l’incroyable diversité des genres musicaux, et à l’évocation de certains événements d’une si passionnante histoire… qui continue de s’écrire aujourd’hui, évidemment !
Cette causerie aura aussi été marquée par l’évocation de “10 talents coup de cœur” avec à chaque fois présentation d’un de leurs albums : Marcie ; Thomas Hellman; Steve Nirmandin; Philippe Garon; Sylvain Lelièvre; Richard Desjardins; Stéphane Côté; Paule-André-Cassidy ; Moran /Catherine Major ; Geneviève Morissette ; Yann Perreau.
C’est évident … On pourrait sans aucune hésitation dresser d’innombrables autres listes de 10 noms tant le Québec est riche de talents !
Geneviève Morissette : une des 250 pochettes d’albums signées Jean-Charles Labarre
DE CHARLEBOIS A ERIC JOHN KAISER EN PASSANT PAR PHILIPPE GARON
Parle de chanson c’est bien, en faire écouter c’est encore mieux !
D’où un autre temps fort de cette causerie historique sur la chanson québécoise : la diffusion d’une bonne demie-douzaine de chansons chaque fois située dans leur contexte : “Les ailes d’un ange” (‘Robert Charlebois); “Oh Secourez moi” (Michel Rivard, extrait des “12 hommes rapaillés” de Gilles Bélanger/Gaston Miron) ; “Petit peuple” (Philippe Garon); “Quand j’aime une fois j’aime pour toujours” (Richard Desjardins); “Saint-Pierre et Miquelon” (Pierre Calvé); “Les sirènes de Petite-Vallée” (Eric John Kaiser).
Et en guise de conclusion “Comme dans un film” (Geneviève Morissette/Oldelaf), histoire de mettre en relief – avec humour – les inévitables différences entre la langue française parlée en France et au Québec.
En compagnie du chanteur Michel Grange et de François Collonge (Photo Guy Plotton)
A SUIVRE …
TEXTE ALBERT WEBER
PHOTOS JEAN-CHARLES LABARRE, GUY PLOTTO ET ALBERT WEBER
“De ses débuts jusqu’à aujourd’hui, Gemma Barra a su allier les activités de diverses disciplines artistiques : comédienne, animatrice à la radio et la télé, scénariste, écrivaine, éditrice… sans oublier une contribution remarquée comme auteure- compositrice et interprète. En un mot, une artiste multidisciplinaire, bien avant que l’expression ne soit entrée dans le vocabulaire”.
Signé Richard Baillargeon, spécialiste de l’Histoire de la chanson québécoise, ce constat met en valeur Gemma Barra, première auteure-compositrice à avoir sa propre émission de radio au Québec en 1956.
Coup de projecteur sur une des pionnières des arts de la scène originaire de Québec, Capitale nationale du Québec. Elle a été honorée mardi 21 février lors de la période des Déclarations de députés à l’Assemblée nationale par Véronyque Tremblay, députée de la circonscription de Chauveau (photo ci-dessus).
PLUS DE 60 ANS DE CRÉATION ET DE PRODUCTION AU QUÉBEC
Gemma Barra a à son actif plus de six décennies de création et de production dans les disciplines de comédienne, animatrice à la radio et à la télé, scénariste, romancière, éditrice … sans oublier une contribution remarquée comme auteure- compositrice et interprète.
Promenant ses chansons au pays et à l’étranger, elle présentait déjà une grande polyvalence. De sa première continuité radiophonique, “Mes chansons” (1956), aux scénarios de la série d’animation “Hirsy la fabuleuse” (1991), en passant par son premier roman “Avortement sur rendez-vous” (1972), Gemma Barra a précédé les courants plutôt que de s’y conformer.
Comme le souligne la mention officielle de Véronyque Tremblay, députée de Chauveau “Mme Barra était une artiste multidisciplinaire avant même que l’expression ne soit inventée”. Voir ICI son intervention à l’Assemblée Nationale du Québec.
1ère AUTEURE-COMPOSITRICE-INTERPRÈTE A AVOIR SA PROPRE ÉMISSION DE RADIO AU QUÉBEC
Dès l’adolescence, l’attrait de la scène l’amène à prendre la route au sein d’une première troupe de théâtre. À l’entracte, on la retrouve devant le rideau, livrant ses premières chansons, un peu comme le faisait Félix.
Entre les tournées, la jeune auteure signe quelques refrains, paroles et musique, sous le pseudonyme de Claude Romance et a le plaisir d’entendre ses chansons interprétées dans le cadre de l’émission “Les chansonniers canadiens” à CKVL.
De retour dans sa ville natale de Québec, elle débute à la station radiophonique CHRC avec l’émission “Mes Chansons” en février 1956, une première pour une artiste féminine au Québec. Une expérience médiatique qu’elle partage bientôt avec un autre jeune chansonnier de la Capitale, Hervé Brousseau.
Quelques années plus tard, Gemma se joindra aux “Créations de Québec”, mouvement fondé par un noyau d’auteurs-compositeurs pour alimenter l’émission éponyme à CHRC. Elle grave quelques 45 tours, est invitée à la télé montréalaise, notamment une apparition consistante à l’émission “Music-Hall”.
En 1965, elle initie une production multidisciplinaire regroupant 28 personnes sur scène. L’année suivante est l’occasion d’une autre première : deux récitals en “one woman show” dont un au Palais Montcalm. L’événement est bientôt suivi de l’album “Rencontre … avec Gemma Barra”.
La notoriété que lui apportent ces expériences lui ouvre de nouvelles portes : invitations en Europe, passage à l’émission d’actualités de Radio- Canada Aujourd’hui, animée par Wilfrid Lemoyne.
Au cours de la saison 1966-1967, on la retrouve comme narratrice de la série “Mon pays, mes chansons” à la télévision de Radio-Canada. Elle passe ensuite de l’autre côté de la caméra, pour le projet “High Tide / Quand la marée monte”.
Suivent les scénarios de plusieurs documentaires en collaboration avec son complice le cinéaste Anton Van de Water, dont celui portant sur l’implantation du régime québécois de l’Assurance-Maladie (prix Urkunde 1971 du Medikinale International à Marburg en Allemagne).
Cette expérience et des situations désespérées dont elle a été témoin dans le milieu hospitalier l’ont d’ailleurs amenée à rédiger un premier roman intitulé “Avortement sur rendez-vous” en 1973 (Publications Éclair) … ce qui était audacieux à l’époque où le docteur Morgentaler avait tous les tribunaux à ses trousses.
S’y ajouteront un long métrage And I Love You Dearly / La maîtresse pour lequel elle est co-scénariste et directrice de production et une série de 37 émissions radio sur le thème de Noël à CKCV au début des années 1980.
Assurément une pionnière …
“KERMESSE D’ENFER” : UNE TRILOGIE (HÉLAS) D’ACTUALITÉ
La carrière d’auteure-compositrice de Gemma Barra a été soulignée par la monographie “Sous le ciel de Québec” parue en 1987 (Les Éditions Vient de la Mer). Cette publication sera suivie d’une compilation d’une vingtaine de ses quelque 300 chansons. L’année 1991 sera celle de la série de films d’animation “Hirsy la fabuleuse” dont Gemma écrit les scénarios.
Les années 2000 sont marquées par un retour dans le domaine de la chanson alors que les Productions Ancyma lancent leurs premiers CD avec le concours du chef d’orchestre Réjean Yacola.
Ces projets intergénérationnels mettent en vedette les interprètes Danielle Oddera, Guy Bélanger, Colombe Dufour, Chantal Blanchais, Jean Proteau et autres. L’album “Les mots entre nous” rappelle un concert de Gemma Barra au Théâtre Petit Champlain.
Parallèlement, elle conçoit et produit les livrets des comédies musicales “Valses et tangos en fête”, “Boum sur la ville”, “Féérie et envolée de temps des fêtes” et “Marilda”, un hommage à la ville de Québec et à ses citoyens.
Ces travaux lui laissent tout de même un peu de temps pour tremper sa plume à de nouveaux projets. Et notamment une trilogie “La kermesse d’enfer” dont les premières ébauches remontent au milieu des années 1980. Le sujet portant sur le mal-être et sur la violence banalisée de plus en plus présente dans nos vies est malheureusement plus que jamais d’actualité. Le projet voit enfin le jour en 2017.
“UNE ARTISTE TRÈS EN AVANCE SUR SON ÉPOQUE”
Selon Richard Baillargeon, “comme référence stylistique, un des interlocuteurs à Radio-Luxembourg lui a dit qu’elle était du niveau de Cora Vaucaire. Les caprices du hasard et sa réorientation vers la caméra (documentaires) ont fait qu’elle n’a pas donné suite à ce premier pas vers la France”.
En 1966, où elle s’était finalement faite à l’idée d’interpréter des chansons reconnues, elle a choisi plusieurs classiques d’auteurs parmi les plus exigeants comme “Est-ce ainsi que les hommes vivent”, “Surabaya Johnny” ou “Les nuits d’une demoiselle”.
Ce disque l’a amenée à se rendre brièvement en Europe. Malheureusement, à son retour, après qu’elle ait été la présentatrice de l’émission télévisée ‘Mon pays, mes chansons’ où a elle a pris, pour la 3e saison, la relève de Pauline Julien, elle est passé, sitôt ces tournages terminés, derrière la caméra et a recommencé une nouvelle carrière.
“Bref, elle a œuvré en “électron libre” et se trouve de ce fait une des premières artistes multidisciplinaires, un peu trop tôt pour ses contemporains ! ” constate Richard Baillargeon.
Gemma Barra entourée par Lise Thériault, vice-Première Ministre et Ministre responsable de la Condition Féminine et Luc Fortin, Ministre de la Culture et des communications
QUAND GEMMA BARRA SE CONFIE A RICHARD BAILLARGEON …
Richard Baillargeon – De la chanteuse ou de l’animatrice, laquelle s’est d’abord manifestée, au début de votre carrière?
Gemma Barra – Dans mon cas, j’ai surtout débuté en écrivant des chansons. Dès l’âge de 9 ans j’ai voulu écrire des pièces qui étaient bien à moi.J’ai donc greffé des mélodies à mes textes de petite fille, comme cela se présentait.
Un jour, j’ai voulu faire du théâtre – j’avais 15 ans à l’époque – et j’ai réussi à convaincre mes parents que c’était sérieux. Je me suis retrouvée à faire des tournées de plusieurs mois, d’un océan à l’autre, où l’on jouait trois ou quatre pièces différentes simultanément, apprenant à la plus rude école qui soit, la scène même, mon métier de comédienne.L’ambiance était inimaginable, la troupe formait vraiment une grande famille !
Je prenais de plus en plus confiance en moi. Durant les longs voyages, je fredonnais mes propres refrains dans l’auto. Un jour, le directeur de la troupe m’a dit: “Il faudrait que tu chantes, entre le premier et le deuxième acte”.
C’est ce que j’ai fait : un petit quart d’heure à l’entracte. Je ne dépassais pas trois ou quatre chansons, parce que les gens applaudissaient du bout des doigts. Je chantais mes propres pièces ; j’avais posé cette condition-là dès le départ, car je voulais connaître la réaction du public vis-à-vis mes compositions.Les gens étaient gentils, ayant sans doute apprécié ma participation comme comédienne, mais de là à aller chercher les applaudissements, il y avait une bataille à mener.
Le directeur me disait: “Essaie au moins une chanson connue. Tu vas voir la différence. » Certains soirs j’acceptais d’en faire une pour une occasion très spéciale et c’était toute une différence, en effet.Mais comme j’avais la tête très dure, je voulais qu’on connaisse mes chansons!
Parallèlement, j’avais fait parvenir quelques textes de chansons à l’émission Les Chansonniers canadiens de CKVL, à Verdun, sous le nom de Claude Romance. J’y ai eu des chansons interprétées par Louise Robidoux, par Margot Leclair…
RB – Vous avez vous-même animé des émissions de radio. C’est un peu plus tard?
GB – Je suis venue à Québec, pendant une période de vacances; j’ai communiqué avec Magella Alain de CHRC et je lui ai dit: “J’ai 60 compositions, paroles et musiques. Est-ce qu’il y aurait possibilité d’auditionner? “.
Mon but était qu’elles soient interprétées par Pierrette Roy ou Madeleine Lachance, toutes deux très connues à l’époque. Nous sommes en janvier 1956 et il me répond : “Venez dans une quinzaine de jours”.
Après l’audition, le directeur des programmes m’appelle à son bureau et me demande : “Accepteriez-vous, en plus d’écrire vos chansons, de les interpréter vous-même et d’écrire des textes d’enchaînement?”.C’est comme ça que j’ai débuté une série d’émissions qui s’appelait “Meschansons” et qui devait durer treize semaines, à raison de deux fois la semaine, le 14 février 1956.
Chacune durait dix minutes et j’y chantais deux ou trois de mes pièces. Dès les premières émissions, les gens ont commencé à téléphoner et à écrire pour donner leur appréciation.
Peu de temps après, Monsieur Alain m’a demandé de partager l’émission “Mes chansons”avec un autre jeune auteur, promettant d’allonger chacune d’elles à quinze minutes, et j’ai accepté.Le mardi c’était donc Gemma Barra et le jeudi, Hervé Brousseau. Vers la fin de décembre, il y a eu une émission spéciale qui s’appelait Créations avec Guy Godin, André Lejeune, Marc Gélinas et moi-même.
À la fin de la saison, je repartais en tournée théâtrale et Hervé allait à Montréal. Je n’ai donc rien fait en chanson au cours de l’année 57.En 58, il y a eu un mouvement qui s’appelait “Créations de Québec”, fondé par Geneviève Aubin-Bertrand et Marius Delisle.
Comme je revenais d’une tournée, Geneviève Aubin-Bertrand m’a téléphoné et a dit: “Écoutez, Monsieur Alain m’a appris que vous écriviez beaucoup de chansons ; il faut absolument que vous veniez à l’émission”.
J’ai rencontré tout le monde de l’association, j’en ai fait partie, j’ai donné une cinquantaine de chansons à des interprètes dont Nicole Danis, Claudette Avril, Ghislaine Cimon, Paul Landry…
Sur scène dans les années 60
RB – Qui étaient tous des gens de la région de Québec?
GB – Qui étaient des gens de Québec, essentiellement. J’ai par contre interprété les chansons d’autres auteurs du groupe, dont Georgette Lefrançois, Georgette Lacroix, Paul Bédard, Jean Royer…Il fallait aider nos camarades; tous ceux qui étaient capables de chanter se faisaient un plaisir d’interpréter les chansons des autres auteurs.
On formait vraiment une sorte de famille musicale.Avant nous, il ne se passait pas grand chose, il faut bien le dire. Quand j’y repense, c’est un grand vide que je vois.
Il fallait créer un mouvement. Moi, j’étais convaincue qu’on pouvait danser avec des chansons faites à Québec, mais sur des rythmes internationaux.Faire un tango, une cha-cha ou un calypso: pourquoi pas?
Les Américains le faisaient, les Français le faisaient, pourquoi est-ce qu’on ne pouvait pas le faire, nous ?Je voulais voir les couples dans les restaurants danser devant le juke-box, sur nos propres chansons, sur mes propres chansons; et ça s’est produit. Après l’enregistrement de Jacques, les gens dansaient sur ma musique. Ça, c’est un beau souvenir…
Enregistrer un 2ème album exclusivement consacré à Leprest en trois ans c’est sans aucun doute prendre des risques.
Assurément de sérieux risques car les passionnés du grand Allain sont connus pour leur incontestable exigence doublée d’un inévitable art de la comparaison entre version originale et reprise d’interprète. Et c’est d’autant plus compréhensible que les enregistrements reprenant Leprest sont nombreux depuis son suicide à 57 ans, le 15 août 2011.
Coup de projecteur sur le nouvel album de Clémentine Duguet, dont la voix s’enracine au fil des CD dans nombre de répertoires des plus diversifiés, bien au-delà de son Alsace natale.
Une pochette signée Franyo Aatoth pour ce 2ème CD de Clémentine consacré à Allain
“DES MOTS LUI SORTAIENT DE PARTOUT”
Clémentine Duguet aime vagabonder dans l’univers de Leprest, et y repérer des titres souvent moins connus que d’autres. D’où ses deux albums sortis en trois ans et exclusivement consacrés à Allain.
Voici trois ans sortait un premier album composé de 22 titres d’Allain Leprest repris par Clémentine Duguet. Rebelote en cette nouvelle année avec un CD de 24 titres enregistrés en deux semaines de studio : d’où 78 minutes et 42 secondes qui devraient retenir l’attention des amoureux de l’univers de Leprest.
24 chansons de Leprest ? Pour être précis disons 23 car l’avant-dernier titre, “Merci Monsieur” est à vrai dire un texte de Clémentine Duguet. Des paroles qu’elle dit sur une musique de Romain Didier composée pour “Chanson “Marine” du spectacle “Francilie” dont Allain avait écrit les paroles.
Attachée depuis des années à l’œuvre de Leprest qu’elle avait revue en concert à L’Alhambra en 2009, Clémentine raconte Allain d’une voix à la fois assurée et d’une évidente sensibilité.
Mais sans sensiblerie : “Mais des mots et des mots/Lui sortaient de partout/Comme un flot de farine/De vent et de cailloux/Le vin de Joséphine/ Le cul du Cotentin/Le ciel de Gagarine/ Le Canal Saint Martin/ Et des mots et des mots lui sortent de partout/Et moi chopin chopine/ Je m’écharpe de lui/ Je me colle ces rustines/ Graines de bois de lit/ Sur mon cœur de tartine/ Merci Monsieur merci”.
Quant à “Mec”, dernier titre de ce nouvel opus, il est offert non par Clémentine Duguet mais par Marc Trubert dont la voix est assurément bien proche de celle d’Allain. La photo publiée du texte montre d’ailleurs les deux amis photographiés “au piano du Connétable le 15 juillet 2002 très tard dans la nuit”.
Outre le dessin de la pochette signé Franyo Aatoth, la présentation des chansons manque visibilité. Dommage les noms des créateurs des chansons soient imprimés en blanc, ce qui n’est pas des plus heureux vu les autres couleurs utilisées.
S’y glisse aussi deux erreurs relevées par Clémentine Duguet sur sa page Facebook : “Avec toutes nos excuses à JeHan pour avoir volé sa version de Chanson Bateaux (avec un X !) en en attribuant la musique à Romain Didier”.
23 chansons de Leprest et un texte de Clémentine sur une musique de Romain Didier
24 INTERPRÉTATIONS ENTRE DOUCEUR ET ÉMOTION
S’il est évident que chacun se forgera sa propre opinion de “Clémentine chante Leprest 2″, quelques points de repère s’imposent.
Il ne faut évidemment pas vouloir retrouver dans le timbre de voix de Clémentine Duguet l’interprétation à fleur de peau d’Allain Leprest. Elle offre ici sa propre vision, sans doute moins extravertie que les titres originaux.
A l’instar d’autres chanteuses qui ont repris Leprest, cet album permet d’apprécier Leprest d’une autre manière. Un choix artistique enraciné dans une talentueuse complicité entre la chanteuse et ses trois musiciens : Yves Nabarrot (guitare, voix) et Marie Ladret (piano, claviers, voix) et Jean-Michel Eschbach (accordéons, accordina).
D’où une atmosphère tout à fait particulière à savourer dans chaque titre de “Clémentine chante Leprest 2″ : entre douceur et émotion, avec un regard plein de tendresse envers Allain exprimée avec justesse par la chanteuse.
“INTENSE, DOUCE ET IMPULSIVE”
En décembre 2015, lors d’une soirée présentée par la chanteuse Kristel Kern à Andlau, en Alsace, Clémentine Duguet avait présenté un spectacle de chansons toutes puisées dans le répertoire d’Allain.
Elle y était alors accompagnée par les trois musiciens qui l’ont suivi dans cette nouvelle aventure discographique.
Dans un article consacré à ce concert, j’avais ainsi qualifié l’interprétation des chansons de Leprest : “Tour à tout intense, douce et impulsive, Clémentine Duguet a chanté Leprest avec conviction. Avec une énergie qui fait chaud au coeur. Une interprétation à la fois sobre et efficace offerte avec trois complices : Yves Nabarrot (guitare), Marie Ladret (piano et 2ème voix sur certains titres), et Jean-Michel Eschbach (accordéon-bandonéon)”.
A bien écouter ce nouvel opus, j’y retrouve les divers repères qui avaient retenu mon attention à Andlau.
Marquée à ce jour d’une belle douzaine d’enregistrements, la discographie de Clémentine Duguet vient de s’enrichir d’un nouvel opus qui mérite une large diffusion auprès des amoureux d’une chanson de qualité. Sans colorants artificiels. Donc pas nécessairement celle qui est diffusée habituellement sur les ondes…
Sorti en 2015, 1er album de “Clémentine chante Leprest” compte 22 chansons
“LA CHANSON FAIT PARTIE INTÉGRANTE DE LA VIE POPULAIRE ET SA PLACE EST PARTOUT”
Elle en a fait du chemin, Clémentine, depuis ce printemps 1998 où je lui avais consacré une double page dans le trimestriel Chorus n° 23 sous le titre “L’inconnue d’Alsace”.
Au fil des ans, elle s’est forgée un répertoire, une expérience, un vécu qui témoigne d’une incontestable passion pour la chanson aux multiples sujets. “J’ai chanté le passé, le vin, la bière, la nuit, l’amour, l’érotisme, la guerre, le Front Populaire, le pub, les voitures, le mariage, la Belle Époque, la nature, les guinguettes, les enfants, le chocolat, … Et j’ai revisité avec délectation l’histoire de France qui m’avait tant ennuyée en classe” confie-t-elle dans un livre de témoignages sur la Choucrouterie fondée en 1984 à Strasbourg par Roger Siffer (“Quand la Choucroute … rit”, Éditions La Nuée Bleue, 2003).
Et d’affirmer quelques lignes plus loin : “La chanson fait partie intégrante de la vie populaire et sa place est partout. J’ai ainsi chanté dans des caves, des hôpitaux, des maisons de retraites, des écoles, des restaurants, des prisons, des cirques, des entreprises, des bateaux, des garages, des parkings, des garderies, des trains, des gares, des banques, des camions, des jardins, des expositions, des musées, des bibliothèques, des radios, des télés, des cabarets, des guinguettes, des gymnases, des fermes, des foires, des cours … Et puis bien sûr la Choucrouterie a servi de tremplin à toutes ces pérégrinations puisque la plupart de mes spectacles y ont été créés”.
“Clémentine chante Leprest 2″ ? Un album qui séduira – je l’espère – les personnes sensibles à Allain Leprest et qui font preuve de curiosité. Et plus globalement les passionnés d’une chanson qui mérite de (sur)vivre en cette époque marquée par trop de fausses valeurs artistiques et culturelles.
Jean-Michel Eschbach au concert d’Andlau
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
PHOTO MILO LEE (1ère photo de l’article, également dans la pochette du CD)
C’est évident. Il est toujours dangereux de coller une étiquette en ne tenant compte que d’une étape d’un parcours pourtant intense en initiatives.
Et quand cette escale a bénéficié d’une forte exposition télévisée, il est si facile de réduire un artiste à un personnage aussi médiatisé qu’artificiel. Au risque de le dénaturer totalement.
Léopoldine HH est sans doute un des exemples les plus percutants en la matière Une championne du (très) grand écart finaliste à la fois de la “Nouvelle Star” en 2014 et du Prix Georges Moustaki en 2017.
Histoire d’une artiste aussi inclassable qu’à l’aise sur scène comme chanteuse, musicienne et comédienne.
“Je suis née toute nue”, titre initial du CD est devenu “Fleurs en pot” (Blumen im Topf”)
UNE HEURE AUSSI DÉLIRANTE QUE DÉPAYSANTE
13 chansons en français, anglais, alsacien et allemand …plus un titre caché des plus inattendus. Embarquement immédiat sur la planète “Blumen im Topf” ! Un voyage aussi délirant que dépaysant en 59 minutes et 58 secondes …. aux allures de puzzle aux pièces extrêmement différentes.
Le « Mini-Cédé de Léopoldine » sorti en 2014 était en quelque sorte une « répétition générale », sans doute histoire de se roder, d’explorer avec audace des voix et des voies des plus éclatées.
CHAQUE nouvelle écoute de « Blumen im Topf” révèle des intonations, des détails, des arrangements, des délires vocaux et musicaux.
Ce CD ne se résume pas un “enchaînement de chansons”. C’est plutôt un album-concept forgé de paroles et de musiques, mais aussi de phrases échappées de pièces de théâtre, d’extraits de comptines alsaciennes, de déjantés bidouillages de sons, de bruits divers, de vagabondages vocaux jonglant entre plusieurs langues.
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Octobre 2016, Librairie Kléber. Présentation de “Blumen im Top” à Strasbourg avec Charly Marty et Maxime Kerzanet
UNE INSATIABLE GOURMANDISE POUR DES TEXTES D’AUTEURS
Léopoldine HH est unique à bien des égards, et il serait extrêmement réducteur de la qualifier de “chanteuse alsacienne”.
En témoigne sa voix claire et affirmée qui passe de l’aigu au grave avec une aisance jubilatoire : Léopoldine chante et parle, crie et murmure, roule les r au gré des refrains, chuchote et murmure.
Ici et là, au gré des articles suscités par la sortie de cet album, on se retrouve avec des comparaisons des plus flatteuses : Camille, Ute Lemper, Marlène Dietrich, Bjork, William Sheller, Catherine Ringer, etc. Voire de Brigitte Fontaine, Richard Gotainer, Daphné et Nina Hagen dans FrancsFans, le bimestriel indé de la scène” (février-mars 2017) qui le présente comme un des “8 albums indispensables”.
Bravo pour ces flatteuses références mais Léopoldine HH est unique, même si ses envolées vocales et son aisance scénique me font penser à l’Acadienne Marie-Jo Thério et à la Québécoise Klô Pelgag.
Et si l’inspiré grain de folie de ces deux chanteuses se retrouve omniprésent chez Léopoldine, une autre évidence s’impose. Elle s’enracine dans une histoire familiale aux (très) multiples épisodes vécus par ses parents artistes, Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel.
D’où une personnalité fort extravertie, enrichie par un héritage enraciné dans un savoureux éclectisme. La jeune chanteuse affiche une insatiable gourmandise pour des textes d’auteurs fort variés, célébrés dans plusieurs langues. En somme une artiste qui se joue des courants des pensée, des périodes littéraires et aussi des genres musicaux.
Certes, ici et là, Léopoldine est parolière et/ou compositrice de certains titres. Mais la majeure partie des titres fait la part belle à de superbes signatures : le poète Olivier Cadiot ; le comédien, auteur dramatique et metteur en scène Gildas Milin ; la romancière Gwenaëlle Aubry, etc.
D’où une série de titres où Léopoldine s’envole entre aigu et grave : autant de convaincants repères d’une incontestable maîtrise, résultat d’années de chorale, de piano, de chant lyrique, de musicologie.
Un des meilleurs exemples de cette maîtrise vocale doublée d’une perpétuelle envie de surprendre, c’est “Zozo Lala”. Un texte surréaliste signé Roland Topor de Michel Valmer. Sans doute le plus explosif de cet album qui ne manque pourtant pas de dynamite.
COMPTINES ALSACIENNES PASSÉES À LA MOULINETTE ÉLECTRO
Léopoldine HH a toujours envie et besoin de changer de registre artistique. J’en sais quelque chose pour l’avoir apprécié au fil des ans dans des circonstances très différentes … autant par journée ensoleillée sous chapiteau au Festival Summerlied à Ohlungen ou bien dans la pénombre nocturne d’un sous-sol strasbourgeois pour le “Festival des Caves”, une cave de Strasbourg.
Deux souvenirs parmi d’autres d’une énergique et pétillante jeune femme sans doute à ses premiers pas d’une carrière d’auteure-compositrice-interprète aussi imprévisible qu’inspirée. A l’instar d’une Diane Dufresne …. sans accent québécois mais avec une malicieuse aisance pour jongler entre français, allemand et alsacien dont elle s’approprie chaque fois les intonations et la diction.
Qu’elle chante – en allemand et français – un texte de la poétesse Eva Strimatter en guise d’introduction à “Blumen im Topf” ou qu’elle donne vie aux textes du metteur en scène et auteur Gilles Granouillet, Léopoldine fait toujours preuve d’incontestable originalité.
Et la chanson “Blumen im Topf” ? Elle a été coécrite par Léopoldine HH et Charly Marty, un des deux comédiens-musiciens qui l’accompagnent sur scène et ont enregistré l’album avec elle. L’autre, c’est Maxime Kerzanet : tous deux ont également beaucoup travaillé avec elle aux arrangements, à l’instar de Flavien Van Landuyt.
Pour ses “fleurs en pot” – titre éponyme de l’album – Léopoldine a puisé dans ses souvenirs d’enfance. Mais attention ! Pas question de reprendre dans sa version originale le refrain chanté par sa grand-mère.
“Ne me demande pas ce que j’ai dans la tête” lance-t-elle, accompagnée par les chœurs du collège Diderot de Besançon en s’en donnant à cœur joie avec ces “Blumen im Topf” … phrase également reprise dans le 13ème titre. Avouez qu’il faut tout de même être audacieux pour sortir son premier album sous un titre en allemand, non ?
Et quand elle reprend une des plus célèbres comptines de son Alsace natale, elle en offre une version électro à des années-lumière de la version habituelle. “Mama ich will a Ding” s’achève d’ailleurs par quelques brèves phrases en alsacien et en français.
“Tu es comme un livre, on peut lire en toi” lance Liselotte Hamm. C’est du moins la première impression … car les deux titres enchaînent sans temps mort ! Extraits de comptines passées à la moulinettes, interventions éclairs de Jean-Marie Hummel et Liselotte Hamm, le tout enrobés dans de percutants synthétiques. D’où “Blumen Frischgemixt” mijoté par Léopoldine HH et Flavien Van Landuyt au studio Zèbre de Besançon.
Une délirante explosion de sons et de voix où Léopoldine donne libre cours à sa folie créatrice … juste avant de raconter – avec l’accent allemand – l’étrange histoire de “Magie-Blanche”. d’après la pièce “Brasserie” de Koffi Kwahulé, comédien, metteur en scène, dramaturge et romancier ivoirien !
Livre clin d’oeil à Adrienne Hummel par Léopoldine entourée par Charly Marty et MaximeKerzanet
“EUROPÉENS D’ALSACE” : SACRÉE FAMILLE D’ARTISTES
Loin des pots de géranium symboles d’une Alsace folklorique, les fleurs offertes avec par Léopoldine durant près d’une heure en disent long sur le potentiel de cette inclassable artiste d’Alsace.
“Des Européens d’Alsace” : c’était le titre d’un portrait paru dans Chorus, les cahiers de la chanson au printemps 1995. Deux pages consacrées à Liselotte Hamm et Jean-Marie Hummel : “Un couple d’artistes étonnants, dont éclectisme et l’expérience internationale vont de pair avec une joie de vivre assumée au quotidien, à la ville comme à la scène”.
“Impossibles à cataloguer, avec leur répertoire tantôt français, tantôt alsacien, tantôt allemand” avais-je précisé. Pas de doute ! 22 ans plus tard, ces propos s’affirment plus que jamais d’actualité pour définir, ou plutôt pour tenter de définir leur fille Léopoldine.
Sacrée famille d’artistes où s’affirment aussi d’autres registres artistiquesYérri-Gaspar Hummel et Adrienne Hummel, les deux autres enfants des “Européens d’Alsace” Une famille qui suivra de (très) près la finale du Prix Georges Moustaki, le 16 février à 20h à Paris.
C’est évident, on n’a pas fini de parler de Léopoldine HH, décontractée chanteuse à tresses dont ce premier album n’est, à vrai dire, qu’une facette de ses intenses initiatives artistiques.
“Le dernier train”, nouvel album de Robert Duvergé, méritait assurément un coup de projecteur sur ce site intitulé “planete francophone”.
Car s’il est bien un artiste mauricien attaché à la francophonie, c’est cet auteur-compositeur-interprète. En témoignent sa riche carrière d’artiste et aussi, depuis 2006, ses émissions radio.
Rencontre avec un créateur au parcours unique sur une île Maurice dont les atouts ne se résument ÉVIDEMMENT pas au tourisme pour amateurs d’exotisme en manque de soleil.
Artiste incontournable de la chanson à l’île Maurice
UN ARTISTE INCONTOURNABLE DANS LA VIE MUSICALE MAURICIENNE
Commençons par une question : vous n’aviez encore jamais entendu parler de Robert Duvergé ? Assurément un des artistes d’expression française les plus importants de l’île Maurice … ce qui ne l’empêche évidemment pas de chanter aussi en créole !
Alors plutôt que de me lancer dans de longues explications sur le parcours de cet artiste, prenez le temps d’en découvrir les principaux repères sur ces deux photos.
Ci-dessus celle qui figure dans la pochette du nouvel album, histoire d’en savoir un peu plus sur une carrière hors-pair débutée en 1964 par l’album “Si tu partais” : un enregistrement aux arrangements signés Gérard Cimiotti, figure incontournable de l’Histoire musicale de l’ile Maurice depuis plus de 50 ans !
Son récent décès à 75 ans a suscité de vives réactions auprès des innombrables artistes mauriciens ayant travaillé avec lui, dont Robert Duvergé qui raconte dans le magazine 5 Plus Dimanche : “Avec Gérard, c’est plus d’un demi-siècle d’amitié. On a fait toutes les scènes possibles de Maurice. Un musicien hors norme et quelqu’un d’une grande bonté. Je ne l’ai jamais vu en colère. Il n’hésitait jamais à “performer” gratuitement pour venir en aide à d’autres”;
Oui, voici plus de 50 ans que Robert Duvergé est un auteur-compositeur-interprète qui compte à Maurice. “Hier et aujourd’hui”, son précédent album, reprenait d’ailleurs quelques-unes des chansons marquantes de son répertoire.
Une carrière unique ponctuée de nombreux albumsEn compagnie de Véronique Zuel-Bungaroo, Grace Gauthier, Carol Lamport, Linzy Bacbotte et Sophie Némorin. Photo parue dans “Essentielle”, le magazine de la Mauricienne
12 CHANSONS ARRANGÉES PAR JEAN-PIERRE AUFFREDO
Attention, une précision s’impose. Robert Duvergé m’en avait parlé en août 2016, lors de nos retrouvailles au Musée de la Photographie de l’ile Maurice créé par Tristan Bréville. En effet, contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre, “Le dernier train” n’est pas du tout son dernier album !
Véronique Zuel-Bungaroo, Linzy Bacbotte, Thierry Béchard, Audrey Poussin-Clain, Grace Gauthier, Sophie Némorin, Carol Lamport, etc : une vingtaine d’artistes participe à “Ode à l’Environnement”, dernier titre de cet album résultant de nombreuses collaborations.
Soit 70 personnes, dont les chœurs du Conservatoire Mitterrand (une quarantaine de membres) et deux groupes réunissant une quinzaine d’enfants. Sans oublier aux arrangements un complice de longue date, Jean Pierre Auffredo .
“MON ÎLE, MON PAYS” : MÉLANGE DE PRIÈRES ET DE CULTURES”
“L’album s’achève sur une “Ode à l’environnement”, un hymne regroupant plusieurs générations sur un refrain en français et un long couplet aux accents de rap créole. Du genre à reprendre en choeur dans l’esprit de “We are the world”.
“C’est un appel à la préservation de l’environnement, à la protection de la nature et au devoir civique en général, pour une île et un monde durable” précise Robert Duvergé en insistant sur un projet qui lui tient beaucoup à cœur : un clip à “porter au niveau des autorités pour viser à une diffusion nationale : télévision nationale, salles de cinéma, collèges et écoles, entreprises. Et tout cela en mars … bien avant la journée mondiale de l’environnement du 5 juin 2017″.
Essentiellement connu en tant qu’artiste chantant en français, Duvergé n’oublie pas pour autant le créole auquel il fait la part belle dans cette “Ode à l’environnement” mais aussi dans un autre titre des plus positifs : “Bizin krwar”. Un efficace reggae entre langues française et créole pour insister sur le besoin de garder espoir malgré les douleurs de la vie (chômage, handicap, chimiothérapie, etc).
L’ile Maurice, Duvergé la célèbre avec entrain dans “Mon île, mon pays”. Une chanson très rythmée qui s’achève sur de joyeux cris et applaudissements … Belle déclaration d’amour pour son île de l’océan Indien indépendante depuis 1968 : “Le bonheur de vivre, c’est notre liberté/Et pour le progrès, cyber ou smart cité/Un état souverain, une république/Malgré les affres de la politique”.
Et le chanteur de préciser : “Je suis libre heureux dans mon pays/On peut y relever tous les défis/Mélange de prières et de cultures/Je vais où je veux sans raser les murs/ Des années nos couleurs flottent déjà/Belle histoire, tous unis et ça se voit/Droit devant l’océan, l’infini/Mon île, mon pays, plus que ça, mère patrie”.
Avec la participation de jeunes Mauriciens, dont les petits-enfants de Gérard Cimiotti
“BOND GIRL D’AMOUR” : ATTENTION DANGER !
Et voici que Duvergé se transforme en observateur amusé de l’évolution des mœurs. C’est avec humour qu’il se met dans la peau d’un séducteur en quête de rencontres virtuelles via internet.
D’où une “Bond girl d’amour” aussi attirante que mystérieuse célébrée sur un air de bossa … mais pour quel dénouement au juste ?
“Je n’l’avais encore jamais vu/ C’est là que tout a commencé/ Bonjour ça va, on a tchatté/ D’occasionnel à quotidien/ Les compliments jamais pour rien/Moi qui adore double zéro sept/Voici ma Bond girl sur le net/Elle a d’l’humour, elle est jolie/Rien à jeter, j’suis ébloui/Sa vie à elle je n’en sais rien/Tant pis je fonce on verra bien”.
1991. Avec Gilbert Bécaud dans les coulisses de l’Olympia
“J’AI VU BÉCAUD SIX FOIS À L’OLYMPIA ET DEUX FOIS EN CONCERT “
Passionné de Gilbert Bécaud qu’il a si souvent chanté ? Robert Duvergé l’est infiniment plus que vous ne l’imaginez !
“Gilbert Bécaud 15 ans déjà (18 décembre 2001) … et toujours là pour les inconditionnels comme moi. Je l’ai vu à l’Olympia en 6 fois (1988-1991) et en concert 2 fois (1980-1987). Je l’ai déjà posté, je le refais aujourd’hui encore. Chacun ses goûts, ses idoles, ses passe-temps. Je suis un inconditionnel de Gilbert Bécaud, et ces derniers jours, je me suis abreuvé de ses œuvres, ses musiques, ses chansons, je me sens regonflé à bloc” confiait-il récemment sur sa page Facebook.
Bécaud, et nombre d’autres artistes d’hier et d’aujourd’hui sont mis en valeur dans les émissions de radio de Robert Duvergé diffusées sur les ondes nationales.
Alors pas étonnant qu’il consacre une chanson d’une grande lucidité à ce qu’il appelle “Mon âge d’or” … avec deux refrains composés exclusivement de titres du répertoire français.
Une période si fertile en refrains qui n’intéressent pas la nouvelle génération : “Ils ne connaissent pas/ Montand, Ferré, Lama/Bécaud, Trenet, Mathieu/Ringards trop vieux/Les parents, les radios/N’offrent pas aux ados/Cette époque révolue/Pourtant qu’a tellement plu/Et dans trente ans ou plus/Un idiot comme moi sans plus/Débitera sa pensée/Son âge d’or au passé”.
1991. Avec Gilbert Bécaud dans les coulisses de l’Olympia
“LES GENS DE LA POLITIQUE ? DES COMÉDIENS, DE VRAIS COMIQUES”
Et qu’en est-il du titre éponyme de cet album ?
“Le dernier train”, Robert Duvergé l’a composé après avoir chanté dans une maison de retraite. D’où l’idée de se mettre dans la peau d’un vieil homme qui n’attend plus rien de la vie :
“Et le temps passe encore/La mémoire au point mort/Cloué dans mon fauteuil/Des bribes de vie s’effeuillent/Personne ne vient me voir/Je n’suis plus beau à voir/S’ront pas nombreux demain/Quand je prendrai mon train”.
Toutes les chansons ne sont évidemment pas du même registre dans cet album émouvant et drôle, grinçant et provocateur. Politiquement incorrect pourrait-on affirmer dès le premier titre, “J’aime, j’adore” aux accents country … “Un zeste de satire” selon Duvergé qui s’en prend avec plaisir à “la société en dérive devenue folie collective”.
“J’aime les gens de la politique/Ils nous balancent n’importe quoi/Des comédiens, de vrais comiques/Ils vivent en cliques et font leur loi/J’adore ce ‘ouf’ parler verlan/‘Chelou’ et ‘donf’ c’est effarant/Ils écrivent mal, regarde-les/C’est mal barré pour le français/J’aime ce banquier l’beau rôle tout l’temps/Calcul inique sensé t’aider/L’moment venu te rentre dedans/Toi tu perds tout, lui sans pitié”.
Cet album est un puzzle de 12 pièces dont chacune possède ses particularités.
Et si aucune chanson ne ressemble à l’autre, on peut y déceler bien des passerelles. Entre coups de gueule et coups de cœur, “Le dernier train” confirme, une fois de plus, la diversité du répertoire d’un artiste mauricien aux multiples inspirations tant en paroles qu’en musiques.
Paroles et musiques du nouvel album sont toutes signées Robert Duvergé
L’ALBUM LE PLUS PERSONNEL D’UN INTENSE PARCOURS ARTISTIQUE
“Le dernier train” est incontestablement l’album le plus personnel de Robert Duvergé. Celui qui exprime avec le plus de nuances et d’intensité son parcours d’artiste, mais aussi – et surtout – d’homme à la croisées des chemins, aux réflexions partagées/déchirées entre hier et demain.
S’y glisse un regard aussi lucide qu’amusé sur les diverses étapes de la vie qui s’enchaînent trop vite dans “Tout a une fin” …
Mais pas question de se replier sur soi, d’où “Droit devant” …. texte de courage, de remise en question et d’espoir inspiré par “les minutes qui s’écoulent/Les jours qui passent vite/Semaines et mois déboulent/Ceux qui s’en vont trop vite/Mal qui érode et ronge/Les gens qui doutent et plongent/Mariages qui se font/Les couples qui se défont/Pourtant il faut continuer/Droit devant et avancer”.
Quant à “Miroir”, c’est une chanson à écouter plus d’une fois. Et Duvergé n’y chante pas. Il parle, se raconte, se confie avec bon sens. Et prend du recul avec une vie entre réussites et désillusions : “Quand je s’rai arrivé tout au bout du voyage/Quand j’entamerai ma toute dernière chanson/Le miroir m’renverra un tout autre visage/Le passé s’ra alors mon unique horizon”.
VALÉRIE ET JEAN-FRANÇOIS : L’AMOUR PATERNEL A FLEUR DE PEAU
Impossible de passer sous silence deux titres. Ils occupent une place tout à fait particulière chez le chanteur, mais surtout le père de Valérie et de Jean-François.
D’où une vibrante “Valérie Symphonie” débutée tout en douceur … Duvergé exprime son amour paternel avec des mots si justes, empreints de tendresse : “C’était ce qu’un jour j’avais écrit/A ma fille pour ses quinze ans/Le temps a passé depuis/C’est une femme maintenant/Mais la chanson Valérie symphonie/Se conjugue toujours au présent”.
Et puis il faut bien écouter le texte de “L’un et l’autre”, un titre enraciné dans la douleur et le souvenir de son fils Jean-François.
D’abord il y a eu “Il est parti”, un livre paru chez Pamplemousses Éditions fondées par l’écrivain-journaliste-réalisateur Alain Gordon-Gentil. En l’occurrence le journal intime de Robert Duvergé rédigé depuis l’accident de son fils Jean-François survenu le 1er janvier 2007 jusqu’à son décès le 24 décembre 2011. Et bien plus encore … car il l y parle aussi de l’élan de solidarité suscité autour de ce drame. Soit 351 pages qui vous font entrer dans la vraie vie, celle qui est suspendue à un fil auquel on continue de croire, malgré tout. Jusqu’à l’irrémédiable.
D’où un poignant livre-témoignage synonyme de cinq ans de lutte. Celle d’un père, d’une famille qui va se battre pour son fils, grièvement blessé dans un accident ayant provoqué un traumatisme crânien le rendant inerte.
Suite logique du livre, voici le titre dédié aux deux Jean-François : “Lui, tant de projets d’avenir/ L’autre, qui n’avait rien vu venir/Lui, prêt au bonheur paternel/L’autre, espoirs gommés cruel/Lui, credo en la vie ma foi/L’autre sous les foudres de l’au-delà”.
Cette chanson, elle vous prend aux tripes, offerte avec des mots simples et directs. Et bouleversants d’authenticité.
“DEUX ANS D’OBSTINATION ET SURTOUT NE JAMAIS DÉSESPÉRER”
Mener à bien un tel album ? Assurément un long défi relevé par cet auteur, compositeur, interprète, producteur, distributeur, etc.
Une “histoire de passion” pour Duvergé : “Des mois ou même des années à écrire, corriger, réécrire, recorriger les textes afin de trouver la formule avec les mots les plus judicieux possibles. Des heures et des heures sur le clavier pour trouver enfin la bonne mélodie qui va se marier bien comme il faut aux paroles et essayer de la rendre agréable, attractive, belle, sensuelle, convaincante afin de plaire.
Oser faire TOUT tout seul, écrire, composer, planifier, éditer, produire, imaginer le bon modus operandi jusqu’au lancement de l’album. Surtout ne jamais désespérer, même si les portes de pas mal de sponsors vous restent fermées, sans aucune réponse et que le budget a du mal à tenir le coup. De nombreux échanges avec l’arrangeur, toujours le même en France, puis le studio, puis les choristes, et davantage pour réaliser “Ode à l’Environnement”.
Chercher la bonne photo (du même photographe), fournir au même “graphic designer” toutes les données pour une belle pochette. Pour le clip, imaginer le déroulement, convaincre les amis artistes, organiser le bon planning pour avoir tout le monde (70 personnes), cela a mis presque deux ans”.
Chapeau l’artiste !
TEXTE ALBERT WEBER
PHOTOS TRISTAN BREVILLE ET COLLECTION ROBERT DUVERGÉ
Émissions de Robert Duvergé : “Entre vous et moi” mercredi de 21h à 23 h sur MBC Kool FMet “La chanson une si belle histoire” dimanche de 10h à 11h sur Radio Maurice AM 684 (heure mauricienne !)
Décembre 2016. Concert “Songs for the Season” au Mahatma Gandhi Institute par le Conservatoire de Musique François Mitterand (Photo Tristan Bréville)Août 2016. Retrouvailles au Musée de la Photo à Port-Louis. Photo Tristan Bréville
Artiste résolument à part dans le monde de la chanson, Nilda Fernandez est un homme heureux, loin du cirque médiatique.
Un incontestable choix de vie pour le créateur de “Madrid, Madrid”, et “Nos fiançailles”. Sans doute les deux titres les plus connus de celui qui fut nominé cinq fois aux Victoires de la Musique en 1991 et s’y retrouve “Meilleur espoir masculin”.
Mais attention, ne croyez surtout pas que ses “Contes de mes 1001 vies” se résume en une bio de chanteur débordante d’anecdotes sur “la vie d’artiste”. Explications.
Septembre 2006, concert à Sarrebruck sous l’égide de “Bistrot Musique”
VICTOIRES DE LA MUSIQUE : LES COULISSES DU PALAIS DES CONGRÈS
Évidemment que Nilda parsème ces 383 pages de coups de projecteur sur les coulisses de ses aventures et mésaventures artistiques.
Et ses pages consacrées précisément à ces fameuses Victoires de la Musique en disent long sur certaines pratiques du métier. A commencer par le déroulement de la surprenante conférence de presse suscitée par cette consécration échappée des formatages des tubes standardisés.
“Depuis un an, mon album se vend en France de manière massive et inattendue. Le label multinational qui en a hérité se frotte les mains. Apparu en pleine “guerre du Golfe”, il est devenu son meilleur score et la chanson “Nos fiançailles” passe à la radio bien qu’elle soit le contraire des normes du succès” raconte Nilda, songeur au Palais des Congrès de Paris en précisant “Par bonheur, il s’est trouvé des gens éclairés pour donner une chance à leurs semblables de se nourrir d’autre chose”.
Et de citer divers journalistes qui ont contribué à ce que cette chanson sorte de l’anonymat dont Anne-Marie Paquotte (Télérama), Fred Hidalgo et Pascale Bigot (Chorus), Véronique Mortaigne (Le Monde), Hélène Hazéra (Libération), etc.
Sarrebruck, septembre 2006. Au micro de la Radio Sarroise
SORTIR DE L’ANONYMAT GRÂCE A UNE CHANSON NON FORMATÉE
Certes, cette mobilisation médiatique pour un artiste et une chanson “hors norme” était indispensable mais comme le reconnait Nilda : “Mais rien ne serait arrivé si ceux qui ont aimé cette chanson n’avaient fouillé dans les rayons des disquaires pour acheter un, deux, puis trois exemplaires de cet album qui m’a ouvert une porte vers les sentiments d’autrui”.
Et voilà, une fois de plus le grand public s’est pris de passion pour un répertoire différent de celui auquel il est habitué, grâce à cet effet boule de neige qui aura même retenu l’attention de Drucker, Foucault, Mitterand, Boyer, Nagui, Perrot, Martin, Ruquier, Sébastien, Ardisson nommément cités dans ce livre.
Combien de générations d’auteurs-compositeurs-interprètes ne sortiront jamais de l’anonymat par manque de soutien des “grands médias” ? Question de fond ? Assurément si on apprécie une certaine chanson loin des tubes habituels …
Et si j’ai d’abord insisté sur les pages axées sur “la consécration” de Nilda Fernandez, c’est pour mettre en relief une évidence : très vite, le “Meilleur espoir masculin” de 1991 s’est senti à l’étroit dans ce nouveau statut !
Et sa vie a pris un autre tournant. Et c’est là que se situe l’intérêt majeur de ce livre ponctué par tant d’étapes où l’on prend le temps de vivre, de se connaître et d’aimer.
C’est sûr, avec Nilda, on voyage beaucoup ! Mais surtout pas en touriste !
Ces déplacements toujours enrichis de rencontres, d’échanges, de découvertes et de retrouvailles en disent long sur la drôle de vie de cet homme qui chante.
Ici pas de course obsessionnelle pour une carrière internationale mais tout simplement l’envie et le besoin de vivre. De prendre du temps à chacune de ces escales loin de la France et de l’Espagne.
De l’île de Cuba à la presqu’île de Kamtchatka, de Bogota à Buenos Aires, de Venise où il apprend le décès de sa mère au Mont Sinaï pour un épique tournage d’une émission de télé … en passant par Achkhabad, capitale du Turkménistan à New-York …. et la liste est très loin d’être exhaustive !
CD de 15 titres en français pour public russe
UNE LONGUE CONVERSATION ENTRE AMIS QUI SE RETROUVENT
“Contes de mes 1001 vies”, c’est comme une conversation entre deux amis qui se retrouvent après une longue période de silence, d’éloignement. On a tant à raconter, en toute simplicité. En toute authenticité aussi. C’est ce qui apparait tout au long de ce livre où s’affirme une impérieuse envie de prendre le temps de vivre.
En témoignent entre autres les pages consacrées au Québec, lorsque Nilda décide de “traverser l’Atlantique plusieurs semaines avant mon concert aux Francofolies pour connaître le nord de la Belle Province. La curiosité bien sûr, mais aussi l’envie de prendre le large d’une histoire sentimentale fatigante et sans joie”.
En route pour Tadoussac, la baie de Sept-Iles … et même le festival Innu Nikamu aussi où il passera une semaine !
“Je tenais le nom de mon prochain album sans en avoir composé une seule chanson”. En résultera finalement “Innu Nikamu”, superbe chanson … à savourer ICI.
1er album, avec un de mes titres préférés de tout son répertoire ; “La guerre en été”
DE DANIEL A NIELDA : “UNE SCHIZOPHRÉNIE SALVATRICE”
A fait pourquoi Daniel Fernandez est-il devenu Nilda Fernandez ?
Je me suis souvent posé la question. Et le 33 tours retrouvé dans ma discothèque avant de rédiger cet article me rappelle que cet artiste m’intéresse depuis pas mal d’années.
Réponse dans “Contes de mes 1001 vies” : « Pour ne pas me sentir encerclé, sans repli possible, j’ai donc organisé une schizophrénie salvatrice en me souvenant de Sapho qui m’avait salué d’un “Bonjour Nielda !” dans une brasserie de Saint-Germain des Prés.
Débarrassé d’une voyelle, justifié comme un vieux prénom slave, pas plus féminin que Nikita, Sasha ou Volidia, tous masculins et tous des hommes, Nilda devenait l’artiste que je voulais faire grandir et apprendre à connaître.
Depuis que Daniel écrit les chansons et que Nilda interprète, je me sens mieux. Tout comme mes deux langues, mes deux pays, mes deux maisons, l’un et l’autre me sont indispensables »
Sarrebruck, septembre 2006. Nilda Fernandez avec Alcaz (Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol), Gerd Heger et Suzanne Wachs, organisateurs de “Bistrot Musique”,
EMILIA ET JOSÉ : NOUVELLE VIE LOIN DE L’ESPAGNE DE FRANCO …
“Contes de mes 1001 vies” évoque aussi Léo Ferré dont Nilda partagera la loge d’une manière imprévue … la chanteuse Sosa Mercedes … le chanteur russe Boris Moiseev ..
Mais ce qui m’a le plus touché dans ce livre, ce sont les nombreuses pages consacrées par Nilda à son enfance, sa jeunesse, ses parents aussi. Emilia et José occupent une place essentielle dans ce livre qui s’achève par un récit des plus intimes.
Les derniers moments de Nilda face à son père sur son lit de mort : “Notre père se prépare pour un exil qui ne sera pas de cinq mois comme lorsqu’il nous avait précédé en France et, cette fois, je resterai sur le quai”.
L’auteur s’y exprime avec pudeur, avec une évidente émotion si loin des artifices de la vie de chanteur. “Sa souffrance est si grande que je pense au film où un compagnon d’hôpital de Jack Nicholson l’étouffe sous un oreiller. Mais je n’ai pas ce courage et je m’en tiens à attendre la mort à ses côtés”.
Tout au long des près de 400 pages de cette autobiographie, le chanteur s’efface très souvent pour céder la place au fils d’Emilia et José, à leur vie de travail et d’entraide, de détermination et d’amour. Un couple uni pour réussir leur vie de famille loin de l’Espagne de Franco…
Sarrebruck. Nilda Fernandez entouré par Jean-Yves Lievaux et Viviane CayolDuo d’Alcaz et Nilda Fernandez sur la chanson de Francis Lemarque
SARREBRUCK : NILDA FERNANDEZ EN DUO AVEC ALCAZ
La rédaction de ce texte m’a fait penser à septembre 2006.
C’était à Sarrebruck lors d’une soirée de la série “Bistrot Musique” organisée par Gerd Heger, “Monsieur Chanson” de la Radio Sarroise et Suzanne Wachs.
Souvenirs d’intenses heures passées avec Nilda et le duo Alcaz formé par Jean-Yves Lievaux et et Viviane Cayol …
En subsiste le CD d’Alcaz enregistré durant le concert de Sarrebruck. Cet album se termine par une chanson offerte par Alcaz et Nilda Fernandez : “Quand un soldat” de Francis Lemarque”.
Pochette du CD live d’Alcaz enregistré à Sarrebruck et ci-dessous la photo originale
AVEC LE CHANTEUR QUÉBÉBOIS STEPHEN FAULKNER
A cette soirée participa aussi l’auteur-compositeur-interprète québécois Stephen Faulkner notamment connu pour sa chanson “Si j’avais un char”.
D’où une série de photos prises après le concert, dans une bonne humeur des plus contagieuses, avec en prime Faulkner qui se met à faire le pitre avant de passer à table.
Changement d’ambiance le lendemain matin lors d’un interminable petit déjeuner partagé avec Nilda Fernandez, Viviane Cayol et Jean-Yves Lievaux. Histoire d’échanger en toute liberté sur quantité de sujets souvent bien éloignées de “la vie d’artiste” …
Quand Stephen Faulkner se met à faire le pitre …
Une séance photo sous le signe de la bonne humeur !
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
“CONTES DE MES 1001 VIES”, 383 PAGES, ÉDITIONS L’ARCHIPEL
Nombre d’artistes embarqués dans des aventures collectives éprouvent à un moment l’intense besoin de s’aventurer dans des nouveaux espaces plus personnels, tant dans le répertoire que la couleur musicale.
Certains s’enfoncent et disparaissent dans les sables mouvants, d’autres s’élancent vers une prometteuse carrière. En témoigne l’histoire de Vincent Salvi devenu Bergame bien que le terme de “carrière” ne soit pas le plus approprié pour évoquer son parcours.
ENTRE ÉDUCATION NATIONALE, STUDIO ET SCÈNE
Vincent Salvi n’est pas un inconnu dans le monde artistique.
Durant une quinzaine d’années, il aura été l’âme du groupe Maltosh : une demi-douzaine de musiciens, une intense aventure collective ponctuée par près de 400 concerts en Europe et même un en Chine, quatre EP et un album …
Et, entres autres la chanson “Le meilleur des mondes” dont le clip est une p’tite merveille, tant dans le scénario mis en scène que la chanson.
De quoi susciter nombre de réactions sur Youtube de la part de ses élèves, histoire de saluer et d’encourager leur prof d’histoire-géo ! Hé oui quand il n’est pas auteur-compositeur-interprète, Bergame travaille dans l’Éducation Nationale. Une double vie entre enseignement et agenda d’artiste qui ne lui réussit pas mal, ma foi.
UN DES SEPT FINALISTES DU 7ème PRIX GEORGES MOUSTAKI
Cette envie de voler de ses propres ailes, ça fait un bon moment qu’elle le travaillait. Nous en avions longuement parlé voici trois ou quatre ans. Fin d’une quinzaine d’années de concerts enracinés dans des chansons signées Salvi et “envie de changer de style de musique et d’un projet plus personnel”.
D’où ce mini-album de six titres signé Bergame.
“C’est le nom d’une ville du nord de l’Italie d’où sont originaires mes grands-parents paternels, ce sont mes racines, même si je les connais mal ou pas très bien, je pars à la découverte de qui je suis vraiment, de qui je suis au fond” explique l’article en évoquant cet EP “bouclé en trois semaines”.
Assurément le résultat d’un long travail personnel enraciné dans l’impatiente envie de “nouvelles chansons, d’un nouveau son, et surtout de nouvelles choses à raconter”.
Photo avec un de ses enfants mise en valeur sur l’album de six titres
AVEC L’EFFICACE COMPLICITÉ D’ALEXIS CAMPET
A l’instar de plus en plus d’artistes en quête d’argent pour leur nouvel enregistrement, Bergame s’est lancé dans une campagne de financement participatif avec un lancement public, le 9 juin 2016 lors d’un concert à l’Alhambra à Paris, en première partie de d’Oldelaf.
“Je suis soutenu par l’association “Si J’ai des Ailes”. Elle s’occupe de mon management, et bien plus encore : coaching musical, coaching scénique, coaching de vie. Elle me pousse à aller toujours plus loin pour que mes chansons soient connues par le plus de gens possibles. Je leur dois beaucoup”.
On le croit bien volontiers ! Avec au final un EP de six titres écrits et composés par Bergame et un sacré travail d’équipe avec le réalisateur Alexis Campet enregistrement, mixage, direction artistique.
Mais pas seulement : “Alexis y fait des guitares, électriques et folk, mais aussi du banjo, de la guitalélé, de la basse, des batteries, des pianos, des Rhodes, du beatbox. Et encore bien d’autres choses dont il a le secret. Cet homme sait tout faire !”.
Sur scène, Bergame s’accompagne au piano, à la guitare ou la guitalélé : “Mais sur l’album tout est d’Alexis, sauf les voix et les chœurs”.
“Mon nom est personne”, Au nom du père”, “Tout pour moi”, “Bruges en hiver”, “America”,” Dors” : six chansons … et 20 minutes et 22 secondes pour raconter les choses vues, entendues et subies.
Pour se raconter avec un son, une ambiance, une rythmique qui me fait parfois penser à des chansons de Philippe Chatel ou d’Yve Simon : des titres à la fois dépouillés et cependant très intenses qui incitent, par ailleurs, Bergame à avouer sa sensibilité envers les répertoires signés Albin de la Simone et Alex Beaupain.
LE SENS DU REFRAIN QUI NE VOUS LÂCHE PLUS
Bergame a le sens de la mélodie, du refrain qui vous happe et ne vous lâche plus comme dans “Mon nom est personne” : “Le jour turbin la nuit en veille /La tête sous l’eau manque de sommeil/ Simple mortel pas fils de l’homme/Mon nom est personne”. Ce titre aura été la chanson du jour ajoutée le 14 janvier par Catherine Laugier sur le site www.nosenchanteurs
“Est-ce que les fils décevront toujours leurs pères ? ” Question assurément éternelle lancée dans “Au nom du père”. Oui, pas évident de se parler entre père et fils déchiré entre l’envie de ressembler et le besoin de devenir adulte.
“Docile, gentil, à bien faire ma prière/Au pied du lit, toujours au nom du père/Je voulais être ton portrait /Pardon de ne pas être parfait /On fait c’qu’on peut, avec c’qu’on est/ Mais aujourd’hui je suis devenu un homme Ce que je suis j’n’le dois à personne /Mes choix, mes remords, mes regrets/ J’en paierai /Mes erreurs, mes choix mes regrets/ J’en paierai le prix à mes frais”.
Changement de rythme avec “Tout pour moi” efficacement illustré par un clip à découvrir ici : une drôle de partie de poker au dénouement inattendu. Et encore une fois un refrain qui vous trotte dans la tête : “Moi je prends ce qui me revient de droit/ La nature est bien faite car/Je te laisse les miettes et/ Moi je prends ce qui me revient de droit/Que tu l’acceptes ou pas/C’est un pour tous et tout pour moi”
P’tit détour par “Bruges en hiver” teinté de mélancolie, de remise en question : “Le long des canaux /Chauffé par la bière/ Coule le sang de Bruges en hiver/La foule des badauds /Remplit ses artères /Le plein de vide à Bruges en hiver/Au milieu des flots /Mais trop loin de la mer ”.
“PLUS C’EST INTIME, PLUS C’EST UNIVERSEL”
Et pourquoi ailleurs chercher ailleurs ? “Tu voudrais partir voir du pays /La terre est grande, Paris tout petit /Moi je m’en fous je sais qu’elle est ronde /Pas besoin pour le savoir de faire un tour du monde”.
“Plus c’est intime plus c’est universel” : cette formule de Bergame convient bien aux thèmes de cet enregistrement à écouter autant pour ses mots que ses musiques, comme pour “Dors” : “Dors/ Passé minuit/Jusqu’à l’aurore/ Promis je garderai les yeux ouverts/ Oui dors/ De tout ton saoul/ Et sans remord/Tandis qu’entre les doigts la vie s’écoule je veille/Veille, veille sur ton sommeil”.
Le voici désormais lancé dans divers concerts privés en France et même un à Londres suite à l’invitation lancée par un des souscripteurs.
“UN CD D’UNE DOUZAINE DE TITRES PRÊTS À ÊTRE ENREGISTRÉS”
S’y glisse aussi le projet d’un groupe avec musiciens trois ou quatre musiciens : mais attention rien de figé, mais plutôt une formation à géométrie variable au gré des scènes.
Cet EP de six titres est évidemment le premier pas d’une nouvelle histoire signée Bergame. Lequel me parle aussi d’un album d’une douzaine de titres prêts à être enregistrés et même d’un album pour enfants également en vue.
Nul doute que les contributeurs remerciés sur la pochette de cet EP seront sans doute à nouveau mis à contribution, au gré de l’évolution des projets de Bergame qui dédie cet enregistrement “ à celle qui me supporte, dans tous les sens du terme, depuis toutes ces années”.
Il est vrai qu’aujourd’hui être artiste exige non seulement du talent mais aussi une détermination à tout épreuve pour financer un nouvel album auto-produit, trouver des dates, fidéliser un public. Autant de perspectives qui donnent plus que jamais envie à Bergame d’avancer avec confiance.
Certaines rencontres d’artistes sont assurément plus marquantes que d’autres. Plusieurs séjours à Astaffort m’ont permis de croiser nombre de jeunes talents réunis dans l’ancienne école de Francis Cabrel pour une expérience unique sous l’égide de l’association Voix du Sud.
Parmi ces regards échanges, ces conversations entamées, rares sont aujourd’hui les “astagiaires” avec lesquels le contact a été maintenu. Parmi eux, Pierre Donoré, originaire de Grenoble.
Son nouvel album “L’amour en deux” résulte de six ans de d’écriture et de composition. Il s’affirme avec aisance entre chanson à texte et variété de qualité.
ATTENTION AUX ÉTIQUETTES RÉDUCTRICES DE TALENTS
C’est sûr, il faut évidemment se méfier des étiquettes stéréotypées si faciles à coller sur un répertoire.
Et si vous écoutez bien ce nouvel opus, vous verrez que Pierre Donoré échappe justement à cette irritante manière d’enfermer les chanteurs et les chanteuses dans un registre dont ils ne peuvent trop souvent plus s’échapper.
Ce fameux grand écart, les ayatollahs d’une chanson à texte pure et dure vont sans doute “l’aimer détester”. Pas grave, car il éclate ici avec conviction dans une série de chansons qu’on écoute et réécoute avec plaisir.
“L’’amour en deux”, c’est le 2ème album de Pierre Donoré. Il fait suite à l’EP “Maintenant” sorti en 2014 et au premier album “Je viens à toi” en 2010, dans la foulée d’un premier EP éponyme en 2007. Ce nouvel opus regroupe 11 chansons françaises, dont “Houala” parsemé de mots en allemand et en anglais.
Guitares acoustique et électrique, piano, claviers, chœurs : aux talents de Pierre Donoré s’ajoutent diverses autres complicités signées Cyril Tarquiny (guitares acoustiques, classique et électrique, ukulélé, basse et charengo, un luth essentiellement utilisé dans la musique traditionnelle sud-américaine), aux percussions Olivier Baldissera et Denis Benarrosh (batteur de Francis Cabrel et Benjamin Biolaly).
Tournage du clip de “Vivants”
“UNE PROMESSE” : ÉTRANGE DESTIN POUR UNE PHOTO SI SYMBOLIQUE
A ces musiciens s’ajoute Sonny Landreth, en occurrence le guitariste d’Alain Bahung pour “Osez Joséphine” … présenté par Eric Clapton comme “un des meilleurs guitaristes au monde” !
En 2011, c’est au Festival International de Louisiane, que Pierre Donoré avait rencontré ce musicien dont la “guitare slide” illustre “Une promesse”, incontestable chanson autobiographique. Cet hommage aux premières émotions musicales de Donoré pourrait très bien retenir l’attention d’un large public grâce à une médiatisation digne de ce nom sur les ondes et le petit écran. Un sacré pari à relever pour cet artiste ayant bénéficié d’un large soutien de contributeurs grâce au financement participatif dont tous les “kissbankers” sont cités dans le livret.
Cette chanson, une des plus marquantes de l’album, est illustré dans le livret par une photo dont l’histoire mérite d’être racontée.
La photo a été prise par le frère du chanteur et la pellicule est restée 8 ans sur l’armoire de la cuisine. Et voici qu’un jour sa mère la trouve et se demande évidemment ce qu’elle contient ! Elle la fait développer et voilà comment est retrouvée cette photo du chanteur à 13 ans. Photo prise précisément le jour où lui a été offert sa première guitare !
AVEC GILLES ROUCAUTE, CLAUDE LEMESLE ET LES AUTRES
Donoré allie avec une apparente décontraction des textes de qualité à des mélodies qui se retiennent facilement. Du genre de celles qu’on aime reprendre au chœur durant un concert d’un “artiste populaire”.
Le savoir-faire de Pierre Donoré s’épanouit autant avec les chansons dont il est l’auteur et le compositeur que celles auxquels ont collaboré divers créateurs qui devraient retenir votre attention, que vous appréciez la fameuse “chanson à texte” de Gilles Roucaute ou la “variété de qualité” signée Claude Lemesle.
Oui, Donoré, c’est le champion du grand écart entre Gilles Roucaute (un de ces authentiques artisans d’une chanson accueillie chaque année à cœur ouvert au festival de Barjac) et Claude Lemesle … dont les textes ont été chanté par tant d’artistes appréciés à juste titre par le “grand public”, dont Joe Dassin par exemple.
Effectivement, plusieurs auteurs aux itinéraires des plus divers ont participé à cet album… dont Claude Lemesle (“Debout”), Gilles Roucaute (“L’amour en deux”), Kerredine Soltani (“Mon pote”), Mad Mahé (“Le Mont Fuji” et “Vivants”), Christophe Andréani (“Chanter”), etc.
Tournage du clip “Vivants” avec utilisation de la 3D, notamment “sur des fluides de peintures colorées”
ENFANCE BALLOTÉE ENTRE DEUX FAMILLES DE PARENTS DIVORCÉS
La chanson éponyme “L’amour en deux”, c’est l’histoire d’un enfant balloté entre les deux familles de ses parents divorcés. Pas de mélancolie larmoyante mais une vie quotidienne composée de mille et une réalités qu’il faut désormais couper en deux au rythme des allers-retours entre deux univers tellement différents.
Cet album, c’est de la chanson française pop folk. Mais attention, les définitions et les qualificatifs peuvent être dangereux car réducteurs … comme évoqué durant ma conversation téléphonique avec Pierre Donoré.
Sans disséquer à l’infini son répertoire, ces nouvelles chansons peuvent se résumer de la sorte : “On y retrouve toujours des sonorités acoustiques qui me sont chères depuis le début (“Regarde”), et j’explore aussi de nouvelles orientations tantôt pop rock (“Vivants”, “Une promesse”, “Chanter”), et électro (“Barcelone”, “Qui me tiendra la main”).
Pierre Donoré (Photo Seb Pol)
“J’PRÔNERAI LA LIBERTÉ À LA BARBE DES TYRANS DE TOUTES CONFESSIONS, CROYANTS ET NON-CROYANTS”
Nombre de titres de cet album sont positifs : besoin de prendre son destin en main, de ne pas se laisser abattre, de vivre sa vie, de résister aux intolérances …
Le ton est donné dès le premier titre, “Debout” sur des paroles de Claude Lemesle. Pierre Donoré s’adresse à Lucile, une jeune femme de presque 20 ans : “Ne va plus, la tête basse/Te plaindre que l’azur te fuit/Emprunte à l’enfant qui passe/ L’étonnement et l’appétit”.
Même rage de vivre intensément dans “Vivants”, qui était le titre initial de l’album. Une chanson-choc aussi entraînante que déterminée née après les attentats de 2015 : “J’ mordrai à pleines dents tous les fruits de la vie/ J’prônerai la liberté à la barbe des tyrans/ De toutes confessions, croyants ou non-croyants/ Nous resterons unis, courageux, vigilants/Je peindrai mes pensées pour qu’elles ne soient plus noires/Je dirai haut et fort l’envie d’aimer, de boire”.
Cet album, il faut prendre le temps de l’écouter. D’en savourer les détails comme cet apaisant bruit des vagues enrichies de cris de mouettes qui apparaisse dans les dernières secondes de “Barcelone”, chanson planante, teintée du temps qu’on prend pour vivre chez “la belle de Catalogne” entre “blanc du ciel en été” et “sa brume de chaleur qui couronne l’esprit de liberté“.
“QUI ME TIENDRA LA MAIN ?” DÉDIÉ À LAURE HUBIDOS DE L’ASSOCIATION CARPE DIEM
A découvrir aussi dans un tout autre registre “Mon pote” sur l’amitié volée en éclats. Terrible déception envers l’ami qui vous lâche quand vous avez besoin de lui. Simple, direct, réaliste : un fulgurant dialogue de sourds qui explose dans une ambiance qui ne déplairait pas aux amateurs de slam. De quoi inspirer un clip ?
Quant au titre “Qui me tiendra la main”, il évoque tout simplement l’élan de (sur)vie qui anime celui qui est frappé par une maladie incurable. “Qui atténuera les éclairs de douleur des nuits d’orage si un jour en suis otage ? Si mon corps s’en va en guerre/ Que le mal s’abat sur moi/Si je connais cette misère si le malheur s’abat sur moi ? “
Cette chanson est dédiée à Laure Hubidos, de l’association Carpe Diem consacrée à la Maison de Vie ouverte à Besançon en 2011 : “Un lieu d’accompagnement pour des personnes en situation de soins palliatifs ne nécessitant pas une hospitalisation et ne pouvant rester à domicile. L’objectif est de leur permettre de bénéficier d’un accompagnement axé avant tout sur la dimension humaine et sur la vie. La volonté est de démédicaliser la maladie et la fin de vie et d’en faire un enjeu de société” comme expliqué sur son site.
Dans nombre d’articles qui lui sont consacrés depuis des années, il est fait référence aux trois influences majeures de Pierre Donoré : Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel et Renaud. Cela peut vous donner une idée de l’univers, ou plutôt des univers dans lesquels aime se retrouver cet attachant auteur-compositeur-interprète entre textes exigeants et refrains qu’on n’oublie pas.
ARRÊTEZ DE VOUS PRENDRE LA TÊTE !
En guise de conclusion, me revient la citation de Claude Lemesle au sujet de Pierre Donoré : “Ses textes font mouches parce qu’ils sont simples sans jamais être banals et a musique, bien que parfaitement ancrée dans l’air de notre temps, propose, sur des rythmes toujours renouvelés, de vraies mélodies, ce qui devient rare aujourd’hui”.
Alors soyez zen ! Car pour savourer cet album de toute beauté, oubliez donc (un peu) vos préjugés sur la barrière entre chanson à texte et variété de qualité. Le CD a été arrangé et réalisé par Pierre Donoré et Christophe Battaglia. Lequel a notamment travaillé en studio pour des enregistrements de Garou, Yannick Noah, Christophe Maé, Céline Dion, etc.
Vous verrez, ça fait du bien de lâcher prise durant 44 minutes et deux secondes, durant 11 chansons qui n’ont rien à voir avec tant de produits préfabriqués et sans saveur du show-biz.
Pour une fois, arrêtez de vous prendre la tête, d’enfermer le talent dans un tiroir tellement étanche qu’il finit par y dessécher. Et écoutez en toute liberté “L’amour en deux” dédié par Pierre Chatard à son père Honoré Chatard. D’où le pseudo de Donoré tout simplement.
Inutile de tourner autour du pot … euh du chapeau. “Sous mon chapeau”, 7ème CD d’Eric Frasiak, est une belle, une très belle réussite. Sans doute son album le plus personnel. Le plus intense aussi entre émotion et révolte, entre tendresse et coup de gueule.
Un CD où textes et musiques se conjuguent avec une efficace alchimie. Et chaque écoute de ces 15 chansons distillées en 61 minutes et 41 secondes est synonyme de nouvelle découverte. Avec ici et là divers clins d’oeil à sa vie, car cet opus est également le plus autobiographique.
Patrick Leroux au violoncelle
UN AGENDA DES PLUS CHARGÉS
Mais attention ! Ne croyez surtout pas que Frasiak se regarde le nombril et ramène tout à lui.
Au fil des enregistrements et concerts face à des publics toujours croissants, il s’est forgé un répertoire entre introspection et démarche citoyenne.
Sans esbroufe et sans baratin, Frasiak poursuit son bonhomme de chemin en relevant en toute décontraction un défi permanent : conserver le public “acquis à sa cause” et retenir l’attention de nouveaux passionnés.
Frasiak, c’est un marathonien. L’artiste agissant sur le long terme, sans se presser mais avec une détermination sans failles. Pas étonnant que depuis l’album “Itinéraires” en 2006, il aie participé à une incroyable quantité de tremplins, concours et autres prix. Voir TOUS les détails sur sa page wikipedia.
Cet agenda des plus chargés lui aura permis de chanter dans des lieux extrêmement variés, entre concerts à domicile, petites salles et grands espaces. D’où quantité de premières parties de Michel Bühler, Pierre Perret, Michel Fugain, Sanseverino, Hubert-Félix Thiefaine, Alain Bashung (mais oui), Paul Personne, Clarika, Les Wampas, Pauline Croze, et la liste n’est pas exhaustive.
Steve Normandin
AVEC TALENT, DÉTERMINATION ET ENDURANCE
Grâce à cette immersion permanente un peu partout en France, voire au Québec grâce à un efficace complice nommé Steve Normandin – oui, l’infatigable l’Accordéoniste Voyageur qu’il aura rencontré pour la première fois à Saint-Pierre et Miquelon- Frasiak a beaucoup vu, entendu, et appris.
Et c’est pas fini, loin de là : “Il y a une espèce de cercle vertueux qui fait que plus tu as de concerts, plus tu en fais. Je me débrouille tout seul. C’est le circuit court, directement du producteur au spectateur” …
Au-delà de ces affirmations lancées au rédacteur en chef de FrancoFans, Benjamin Valentie qui lui consacre une double page dans le dernier numéro, une évidence s’impose : le capitaine Frasiak tient la barre de son bateau avec talent et détermination. Avec endurance aussi, à voir le nombre de dates annoncées sur son site.
Un drôle d’oiseau que ce Frasiak ! Car en plus d’exceller en tant qu’auteur, compositeur et évidemment interprète, il est aussi aux manettes pour TOUT ce qui se déroule en coulisses : enregistrement, mixage, réalisation… et même distribution via “Crocodile Studio” à Bar-le-Duc.
Eric Frasiak, un artiste libre à tous les sens du terme. Photo Fred Mercenier
“MON BÉRANGER”, “DIMEY PLURIEL” DVD ET RECUEIL DE PARTITIONS
Alors raison de plus de saluer comme il se doit ce nouvel album : rien que du Frasiak, à l’exception notable d’une reprise de Léo Ferré, “La solitude” !
Mais n’allez surtout pas croire qu’il n’y ait pas eu d’enregistrements depuis “Chroniques” sorti en 2012. En plus de “Mon Béranger” (17 titres plus une chanson-hommage à son “maître à chanter”) en 2014, Frasiak s’est lancé dans une sacrée aventure collective avec l’album “Dimey Pluriel” réunissant 12 artistes et groupes de Haute-Marne.
Cette (superbe) initiative lancée par le journaliste-chanteur Anicet Seurre et relayée par Yves Amour, président du Festival Bernard Dimey, Frasiak en a assuré la direction artistique en 2015.
S’y ajoutent aussi un DVD de 21 titres enregistrés à Bar-le-Duc sorti en 2016 … sans oublier, en 2013, la parution d’un recueil de 27 partitions : les titres de “Parlons-nous” et “Chroniques”. Cet indispensable document pour qui veut chanter Frasiak est aujourd’hui épuisé.
DU CŒUR ET DE L’ESPRIT, DU BON SENS, DE L’AUDACE
Hé oui, voilà comment, en une dizaine d’années, Frasiak s’est affirmé comme une des voix majeures d’une chanson française qui a du cœur et de l’esprit, du bon sens, de l’audace.
En maîtrisant paroles que musiques (et technique), il est assurément seul maître à bord de ses choix artistiques. De ses décisions esthétiques quant à la pochette de ce nouveau CD bénéficiant d’un livret sobre et chic, sur fond noir … avec ici et là des chapeaux photographiés par Frasiak au gré des voyages en France et au Québec.
S’y ajoutent des photos de l’artiste siggnées Dominique Becker, Sebastien Cholier, Pierre Bureau, Frédéric Mercier et Chantal Bou-Hanna, créatrice du site Au doigt et à l’œil que je vous recommande (vivement) de découvrir.
On peut donc savourer ces 15 titres aussi bien en voiture que chez soi, en suivant les textes mot à mot. D’où certaines trouvailles évidement passées inaperçues lors de précédentes écoutes !
Signée Chantal Bou-Hanna, une des photos de l’album
UN SON AUTHENTIQUE ET CHALEUREUX
Artisan, Frasiak l’est assurément. Mais du genre imaginatif et organisé, avec une évidente décontraction qui me surprend à chacune de nos retrouvailles.
Pas du genre stressé à la sortie de ce nouvel album. Loin d’une insolente certitude, Frasiak l’obstiné avance pas à pas. Sans relais des “grands médias” à l’exception de rares soutiens tels Philippe Meyer et son émission “La prochaine fois je vous le chanterai” hélas passée aux oubliettes sur France-Inter depuis septembre dernier.
Solitaire pour ses choix artistiques, il sait s’entourer d’efficaces complices, comme la quinzaine de musiciens et choristes mobilisés ici. Car “Sous mon chapeau”” c’est aussi un efficace travail d’équipe … d’où un son authentique et chaleureux, de la douceur, du rythme et de l’entrain avec accordéon, piano, guitares, violon, batterie, orgue, percussions, bugle, trompette, harmonica, clarinette, tambourin, violoncelle, etc. Assurément rien à voir avec un album en formule guitare-voix en quête de relief.
Benoit Dangien
DES VRAIS MUSICIENS POUR DE VRAIES CHANSONS
Ici place à de vrais musiciens pour de vraies chansons qui, plus d’une fois, vous donnent envie de chanter, de taper dans les mains… Avec en prime Jérémie Bossone aux chœurs de “Migrant” mais aussi – et surtout – en duo dans le salutaire “Espèce de cons” : une de ces chansons aussi réjouissante que réaliste, sans langue de bois, que j’aimerai retrouver sur des radios “grand public”.
On peut rêver, non ? En attendant, j’espère que “Sous mon chapeau” (CD auto-produit à 5 000 exemplaires) bénéficiera d’un impact aussi important que l’album “Parlons Nous” sorti en 2009 et écoulé à 6 000 copies.
Alors que vous dire de cet album pour vous inciter à découvrir ce 7ème album ?
Premier constat : les textes ont, à mon sens, autant d’importance que les mélodies.
Place à un “univers mélangé de chansons sociales, chansons rebelles et chanson d’amour. Cet album parle du monde d’aujourd’hui et de la difficulté a y trouver sa place. Il y parle aussi beaucoup d’amour, l’amour comme seul rempart à la barbarie et la haine” comme l’explique Frasiak.
“Moitié chanteur, moitié anar” : en se présentant ainsi dans le 1er titre, Frasiak se livre avec bon sens et réalisme aussi, regrettant ses cheveux d’Indien disparus “sous mon chapeau”. Et toujours ce besoin et cette envie d’avancer, avec en mémoire le souvenir de “mon père dans son camion parti trop tôt”.
Raphaël Schuler
CHAQUE CHANSON A SON CARACTÈRE, SA PERSONNALITÉ
Sans donner de leçon, il passe en revue tant de réalités quotidiennes auxquelles nous sommes confrontées de visu ou via les médias.
Ici chaque titre a sa personnalité, son caractère drôle et grinçant (“C’est beau Noël”) ou révolté (“Espèce de cons”), enjoué et délicieusement subversif (“Cuisine politique”) ou d’une désespérante tragédie dans “la Russie de Poutine, la nostalgie de Staline” (“Colonie 6″).
Que de tranches de vie dans cet album ! Du migrant échappé de Libye au prisonnier de l’inhumaine terrible “Colonie 6″, de la société de con-sommation survoltée à l’approche de Noël, du poignant “Je suis humain” dédié aux “victimes de Charlie-Hebdo et de l’Hyper Casher et à toutes les victimes de la barbarie à travers le monde” …
… sans oublier la “Cuisine politique” des plus pimentées qui termine l’album en une jubilatoire apothéose. Une chanson de près de sept minutes avec quantité de références aux prétendants en lice aux prochaines élections présidentielles. Un kaléidoscope de portraits de politiciens en décalage avec la vraie vie : “Dans nos restos du cœur, libres, égaux en fin de droits/ On rêve de jours meilleurs en digérant tout ça / Comme on compte pour des prunes faut nous lâcher la grappe / C’est jamais dans les urnes que le bonheur s’attrape”.
Jean-Pierre Fara
“MON PÈRE DANS SON CAMION PARTI TROP TÔT”
Fils d’un couple de Polonais arrivés en France en 1958, il se met dans la peau d’un “migrant”. Sans pathos mais avec une humanité à fleur de peau. Des mots aussi simples que tranchants : “Les côtes de Libye s’effacent/ Et mon espoir avec elles/ Si je vis, je ferai face/ Si je meurs, j’irai te rejoindre ma belle”.
Et puis il y a aussi le Frasiak plus personnel, plus secret qui entrouvre ici son jardin secret. Un jardin hélas à l’abandon depuis le décès de son père (“Le jardin de papa”) … oui ce père qui fut routier … d’où un émouvant “44 tonnes” dédié “A Romän et aux routiers de L’Air Bleu (et d’ailleurs… “).
Intense description aussi de cette fameuse “ville de l’Est” à laquelle il demeure si attaché malgré ses envies d’évasion :”Des fois je rêve d’Espagne, d’Amérique ou d’ailleurs / De plages ou de montagnes pour y poser mon cœur / Mais mon avenir est là, où veux-tu donc que j’aille / Ils ont besoin de moi et j’aime leurs batailles“. Un de ces titres-choc, à l’instar de “Monsieur Boulot”…
Cet album est aussi des plus travaillés au niveau des textes. D’où une une ambiance toute particulière comme “Je t’écris” aux nombreuses trouvailles littéraires. Pas de jeux de mots gratuits pour faire joli mais de quoi susciter un climat teinté de confidences : “Je t’écris au temps imparfait / De ce passé décomposé / Tu vas me trouver un peu barge / J’ai toujours été dans la marge”.
C’est sûr, chaque chanson pourrait inspirer un clip, notamment “T’as c’qu’il faut'” et “De l’amour , des fétiches” (“Je lègue mon corps à sa science”) … deux titres qui vous emmènent vers des territoires autant poétiques qu’érotiques …
De quoi inspirer plus d’un réalisateur pour des images qui, évidemment, vont bien plus suggérer que détailler : “La nudité souvent s’affiche / Des seins, des fesses un peu partout / La beauté est tellement plus riche/ Quand elle ne nous montre pas tout”.
Jérémie Bossone
DUO DÉCAPANT AVEC JÉRÉMIE BOSSONE
Peut-être, oui peut-être que mes deux titres préférés sont “Espèce de cons” … énergique et décapant duo avec Jérémie Bossone : “Ça s’agenouille, ça prie des dieux/ Mais faut qu’ç zigouille dès qu’ça peut/ Ça inquisitionne, ça croisades / Ça colonise et ça djhiad” …
… et aussi “Hôtel Richelieu” ; magnifique évocation du temps qui s’enfuit, des rêves et des utopies de jeunesse enfouis, et puis la nouvelle génération de “loulous un peu rebelles” qui, à son tour, fréquente cet “Hôtel Richelieu” que nous avons tous connu. A l’instar des personnages, eux aussi haut en couleurs, des bourgeois immortalisés par Brel.
Je dis bien “peut-être” … car l’un des atouts de cet album c’est justement de vous faire changer de “chansons préférée” au gré des écoutes !
Philippe Gonnand (basse) Olivier Baldissera (batterie)
“DES TRUCS QUI FONT CHIALER OU QUI GUEULENT DANS LE VENT DES CYCLONES”
“Sous mon chapeau” ? Un opus plein de coups de cœur, de coups de gueule aussi. Avec toujours l’élégance des mots et la maîtrise de mélodie qui ne peuvent laisser indifférent celui/celle qui aime la chanson.
“Ici pas de manichéisme malsain, ni de refrains pour vous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais attention, les “chansons frasiakiennes” n’ont rien à voir avec des pamphlets ravageurs et pessimistes sur notre pauvre planètes où tout va mal, entre chômage croissant ou sur nos années qui s’enfuient trop vite“.
Rédigés en 2013 dans la préface du recueil de partitions, ces mots résonnent aujourd’hui avec encore davantage de pertinence ici “Sous mon chapeau”.
Plus que jamais bravo Monsieur Frasiak pour vos “trucs qui font chialer ou qui gueulent dans le vent des cyclones”. Plus que jamais restez fidèle à Ferré, Béranger, et aussi (et surtout) vos choix artistiques et vos valeurs. Loin du cirque médiatique, et sensible à une “chanson de proximité” conjuguant amitié, rébellion, utopie et humanisme.
Aujourd’hui plus que jamais, Frasiak est un CHANTEUR LIBRE qui connait BIEN le prix de sa liberté. A tous les sens du terme comme le confirme avec éclat sa discographie à compte d’auteur assurée sans aucune subvention. Le seul soutien, c’est celui d’un public au rendez-vous de ses concerts et sorties d’albums.
Après la sortie, l’an dernier, d’ “In extremis”, son 13e album, Francis Cabrel a effectué une tournée d’une centaine de dates durant plus d’un an en France, Suisse, Belgique, Québec, la Réunion et aussi l’Ile Maurice.
Retour sur cet événement avec la journaliste mauricienne Kovillina Durbarry.
En concert à Maurice pour la cinquième fois, Francis Cabrel a une fois de plus fait chavirer et chalouper plus d’un.
Lors d’un unique concert avec salle comble au Centre Swami Vivekananda à Pailles, le samedi 22 octobre dernier, le célèbre chanteur français a interprété les 10 nouvelles chansons de son album “In extremis” ainsi que nombre de ses classiques. Le temps d’une “corrida”endiablée et d’un “C’est écrit” à la sauce pimentée bien de chez nous, Francis Cabrel a livré un concert de pas moins de deux heures devant un millier de Mauriciens.
Le chanteur qui a posé ses valises … et sa guitare sur le sol mauricien le mercredi 19 octobre, est resté fidèle à lui-même : simple et authentique.
Lors d’une conférence de presse jeudi après-midi à l’hôtel Le Paradis au Morne, le chanteur s’est dit ravi d’être à Maurice. Et dans un entretien accordé au quotidien L’Express, il affirme approcher la fin de son parcours sans pour autant s’être fixé une date.
Accompagné de ses très talentueux musiciens, c’est en trempant la chemise que Francis Cabrel a repris des morceaux qui ont fait à la fois danser et sangloter toute une salle.
En mode décontracté lors de la conférence de presse, jeudi 20 octobre à l’hôtel Le Paradis. (Source : BAO Comm)
Une énergie folle sur scène
En effet, celui qu’on ne présente plus et dont les chansons passent en boucle sur toutes les chaines radio locales, a envouté son audience de par sa présence sur scène.
Accompagné ou seul, Francis Cabrel – qui a gardé le même timbre de voix d’il y a dix ans lors de son dernier concert sur l’île – dégage une énergie folle. Une énergie qu’il a d’ailleurs su transmettre en toute complicité à son public.
Une prestation hors-pair plébiscitée par un auditoire comblé. Le chanteur a, au cours du concert, offert un moment des plus inoubliables aux Mauriciens conquis.
Ainsi, avec son interprétation du méga tube “Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai” de son album “Samedi soir sur la terre”, Cabrel seul sur scène avec sa guitare et en toute simplicité est parvenu à figer un peu plus de mille personnes. Toutes figées par le talent d’un seul homme sur scène.
Francis Cabrel a illuminé la scène du centre Swami Vivekananda, à Pailles le samedi 22 octobre Photo Kovillina Durbarry
“Zot mari top”
De plus, Francis Cabrel s’est aussi prêté au jeu devant une foule mauricienne très taquine.
“Zot mari top” devait lancer le chanteur français, tout en répétant les quelques mots écrits en kreol morisien sur son antisèche. Et c’est en esquissant de temps à autre quelques pas de danse, que Francis Cabrel s’est dévoilé petit à petit au public mauricien … qui a dansé et chanté avec lui pendant tout le concert.
Par ailleurs, ce nouvel album “In extremis” lancé en avril 2015 regorge d’une myriade de petites perles … Avis donc aux mélomanes avisés ! Tantôt émouvantes tantôt endiablées, la douzaine de chansons engagées et à caractère politique par moment ont connu un véritable succès auprès du public.
Ainsi “Mandela, pendant ce temps” a fait vibrer de passion tous ceux présents, de par le rythme africanisant et les paroles sensées et engagées – soit un ultime hommage à Mandiba.
Autant de belles chansons dans un album complet et parfaitement réussi. Bref, un pari relevé haut la main à 63 ans et des poussières !
Vivement un autre concert à Maurice … et un 14ème album.
Certains artistes francophones d’Amérique du Nord sortent incontestablement de l’ordinaire, par leur parcours personnel, leurs choix artistiques, leur présence scénique. Et aussi par leur liberté de création qui se joue des frontières à tous les sens du terme.
Yao fait partie de ces voix qui savent émouvoir, faire réfléchir, et danser aussi. LAPSUS, son 3ème album solo sorti en six ans, met en évidence un créateur des plus inspirés. Explications.
MÉTISSAGE, UNE FORCE INCONTESTABLE
Sur la scène francophone de l’Ontario, Yaovi Hoyi alias Yao surprend à bien des égards. Ses racines, elles s’affirment multiples aussi bien dans sa vie personnelle qu’artistiques, et ce métissage, il en a fait une force qui éclate avec brio dans les 44 minutes et 49 secondes de LAPSUS.
Cet album résulte d’un double travail : d’abord l’envie et le besoin de créer. Une volonté écrire qui donne libre cours à son imagination, ses rêves et ses remises en question aussi, en utilisant un vocabulaire riche, inspiré.
Et puis il y a le travail d’équipe, mené à bien avec une demi-douzaine de compositeurs, et une poignée de musiciens (synthés, batterie, guitares, etc). D’où un album de 13 titres, offerts en solo … avec selon les titres la participation de plusieurs voix telles Julie-Kim Beaudry, Cathy Vallières, Peter O’lean, Gabriel Whiting, Céleste Lévis, F.L.O. etc.
Novembre 2016. Avec F.L.O. pour “Comme eux” durant le lancement du CD à Ottawa
DES TEXTES A SUIVRE A LA TRACE
Dans cette province canadienne où la langue française est minoritaire – à la différence du Québec – le choix de chanter en français est un acte tout aussi militant qu’artistique pour Yao … invité fin novembre 2016 aux célébrations du XVIe Sommet de la Francophonie, à Antananarivo, la capitale de Madagascar. De quoi – une fois de plus et dans des circonstances totalement inédites – affirmer un répertoire des plus percutants et des plus poétiques aussi.
Car il faut bien reconnaître que trois ans après son précédent album, “Perles et Paraboles”, la veine créatrice de Yao est plus performante que jamais avec LAPSUS : un opus bénéficiant d’une superbe pochette très classe, et un livret qui l’est tout aussi, à la fois sobre et raffiné. Avec en prime les textes à suivre à la trace tout en écoutant l’album … c’est du moins ce que j’ai fait après m’être passé à plusieurs reprises cet opus en voiture !
9 novembre 2016, entretien sur Radio-Canada pour le lancement de l’album à Ottawa
REFUS DE LA FATALITÉ ET APPELS AU BON SENS
Ah les textes de Yao …
Il faut bien en dire un mot de ces textes, souvent longs – voire très longs comme “Étrange absurdité” ! Autant d’émotions et d’observation, d’appels au bon sens et à la tolérance, au refus de la fatalité et aux dangers du mimétisme (“Comme eux”). Vous savez, quand la personnalité est enfouie, niée au profit de comportements adoptés pour “être comme les autres”…
S’y glissent aussi d’autres thèmes, tel la déchirure sentimentale évoquée ici d’une manière originale (“L’amour et la guerre”) … la séduction aux allures de coup de foudre (“Échec et mat”) … la dépendance amoureuse (“Dans le sang”) …
Et voilà comment l’on en arrive à ce drôle de paragraphe mis en évidence dans le livret de l’album : “Prisonnier des LAPSUS que j’ai DANS LE SANS, je suis devenu NOMADE. Et cela, au risque d’un ÉCHEC ET MAT dans ce jeu de L’AMOUR ET LA GUERRE. Je ZIGZAG dorénavant cette ÉTRANGE ABSURDITÉ d’une douce FOLIE A DEUX. Te cherchant au milieu des INTERFÉRENCES. S’il te plait, PARLE-MOI. Que je sois enfin K.O. en me voyant COMME-EUX, dans des éclats de nos RÊVES D’ENFANTS”.
UN ALBUM PERCUTANT ENTRE POÉSIE ET SLAM
Impossible d’enfermer ce” poète slameur” – appellation la plus courante en vigueur pour cet artiste – dans un seul registre.
Originaire du Togo, il a vécu en Côte d’Ivoire avant de trouver sa voie au Canada, depuis 17 ans. Là à vivre au rythme du monde, de ses rythmes, il n’y a qu’un pas franchi en toute décontraction dans cet album de 13 titres.
LAPSUS, réalisé comme “Perles et Paraboles” par Sonny Black, serait-il un album “plus soul, un peu plus funk, un peu plus pop” ? Oui si l’on en croit les médias canadiens mais l’essentiel se situe ailleurs à mon sens. Dans l’énergie verbale et physique dépensée en studio et sur scène par Yao apprécié à plusieurs reprises en pleine action … comme lors d’une mémorable et trop courte “vitrine musicale” à la FrancoFête à Moncton.
L’amour des mots, la passion d’une langue intensément belle, Yao ne les cultive pas seulement pour son petit plaisir. A travers ses choix artistiques il n’oublie jamais d’affirmer haut et fort les valeurs d’un métissage qui le concerne d’autant plus qu’il se définit comme “roux et métissé”.
Mention spéciale pour une diction qui met en valeur des textes dont il varie le rythme au gré des couplets comme dans “Parle-moi” également porté par la voix forte et frissonnante de Cathy Vallières … ou encore “Interférences” offert dans un efficace duo avec l’intense Julie-Kim Beaudry.
“MON ANOMALIE PARADOXALE”
Ayant eu la chance de découvrir, à Ottawa, durant Contact-Ontario, des extraits de son spectacle de poésie théâtrale intitulé Négritude et Métissage, j’ai encore mieux compris l’authenticité de l’engagement de Yao.
Sa sensibilité envers des voix et des plumes telles que Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire ou Daniel Maximin en disent long sur un artiste qui n’est pas seulement préoccupé par l’envie de “faire carrière”.
Passionné par les musiques et les chansons, il l’est aussi par l’écriture, la littérature, la philosophie. Et évidemment le métissage dans lequel s’enracinent en permanence sa vie personnelle et son œuvre.
C’est “mon anomalie paradoxale” comme il l’explique dans un long texte où l’on croise entre autres Voltaire et Epictète, Le Petit Prince de Saint-Exupéry et Albert Camus … Sans oublier Angela Schwindt qui déclare : “Alors que nous essayons d’enseigner la vie à nos enfants, nos enfants nous montrent ce qu’est la vie” .
Ce texte des plus intéressants, on peut le retrouver à la fin du long article consacré à Yao en janvier 2014, suite à un entretien réalisé Place du Châtelet à Paris.
Juin 2013, Festival de Petite-Vallée, Gaspésie. Le “magicien des mots” Yao en compagnie du parolier Marc Chabot et de l’auteur-compositeur-interprète Bori
UN COUSIN D’ABD-AL-MALIK A FAIRE CONNAITRE EN FRANCE
En avril 2013, après avoir vu Yao pour la première fois sur scène, au Centre National des Arts à Ottawa, je l’avais qualifié de cousin d’Abd-al-Malik dans un article intitulé “Le poids des mots, le métissage des rythmes”.
“Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.
S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes.
Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre”.
Aujourd’hui je ne retire rien de ce premier constat, heureux de suivre l’évolution d’un créateur qui aime se jouer des frontières, comme le confirme si intensément son nouvel album.
Yao a la tête bien sur ses épaules, et c’est en toute connaissance de cause – comme évoqué un jour durant une longue conversation au Village en Chanson de Petite-Vallée à qu’il a, voici quelques années, abandonné “une belle carrière” toute tracée dans le milieu de la banque pour “devenir artiste”. Un sacré choix de vie assurément !
“J’ÉTAIS PICASSO DEVENU BAUDELAIRE”
Avec ce 3ème opus lancé en novembre à Montréal et Ottawa, Yao vient de franchir une nouvelle étape tant sur le fond que la forme de ses créations.
Alors à quand une meilleure visibilité en France ? Car il a vraiment TOUT pour retenir l’attention du grand public, et son titre “FOLIE A DEUX” est un des exemples les plus percutants, dansants aussi.
“J’étais Picasso devenu Baudelaire” lance Yao dans “Interférences”, plus ouvert que jamais à l’expression artistique sous diverses formes.
Mis en valeur dans le livret, cette affirmation résume bien une des voix majeures de la chanson francophone efficacement soutenue par l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique : “une référence incontournable de la musique franco-canadienne”.
“LAPSUS”, un album à découvrir, c’est évident. Yao, un artiste à suivre, à encourager.
“C’est l’histoire d’un des artistes les plus humainement et définitivement respectables que j’aurai rencontrés en quarante-cinq ans de journalisme.
L’un de ceux qui, loin de vous faire regretter d’avoir dédié la plus grande partie de votre vie à défendre et illustrer cette petite chose si “futile”, justifient non pas seulement “quinze ans d’amour” – comme l’avait confié Brel, le dernier soir de ses adieux, au public de l’Olympia – mais en l’occurrence au moins le double…”
Signée Fred Hidalgo, cette affirmation en dit long sur l’esprit dans lequel a été rédigé JEAN-JACQUES GOLDMAN CONFIDENTIEL.
Coup de projecteur sur un livre UNIQUE dans l’histoire de la chanson française.
Encore une bio sur un des artistes majeurs de l’espace francophone ? Assurément oui mais … BIEN PLUS ENCORE car ce livre résulte d’une amitié aussi discrète que durable entre Fred Hidalgo et Jean-Jacques Goldman. Assurément un ouvrage de référence !
Impossible évidemment pour Fred Hidalgo de publier une de ces (trop nombreuses) biographies aux allures de puzzle compilant de manière souvent maladroite tout ce qui a été écrit sur JJG. C’est pourtant le lot de tant de livres parus ces dernières années sur le créateur de “La vie par procuration”, non ?
Avant de plonger dans ce document de 572 pages – illustré par un cahier photos de 16 pages dont la plupart signées Francis Vernhet – une mise en garde s’impose de toute urgence : oubliez donc TOUT ce que vous avez déjà lu, entendu ou vu à la télé sur JJG.
Ce couple, je lui ai consacré un (long) article intitulé “Un destin au service de la chanson francophone” à lire ICI.
Amis de longue date … Photo Mauricette Hidalgo
Alors comment rendre compte d’un tel livre et vous donner envie d’y plonger ?
Plutôt d’écrire un article à chaud, en m’inspirant de la 4ème de couverture ou du communiqué envoyé par l’attachée de presse des Éditions L’Archipel, j’ai préféré d’abord me jeter à l’eau avec détermination. Et puis naviguer avec enthousiasme dans des eaux tantôt calmes et agités.
Car il faut bien admettre que l’histoire de de JJG et de celle de la presse musicale sont extrêmement fertiles en surprises (bonnes et mauvaises) et en multiples rebondissements. Et Fred Hidalgo évoque ici en toute franchise nombre d’aspects de JJG ET AUSSI des aventures et mésaventures des deux revues dont le grand public n’avait à ce jour jamais eu vent.
Les quatre parrains de Chorus réunis pour une table ronde : la plus importante dans l’histoire de la chanson française depuis le débat Brel, Brassens et Ferré en 1969.
“LA PETITE HISTOIRE ET L’AIR DU TEMPS DES ANNÉES 80 A AUJOURD’HUI”
Comment résumer en quelque lignes ce livre consacré à celui qui fut un des quatre parrains de Chorus avec Alain Souchon, Francis Cabrel et Yves Simon ?
“Il ne s’agit pas là d’une “simple” biographie (même si tout y est, les faits, les dates et les chansons), c’est aussi la petite histoire de l’air du temps des années 80 à aujourd’hui qui recoupe la vie de l’artiste et s’imbrique de bout en bout dans celle de “Paroles et Musique” et de “Chorus” ; c’est une réflexion menée en commun sur la chanson, sa nature et son rôle, sur sa place dans la société contemporaine”.
Homme de terrain, Fred Hidalgo est assurément aussi un homme d’archives. En témoigne – un exemple parmi tant d’autres – le chapitre “C’est pas vrai” en partie consacré à un article du quotidien Libération “qui, non content de se montrer systématiquement odieux avec Goldman, multipliait aussi les procès d’intention à son encontre”.
Citations à l’appui, Fred Hidalgo détaille les réponses fournies par JJG à Yves Bigot dans le journal du 26 février 1991 sous le titre “Goldman : trois pour un”. S’y ajoutent les commentaires d’Yves Bigot … dont le long et impressionnant CV est publié avec force détails.
Mais alors pourquoi tant de mépris, de condescendance, voire de haine d’une partie des médias envers JJG ?
Impossible d’être “la personnalité préférée des Français pour la 6ème année consécutive (sondage Journal du Dimanche, janvier 2016″ sans susciter les réactions les plus variées, entre admiration et médisance, respect et commérages.
Raconter, montrer, expliquer … Plus fidèle que jamais à la “méthode Chorus”, Fred Hidalgo n’avance rien sans avoir recoupé ses sources.
“NI PARADIS FISCAUX NI BLANCHIMENT D’ARGENT”
TOUT ce qu’il raconte ici est argumenté.
Et sans jamais se complaire dans la presse people, son chapitre “Il part” offre également divers repère privés de JJG : premier mariage avec Catherine, “une ancienne amie d’enfance devenue psychologue” et mère de ses trois enfants …
… puis rencontre avec Nathalie, “une jolie Eurasienne aussi sportive qu’elle a la tête bien faite” et leurs trois filles : “Qui se ressemble s’assemble. Tout aussi simple et discrète, Nathalie ne fait pas mentir le dicton ; elle n’est pas du genre à se montrer dans les médias et partage volontiers le goût de son mari pour la pratique du sport”.
Ce désir de discrétion énerve évidemment les médias en quête de scoop, de révélations croustillantes, de tentative de prendre en défaut JJG. Quitte à fantasmer sur sa fortune et l’utilisation de son argent : une évidence également abordée dans ces pages consacrées au fils d’Alter Mojzesz Goldman né à Lublin en Pologne et de Ruth Ambrunn née à Munich en Allemagne.
Fred Hidalgo désamorce avec élégance et bon sens les envieux fantasmes liés au “trésor de guerre de Goldmann” … avec deux n, bien sûr, c’est plus explicite. (…) Il placerait ses économies dans des paradis fiscaux, blanchirait ses capitaux, les utiliserait à des fins illicites, à des trafics d’armes ou de drogue, ça oui, ça ferait un bon sujet ! On se régalerait. Malheureusement pour les nostalgiques d’un temps où Pétain envoyait les Juifs et les antifascistes dans les camps d’où beaucoup ne sont jamais revenus, il n’y a rien à chercher de tel chez lui”.
“L’ART D’ENCAISSER SANS BRONCHER EST UNE SECONDE NATURE”
La récente décision de JJG de s’installer du côté de Londres avec sa jeune femme Nathalie et leurs trois enfants aura une fois de plus alimenté bien des rumeurs relayées par les médias.
Pas de quoi déstabiliser déstabiliser l’artiste blindé contre les rumeurs et les médisances : “Chez Jean-Jacques Goldman, l’art d’encaisser sans broncher est une seconde nature. S’il avait choisi la boxe pour s’exprimer, il est probable qu’aucun adversaire n’aurait été capable de l’allonger pour le compte” explique Fred Hidalgo en évoquant avec force détails le malsain tapage médiatique suscitée par la chanson “Toute la vie”. (…)
Pourtant, la polémique qui va l’atteindre de plein fouet à la fin de l’hiver 2015, sous couvert de s’en prendre encore une fois aux Enfoirés, a bien failli le mettre KO. Et s’il s’en est relevé intelligemment de ce coup bas, celui-ci a sans doute scellé son départ définitif annoncé un an plus tard”.
Prenez le temps de lire CONFIDENTIEL sans sauter de page, et en laissant de côté vos préjugés… Et laissez vous guider par Fred Hidalgo au cœur d’un étonnant et attachant voyage … De l’enfance à Montrouge au groupe Taï Phong … de la chanson des Restos du Cœur reprise chaque année aux célèbres concerts débutés le 31 janvier 1987 par “La Boum du Cœur” à la Villette … de l’enchainement des tubes aux tournées internationales … avec en guise de conclusion le chapitre “Retour à Madagascar” : un compte-rendu du concert donné le 6 avril 1998 à Madagascar et signé Marine Dusigne, envoyée spéciale du Journal de l’Ile de la Réunion !
Oui, c’est une immersion totale dans la vie de JJG qui vous est proposée … avec également l’évocation d’artistes disparus tels Daniel Balavoine et Michel Berger … Et aussi Sirima poignardée le 7 décembre 1989 par son compagnon musicien … et Carole Frédéricks victime d’une crise cardiaque le 7 juin 2001 …
S’il est vrai que j’ai appris beaucoup de choses sur JJG, c’est grâce à l’incontestable complicité unissant depuis tant d’années le chanteur et l’auteur-journaliste : et cette authentique amitié dépasse évidemment le statut social de JJG et de Fred Hidalgo. En témoignent tant d’exemples développés au fil des chapitres reprenant chaque fois un titre de chanson ….
… et aussi nombre de reproductions de messages échangés entre les deux hommes avec reproduction de certaines réponses manuscrites de JJG.
NOMBREUSES ANECDOTES PERSONNELLES ET FAMILIALES
Car ce livre, c’est aussi pour Fred Hidalgo une manière de se raconter. Non, pas d’autobiographie au sens propre du terme mais de nombreuses anecdotes personnelles et familiales disséminées ici et là.
Comme l’évocation du décès de la mère de JJG avec allusion de l’auteur à sa propre maman : “Elle a fêté en 2016 ses 94 ans … et connaît encore par cœur toutes les chansons qu’elle avait apprises durant son enfance en Catalogne” …
Le sens de la famille ? Assurément une valeur partagée par les deux hommes.et enracinée dans nombre de souvenirs relatés au fil des pages …. comme les circonstances dans lesquelles le chanteur a offert son médiator au gendre de Fred Hidalgo.
Et au fait, qui est donc la belle inconnue secourue un jour par JJG et Fred Hidalgo au bord d’une rue qu’ils empruntaient à moto ? Se reconnaitra-elle dans ce livre où dans un autre chapitre, est mis en évidence la célèbre citation de Félix Leclerc ?
“Il y a des maisons où la chanson aime entrer” : cette phrase si bien mise en valeur au Village en Chanson de Petite-Vallée en Gaspésie sert de clin d’oeil à une des nombreuses allusions à la vie personnelle de l’auteur.
En l’occurrence “la maison d’amour et d’amitié” qui a traversé la vie de JJG “une quinzaine d’années avant que je n’y écrive ces lignes“. Une maison qui aura aussi accueilli Daniel Balavoine et Thierry Sabine … Hasard ? Destin ? Serait-ce la fameuse “synchronicité” ?
“CHORUS ABATTU EN PLEIN VOL ET EN PLEINE TRÊVE ESTIVALE”
Les nombreuses passerelles entre Paroles et musique/Chorus et JJG font partie des raisons qui m’ont incité à plonger avec bonheur dans la lecture de CONFIDENTIEL.
Quel plaisir de retrouver sous la plume de Fred Hidalgo divers épisodes de l’histoire de ces deux revues …. deux des repères d’une amitié née suite à notre première rencontre à l’Ile de la Réunion chez le chanteur Jacques Poustis en 1984.
Alors pas étonnant que certaines anecdotes, certains souvenirs me touchent de près. Tel le chapitre “Je commence demain” quand il est question du “jeune éditeur qui avait tout du cadre dynamique et performant” … oui celui qui a décidé unilatéralement en 2009 de déposer le bilan, “sans prévenir la rédaction, occupée à boucler le numéro 69 de l’automne” ….
La fin de Chorus “abattu en plein vol et en pleine trêve estivale”, j’en ai eu connaissance alors que je me trouvais au Festival d’Eté de Québec…
Plaisir aussi de retrouver ici le souvenir séance de travail du 20 juin 1992 avec arrivée d’un invité-surprise : Pierre Barouh “l’homme de Saravah se retrouvait caméra au poing en train de filmer notre première réunion de rédaction”… Hé oui, les premiers pas de Chorus !
Assurément un formidable document dont personne n’a hélas jamais vu une seule image à ce jour. Un constat d’autant plus regrettable que cette vidéo montre un moment unique dans l’histoire de la presse musicale … avec entre autres l’active participation de Marc Robine et Jean Théfaine, deux des signatures majeures de Chorus emportées par le cancer.
Alors cher Pierre Barouh ?
On pourra les visionner un jour, ces images inédites ?
Mardi 6 octobre 2009, Europe 1. Quatre heures d’émission enregistrées en direct par Thierry Lecamp. Ici Fred et Mauricette Hidalgo en compagnie d’Alain Chamfort
“JAMAIS ON N’AVAIT CONNU DE TEL RASSEMBLEMENT DE CHANTEURS FRANCOPHONES A L’ANTENNE”
A l’heure d’internet, de l’actualité omniprésente avec ses infos qui en chassent sans cesse d’autres, il me semble important d’offrir aux lecteurs un appréciable temps d’arrêt. De se souvenir de certains événements de l’histoire de Chorus.
De se rappeler que l’inattendue cessation de parution de Chorus aura suscité quatre heures d’émission enregistrées dans les conditions en direct par Thierry Lecamp sur Europe 1 !
“Ce mardi 6 octobre, de mémoires d’artistes et de journalistes, on n’avait jamais connu pareil rassemblement de chanteurs francophones à l’antenne” se souvient Fred Hidalgo. Et de publier une liste non exhaustive de celles et ceux intervenus ce soir-là à l’antenne : au micro, par téléphone ou message enregistré. Une émission des plus mémorable que Thierry Lecamp a du réduire à deux heures de témoignages et de chansons, dont l’intervention de JJG “qui n’avait plus donné l’interview depuis notre rencontre de juillet 2005 et cela faisait des années qu’on ne l’avait pas entendu parler à la radio”.
Un tel ouvrage aurait évidemment été incomplet sans qu’il y soit question du demi-frère de JJG. Oui, le journaliste et écrivain Pierre Goldman : inoubliable figure de l’extrême-gauche française assassinée le 20 septembre 1979 par un commando de trois ou quatre hommes armés de pistolet.
Plusieurs pages sont consacrées à l’auteur de “Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France” qui inspira à Maxime Leforestier la chanson “La Vie d’un homme” sur l’album Saltimbanque illustré par Cabu.
Vous l’avez compris dès les premières lignes de ce (long) article : “CONFIDENTIEL” est une publication unique en son genre. A l’instar du livre de Fred Hidalgo consacré à Jacques Brel aux Marquises !
“UN PROJET QUE JE NOURRISSAIS DEPUIS 1991″
Alors si j’ai pu vous donner envie de le lire, j’en serai très heureux.
D’autant plus que “ce livre est le fruit de trente ans de complicité personnelle et professionnelle : un chemin semé d’interviews exclusives (dont celle où Jean-Jacques m’annonçait qu’il arrêtait les disques et la scène et retraçait l’ensemble de sa carrière), mais aussi d’anecdotes et de confidences…
C’est un projet que je nourrissais depuis 1991 et dont les médias ont annoncé prématurément la sortie en 2005. Sa gestation aura demandé dix ans de plus : c’est en 2015 que j’ai décidé d’aller au bout de mon rêve, un an avant que JJG ne choisisse de son côté de tourner aussi la page des Enfoirés…“.
A aucun moment de sa (longue) rédaction, JJG n’a cherché à intervenir sur le contenu : “GOLDMAN CONFIDENTIEL est donc un livre “autorisé” par l’intéressé – parce que c’est lui, parce que c’est moi… – qu’il n’a pourtant pas souhaité car il n’aspire plus qu’à l’anonymat et au silence des médias. Mais je n’avais d’autre choix, et Jean-Jacques le sait, que d’aller au bout de mon rêve…”.
TABLE RONDE AVEC JJG, SOUCHON, CABREL ET YVES SIMON
Ce livre consacré à un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus importants de l’espace francophone fait évidemment la part belle aux nombreuses chansons (connues ou non) de JJG. Nombre d’entre elles distillent des références de la vie de l’artiste et/ou de sa famille…
Et s’il est évident que la chanson est au cœur de cet ouvrage, il n’y est pas uniquement question des titres ayant contribué à la population de JJG.
Dans le chapitre “Juste quelques hommes”, Alain Souchon, Francis Cabrel, Yves Simon et JJG – les quatre parrains de Chorus- s’expriment à bâtons rompus sur divers sujets liés à la chanson, au rôle des médias, à “la composition du public et à l’incidence des salles sur la conception du spectacle”, etc.
Et aussi le rôle de la critique.
Ce qu’en attend JJG ? ” C’est d’apprendre ce qu’il y a dans ce disque, s’il y a des chansons lentes, des rapides, comment est faite l’orchestration, de quoi parlent les textes, qui a fait quoi, etc. Ensuite si le critique veut ajouter quatre lignes de son propre goût, libre à lui si ça le défoule, il peut dire qu’il aime ou qu’il n’aime pas, qu’il adore ou qu’il exècre, mais ça ce n’est pas très important.
Ce dont on a besoin, c’est essentiellement d’informations, ensuite on achètera le disque et on est assez grand pour avoir notre propre opinion sans chercher à l’imposer aux autres… (…) Or la critique d’aujourd’hui ce n’est que ça : des billets d’humeur, et pas d’information”.
“OUI, TON PARCOURS MÉRITAIT BIEN “TANT DE PAPIER, DE TEMPS”
CONFIDENTIEL bénéficie aussi de sept pages de repères bibliographiques et autant pour la “discographie originale” … ainsi qu’un “index qui se limite aux seules personnes ayant un lien direct ou indirect avec la vie personnelle ou professionnelle de Jean-Jacques Goldman, ainsi qu’aux artistes, aux groupes artistiques ou personnages cités par lui”.
De quoi vous clarifier bien des détails du parcours de cet artiste dont Fred Hidalgo cite une des phrases les plus connues : “Les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent”. Une évidence PLUS QUE JAMAIS d’actualité chez bien des artistes …
Précisons enfin qu’il a un mois a paru un autre livre de Fred Hidalgo dont la sortie a failli ne jamais avoir lieu !
“Trop important, trop gros, trop cher à la fabrication, avec un lectorat impossible à cerner, nous ne saurons pas vendre un tel livre, ni dans le commerce ni auprès des médias… » : telle avait été la réponse de l’éditeur auquel Fred Hidalgo avait proposé en 2015 le manuscrit de “La mémoire du chante – Journal d’un échanson”.
Assurément deux livres de poids, à tous les sens du terme, pour nourrir votre passion de la chanson … si tel est votre souhait !
En guise de conclusion, laissons le dernier mot à Fred Hidalgo. Son livre-événement s’achève par une série de remerciements. Avec au final un mot adressé à JJG en ces termes :
“Merci enfin à toi, Jean-Jacques … et surtout pardon pour m’être montré, au moins sur un point (!), en total désaccord avec toi : oui, ton parcours méritait bien “tant de papier, de temps” ! Et non, je ne regrette rien.”
Site des Éditions L’Archipel … où l’on peut découvrir le prologue et le premier chapitre de l’ouvrage pour se mettre en appétit en cliquant sur TÉLÉCHARGER UN EXTRAIT.
C’est fait ! “Sous mon chapeau”, le nouvel album de l’auteur-compositeur-interprète Eric Frasiak vient (enfin) de sortir en ce mois de novembre 2016.
Une quinzaine de musiciens et choristes a participé à ce nouvel opus de 15 chansons, dont une en duo avec Jérémie Bossone, enregistré au Crocodile Studio de Bar le Duc. Et comme dans les deux derniers albums, Frasiak reprend, dans un arrangement original, une chanson emblématique de Léo Ferré : “La solitude”.
En attendant de vous présenter cet album, voici un article de Henry Tilly consacré à un des récents concerts frasiakiens”, celui du 6 novembre 2016.
Dans les Montagnes d’Auvergne, au lieu-dit Sauterre, à une poignée de kilomètres de Riom, sur la D 50, se niche un gîte chaleureux doublé d’un café-concert, “Le Soleil” alias « l’Arthé-Café » dont le renom grossit d’année en année.
Rien d’étonnant quand on voit la collection impressionnante d’affiches dédicacées des artistes invités qui y passent et, pour certains, repassent au fil du temps. Le moins que l’on puisse en dire, c’est qu’il y a “du beau linge.
Un couple exceptionnel, connu et reconnu dans les festivals comme Barjac et quelques autres, règne sur les lieux. Il a tricoté une ambiance d’accueil et de complicité chaleureuse, tant avec le public, souvent constitué de « connaisseurs » fidélisés, qu’avec les artistes qui, de leur côté, retrouvent ici certains de leurs fans que les kilomètres n’effraient pas et rencontrent aussi un public nouveau.
DÉMARCHE MILITANTE AU SERVICE DE LA “CHANSON FRANCOPHONE”
Maï et Marc Usclade (en photo ci-dessus avec Frasiak) sont manifestement dans une démarche militante au service de la “chanson francophone”. Et ils portent à bout de bras, avec une compétence et une énergie remarquables, ce “temple” de la “chanson de proximité”, comme dirait notre ami Michel Trihoreau.
Ce soir, dimanche 6 novembre, l’invité c’est Frasiak. LE Eric Frasiak, cet auteur-compositeur-interprète Lorrain que j’ai découvert à St-Pierre et Miquelon, en 2011, aux “Déferlantes Atlantiques.
Il m’y a tout bonnement “estomaqué” d’emblée par la qualité de ses textes et de ses compositions mais aussi par sa présence scénique et l’homogénéité donc l’authenticité qui émane de l’homme et de ses chansons. Chacune raconte une histoire et, à l’instar de ceux qui ont été ses Maîtres, François Béranger ou Léo Ferré, chaque histoire peut être un coup de cœur ou un coup de dent.
Rien qui éructe ou vocifère mais bien au contraire, tout témoigne d’un esprit éclairé qui porte sur le monde et les hommes un regard parfois moqueur, ironique, voire satirique, au besoin mordant parce que lucide mais aussi et souvent tendre, fraternel, ce regard qui se traduit dans ses textes par un humanisme sincère, authentique mais sans ostentation, sans surcharges, ce qui le rend hautement crédible et potentiellement contagieux.
La jeune génération gagnée par chanson française ?
UNE PRÉSENCE SCÉNIQUE EXCEPTIONNELLE
Hé oui ! C’est tout cela Eric Frasiak, F.R.A.S.I.A.K. donc avec un S et “surtout pas de Z à mon nom !… sinon je vous frite”.
Je l’ai donc découvert en concerts à St-Pierre puis à Miquelon, en solo guitare où j’ai pu remarquer, à l’occasion, (cf. chroniques “Déferlantes Atlantiques” sur www.francomag.com), que derrière l’auteur de talent se cachait un musicien solide. Doté, de surcroît, d’une présence scénique exceptionnelle qui n’est sans doute pas pour rien dans la contagiosité de son humanisme.
Dans le même temps, j’ai découvert l’album “Parlons-nous” sorti en 2009, album où Eric est entouré d’une formation très étoffée de solides musiciens travaillant sur ses arrangements.
Les superbes chansons de cet album, rehaussées, de plus, par cette orchestration, présentaient, chacune, toutes les qualités pour devenir des “tubes” comme on dit dans le monde du “show bizz”.
Mais ce monde-là précisément n’aime pas que le grand public accède à autre chose que ce qui sort de ses “élevages en batterie”. Et c’est bien pour cela qu’il se protège en “phagocytant” toute la télévision et toutes les radios, ne concédant, non sans réticence, quelques molécules de liberté de programmation qu’à quelques radios locales FM.
Philippe Meyer, sur France Inter, dans la seule vraie émission subsistant encore, dédiée à la vraie chanson francophone, a bien programmé deux chansons de Frasiak. Mais ça ne se reproduira plus ; son émission est supprimée. Ah mais !…
Donc, place aux “play-lists” concoctées par des programmateurs, beaucoup plus soucieux des intérêts des “poulaillers d’acajou” que de la valeur artistique des “œufs” pondus par les volailles de l’élevage, fabriquant de toutes pièces des “hits parades”, comme autant de référendums pipés, trichant effrontément avec la loi sur les quotas en considérant comme francophone une chanson en anglais pourvu qu’elle soit chantée par un français.
Ainsi, par cette acrobatie, David Guetta entre tranquillement dans le quota de la chanson francophone !!!!….et ce n’est qu’un exemple…
CETTE CHANSON-LÀ S’EXPRIMERA TOUJOURS, AU BESOIN, DANS DES LIEUX CONFIDENTIELS VOIRE CLANDESTINS
Mais ne nous laissons pas emporter par la colère au risque de nous éloigner du sujet de ce soir.
De toute façon, comme l’explique fort bien Michel Trihoreau dans son ouvrage “La Chanson de Proximité” (Éditions l’Harmattan), cette vraie, cette belle chanson que nous aimons tant, à toutes époques, celle qui dit notre vie, nos joies, nos peines, nos révoltes, qui défie les “pouvoirs”, les raille, les fustige, crie à tous instants notre soif de liberté, à commencer par la liberté de pensée et d’expression, cette chanson-là s’exprimera toujours, au besoin dans des lieux confidentiels, voire clandestins.
L’histoire, fort bien exposée par M. Trihoreau, le prouve et, pour ainsi dire chassée des grands médias audio-visuels pour faire place à des “spécialistes” autoproclamés et à leurs protégés-obligés, cette chanson, cette poésie, chantée ou non, se retrouve dans des lieux plus modestes …
Mais beaucoup plus chaleureux que la télé ou les grandes salles, des lieux, aussi, beaucoup plus propices aux rencontres et échanges entre artistes et public, des lieux où, presqu’immanquablement, après le spectacle, on va, comme à l’Arthé-Café, comme dans un “Chant’Appart », casser la croûte ensemble et amorcer une “3ème mi-temps”.
Mais n’allons pas trop vite.
Ce soir, Eric, en plus de quelques chansons issues des opus précédents, nous présente un florilège de ses nouveaux titres que nous pourrons réentendre dans le prochain album, “Sous mon Chapeau”.
Encore un chapelet de perles rares que l’on n’est pas prêts d’oublier. Des textes ciselés, précis, saisissants, pénétrants, et toujours portés par un écrin mélodique joliment cousu main.
Certains artistes, même parmi les meilleurs, peuvent donner un vague sentiment de monotonie tant reviennent trop régulièrement les mêmes thèmes ou des mélodies trop semblables.
Chez Frasiak, pas de risque. Chaque chanson dessine un tableau complètement différent et les mélodies sont toutes originales et colorées de genres musicaux très variés et d’arrangements superbes.
Eric ne se jette jamais sur l’actualité pour surfer sur le “buzz”.
Même quand celle-ci l’émeut au plus haut point, il prend du recul et elle n’apparaît dans son œuvre qu’avec un certain décalage.
Chez lui pas de débordements, de hurlements, de pathos. Il n’est pas dans la “posture” et son message, car c’en est un, n’est jamais une proclamation ou un mot d’ordre.
Eric pourrait légitimement se revendiquer “héritier” de son “Maître à chanter” François Béranger, tout comme ce dernier était naturellement un héritier de son si cher Félix Leclerc.
Et quand il entonne cet hommage à ce maître qui a nourri toute son adolescence, l’émotion nous serre irrésistiblement la gorge car, comme dans toutes ses chansons et dans celle-ci plus encore, on ne peut plus douter de l’authenticité de l’homme et de la force des sentiments qui l’habitent.
AVEC LA COMPLICITÉ DE l’EXCELLENT GUITARISTE JEAN-PIERRE FARA
Vous l’aurez compris, avec cet artiste-là, si la “dégustation” d’un album est un moment de plaisir intense, un concert est nécessairement un énorme moment de bonheur.
Frasiak, outre la qualité et la profondeur de ses chansons, est aussi , sans exubérance, un véritable homme de scène, rempli d’humour et jouant admirablement, dans ce registre aussi, avec la complicité de son excellent guitariste, le fidèle Jean-Pierre Fara qu’Eric, guitariste lui-même, présente comme son “bras droit”. C’est bien ainsi qu’on peut le voir mais pour le régal de tous, un bras droit équipé d’une fabuleuse main gauche.
Ces artiste-là sont généreux et nous ont gratifiés d’un concert de deux heures (hors entracte). Deux heures que nous n’avons pas vu passer, faut-il le dire et pendant ce temps, la montagne d’Auvergne nous tricotait la surprise de saison.
Arthe-Cafe ou cabane à sucre ? Eric Frasiak ou bucheron canadien ?
Puisqu’on vous dit que c’est “Le Soleil” !
A la sortie, on se serait cru dans les Laurentides, au Canada. Tout était blanc, bien blanc et l’Arthé-Café avait l’air d’une “cabane à sucre” dans ce décor.
Ceux qui n’habitaient pas trop loin sont partis après la “soupe”.
Les plus éloignés, dont nous, sont restés dîner et dormir au gîte, non sans avoir, avec Eric et Jean-Pierre, sacrifié jusque bien tard, à la ” 3ème mi-temps” en chansons.
TEXTE HENRY TILLY
PHOTOS FRANÇOISE TILLY
A DÉCOUVRIR LES ÉMISSIONS “LA CHANSON DANS TOUS SES ÉTATS”
Coup de projecteur sur deux concerts de Jofroi et Claude Vallières accueillis les 4 et 5 novembre 2016 par le Petit Théâtre de Québec, dans la ville de Québec.
Mis sur pied par Manon Gagnon sous l’égide de Notre Sentier Production, ce double événement a suscité un article de Richard Baillargeon.
Un programme double, qu’est-ce qu’on en dit ? – Claude Vallières et Jofroi à Québec -
C’est un peu pour répondre à cette interrogation de Sylvain Lelièvre que je suis allé à la rencontre de deux «hommes qui chantent» en fin de semaine dernière.
Le Petit théâtre de Québec, sympathique salle nouvellement ouverte rue St-Vallier ouest, à l’entrée du quartier St-Sauveur de notre Capitale, accueillait Claude Vallières – un gars du voisinage – et Jofroi, de Cabiac un petit village occitan du Gard.
Ces deux artisans des mots composent et livrent leurs propos un peu à la façon des troubadours, sans décor, armés d’une simple guitare, comme on le faisait encore il y a quelques décennies.
Pour les gens du Québec, l’image évoquée est celle de la boîte à chanson typique. Pas qu’on y soit nostalgique: les relations humaines, le travail, la paternité, les recettes de cuisine… sont toujours d’actualité. Il est simplement relaxant d’en parler, et d’en entendre parler directement, sans les artifices qui accompagnent souvent les rimeurs contemporains.
Du reste chacun des personnages invités a sa façon propre et distincte de présenter ses observations et ses réflexions à la ronde.
Claude Vallières a le profil de l’artiste polyvalent qui revient toujours à la chanson, et de plus en plus sérieusement depuis le début du siècle alors qu’il s’est joint au groupe a capella La Bande magnétik, puis grave un premier album solo “Souffle” en 2011.
De son expérience ‘akapelliste’ il a gardé le goût des sonorités libres, pour la simple beauté des sons. Pensons à «…Célakifaukalaye» ou à “Rosa rosit”.
C’est aussi un tendre qui se demande “Combien d’enfants s’ennuient” et n’a que de bons mots pour sa “Grande chum”.
Jofroi n’est pas inconnu à Québec, par les bons soins notamment du vieux routier Pierre Jobin ou de la jeune maison de production Notre Sentier qui a justement initié les deux soirées des 4 et 5 novembre au Petit théâtre.
Dès son entrée sur scène, on ressent la douce assurance du gars qui en a vu beaucoup et qui n’en apprécie pas moins la nature humaine. Son récital intitulé «Bonjour les humains!» a quelque chose de stimulant malgré certains constats plutôt pénibles.
Comment expliquer en effet qu’après l’écoute de “Si ce n’était manque d’amour”, “Petit père” ou “Dire qu’on a marché sur la lune” on ait tout de même envie de répandre un peu de beauté alentour. À la veille d’un scrutin étrange, on se remémore soudain un «Yes, we can».
Il y a un mot pour ça: le charisme. Et Jofroi n’en manque pas !
Texte Richard Baillargeon
Photos Isabelle Howard
“MERCI AU PETIT THÉÂTRE DE QUÉBEC D’AVOIR REÇU
DANS CE LIEU MAGNIFIQUE LA CHANSON D’AUTEUR”
Suite à ces deux concerts, voici la réaction de Manon Gagnon parue sur sa page Facebook et reproduite ici dans son intégralité.
« …La chanson dite marginale, car les sentiers de buissons et d’épines ont des cheminements profonds que l’autoroute ignore. »
(Extrait d’une dédicace de Claude Nougaro à Fred Hidalgo pour les 10 ans de Paroles & Musique en 1991.)
L’industrie musicale est difficilement accessible aux artistes de la chanson vivante. Celle-ci mérite pourtant d’être reconnue à sa juste valeur, ayant un rôle primordial à jouer dans la préservation et le développement de la langue française.
Je suis d’une grande reconnaissance envers les artistes Claude Vallières et Jofroi qui ont offert des prestations de grande qualité. Ils ont coloré de poésie et réchauffé notre mois de novembre.
Je remercie Stéphane-Antoine Comtois et Isabelle Howard du Petit Théâtre de Québec d’avoir reçu dans ce lieu magnifique la chanson d’auteur. Merci à votre soutien et accueil chaleureux. Les lieux accueillants la chanson d’auteur étant si rares.
Je remercie Paulette Dufour Communications, Denys Lelièvre de CKRL, Tanya Beaumont de CKRL, Christine Borello de CKIA, Richard Baillargeon de Québec Info Musique, Albert Weber de Planète Francophone, Klody Tremblay, Martin Lavoie & Ginette Dulac d’Espace Martin-Lavoie, Michel Leclerc de la Maison des Leclerc…
Je remercie les amoureux de la Chanson, les curieux, les esprits ouverts, les amoureux de la langue française, les passionnés de la poésie, les artistes soutenant leurs collègues artistes, mes amies et amis, etc”.
Une vingtaine de titres offerts en près d’une heure et demie à près d’une quarantaine de personnes, quelques anecdotes de papa-chanteur, une exceptionnelle qualité d’écoute, un de ces rappels qui vous donnent la chair de poule …
Et puis après le concert de quoi boire et manger salé-sucré à volonté ! Les spectateurs si attentifs sont aussi de gros pourvoyeurs de boissons alcoolisées ou non, de gâteaux, de cannelés, de charcuterie, de fromages, de tartes, et la liste est loin d’être exhaustive !
Retour sur la dernière édition de “Chansons en chaussons” : ma 3ème soirée québécoise sous la véranda de Luc et Sylvie Renaud à Beaucourt.
Beaucourt, Territoire de Belfort, non loin de la Suisse …
Oui, quel privilège de vivre cette nouvelle édition de “Chansons en chaussons” !
Après les concerts de Geneviève Morissette et puis Moran accompagné par Thomas Carbou, place à un autre univers québécois.
Stéphane Côté ? Un de mes artistes québécois préférés, comme déjà dit et répété ici et là tant pour son répertoire que ses qualités humaines, son bon sens, un certain art de vivre et puis aussi des valeurs qui surgissent ici et là au gré des refrains.
En attendant le début du concert, on découvre la revue Hexagone et le nouveau livre de Fred Hidalgo …
Plantons d’abord de l’ambiance.
Nous sommes mardi 18 octobre au domicile des Renaud. Il est presque 19h45 et on attend les inévitables retardataires.
Mais tout va bien, personne n’est stressé.
L’artiste peintre suisse Roland Schaller prêt pour le concert …
On prend le temps de bavarder, de faire connaissance, de découvrir “La mémoire qui chante”, le nouveau livre de Fred Hidalgo dédicacé par l’auteur aux hôtes de ce soir … de feuilleter Hexagone, la nouvelle revue lancée par David Desremaux et une poignée de passionnés aussi talentueux qu’audacieux vu la situation de la presse écrite et notamment de la presse spécialisée.
Amis de la chanson bonsoir ! Je vous présente le nouveau trimestriel Hexagone
Bon, ça y est, tout le monde est en place.
Luc Renaud s’avance, avec en main le 1er numéro de Hexagone, qu’il va présenter à l’auditoire en évoquant aussi le souvenir du trimestriel Chorus, ajoutant avant que des bulletins d’abonnements sont à disposition.
Le temps d’indiquer que ce nouveau trimestriel publie entre autres un article sur Melissmell programmé le 4 novembre novembre à la Maison pour Tous/ Foyer Georges Brassens à Beaucourt. Assurément un haut-lieu de la chanson qui vient d’entamer sa 40ème saison, sous la présidence de Luc Renaud.
Bon, voyons un peu à quoi ressemble cette nouvelle revue Hexagone…
Le nouveau livre de Fred Hidalgo ? Ah ben ça alors ! 664 pages, 84 chapitres plus un avant-propos, prologue et même un épilogue et des annexes !
“JE NE M’ATTENDAIS PAS A UN ENDROIT AUSSI CHOUETTE”
Un mot encore de Luc de saluer la présence l’artiste peintre suisse Roland Schaller venu à Beaucourt comme ami … et chauffeur de Stéphane Côté.
Et c’est parti pour un voyage signé Stéphane Côté qui entame le concert avec “Semaine”, un des titres de l’album “Le cirque du temps”.
Le temps de saluer l’assistance : “Je suis content d’être ici à travers cette petite tournée en Suisse et de faire une incursion en France. Ça me fait beaucoup plaisir … je ne m’attendais pas à un endroit aussi chouette, à voir une si belle gang aussi remplie que ça ici ce soir “.
… et c’est reparti avec “Ballon d’héliHomme”puis “Des nouvelles”! Soit en tout près d’une vingtaine de chansons extraites de ses quatre albums parus en un coffret de 48 titres sorti en 2014.
Une vingtaine de chansons face à un public TRÈS attentif
TORCHONS, GUENILLES ET NOMS PERDUS
Seul à la guitare, à la fois très concentré et en même temps très décontracté, l’auteur-compositeur-interprète québécois colore Beaucourt avec des couleurs aux diverses facettes : parfois gris-clair, jamais tout à fait rose ni entièrement noir.
Chansons teintées d’amour et de bonheur, de souvenirs aussi (“Les noms perdus”) … de remises en question aussi, parfois inspirés d’expressions québécoises pleine de bon sens comme “Fais toi en pas mon p’tit gars, chaque torchon finit toujours pas trouver sa guenille”. De quoi inspirer son célèbre “Torchon” extrait du 1er album sorti en 2001 “Rue des balivernes”
Ici chaque mot est ciselé avec soin. Pas de verbiage ni de laconisme exacerbé non plus. Juste des mots simples et intenses, qui racontent nos vies entre errances et espoirs, mélancolie et coups de soleil. Des textes sans effets larmoyants pour susciter une artificielle émotion.
Et voilà comment ça s’est passé avec mon jeune fils au parc …
PAPA-CHANTEUR AUX ANECDOTES DRÔLES ET ÉMOUVANTES
Cette simplicité, elle jaillit ici et là on ne s’y attend pas, notamment dans l’évocation d’anecdotes familiale qui suscitent sourire et rire. Et aussi émotion : “Papa je ne pleure pas parce que j’ai de la peine, je pleure parce que j’ai de la joie” : réaction de sa fille un soir après lui avoir chanté, à sa demande, “Rouge, Rose”, chanson inspirée par les couleurs préférées de son enfant.
Changement de style pour “Tu dis”, la chanson inspirée par son fils aux surprenantes expressions : “”Il faudrait déchauffer la soupe”, J’ai failli dérouler l’escalier”, “Je te trouve très photo-hygiénique, ” “Regarde, papa, le monsieur se fait pleurer les yeux”.
PAS ASSEZ CONNU AU QUÉBEC, DE PLUS EN PLUS APPRÉCIÉ EN EUROPE
Évidemment, les chansons de Stéphane Côté ne vous entraîneront pas sur les pistes de danse à grands coups de synthétiseurs et autres rythmiques débridées.
Alors, bien sûr, quand on revendique d’être un artisan à tous les sens du terme, on n’est pas certain de retenir l’attention des grands médias de son pays.
Car il faut bien le reconnaître, artisan dans l’écriture de ses chansons, il l’est aussi dans la réalisation de ses albums introuvables dans les grands circuits de distribution.
Et si ce concert à domicile a lieu en ce mois d’octobre Beaucourt, c’est grâce à une série de passerelles tant amicales qu’artistiques tissées au-delà des continents entre Manon Gagnon, créatrice de Notre Sentier Production et Gestion Evénementielle, et Luc et Sylvie Renaud.
Longue vie à chacun de vous et bonne fin de soirée !
UN DERNIER “RENDEZ-VOUS” ET “LONGUE VIE A CHACUN DE VOUS”
Voici une quinzaine d’années que Stéphane Côté chante régulièrement en France, Suisse et Belgique comme il l’a rappelé entre deux titres de ce concert également marqué par “Il neige”, juste avant un éclatant rappel …. pour un dernier “Rendez-vous” achevé en beauté dans un remarquable silence du public enthousiaste par la dernière chanson de la soirée, “Longue vie”.
Tonnerre d’applaudissements avant que les chaises ne soient pas rangées pour partager le verre de l’amitié.
Le temps aussi pour Stéphane Côté de dédicacer des albums, de discuter à bâtons rompus avec plusieurs personnes, de poser guitare à main en compagnie de telle ou telle personne.
Et je vous le dédicace pour qui ?
Retrouver Stéphane Côté et Roland Schaller aura été une grande joie. Une belle occasion également d’évoquer hier, aujourd’hui et SURTOUT demain, entre projet discographique de l’un et prochaines expositions de l’autre.
De prendre le temps de parler en toute franchise de l’alarmante situation d’une certaine chanson québécoise de plus en plus oubliée, ignorée, méprisée des “grands médias”.
Mais pas question de baisser les bras, Stéphane Côté est du genre artisan déterminé. Sans aucun doute un obstiné coureur de fond dans ce monde de la chanson au fonctionnement humain et financier de plus en plus déroutant, inquiétant.
Le temps des photos pour amateurs de chansons en quête de souvenirs
D’où l’importance plus vitale que jamais de ce que j’appelle ces indispensables lieux de résistance face à la mondialisation et la con-sommation… comme ces concerts sous la véranda de Beaucourt qui a jusqu’à présent également accueilli le groupe Yules, les Soeurs Boulay et Eric Frasiak.
Prochaine date, lundi 13 mars avec un autre talent québécois: Benoît Paradis Trio, “entre chanson, jazz et humour” comme indiqué avec enthousiasme par Luc Renaud.
En attendant de finir de lire et de vous parler de “Rock Sakay”, premier roman d’Emmanuel Genvrin revu en juillet dernier à l’île de la Réunion, voici un efficace coup de projecteur de Geoffroy Géraud Legros et Nathalie Valentine Legros.
Leur texte abondamment illustré est mis en valeur sur 7LAMESLAMER , site partenaire de planetefrancophone.fr que ces deux amis journalistes réunionnais ont lancé pour parler des “réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde”.
« Rock Sakay », c’est une course aux allures initiatiques, sur les traces d’une chimère appelée Janis.
« Rock Sakay », c’est le premier roman d’Emmanuel Genvrin, déglingué et poétique. « 7 Lames la Mer » aime !
“Femme brossant ses cheveux”, par Wladyslaw Slewinski, 1897
Ensorcelante et monstrueuse. Telle est Janis, femme sortie tout droit de « Rock Sakay ».
Premier roman d’Emmanuel Genvrin — créateur du théâtre Vollard, auteur de nombreuses pièces et d’opéras —, « Rock Sakay », publié chez Gallimard, a partagé la fameuse « rentrée littéraire » française [1] avec 559 autres nouveautés [2].
Avant de plonger dans le chaudron romanesque, Emmanuel Genvrin s’est essayé à l’exercice exigeant de la nouvelle, publiant régulièrement dans la revue littéraire « Kanyar », éditée par le regretté André Pangrani. Autant de récits où « Rock Sakay » pointe déjà — peut-être, d’ailleurs, à l’insu de l’auteur.
Jean-Luc Trulès (debout), musicien, compositeur, chanteur, acteur… et Emmanuel Genvrin, auteur du roman “Rock Sakay”, créateur du théâtre Vollard.
Jalon de la re-naissance de Genvrin qui, pas moins « gazé » que ses personnages, s’est mis en tête de donner à La Réunion un complet répertoire d’Opéra, « Rock Sakay » accouche de l’héroïne qui manquait au Panthéon, singulièrement dépeuplé, des figures de notre littérature : Janis.
De la beauté truculente à la silhouette diaphane, « Janis-femme » incarne l’hybris, la jubilation, la superficialité, la déraison ; l’affirmation de sa réalité et la « régression-résignation » animale et vertigineuse ; le Maître et l’Esclave, dirait un hégélien, dans la même personne.
« Il franchirent la porte de derrière. Il y avait une petite cour et un boucan — la cuisine en plein air des créoles — et, au fond, un parc cochon. L’homme sortit de sa poche un trousseau qu’il tendit à Jimi »…
(Page 122)
Fantasque, tumultueuse. Envahissante, évanescente ; absente. Dévoreuse, amante : Janis hante ce roman de son urgence haletante.
Dès les premières pages et jusqu’à la dernière, elle est là, partout, même et surtout lorsqu’elle n’est pas là…
Le lecteur, dans sa nuit, tourne les pages du livre pour retrouver sa trace dans le dédale de la capitale malgache ou à travers la brumeuse campagne française.
Démerde, dérives, gangs… « Rock Sakay » n’est pas un lagon pacifique. Les Tropiques de Genvrin sont aux antipodes des tristes topiques de l’imagerie touristique ; « Rock Sakay », éclaire le versant hardcore et « Kung Fu » et révèle les subtils et invisibles transferts d’exotisme entre les trottoirs de Paris, le foyer Sonacotra et les châteaux provinciaux…
Le rythme est vif ; il n’en délivre pas moins le spleen qui accompagne l’œuvre de l’auteur de la pièce de théâtre « Baudelaire au Paradis ».
« Pas de temps à perdre »… L’écrivain est pressé, comme son personnage Jimi : vite, vite, vivre et retrouver Janis. Vite, l’aimer. Encore. Et s’en défaire. Vite, s’enfuir. Vivre pour la retrouver. Pour la sauver. Vite, vivre et l’oublier.
« Il était 15 heures. Pas de temps à perdre. Une grosse averse avait provoqué des inondations. Le ciel était encore lourd de nuages et les trottoirs étaient boueux. Inutile de héler un taxi, les tarifs de Tana étaient prohibitifs. Avec la pénurie d’essence, on payait d’avance et les chauffeurs remplissaient des petites bouteilles aux stations ».
(Page 47)
Cimetière des pirates sur l’île Sainte-Marie (Madagascar). Photo : Antony.
L’écriture d’Emmanuel Genvrin, savamment dépouillée, affutée, projette des images directes et entêtantes, souvent empreintes d’une forte charge poétique.
Comme dans cette scène…
« En quittant les lieux, Jimi se retourna : Janis se tenait debout sur les marches, immobile, les bras ballants, les cheveux rouges au vent. Son front était plissé, son regard était d’une tristesse infinie ».
(Page 173)
Avant cette description, Janis était le feu, la pluie, la boue, l’amour.
Ainsi tombe-t-on sous l’emprise de cette héroïne, fêlée, qui nous convie à contempler sa chute, irrésistible.
Emmanuel Genvrin à la Sakay
Signe d’un roman d’aventures réussi : on voudrait protéger Janis, l’arracher à ses turpitudes, la sauver d’elle même. La ramener à son commencement, à son innocence, alors même qu’on acquiert la certitude de sa déchéance.
On souffle lorsque Janis disparaît du champ de lecture.… Mais déjà, elle nous manque ; déjà on est en manque.
Et l’on voudrait que les permanents aller-retours de Jimi qui rythment ce roman entre La Réunion, La France et Madagascar, la remettent sur notre chemin de lecture.
Source : vollard.com
Le personnage de Janis confirme l’attrait de l’auteur pour les caractères féminins hors orbite sociale ; et son talent à les mettre en scène, à les sublimer. Pour finalement les ramener à leur condition initiale.
On se souvient par exemple de cette cantatrice extravagante et si émouvante, figure centrale — et cataclysmique — de la nouvelle « Tropic Salomé » [3], écrite en 2015 par Emmanuel Genvrin et publiée dans la renue « Kanyar ».
« Rock Sakay », c’est une histoire d’amour, une histoire actuelle et déglinguée qui nous renvoie aux grandes tragédies classiques.
« Rock Sakay », c’est un road-book comme il y a des road-movies : poussière rouge, rencontres, errances, galères, drames… Départs et éternels retours.
Mais Janis n’est pas le personnage principal de « Rock Sakay ». Non. Le héros avec sa guitare, c’est Jimi (enfin… Francius). On ne vous en dira pas plus : prenez, et lisez.
« Jimi retourna en stop à la Pointe-au-Sel. De loin, il vit que la villa était fermée, volets clos, terrasse abandonnée. la petite plage était déserte, à part un chien jaune endormi et la silhouette d’un pêcheur sur un rocher ».
(Page 143)
Nathalie Valentine Legros et Geoffroy Géraud Legros
[1] La « rentrée littéraire », au mois de septembre est une spécificité française.
[2] En 2010, 711 livres ont été publiés à l’occasion de la rentrée littéraire.
[3] « Tropic Salomé » est une nouvelle écrite par Emmanuel Genvrin et publiée dans la revue littéraire « Kanyar » N°4, page 7, février 2015. La revue « Kanyar » a été créée par André Pangrani, mort le 31 juillet 2016 à Moscou.
Question du jour : comment endormir les enfants ? Vaste interrogation sans aucun doute que nous avons tous connue, vécue, subie … en tant qu’anciens enfants ou comme parents !
Et si le remède-miracle venait d’un CD de 55 minutes et d’un livre aux expressifs dessins signés Soufie et au titre des plus encourageants : “Tous au lit !’ ‘
Vous souriez ? Alors laissez-moi vous expliquer.
Un intense travail d’équipe, une aventure tant amicale que familiale
Le déclic de cette aventure artistique est né d’un constat, d’une évidence. “Dans 99,99 % des foyers, l’heure du coucher qui souvent vire au cauchemar”.
Hé oui, comme elle sait (très) bien de quoi elle parle, Valérie Bour a fait travailler autant son imagination que ses souvenirs.
D’où cette histoire écrite avec la complicité de Marianne James … oui la chanteuse-musicienne-comédienne-humoriste-animatrice de télé … et notamment inoubliable créatrice de personnages hauts en couleurs tels Ulrika von Glott, la diva allemande plutôt déjantée ou bien Miss Carpenter, l’actrice hollywoodienne en quête de rôle.
Et la voici dans un autre rôle, celui de Tatie Jambon qui doit user et abuser de force stratagèmes pour endormir les enfants interprétés par Léonie et Adrien Buffet. Pas facile d’arriver à ses fins malgré les interventions tour à tour rassurantes et drôles, douces et exaspérées de cette tatie qui ne manque ni de bagout ni de suggestions : des histoires de princesses au yoga, en passant par le défilé de moutons voire l’hypnose !
Dessin de Soufie extrait du livret de 36 pages
11 CHANSONS POUR TROUVER LE SOMMEIL
Tatie Jambon; Douce lumière; Il était une fois; Le yoga du rire; Le chant des baleines; Les Hommes; Cher Mouton; Tout coton; Viens dans la voiture; Le temps des grands; Le musée amusé …
L’invitation au sommeil est déclinée en une douzaine de titres aux accents slow, rock, bossa, avec un zeste d’ambiance tropicale et des clins d’oeil aux sixties … entrecoupés par les interventions de Tatie Jambon Figure de proue médiatique de cette aventure, Marianne James y est entourée d’une joyeuse bande de musiciens unie par des liens amicaux et familiaux.
Les textes de Valérie Bour sont mis en musique par Sébastien Buffet et Philippe Bégin, réalisateurs et arrangeurs du CD …. Et également en studio pour interpréter un gardien de la paix (“Viens dans la voiture”) et le “gardien du musée amusé”.
Les deux compères participent aussi à l’album comme musiciens, en compagnie de Stéphane Chausse, Didier Havet, Didier Perrin … sans oublier Valérie Bour pour “les sabots de cheval” !
Certes, ce “conte musical à dormir debout” bénéficie de l’extravertie personnalité d’une Marianne James, très convaincante comme Tatie Jambon à la fois idéale et farfelue. Mais il résulte aussi d’une sacrée complicité dans laquelle s’est glissée l’auteur-compositeur-interprète Romain Lemire dans le surprenant personnage de “Charles-François Tremblay du Badelaine” !
Marianne James et Sébastien Buffet
EFFICACE ALCHIMIE AVEC ENTRAIN ET HUMOUR
Plusieurs créateurs-auteurs-musiciens-artistes mobilisés autour de “Tous au lit” se sont retrouvés l’an dernier pour une autre aventure également destinée au jeune public : “un conte musical au coeur des océans” réunissant Marianne James, Jacques Gamblin, Kent, Agnès Jaoui, etc. Voir article sur Les symphonies subaquatiques.
“Tous au lit !”, c’est le symbole d’une efficace alchimie entre imagination et talent, avec beaucoup d’entrain et d’humour aussi, le tout saupoudré de bon sens.
Mention spéciale au livret de 36 pages qui ne se contente pas de reproduire les paroles des chansons illustrées par l’imaginative Soufie.
S’y glissent en fin d’ouvrage quelques questions à lancer aux enfants qui ne dorment pas : pourquoi ronfle-t-on ? Pourquoi baille-t-on ? Combien de temps peut-on tenir sans dormir ? Qu’est-ce que le somnambulisme ? A quoi servent les rêves ?
Et si jamais vous n’avez toujours pas réussi à endormir vos enfants, rendez-vous sur la page voisine avec diverses expressions sur le sommeil à associer à une liste de huit mots ou expressions à compléter du genre : Tomber dans les bras de ? Ou bien “Comme on fait son lit” …
Bref vous l’aurez compris. Avec “Tous au lit!” paru aux Éditions des Braques il y a de quoi écouter et lire, chanter aussi … et même se creuser un peu les méninges avant de trouver ENFIN le sommeil. Assurément une authentique réussite artistique à partager avec des enfants .. de tous âges si le cœur vous en dit.
Voici un CD et un livre que je vous recommande vivement tant pour le sujet abordé que la poignée de talents qui s’est jetée à l’eau à l’invitation de l’inspirée Valérie Bour (dialogues, textes de chansons) et co-scénariste avec Sophie Bernardo.
Oui, bienvenue au fond des océans en compagnie de … mais oui … Dominique A (Phoébus, le dauphin) ; Kent (Herman, le cachalot) ; Laure Calamy (narratrice) ; Jacques Gamblin (Jack, le mérou); Marianne James (Sheila, la pieuvre); Agnès Jaoui (Sissi, la sirène) , Simon Teglas (Adrien, l’enfant qui sait parler sous l’eau) et nombre d’autres artistes !
Tout ce petit monde a plongé dans une incroyable aventure artistique vraiment pas comme les autres menée à bien pour les enfants de tous âges !
À l’occasion d’une plongée sous-marine, Sophie Bernado et Hugues Mayot, tous les deux musiciens, ont l’idée d’un conte pour enfants dans lequel il serait question de musiques qui permettraient aux humains de se reconnecter au monde marin.
65 MINUTES DE VRAI RÉGAL
Pris par leur travail, ils confient à Valérie Bour le soin d’imaginer et d’écrire l’histoire née d’une parole d’enfant (“C’est super, j’ai rêvé que je chantais sous l’eau, sur le dos d’un cachalot !”) et … le fil est donné pour la suite : Les Symphonies Subaquatiques prennent forme !
D’une durée totale de 65 minutes, ce conte musical écologique est un VRAI RÉGAL !
Sur un sujet qui aurait pu être austère (la protection des océans), Valérie Bour et ses complices s’en donnent à cœur joie dans un feu d’artifices de rythmes : jazz, disco, gospel, bossa nova, techno, rythme tropical, pop, berceuse, etc.
Réussies autant sur le fond que la forme, ces étonnantes ” Symphonies Subaquatiques” bénéficient d’un site très fourni avec quantité d’informations , de sons, de vidéos, sans oublier une partie pédagogique “pour en savoir plus sur les océan . Un superbe site à découvrir ICI .
Un album (et un livre aussi) à mettre ASSURÉMENT entre toutes les oreilles et toutes les mains EN FRANCE ET AUSSI DANS L’ESPACE FRANCOPHONE.
Envie d’en savoir plus sur ces coulisses de ce projet ?
Créateur du Musée de la Photographie de l’Ile Maurice , Tristan Bréville ne se contente pas de rester dans le bâtiment du 18ème siècle qui abrite les incroyables collections.
Des collections sur lesquelles il veille avec sa femme Marie-Noëlle et leurs deux enfants, Marie-Julie et Frederick, tous mobilisés en ce mercredi 5 octobre pour l’inauguration d’une exposition de photos célébrant les 50 ans du musée.
Que d’obstacles surmontés depuis le musée installé dans le petit appartement à Quatre-Bornes !
ENVIRONNEMENT, PATRIMOINE, CULTURE …
Tristan et Marie-Noëlle Bréville, citoyens engagés ? Assurément et la 3ème partie de ce (très long) dossier consacré au musée en témoigne avec force.
OUI, Engagés sans retenue et avec énergie en faveur de l’Environnement, du Patrimoine, de la Culture d’une Ile Maurice authentique et fière de ses racines, de son identité.
Autant de repères que j’ai eu la chance de découvrir en sa compagnie depuis plusieurs décennies, grâce à une amitié de 39 ans née durant nos reportages effectués ensemble à travers l’ile Maurice dès l’automne 1977.
Je débutais alors dans le journalisme, en tant que coopérant sur cette île de l’océan Indien, à l’hebdomadaire La Vie Catholique. Et je découvrais une terre d’autant plus attachante que je m’aventurais dans sa vie quotidien e en compagnie d’un photographe mauricien des plus passionnés.
A cette époque, le musée de la photo aujourd’hui installé rue du Vieux Conseil se trouvait alors dans un petit appartement de Quatre-Bornes !
Souillac. Dans le jardin de la maison du poète Robert-Edward Hart
Un couple passionné par l’art et la culture. Photo René Soobaroyen Acheter une sculpture de Philippe Edwin Marie alias PEM c’est bien. La faire entrer dans le coffre de la voiture avec l’aide de l’artiste c’est encore mieux !
BESOIN ET ENVIE DE TÉMOIGNER
Voici quelques photos parmi d’autres prises ici et là à l’île Maurice. Appareil en bandoulière ou au poing, Tristan Bréville continue plus que jamais à prendre des photos. En toutes circonstances publiques et privées.
Histoire d’immortaliser l’instant présent, de laisser des traces.
Toujours le besoin et l’envie de sauver de l’indifférence et de l’oubli. De TÉMOIGNER simplement.
Sur la tombe du photographe Thierry Montocchio le jour de son anniversaire
Uni face aux tempêtes …Ci-dessus et ci-dessous lettres ouvertes envoyées en mars 1997 au rédacteur en chef de L’Express
ENTRE COUPS DE CŒUR ET COUPS DE GUEULE
Ce 3ème et dernier volet du dossier comportent aussi quelques unes des tribunes libres signés Tristan Bréville dans la presse mauricienne au gré de divers événements.
Quelques coups de cœur et coups de gueule textes publiés en qualité d’attentif observateur d’une société mauricienne qui l’interpelle. D’où son envie et son besoin de réagir, de critiquer ou de féliciter.
Surtout pas pour donner des leçons mais tout simplement pour être un citoyen engagé.
Retrouvailles à l’Institut Français de l’Ile Maurice, à Rose-Hill
Août 2016. Du Château du Réduit, siège de la Présidence de l’Ile Maurice … aux retrouvailles avec un artisan … ou à l’achat d’ananas au bord de la route
Les deux plaques apposées à l’entrée du Musée de la Photo : TOUJOURS rappeler l’Histoire de l’Ile Maurice à l’extérieur et à l’intérieur du musée (ci-dessous)
Visite du Musée de la Photo avec le comédien Claude Pieplu et sa femme Fernande
Tristan et Marie-Noëlle Bréville en compagnie d’Alain Gordon-Gentil, écrivain, cinéaste et journaliste mauricien devant l’avion piloté par Jacques Brel en 1967 lors de sa tournée d’adieuSeptembre 2001. Photo Patrick Jenn
Après un premier article sur l’histoire du musée créé par Tristan et Marie-Noëlle Bréville, coup de projecteur sur une (petite) sélection d’articles parus dans la presse mauricienne, réunionnaise et ailleurs.
Entretiens, comptes-rendus, articles de fond … De quoi mieux connaitre l’Histoire de ce musée familial unique dans l’océan Indien qui célèbre ses 50 ans d’existence en ce mois d’octobre 2016.
Magazine Côte Nord, juillet-août 2016. Ile Maurice
Et cette revue de presse débute avec “LE PANACHE ET LES GANACHES”, un des articles les plus marquants de tous ceux qui j’ai lu sur Tristan et Marie-Noëlle Brévile.
Un long texte signé G. Michel Ducasse dans Week-End (dimanche 18 mai 1997) et paru à l’occasion du “Cafouillage autour d’une contestation” à propos du “Comité pour la préservation du Musée de la Photographie”.
“Il était une fois un homme qui croyait que la mémoire photographique de son pays était aussi importante que l’Histoire. Aidé de sa femme, , il avait, des années durant, fouillé les coins et recoins de vieilles maisons, à la recherche de photos du temps lontan, demandant aux gens qui voulaient se débarrasser de leurs vieux clichés de ne pas jeter à la poubelle tout un pan de notre mémoire collective
Bonne promenade à travers ces articles qui témoignent d’une Histoire souvent mouvementée d’un Musée qui mérite sans aucun doute à être encore mieux connu, mieux respecté par les autorités. Et aussi mieux soutenu par les Mauriciens.
WEEK-END, ILE MAURICE
WEEK-END, ILE MAURICE
LA GAZETTE, ILE MAURICE
LE MONDE, FRANCE
LE MAG, ILE MAURICE
WEEK-END / SCOPE, ILE MAURICE
WEEK-END, ILE MAURICE
CORRESPONDANCES, JOURNAL DU CENTRE CULTUREL CHARLES BAUDELAIRE, ILE MAURICE
WEEK-END, ILE MAURICE
WEEK-END, ILE MAURICE
WEEK-END, ILE MAURICE
L’EXPRESS, ILE MAURICE
L’Express, Ile Maurice
WEEK-END, ILE MAURICE, ARTICLE SHENAZ PATEL
WEEK-END, ILE MAURICE
DERNIERES NOUVELLES D’ALSACE, FRANCE
L’EXPRESS, ILE MAURICE
VISU, ILE DE LA RÉUNION, ARTICLE ALAIN GILI
5 Plus Dimanche, Ile MauriceWEEK-END, ILE MAURICELE MAG, ILE MAURICE
Soyons clairs. Tristan Bréville est fou. Fou de Patrimoine, d’Histoire ET de Photographie.
Et sa folie est contagieuse car son épouse Marie-Noëlle, et leurs enfants Marie-Julie et Frédérick sont, à leur tour, devenus d’incontournables repères de ce Musée de la photographie qui célèbre ses 50 ans ce mois d’octobre 2016.
Les enfants ont désormais grandi, et ils reprennent peu à peu le flambeau des parents
Exposition permanente sur l’Histoire de l’aviation à l’Ile Maurice : une réalisation du Musée de la Photo dans le nouvel aéroport international de Plaisance
Rendez-vous rue du Vieux Conseil, à Port-Louis pour découvrir du 6 au 9 octobre une exposition de 80 photos : faible reflet de l’intense parcours de ce Mauricien connu pour son musée, et aussi pour ses coups de cœur et ses coups de gueule distillés dans les médias de son île natale et sur sa page Facebook.
Et si vous n’êtes pas à Maurice à ce moment là, pas de problème.
Promenez-vous donc le nouveau site du Musée et… suivez le guide ici avec ce dossier en trois volets publié sur www.planetefrancophone.
Tristan et Marie-Noëlle BrévilleMarie-Julie et Frédérick Bréville : la relève …
50 PHOTOS POUR UN DEMI-SIÈCLE D’HISTOIRE …
Premier volet donc de ce dossier en trois parties avec pour commencer un texte illustré par 50 photos. Oui, une pour chaque année de cette aventure à la fois familiale et publique …
Oui un demi-siècle de passion demeurée intacte malgré les coups durs et les trahisons, les promesses non tenues et les dégâts matériels (en partie irrémédiables) subis par le Musée notamment en juin 1997 et janvier 2008. Demandez à Tristan, il vous racontera … un de ces jours quand vous irez à l’Ile Maurice.
En attendant, vous qui êtes au début de ce dossier riche en photos inédites et en documents devenus introuvables , marquez donc un temps d’arrêt.
Quels conseils du photographe Tristan Bréville à la veille d’une éclipse solaire ? Entretien pour la télévision publique mauricienne le 31 août 2016L’accès au musée a lieu par une des (très rares) rues piétonnes de la capitale Port-Louis
Inspirez profondément et puis plongez sans hésitation dans une des histoires les plus incroyables de l’Ile Maurice. Celle de la famille Bréville, celle du Musée de la Photographie fondé en 1966.
Alors prenez bien le temps de vous en mettre plein les yeux, car cet article va vous plonger au cœur d’un Musée qui est – et je pèse mes mots – UNIQUE dans le monde.
Quatre-Bornes, route Saint-Jean, 3ème étage, immeuble Beeltah : le siège du musée avant d’être accueilli rue du Vieux Conseil à Port-Louis
DU POULAILLER DE ROSE-HILL AU MUSÉE DE PORT-LOUIS VIA L’APPARTEMENT DE QUATRE-BORNES
Musée dans l’appartement de Quatre-Bornes
Évidemment, je ne peux pas vous résumer ici les 50 ans d’Histoire de ce musée fondé en 1966. Alors voici juste une anecdote ou deux, quelques repères pour vous donner envie d’en savoir un peu plus. De visu ou sur le nouveau site du musée.
En 1966, à 21 ans, Tristan Bréville présente à l’École Normale de Beau-Bassin un projet éducatif destiné à utiliser la photographie comme « moyen d’expression pédagogique ».
C’est le déclic. L’éclair de grâce et d’inspiration qui vous arrive une seule fois dans votre vie et qui décide de votre destin.
Il crée le Musée de la Photo dans un ancien poulailler converti en chambre noire durant son enfance. D’origine modeste et d’une famille nombreuse, il vibre depuis son enfance pour « la photo, un lieu de bonheur où se réfugier ».
Pour meubler le long chemin du collège vers sa maison, il s’arrête chaque jour chez les photographes de Rose-Hill, pour récupérer les négatifs et chutes de photos dans les poubelles.
Un jour, Jocelyn Louis, un ami de son père, lui offre une boite de papier photographique et une petite tireuse. Tristan va tirer par contact ses premiers négatifs en utilisant la lumière du soleil, dans le fameux studio-poulailler, rue Blondeau à Rose-Hill.
Quand le musée se trouvait au domicile des Bréville …
C’est le début d’une incroyable aventure : une existence de couple pas du tout synonyme de “long fleuve tranquille” tant il a fallu de l’endurance à Tristan et Marie-Noëlle Bréville pour ne pas baisser les bras.
Plutôt que de vous évoquer avec force détails les innombrables initiatives menées à bien par Tristan Bréville à travers l’ile Maurice sous l’égide de ce musée, il m’a semblé plus original de vous offrir à travers ces photos d’hier et d’aujourd’hui cet extra-ordinaire voyage dans le temps.
Extra-ordinaire sans aucune hésitation ! Car la vie de Tristan Bréville né à Rose-Hill le 7 juillet 1945 se confond totalement avec cette obstination à toute épreuve. Et croyez-moi, des épreuves, il en a surmonté encore et encore … et ce n’est pas fini hélas.
Ci-dessus et ci-dessous programme d’une exposition alors que le musée était encore dans l’appartement de Quatre-Bornes
Août 2016. Comment faire encore mieux connaître le musée ? Discussion avec Kaisse Chopra, un visiteur d’origine mauricienne établi en France
UNE EXPO DE 80 PHOTOS REFLETS D’UNE VIE TRÈS INTENSE
Alors en foulant le sol de cette bâtisse historique du 18ème siècle, ou en lisant cet article, souvenez-vous du studio-poulailler de Rose-Hill, et aussi du petit appartement-musée, au 3ème étage de l’immeuble Beeltah que j’ai eu la chance de connaître en 1977 à Quatre-Bornes.
Durant quelques jours, place à une exposition toute aussi unique que le musée qui l’accueille : 80 photos, la plupart inédites, signées Tristan Bréville évidemment.
Soit autant de tranches de vies, entre portraits et paysages d’hier et d’aujourd’hui qui racontent une intense existence parsemée de tant d’escales professionnelles entre Maurice, Rodrigues, Réunion, Niger, Burkina Faso, Togo, Mali, Bénin, Allemagne, Inde, Chine, Australie et France.
Grâce à l’intervention du journaliste Finlay Salesse sur Radio One, le dépotoir à ciel ouvert, situé depuis des années à côté du musée, a été nettoyé lundi 4 octobre 2016Tristan Bréville avec Jacques Chirac
Ce musée a été inauguré le 1er juillet 1993 par le lord-maire de l’époque, Ahmad Jeewah … en présence du ministre français de la Culture, Jacques Toubon, avec le soutien de l’Association internationale des maires francophones présidée par Jacques Chirac et Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison Européenne de la Photographie. Et également créateur du Mois de la Photo à Paris dont Tristan Bréville aura été en 1994 le 1er photographe mauricien à y participer.
1994 : EXPO A PARIS AU MUSEE DE LA VIE ROMANTIQUE
C’était avec une formidable exposition sur “100 ans de photographie à l’Ile Maurice », présentée au Musée de la Vie Romantique. C’est vrai, j’y étais.
“Mais l’installation de ce musée à Port Louis n’aurait jamais vu le jour sans la détermination et la vision culturelle de Jérôme Boulle lui-même Lord-Maire en 1992″ rappelle le (très) déterminé et obstiné Tristan Bréville.
Stage de l’INA, reportage à Paris. Caméra au poing, sur le parvis de BeaubourgTristan et Marie-Noëlle Bréville
UNE SACRÉE HISTOIRE DE COUPLE ET DE FAMILLE
Auteur de plusieurs ouvrages de référence racontant son île natale (train, bus, port, aviation, etc.), Tristan Bréville fut aussi le 1er Mauricien diplômé de l’Institut National Audiovisuel (INA) au terme de 3 ans d’études en France.
Il est aussi connu pour ses prises de position distillées au gré de l’actualité nationale dans la presse mauricienne et sur sa page Facebook.
Aujourd’hui plus que jamais § dans cette ère de surconsommation des plus effrénées – ces textes irritent, énervent, dérangent. Mais Tristan s’est presque tué pour sa patrie ! En vrai soldat du patrimoine mauricien!
C’est évident, ses coups de gueule pour le respect du patrimoine et de l’environnement font sourire plus d’un politicien … car on le prend pour un obstiné Don Quichotte face au “silence officiel”dans ce pays qui fut – avec la Grande-Bretagne et la France- un des premiers pays au monde où des photos ont été prises.
Voir quelques tribunes libres et autres textes signés Tristan Bréville dans le 3ème volet de ce dossier sur www.planetefrancophone.fr
Un des nombreux livres signés Tristan BrévilleC’est évident, le musée manque d’espace …
Pas étonnant donc de voir ici des daguerréotypes.
Des quoi ?
Si vous visitez le musée, demandez donc à Tristan ! Il se fera une joie de vous expliquer. Et s’il est trop occupé pour ce 50ème anniversaire, adressez-vous donc à Marie-Noëlle, son épouse embarquée avec passion dans l’aventure depuis ses origines … ou bien leurs enfants Marie-Julie ou Frederick.
Oui, le couple Bréville est propriétaire de ce musée qui est toujours privé. Un musée installé dans un bâtiment historique du 18ème siècle, et hélas pratiquement encerclé de hauts immeubles dont la construction a eu des conséquences sur le musée …
Et voilà le courrier du jour …
Un musée cerné par les immeubles en face de la (moribonde) Fondation Malcolm de Chazal
Sous le porche soit vous entrez au musée à gauche soit vous continuez tout droit vers un centre commercial !
UNE RELÈVE DÉTERMINÉE ET COMPÉTENTE
Marie-Julie BrévilleFrédérick et Tristan Bréville
Oui la relève est en marche, doucement mais sûrement. Et avec une détermination assurément comparable à celle de Tristan et Marie-Noëlle Bréville.
Et heureusement, car il serait totalement inconcevable que le Musée disparaisse un jour, non ?
Un Musée qui est assurément l’expression vivante d’un citoyen mauricien bien décidé à continuer à dire haut et fort ce que trop de ses compatriotes pensent tout bas.
Accueil des visiteursAssurément une des expositions les plus marquantes du musée en 50 ans d’existencePhotos collection Tristan Bréville
« MA LIBERTÉ D’EXPRESSION EST UNE PROFESSION DE FOI »
Je suis fier d’être l’ami de Tristan Bréville, plus déterminé que jamais à parler et surtout à agir. Sans langue de bois et avec audace.
Alors je lui laisse le mot de conclusion.
« Si j’ai eu rarement la considération de ceux qui auraient pu m’aider à réaliser mes rêves ou projets, c’est parce que j’ai voulu, toujours et sans contraintes, faire de ma liberté d’expression une profession de foi.
Et ça, les gouvernants, ministres, députés, Premier Ministres et Présidents n’ont jamais pu accepter. Un journaliste donnant son opinion sur un fait-divers ne craindra rien pour son salaire en fin de mois. Mais, moi, en donnant la mienne sur ce même fait-divers, j’ai été, sans nul autre procès mis au rancart.
Je suis fier de ce courage civil de participer, par voie épistolaire ou verbale, à la construction d’une nation mauricienne. De chaque coup-bas subi par des autorités ou des soi-disant amis, j’en ai fait une pierre de construction.
Jusqu’aujourd’hui … où toute l’Ile Maurice réalise que j’ai construit des monuments artistiques et culturels de grande importance pour la mémoire et le futur de l’Ile Maurice. Mais les autorités restent silencieuses ou ont peur de moi ».
Merci à l’auteur-compositeur-interprète mauricien Robert Duvergé pour cette photo ! Décembre 1998. Dans la neige alsacienne. Photo Marie-Noëlle Bréville
Quand des visiteurs rencontrent le couple Bréville et le chanteur Robert Duvergé
TÉMOIGNAGE DE VACO BAISSAC
“MALGRÉ LES INDIFFÉRENCES, LES JALOUSIES, LA NÉGLIGENCE”
Cher Tristan,
Bravo, 50 ans déjà … 50 ans qu’à la rue du Vieux Conseil tu préserves notre patrimoine, je sais que ça n’a pas été facile vu le manque de respect de nos dirigeants depuis toujours, pour tout ce qui n’est pas espèce sonnante et trébuchante.
Il est heureux qu’il y ait des gens avec une âme pour prendre en main la conservation de tout ce qui témoigne des moments de vérité qui, depuis que la photographie existe, a illustré notre parcours. A l’image des artistes que nous sommes, en vers et contre tous, nous restons des illustrateurs de notre temps.
Tristan, combien de fois j’ai fait escale dans cette boite à souvenirs qui est ton musée de la photographie?
Bravo tu as su le conserver malgré les indifférences, malgré les jalousies, malgré la négligence des gens gris qui nous entourent; sans se douter que si on est à la recherche d’une spontanéité, d’un moment de notre quotidien, c’est chez toi qu’il faut passer.
C’est très important un musée de la photographie. Penses!tu que si Marco Polo avait une caméra Venise ne l’aurait jamais traité de menteur !
Alors pour avoir si bien conservé ces petits moments de vérité, nous te disons merci – et nous te souhaitons de laisser grandes ouvertes les portes de ton musée car nous en avons besoin.
Présentation de photos de l’expo des 50 ans au journaliste mauricien Noël KoowareeToujours le besoin de vérifier ses sources, de recouper ses informations …
Quel est donc le rôle de la presse dans le développement d’artiste ?
Vaste sujet plus que jamais d’actualité à l’heure où les artistes sont de plus en plus obligés de se débrouiller avec les moyens du bord pour (tenter de) sortir de l’anonymat.
Elsa Constantopoulos
Chanteurs et chanteuse, musiciens, journaliste, étudiante, etc : une douzaine de personnes s’est retrouvée autour de ce thème mercredi 28 septembre en début de soirée au Centre des ressources des musiques actuelles (CRMA) à Sélestat, en Alsace centrale.
“QUEL EST DONC LE RÔLE EXACT DE L’ATTACHE(E) DE PRESSE ? “
Au programme une soirée de deux heures en deux parties.
A commencer par une intervention de l’attachée de presse Elsa Constantopoulos présentée par Mickaël Marteau, chargé de ressources pour ZONE 51 et le CRMA Bas-Rhin Sud.
En un peu plus d’une heure, la créatrice de l’agence INKYPYT a abordé, avec force exemples, nombre de questions que se posent TOUS les artistes au début de leur carrière et même plus tard évidemment : “Un artiste, dans son cheminement de développement, sera amené à solliciter la presse afin d’accroître la visibilité de son projet. Comment aborder les différents médias ? Quand et comment lancer une campagne promo dans la presse ? Quels outils utiliser ? Quel est donc le rôle exact de l’attaché(e) de presse ?”.
A vrai dire j’étais venu à cette session d’information par curiosité, comme indiqué en début de soirée lors d’un bref tour de table où chacun a pu présenter les raisons de sa présence et son parcours artistique.
Oui par curiosité en me disant que je n’avais peut-être plus grand chose à apprendre après avoir navigué du mensuel “Paroles et Musique” au trimestriel “Chorus les cahiers de la chanson“, de www.francomag.com le blog créé parJean-Michel Tambourré jusqu’à la naissance de www.planetefrancophone.fr ..
Hé bien, détrompez-vous ! S’il est mieux un domaine où il est essentiel de s’adapter en permanence, de maîtriser de nouveaux outils de communication, c’est bien le milieu artistique.
Au premier plan la chanteuse Marikala
PLAN MÉDIA, RÉTRO-PLANNING ET TABLEAU DE BORD
“Dans la vie, il y a le savoir-faire, et puis il faut aussi le faire-savoir” : cette expression que j’aime bien ressortir de temps en temps a pris ce soir-là, dans les locaux du CRMA, un relief tout à fait particulier. Et d’une sacrée urgence vu les témoignages des uns et des autres …
Certes, entre les membres de plusieurs groupes régionaux venus au CRMA et la démarche de l’auteure-compositrice-interprète “Markila, la petite Française”, que de différences dans les répertoires !
Évidemment … mais aussi que de passerelles communes quand il s’agit de parler de “rétro-planning”, de “plan média”, de “tableau de bord”, “de “revue de presse”, de “communiqué de presse, et la liste est loin d’être exhaustive du côté d’Elsa Constantapoulos!
Elle a a entre autres présenté sa manière de travailler pour le premier album du groupe Bad Juice intitulé “Ding-A-Dong”. Sortie prévue le 18 novembre 2016.
SURTOUT NE PAS NÉGLIGER LES MÉDIAS LOCAUX
“Mon métier c’est de faciliter au maximum le travail du journaliste” : au-delà de cette priorité absolue pour l’attachée de presse, une autre évidence s’impose : faire parler de son artiste oui … mais comment faire pour qu’une info ne soit pas noyée rapidement dans le flot perpétuel de l’actualité ?
Faire le buzz ? Oui et après ?
“Surtout ne pas négliger les médiaux locaux” : c’est un des multiples aspects développés par l’intervenante, par ailleurs très branchée sur nombre de webzines et autres publications spécialisées, en plus des médias nationaux.
D’où une intéressante discussion à bâtons rompus engagée en seconde partie de soirée avec divers témoignages d’artistes et de musiciens présents.
LE TALENT NE SUFFIT PAS …
La nécessité de travailler très largement en amont est vitale, ne serait-ce que pour des questions logistiques quand on a l’ambition de décrocher un article ou une chronique dans une revue trimestrielle aux délais de bouclages tellement différents de ceux d’un quotidien, voire d’un hebdomadaire.
Une évidence me direz-vous ! Oui mais pas pour tout le monde.
S’il n’est pas donné à tout le monde d’avoir un talent d’artiste, il est sans doute encore plus difficile de mettre sur une “stratégie de communication à la portée de projets musicaux en phase de développement”.
D’où l’importance de cette soirée organisée par le CRMA aura permis de mettre en relief nombre de préoccupations auxquelles TOUS les artistes sont confrontés, quel que soit leur talent et/ou leur notoriété.
Car nous savons bien que les deux ne vont HÉLAS pas toujours de pair.
Après la séance d’information, la discussion se poursuit entre la chanteuse Marikala et Mickael Martineau, chargé de ressources au CRMA
Artiste aussi talentueux qu’infatigable, Eric Frasiak parcourt l’hexagone dans tous les sens … lorsqu’il ne chante pas au Québec ou à Saint-Pierre et Miquelon.
AVEC SON INSÉPARABLE COMPLICE JEAN-PIERRE FARA
Coup de projecteur sur un attachant auteur-compositeur-interprète avec ce texte et des photos signés Pierre Lacombe, un des collaborateurs de notre site.
Embarquement immédiat en direction de la médiathèque de Loos-en-Gohelle, dans le Pas-de-Calais où Eric a chanté vendredi 23 septembre 2016.
Alors laissons la parole à Pierre Lacombe.
“Affublé de son indéboulonnable chapeau et accompagné de son inséparable guitariste, Jean-Pierre Fara dit JP, Éric Frasiak a tenu promesse à l’association locale “Graine de chansons”.
En effet, sa prestation avait été annulée en 2015. Une réunion de la COP 21 devait avoir lieu dans la salle. Aurait-elle attirée autant de spectateurs ? Je l’ignore mais mon propos n’est pas là.
ET ON REPREND EN CHŒUR CERTAINES CHANSONS …
Les deux compères ont enchanté le public qui les attendait avec impatience. Deux heures de chansons, nouvelles et anciennes et comme toujours l’hommage à François Béranger, son mentor.
C’est un vrai régal pour les oreilles d’écouter les paroles sans parler des musiques.
Éric Frasiak sait entraîner son public dans les anecdotes qu’il délivre entre chaque morceau. Les spectateurs reprenaient en chœur certaines chansons à la demande du lorrain d’adoption.
De plus, on ressent la complicité qui réunit nos deux amis sur scène. C’est un vrai régal, du pur bonheur !
Avant de quitter la scène, Éric annonçait la préparation d’un nouvel opus et conviait celles et ceux qui le désiraient de le rejoindre pour le verre de l’amitié ainsi que pour les dédicaces de ses albums et de son DVD.
Encore une super soirée passée avec ces deux artistes chaleureux et conviviaux”.
Dans les 560 nouveaux romans de la “rentrée littéraire” en France, il n’est pas tout exagéré qu’affirmer que le 6ème ouvrage de la mauricienne Nathacha Appanah se classe dans le peloton de tête des livres qui font l’actualité. Coup de projecteur sur un livre-choc paru chez Gallimard (collection NRF) et dévoré en quelques heures.
Nathacha Appanah au cœur de l’actualité … et pas seulement littéraire. Ah non !
Pourquoi ? Pour bien des raisons enracinées autant dans le contexte mahorais de ces 175 pages que le tragique destin de ses personnages et aussi -bien évidemment – dans des phrases haletantes d’angoisses permanentes et de contagieux désespoirs … autant de mots saccadées à force tenter de s’approcher d’un irréalisable bonheur. Ou d’une moins d’une certaine vie quotidienne sans (trop de) malheurs sur cette terre française de l’Océan Indien.
CINQ (SUR)VIES AUX DESTINS TRAGIQUES
Marie, Moïse, Bruce, Stéphane, Olivier … Cinq prénoms, voire pseudonymes … cinq (sur)vies aux destins tragiques malgré quelques rares et hélas trop faibles lueurs d’espoirs. Cinq histoires qui se croisent, se déchirent, se retrouvent et explosent avec une force toute aussi implacable que logique.
Au départ, il y a “l’infirmière française” Marie qui s’installe à Mayotte avec Chamsidine, son mari, et c’est là que tout commence à se détraquer entre impossibilité d’avoir un enfant et adultère du mari mahorais …
Dès lors, malgré tout l’amour dont bénéficiera le petit Moïse, les événements vont s’enchainer. Inexorablement jusqu’à cette chute finale qui en dit long sur le destin ACTUEL de ces quelques 3 000 mineurs plus ou moins abandonnés à eux-mêmes, par leurs parents retournés contre leur gré aux Comores.
Chacun des 23 chapitres vous plonge, à la première personne du singulier, dans un ces bouts de vie où tout est permis et rien n’est impossible. A chaque personnage ou plutôt “anti-héros” de raconter avec ses mots bien à lui, comme il a vécu, survécu ET AUSSI -et c’est assurément un des atouts du livre – comment il en est mort …
SURTOUT NE PAS SE TAIRE
“Tropique de la violence” est né d’une INCONTESTABLE URGENCE chez Nathacha Appanah : surtout ne pas se taire suite à une série de constats aussi répétés que violents … observés durant les années 2008-2010 passées à Mayotte, avant d’y retourner brièvement durant quelques semaines en 2015.
Et la romancière mauricienne de raconter ce bref retour à Mayotte dans le quotidien Libération ( juillet 2016) : “J’ai accompagné d’autres pompiers, infirmiers, travailleurs sociaux, et j’ai traîné dans les ruelles bordées de cases roussies de Gaza, ce bidonville à la lisière de Mamoudzou, le chef-lieu de l’île, et écouté ceux qui ont bien voulu me parler. Les adolescents – souvent encore mineurs – s’organisent en bandes, volent, agressent et se droguent à la fameuse «chimique», ce mélange d’herbe, de tabac et d’un produit de synthèse équivalent au crack. Ils se gavent de clips rap hardcore pour imiter les gangs latino-américains”.
Impossible pour un journaliste mahorais ou métropolitain de raconter de l’intérieur ce qui se passe dans la vie quotidienne de ces jeunes sans avenir, ni dans leurs pensées déchirées entre l’envie de survivre et le besoin de s’affirmer.
D’où la force de ce livre qui vous transforme tout en tour en chacun des cinq habitants de cette ile des Comores ayant opté pour son rattachement à la France lors du référendum de 1974, à la différence des trois autres iles des Comores.
SE LAISSER ENTRAINER AVEC MO DANS LES SECRETS DE GAZA
C’est évident, il faut suivre Natacha Appanah sans opposer aucune résistance. Vous laisser entrainer avec Moïse devenu Mo dans les secrets de Gaza, marcher avec lui dans les “bas-fonds mahorais”, bien tenir en main la laisse fluo du chien Bosco, relire encore et encore le même livre “L’enfant et la rivière”, porter le sac à dos de couleur marron de votre maman adoptive.
Pas étonnant que ce livre fasse partie de la sélection des ouvrages en lice pour le Goncourt et le Prix Wepler.
Pas étonnant non plus que ce “roman” ait été qualifié sans hésitation de “chef-d’œuvre” par François Busnel dans son émission “La grande librairie”, jeudi 1er septembre sur France 5, en guise de présentation de ce “roman noir, sombre” entre “violence stupéfiante et” beauté frappante”.
Et j’hésite d’ailleurs à employer le mot “roman” tant ces 175 pages expriment une vie quotidienne à des années-lumières des préoccupations des touristes conquis par le “plus grand et le plus beau lagon du monde”. Ici pas de belles phrases littéraires chères à l’Académie Française mais des mots crus qui font mal, des actes qui blessent et font mourir aussi.
JUSTE QUELQUES TRANCHES DE VIE COUPÉES AU COUTEAU
L’auteure donne vie à cinq voix symboles de Mayotte, sans porter de jugement. Et sans prendre position. Juste en exprimant des pensées, des paroles, des actes .. avec en filigrane une infinie et impuissante tendresse pour tant de destins brisés quotidiennement … des réalités plus actuelles que jamais sur ce 101 ème département français …. et c’est pas de la “littérature” pour attendrir et émouvoir.
“Tropique de la violence” est un livre d’une rare cruauté évoquée sans voyeurisme ni “effets de style”. Juste quelques tranches de vie coupées au couteau d’une lame qui vous remue les tripes, le cœur, la tête aussi.
A lire, c’est évident. D’une ÉVIDENCE ABSOLUE pour ne jamais devoir dire “je ne savais pas”.
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J’aime les mots pour ce qu’ils disent, ce qu’ils laissent entendre et sous- entendre ».
C’est avec un tel aveu qu’on peut mieux comprendre et apprécier l’auteur-compositeur-interprète québécois Claude Vallières.
PRENDRE LE TEMPS DE SAVOURER PAROLES ET MUSIQUES
“Souffles”, titre de son concert à la salle des fêtes de Verneuil-sur-Avre, samedi 16 août 2015, confirme avec éclat une évidence : cet illustre inconnu en France retient incontestablement l’attention d’un public qui prend le temps de savourer ses paroles et ses musiques.
Entre titres de son album “Souffles” sorti en 2011 et inédits du nouvel album prévu au cœur du prochain hiver québécois, cet auteur-compositeur-interprète s’aventure avec talent sur scène, d’une voix ferme et nuancée, entre chansons et lecture d’extraits de ses livres.
Ici pas de “tube” québécois mais la talentueuse volonté de raconter des tranches de vie ordinaires qui – à travers les mots du chanteur – deviennent extra- ordinaires.
Pas de lyrisme exacerbé ou de misérabilisme à fleur de peau, mais tout simplement un homme bien dans sa peau qui raconte la vie et se raconte sans narcissisme mais avec bon sens, voire humour.
” A 14 ANS JE DÉMONTAIS LES CHANSONS DE SYLVAIN LELIEVRE”
“Mon premier rendez-vous” ; “Ta voix me manque” ; “Ma meilleure” ; “Tu l’vois pas”, etc. : soit plus d’une heure de concert sans temps mort. Mais Claude Vallières ne se contente pas d’offrir ses propres chansons.
Il s’envole aussi du côté de deux créateurs incontournables dans l’Histoire des arts et des lettres du Québec : le chanteur Sylvain Lelièvre et le romancier Jacques Poulin.
Pratiquement inconnu en France, Sylvain Lelièvre a intensément marqué la chanson québécois tant pour ses textes que ses choix musicaux.
Et Claude Vallières de préciser : “Un des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes dans l’Histoire de la chanson du Québec à ranger selon moi au rang de Félix Leclerc, Gilles Vigneault ou Richard Desjardins”.
“LE JOUEUR DE PIANO” EN HOMMAGE A SYLVAIN LELIEVRE
S’il est devenu chanteur, c’est grâce à un titre de Sylvain Lelièvre découvert à 14 ans : “La chanson parlait de mon quartier. Je ne comprenais pas qu’on parle des gens de mon quartier avec autant de justesse d’émotion”.
A l’âge où ses copains démontent tondeuses à gazon et radios pour en comprendre le fonctionnement, Claude Vallières, lui, démonte … les chansons de Sylvain, en les réécrivant, en cherchant à comprendre comme elles ont été créées !
D’où l’intensité du texte “Le joueur de piano” lu par Claude Vallières en hommage à cet artiste disparu à 59 ans.
Puis, en reprenant a capella “Marie-Hélène”, un des refrains les plus connus du père d’Éric Lelièvre” – avec le public claquant des doigts – Vallières rend un hommage plein d’entrain à celui qui a disparu prématurément …
Victime d’une “embolie au cerveau”, alors qu’il était ENFIN en train de franchir une étape décisive dans sa carrière soutenue par les médias et de plus en plus appréciée par le grand public.
Claude Vallières et Bernard Joyet
“JACQUES POULIN FAIT DE MOI UN MEILLEUR ETRE HUMAIN”
Autre repère pour Claude Vallières, l’écrivain québécois Jacques Poulin, écrivain québécois publié à travers toute la francophonie
“Quand je le lis, j’ai l’impression que ça fait de moi un meilleur être humain, à cause de la tendresse, de la beauté” raconte Claude Vallières avant de lire “une petite nouvelle avec un personnage de préposé aux bénéficiaires dans un centre pour personnes âgées”.
“Comme un livre de Jacques Poulin” évoque le destin d’une vieille dame qui finit par être comprise et respectée … grâce à une rencontre décisive !
Claude Vallières au festival La vache et le caribou ? C’est dire l’importance d’événements comme celui de Verneuil-sur-Avre programmant des talents souvent peu médiatisés originaires de France, du Québec et de l’Acadie. Mais il est vrai que la médiatisation n’est pas un signe infaillible de qualité !
LA POÉSIE DE LA VRAIE VIE
Poétique dans son écriture, le concert de Claude Vallières s’enracine dans la vraie vie. Celle de tous les jours entre passions et remises en question, coups de soleil et zones ombragées.
En témoigne par exemple la chanson “Rose de Mont-Laurier” sur Bertrand, 94 ans, “tout un personnage” ! Un ancien tailleur de pierre à main nus durant une soixantaine d’années…
Claude Vallières raconte aussi des souvenirs d’école aux odeurs d’arachide et aux senteurs désagréables de l’usine de pâte à papier…
Souvenir d’un copain d’enfance dyslexique pour qui l’école fut un cauchemar : belle source d’inspiration sur le thème “Combien d’enfants s’ennuient” titre d’une chanson des plus réalistes du concert suivi par Bernard Joyet et Serge-André Jones.
BIEN LOIN DES TENACES CLICHÉS DU CHANTEUR QUÉBÉCOIS
Évidemment, Claude Vallières ne correspond pas à l’image du chanteur québécois avec chemise à carreaux rouges et noirs et accent à couper au couteau.
De quoi décevoir sans doute l’auteur du compte-rendu de ce concert sur le blog du festival affirmant : « Un accent à la Félix Leclerc, à la Gilles Vigneault, une touche forte semblable aux ambiances peintes par Lisette Tardy, l’artiste qui ouvrit l’an dernier le festival de la Vache et du Caribou, auraient apporté le vent attendu de la puissante forêt canadienne”.
Franchement, avec de telles idées préconçues, difficile de savourer à sa valeur ce concert à deux guitares et une voix ! Avec en prime une judicieuse utilisation du “boucleur sonore” !
De quoi embarquer le public conquis dans un chant aux accents africains, grâce à la surprenante phrase lancée par la mère durant l’enfance du chanteur ! Rien à voir avec un artiste québécois aux refrains traditionnels avec chansons à répondre en chœur…. et pourquoi pas avec cet artiste qui enseigne aussi à l’École Nationale de la Chanson de Granby ?
1er CONCERT EN FRANCE DE “NOTRE SENTIER”
Reste le souvenir d’un concert qui aura fait voyager le public au Québec mais aussi ailleurs. Car nombre de chansons de Claude Vallières ont des accents universels.
Inviter cet artiste à chanter à Verneuil-sur-Avre, c’est une superbe décision signée Fabien Perucca, âme de ce festival franco-québécois…
Une initiative prise suite à la suggestion signée Notre Sentier (Production, Gestion Événementielle) de Manon Gagnon. Laquelle a été applaudie à l’invitation de Claude Vallières dans les remerciements, … juste avant la dernière chanson suivie par près de deux minutes d’applaudissements …
Et c’est reparti avec “Envolé”, un des titres du futur album, et “Congé d’école” de l’album “Souffles” !
“PLUS DE DEVOIRS, PLUS DE LEÇONS” EN CHŒUR PAR LE PUBLIC
“Plus de devoirs, plus de leçons” chantera d’ailleurs en chœur le public ravi, accompagnant Claude Vallières , visiblement heureux de cette complicité avec le public du Festival “La vache et le caribou”.
C’est évident : Claude Vallières aurait tout à fait sa place dans le prochain festival Chanson de Parole de Barjac cher à Jofroi et -Anne-marie Henin .
Vive, très vive émotion ce lundi 6 juin à l’Octogone Théâtre de Pully pour une soirée assurément pas comme les autres.
Rico Perriard y a officiellement présenté celui qu’il a qualifié d’ “homme idéal pour que notre festival toffe encore longtemps” : Denis Alber.
“Plus de 300 artistes du Québec et du Canada francophone ont chanté ici depuis 20 ans” a indiqué en guise d’introduction Rico Pierrard, en présence du trio de l’Ile du Île-du-Prince-Édouard, Ten Strings and a Goat Skin qui a proposé quatre titres entrecoupés par les diverses interventions et discours.
“IL FAUT SAVOIR RALENTIR ET STOPPER AVANT DE SENTIR LA FATIGUE”
“Le festival a ouvert ses portes et son cœur pour devenir le plus important festival en Europe pour accueillir la francophonie d’Amérique du Nord. On peut en être fiers.
Alors aujourd’hui, nullement fatigué ni déçu mais lassé quand même un peu après 20 ans j’ai décidé de passer la relève.
Je pense qu’il faut savoir ralentir et stopper avant de sentir la fatigue. Ne pas continuer pour devenir un peu barbant et surtout con !
Bien sûr je serai toujours là mais au lieu d’être devant les rideaux je serai derrière ou tout simplement avec vous dans la salle.
Pour me replacer aux commandes j’ai le grand plaisir de vous présenter un ami, un copain, un frère qui m’accompagne depuis quelques années ici ou au Canada et qui partage dans les grandes lignes la philosophie de la chanson, de la culture que moi.
Bien sûr chacun a sa façon de penser et de réaliser ses rêves.
Aussi la personne qui me replacera dès 2018 se nomme Denis Alber”.
Et Rico de résumer en quelques repères l’expérience de Denis Alber qui aura été directeur de plusieurs salles en Suisse : “C’est aussi un artiste, compositeur et interprète, un multi-instrumentiste piano guitare et cor des alpes : l’homme idéal pour que notre festival toffe encore longtemps”.
Prolongée par une longue accolade, cette intervention s’est aussi poursuivie par un refrain chanté par Denis Alber …. sur l’importance de la musique dans la vie !
DENIS ALBER : “LE CŒUR REMPLI DE JOIE”
Et Denis Alber, jusqu’alors directeur administratif du festival, de prendre ensuite la parole : “Ça fait 20 ans que je connais Rico
On a tissé notre amitié et une philosophie sur la vie et la poésie qui accompagne notre vie parce que sans cela ce sera difficile et c’est déjà parfois assez difficile.
C’est le cœur rempli de joie que je vais avec toute l’équipe bien sûr continuer avec les bénévoles, avec vous le public ça sans vous il n’y a pas de festival.
Avec les artistes, les musiciens, les chanteurs et les chanteuses ont va continuer l’aventure ensemble. Et Rico continuera à être avec nous et pas seulement dans les coulisses.
Merci Rico pour ce superbe événement que tu as créé, et à vous, aux autorités d’accompagner, de soutenir le festival”
SUR SCÈNE LES RESPONSABLES DE CHAQUE SECTEUR DU FESTIVAL
Cette passation de pouvoirs marque une étape décisive dans ce festival suisse devenu au fil des ans un événement majeur pour la chanson québécoise, et plus globalement francophone d’Amérique du Nord.
Présidence, administration générale, programmation, partenariat, sponsoring, presse : les multiples fonctions assumées par Rico s’enracinent évidemment dans un intense travail d’équipe mobilisant cette année encore près de 130 bénévoles.
D’où l’importance de la présentation des responsables de chaque secteur du festival, tous venus sur scène à l’invitation de Rico Perriard qui les a nommé et précisé leur fonction.
A commence par Valérie Rochat (secrétariat général, marketing), appelée la première et suivie par les autres responsables : secrétariat, directeur technique, finances, comptabilité générale, accueil et restauration, bars, transports, bénévoles, festival Off, graphisme et site internet, etc.
Les trois discours officiels qui ont ponctué cette cérémonie témoignent, eux aussi, de l’indispensable soutien sur lequel s’appuie efficacement ce festival.
CHANSONS DE MARCIE, BRIGITTE, INGRID ET MARIO PRÉSENTÉS PAR DENIS
Au terme d’un long entracte marqué par un apéritif géant offert par la Ville de Pully, Denis Alber a présenté les artistes qui se sont ensuite succédé : Marcie accompagnée par Louis-Philippe Gingras, Brigitte Boisjoli, Ingrid Saint-Pierre, et Mario Pelchat accompagné par Marc Christian Gendron.
Soit quatre chansons pour chaque artiste avec une double surprise signée Mario Pelchat dont le disque hommage à Gilbert Bécaud sorti en septembre 2015 est synonyme de disque d’or au Québec (40 000 exemplaires vendus).
LES DEUX SURPRISES DE MARIO PELCHAT
Double surprise donc car Emily Bécaud, un des enfants de l’artiste, a chanté avec Mario Pelchat “La fille du tableau”, un titre composé par Bécaud sur un texte de Luc Plamondon.
Et c’est pas tout, car il a surpris Emily Bécaud et l’éditeur de musique Laurent Balandras en leur offrant à chacun une copie du fameux disque d’or !
En direct du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec.
Il s’est passé quelque chose de tout à fait particulier, à la fois réjouissant et contagieux, ce samedi 4 juin à l’Octogone Théâtre de Pully.
Les concerts ont été présentés par Denis Alber, directeur artistique du festival
Réjouissant car les univers musicaux de Marcieet dePierre Flynn- entre chanson et rock – suscitent un réel enthousiasme car ils sont synonymes authenticité.
RÉJOUISSANT ET CONTAGIEUX
Contagieux car ces deux artistes de générations différentes sont, à mon avis, de sacrés exemples pour la chanson québécoise.
Jeune artiste originaire de Jonquières, Marcie se livre autant sur scène qu’elle est réservée dans la vie. ici pas de personnage public mais l’envie et le besoin de se raconter sans maquillages, entre doutes et raisons d’espérer.
Entre Paris et Moscou, une des chansons du prochain album (ou plutôt EP) qui fera suite à celui sorti voici trois ans déjà !
Marcie et Louis-Philippe Gingras
MARCIE EFFICACE ET SANS MAQUILLAGE
Et quand elle invite son guitariste Louis-Philippe Gingras à offrir une de ses propres chansons, on se dit que cet artiste mérite, lui aussi, une meilleure visibilité en Europe et dans son Québec natal.
Et quand elle chante, parle, crie et s’abandonne dans “Fais moi pleurer”, Marcie va droit au but.
Efficace et sans baratin durant une bonne demie-heure de bonheur savouré sans hésitation par le public de Pully.
Pierre Flynn et Mario Légaré
DU “DERNIER HOMME” A “CAPITAINE, Ô CAPITAINE”
Même constat pour Pierre Flynn demeuré silencieux depuis 14 ans, depuis son dernier album. De quoi intriguer les médias québécois évoqués avec humour par l’artiste !
Ici aussi, pas d’esbroufe mais des refrains qui vous touchent autant au cœur qu’à l’esprit.
Soit une heure et demie de concert débuté par “Le dernier homme” et achevé dans un superbe “Capitaine, ô Capitaine ” au refrain repris en chœur.
Entretemps, les titres s’enchaînent entre hier et aujourd’hui, de “Ariana” à “24 secondes” avec un détour par le parc Lahaie à Montréal, car Flynn n’aime pas créer en restant chez lui !
PIERRE, MARIO, JOSÉ ET ANDRÉ : QUATUOR DE CHOC
Du redoutable “Possession” jusqu’à “Babylone”, le concert de Flynn est parsemé d’anecdotes et de réflexions pleines de bon sens, sur les idéaux enfouis, les utopies disparues aussi…
Coup de chapeau à ses trois complices qui s’en donnent visiblement à cœur joie : Mario Légaré (basse), José Major (batterie) et André Papanicolaou (guitares).
André Papanicolaou
COWBOYS FRINGANTS : L’APOTHÉOSE
Outre ces deux concerts de Marcie er Pierre Flynn présentés par le directeur artistique du festival, Denis Alber et savourés sans hésitation, notons que la seconde soirée des Les Cowboys Fringants aura été plus festive encore que la veille !
Avec une “tireuse de bière” actionnée sur scène, un chanteur qui se jette une nouvelle fois avec entrain dans la foule, les Cowboys Fringants ont terminé leur concert en apothéose !
Une superbe fête populaire où nombre de personnes ont été invitées à les rejoindre sur scène ! Et l’on ne s’est pas prier de répondre à l’invitation, habillé ou torse nu !
“Je suis l’âme fauchée” : c’est le titre de l’œuvre inédite de Louis Babin présentée ce dimanche 29 mai à 16 heures, salle Érasme, au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg.
Venu spécialement à Strasbourg pour la circonstance, le chef d’orchestre québécois dirigera l’Orchestre Symphonique des Jeunes de Strasbourg pour cette pièce dédiée à Sylvain Marchal.
Répétition avec deux percussionnistesExercice avec la “feuille de tonnerre” avec Gustave Winkler, percussionniste et compositeur
Ce jeudi 26 mai, ambiance tout à fait particulière en début de soirée au centre culturel de Mundolsheim, à une dizaine de minutes de Strasbourg.
A la baguette Louis Babin. Ce soir, le compositeur québécois québécois a rendez-vous à 18h30 avec trois percussionnistes de l’OSJS : certains “détails” – et pas des moindres – de la présentation de “Je suis l’âme fauchée” reposent en effet ce trio de jeunes talents.
Des ballons pour symboliser les coups de feu
Une nappe de table à jeter parterre avec violence …
“LE POINT DE VUE DE LA PIÈCE EST CELUI D’UNE VICTIME”
Il faut dire que “Je suis l’âme fauchée” s’enracine dans un contexte tout à fait particulier : “Les circonstances dramatiques de Charlie Hebdo ainsi que les attaques de novembre 2015 à Paris m’ont particulièrement touché. Je sais aussi que Sylvain Marchal, à qui cette pièce est dédiée, l’a été tout autant.
Je ne pouvais passer à côté de ces deux événements qui ont marqué de manière contradictoire la session d’enregistrement de mon poème symphonique “Saint-Exupéry : de cœur, de sable et d’étoiles” et le lancement de cet album.
Le 7 janvier 2015, alors que je sortais d’une journée chargée d’émotion avec le Moravian Philharmonic Orchestra à Olomouc en République tchèque, la télévision de l’hôtel nous présentait le drame de Charlie Hebdo.
La nouvelle me touchait de plus près en étant de l’autre côté de la grande flaque, en Europe. Plus tard, le lancement de mon album à Toulouse s’est tenu le lendemain des attaques au Bataclan et aux cafés de Paris. Triste synchronicité.
Lorsque Jean-François Heyd, Président de l’Orchestre symphonique des jeunes de Strasbourg (OJS), m’a demandé de composer une pièce pour souligner la retraite de Sylvain à la tête de l’orchestre, le sujet me semblait impossible à éviter.
Le point de vue de la pièce est celui d’une victime. Une vision qui est rythmée par les yeux qui s’ouvrent sur l’horreur et se ferment pour y échapper”.
Au premier plan, Gustave Winkler avec sa “feuille de tonnerre”
TABLE RENVERSÉE, BALLONS QUI ÉCLATENT ET “FEUILLE DE TONNERRE”
On l’aura compris, “Je suis l’âme fauchée” n’est pas seulement “de la musique classique” mais bien plus car divers éléments extérieurs lui confèrent une intensité dramatique particulière : éclatements de ballons symbolisant les coups de feu; renversement d’une table à laquelle étaient assises des victimes d’un attentat; bruit d’effroi suscité par la “feuille de tonnerre”; strident sifflet; mégaphone pour crier “circulez y a rien à voir”, etc.
Sans oublier les téléphones portables de chaque musicien de l’OSJS qui vont sonner tous ensemble comme ce fut le cas notamment au Bataclan après l’attentat…
Tous ces ajouts extérieurs à l’exécution de l’œuvre à proprement parler nécessitent évidemment une mise au point des plus rigoureuses : elle aura été menée à bien en deux temps ce jeudi 26 mai.
D’abord avec les trois percussionnistes, durant près d’une heure et demie, puis avec l’ensemble des musiciens de l’OSJS.
Un strident sifflet et un mégaphone pour hurler “circulez, y a rien à voir”
Suivre une répétition de Louis Babin aussi bien avec les trois percussionnistes et ensuite avec tout l’OSJS est un vrai régal pour plusieurs raisons.
Le Québécois créé immédiatement une atmosphère tout à fait particulière : ici aucune pression, aucune tension, tout s’enchaine avec aisance sans que le chef d’orchestre ne hausse le ton. A la fois directif et décontracté, il mène à la baguette – c’est le cas de le dire – tous ces jeunes talents.
A droite, le violoniste Jean-François Heyd, président de l’OSJS
RÉPÉTITION A MUNDOLSHEIM AVEC EXPRESSIONS QUÉBÉCOISES
L’autre aspect qui a retenu mon attention durant cette répétition menée à bien en présence de Béatrice Bulou, maire de Mundolsheim, c’est la manière de s’exprimer de Louis Babin.
Il ne peut évidemment pas s’empêcher d’utiliser des termes québécois dans ses échanges avec les jeunes musiciens, quitte à fournir une brève explication en utilisant par exemple le verbe “garrocher” !
Avec lui, les ballons deviennent des “ballounes” et les téléphones portables se transforment en “cellulaires”.
Et quand il veut préciser sa pensée en employant un proverbe française, il lui arrive de “se mélanger les pinceaux” : exactement le genre de proverbe auquel le Québécois n’est pas habitué et qui l’incite justement à se … mélanger les pinceaux en l’employant !
“PROMENADE SYMPHONIQUE” POUR LE DÉPART DE SYLVAIN MARCHAL
Dernier détail et non des moindres : “Je suis l’âme fauchée” est présenté durant une “Promenade Symphonique” organisée pour la passation de baguette de Sylvain Marchal qui quitte ses fonctions à la tête de l’OSJS après 20 ans de direction.
D’où ce grand concert au PMC de Strasbourg avec au programme, des œuvres classiques de Wagner, de Moussorski, orchestrées par Ravel, de Chabrier, et des musiques de films (“Retour vers le futur”, “Batman”), dirigées par Sylvain Marchal et Marie Casteran (Orchestre Junior de l’OJS)
Seront aussi présentées des œuvres inédites écrites et dirigées spécialement pour cette occasion par Sylvain Marchal, par les deux compositeurs alsaciens, Rémy Abraham et Gustave Winkler, également un des percussionnistes de “Je suis une âme fauchée”.
Tout en ayant dirigé depuis 1996 l’Orchestre symphonique des Jeunes de Strasbourg, Sylvain Marchal a poursuivi bien d’autres activités de formateur, conférencier et compositeur. Il a aussi fait l’objet de nombreuses commandes, créations et éditions. Par ailleurs, il prête volontiers sa plume à diverses revues, participe à la rédaction d’ouvrages et se livre régulièrement à l’écriture de contes.
En présence de Béatrice Bulou, maire de Mundolsheim, en train de prendre des photos
DE l’OSJS DE STRASBOURG A “Ô CHŒURS DU NORD” A VAL-DAVID
Quant à Louis Babin, au terme de plus d’une semaine passée à Strasbourg, il s’envole sans tarder dès le lendemain du concert pour le Québec. Et à peine descendu de l’avion, il prendra la route pour Val-David où il dirige depuis plusieurs mois déjà “Ô Chœur du Nord”.
En effet, après avoir mené “Ô Chœur du Nord” de succès en succès depuis près de quatre ans, la chef France Levasseur a tiré sa révérence en dirigeant avec brio les concerts Alléluias pour deux chœurs présentés à guichets fermés à Val-David les 19 et 20 décembre derniers.
Elle est désormais remplacée par Louis Babin, dont la réputation de compositeur ne se limite plus au Québec grâce à “des œuvres à la fois modernes, ludiques et accessibles acclamées au Canada, aux États-Unis et en Europe”.
Donc pas de temps à perdre pour Louis Babin ! Il est d’autant plus pressé de rentrer que “Ô Chœur du Nord” présente une première série de concerts sous sa direction les 18 et 19 juin à Val-David sous le thème Le Cœur au cinéma..
Et le chef de Chœur de préciser que “toutes les pièces présentées sont tirées d’œuvres cinématographiques incluant une forte proportion d’œuvres classiques qui sont la marque de l’ensemble”.
En guise de conclusion, Louis Babin lance un appel aux lecteurs québécois du site www.planetefrancophone en ces termes :
“Ô Chœur du Nord” est toujours à la recherche de choristes dans tous les registres de voix et plus particulièrement dans le pupitre des ténors et des basses. Nul besoin de lire la musique, il suffit de chanter juste et l’on vous offrira tout le soutien nécessaire avec les outils appropriés”. Avis aux amateurs !
La participation québécoise à la 18ème édition du festival “Caméras des Champs” n’est pas passée inaperçue : Pascal Gélinas y a remporté le Prix du Public pour son nouveau documentaire, “Un pont entre deux mondes”.
Retour sur un événement fertile en chaleureuses rencontres pour ce cinéaste québécois. Et même en retrouvailles avec l’auteur-compositeur-interprète Régis Cunin.
Heureux et ému, Pascal Gélinas vient de recevoir le Prix du public : un sabot de Lorraine ! Photo Monique Poukrat
Pascal Gélinas et l’auteur-compositeur-interprète Régis Cunin. Photo Gérard Lesquoy
UNE SUITE LOGIQUE AU “PORTEUR D’EAU”
Le chanteur et le cinéaste ne s’étaient pas revus depuis 2008, lors des Déferlantes Francophones créées par Françoise et Maurice Segall à Capbreton.
Pascal Gélinas y avait en effet présenté “Le porteur d’eau” également consacré à Gilles Raymond en Indonésie.
Ce documentaire s’affirme en quelque sorte le premier épisode d’une aventure collective dont “Un pont entre deux mondes” offre une suite pleine de promesses et surtout de réalisations concrètes menées à bien avec les paysans de l’ile de Florès en Indonésie.
Tous les détails du palmarès dans Le Républicain Lorrain
UN FESTIVAL DE CINÉMA DANS LE PARC NATUREL RÉGIONAL DE LORRAINE
LES CINÉASTES VENUS PRÉSENTER LEUR FILM LOGEAIENT CHEZ L’HABITANT
Loin du brouhaha des villes, la 18ème édition de “Caméras des Champs” s’est déroulée dans le village de Ville-sur-Yron situé dans le Parc naturel régional de Lorraine, un des partenaires de l’événement. Sandrine Close, Responsable du service Ingénierie culturelle et transfrontalière, est aussi la coordinatrice du festival de cinéma.
Assurément des précisions de taille qui en disent long sur l’esprit de ce festival bénéficiant d’une originale signalétique à l’entrée du village.
Car dès qu’on approche de cette commune, on plonge dans un univers champêtre à des années-lumière du strass et du stress du festival de Cannes.
Ici les budgets sont réduits, et le bénévolat constitue un des conviviaux atouts de cet événement synonyme de lien social, de discussions, de retrouvailles, de repas pris en commun sous un vaste chapiteau.
Quant aux cinéastes venus pour présenter leurs films, ils logeaient chez l’habitant.
Échange avec la coordonnatrice du festival Sandrine Close (Parc naturel régional des Vosges)
“CAMÉRAS DES CHAMPS” LOIN D’UN REGARD PASSÉISTE SUR LES CAMPAGNES
Ce Festival international du film documentaire sur la ruralité est organisé par la commune et le foyer rural de Ville-sur-Yron, avec le concours du Parc naturel régional de Lorraine et de l’Université de Lorraine.
Il est soutenu par le Conseil Régional de Lorraine, le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Lorraine et la Communauté de Communes du Jarnisy.
Comme l’explique sur le site du festival son directeur Luc Delmas, “depuis 17 ans «Caméras des Champs» permet de montrer les mutations des mondes ruraux. Aussi, loin d’un regard passéiste sur les campagnes, l’objectif du 18ème festival reste le même que celui des précédents :
- susciter un échange sur les évolutions des paysages, sur les pratiques sociales des ruraux et néoruraux, sur l’impact des techniques, sur les villages et les habitats,
- voir comment changent aussi les représentations que chacun peut avoir du monde rural, habitants des villes, artistes, créateurs, décideurs divers et ruraux eux-mêmes”.
15 DOCUMENTAIRES EN COMPÉTITION
Du 19 au 22 mai, le festival a mis en évidence 15 documentaires classés en huit thèmes : Des bêtes et des hommes; Un monde solidaire; C’est la fête, culture en milieu rural; Elles ont choisi la lutte; La vie au grand air; La terre d’où je viens; Maîtriser son territoire; Une autre agriculture demain ?
Tous ces films ont été présentés à la salle René Bertin de Ville-sur-Yron avec entrée libre et gratuite. Plusieurs cinéastes avaient effectué le déplacement pour la circonstance et ont échangé avec le public après les projections.
Attention, le festival Caméras des Champs ne se limitait pas à la projection de ces 15 documentaires, loin de là.
Par ailleurs, plusieurs projections pour scolaires ont eu lieu pour un film hors-compétition, “Les Saisons” réalisé par Jacques Perrin.
Et, chaque soir du festival, les projections de films présentés eux aussi hors-compétition étaient suivis de tables rondes et débats comme “L’avenir des villages en France” ou bien “Quelles solutions pour maîtriser notre avenir ?”
Et dimanche 22 mai, en attendant la proclamation du palmarès, des films d’archives de la Cinémathèque du Ministère de l’Agriculture ont été projetés durant les délibérations du jury.
Voir tous les détails sur les films en compétition et hors-compétition sur le site du festival.
UN FILM QUÉBÉCOIS DANS LA CATÉGORIE “UN MONDE SOLIDAIRE”
Et Pascal Gélinas alors ?
Comme tous les cinéastes participant à cette 18ème édition, Pascal Gélinas a été filmé en vue d’un entretien qui sera prochainement mis en ligne ICI sur le site du festival
Un de ses films n’avait pas été retenu lors d’une précédente éditions alors que la candidature avait été envoyée, mais le cinéaste québécois n’a pas pour autant baissé les bras. Il a donc, une nouvelle fois, tenté sa chance avec “Un pont entre deux mondes”.
Voir ICI la bande annonce de de documentaire de 52 minutes présenté vendredi 20 mai à 16 heures dans la catégorie “Un monde solidaire”.
Ce film est une suite du fameux “Porteur d’eau” réalisé en 2006 par Pascal Gélinas, à compte d’auteur en Indonésie : un documentaire présenté dans une vingtaine de pays et récompensé par cinq prix au Québec, en France, en Tunisie et en Australie.
Dix ans plus tard, caméra au poing, Pascal Gélinas est retourné sur les traces de son ami québécois Gilles Raymond installé sur l’ile de Florès depuis 15 ans. D’où un formidable film tourné en Indonésie mais aussi au Québec, notamment lors du passage de Gilles Raymond au micro de Radio-Canada dans l’émission “Médium Large” de Catherine Perrin.
S’y glissent aussi divers entretiens de Québécois sensibles aux initiatives de leur compatriote. Ces séquences mettent en évidence la solidarité très concrète suscitée par l’action de longue haleine de Gilles Raymond en Indonésie.
Ici pas de grandes considérations abstraites mais des exemples précis de mobilisation de citoyens désireux de soutenir Gilles Raymond, notamment par des prêts d’argent sans intérêt.
Gilles Raymond au micro de Catherine Perrin en direct à Radio-Canada. Image du film
GILLES RAYMOND DU MOUVEMENT “OPÉRATION DIGNITÉ” EN GASPÉSIE AU PROGRAMME “OTONOMI” EN INDONÉSIE
Il est vrai que son destin est assurément hors du commun !
Originaire de Donnacona au Québec, Gilles Raymond s’est impliqué pendant une vingtaine d’années dans le mouvement “Opération Dignité “qui combattait la fermeture des villages en Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent.
Il a également été le président fondateur du mouvement pancanadien “Dignité Rurale”. En 2000, il arrive à titre de coopérant en Indonésie, un pays qui renoue avec la démocratie après 32 ans de dictature.
Et Pascal Gélinas de préciser : ” Constatant qu’une bonne partie des sommes versées par l’aide internationale est détournée, il décide de mettre sur pied une autre forme d’aide qu’il a baptisé «programme Otonomi ». Avec l’aide du clergé et du gouvernement local, Gilles travaille à établir une démocratie directe où les résultats dépendent de l’action responsable de la collectivité”.
Une des photos prises durant la projection du film
Face au public avec Hervé Roesch réalisateur alsacien de “Chaos” tourné à Haïti
UNE AUTHENTIQUE SOLIDARITÉ ENTRE HABITANTS DE FLORÈS ET QUÉBECOIS
En remportant le Prix du public et des habitants pour “Un Pont entre deux mondes”, Pascal Gélinas confirme ce que j’ai entendu et ressenti en découvrant enfin ce film sur grand écran.
Entre plusieurs réflexions relevées autour de moi durant la projection et surtout durant l’échange à bâtons rompus avec le public, une évidence s’impose : ce film retient immédiatement l’attention pour plusieurs raisons.
Gilles Raymond y est montré dans sa vraie vie quotidienne, car au-delà des fameux projets et des réalisations menées à bien avec les habitants de Florès, le documentaire raconte un destin pas comme les autres. En somme la vraie vie loin des bureaux des ONG, avec une adaptation permanente aux contraintes quotidiennes puisque Gilles Raymond n’a même pas de voiture pour se déplacer !
Mais attention, Gilles Raymond n’est pas décrit comme un super-héros.
Il est à l’origine de l’étincelle qui a mis le feu à une prise de conscience, à des actes concrets. Ici pas de baratin mais une aventure humaine collective vraiment synonyme de solidarité entre Indonésiens, et aussi entre Indonésie et Québec.
Cette solidarité a également été efficace durant la préparation et le tournage du film. Nombre de donateurs ont en effet contribué au financement de ce fameux pont entre deux deux mondes via des chèques envoyés directement au cinéaste !
Sans passer par une plate-forme de collecte de fonds retenant son pourcentage au passage, Pascal Gélinas a réussi un sacré tour de force, en bénéficiant d’un formidable élan populaire ne se réduisant pas à de belles promesses.
Le temps des questions pour Philippe Roesch, Pascal Gélinas et Luc Delmas
RÔLE DES ONG, CULTE DES ANCÊTRES ET SOLIDARITÉ ENTRE PAYSANS MUSULMANS ET CATHOLIQUES
A l’issue de la projection, le dialogue spontané entre Pascal Gélinas et l’assistance a notamment mis en évidence nombre de facettes du documentaire.
Au gré des questions et des commentaires du public, il a été entre autres été question du fonctionnement des ONG assurément … très différent de celui de Gilles Raymond et de ses amis indonésiens.
Autre thème du film qui n’est pas passé inaperçu: la fraternelle collaboration entre paysans musulmans et catholiques de l’île indonésienne de Florès qui sortent ainsi de la pauvreté et transforment leur environnement.
Et dans un autre registre le public du festival “Caméras des Champs” a aussi découvert l’importance du culte des ancêtres. Assurément un repère essentiel à Florès auquel Pascal Gélinas n’est pas demeuré insensible, comme il l’a confié aux spectateurs …
… avant de continuer à discuter avec plusieurs personnes venus à sa rencontre dès la fin du débat.
Dès la fin du débat, plusieurs spectateurs ont continué à dialoguer avec le cinéaste
Image du début du film de Pascal Gélinas …
“LA GENÈSE D’UNE FAMILLE PLANÉTAIRE QUE LA DISTANCE N’ATTEINT PAS”
Laissons le mot de la fin au cinéaste québécoise.
Comment définit-il son film ?
“C’est la genèse d’une famille planétaire que la distance n’atteint pas, un récit rythmé par l’âpreté du travail, le sourire des enfants et le lien avec les ancêtres. Une aventure qui ouvre à largeur d’épaules un chemin entre nos deux hémisphères, à une époque où le développement international est trop souvent remis en question”.
Bref, un film à voir, vous l’aurez compris !
Texte ALBERT WEBER
Photos NICOLE GIGUÈRE, GÉRARD LESQUOY, MONIQUE POURKAT ET ALBERT WEBER
UN FESTIVAL FERTILE EN RENCONTRES ET RETROUVAILLES
Pascal Gélinas et Régis Cunin. Photo Monique Pourkat
Discussion avec des bénévoles du festival ci-dessus et ci-dessous
Échange avec un des jurés, Christian Barbier, agriculteur à la retraite
Rencontres sous le chapiteau entre deux projections. Photo Monique Pourkat
Un sabot lorrain pour le Prix du public. Photo Monique Pourkat
Un original trophée à ramener au Québec. Photo Nicole Giguère
A l’occasion de la 20ème édition du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec organisé au bord du Lac Léman, en Suisse du 3 au 12 juin, coup de projecteur sur un des incontournables pionniers et piliers de cet événement international marqué par la remise de trophées portant son nom.
Place à une rencontre rare, avec un créateur assurément pas comme les autres : le forgeron d’art Guy Bel dont la vie et l’œuvre sont évidemment indissociables de la Forge à Pique-Assaut ouvert en 1977 sur l’Ile d’Orléans.
Guy Bel et Sylvie Lavoie, directrice de la Forge à Pique-Assaut
Attention ! Avant de vous parler de Guy Bel, une précision s’impose : prenez vraiment le temps de lire cet article en ne vous contentant pas de le survoler en jetant un rapide coup d’oeil aux photos signées Manon Gagnon. Car pour comprendre et apprécier la vie et l’œuvre de Guy Bel, il faut prendre tout son temps.
Et si les Trophées Guy Bel sont remis tous les deux ans au dernier soir du festival, c’est qu’ils ont été fabriqués loin de la Suisse, dans la Forge à Pique-Assaut qu’il a ouvert en 1977 avec le soutien de Sylvie Lavoie. Un couple uni par une passion déclinée jour après jour dans une forge qui est bien plus que cela.
Ce lieu regroupe non seulement un atelier mais aussi une collection de pièces et outils anciens ainsi que des créations uniques et contemporaines, sans oublier un centre de documentation et une boutique (meubles exclusifs, chandeliers, accessoires de foyers, quincaillerie, etc).
“BONJOUR MONSIEUR LE FORGERON”
C’est le nom d’une chanson que l’auteur-compositeur-interprète québécois Mario Brassard a composé en hommage à Guy Bel.
“Bonjour Monsieur le Forgeron”, c’est en effet le titre qui figure sur “Droit au Cœur”, le 1er album de l’artiste sorti en 1996. Et il vient d’être mis en images par Manon Gagnon dans un expressif montage de photos signées Philippe Saint-Gelais, extraites du reportage “Le Feu au Cœur” réalisé par Julien Fréchette en mars 2014 pour la Fabrique Culturelle.
Le montage comprend aussi des photos de l’Ile d’Orléans signées Manon-Maude qui replacent la Forge Pique-Assaut dans son environnement naturel. Un montage à découvrir ICI.
A vrai dire, Mario Brassard et Guy Bel ont un sacré point en commun : tous les deux participent au Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec depuis sa première édition ! Une histoire d’amitié entre les deux Québécois et Rico Perriard, président du festival. Lequel explique sur le site du festival :
“Depuis l’édition 2004 du festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, notre comité a voulu récompenser nos artistes par un trophée qui pourrait devenir plus célèbre que les «Oscars»…
Pour réaliser cette œuvre, le festival s’est approché de Guy Bel, sculpteur-forgeron de l’Ile d’Orléans au Québec. Cet artiste présent à notre événement depuis sa naissance en 1996 est donc le concepteur des trophées qui réunit les deux continents sur une portée musicale prise dans l’arc-en-ciel de l’amitié. Cette nouvelle preuve de fraternité entre Québec et Pully-Lavaux méritait bien, dès lors, l’appellation «Guy Bel».
Cet hommage est donc décerné aux meilleurs auteurs-compositeurs-interprètes (féminin et masculin) à la révélation du festival et à l’artiste nommé par le jury. Dès l’année 2008 un 7e prix sera attribué par la Ville de Pully à un artiste ou à un groupe talentueux, convaincant et attachant.
Les récompenses sont accompagnées d’un montant de 1000 francs suisses offert par différents sponsors dont le nom est annoncé lors de la remise des trophées”.
Le temps des chansons sur l’Ile d’Orléans. De gauche à droite Caroline Desbiens, Guy Bel, Rico Perriard, Henri-Paul Bénard (groupe Suroît) et Mario Brassard
GUY BEL, MARIO BRASSARD, RICO PERRIARD : AMICALES PASSERELLES FRANCOPHONES
C’est d’ailleurs durant ce festival que Mario Brassard interprètera en public pour la première fois cette fameuse chanson composée pour Guy !
Il y a décidément bien des passerelles artistiques et amicales entre Guy Bel, Rico Perriard et Mario Brassard, un artiste québécois sans aucun doute trop peu reconnu au Québec alors qu’à chacun de ses concerts en Suisse, il est accueilli à bras ouverts par un public qui connait ses chansons par cœur.
Ayant vécu un tel concert marqué par autant de chaleur humaine, je me demande bien ce qu’attend le Québec pour enfin reconnaître à sa juste valeur un tel auteur-compositeur-interprète. A ce jour Mario Brassard est en effet LE SEUL artiste québécois qui a chanté à TOUTES les éditions du festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec.
“Mario Brassard est un homme modeste, trop modeste certainement. Cette année il réussit à battre tous les records puisqu’il sera couronné champion du monde du Festival Pully Lavaux à l’heure du Québec.
Oui, en effet, c’est le seul artiste qui les aura toutes faites…les éditions du Festival. Il n’en n’a donc raté aucune ce poète généreux, imprégné et talentueux qui chante mieux que quiconque les doux murmures du fleuve Saint-Laurent qu’il affectionne tant, mais aussi les humains, les vrais, les beaux humains, ceux qui ont une grandeur d’âme, et qu’il sait magnifier mieux que quiconque à travers ses textes et ses musiques. Vous ne devez rater sous aucun prétexte les concerts de Mario Brassard, artiste exceptionnel, hors du temps !”
Cea fait grand plaisir de relever – sur le site du festival – une telle présentation à propos d’un “illustre inconnu” dans son propre pays, par ailleurs remarqué à Saint-Pierre et Miquelon par Henri Lafitte dans ses célèbres chroniques insulaires sur le site mathurin.com.
“A LA RECHERCHE D’UN FORGERON D’ART POUR ÊTRE PARTENAIRE”
Et Guy Bel alors ?
Certes, vous avez bien saisi l’importance du Guy Bel dans l’Histoire de ce festival dont il assure la fabrication des trophées comme en témoignent ces photos signées Manon Gagnonet prises mercredi 11 mai à la Forge à Pique Assaut
S’il était important de situer ce forgeron d’art dans un contexte plus large incluant à la fois le chanteur Mario Brassard et le président du festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, il faudrait tout de même préciser quelques points très importants.Avec sa moustache en bataille, et son éternel béret basque, le créateur des Trophées Guy Bel est désormais à la croisée des chemins. Certes, à 80 ans, il continue encore à créer. A répondre à des commandes. Il travaille en ce moment à un portail pour La Seigneurie de l’île d’Orléans.
Mais quel est l’avenir de la Forge à Pique-Assaut ?
“Où trouver la relève?” lance Sylvie Lavoie. “Quand on parle de la relève, c’est qu’on cherche quelqu’un, un forgeron d’art qui est prêt à être partenaire avec tout ce que cela comporte. C’est notre souhait à Guy et moi mais c’est pas facile. Alors en attendant, on tient le phare on continue à répondre aux besoins de notre clientèle à la forge, à la boutique, avec du travail sur mesure”.
“NOTRE DÉFI RELEVÉ DEPUIS 1977 : REDÉCOUVRIR LES TECHNIQUES TRADITIONNELLES DE FORGE ET AUSSI EN VIVRE”
C’est sûr, les années ont passé trop vite depuis que Guy Bel a construit La Forge en 1977 avec une boutique à l’étage.
Dès le début, durant la saison touristique, avec sa femme Sylvie Lavoie, il a accueilli les touristes locaux et étrangers, individuels ou en autocar, et offert des démonstrations de son savoir-faire.
Et durant ces décennies, la recherche des outils anciens dont il avait besoin et dont il rêvait pour aller plus loin dans sa quête de l’excellence aura été constante. Au fil des ans, il achètera notamment trois magnifiques marteaux- pilons centenaires ! Imposants et fonctionnels et bien installés dans la forge, ils impressionnent les visiteurs et font rêver les artisans du métal. Il a redonné vie à une manière de travaillerde en défiant le temps et la technologie
Sylvie Lavoie, collaboratrice et conjointe de Guy Bel, précise avec détermination: “Depuis l’ouverture en 1977, nous avons relevé un défi : redécouvrir les techniques traditionnelles de forge et aussi en vivre !
En 1996, un agrandissement de l’atelier s’imposait afin de pouvoir s’attaquer à des travaux d’envergure. C’est à ce moment que nous sommes devenus membre du réseau Économusée dont la mission rejoint celle que Pique-Assaut s’est donnée : garder vivant ce métier et le faire connaître au grand public. Un centre d’interprétation est venu compléter l’infrastructure culturelle. Une rampe d’escalier forgée, spectaculaire par la technique et l’originalité est le centre de cette exposition conçue et réalisée par Guy”.
Pendant toutes ces années Guy Bel formera à ses frais la main d’œuvre qualifiée (environ une quinzaine en trente ans) dont il a besoin pour réaliser ses contrats : Place Royale, Forteresse de Louisbourg, Fort Lévis etc.
“Y-A-T-IL UN AVENIR POUR CE GENRE D’ENTREPRISE SANS LA VOLONTÉ POLITIQUE DE NOS ÉLUS?”
Vous comprendrez dès lors qu’aujourd’hui plus que jamais la relève est au cœur des préoccupations de Guy Bel et Sylvie Lavoie ! Car aucun des apprentis ou forgerons formés ne pouvait ou ne voulait s’impliquer financièrement ….
D’où leur question des plus urgentes : “En cette ère de mondialisation et de surconsommation, La Forge à Pique Assaut entreprendra sa 40 ème année. Y-a-t-il un avenir pour ce genre d’entreprise sans la volonté politique de nos élus?
Nous recherchons de jeunes partenaires et éventuellement acheteurs. Connaissant la dure réalité du quotidien d’un artisan, nous sommes conscients que ce patrimoine bâti ne peut être acheté par un jeune sans aide financière. Nous nous rendons compte très vite qu’aucun programme d’aide pour les Métiers d’art n’est prévu pour le maintien d’ateliers exceptionnels ou pour la transmission des savoir-faire traditionnels.
Nous perdons deux très bons candidats qui auraient été capables d’assurer la relève. Notre défi alors : sensibiliser et demander de l’aide auprès des organismes qui représentent les artisans et dont nous sommes membre: le Conseil des Métiers d’Art et le Réseau Économusée.
Bien que l’écoute soit bonne, il est clair qu’ils en ont déjà plein les bras avec d’autres dossiers et surtout que sans programme de subvention bien établi, ils n’ont aucun pouvoir. Vient ensuite notre approche auprès des élus : ceux qui ont le pouvoir. D’abord notre député M. Raymond Bernier qui, convaincu du bien-fondé de notre demande fait cheminer notre dossier au bon endroit. En 2011 à la demande de Mme Christine Saint-Pierre, alors Ministre de la Culture, M. François Macerola (directeur général SODEC) vient visiter notre atelier.
Après une rencontre de près de trois heures, il nous confirme son engagement pour nous aider et nous demande de lui envoyer une lettre: enfin une lueur d’espoir. Et puis … deux élections provinciales, deux changements de gouvernements rapprochés, nouvelle direction à la SODEC , et au Conseil des Métiers d’Art et le départ de notre dernier apprenti !
Depuis, nos avons à l’automne dernier acheminé notre dossier à notre député Mme Caroline Simard. Elle est venue dernièrement nous visiter et s’est montrée très sensible et réceptive au problème de la transmission des savoirs-faire et au transfert de notre atelier. A suivre…”
“NOUS AIDER A SAUVER CE PATRIMOINE BÂTI ET ENCORE VIVANT, UN ATTRAIT UNIQUE POUR L’ILE D’ORLÉANS ET LA GRANDE RÉGION DE QUÉBEC”
Membre reconnu du conseil des métiers d’art du Québec, Guy Bel a participé à de nombreux salons à Toronto, Québec, Montréal, etc… Et il travaille tout seul dans l’atelier depuis l’automne 2014 et réalise les contrats variés des clients qui passent à la forge tout en essayant de produire des pièces pour notre boutique.
Et Sylvie Lavoie assure l’accueil 7 jours sur 7 durant la saison touristique depuis trois ans avec toujours la même préoccupation : “Nous sommes toujours à la recherche d’un jeune forgeron talentueux, désireux de louer l’atelier et cherchons céramistes ou autres artisans pour aider à faire vivre les lieux.
Nous avons avisé Carl Éric Guertin, directeur général du Réseau Économusée, de notre intention de quitter le réseau parce que nous n’avons malheureusement plus l’énergie et les moyens de rester membre. Décision déchirante après 17 années d’appartenance, car nous restons convaincus de l’importance de ce réseau et de la mission qu’il poursuit. Nous lui sommes reconnaissants de tous les efforts faits pour nous soutenir puisqu’il ne répond plus à nos attentes, et que nous n’avons malheureusement plus l’énergie et les moyens de rester membre.
Nous sommes convaincus de l’importance et de l’urgence de nous aider à sauver ce Patrimoine Bâti et encore vivant, un attrait unique pour l’île d’Orléans, et la grande région de Québec”.
“A LA FORGE, ON FORGE AUSSI DES CHANSONS”
Il y a 40 ans, Guy Bel, originaire de Lyon, choisissait l’Île d’Orléans comme port d’attache pour réaliser son rêve : “Redécouvrir les techniques traditionnelles de la forge et en vivre”.
Mission accomplie comme le confirme Sylvie Lavoie : “A 80 ans, toujours au marteau et à l’enclume, son plus grand défi est maintenant de conserver et transférer cet atelier exceptionnel qu’il a bâti et les outils centenaires qu’il a restaurés et avec lesquels il travaille toujours ! Ainsi d’autres porteurs de traditions pourront en profiter et garder vivant le plus vieux métier du monde à l’origine des plus grandes avancées technologiques de l’histoire de l’humanité”.
Et Manon Gagnon, créatrice et directrice de Notre Sentier Production & Gestion événementielle, de préciser : “La Forge à Pique-Assaut est un lieu de réalisation, de diffusion et une galerie-boutique. Le travail de plusieurs artistes et artisans professionnels de talent y est mis en valeur : forgeron d’art, vannière, tisserande, céramistes, photographes, verre fusion, artiste-peintre, etc. À la forge, on forge aussi des chansons ! Suivez les activités et événements à venir sous l’égide de Notre Sentier”.
Parmi les nombreuses vidéos de Guy Bel, retenons notamment le superbe entretien sans langue de bois. 14 minutes à cœur ouvert avec un créateur attachant et imaginatif, indépendant et audacieux, sensible à la fameuse relève si indispensable pour que la Forge à Pique-Assaut ne meure pas. Profession Entrepreneur – Guy Bel, La Forge à Pique Assaut
Laissons le mot de la fin au forgeron d’art Guy Bel et Sylvie Lavoie, directrice de la Forge à Pique-Assaut : “Pour terminer et pour bien comprendre notre démarche nous vous invitons à visionner le documentaire de 15 minutes sur Guy Bel et la transmission des savoir-faire traditionnels : Le Feu au Cœur réalisé par Julien Fréchette et diffusé par Canal Savoir : www.ferronnier.ca
SOIRÉE DE CLÔTURE AVEC REMISE DES TROPHÉES GUY BEL PAR LUC PLAMONDON
Photos Albert WEBER
Auteur-compositeur-interprète féminin: Marcie Auteur-compositeur-interprète: Benoît Paradis Trio interprète féminin: Lina Boudreau Interprète masculin: Claud Michaud Prix de la révélation: Alexandre Poulin Prix de la Ville de Pully: Samian Prix de la Ville de Lutry: Salomé Leclerc Prix de la Ville de Paudex: Motel 72
“Armand Geber , chanteur alsacien” : méfiez-vous de cette appellation, car elle est incomplète.
Rencontre avec un drôle d’oiseau. Un artiste aux refrains célébrant son Alsace natale mais aussi des versions alsaciennes de chansons connues et teintées de rock, blues, balades folk, country offerts avec son accent synonyme de fierté.
Et méfiez vous aussi quand vous lisez sur son site ou sur les sites de vente de musique la phrase suivante à propos de son nouveau CD “Blues Musik vum Elsass” : “Armand Geber revisite avec humour et tendresse les grandes et petites chansons qui vous replongeront dans les années 60-70″.
D’accord, c’est en partie vrai car cet artiste navigue depuis pas mal d’années entre scènes régionales et studios d’enregistrement. Mais pas seulement …
AVEC PASSION ET EN TOUTE SUBJECTIVITÉ
Bon, commençons par une mise au point.
Pourquoi parler d’un artiste d’Alsace sur un site nommé planetefrancophone ?
Tout simplement parce que je me suis toujours intéressé aux artistes au répertoire synonyme d’identité, de militantisme, d’engagement artistique et culturel au gré de mes voyages, découvertes et séjours : Ile Maurice, La Réunion, Québec, Acadie, Ontario, Saint-Pierre et Miquelon, Louisiane, etc .
Que ces artistes s’expriment en “français de France” ou dans leur langue régionale n’est pas l’essentiel, car ce qui compte c’est le contenu répertoire, et aussi prises de position et actions qui ponctuent leurs parcours.
Alors revenons enfin à cet auteur-compositeur-interprète dont j’ai bien souvent croisé la route et vu sur des scènes de toutes tailles – des petites salles au Festival Summerlied – comme journaliste aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Et c’est un plaisir que de vous parler de lui sur ce site sans frontières qui met en relief avec passion et en toute subjectivité des créateurs retenant mon attention.
En coulisses au Festival Summerlied
“UN CRÉNEAU ARTISTIQUE SYNONYME DE BONNE HUMEUR”
Dans le paysage musicale d’Alsace, Armand Geber occupe sans doute une place à part. Et voici pas mal de temps qu’il se produit dans diverses formules (solo ou en groupe à géométrie variable), entre chansons de son crû et “détournement” de nombre de grands standards internationaux.
“Elvis Presley, Serge Gainsbourg, Les Beatles, Bob Dylan, etc : en pastichant avec humour refrains français et anglo-saxons, Armand Geber progresse dans un créneau artistique synonyme de bonne humeur. S’y affirme aussi une réjouissante maîtrise des nuances et subtilités de la langue alsacienne : des mots et expressions mis malicieusement au service d’un répertoire à savourer”.
Près de dix ans après cet extrait d’un article parmi d’autres que je lui ai consacré dans les DNA, je dirai qu’Armand Geber est à la fois resté le même, plus que jamais à l’aise dans son registre qui n’engendre pas a mélancolie et en même temps il a affiné ses centres d’intérêt.
Un nouvel album enregistré avec ses trois complices
“BLUES MUSIK VUM ELSASS” ENTRE HUMOUR ET RÉALISME
Après son 1er CD, “La Licorne” sorti en 2010, voici son second opus. Les 12 titres de ce nouvel album “Blues Music vum Elsass” confirment l’évolution d’un artiste qui, sans renier certaines “ficelles” de son succès populaire, s’affirme aussi comme un nouvel observateur de la vie politique, culturelle et sociale de sa région.
Non, pas de panique, le chanteur établi à Marmoutier ne s’est pas transformé en Léo Ferré alsacien ou en François Béranger régional, voire régionaliste.
Si on prend VRAIMENT le temps d’écouter ses textes, il met les pieds dans le plat pour des réalités qui nous concernent tous à un moment où un autre, comme sa chanson “Glab Glab” :
“Ne crois surtout pas tout ce que tu lis en français dans les journaux, que tu entends chanter en anglais par la nouvelle vedette à la mode à la radio, que tu vois à la télé. Ne t’inquiètes pas, tu es manipulé et on se moque de toi toute la journée”.
Autre registre avec “Alsace rebelle” (paroles et musique Armand Geber) … Il y évoque en français et alsacien la fameuse dissolution de l’Alsace dans la région Grand Est : “Que notre Alsace est belle quand elle est en rébellion … elle ne veut pas de cette fusion … “.
Qu’il anime avec ses musiciens une soirée cabaret ponctuée de refrains alsaciens traditionnels comme à Wasselonne ou partage l’affiche avec Christine Fischbach à Marmoutier pour des soirées “Contes et chants alsaciens”, Armand Geber reste fidèle à lui-même : promouvoir la langue alsacienne … Et il célèbre avec entrain le vin d’Alsace sous forme de “Gewürtztraminer blues” et reprend sur fond de rock une chanson traditionnel alsacien repris par Roger Siffer sur un de ses premiers 33 tours.
Armand Geber et ses “Hoselodel”
AVEC L’EFFICACE PLUME D’YVES GRANDIDIER
Sensible à la vie de sa terre natale, Armand Geber n’en est pas moins nourri de chansons d’ailleurs …
A commencer par certains tubes français. Son nouvel album fait la part elle à à une sucette alsacienne (“D’ Schlutzer”) créée par Gainsbourg pour France Gall. Et son “Cookie Dingler Blues” est une adaptation musicale de la “Femme Libérée” écrite par Joëlle Kopf et rendue célèbre par un autre Alsacien.
Et le voilà qui reprend en alsacien et revisite “Sentimental Journey ” immortalisé par tant de voix talents (Platters, Ella Fitzgerald, Franck Sinatra, Amy Winehouse, Glenn Miller, Ringo Starr, Doris Day, Fats Domino, etc) … Juste avant de présenter ses versions alsaciennes de “You rascal you” (“Vieille Canaille”) et “de “Nobody knows you” (“Le millionnaire de Nino Ferrer).
Et il s’amuse également à détourner “Johnny Walker” du chanteur allemand Marius Müller Westerhagen pour un hymne à un célèbre apéritif alsacien dans “ L’Amer seidel .
Coup de chapeau au “Böbe Blues” dont Geber signe la musique sur un texte d’Yves Grandidier : un réaliste reflet d’une vie quotidienne synonyme de mal de vivre de misère :
“Je peux crier tant que je veux, personne ne s’inquiète… je me demande ce que je fais dans l’existence … j’ai le blues de celui dont on n’a rien à faire”. Sur fond de drogue, repli sur soi, bouteilles de plastiques vides…
“JE SUIS ALSACIEN ET M’EXPRIME DANS CETTE LANGUE COMME LE CORSE, LE BRETON OU L’OCCITAN DANS LA SIENNE”
“Un chanteur exotique” c’est ainsi qu’Armand Geber s’était défini, voici dix ans, en octobre 2006, dans un portait paru dans les DNA (Dimanche 15 Octobre 2006).
Et il me confiait : “Je suis Alsacien et je m’exprime dans cette langue, comme le Corse, le Breton ou l’Occitan dans la sienne” avant de me parler de la bonne cinquantaine de chansons françaises et anglo-saxonnes (Elvis Presley, Bob Dylan, Les Beatles, etc) servies “à la mode Geber” en prenant des libertés face au texte original : “Je tiens à une traduction la plus serrée possible au niveau du son »
Aujourd’hui, le chanteur originaire de Saverne a toujours eu envie et besoin de parler et de chanter dans sa langue maternelle.
Et le succès remporté dans sa région et en Allemagne l’incite évidement à continuer à chanter, à composer.
On le retrouve aussi dans diverses aventures artistiques comme cet album de l’association Liedebrunne présidée par Jean-Marie Lorber réunissant des talents d’âges variés tels Esther Hege, Denis Steffen, Jean-Marc Birry, etc. Des extraits des chansons sont à découvrir sur le site de cette association présentant “le catalogue en ligne de la chanson alsacienne”.
VERS MOINS DE REPRISES ET PLUS DE CHANSONS INÉDITES ?
Au terme d’une écoute des plus attentives de ce nouvel album soyons francs : il serait judicieux qu’Armand Geber s’éloigne davantage de ses reprises de tubes français et internationaux pour affirmer un répertoire plus personnel. Disons plus conforme encore à sa personnalité … quitte à travailler plus souvent avec des auteurs comme l’auteur, comédien, metteur en scène Yves Grandidier.
Armand Geber aurait sans doute à gagner en s’inspirant du parcours de Robert-Frank Jacobi, autre auteur-compositeur qui s’est d’abord fait connaître par des reprises réussies (Brel, Moustaki, Brassens, Ferrat, etc) avant de s’affirmer dans son propre répertoire.
Tout en parsemant ses récitals de versions alsaciennes de chansons connues, il devrait s’engager vers une voix plus personnelle.
“Ce lundi 2 mai 2016 , nous aurons une pensée pour notre populaire compatriote Pierre Roselli en fredonnant “Marylou”, le premier grand succès de sa carrière.
Pierre Roselli s’en est allé le 2 mai 1996 , il avait 54 ans.
Aujourd’hui , il est une référence de notre chanson populaire”.
Ces paroles sont signées André-Maurice Maunier, animateur radio et télévision de la Réunion et incontestable spécialiste de la chanson des îles de l’océan Indien depuis nombre d’années.
Hé oui, voici déjà 20 ans que cet auteur-compositeur-interprète réunionnais est décédé à 54 ans, emporté par le cancer.
Extrait du clip “Reste encore”
CHANTEUR, PRODUCTEUR DE TALENTS, ANIMATEUR DE TÉLÉVISION
D’où ce témoignage signé André-Maurice :
“En effet , vingt ans après sa disparition , on remarque que ses ségas comme ses chansons romantiques sont encore d’une étonnante actualité , sans doute parce qu’il avait toujours fait les choses en toute simplicité dans le seul but de distraire , d’amuser ou de séduire lorsqu’il passait au registre sentimental.
La carrière discographique de Pierre Roselli a commencé en 1964 avec la société SOREDISC qui a produit son premier 45 tours «J’aurais pu t’aimer ».
Quatre ans plus tard il est le lauréat d’un concours de chant de l’ORTF “Jeux ,danses et chansons dans votre quartier” et en 1969 , il s’envole pour Paris via le festival de Cannes avec sa chanson “Marylou” qui devient le N°1 des ventes du catalogue Pathé Marconi (Réunion, Maurice , Canada , Japon , Afrique francophone , Nouvelle-Calédonie,etc … ).
En 1977 , il créé le studio Piros à Saint-André où il enregistrera tous ses albums ainsi que ceux de nombreux artistes comme Michou ,Narmine Ducap , Micheline Picot , Christian Baptisto , Max Lauret et aussi des ségatiers de Maurice , Rodrigues , des Seychelles et de Madagascar.
En parallèle , Pierre Roselli a été aussi le producteur et l’animateur de l’émission “Donne a moin la main”, un programme de variétés locales à la télévision entre 1977 et 1979 .
La maladie a emporté Pierre Rosély avant qu’il ne réalise le best-of des succès de sa carrière et c’est son frère Jean-Louis Deny-Rosély qui exécutera sa dernière volonté”.
Pochette du 45 tours sorti chez Pathé avec “Marylou”, un de ses titres les plus connus
“Donne a moin la main” est devenu un classique de la chanson réunionnaise
ENTRE SÉGAS ET CHANSONS D’AMOUR DE “MARYLOU” A “DONNE A MOIN LA MAIN”
A ce texte d’André-Maurice Maunier, j’ajoute qu’avec le temps, l’importance de Pierre Rosely (ou Roselli selon les pochettes de 45 tours, 33 tours et CD) dans la chanson réunionnaise a retrouvé une place des plus méritées. Qu’il ait chanté en français ou en créole, cet artiste a toujours la carte de l’efficacité.
Évidemment, ses fameuses chansons d’amour ont marqué la Réunion comme par exemple “Reste encore” ou bien sûr sa chanson française la plus connue : “Marylou”
Quant à son célèbre séga “Donne a moin la main”, il a été repris par tant d’artistes réunionnais dont Danyel Waro, incontournable ambassadeur du maloya qui l’a, lui aussi, interprété, sous le titre “Donn a mwin la main”
Ce “tube réunionnais” a également repris lors d’une soirée hommage au Théâtre du Tampon en 2012 par une belle brochette d’artistes réunionnais : Dominique Barret, Danyel Waro, Jo Lauret, Max Lauret, Micheline Picot, Jean-Louis Deny, Nicole Dambreville, Laurent Rosely, Chloé Gajan, etc.
Concert hommage au Tampon : le CD vendu par Piros
SUR INTERNET AVEC PIROS
On peut retrouver Pierre Rosely sur nombre de vidéos sur internet dont un best-of de 46 minutes à découvrir ICI
Ce chanteur réunionnais a aussi rendu célèbre le fameux “Lamba blanc” créé par le chanteur malgache de Henri Ratsimbazafy. C’est cette version qui a connu un très gros succès dans tout l’océan indien (Madagascar, Réunion, Maurice).
La mémoire et l’œuvre de ce chanteur réunionnais demeurent vivantes grâce à son frère Jean-Louis Deny, également chanteur : c’est lui qui a pris la relève de la maison de disques PIROS créée par Pierre Rosely.
Pierre Roselli, incontestable vedette populaire réunionnaise
ALBUM, EXPOSITION, BIOGRAPHIE
Laurent Roselli, autre fils, lui rend aussi hommage pour les 20 ans de sa disparition avec un album reprenant plusieurs de ses grands succès.
Comme indiqué dans le Journal de l”Ile de la Réunion (27 mars 2016) cet album est une des facettes des hommages prévus :
“Un spectacle en même temps qu’une exposition sont en préparation à l’initiative du service Patrimoine Culturel de Saint-Denis et plusieurs manifestations auront lieu à partir du 2 mai, explique Bernard Batou.
Le public sera invité d’abord à l’Espace Culturel et Éducatif Pierre Roselli, inauguré en octobre 2012 dans le quartier de la Cressonnière par Éric Fruteau, l’ancien maire de Saint-André. On pourra découvrir, entre autres, sa production discographique et des panneaux d’exposition avec l’évocation de son parcours à travers des articles de presse, des photos de l’album de famille.
Par ailleurs, sa biographie et ses portraits (peintures, coloriages feutres…) sont actuellement réalisés par les jeunes du groupe folklorique Salazel qui présenteront également un spectacle de reprises de ses chansons sous la direction de Gilberte Rougemont. Cette exposition sera ensuite présentée à Stella Matutina, dans la salle de spectacle qui porte aussi le nom de Pierre Roselli”.
Quotidien de la Réunion, 1982 : un de mes articles Pierre Rosely
AVENTURES ET MÉSAVENTURES FACE AU SHOW-BUSINESS FRANÇAIS
Avec le chanteur-violoniste Luc Donat, Pierre Rosely aura été un pionnier de plusieurs générations d’artistes réunionnais venus “tenter leur chance” en France.
Sans trop se faire d’illusions comme évoqué sur le site PIROS :
“1968, se sera l’année de la chance pour Pierre Rosely, car il se retrouvelauréat du concoursradiophonique de l’ORTFdansl’émission « jeux et chanson ». Et, il se voitoffrir un billet Aller/Retourvers la métropole, afinqu’ilpuissetentersa chance dans la chanson.
Et ilraconte : « Je suisallélà-bas, sans les moyens techniques et l’aidelogistiquequel’onpeut disposer aujourd’huiavec le PRMA et l’ODC…. Je ne regretterien car j’ai fait avec conviction cequej’avaisà faire et je penseque le public estconscientqu’àl’époqueoù je défendais la musiqueréunionnaise en Métropole, je me battaisàarmesinégalescontre les concurrents nationaux ».
Rencontré en diverses occasions durant mes années de journalisme à la Réunion, et aussi à l’Ile Maurice en 1980 durant un de ses séjours sur l’île-sœur, Pierre Rosely fait partie des nombreuses personnes évoquées dans mon livre “L’Émigration Réunionnaise en France” (448 pages, 1994, Éditions L’Harmattan).
Dans le chapitre consacré aux réussites et au rêve de “faire carrière en France” de nombre d’artistes réunionnais, il est évidemment question des aventures et mésaventures du créateur de “Marylou” venus e frotter au show-biz parisien . Lire ci-dessous
Née en Alsace, élevée au Québec, en vacances en Floride : elle n’a pas fini de voir du pays, la petite Lorena ! Bien sûr, elle est souvent photographiée par ses parents, un couple d’Alsaciens établis dans la région de Trois-Rivières au Québec.
Mieux, depuis quelques années, elle est également l’incontournable repère de trois livres pour enfants parus dans la collection Jeunesse chez DOM Éditions.
Rencontre avec Martine Haas-Nunge, l’inspirée grand-mère auteure de ces découvertes sans frontières.
“De l’immobilier à l’écriture, pour mes adorables petits-enfants voyageurs, Lorena et Leo-Paul”.
L’immobilier c’est sans doute comme le journalisme ! Ça mène à tout à condition d’en sortir … comme on dit.
D’où cette dédicace au début de “Lorena en Alsace”, à côté d’une carte de France d’où ressortent, en vert, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin. Une phrase qui résume bien l’étonnante histoire de cet agent immobilier établie dans la région de Colmar … devenue auteure de livres pour enfants.
Lorena à New-York
UN COUP DE CŒUR DE L’ÉDITEUR DOMINIQUE TISON
Été 2012, c’est le déclic. Car bien qu’elle séjourne régulièrement au Québec pour revoir ses petits-enfants Lorena et Leo-Paul, Martine Haas-Nunge est désolée désolée de ne pas les voir plus souvent. Lorena a alors trois ans et ses photos laissent pensive sa grand-mère.
Certes, les nouvelles technologies facilitent aujourd’hui les échanges entre les membres d’une même famille qu’un océan sépare, elle restait sur sa faim.
Une grosse faim d’autant plus que les parents de Lorena sont de grands voyageurs comme en témoignent nombre de photos transmises par Martine Hass-Nunge : Boston, Chicago, Mexico, Vancouver, etc. Et aussi Ribeauvillé en Alsace, Miami en Floride et le Québec … D’où ces photos de Lorena illustrant cet article et publiées avec l’accord de ses parents.
Poussée par l’envie d’offrir à sa petite-fille des souvenirs de voyage ne se résumant pas à des photos ou vidéos, l’agent immobilier prend donc sa plume, durant l’été 2012, inspirée par les nombreux voyages internationaux de sa petite-fille.
Et elle rédige le texte de “Lorena en Alsace” qui retient l’attention d’une maison d’édition de Colmar, paru chez Dom Éditions. Assurément un coup de cœur de l’éditeur Dominique Tison revu samedi 16 avril au Salon du Livre de Marlenheim où j’ai fait (enfin) la connaissance de l’auteure dont j’avais entendu parler.
Chaque exemplaire est vendu 5 euros chez l’éditeur
AVEC LA COMPLICITÉ DU DESSINATEUR NICOLAS WILLMANN
Non, ne vous affolez pas ! Ce n’est pas un gros ouvrage indigeste, mais bel et bien un livre pour enfants 18 pages équitablement réparties entre texte et dessin. Un bref texte sur la page de gauche et un dessin d’une pleine page signé Nicolas Willmann.
En effet, c’est Lorena qui raconte l’Alsace à travers divers repères facilement identifiables pour une enfant de trois ans : maisons à colombage, cigognes, châteaux forts, seigneurs et chevaliers, choucroute, sans oublier sa poupée Poupinette portant le costume traditionnel.
Inspirée des voyages de sa petite-fille, Martine Haas-Nunge signe un livre à la fois ludique et pédagogique. Car Lorena en Alsace” raconte une région à travers les mots d’une petite fille.
Ici on va à l’essentiel, à travers le regard d’une enfant curieuse de découvrir son environnement. Le genre de livre que vous lisez à votre enfant en prenant le temps de commenter chaque dessin donnant du relief aux découvertes et commentaires de Lorena.
SCOOTER DES NEIGES, POUTINE, MAGASINAGE ET TIRE D’ÉRABLE
“Lorena en Alsace” a paru durant le 3ème trimestre 2014, en même temps que deux autres livres de la même veine : “Lorena au Québec” et puis “Lorena en Floride”. Toujours avec la même dédicace pour les deux petits-enfants publiée à côté d’une carte du pays ou de la région concernée, avec des dessins du même illustrateur, et surtout dans le respect de l’esprit dans lequel a été rédigé le premier livre de la série.
Scooter des neiges ; plages du fleuve Saint-Laurent (“On dirait une mer tellement c’est grand!” ) ; bateaux pris dans les glaces du fleuve en hiver; sucette de tire d’érable; “magasinage” à Montréal dans les “immeubles très très hauts, avec plein de magasins en sous-sol”; écureuils du Mont-Royal; poutine; autoroute à perte de vue avec ses “immenses camions rutilants et colorés”; caribous …
C’est sans aucun doute le regard synonyme de surprises de la jeune Lorena en vadrouille sur sa terre d’adoption.
Lorena au Québec
LORENA RACONTE, S’ÉMERVEILLE, VA SE SURPRISE EN SURPRISE
Ce genre de livre pour enfants a le mérite d’aller au-delà des habituels clichés, des cartes postales.
Car c’est la jeune Lorena qui – à travers les mots de sa grand-mère – raconte, s’émerveille, va de surprise en surprise sans perdre son âme d’enfant.
Après la terre natale et la terre d’adoption, Lorena découvre la Floride : Miami, plages de sable blanc; châteaux de sable construits avec son père; parc d’attraction avec rencontre des personnages de Disney; crocodiles des Everglades découverts depuis un hydroglisseur; centre spatial Kennedy; piscine et cocotiers; etc.
Cette photo prise à Miami a a été reproduite par le dessinateur dans “Lorena en Floride”
MARTINE HAAS-NUNGE SUR LES PAS DE LORENA A NEW-YORK ET EN MARTINIQUE
Évidemment, Martine Haas-Nunge est bien décidée à continuer cette aventure tant éditoriale que familiale. Après l’Alsace, le Québec et la Floride, Lorena s’en ira découvrir New-York et aussi la Martinique …
Les idées ne manquent pas, et l’auteure est prête à continuer à raconter les voyages de sa petite-fille, avec la complicité de son illustrateur et aussi de l’éditeur Dominique Tison qui se présente à juste titre comme un “révélateur de talents”.
On ne peut que lui souhaiter que cette série de Lorena emprunte une voie synonyme de succès populaire à l’instar de la fameuse collection de Martine publiée par Castermann. Soit plus de 80 livres pour enfants signés Gilbert Delahaye et Marcel Marlier : que de lecteurs depuis le premier tome, “Martine à la ferme” paru en 1954 jusqu’au “Martine et le prince mystérieux” sorti en 2010 : 65 millions d’exemplaires vendus en langue française et 35 millions en langues étrangères, traduites dans une trentaine de langues.
De quoi faire rêver un éditeur audacieux et obstiné comme Dominique Tison, non ? On peut toujours rêver, et en attendant cet éditeur agit quotidiennement, notamment bien présent sur les réseaux sociaux où il a même lancé un groupe publié pour les Amis qui aiment DOM Éditions.
Lorena à Key West, en Floride
Samedi 16 avril 2016, Salon du Livre Alsatique et Jeunesse à Marlenheim. Martine Haas-Nunge kiosque de DOM Éditions
EN ATTENDANT DE RETROUVER “LEO-PAUL A PARIS”
Comme Lorena grandit, sa grand-mère peut évidemment adapter au fur et à mesure des prochaines parutions le ton de sa petite-fille.
Et qu’en pense donc son frère Léo-Paul ? Pas de risque de jalousie … car sa grand-mère travaille sur un “Leo-Paul à Paris” !
Si le lectorat est au rendez-vous, l’inspiration de l’auteure l’est aussi. Aux parents et grands-parents qui ont envie de soutenir ce beau projet de réagir à présent. Comme dirait l’éditeur Dominique Tison, “le livre, c’est un cadeau pour soi ! Et un cadeau d’amour ou d’amitié pour les autres !”.
Alors à vous de jouer … avec Lorena et son regard d’enfant sur ses aventures sans frontières et en famille.
La nouvelle tournée européenne de l’artiste québécoise Dominica Merola débutera à l’Entrepôt, dans le 14ème arrondissement parisien 12 mai 2016 à 21h30, avant plusieurs autres escales en France et Belgique.
Au programme des chansons de son troisième album, “Bohémienne de cœur” offertes en piano-voix.
Mais pas seulement car cette attachante auteure-compositrice-interprète-pianiste née à Montréal, dans une famille artistique, va s’aventurer du côté de l’Afrique.
En effet, durant ce spectacle, l’auteur, compositeur, guitariste, danseur et chanteur, Youssouf Karembe la retrouvera sur scène pour interpréter ensemble plusieurs duos rythmés.
En piste pour de nouvelles sonorités festives où Québec et Mali vont se croiser avec, vers la fin du concert, la complicité du percussionniste Amadaou Daou. De quoi inciter le public à danser et faire la fête, non ?
Dominica Merola et Youssouf Karembe au micro de Jacques Thévenet sur Aligre FM
RENCONTRE AU MICRO D’ALIGRE FM
Cette rencontre entre deux artistes d’univers si différents Est née dans un studio de radio grâce à l’animateur Jacques Thévenet. C’est lui qui les a réunit au micro D’ALIGRE FM, leur tendant ainsi une belle occasion pour se lancer dans une nouvelle expérience.
Pas évident d’écrire un “texte objectif ” sur une artiste que l’on connait depuis plusieurs années et dont on suit régulièrement – et avec intérêt – l’évolution d’une carrière enracinée dans son Québec natal mais aussi du côté de l’Italie de par ses racines familiales.
A vrai dire, l’objectivité n’existe pas dans le journalisme. L’on essaye d’écrire de manière sincère et authentique, en se mettant dans la peau de celui qui va nous lire, pour l’informer et lui partager nos coups de cœur ou nos coups de gueule. Mais comme tout le monde, le journaliste s’exprime en étant, consciemment ou non, influencé par sa culture, son expérience professionnelle et personnelle.
Alors comment réagir face à Dominica Merola ? Entre un article froid et impersonnel et un texte synonyme teintée de douteuses flagorneries, existe sans doute une troisième voie pour vous parler de cette voix qualifiée dans un précédent article d’ “intense et sensuelle, tour à tour douce et puissante”.
Mon ressenti n’a pas bougé au sujet de cette voix. Je dirai même que cette voix a évolué, qu’elle s’est affirmée avec encore davantage de nuances comme en témoigne avec éclat son nouvel album sorti en 2015 : “Bohémienne de cœur”.
Un album synonyme d’intense qualité, avec 11 titres mixés par Toby Gendron. Son nom ne vous dira sans doute pas grand chose : c’est un homme de l’ombre, de studio, qui a travaillé avec tant d’artistes québécoises. De Céline Dion à Éric Lapointe en passant par Jean-Pierre Ferland, Jean Leloup, Luce Dufault ou Marie-Chantal Toupin et … tant d’autres encore …
Au micro de Jacques Thévenet en direct sur Aligre FM
“BOHÉMIENNE DE CŒUR” AVEC SYLVAIN MICHEL, SANDRINE ROY, MARC CHABOT, NELSON MINVILLE, …
Pour l’enregistrement des 11 titres de ce nouveau CD, elle s’est entourée d’une poignée de paroliers parmi les plus inspirés de la chanson québécoise : Sandrine Roy, Marc Chabot, Nelson Minville, Mala Barbulescu, etc.
En somme un album original à tous les sens du terme, avec des musiques composées par la chantese Dominica Merola … avec pour quatre titres l’efficace complicité du réalisateur Sylvain Michel, par ailleurs également guitariste, bassiste, batteur et co-arrangeur avec Dominica de l’opus sorti chez A l’infini.
Le répertoire de Dominica explore avec passion tant de facettes de la vie amoureuse, qu’elle soit synonyme de coup de foudre ou de coup de tonnerre.
Ici, le sentiment amoureux est décliné sous diverses facettes, enrichi par nombre de thèmes qui nous concernent tous inévitablement, entre l’urgence de vivre, le temps qui s’enfuit, l’envie d’être heureux tout simplement.
“Broder du bonheur, Dessiner un rire Courir dans la neige, Caresser le temps Déjouer les heures, S’armer d’un sourire Éviter les pièges, Toucher le printemps”
Et c’est avec entrain que Dominica Merola “chante les mots, la vie” , titre d’une des chansons (paroles de Marc Chabit) majeures de cet album.
Plus loin elle se glisse avec conviction dans la peau d’une femme-passion dans un sacré tango enrichi d’accents jazzy : “Ciao-ciao, c’est une version moderne et ironique des adieux d’une femme jalouse : “Ne me joue pas les larmes” comme précise Martine Girard (A l’Infini Communication).
Pause-photo durant l’enregistrement de l’album
FRANCE, SUISSE, BELGIQUE, ACADIE : CONVAINCANTE “BOHÉMIENNE DE CŒUR”
L’expression “Bohémienne de Cœur” colle avec justesse au destin de cette chanteuse québécoise.
Une artiste dont j’ai plus d’une fois – entre Québec, Acadie, France et Belgique – apprécié autant l’aisance scénique et vocale que les réactions du public visiblement conquis par un répertoire entre chanson française et airs classiques.
Son parcours est suivi de près divers professionnels québécois, dont Jean V. Valiquet, lauréat en juin 2014 de la deuxième édition du prix Christopher-J.Reed.
D’où cette photo de Dominica Merola en compagnie de son éditeur : un des repères majeurs de l’industrie musicale québécoise, fondateur le 10 août 1982 de la maison d’éditions Groupe Éditorial Musinfo Inc.
Lauréat du 2ème Prix Christopher J. Reed, Jehan V. Valiquet en (très) bonne compagnie avec de gauche à droite Valérie Lahaie, Anne Bisson, Laura Gagné (nouvelle signature), Annie Poulain, Marie-Michèle Desrosiers, Diane « Shamane » Tremblay, Gaële et Dominica Merola (Photo David Laplante)
DU BOZAR de BRUXELLES A L’ENTREPÔT DE PARIS VIA QUÉBEC
Me reviennent notamment en mémoire son inoubliable concert en décembre 2013 au prestigieux Palais des Beaux Arts (Bozar) à Bruxelles, seule au piano face à un public des plus attentifs.
Et aussi la trop courte prestation offerte en février 2016, au Fou-Bar dans la ville de Québec, lors du lancement officiel de Notre Sentier (production et gestion événementielle) créée par Manon Gagnon.
Alors là se pose l’inévitable interrogation : comment vous donner envie de retrouver, à Paris, Dominica Merola dans son nouveau spectacle “Bohémienne de cœur” ?
A l’Entrepôt, elle mettra en relief un répertoire essentiellement de chansons originales dont elle a composé la musique : D’ici et de là-bas, Ciao, ciao, Bella mia, Jusqu’au bout, Je reviendrai, etc.
S’y grefferont divers grands airs connus offerts avec “la touche Merola” … dont “Le Petit bonheur” cher à Félix Leclerc, “Une femme avec toi” immortalisé par Nicole Croisille, “Hallelujah” de l’incontournable Léonard Cohen, et la liste n’est évidemment pas exhaustive.
A retrouver à l’Entrepôt à Paris et ailleurs en France et Belgique
“J’AI FAIT DU PASSÉ MON PRÉSENT AVEC L’AV’NIR POUR SEULE ÉTOILE”
Pas étonnant que Dominica Merola soit surnommée au Québec “L’Appassionata” (la passionnée), titre de son précédent album. Assurément un album-charnière dans sa carrière … mais aussi et surtout dans sa manière d’affirmer haut et fort sa double culture.
Une évidence et une fierté évoquée avec bonheur sur les mots en français de la parolière Sandrine Roy dans “D’ici et de là-bas »: “De la Toscane au Saint-Laurent/ Et de Rome jusqu’à Montréal/ J’ai fait du passé mon présent/Avec l’av’nir pour seule étoile”.
Alors si vous êtes sensible aux artistes fiers de leur double culture, aux créateurs audacieux qui aiment s’aventurer vers des voix/voies nouvelles (comme à l’Entrepôt avec Youssouf Karembe et Amadou Daou), si vous voulez retrouver une ambiance québécoise au coeur de Paris, … vous savez ce qui vous reste à faire.
J’y serai … et vous ?
18 février 2016, avant le lancement de Notre Sentier au Fou-Bar dans le cadre de la Bourse Rideau. Deux heures de chanson francophone avec 7 artistes proposant chacun trois chansons de son choix face à un auditoire des plus attentifs : Jean-François Lambert Perso, Monique Désy Proulx, Micheline Bouzigon, Philippe Noireaut, Myreille Bédard, Claude Vallières, Ginette Paradis et Dominica Merola.
“NATURELLE, GÉNÉREUSE ET DÉBORDANTE DE JOIE QU’ELLE SAIT SI BIEN PROPAGER AUTOUR D’ELLE”
Un dernier argument pour vous convaincre ?
Bon, alors laissons le mot de conclusion à une passionnée de chanson française et francophone, Manon Gagnon (Notre Sentier) :
“Entendant des mots élogieux en faveur de l’artiste Dominica Merola, je me suis laissée guider par mon intuition et mon infatigable curiosité.
Après plus de 300 km, j’ai été séduite non seulement par le talent de l’artiste d’une grande authenticité, de passion et de sensibilité mais aussi par la personne naturelle, généreuse et débordante de joie qu’elle sait si bien propager autour d’elle.
J’ai constaté depuis que Dominica et son conjoint n’hésitent pas à soutenir les artistes dans leurs démarches par leurs présences à aux lancements et aux concerts. Un exemple à suivre.
N’hésitez pas, tout comme moi, à faire quelques kilomètres ou stations de métro pour vous offrir une soirée enrichissante d’émotions, de plaisir et d’amitiés en chansons.
Il y a aura même des Québécois qui feront plus de 7000 km pour être présents, ce n’est pas rien !”.
L’impressionnante liste des festivals annulés en France cette année a été partagéE de nombreuses fois, suite à sa publication sur ma page Facebook. Et c’est pas fini…
Sans me complaire dans la diffusion de telles infos, il faut tout de même être réaliste : ça ne s’arrange pas en France, et ce qui se passe chez nos voisins suisses et québécois est tout aussi inquiétant. Dernier exemple en provenance de la Suisse …
“Ce weekend, nous avons du prendre une importante décision !
Malgré toutes les tentatives jusqu’au dernier moment, nous ne sommes pas parvenus à réunir le minimum de fonds nécessaires pour assurer au minimum les cachets et la technique.
Nous avons déjà personnellement beaucoup investi ces trois dernières années et nous ne pouvons plus subvenir et assurer le manque à gagner.
Cette semaine encore, deux de nos principaux sponsors nous ont informé avec regret mais de manière nette que cette année ils ne pouvaient nous aider….
“CULTURE : LA POLITIQUE DES PAILLETTES”
La Culture Suisse et Valaisanne se globalise. Depuis quelques années, on constate une nette diminution des aides à la culture et spécialement à la diffusion de la musique dite à tort populaire.
Les subventions allouées sont en majorité absorbées par des évènements sans âmes, loin de l’approche locale des petits festivals.
Ces petits festivals locaux qui souvent mettent l’accent sur la qualité et la nouveauté de la programmation et cherchent à impliquer au maximum l’humain et leur environnement.
Que des sponsors privés recherchent un retour sur investissement en ayant une bonne visibilité nous comprenons mais que des institutions de fond publics ou gouvernementaux subventionnent des grosses machines pour pouvoir dire qu’ils y sont… ce n’est pas normal.
Leur mission est l’encouragement à la création, à la production et la diffusion de la culture.
“LA CULTURE EST UN MOYEN DE RÉUNION, DE COHÉSION ET DE FORMATION DE LA POPULATION”
Par ces temps perturbés, où la personne s’isole de plus en plus, la culture est un moyen de réunion, de cohésion et de formation de la population.
C’est avec tristesse que l’on voit s’envoler une année de travail mais nous sommes contraints d’annuler le festival 2016.
A vous tous qui nous avez fait confiance, qui avez cru en notre beau projet, nous ne pouvons que vous remercier de nous avoir donné des moment d’espérance en un beau festival et nous vous assurons que nous ne vous oublions pas et qu’on se retrouvera
Le festival 2016 est mort !
Vive le festival 2017 ?”.
AUCUN FESTIVAL N’EST PLUS A L’ABRI
Un mot en guise de conclusion : il est tout à fait évident que la motivation d’une poignée de bénévoles est bien faible face aux réalités économiques.
Aucun festival, même s’il s’inscrit dans une (très) longue histoire, n’est plus à l’abri du danger suscité par une baisse de subventions et d’abandon de sponsors.
Un exemple parmi tant d’autres : la fin du Festival Alors Chante ! à Montauban et sa renaissance ailleurs en ce mois de mai. En effet, comme annoncé sur son site Alors CHANTE ! fête sa 30ème édition, et sa 1ère édition à Castelsarrasin du 2 au 7 Mai 2016.
Selon les organisateurs c’est “un nouveau départ avec un nouveau public, des lieux inédits et une formule enrichie qui porte toujours la même ambition : défendre la diversité et la créativité des musiques francophones”.
Pour un exemple de “renaissance”, combien de disparitions définitives ?
Et encore dans le cas de Alors Chante ! se pose la question du passif financier de 2015… à régler.
Partout s’allument des clignotants rouges en France et dans l’espace francophone comme la disparition du festival ChanteauFête au Québec au bout de 15 éditions.
En Suisse, la Médaille d’Or de la Chanson organisée à Saignelégier, a elle aussi, été confrontée à une baisse de budget en 2016.
Mais l’édition 2016 a tout de même eu lieu, notamment marquée par la remise d’argent aux lauréats : 1500 francs suisses au groupe Boule; 1 200 francs suisses au groupe Danny Buckton Trio et 900 francs suisses au groupe Makja. Plus 150 francs suisses aux trois autres finalistes non classés dans le peloton de tête : Fabien Boeuf, Laurence-Anne et Les Fils du Facteur.
Le fait que de telles sommes d’argent (plus prises en charge du transport) soit en jeu n’est peut-être pas étranger à l’affluence de candidatures encore envoyées cette année au comité organisateur présidé par Fabrice Gélin. Soit une centaine de demandes pour 15 artistes et groupes retenus au final …
Reste désormais à prévoir le déroulement de la 50ème édition prévue fin avril 2017 à Saignelégier. Une date anniversaire pour cet événement né voici un demi-siècle sur la base de revendications politiques et linguistiques.
Il est tout de même incroyable que face au rouleau compresseur de la culture internationale, les pouvoirs publics (France, Suisse, Québec, etc) agissent de plus en plus de la sorte face aux festivals ayant (encore) une âme.
CharlElie Couture revient chez nos disquaires avec un album (CD, vinyl, etc.) le 29 avril 2016 ! Ça s’appelle « Lafayette » pour cause d’enregistrement en Louisiane.
Dans ce petit bout des États-Unis où, bon an mal an, survit une jolie petite pousse de la langue française, non pas noyée dans un univers américain, mais en parfaite harmonie harmonie avec la langue anglaise et la culture “pop- rock-folk-blues”, que CharlElie Couture parvient, avec talent, à nous faire partager.
“On va déconner” promet l’une des chansons de l’album. Promesse tenue au moins dans le clip une autre chanson, “Debout dans la boue” filmée en décors naturels de bayous plein… de boue et de faux airs de J.J. Cale., d’autant que, si CharlElie la chante en Français, il en lâche de temps à autre le refrain en Anglais, et ça “sonne bien” : “stucked in the mud”…
UNE SORTE D’OVNI MAGNIFIQUE DANS LA GALAXIE FRANCOPHONE
Toutefois, l’artiste n’a visiblement pas fait que déconner dans cette affaire.
Outre le titre ci-dessus évoqué, un autre est sorti en single (in french dans le texte…) mi-février, diffusé sur France-Inter et d’ores et déjà disponible sur le web. “Un jour les anges” n’est qu’un étalage de talents, de sérieux et de travail de l’auteur, de son guitariste et d’une flopée de musiciens.
Elles témoignent du travail de l’artiste et du plaisir que lui et quelques autres se sont donnés pour sortir cet album, sorte d’OVNI magnifique dans la galaxie francophone. Rien qu’à eux deux, ces deux micro-documentaires vous offrent un bon quart d’heure de vrai bonheur !
“DOCKSIDE STUDIO”, UN LIEU MYTHIQUE DE LA MUSIQUE AMÉRICAINE
Déjà, le décor. Rien que ça. Ça à l’air d’une grosse grange dans un grand parc, mais c’est le “Dockside Studio”, à Maurice, Louisiane. Pas trop loin de Lafayette, au milieu des bayous.
“Dockside Studio” est un lieu mythique de la musique américaine où quelques-uns des plus illustres ont immortalisé leur talent : B.B. King, Levon Helm (le batteur-chanteur de The Band), Mark Knopfler, guitariste étincelant de Dire Straits, Scarlett Johansson, chanteuse autant que comédienne, et bien d’autres…
Alors qu’est-ce que c’est que ce Lorrain qui vient chanter là, en français ? Je ne sais pas si c’est le premier “frenchie” à enregistrer là, mais pour sûr, ce n’est pas le premier francophone. Ce petit coin de Louisiane fourmille de musiciens de tout poil et beaucoup d’entre eux popularisent le “zydeco” , la musique cajun, à travers tous les États-Unis.
Avec Louis Michot, des Lost Bayou Ramblers
EN STUDIO AVEC LES LOST BAYOU RAMBLERS …
C’est dans ce vivier que CharleElie Couture a choisi la plupart de ses compères pour cet album, à l’exception de son guitariste de (presque) toujours, Karim Attoumane venu avec lui.
On aperçoit ainsi ainsi au fil des images du Dockside Studio, des habitués des lieux comme les frères Michot, Louis et André, de Lost Bayou Ramblers : un groupe mêlant hardiment la musique cajun à la country, au rockabilly et au rock punk, appréciés dans toute l’Amérique du Nord, francophone ou non, et qui feraient gigoter pas mal de monde dans les festivals français s’ils avaient la bonne idée de traverser l’Atlantique.
Charlélie Couture trouve d’ailleurs que les Lost Bayou Ramblers mériteraient à être bien plus connus en France. Je suis certain qu’ils sauraient mettre en branle des salles entières de “debouts” que ce soit indoor ou outdoor dans des festivals d’été par exemple. Leur Cajun Rock énergique et inventif est à l’image du renouveau de la culture acadienne ».
C’est avec eux qu’il est sur scène, le 21 avril, pour le grand concert d’ouverture du Festival international de Lousiane qui se tient chaque année à Lafayette.
Avec Zachary Richard
… ET ZACHARY RICHARD
Il y a d ‘autres musiciens du cru, comme ceux de cet autre groupe Feufollet (en un seul mot) qui a reçu en 2011 un Grammy Award pour “le meilleur album de musique zydeco ou cajun” avec leur disque “En Couleurs”. Ils se sont déjà produits en France avec succès à Saulieu en 2010, et seraient bien inspirés de revenir.
Un chanteur cajun plus illustre a également prêté sa voix (et son humour) à l’enregistrement de l’album, Zachary Richard. Et puis, pêle-mêle, Josh Leblanc (trompette), Nick Stephan (saxo), Storie Gonsoulin (washboard), qui avoue ne pas parler beaucoup le français, mais qui trouve l’expression “va doucement” tellement plus savoureuse que “take it easy”…
Et puis, il y a encore une foule d’autres (je n’ai pas tous les noms, mais ils figureront sur l’album, vous verrez…
“JONCTION ENTRE POÉSIE EN FRANÇAIS ET POÉSIE EN ANGLAIS”
Mais, comme le chantait Michel Fugain il y a fort longtemps “tous les Acadiens, toutes les Acadiennes, vont chanter, vont danser sous le violon, sont américains, elles sont américaines, la faute à qui donc, la faute à Napoléon” .
Francophones à de degrés divers ou pas du tout, tous sont américains et ils ont une conception plutôt… cool de leur identité cajun.
C’est peut-être ce qui a attiré CharlElie Couture dans cette Louisiane des bayous, plus authentique et en tout cas moins touristique que La Nouvelle-Orléans, estime-t-il dans l’une des vidéos.
Natif de Lorraine mais ayant passé son enfance au États-Unis, il parle aussi l’anglais, langue qu’il utilise aussi pour chanter sur ce nouvel album “avec autant de respect que j’en ai pour la langue française”.
“J’ai toujours espéré trouver une jonction entre une poésie en français et une poésie en anglais . Sur ce disque-là, c’est simplement presque naturel”, raconte-t-il plus loin.
Pendant les enregistrements, tous passaient d’une langue à l’autre, sans problème, “ça switchait”…
“J’entends souvent des jeunes groupes qui défendent l’anglais contre le français. Moi, je ne pense pas qu’il y ait d’opposition. Et c’est pour ça que je me sens si bien en Louisiane parce que ici, il n’y a pas de combat, en fait. Enfin, si, il y en a un, de toujours, mais ce n’est pas présenté sous la forme du combat en tant que tel. C’est fait sur une espèce de promiscuité”.
Jérôme Daquin, ancien journaliste au Quotidien de La Réunion, à l’Agence France-Presse et désormais indépendant, est devenu animateur d’ateliers d’écriture dans la région lyonnaise au sein de “Poussée d’écrits”», structure créée en avril 2013 après une formation à ce métier dispensée par l’Université Louis-Lumière (Lyon 2).
Fort de ses liens tissés au Québec, dans l’Océan Indien, en Afrique et dans le Maghreb, il a animé en 2014 et 2015 un “atelier d’écriture francophone mondialisé”, premier du genre sur internet, par le biais du blog Poussée d’écrits .
Cet atelier était destiné à faire écrire ensemble des francophones issus de différentes parties du monde, que le français soit leur langue maternelle ou langue acquise.
Des plumes françaises, québécoises, louisianaises, congolaises, algériennes s’y sont mêlées… avec un certain succès. Une nouvelle formule de cet atelier, plus pratique et plus accessible, est actuellement en cours de construction, en vue d’un démarrage à l’automne 2016.
Bon, asseyez-vous tranquillement et attachez votre ceinture, car le décollage est imminent pour l’aéroport de Pointe-à-Pitre.
De là nous rejoindrons la gare maritime pour nous rendre en bateau à Marie Galante. L’idéal, ce serait d’être sur place au plus tard le 13 mai, pour le début de la 17ème édition de Terre de Blues.
Le festival s’y déroulera jusqu’au 16 mai entre grande scène et scène parvis de l’Habitation Murat (photo ci-dessus) sans oublier la scène off de la gare maritime et la place de l’église à Grand-Bourg. Explications.
S’il est vrai que le titre de Laurent Voulzy a contribué à faire connaître Marie Galante, ne réduisons surtout pas cette île antillaise à une citation dans une chanson à succès !
Au-delà de la carte postale, une île authentique à découvrir loin du tourisme de masse
13 AU 16 MAI : PRES DE 15 000 FESTIVALIERS ATTENDUS
Hé oui, chaque année, en mai, l’île de Marie-Galante vit au rythme de son Festival International de musique. Un événement pas seulement enraciné dans le blues …
Il ne faudrait surtout pas réduire cette île des Antilles françaises de l’archipel de Guadeloupe à une simple citation dans la célèbre chanson de Laurent Voulzy
C’est évident, il s’agit et bien de l’un des évènements culturels majeurs de la Caraïbe, et il attire de plus en plus de monde au fil des éditions, autant des amateurs de musique que des amoureux d’une île authentique dont la vie quotidienne n’est pas bousculée par d’incessants groupes de touristes en quête d’exotisme tropical.
D’où l’intérêt de ce festival pour lequel sont attendus cette année près de 15 000 personnes selon les organisateurs. Il est vrai que ce festival s’est affirmé, au fil des éditions, comme un incontestable atout pour faire mieux connaître les 158 km2 de “l’île aux cent moulins”, dans l’archipel des Antilles, à 30 km au sud-est des côtes de la Guadeloupe.
Écomusée de Marie Galante, l’Habitat Murat accueille la grande scène et la scène parvis du festivalHabitation Roussel-Trianon : une des escales marie-galantaises de la Route de l’Esclavage de la Guadeloupe
Un des haut-lieux de l’Histoire de l’esclavage de Marie Galante : la Mare au punch
COMMUNAUTÉ DE COMMUNES – OFFICE DE TOURISME : MOBILISATION
L’histoire débute en l’an 2000. Cette année-là, Pierre-Edouard Decimus, fondateur de Kassav’, et Eddy Compper, décident avec Harry Selbonne, alors président de la Communauté de communes de Marie-Galante, de monter le festival.
Et on a tenu à y préserver l’idée première du festival. C’est-à-dire relier les trois Saint-Louis : Saint Louis, célèbre fief du blues aux Etats-Unis dans les années 1930, Saint Louis du Sénégal, symbole d’une ascendance africaine, et Saint Louis de Marie-Galante, terre créole.
Une île à découvrir loin des flots de touristes en quête d’exotisme tropical
POINTURES INTERNATIONALES ET ARTISTES RÉGIONAUX
Et voilà comment, à 7000km de Paris, “la galette” – autre nom souvent donné à Marie Galante – devient durant quelques jours en mai un carrefour international de musiciens du monde entier.
Les affiches mises en évidence dans la vaste salle d’attente de la gare maritime de Marie Galante en témoigne : depuis ses débuts, le festival a reçu de sacrées pointures internationales – Alpha Blondy, Johnny Clegg, Manu Dibango, Salif Keita ou Keziah Jones, etc. – en plus de nombreux artistes des Antilles,et plus globalement des Caraïbes.
D’année en année, Terre de blues bénéficie d’une belle couverture médiatique, grâce à la presse antillaise et de toute la région caribéenne, sans oublier les articles de divers envoyés spéciaux (L’Humanité ; Le Figaro ; Ouest-France ; mondomix.com, etc.) . A découvrir dans les références du texte consacrée au festival par Wikipédia : à lire ici.
L’AUTHENTICITÉ ÉPARGNÉE PAR LE TOURISME DE MASSE
Ce festival permet à Marie-Galante de sortir de son relatif isolement et de aussi de stimuler divers piliers de son économie locale grâce à la présence de tous ces festivaliers. Une belle aubaine pour l’ile qui continue cependant à jouer à fond la carte de l’authenticité tout en étant encore épargnée par le tourisme de masse.
Une des conséquences de ce festival, c’est de faire doubler temporairement la population Marie-Galante qui compte environ 11 000 habitants.
De quoi susciter d’incontestables (et temporaires) répercussions sur tant d’aspects de la vie locale : hôtellerie, restauration, commerce, location de voiture, … et la liste est loin d’être exhaustive.
La canne, longtemps repère majeur de l’économie de Marie Galante
VALENTIN ZODROS, PARRAIN DU FESTIVAL DE “L’ILE AUX 100 MOULINS”
Rappelons que Marie Galante comptait en 1946, 30 000 habitants. L’ile a été très marquée par l’exode massif de ses jeunes vers la grand île de Guadeloupe et aussi vers l’Hexagone. De quoi faire chuter vertigineusement la démographie ! Une chute de la population liée à la lente et inexorable agonie de l’économie sucrière.
C’est d’ailleurs de cette culture de la canne, que l’île a hésité de son fameux surnom : l’île aux 100 moulins. Hé oui, on y comptait en 1818 un peu plus d’une centaine, qui permettaient de broyer la canne. Le jus qui en était tiré était transformé en sucre et en rhum.
Ces moulins étaient originellement actionnés par des bœufs : on en rencontre encore beaucoup de nos jours et il n’est pas surprenant de trouver des panneaux de signalisation attestant de leur présence parfois inattendue.
Aujourd’hui plus que jamais, l’histoire et la vie de Marie Galante sont enracinés dans l’histoire de la canne. Pas étonnant donc que la 17e édition du festival met en relief « le patrimoine vivant de la culture guadeloupéenne en célébrant « la vwa chari », les chants de labours qui accompagnent les récoltes de canne de l’île ».
A noter que le parrain de Terre de Blues 2016 est “une figure charismatique des ainés de Marie-Galante, Valentin Zodros : un agriculteur qui perpétue la tradition du chant de labour. Actif, il contribue à faire vivre cette part du patrimoine immatérielle vivant qu’est « La vwa Chari”.
Le bœuf, incontournable dans la vie quotidienne de Marie Galante
“LA VWA CHARI”, LES CHANTS DE LABOURS ACCOMPAGNANT LES RÉCOLTÉS DE CANNE DE L’ÎLE
Bon, et le programme 20216 me direz-vous ?
Venu à plusieurs reprises couvert ce festival, le journaliste Victor Haché explique dans le quotidien L’Humanité (édition du 18-19-20 mars) qu’il s’agit d’une « Une programmation qui fera le lien entre les Antilles, l’Afrique et les États-Unis avec la présence sur la grande scène de l’Habitation Murat de nombreux artistes, dont le chanteur congolais Lokua Kanza, les jamaïquains Beres Hammond et Konshens, le trio féminin martiniquais Elle & Elles, le groupe de la Dominique Exile One ou les musiciens guadeloupéens K’Koustik et Mado-Ladrezeau ».
Autre coup de projecteur, et non des moindres mis en évidence dans cet article de L’Humanité, Terre de Blues est un « un festival qui a dû “trouver un financement pérenne (auprès de la région, à hauteur de 300 000 euros – NDLR) à l’heure où les fonds européens n’assurent plus la promotion des territoires”.
Ce constat doublé d’un regret est signé Maryze Etzol, maire de Grand-Bourg et présidente du festival. Elle est aussi présidente de la communauté de communes de Marie Galante … qui fut la première structure intercommunale de ce genre créée dans l’outre-mer français !
A vrai dire, selon le site Études Caribéennes à Marie-Galante, “la coopération intercommunale a débuté au milieu des années 1960 sous une forme syndicale ; il s’agissait alors d’une association de services, née de l’initiative de quelques élus, ayant pour but d’électrifier les communes membres. L’unité communale étant un périmètre trop exigu, particulièrement lorsqu’il fallut doter les communes des services et des équipements nécessaires au bien-être des administrés (formation, santé, environnement, assainissement, adduction d’eau, voirie, etc.), un Syndicat Intercommunal à Vocation Unique (SIVU) fut créé en 1965, et se transforma en Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple (SIVOM) en 1966, puis en communauté de communes en 1994. L’objectif final étant la mise en place d’une vraie politique d’aménagement de l’espace”.
Reste une évidence ; en jouant, lui aussi, la carte de l’intercommunalité, le festival s’affirme comme un incontournable repère d’une île attachante. Car au-delà des aspects strictement artistiques et culturelles, Terre de Blues s’affirme aujourd’hui plus que jamais comme un événement majeur, avec une arrivée temporaire de festivaliers susceptibles de venir autant d’ambassadeurs de Marie Galante.
Merci à Gérard Davigny et Jean-Michel Poulier pour nos échanges sur Terre de Blues et Marie Galante
Ce logo du festival est utilisé pour les supports de communication du festival Terre de Blues. Il représente le contour de l’île avec une fleur de canne à sucre en haut à droite
“Je suis curieux, il y a combien de signataires par rapport à la population ? En tout cas c’est dommage car ce bâtiment donne de bons résultats comme lieu de spectacle. Chez nous à Tadoussac grâce à l’église notre festival a pris un nouvel essor. A moyen et long terme c’est une mauvaise décision, les églises ont besoin de se trouver d’autres usages pour justifier le coût élevé de leurs entretiens”.
Un des efficaces bastions de la promotion de la chanson francophone au Québec
29 juin 2013 : Laurence Jalbert entourée par près de 300 enfants qui viennent de reprendre en choeur ses chansons, en l’église de Cloridorme !
Signé Charles Breton, Directeur général du Festival de la chanson de Tadoussac, ce commentaire relevé sur la page Facebook en dit long sur le débat suscité par une surprenante pétition. Explications
Je regrette vivement cette tournure des événements survenue au Village en chanson de Petite-Vallée.
En effet, la direction du Festival de Petite-Vallée confrontée à une pétition, vient en effet de publier ce jeudi 14 avril 2016 le communiqué de presse suivant.
“PAS DE GAITÉ DE CŒUR …”
“Suite à la pétition s’opposant à notre projet d’aménagement de l’église de Cloridorme comme lieu servant à la fois au culte et à la diffusion dans le cadre du Festival en chanson, le conseil d’administration et la direction du Village en chanson de Petite-Vallée ont dû prendre la décision de ne pas y présenter de spectacles pour cette année.
Nous remercions M. Pierre-Paul Côté, président de la Fabrique de Cloridorme pour son ouverture d’esprit et son appui, M. Jacques Pelletier, curé, pour son accompagnement, ainsi que les autres membres du conseil de fabrique pour leur collaboration au cours des 14 dernières années.
Merci également au conseil municipal pour l’appui démontré à l’égard de nos projets et de notre événement.
Ce n’est pas de gaité de cœur que la décision fut rendue. Elle fut toutefois nécessaire dans le contexte actuel où nous devons ouvrir notre billetterie le 26 avril prochain. Nous souhaitons continuer à organiser un événement festif, rassembleur, et se déroulant dans l’harmonie.
Le lieu de présentation des grands spectacles pour 2016 sera annoncé au cours de la prochaine semaine.
Merci de votre bonne compréhension”.
Direction du festival ; bâtiment des bureaux d’Alan Côté et Marc-Antoine DufresneUn festival enraciné dans la vie (parfois tragique) de la Gaspésie
“IMAGINEZ SI ON ÉTAIT CAPABLE…”
L’église de Cloridorme aménagée temporairement en salle de concert – comme celle de Tadoussac par exemple – a toujours été un incontestable atout pour ce festival synonyme de vitalité, de dynamisme, de fierté aussi d’une région de Gaspésie si éloignée des grandes villes québécoises.
Comme indiqué à juste titre sur son site : “Œuvrant dans les milieux culturels, touristiques et sociaux, le Village en chanson de Petite-Vallée est une entreprise d’économie sociale et un moteur économique essentiel pour sa région”.
Cette décision a suscité nombre de commentaires sur la Page FB du Village en chanson de Petite- Vallée…
A lire aussi le billet d’humeur paru sur la page Facebook de Marc-Antoine Dufresne, adjoint à la direction artistique et aux communications du Village en chanson de Petite-Vallée :
“Imaginez si on était capable de vivre tous ensemble, en harmonie, dans nos beaux petits villages du littoral nord gaspésien.
Imaginez si l’ouverture d’esprit était l’apanage de tous.
Imaginez si les frontières séparant nos communautés n’existaient pas. Que la concertation et l’entraide étaient maîtres d’œuvre de tous les projets inimaginables portés par les gens d’ici.
Imaginez, si tous ensemble, on était capables de faire en sorte que dans 20 ans, nos beaux milieux de vie soient encore en santé et vibrants d’un certain dynamisme.
Me semble que ce serait plaisant. Mais… ce ne sont pas les voisins qui pourront nous aider à réaliser ces vœux pieux. Dormez là-dessus”.
De tout cœur avec vous, les amis, Lâchez pas la patate !
Un des nombreux concerts organisés en l’église de Cloridorme : l’inoubliable soirée des 12 Hommes Rapaillés réunissant le 1er juillet 2012 quelques-unes des voix majeures de la chanson québécoise. C’était pour les 30 ans du festival.
Site enchanteur pour festival militant pour la chanson francophone …
Imaginez près de deux heures de spectacle mené tambour battant devant un enthousiaste public de près de 300 personnes, toutes générations confondues, pour un concert de l’énergique, exubérant et déjanté Mr Bretzel …
Quelques indications de Jean-Baptiste Mersiol avant le début de la soirée qui sera enregistrée par trois caméras en vue d’un DVD
Oui, mission accomplie pour l’auto-proclamée star « alsaco-mondiale » qui a mis ce samedi 9 avril le feu à la salle des fêtes de Wilwisheim en Alsace.
Avec son humour potache, ses jeux de mots à deux sous, ses gros mots qui font évidemment rire les enfants, ses surprenants sketchs , l’infatigable Mr Bretzel s’en donne visiblement à cœur joie.
Bienvenue à Capitaine Flamm’s !
Entrée en scène remarquée de Gérard l’Alsacien !
AVEC CAPITAINE FLAMM’S, MALIK, 4DREAM ET GERARD L’ALSACIEN
De quoi faire penser au fameux Didier Super dont il a d’ailleurs déjà assuré la première partie.
Samedi soir à Wilwisheim, la première partie était assurée par le duo féminin 4Dream composé de Wendy et Karen. Avec leurs voix à la fois douces et intense reprenant notamment des standards anglo-saxons, elles ont relevé avec brio leur défi : faire patienter la salle et mettre de l’ambiance en attendant le “héros du jour”.
1ère partie assurée par Karen et Wendy, alias le duo 4DREAM
Nouvelle version de l’éternelle rivalité entre Bas-Rhinois et Haut-Rhinois avec les déjantés Mr Bretzel et Gérard l’Alsacien
Avec le bassiste Malik
En plus de ces deux jeunes invitées, la soirée aura été marquée par plusieurs autres participations : le bassiste Malik, Capitaine Flamm’s (héros de la tarte flambée) et Gérard l’Alsacien qui fait le buzz avec ses vidéos déjantées sur internet.
Ce dernier d’origine haut-rhinoise s’est d’ailleurs offert une partie de ping-pong verbal avec le Bas-Rhinois Mr Bretzel : de quoi réjouir la salle conquise par le ton décalé de ce concert filmé par trois caméras, en vue d’un DVD.
Sacrée bête de scène, très à l’aise dans son personnage à la fois provocateur et bon enfant de Mr Bretzel, Jean-Baptiste Mersiol parle et chante, danse et bondit aussi, lance une vanne, fait semblant de s’en offusquer, s’inquiète de tomber sur un répondeur téléphonique quand il appelle les pompiers en urgence.
Dur dur de tomber sur le répondeur des pompiers quand on leur téléphone en urgence !
Un artiste très à l’aise sur scène !
DES BEATLES AUX STONES VIA HERVÉ VILLARD, SHEILA ET JORDI
Évidemment le public en redemande, et Mr Bretzel ne se fait pas prier.
Il disparaît quelques secondes et le voici de retour, portant une perruque pour reprendre un tube de Lady Gaga … alias Lady Gras Gras … voire même Lady Cra Cra avec son accent à couper au couteau.
Lady Gaga transformée en Lady Gras Gras, voire Lady Cra Cra avec l’accent de Mr Bretzel
Personnes sensibles et prudes s’abstenir !
Tout au long du concert, il détourne avec humour nombre de chansons connues, espérant devenir « Le Richard Anthony du 21ème siècle » à force de reprendre des versions françaises de tubes anglais, et l’inverse aussi quand il massacre allègrement Hervé Villard ou Sheila dans la langue de Shakespeare.
Après les Beatles et les Stones dont il revisite des tubes dans une version très « bretzeliene » avc bruitages en prime, l’artiste propose aussi ses propres succès : « Sale radar », » Les zoiseaux font cui-cui » et évidemment « Chuis alsacien man » qui a retenu l’attention de nombreux internautes.
Il s’aventure aussi du côté des comptines pour enfants transformant notamment « La Mère Michèle » en « Mère Muller », efficacement secondée par Karen, du duo féminin 4Dreams. Et pour finir, c’est sur « Dur dur d’être imbibé » qu’il termine, allongé sur la scène, bien loin du tube de Jordi « Dur dur d’être un bébé ».
Version alsacienne de “La Mère Michèle” devenue “la Mère Muller” avec la complicité de Karen, du duo féminin 4DREAM
Dernière chanson : “Dur dur d’être imbibé” … délirant clin d’oeil au tube de Jordi (“Dur dur d’être un bébé”)
Mention spéciale pour son escapade du côté de la musique classique, notamment des Quatre saisons de Vivaldi et du Boléro de Ravel, qu’il revisite avec entrain sur des sons samplés. De quoi susciter de vifs applaudissements … juste avant que Mr Bretzel ne se risque dans le moonwalk cher à Michael Jackson …
Version samplé et très “bretzelienne” du Boléro de Ravel
REDOUTABLE TRUBLION A L’ÉVIDENT FRANC-PARLER
Reste au final de cette joyeuse soirée aux nombreuses surprises le souvenir d’un artiste totalement à part.
Car si Mr Bretzel s’affirme comme un redoutable trublion à l’évident franc-parler, sa démarche rappelle avec force celle de son créateur, l’auteur-compositeur-interprète Jean-Baptiste Mersiol, que les amateurs de chanson française seraient bien inspirés à découvrir dans son propre répertoire.
C’est sûr, ce samedi soir dans la salle des fêtes bondée de Wilwisheim – village situé à 35 km de Strasbourg par l’Autoroute de l’Est -, Mersiol s’est fait plaisir sans retenue … et il a fait plaisir au public en se glissant dans la peau de la fameuse « star alsaco-mondiale ».
Nous voici bien loin des textes et des musiques de celui qui est AUSSI un auteur-compositeur-interprète des plus créatifs de la scène régionale. Et un fan averti de de Léo Ferré auquel il a consacré, voici plusieurs années, un album avec la complicité de nombreux talents d’Alsace.
Karen en Wendy, alias le duo féminin 4DREAM
Du côté de la technique quelques minutes après l’enregistrement du DVD par trois caméras ..
DVD A L’HORIZON
Soutenu par SNIP Media Production, ce spectacle était offert au public avec entrée gratuite.
Il résulte d’une longue et efficace complicité de JB Mersiol avec la chanteuse Sarah Eddy qui l’a mis en scène … et qui l’a écrit et composé avec Thierry Roehrig, Paul Glaser, Huguette Dreikhaus et Thierry Brenner.
Si vous avez raté cette soirée joyeuse et déjantée, pas de soucis. Je vous préviendrai de la sortie du DVD. En attendant, vous pouvez retrouver Mr Bretzel dans nombre de vidéos à ne surtout pas prendre au premier degré !
Ce soir-là ils ont bravé l’hiver, le verglas, le froid. Ils ont délaissé le petit écran et la légitime envie de demeurer chez soi, bien au chaud.
Pourquoi diable sont-ils venus à un concert privé mettant en valeur Moran, assurément un des artistes majeurs de la chanson québécoise, et cependant encore un illustre inconnu en France ?
Sans doute parce qu’ils font totalement confiance à Luc et Sylvie Renaud, organisateurs de la 5ème soirée « Chansons en chaussons » accueillie mardi 8 mars 2016 dans la véranda de leur grande maison. Retour sur une soirée québécoise assurément fertile en (belles) surprises.
Beaucourt sous la neige : ça n’a pas découragé le public du 5ème concert “Chansons en chaussons” …
Cette confiance, elle est d’autant plus légitime que Luc et Sylvie Renaud occupent une place tout à fait à part dans l’histoire artistique et culturelle de Beaucourt. A l’automne 2016 va débuter la 40ème saison de la Maison Pour Tous dirigée par Luc depuis ses débuts !
Installée dans le Foyer Georges Brassens, la Maison pour Tous de la Ville de Beaucourt offre non seulement un vaste choix d’activités d’animations, d’ateliers et de stages à pratiquer : chanson, voix, photo, menuiserie, couture, voyages, théâtre, yoga, etc.
En effet, elle propose aussi une véritable saison culturelle, en organisant des spectacles, des concerts et des expositions tout au long de l’année. Et ce n’est pas tout puisque ce couple d’enseignants désormais retraités s’est aussi lancé dans une autre aventure : organiser des concerts chez eux dans leur vaste véranda !
Quelques minutes avant le concert, Moran vient de confier sa guitare à une spectatrice visiblement ravie de ce geste
5ème “Chansons en chaussons” chez Luc et Sylvie Renaud
Alors quand Luc et Sylvie Renaud ont battu le rappel pour le concert de Moran accompagné par Thomas Carbou, les réponses ne se sont pas fait attendre. Et même si quelques-uns se sont désistés au dernier moment vu la météo peu propice à sortir, le couple aura tout de même réuni une quarantaine de personnes chez eux. Et AUCUNE d’entre elles n’avait jamais entendu parler de Moran !
Le principe de la soirée, c’est de laisser ses chaussures dans le couloir, de mettre ses chaussons et de s’installer au gré de son envie sous l’accueillante véranda aux nombreuses chaises.
En guise de mot de bienvenue, avant de présenter les deux artistes québécois, Luc Renaud a annoncé la prochaine soirée “Chansons en chaussons” prévue le 22 juin avec Éric Frasiak. Il a aussi évoqué le concert des sœurs Boulay à la Maison pour Tous le 7 octobre.
Vu leur succès lors d’une précédente soirée sous la véranda, les deux artistes de Gaspésie ont retenu l’attention du comité de programmation de la MPT. Un comité des plus sollicités car les lieux proposant des artistes français et francophones de talent mais peu connus du grand public ne sont (hélas) pas légion. Et la sélection est rude quand il s’agit de préparer la programmation de la nouvelle saison : en l’occurrence celle de 2016-2017 qui marquera aussi les 40 ans de présidence de Luc Renaud.
Chansons du nouvel album “Le silence des chiens”
Et Moran alors ? Il lui fallu quelques petites minutes… soit une seule chanson pour mettre le public dans sa poche. C’est avec “Charbon” qu’a débuté ce concert d’une heure et 45 minutes sans interruption.
Et sans inutile présentation entre chaque chanson, sans baratin racoleur pour séduire le public. Juste des chansons, ici et là quelques mots, histoire d’aérer un peu l’enchainement des titres puisés dans les quatre albums de l’artiste. Et notamment du “Silence des chiens”, disponible seulement à compter du 16 avril au Québec mais .. déjà en vente chez Luc et Sylvie Renaud, à la grande satisfaction de nombre de spectateurs qui l’ont acheté en fin de soirée : un CD de 13 titres conçus et réalisés par Jean-François Moran (guitares acoustiques et électriques, voix) et l’imaginatif créateur de sons et d’ambiances Thomas Carbou (guitares à cordes, acoustiques et életriques, claviers et programmation, percussions et voix).
“Le silence des chiens”, titre phare du nouvel opus, aura été la deuxième chanson de la soirée, juste avant “Caféine”. A vrai dire, il ne faut surtout pas se fier à la liste de chansons déposée par terre, car cette liste n’est pas vraiment respectée ! Et pour cause car le public en chaussons s’est immédiatement rendu compte de la fraternelle complicité entre Moran et Thomas Carbou, décontracté magicien du son, guitariste hors pair et seconde voix. Une voix aérienne, envoutante qui colore avec justesse et douceur les chansons de Moran.
Thomas Carbou : décontracté magicien du son
Il suffit d’un signe, d’un geste, d’un mot de Moran pour que les deux compères embarquent aussitôt et sans la moindre hésitation pour une nouvelle « toune » comme on dit au Québec.
D’où un univers synonyme de sérénité, de détente, d’intensité aussi dans les paroles d’une poésie à fleur de peau, une lucidité dans le clair-obscur des sentiments mis en relief, entre déchirures et espoirs. Avec un son créé par Thomas qui enrobe avec brio et sans emphase les mots.
Ces mots, Moran les offre avec retenue, d’une voix posée et grave. Il les dit, les chante, les murmure, les chuchote aussi, d’une voix déterminée. D’où un univers singulier qui s’apprécie phrase après phrase, et note après note.
Et quand Thomas s’envole – grâce à l’ordinateur posé à sa gauche – dans une ambiance planante à souhait, le timbre de voix voix de Moran s’impose avec une force tranquille.
Outre ses propres chansons puisées dans les albums précédents et aussi dans le nouveau CD bientôt disponible au Québec, Moran s’est aussi fait plaisir – et a fait plaisir au public – en reprenant deux titres.
D’abord “Osez Joséphine” d’Alain Bashung … Et de raconter en quelques mots qu’il a appris son décès lors d’une tournée en Bretagne avec Thomas Carbou. Autre titre : “Est-ce ainsi que les hommes vivent ?”, le poème de Louis Aragon mis en musique par Léo Ferré.
Léo dont Moran a chanté toute une série de titres lors d’un récent concert organisé par Radio-Canada.
Léo dont Moran demeure un inconditionnel averti… Sans aucun doute à des années-lumière de Thomas Dutronc dont il n’a pas, mais alors pas du tout, apprécié la “reprise” de la chanson immortalisée par Ferré… comme confié avec humour au public de Beaucourt.
Luc Renaud est l’organisateur du concert privé avec sa femme Sylvie (qui n’aime pas être photographiée)
Après Geneviève Morissette et avant Eric Frasiak
Après le précédent « Chansons en chaussons » consacré le 10 décembre à un autre talent québécois (Geneviève Morissette), Luc et Sylvie Renaud ne peuvent que se féliciter d’une telle soirée à leur domicile. Une formule des plus efficaces à Beaucourt, mais hélas encore trop balbutiante, au Québec où il n’est pas courant – loin de là ! – à venir au domicile d’inconnus avec ses chaussons pour écouter un artiste tout aussi inconnu !
A l’heure où les soirées sous l’égide de l’association Chant ‘Appart présidée par Christian Gervais sont synonymes de qualité artistique et d’affluence dans des lieux forts variés, les amoureux de la chanson française au Québec seraient bien avisés d’être un peu plus audacieux en la matière, non ?
Reste une évidence soulignée par Luc Renaud en fin de concert : il a en effet invité les personnes présentes à manifester leur soutien à Moran et Thomas Carbou en demandant à la Maison pour Tous de les programmer sur la grande scène.
Après le concert terminé en beauté avec “Chez toi”, un des titres du nouvel album, la soirée a permis à Moran et Thomas Carbou de dialoguer avec les spectateurs. De savourer des amuse-gueules, tartes et autres préparations sucrées et salées, de vendre des albums évidemment.
Tournée en France et en Suisse : 17 concerts en 19 jours
Notons que ce concert a domicile s’inscrit dans une tournée effectuée en France et en Suisse du 2 au 21 mars, » Soit 17 concerts en 19 jours ! Et vous avez de la chance ce soir, car hier c’était une journée de repos » a lancé avec humour Moran en cours de soirée.
Coup de chapeau aux maîtres d’œuvre de cette tournée mise sur pied par le Suisse Ulrich Schuwey (PAS MAL BIEN ) et Annie Le Roux via son agence française Bleu Blanc, Lys née “d’un attachement profond pour le Québec mais également d’un constat : donner les moyens aux artistes québécois francophones de pouvoir venir présenter leurs spectacles outre-Atlantique via un intermédiaire remplissant toutes les conditions techniques et professionnelles ».
Donc mission accomplie pour Luc et Sylvie Renaud : assurément un couple d’infatigables militants de cette fameuse et indispensable chanson française de proximité qui a incité, en février 2016, la Québécoise Manon Gagnon à lancer (enfin) sa propre structure de gestion artistes : Notre Sentier (Production et Gestion Evénementielle, également titre de la première chanson de Félix Leclerc.
Un sentier sur lequel Moran avance pas à pas, sans brûler les étapes, sans esbroufe et avec une superbe mise en valeur de la langue française. Il est également très appréciable qu’il ait conservé toute sa personnalité d’auteur-compositeur-interprète à l’instar de Catherine Major – sa femme et la mère de ses enfants !
Couple dans la vie, les deux artistes s’offrent de belles passerelles en collaborant ici et là, au gré de l’inspiration et des demandes de chacun d’eux.
Moran a signé plusieurs textes du superbe album de Catherine Major, dont “La maison du monde”, le titre-phare. Mais pas question pour eux de se couler dans un même moule, voire de concevoir leur cheminement artistique comme une aventure désormais commune. Une sage décision, pleine de bon sens et de synonymes de cheminements artistiques assumés en parallèle.
De quoi réjouir les amateurs de chansons québécoises qui ont du sens, des textes forts, des mélodies ciselées avec soin et débarrassées de l’obsession du tube consensuel.
Site du chanteur, guitariste, compositeur et arrangeur Thomas Carbou ICI
Nouveau site de la Maison pour Tous, de Beaucourt, désormais couramment appelée LA MAISON ICI
“Le silence des chiens”, nouveau CD de Moran en vente à Beaucourt AVANT le Québec !Venus avec leur propre sono, Jean-François Moran et Thomas Carbou ont installé “la scène” dans la véranda, conseillés par Luc et Sylvie Renaud
Il y a 99 ans, le 7 mars 1917, un disque 78 tours du groupe « Original Dixieland Jass Band » est mis sur le marché par la « Victor Talking Machine Company ».
Ce 78 tours sera considéré comme le premier disque de jazz. Dans ce début de 20ème siècle, la société américaine est dominée par une ségrégation raciale dont les répercutions n’épargnent pas la musique : parmi les cinq musiciens qui enregistrent ce premier disque de jazz, on ne trouve aucun Noir.
L’histoire commence à Chicago, le 26 février 1917, dans les studios du label « Victor Talking Machine Company ». L’orchestre « Original Dixieland Jass Band » (ou « Original Dixieland Jazz Band »), composé de cinq musiciens — cornettiste, clarinettiste, pianiste, batteur, tromboniste — bouleverse le monde de la musique en enregistrant le premier disque de jazz.
Il s’agit d’un 78 tours avec deux morceaux : « Livery Stable Blues » et « Dixie Jass Band One Step ».
Le 7 mars 1917, il y a 99 ans, ce premier disque de jazz est mis sur le marché et remporte un certain succès — un million et demi d’exemplaires vendus — même si les puristes jugent ce « jazz plutôt ordinaire, pour ne pas dire médiocre, comparé à celui des grands jazzmen noirs de l’époque ».
À l’origine de cet « enregistrement historique » de 1917, cinq musiciens de la Nouvelle Orléans — et, ironie de l’histoire, tous blancs… — : Nick La Rocca (cornet), Larry Shields (clarinette), Eddie Edwards (trombone), Henry Ragas (piano) et Tony Sbarbaro (batterie).
Le durcissement des lois « Jim Crow » sur la ségrégation raciale en Louisiane, dans les années 1890, agira comme un frein sur le développement du jazz : « Les musiciens professionnels de couleur ne furent plus autorisés à se produire en compagnie de musiciens blancs ».
On situe généralement l’apparition du jazz — musique issue de la culture afro-américaine et de l’esclavage — précisément à La Nouvelle-Orléans dans le delta du Mississippi, à la fin du 19ème siècle ou au début 20ème siècle selon les sources.
Si l’« Original Dixieland Jazz Band » est resté gravé dans l’histoire du jazz pour les raisons que l’on connaît, en revanche, par la suite, l’orchestre ne connaîtra plus de véritable succès et disparaitra en 1925, dissout par Nick La Rocca, frappé par une profonde dépression.
Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître à l’« Original Dixieland Jazz Band » d’avoir largement contribué à populariser le mot « jazz » dès 1917.
7 Lames la Mer
“Livery Stable Blues” (partition de 1917 de Alcide Nunez and Ray Lopez) : un des deux morceaux du premier disque de jazz. Le dessin est particulièrement représentatif des stéréotypes racistes de l’époque.
Leur site sans langue de bois est consacré aux « réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde » et partenaire de www.planetefrancophone.fr
Ce site sans langue de bois, consacré aux “réalités émergentes de la Réunion, de l’Océan Indien et du Monde”, est partenaire de www.planetefrancophone.fr
Le 21 février 1999 est un jour sombre dans l’histoire de l’île Maurice.
Au petit matin de ce « bloody Sunday », Kaya est retrouvé mort au fond de sa cellule, le crâne ouvert… 17 ans après, l’inventeur du seggae est devenu la figure emblématique d’un combat qui se poursuit pour plus de justice et de paix au sein de la société mauricienne.
Un documentaire de Michel Vuillermet, réalisé en 1992, retrace le parcours hors norme de Joseph Réginald Topize, alias Kaya.
« Ratsitatane avait les armes. Moi, j’ai des mots, j’ai la musique ». Celui qui parle ainsi est considéré comme l’inventeur du seggae. Le Mauricien Kaya (en hommage à l’album de Bob Marley), de son nom Joseph Réginald Topize, est mort à 39 ans, il y a 17 ans, dans les geôles mauriciennes, en 1999.
Au petit matin du dimanche 21 février, il est retrouvé au fond de sa cellule, baignant dans son sang, le crâne ouvert.
La tête contre les murs…
Quelques jours auparavant, il avait été arrêté pour avoir fumé de la marijuana sur scène, lors d’un concert organisé en faveur de la dépénalisation du cannabis.
Les circonstances de sa mort restent troubles : décès provoqué par une fracture du crâne selon les sources officielles qui affirment alors qu’il se serait blessé ainsi en se tapant la tête contre les murs parce qu’il était « en manque ».
Photo : ilemauricekaya.free.fr
Une bande dessinée sanglante
Libération avait titré à l’époque : « Kaya mort, Maurice à vif ». Lors de ce terrible épisode, l’île Maurice connaît de violentes émeutes : pillages, incendies, routes coupées, au moins cinq morts…
Percy Yip Tong, ami et producteur de Kaya, déclara le jour de son enterrement : « C’est le bal des hypocrites, une bande dessinée sanglante ».
Photo : ilemauricekaya.free.fr
Ce petit rasta à la voix et au toucher de guitare magiques…
Le Créole Kaya et son groupe « Racine Tatane » prônaient une société dé-communalisée et cristallisaient un nouvel élan pour une conscience nationale mauricienne.
Dans une île Maurice en proie aux tensions entre communautés, la popularité de Kaya et son engagement contre les inégalités sociales ont scellé son tragique destin.
Percy Yip Tong résume le talent de Kaya par ce souvenir, lors de la première rencontre : « Une pièce minuscule, dix rastas entassés, un son crade et des instruments pourris, mais quel rythme ! C’était nouveau, ça vous tapait dans les reins, et puis il y avait ce petit rasta à la voix et au toucher de guitare magiques… » (Source : jahmusic.net)
Stature et barbe imposantes, voix tour à tour percutante et intimiste : Jean Michel Piton a fait salle comble ce vendredi 27 mars 2015 au Forum Léo Ferré.
En route pour un voyage à la fois tendre et réaliste au cœur de l’œuvre de Bernard Dimey : assurément une grand première au sens fort du terme …. avec cette création enracinée dans les mots du poète de Montmartre célébré avec une savoureuse gourmandise.
Pas de temps mort pour “L’homme de la manche”, attachant “divertissement poétique” où le chanteur-comédien s’en donne à cœur joie en se glissant dans la peau de Dimey.
D’où une série de textes connus ou non, offerts avec un évident plaisir par un artiste aux yeux brillants de bonheur ..
… et avec l’efficace complicité de la pianiste Nathalie Fortin et de l’accordéoniste Bertrand Lemarchand, ancien complice d’Allain Leprest. Deux discrets musiciens dont la présence enrobe à merveille les textes de Dimey et la voix de Piton dans un registre à vraiment vous donner la chair de poule.
Car dès les premiers mots, Piton met l’assistance dans sa poche, bien avant de s’emparer d’un livre de Dimey dont il reprend quelques savoureuse citations qui font réagir la salle …
… et bien avant l’apparition d’une bouteille; fraternel clin d’œil à celui qui a raconté avec talent et jouissance l’ivresse et les ivrognes, mais aussi les destins saccagés par les coups durs de la vie.
INTENSE GESTUELLE ET EXPRESSIVE INTONATION
Et c’est dans l’évocation de ces existences meurtries, et si souvent raccrochées au passé enjolivé et aux souvenirs sans cesse rabâchés (avec ou sans képi de légionnaire) que Piton émeut sans mièvrerie et avec conviction.
Ici pas de concert au sens strict du terme mais une plongée aux accents réalistes dans le destin d’un créateur qui aura toujours parlé, agi, vécu en homme libre.
Et ce vendredi soir face à un public tour à tour attentif et enthousiaste en fin de spectacle, Jean-Michel Piton a visé dans le mille.
Il EST Dimey, tant par son intense gestuelle que son expressive intonation, son évidente aisance scénique et sa maîtrise sans failles d’un texte parlé, murmuré, chanté aussi.
“JE VAIS M’ENVOLER” EN RAP !
Piton-Fortin-Lemarchand : un trio magique qui colore les textes de Dimey avec une approche originale, respectueuse du texte original évidemment et cependant teintée de surprises, comme “Je vais m’envoler” offert aux accents d’un rap (mais oui !).
Ici et là des notes jazzy viennent se glisser dans un spectacle où l’intense regard de Jean-Michel Piton apporte un incontestable plus.
Espérons que “L’homme de la manche” – création accueillie avec enthousiasme par Gilles Tcherniak au Forum Léo Ferré – bénéficiera d’autres représentations à Paris et en province.
Voire d’un enregistrement audio-visuel. Franchement Dimey méritait une telle initiative. Et Piton AUSSI. Je rêve d’un CD-DVD reprenant ce percutant et émouvant “Homme de la manche”.
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
ARTICLES ET VIDÉOS SUR JEAN-MICHEL PITON SUR LE SITE NOTRE SENTIER PRODUCTION : CLIQUEZ ICI
Début mars 2015 sera enfin disponible -L’Eden est un bazar”, 3ème enregistrement de l’auteur-compositrice-interprète interprète Janie Renée. Rencontre avec une attachante artiste franco-ontarienne à la fois fragile et sûre d’elle, aux textes inspirés mis en valeur par des mélodies inédites enracinées dans sa passion du jazz, mais pas que …
Oui, après le CD Les Valises (12 chansons originales) lancé en Octobre 2012, puis le single “Comme un Blues Tattoo” sorti en janvier 2015, Janie Renée se lance dans une nouvelle aventure qui n’est pas seulement artistique.
LE DÉFI DES PRODUCTIONS DE L’INCONVENTIONNELLE
Premier constat : il en faut du courage, de l’audace, de la persévérance pour s’aventurer dans un registre synonyme d’exigence. S’il est vrai que la musique nourrit Janie Renée depuis son enfance, pas évident du tout de s’affirmer en Ontario, voire au-delà dans le jazz francophone.
Mais il n’y a pas là de quoi la décourager, et c’est sous son label des Productions de l’Inconventionnelle/ Les Disques Mme – qu’elle a sorti ses trois opus bénéficiant de la distribution de l’APCM : l‘Association des professionnels de la chanson et de la musique, une des structures majeures de la chanson francophone en Ontario.
Et je dirai même vitale pour les talents francophones de cette vaste province du Canada (deux fois la France! ) ne demandant qu’à s’épanouir. D’où ce qualificatif de “fragile” employé à dessein, car Janie Renée a évidemment pris elle-même les choses en main pour créer et s’affirmer.
Son entreprise Les Productions de l’Inconventionnelle figure parmi la dizaine d’entreprises franco-ontaroises mobilisées autour de l’IPIMFO : l’Initiative de promotion internationale de la musique francophone de l’Ontario dont les initiatives ont constitué un des temps forts du récent Contact Ontarois accueilli par Ottawa du 13 au 16 janvier 2016.
Ces repères me semblaient importants à évoquer, pour bien situer le contexte dans lequel évolue cette artiste francophone dans une province canadienne à majorité anglophone. Il aurait été évidemment bien plus facile pour sa carrière de “chanter en anglais” en reprenant les incontournables standards.
“LA VÉRITÉ, C’EST QUE J’ÉCRIS DES CHANSONS DEPUIS MON ENFANCE”
Mais voilà, Janie Renée Myner (qui a retenu ses deux prénoms en guise de pseudonyme) est têtue et chante en français ses propres chansons. Allez savoir pourquoi se compliquer ainsi la vie ! Assurément une question d’identité franco-ontarienne, d’amour pour la langue française tout simplement.
Une langue qui l’incite aux confidences suivantes : “Telle une alchimiste, je concocte des potions multiples, tirées de mon quotidien, de mes mémoires et de ma vie. La vérité, c’est que j’écris des chansons depuis mon enfance. En plus de saupoudrer d’humour les situations loufoques dont je suis témoin, je traduis mes humeurs, mes pensées et je les accompagne de musique. J’affectionne particulièrement le blues et le jazz. Alors ne vous surprenez pas de lire ou d’écouter des textes mordants, parfois comiques, parfois sérieux– ce sont toutes des facettes de moi”.
Janie Renée n’est ni Québécoise ni Acadienne, que ce soit bien clair. Et elle revendique haut et fort ses origines : “Je tient mes racines de l’Est-Ontarien, plus précisément de St-Eugène, un petit coin de l’Ontario français qui vivote allègrement, loin des pressions des villes et qui résonne toujours au diapason de la terre et des saisons”.
Sa trajectoire artistique, elle la place résolument hors des autoroutes rectilignes et des recettes à appliquer à tout prix. Chez elle, un évident besoin d’authenticité va de pair avec l’envie de chanter la vie, les petits soucis, les déchirures (“Loin de toi, loin de moi”, les situations qui prêtent à sourire, les comportements qui donnent à réfléchir aussi.
Car au-delà des mots qui font mouche, comme ses délirantes “Mémés Versace”, elle sait s’y prendre pour émouvoir et faire rire.
D’où ces 12 chansons dont elle a signé tous les textes et la majorité des musiques aussi, exception faite de “L’embuscade” (avec Didier Lozano); “Ma biguine” (avec Ronald Tulle). Et Léo Laroche qui cosigne le texte de “La semeuse d’histoires”.
Quand on prend vraiment le temps d’écouter “L’Eden est un bazar”, on est agréablement surpris tant par le fond que la forme. A commencer par le soin apporté à l’enregistrement. S’il est vrai que les arrangements des cuivres signés Mark Ferguson occupent une place essentielle sur cet opus, Janie Renée s’est entourée d’une sacrée brochette de musiciens.
Leur nombre et leur diversité témoignent du défi relevé par cet album aux multiples sonorités : guitares (Louis Trudel); contrebasse (Jean-François Martel); batterie (Magella Cormier” ); percussions (Joanna Peters); piano (Michel Ferrari); trombone (Mark Ferguson); trompette (Nicholas Dyson); saxo et clarinette (Mike Tremblay).
C’est dans la chanson “D’Adam et d’Eve” qu”il faut déceler l’origine du titre de l’album : l’artiste est bien décidée à “rester Eve” dans ce texte aux accents oniriques, où “le piège, c’est le refus de garder les yeux clos”. Donc “L’Eden est un bazar” avec ses sous-entendus, ses situations vécues en songe, ses “jeux d’ombres” et ses “fresques de vertu”.
Certaines chansons pourraient tout à fait inspirer un clip des plus expressif, comme “La goguette du Chat Noir”, “Le diner solitaire” ou bien “Les Mémés Versace” , ces “vieilles greluches en mission”qui ont passé l’âge des diètes” décrites de manière très expressive sur un rythme de tango.
ENTRE CHANSON, JAZZ, SAMBA, BIGUINE … ET TANGO
Pas étonnant donc qu’elle qualifie de “jazz hybride” le registre dans lequel elle s’épanouit.
Remarquée en juin 2014 au Festival en chanson de Petite-Vallée alors qu’elle participait aux Rencontres qui chantent, Janie Renée se situe vraiment à part dans la chanson franco-ontarienne.
Et impossible de l’enfermer dans un seul registre : un des atouts de cet opus, c’est justement de ne pas s’en tenir au jazz, mais se laisser porter aussi par d’autres couleurs musicales. Et de s’aventurer aussi notamment du côté de la samba et des rythmes antillais avec “Ma biguine” et “Don Quichotte”. Sans parler du dernier titre, ” Tout Simplement” : un duo avec le chanteur-musicien martiniquais Tony Chasseur .
Surprenante escapade ?
Pas vraiment puisque Janie Renée a effectué en Martinique une résidence d’artiste axée sur la polyrythmie avec deux maitres percussionnistes, en septembre et octobre 2015. D’où plusieurs concerts donnés dans ce département français d’outre-mer, avant de séjourner à Paris dans le cadre du MAMA (Marché des musiques actuelles) avec la délégation de l’IPIMFO.
Ces dernières années, elle a ainsi participé à diverses délégations de l’IPIMFO, loin de son Ontario natal, dont le Womex (World Music Expo) à Budapest en octobre 2015 et les BIS (Biennales internationales du spectacle) en janvier 2016 à Nantes.
“RESSEMBLANCES NOTABLES ENTRE ARTISTES DES ANTILLES ET CEUX DE LA FRANCOPHONIE CANADIENNE HORS QUÉBEC”
Cette indispensable ouverture d’esprit sur des événements professionnels s’avère primordiale pour elle, tant comme artiste évoluant entre chanson, jazz et musiques du monde que créatrice des Productions de l’Inconventionnelle.
Et de se rendre (hélas) compte que les mêmes obstacles sont à surmonter, qu’on vive en Ontario ou en Martinique. D’où ce constat sur dans son expérience antillaise, au contact des artistes antillais :
“Que ce soit des diatribes sur les « étiquettes » qu’on impose aux artistes, sur un constat du manque de développement de nos industries musicales respectives, bref….y’a des ressemblances notables entre les artistes d’ici et ceux de la francophonie canadienne hors Québec. On est largement auto-produits, on a les mêmes embuches à la commercialisation, les mêmes réactions face au streaming et à la disponibilité des produits artistiques de façon non-règlementée (et surtout peu payantes) sur le web…. Cette réalité là, elle nous colle à la peau”.
En attendant l’ouverture de son nouveau site, je vous incite à retrouver cette attachante artiste franco-ontarienne sur internet, notamment au gré de ses vidéos de concerts.
Histoire d’aller bien au-delà de la pochette du nouveau CD qui n’exprime pas avec justesse les diverses facettes de sa personnalité. Un album aux 12 chansons ORIGINALES au sens fort du terme à savourer sans modération.
Coup de chapeau au journaliste Réjean Paulin et ses étudiants en 2ème année de journalisme du collège francophone La Cité d’Ottawa.
Voici les quatre “unes” de leur quotidien “Le Sagacité” paru entre le 13 et e 16 janvier durant Contact Ontarois.
Une passionnante expérience collective menée tambour battant au gré des rencontres, des vitrines musicales et des papiers de fond rédigés chaque jour au rythme de Contact Ontarois !
Une sympathique aventure d’équipe qui me rappelle évidemment de bons souvenirs enracinés en Gaspésie, ….
…. du côté du Festival en chanson de Petite-Vallée avec le quotidien “Le Rappel” publié en liaison avec Alan Côté, Marc-Antoine Dufresne, Jean-Charles Labarre, André Bujold et autres incontestables passionnés de chanson francophone : à renouveler cette année !
Savourez sans modération les 10 ans de “Jambon Beurre”, l’émission 100% Chanson Française créée par Patrick Boez à Saint-Pierre et Miquelon le 19 janvier 2006.
Soit un total de 392 émissions présentées par Patrick Boez et trois animatrices au fil des ans : 41 avec Roselle Bily ; 138 avec Myriam Lelorieux et enfin avec 210 avec Hélène Pannier, toujours à l’antenne pour la saison 2015-2016.
L’émission du 16 janvier 2016 aura été tout à fait spéciale tant par la présence en direct des trois animatrices que la programmation : Édith Piaf ; Colette Magny ; Mama Béa ; Entre Deux Caisses ; Didier Super ; Flow; Les Silver d’Argent ; Denis Wetterwald ; Michel Bühler ; Raoul de Godewarsvelde et pour finir Frédéric Fromet dans un titre taillé sur mesure pour “Jambon Beurre”.
10 ans de “Jambon Beurre” ?
Ça représente 4 425 chansons, soit près de 2 200 artistes ou groupes différents programmés grâce à cette émission.
Merci Natalie Bernardin , José Bertrand et toute la dynamique équipe de Contact Ontatois pour l’escapade hors du centre-ville d’Ottawa jeudi 14 janvier 2016.
Cette aventure menée à bien avec la délégation internationale m’aura permis de découvrir la réalité francophone canadienne sous un angle des plus attachants, grâce avec au quartier de Vannier.
Un endroit particulièrement cher à l’ami Michel Benac – créateur du groupe Swing et du label Lafab Musique – qui y a grandi.
Que de souvenirs communs avec cet artiste franco-ontarois apprécié sur scène à Saint-Pierre et Miquelon et dans les festivals créés par Maurice Segall et Françoise Segall : Déferlantes Francophones de Capbreton et Déferlantes Hivernales à Pealognan-la-Vanoise ….
Merci pour cette visite guidée des plus instructives de Vannier avec force anecdotes sur son enfance avec en prime une chaleureuse escale chez sa maman Louise.
Les photos de Michel et Louise sont publiées ici avec son autorisation.
Ces heures passées loin du cœur d’Ottawa nous ont aussi conduit jusqu’au Québec ! En fait jusqu’à Gatineau, ville québécoise située en face d’Ottawa.
Oui, ici le Québec et l’Ontario sont juste séparés par la rivière des Outaouais (en anglais Ottawa River), principal affluent du fleuve Saint-Laurent.
Et du Musée Canadien de l’Histoire on aperçoit d’ailleurs le Parlement du Canada situé de l’autre côté de la la rivière.
Oui, comment diffuser la chanson franco-ontarienne autrement ? Vaste débat qui a fait l’objet d’un dîner-conférence-forum animé par Martin Thiberge dans le cadre de Contact Ontarois vendredi 15 janvier à Ottawa.
Lisa Breton (directrice générale, Centre français de Hamilton); Guillaume Moffet (responsable A&R, SOCAN) ; Denis Bertrand (expert-conseil en développement de publics), Pierre Fortier (directeur général et artistique du Festival international de la chanson, Granby); Natalie Bernardin (directrice générale de l’association des professionnels de la chanson et de la musique).
Tels sont les intervenants qui ont exprimé leurs expériences, leurs suggestions et leurs commentaires aussi.
Maison de retraite, hôpital, concerts à domicile, etc ….Ce sont quelques-unes des initiatives évoquées par les cinq conférenciers ainsi que plusieurs professionnels de l’auditoire intervenus après les exposés.
D’autres exemples sont encore plus insolites, tels la série de concerts quotidiens organisés l’été dernier durant le Festival de Petite-Vallée dans un shed (hangar, grande en québécois) par le groupe gaspésien Dans l’shed formé par Andre Lavergne et Eric Dion.
Pierre Fortier a aussi évoqué les concerts face à un auditoire spécifique (public trisomique) ou bien, dans un autre registre, dans un espace aménagé dans le zoo de Granby ou à l’occasion de manifestations populaires avec feu d’artifice.
CONCERTS A DOMICILE
L’organisation de concerts chez l’habitant (comme la formule “Chemin chez nous” dans diverses provinces du Canada) permet à des artistes émergents de trouver un public… lequel n’irait peut-être pas dans une salle de concerts.
L’organisation de ce genre de concerts en Ontario est à l’étude du côté de l’APCM comme indiqué par Natalie Bernardin.
Mais attention ! Il existe aussi un réel “risque de concurrence” évoqué par Helene Molin (Centre culturel franco-manitobain) qui a par ailleurs insisté sur la situation de “l’artiste qui meurt de faim”.
Les concerts thématiques, comme ceux présentés par Patricia Guérin , (directrice culturelle, Alliance Française d’Ottawa) peuvent être une autre piste de réflexion et d’action.
L’importance des premières parties dans les concerts d’artistes de renom a été évoquée par l’auteur-compositeur-interprète québécois André Varin (ex- Châkidor).
En tous cas la “diffusion autrement” demeure un sujet d’actualité, et aussi un sujet sensible suivi de près par les professionnels franco-ontarois comme en a témoigné l’intervention de José Bertrand (JKB Communications).
Mission accomplie pour les Païens acadiens qui ont su s’imposer avec brio en 20 minutes mardi 14 janvier 2016 au Théâtre Richecarft, dans le cadre de Contact Ontarois.
Impossible évidemment d’enfermer Denis Surette et ses complices dans un seul genre musical et c’est tant mieux.
Jazz, rock, electro … Au-delà des mots et des catégories, une évidence s’impose chez ces passionnés de l’improvisation : l’envie et le besoin de se faire plaisir sur scène et de partager avec le public leur passion des concerts instrumentaux.
En 20 ans, entre scènes et studios, Les Païens se sont forgés une sacrée identité, à la fois authentiquement acadienne et cependant sans frontières.
L’histoire des Païens s’enracine dans l’histoire de la musique et plus globalement de la culture acadienne.
On l’a bien compris dans les anecdotes et propos tenus par Sébastien Michaud et Denis Surette, une des figures historiques de ce groupe unique en Acadie suivie de (très) près par Véronique Wade, de Caraquet.
Étonnant clin d’oeil de la vie ! Me voici à Ottawa pour Contact Ontarois, événement axé sur la chanson francophone … et c’est l’Acadie que je retrouve !
C’est une visite guidée de 45 minutes du Parlement du Canada qui m’a permis de parler de l’Acadie, du Grand Dérangement, des Provinces Maritimes, de Roméo LeBlanc, et de bien d’autres sujets … grâce à une efficace guide : Josée Martin, de Rogersville.
Et pour chercher le billet gratuit de cette visite, c’est une autre Acadienne – Caroline Godin de Bathurst – qui m’a accueilli !
D’où ces photos prises durant la fameuse visite avec la Chambre des Communes, la bibliothèque, la Chapelle du Souvenir, etc .
Et aussi la Salle de la Francophonie habituellement fermée aux visites : on retrouve des portraits et sculptures de Jacques Cartier, Samuel de Champlain, Henri IV, Louis VIV, Richelieu, etc.
Et pour finir rien de tel qu’une bonne marche dans les rues d’Ottawa !
Histoire d’avoir les idée bien fraiches … avec une température de moins 10°, soit un ressenti de moins 19° avec le fameux “facteur vent”.
Annoncée à plusieurs reprises déjà, la sortie du film sur Allain Leprest est prévue pour 2016.
Entre 2007 et 2011, le cinéaste d’origine québécoise Damian Pettigrewil a suivi la carrière d’Allain Leprest en vue d’un long-métrage documentaire conçu en étroite collaboration avec l’artiste.
D’où ces précisions de la maison de production :
“La machine à y croire, le long métrage documentaire sur Allain Leprest (90′), est en production.
Pour commémorer les 5 ans de sa disparition, la sortie est prévue pour 2016. Nous vous tiendrons au courant de son exploitation sur ce site, les réseaux sociaux et par la presse.
Le titre du film s’inspire d’une bribe du poème en train de naître sous la plume de Leprest face à la caméra”
Aux murs des photos et des affiches de Félix Leclerc, Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, etc. … et des centaines de CD, 33 tours et partitions de chansons.
Nous sommes chez Luc et Sylvie Renaud, à Beaucourt, en Franche-Comté. Et ce jeudi 10 décembre une quarantaine de personnes est attendue dans leur vaste salon.
Dans la série “Chansons en chaussons”, l’assistance s’apprête à savourer un concert piano-voix d’une heure signé Geneviève Morissette Perso.
INTENSE CONCERT D’UNE HEURE
L’extravertie Québécoise, inconnue pour l’immense majorité du public, va embarquer les spectateurs dans son univers entre murmures et cris, entre douceur et explosion.
Le public, elle l’a dans sa poche dès le premier refrain, avec “Me v’là” : c’est aussi la chanson-titre de l’album de 10 titres sorti en France et illustré d’une expressive photo signée Jean-Charles Labarre .
N’allez pas croire qu’elle va rester sagement assise durant une heure !
Elle se lèvera à plusieur reprises, pour se présenter, pour expliquer des termes québécois utIlisés dans ses chansons, etc.
RÉPÉTITION GÉNÉRALE POUR “CRIER POUR RIEN”
Elle va aussi se livrer à une “répétition générale, rangée par rangée, histoire d’inciter le public de “Crier pour rien” dans sa chanson “Exploser”.
De quoi décontracter la soirée qui va connaître ici et là, des moments d’émotion du genre à entendre une mouche voler quand elle chante “La femme en beige” ou bien un hymne à l’amour de Paris suscité par les récents attentats.
“ON VA TOUJOURS TROP LOIN POUR CEUX QUI NE VONT NULLE PART”
A la voir parler, chanter, crier, se lever, se rassoir, sans tenir en place sur sa chaise,on sent bien que Geneviève est très à l’aise dans cette formule de concert intimiste.
“On va toujours trop loin pour ceux qui ne vont nulle part” : cette phrase de Pierre Falardeau (cinéaste, écrivain et militant indépendantiste), Geneviève la lance avant d’interpréter “Le monde est en place”.
Puis, après cette intense heure de concert durant laquelle elle va aussi clamer son “obsession” (chanter chez Michel Drucker), la soirée n’est pas pour autant terminée.
Dédicaces d’albums et discussions à bâtons rompus prennent ensuite la relève avec le public, dont l’auteur-compositeur-interprète Bruno Hayotte… sous le regard du souriant et discret Laurent Balandras , éditeur musical et auteur de “La Marseillaise de Serge Gainsbourg. Anatomie d’un scandale” (Editions Textuel).
Prochaine soirée “Chansons en chaussons” à Beaucourt le 8 mars avec un autre artiste québécois, Jeff Moran.
Un apéritif-concert pour savourer une quinzaine de chansons d’Allain Leprest interprétée par Clémentine Duguet !
En voilà une (très) belle initiative organisée par Christel Kern , chanteuse d’Alsace et organisatrice d’événements.
DANS L’ANCIEN CELLIER DE LA SEIGNEURIE DU XVIème SIECLE
Rendez-vous avait étédonné vendredi 11 décembre dans … mais oui … l’ancien cellier de la Seigneurie d’Andlau, en Alsace.
En l’occurrence l’Hôtel Renaissance du XVIème siècle des comtes d’Andlau situé à côté de la mairie. C’est à présent un CIP : un Centre d’Interprétation du Patrimoine dirigé par Sophie Reeb sous l’égide de la Communauté de communes Barr-Bernstein.
Ce haut-lieu chargé d’Histoire se trouve au coeur d’une des cités alsaciennes les plus célèbres sur la Route du Vin. Et il est désormais connu sous l’appellation “Les Ateliers de la Seigneurie” avec comme slogan “Le patrimoine au bout des doigts”.
DÉGUSTATION DE TROIS CÉPAGES
C’est donc entre dégustation de vins et refrains de Leprest que Clémentine Duguet s’est promenée avec entrain.
Comme le raconte la correspondante des Dernières Nouvelles d’Alsace : “Un viticulteur a fait déguster trois cépages de son domaine : un Clos du Val d’Eléon, grand cru du Wiebelsberg et un vendanges tardives 2010 produit sur le grand cru du Moenchberg.
Le tout associé à un succulent menu : saumon à la sauce raifort, salade de pommes de terre et pommes, foie gras sur canapé en pain d’épices et assortiment de pains d’épices d’un fabricant régional en dessert. Un vrai régal”.
15 CHANSONS, DES ANECDOTES ET DES SALVES D’APPLAUDISSEMENTS
Autre “vrai régal” : le concert spécial Leprest !
Face à Clémentine Duguet, une trentaine de personnes, dont la plupart n’avait jamais entendu parler du créateur de “La dame du 10ème” : titre de la première chanson d’un concert deux parties clôturé par “Mademoiselle sur le pont”.
“Joaquim Agostino” ; “Le fou de bassan”; “Le copain de mon père” ;” La gitane” ; “Arrose les fleur”s ; “L’homme à la pie” ; “Copito de Nieve de Barcelone” ; “Le temps de finir la bouteille” ; “A Courtimanche sur Essone”; “Toi qui ne demandes rien” ; “Une valse pour rien”.
Pratiquement chaque chanson d’Allain a été précédée d’une explication, d’une anecdote, d’une mise en situation signée Clémentine Duguet.
Histoire d’en savoir un peu plus sur celui qui a notamment inspiré les derniers ouvrages de Nicolas Brulebois (Dominique Christ) et Marc Legras.
SOBRE, EFFICACE ET INTENSE
Tour à tout intense, douce et impulsive, Clémentine Duguet a chanté Leprest avec conviction. Avec une énergie qui fait chaud au coeur.
Une interprétation à la fois sobre et efficace offerte avec trois complices : Yves Nabarrot (guitare) , Marie Ladret (piano et 2ème voix sur cetains titres), et Jean-Michel Eschbach (accordéon-bandonéon).
Surprise : en guise de final, place non pas à une dernière chanson d’Allain mais direction “L’impasse des oiseaux” chère à … Maxime Leforestier !
A en juger par les réactions de l’assistance, ainsi que celles de Christel Kern et Sophie Reeb, cet apéritf-concert aura été une incontestable réussite. Tant par la qualité du concert que l’écoute du public.
Avec au premier rang un auditeur pas comme les autres : l’historien et ancien maire d’Andlau Maurice Laugner. Sans sa détermination à sauver et restaurer ce batiment historique, La Seigneurie ne serait aujourd’hui plus qu’un souvenir.
Quant à Clémentine Duguet, elle prépare un nouvel album consacré au père de Fantine Leprest. Sortie courant 2016.
Avec ses chansons aigres-douces teintées d’humour, voire d’auto-dérision l’excellent Benoît Dorémus a assuré la première partie du concert de Francis Cabrel ce mercredi 2 décembre 2015.
Et il suscité de vifs applaudissements après chacune de ses chansons. Soit près d’une demie-douzaine de titres offerts avec une sacrée aisance, devant les 6 000 personnes venues pour Cabrel.
Le public a été conquis par cet auteur-compositeur-interprète-guitariste qui s’est livré avec audace et bonne humeur. L’assistance n’a pas boudé son plaisir face à celui qui est (encore) un illustre inconnu pour la plupart des passionnés de l’homme d’Astaffort.
SANS BARATIN ET AVEC PASSION
Puis place à un Cabrel en (très) grande forme, toujours aussi peu bavard entre deux chansons.
Ici pas de baration, pas de temps mort, mais un dosage à la fois subtil et efficace entre tubes d’antan (toutes revisitées avec de nouveaux arrangements) et chansons du dernier album.
Soit plus de deux heures de concert débuté par “La voix du crooner” et marqué par deux rappels. Et aussi par l’interprétation a capella de “Rosie” sans guitare : juste un homme, un micro et une voix.
Évidemment le public ne s’est pas gêné pour chanter … ce qui incité Cabrel a se taire plus d’une fois, laissant le public chanter à sa place.
Et une partie de l’assistance s’est même pressée devant la scène histoire d’être encore plus proche de cet artiste totalement indémodable et plus que jamais d’actualité.
COSTUME ALSACIEN POUR FREDDY KOELLA
Coup de chapeau aux trois choristes qui offrent une nouvelle couleur musicale à nombre de refrains de Cabrel, aussi bien les anciennes que les nouvelles.
Coup de chapeau aussi aux très efficaces musiciens, tel l’accordéoniste-pianiste Alexandre Léauthaud ou le guitariste-magicien Freddy Koella. Lequel s’est taillé un franc succès en arrivant sur scène – pour les rappels – vêtu d’un costume alsacien traditionnel !
De quoi faire sourire (mais oui ) Cabrel qui a précisé que Freddy est Alsacien ! Applaudissements garantis !
“IN EXTREMIS” : PERCUTANT DERNIER TITRE
Et c’était reparti pour une nouvelle série de chansons devant un public enthousiaste : terme sans doute trop faible pour qualifier l’ambiance à la fois survoltée et bonne enfant du Zénith.
Et pour finir, place à la chanson-titre du dernier album avec un “In extremis” offert avec fougue et … conviction.
Un titre-choc aux paroles si percutantes au sujet des langues et cultures régionales bafouées, entrées en clandestinité avant de renaître avec obstination. Des paroles qui ont visiblement touché Jacques Schleef, créateur du festival Summerlied assis à ma gauche.
Un peu plus tard, décontracté, bouteille d’eau à la main, et poignée de main franche et solide, Francis Cabrel s’est entretenu en coulisses avec diverses personnes dont les 12 jeunes artistes venus avec Jean-pierre Schlagg sous l’égide de Voix du Nord/ Voix du Sud comme en témoignent ces photos.
Pas de doute ! Si vous vous réveillez un matin de mauvaise humeur, avec des idées noires ou une absence d’entrain pour vous levez, voici LA solution ! En l’occurrence le nouvel album du Morand Cajun Band Coup de projecteur sur un nouvel album de MCB. Lequel célèbre avec un enthousiasme communicatif une musique cajun qui est, à vrai dire, bien plus qu’une musique. En somme une manière de chanter, de danser, de jouer, de vivre aussi. De continuer à s’exprimer en français.
Considéré à juste titre comme un des auteurs-compositeurs-interprètes majeurs de la francophonie nord-américaine, Ronald Bourgeois a enregistré un nouvel album après une (trop) longue période de silence.
Entre nouvelles chansons et refrains déjà connus, “Viens avec moi” marque une nouvelle étape dans la carrière de cet artisan aux textes poético-réalistes.
Coup de projecteur sur un créateur dont le répertoire ne peut évidemment se résumer avec l’expression “chanson acadienne”. Continue Reading →
S’il est évident que Bernard Dimey demeure un illustre pour la plupart des gens, nul doute que l’heure passée (trop vite) en compagnie de lui, grâce à Valérie Mischler, est un vrai régal.
Tout à tour espiègle et sensuelle, mélancolique et virevoltante, cette artiste jongle avec aisance dans l’attachant univers du poète barbu.
Retour sur une belle soirée au Connétable à Paris : un voyage au cœur d’une vie chaotique, d’un destin hors-du-commun ayant inspiré des chansons d’autant plus qu’elles sont authentiques au sens fort du terme. Continue Reading →
C’est sous le thème “Face à l’ouest” que se déroulera du 26 juin au 4 juillet 2015 la 33e édition du Festival en chanson de Petite-Vallée.
L’auteur-compositeur-interprète gaspésien Kevin Parent en sera l’artiste passeur. Continue Reading →
Extravertie, déterminée et chaleureuse : Geneviève Morissette se sent très à l’aise en France.
Elle en a fait du chemin, cette auteure-compositrice-interprète remarquée aux 37èmes Rencontres de Voix du Sud à Astaffort.
Et si depuis cette rencontre en octobre 2013 du côté de chez Cabrel, bien de l’eau a coulé dans la Seine et le Saint-Laurent, l’artiste originaire de Jonquière, au Saguenay-Lac-Saint-Jean en a avalé des kilomètres entre son Québec natal et sa France d’adoption.
Et ce n’est pas fini car elle se rend compte qu’elle est arrivée à un tournant décisif de sa vie. Explications… Continue Reading →
“Ich ben a beesi frau/Je suis une méchante femme”. C’est le titre d’un nouveau livre publié en alsacien et en français par Pierre Kretz, figure incontournable de la littérature en Alsace.
Paru aux Éditions du Tourneciel créées par Albert Strickler, autre auteur aux multiples publications, cet ouvrage bilingue se lit très facilement.
TRAGIQUE DESTIN DE THÉRÈSE ULMER
L’histoire est en effet rédigée à la première personne, et Thérèse, le personnage principal, s’exprime dans un langage dépouillé de tout artifice littéraire.
Malgré son “caractère méchant”, on se surprend à être sensible au destin de cette femme blessée par la vie.
Car à travers ses pensées, ses actions aussi, elle est finalement bien plus émouvante qu’on ne l’imagine à priori.
AVEC LA COMPLICITÉ DE DAN STEFFAN
Illustré par des œuvres de la plasticienne Dan Steffan, cet ouvrage de 72 pages se lit très facilement.
Et on peut même le lire à haute voix !
C’est d’ailleurs ainsi que s’est déroulée récemment une talentueuse initiative à la MIK, la Médiathèque intercommunale du Kochersberg, à Truchtersheim près de Strasbourg.
Bien plus qu’une simple soirée de présentation du livre, ce rendez-vous a permis au public d’apprécier nombre d’extraits lus en français par Astrid Ruff, Dan Steffan, Guy Lafuente, ainsi que Sylvie Baruthio et Carine Marcot, directrice de la MIK.
EXTRAITS EN ALSACIEN PAR L’AUTEUR
Et c’est l’auteur qui, après chaque extrait présenté en français, a lu le même passage en alsacien !
Toute la saveur de la langue alsacienne, ses expressions, ses images si caractéristiques ont ainsi été mises en valeur par l’expressif Pierre Kretz.
Le verre de l’amitié qui a suivi cette soirée a été ponctué d’une séance de dédicace synonyme d’affluence.
De quoi satisfaire Pierre Kretz et Dan Steffan, ainsi que l’éditeur Albert Strickler. Lequel, en début de soirée, a pris le temps de présenter les divers ouvrages de son audacieuse maison d’édition.
D’autres initiatives enracinées dans la (si diversifiée) littérature d’Alsace seraient assurément les bienvenues à la MIK… voire ailleurs.
A noter que Pierre Kretz et Astrid Ruff sont également auteurs d’un ouvrage de référence de près de 500 pages : “L’Alsace pour les Nuls” paru dans la célèbre collection jaune et noir de renommée internationale.
Livres, spectacles, albums de reprises et/ou titres inédits, colloque, …
L’actualité suscitée ces derniers mois autour d’Allain Leprest est des plus riches. Suite aux récents “CD leprestiens” de Jean Guidoni et Claire Elzière, l’album de JeHan-Lionel Suarez s’annonce imminent.
Déjà chanté de son vivant par nombre d’artistes, cet auteur-compositeur-interprète l’est tout autant, voire encore davantage depuis son suicide.
Sa disparition n’a pas été synonyme d’abandon, d’indifférence, d’oubli. Bien au contraire comme en témoignent avec éclat les ouvrages si différents et cependant complémentaires de Marc Legras et Nicolas Brulebois. Continue Reading →
En se produisant un seul soir au Forum Léo Ferré à Ivry, Rue de la Muette a retrouvé l’ambiance d’une salle où une certaine chanson de qualité est célébrée avec une détermination à toute épreuve.
Retour en photos et vidéos sur un intense concert offert par Patrick Ochs efficacement secondé par ses trois complices de Rue de la Muette : Vincent Mondy (clarinettes, saxophone), Gilles Puyfagès (accordéon) et Eric Jacquard (batterie). Continue Reading →
Frustration, colère, écœurement …
Autant de réactions ressenties intensément vendredi 28 novembre au Forum Léo Ferré durant le concert de Patrick Ochs efficacement secondé par ses trois complices de Rue de la Muette : Vincent Mondy (clarinettes, saxophone), Gilles Puyfagès (accordéon) et Eric Jacquard (batterie).
Non, ne vous méprenez pas, l’intense soirée offerte par le quatuor à une bonne cinquantaine de personnes enthousiastes n’est en cause.
Et encore moins ce haut-lieu de la chanson accueillant presque tous les soirs des “ambassadeurs” d’une chanson vivante hélas ignorée par l’immense majorité de nos concitoyens.
De quoi être sans aucun doute frustré, en colère et écœuré, non ? Explications.
C’est dans le cadre du partenariat avec le site d’informations réunionnais 7 Lames La Mer que nous publions cet article-hommage au ségatier mauricien Michel Legris, une des figures majeures de ce genre musical aux racines africaines.
1600 selon la police, plusieurs milliers selon les organisateurs … Au-delà des inévitables décalages sur le nombre de manifestants ayant défilé dans l’après-midi du samedi 13 décembre à Strasbourg, une évidence s’impose.
La majorité du défilé était composée de jeunes et d’adultes dans la force de l’âge : ils ont marché durant près de trois heures de la Place de Bordeaux au Conseil de l’Europe, avec arrêts devant le Conseil Régional d’Alsace, le Parlement européen et le Palais des droits de l’homme.
Preuve s’il en était que cet événement n’avait (vraiment) rien à voir avec un rassemblement de nostalgiques seniors accrochés à leurs souvenirs.
Mouloudji Cœur libre : c’est le titre d’un incroyable coffret de 300 titres, premier du genre, à mettre en valeur cet artiste décédé voici 20 ans déjà. Disponibles en France à partir du 8 décembre 2014 par Universal, ces 13 albums comportent nombre de trésors. Explications.
Après avoir appris en juillet dernier que la Fondation du patrimoine de Gilles Vigneault renonçait – définitivement _ au projet de restauration des bâtiments du site patrimonial et familial à Natashquan, la population locale a décidé d’agir pour sauvegarder la mémoire d’un des plus grands poètes de l’histoire du Québec. Explications.
En déplacement au Québec pour le Festival en chanson de Petite-Vallée, j’apprends avec stupéfaction de l’historien réunionnais Sudel Fuma, si souvent rencontré durant mes années de journalisme sur cette île de l’océan Indien.
Victime d’un naufrage au large de la ville de la ville de Sant-Paul, le 12 juillet 2014 à l’âge de 62 ans, il laisse le souvenir d’un militant déterminé de l’identité réunionnaise, sans langue de bois, avec une fougue communicative pour TOUT ce qui concernait la mise en valeur de l’Histoire, du Patrimoine et AUSSI l’avenir de sa terre natale.
Phil Comeau et Jacques Savoie sont les candidats retenus par la Commission permanente de concertation entre l’Acadie et le Québec à titre de lauréats du Prix Acadie-Québec 2014. Cette distinction met en évidence leur contribution au renforcement des liens entre l’Acadie et le Québec dans le domaine de la culture, soulignant ainsi l’ensemble de leur carrière respective.
La deuxième édition du prix Christopher-J.Reed a mis en évidence, jeudi 19 juin 2014, un des professionnels majeurs de l’industrie musicale québécoise : Jehan V. Valiquet, fondateur le 10 août 1982 de sa maison d’éditions Groupe Éditorial Musinfo Inc. spécialisée dans la chanson.
Retour en images et en vidéo sur cet événement ayant réuni, salle Stevie Wonder de la Maison du Festival Rio Tinto Alcan à Montréal, nombre de professionnels saluant l’engagement de longue haleine de ce repère essentiel de l’édition musicale.
A l’occasion de la Fête de la Musique, c’est avec plaisir – et émotion – que je vous présente le témoignage de Nathalie Valentine Legros, une amie journaliste et écrivain de l’Ile de la Réunion.
Du 5 au 14 juin 2014, Pully et sa région ont vécu à l’heure des chansons francophones d’Amérique du Nord.
Avec 80 concerts en 10 jours, le festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec a mis en évidence des artistes de plusieurs générations et aux registres les plus variés
Lynda Lemay et le ferronnier d’art Guy Bel, créateur des trophées remis aux artistes
Au-delà des concerts, cet événement aura aussi été synonyme de rencontres et de retrouvailles, d’échanges tant amicaux que professionnels. Un carrefour incontournable de la francophonie canadienne qui aura, pour la première fois, bénéficié d’un chapiteau offrant tous les soirs plusieurs concerts gratuits !
D’où ce deuxième article consacré aux coulisses du festival, à ce que le public n’a pas nécessairement vu ni vécu.
Autant d’instants saisis sur le vif et de groupes qui ont pris le soin de poser, soit à ma demande soit à celle d’artistes désireux d’avoir une photo en compagnie du parolier Luc Plamondon.
Mardi 10 juin, caveau de Pully. Accueil des professionnels européens et francophones nord-américainsBienvenue aux délégués internationaux !D’abord on écoute, après on trinque …Remerciements de Denis Alber au nom des professionnels invitésDeux salles et un chapiteau de la Francophonie canadienne dressé pour le festivalEn l’absence de Benoît Paradis Trio, Mohammed Bouhafs cherche son trophée Guy Bel (et l’enveloppe de mille francs suisses) reçus en qualité d’auteur-compositeur-interprèteLuc Plamondon à la découverte des Trophées Guy BelLina Boudreau et un membre du groupe québécois Motel 72Lara Brown : le temps de remplir les formulaires après son concert …Lu Plamondon et le groupe Suroît : photo prise à la demande du groupe des Iles-de-la MadeleineChanson acadienne : Lina Boudreau et Michel ThériaultDupont et Dupond, deux des festivaliers du dernier jour !Denis Alber, directeur artistique … et un V de la victoire bien mérité en ce dernier soir de festival !Bénévoles suisses et québécois du festivalEfficace système de navettes pour relier le site du festival aux divers hôtels …Sylvie et Guy Bel, créateur des Trophées remis aux artistes à chaque festival de PullyAubade au bord du Lac Léman, devant l’hôtelPremier album de Claud Michaud : 13 titres dont deux partagées avec Marcie (La fille de l’île; Bozo)Pochette du Cd de Claud Michaud avec un constat signé Richard Desjardins !Lara Brown a profité du festival pour lancer un EP de quatre titres : L’amour sas anathème; Farniente ; Golden Brown et Papillon de nuitNouvel album de l’extravertie Mariejosé : 11 titres enregistrés au ManitobaFrance, Suisse et Québec réunis pour une photo-souvenir … Une partie des chauffeurs bénévoles du festivalCour intérieure près du caveau : Michel May, Claire Martin, Jesse Mea, Mohammed Bouhafs, Michel Thériault, Lina Boudreau, Nathalie BourgetMichel Thériault, Lina Boudreau et Jesse Mea : trio acadien avec vue sur le lac LémanAvec Michel May, Claire Martin, Jesse Mea, Mohammed Bouhafs, Michel Thériault, Nathalie BourgetAvec Claire Martin, agent de Caroline Desbiens et Mario BrassardStéphane Côté et Claud Michaud : que se racontent eux artistes québécois se revoyant en Suisse ?Claud Michaud et Rico Pierrard, président du festivalAlexandre Desilets en direct sur Option MusiqueComment préparer une poutine helvético-québécoise …
80 concerts en 10 jours à Pully et ses environs !
Caroline Desbiens et Louis Bernier, pianiste et directeur musical de Lynda LemayAvec Caroline Desbiens et Louis Bernier (Photo Julianah)Caroline Desbiens, Louis Bernier et Julianah, artiste suisse (piano-voix)Mario Brassard avant son concert au Théâtre de la Voirie
Avant son concert, Mario Brassard s’entretient avec des spectateurs impatients de le revoir sur scèneDamien Chamorel, sympathique habitant de Lutry, et son panneau, avant le concert de Mario BrassardEt une photo souvenir pour Mario Brassard avant de monter sur scène !Albums de Mario Brassard et Salomé Leclerc en vente au Théâtre de la Voirie à PullyUltime réglages pour Mario Brassard avant le début du concertRico Pierrard, président du festival, entouré par Guy Bel et Luc PlamondonDamien Chamorel, l’homme au panneau “Câlins gratuits” et Luc Plamondon“Mesdames et messieurs, je vous invite à écouter Motel 72 au chapiteau de la Francophonie !”Guy Bel et Mario Brassard : le panneau de Damien Chamorel a du succès !Photos à volonté pour les fans de LyndaLynda Lemay : une attention portée à chaque personne, en prenant son temps …Lynda Lemay et Mario BrassardLynda Lemay et Guy Bel, panneau en mainLynda Lemay : le temps d’une dernière photo, après avoir passé une heure et demie à recevoir les spectateursGuy Bel et son épouse Sylvie en compagnie de Lynda LemayToujours aussi expansif, Guy Bel et MarcieMarcie et Guy BelAvec Caroline Desbiens : un panneau bien pratique pour Guy Bel !Luc Plamondon et Lina BoudreauMichel Thériault et le directeur du café-théâtre L’Esprit frappeur de Lutry : Alain Nitchaeff dont le CD “Trafic d’âmes’ paraît en ce mois de juin 2014Mohammed Bouhafs et Ludo PinAvec Michel Thériault, Mohammed Bouhafs, Ludo PinMarcie en (très) bonne compagnieUne des nombreuses photos prises en coulisses après la remise des Trophées Guy BelMichel Thériault entouré par Lynda Lemay et Lina Boudreau
Ça y est, les accents acadiens et québécois ont quitté la Suisse pour s’en retourner de l’autre côté de l’Atlantique.
Et la 10ème édition du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec fait désormais partie de ces souvenirs qui en disent long sur la vitalité de la chanson francophone d’Amérique du Nord. Mission accomplie avec 80 spectacles en cinq jours : du 5 au 14 juin Pully et ses alentours ont vibré à des talents tous venus de l’autre côté de l’Atlantique.
Bien qu’elle soit connue en qualité d’auteure-compositrice-interprète, il serait réducteur de qualifier Caroline Desbiens de chanteuse.
Qualifions plutôt cette fille et petite-fille de capitaine sur le Saint-Laurent de femme qui chante. Car ses paroles et ses musiques s’aventurent bien au-delà d’une succession de chansons proposées au gré des festivals et des concerts des deux bords de l’Atlantique.
Rencontre avec une femme de cœur et de caractère, attachée à son Isle-aux-Coudres natale et son Québec (souverain) et engagée en faveur d’une expressive chanson québécoise pleine de (bon) sens.
Troisième et dernier volet de notre dossier sur le 14ème Festival Bernard Dimey. Du 6 au 10 mai, la grande salle du centre culturel Robert Henry aura résonné chaque soir aux accents de talents émergents et d’artistes confirmés.Après nous être promené dans les coulisses du festival, entre retrouvailles amicales et professionnelles et ambiance des troisièmes mi-temps s’achevant invariablement vers 2 heures du matin, place aux huit concerts.
Quatre soirées aux allures de surprenant puzzle, avec des expressions musicales très variées, entre ambiance intimiste et explosion de sons et de lumières.
Mais pas de chanson finale réunissant les deux artistes ou groupes programmés, à l’instar de ce qui a pu se passer ici et là au centre culturel lors de précédentes éditions.
Le CMA 2014 n’a pas encore eu lieu et voici qu’il est déjà question de celui de 2019 !
Dans cinq ans, le Congrès mondial acadien reviendra dans la région du Sud-Est du Nouveau-Brunswick et s’étendra jusqu’à l’Île-du-Prince-Édouard du 3 au 24 août 2019.
Du 6 au 10 mai, Nogent aura vécu au rythme des journées et des soirées d’un festival synonyme de nombreuses retrouvailles et rencontres.
Oui, au-delà des concerts évoqués dans le prochain dernier volet de ce dossier, le festival aura également vibré après chaque spectacle aux accents d’une troisième mi-temps animée avec brio par Maxime et Jean-Philippe Vauthier, alias le duo Rouge Gorge. Avec en prime des interventions de chaque groupe ou artiste au programme.
Retour sur quelques-uns des innombrables temps forts d’une conviviale 14ème édition marquée par la regrettable absence des envoyés spéciaux de Vinyl, la revue “musique hors bizness”.
Embarquement immédiat pour Nogent histoire de retrouver ou découvrir les coulisses de l’édition 2014.
Aujourd’hui le 14ème Festival Bernard Dimey organisé du 6 au 10 mai 2014 à Nogent n’est plus qu’un (bon) souvenir.
Et l’Hôtel du Commerce aux murs abondamment ornés d’affiches des précédentes éditions a retrouvé son rythme de croisière face à la mairie, à côté du musée de la coutellerie et des locaux de la Communauté de communes du Bassin Nogentais.
Et aussi à quelques pas de la Médiathèque Bernard Dimey et de sa célèbre cave à Bernard : un espace idéal pour mettre en relief les textes du créateur de Syracuse.
Retour sur l’édition 2014 dont la programmation aura été qualifiée à juste titre de “nouvelle vague”par le Journal de Haute-Marne.
Prêts à découvrir ce festival enraciné dans le Nogentais ? Alors en route sans tarder vers Nogent en passant par Is en Bassigny, si le cœur vous en dit.
Pas de doute, on s’y attendait depuis pas mal de temps, et il l’a finalement mené à bien, ce fameux projet !
Il faut dire que François Béranger est sans doute l’artiste français qui a le plus inspiré, nourri et fait vibrer Eric Frasiak.
Alors ne vous étonnez pas que son nouvel album sous le label Crocodile music existe et s’intitule tout simplement « Mon Béranger ». Ça a le mérite d’être direct, et ça colle bien aux textes de celui qui ne passait pas à la télé mais remplissait les MJC.
En piste pour 17 chansons de l’inoubliable François auquel s’ajoute l’hommage d’Eric Frasiak à son “vieux maître à chanter”.
Chanteuse d’Alsace est sans doute l’expression qui convient mieux à l’auteure-compositrice-interprète Sylvie Reff, souvent qualifiée de “chanteuse alsacienne”.
Et à vrai dire, pour être encore plus précis, cette artiste originaire de Bischwiller s’affirme plutôt comme une artiste sans frontières tant par les thèmes de ses chansons que les langues mises en évidence.
Franchement il y a de quoi être heureux et triste en même temps quand on sort d’un concert signé Gilbert Laffaille.
Heureux car ce vendredi 4 avril, au Foyer Georges Brassens à Beaucourt, durant une heure dix minutes, cet auteur-compositeur-interprète a offert un concert des plus réjouissants entre coups de gueule et tendresse, coups de blues et tranches de vie douces-amères.
Triste, en se disant que cet artiste mérite sans aucun doute une audience bien plus importante que celle du public qui le suit depuis des années. Luc Renaud et sa poignée de bénévoles ont été (très) bien inspirés de programmer Gilbert Laffaille dans la dernière ligne droite de la saison 2013-14 débutée avec Graeme Allwright et les Hay Babies.
Retour sur une inoubliable soirée tellement symbolique de cette “chanson vivante” qui peine pourtant à avoir accès aux grands médias. Et par conséquent à un plus large public.
Une récente étude publiée par la banque (française) Natixis indique que la langue française deviendrait la plus parlée au monde vers les années 2050 – c’est après-demain – avec quelque chose comme… 750 millions de locuteurs ! Très vite, le magazine (américain) Forbes s’est empressé de relativiser – avec raison, quand même – l’étude en question.
Bon, même si Forbes a raison, il faut préciser qu’il a repris ces éléments, sans les référencer, de l’excellente revue économique française Challenges qui est toutefois à la culture ce que l’éléphant est au magasin de porcelaine…
Challenge tenait lui-même ces chiffres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont les travaux les plus récents sur le sujet remontent aux années 2009/2010 et qui sont basés essentiellement sur l’évolution démographique prévisible des pays officiellement francophones.
Il y a des maisons où les chansons aiment entrer ». Ce constat signé Félix Leclerc orne avec fierté et en lettres blanches la façade bleue de la Vieille Forge à Petite-Vallée en Gaspésie. Oui, là où bat le cœur du Festival en Chanson créé par Alan Côté, un des plus importants festivals au Québec.
Et on la retrouve également … mais oui … sur le programme et les affiches de la Maison pour Tous de Beaucourt, dans le département du Territoire de Belfort.
Ici en Franche-Comté, non loin de l’Alsace, bat depuis plus de 35 ans le cœur non d’un festival mais d’un efficace groupe de bénévoles. Leur passion de la chanson n’a d’égale que leur détermination.
Dans la vie, il y a ceux qui empruntent des chemins bien balisés et qui ne s’en éloignent pas. Et puis d’autres qui aiment prendre des risques, s’aventurer au-delà des conventions et des habitudes. Quitte à déranger, à irriter aussi.
Évidemment dans le milieu artistique, c’est la même chose. Alors bravo à Luc Sotiras d’avoir programmé mardi 18 mars 2014 la Québécoise Klô Pelgag et l’Acadienne Marie-Jo Thério au premier soir de la 5ème édition du festival AAH ! Les Déferlantes !
Coup de projecteur sur une soirée pleine de surprises, d’émotion et de folie, à l’image d’une chanson francophone qui a envie et besoin d’aller au-delà des lignes droites, des conventions et des à priori.
Québec, Acadie, Ontario, Louisiane et Afrique : durant cinq jours, du 18 au 22 mars, le Train-Théâtre de Portes-lès-Valence a résonné aux accents tellement variés.
Retour sur ce festival de la chanson francophone aux rythmes tellement diversifiés du Train-Théâtre de Portes-lès-Valence, entre incontestables têtes d’affiches et artistes d’une relève qui n’a vraiment rien à envier à ses illustres aînés.
Avec pour commencer une série de photos situant l’ambiance de ce festival, en attendant de revenir dans un second volet sur les concerts des artistes applaudis à leur juste valeur par un public en quête de nouveaux sons, de nouvelles voix.
Auteure, compositrice, interprète, réalisatrice, comédienne : Myreille Bédard évolue avec aisance dans plusieurs univers.
Et s’il est évidemment impossible d’enfermer cette créatrice dans un registre particulier, une évidence s’impose : à travers des expressions artistiques si variées et cependant complémentaires, Myreille Bédard suit son bonhomme de chemin avec talent et détermination.
Ici nulle esbroufe ni initiative spectaculaire : cette créatrice trouve notamment sa voie/voix dans une “chanson française et francophone, aux couleurs du monde et toujours avec des couleurs jazzy” selon sa propre expression.
Rencontre avec une Québécoise dont la carrière, entre pays natal et France, se décline en une multitude d’escales. Un long chemin notamment ponctué par deux albums : deux repères parmi tant d’autres d’une passionnante aventure artistique et humaine sous l’égide de Néméa Productions.
Pionnière de la chanson acadienne à l’instar d’Angèle Arsenault, Édith Butler est assurément une des auteures-compositrices-interprètes les plus importantes de la chanson francophone d’Amérique du Nord.
Après plusieurs années de silence discographique, elle offre avec les 14 titres de «Le retour» l’enregistrement le plus personnel, le plus intense et le plus émouvant aussi de sa carrière marqué par 25 albums.
Coup de projecteur sur un album unique à tous les sens du terme et sur un destin hors du commun.
Connaissez-vous Le Trio BBQ ? Original, inattendu, décoiffant : pas de doute, “Sur la route des épices”, second album officiel de cette formation québécoise surprend de belle manière.
Coup de projecteur sur un groupe aussi talentueux que décontracté qui compte “plus de 500 concerts au Québec, en France et en Belgique”.
Acadie, Québec, Suisse, Louisiane, Ontario, Ile de la Réunion, Mali, Congo… Pas de doute, AAH ! Les Déferlantes est vraiment un “festival de chanson francophone”.
C’est au Train-Théâtre de Portes-lès-Valence que se déroule du 18 au 22 mars la 5ème édition de cet événement de portée internationale qui me tient à cœur pour diverses raisons. Explications.
Du 5 au 14 juin 2014, Pully et la région de Lavaux vivront une nouvelle fois à l’heure du Québec, et plus globalement à celle d’une chanson francophone qui ne se résume pas, loin de là, aux talents de la Belle Province.
Une évidence affirmée avec force le 10 février à l’Auberge Saint-Gabriel, au cœur du Vœux-Montréal et de l’hiver québécois. Et rien de tel qu’une conférence de presse avec projections de vidéos, discours et chansons pour réchauffer l’ambiance. Avec en prime une fondue (suisse évidemment) et quelques (bonnes) bouteilles de vin pour compléter le tableau. Lavaux est en effet une région viticole du canton de Vaud fort connues pour ses vignobles en terrasses au bord du Lac Léman.
Parler de chanson francophone d’Amérique du nord, c’est immédiatement penser au Québec. Un réflexe naturel étant donné le nombre d’artistes et de groupes de la Belle Province désormais connus en France.
Et puis il arrive, de plus en plus souvent depuis quelques années, qu’on pense aussi à l’Acadie : une nouvelle génération de talents – comme Lisa LeBlanc, Les Hay Babies ou Caroline Savoie – s’affirme de plus en plus au fur et à mesure à travers l’Hexagone.
Et puis ? Et puis c’est la plupart du temps place au grand vide car la francophone hors Québec et hors Acadie a des allures de trou noir intersidéral.
Encore une bonne nouvelle pour les passionnés de (bonnes) chansons québécoises.
Lundi 3 février 2014, soit un an jour pour jour après la sortie du 4ème album “Ballon d’héliHomme”, Stéphane Côté propose un coffret collection des quatre CD parus depuis le début de sa carrière. Explications.
Parler de Dominica Merola, c’est évidemment s’embarquer pour la Belle Province : cette auteure-compositrice-interprète est une des voix originales de la chanson québécoise, c’est évident.
Mais il serait incomplet et regrettable d’accoler à sa trajectoire artistique l’unique expression de « chanteuse québécoise ». Ce qualificatif ne reflète qu’une réalité à la fois partielle et partiale car Dominica jongle avec aisance entre culture québécoise et racines italiennes.
Pas étonnant que le terme de « L’Appassionata » – mot italien signifiant passionnée – soit souvent employé pour présenter cette chanteuse-pianiste dont le récent concert aux accents français, italien et anglais au Palais des Beaux-Arts – le célèbre Bozar de Bruxelles – a été synonyme de réussite.
Retour sur une inoubliable soirée mais aussi coup de projecteur sur les divers projets de cette attachante créatrice résolument sans frontières.
S’il est vrai que l’auteur-compositeur-interprète Edgar Bori s’est retrouvé à plusieurs reprises à la une de l’actualité québécoise ces derniers mois, c’est pour une raison dont il se serait bien passé : son engagement à sauver les Productions de l’onde et à aider les artistes et artisans concernés par ce dramatique épisode de l’industrie musicale québécoise.
Pas question de raconter ici les tenants et les aboutissants de cette incroyable histoire longuement développée dans un autre article de ce site. A découvrir en cliquant ici.
Aujourd’hui place à la raison de vivre de Bori : la création artistique … D’où ce conte de Félix Leclerc proposé dans un très beau livre-disque paru sous l’égide de la Montagne secrète et illustré par Marie Lafrance.
Figure marquante de la chanson vivante, JeHaN trace sa route avec talent et détermination depuis une trentaine d’années loin des “grands médias” et cependant au cœur d’une actualité artistique qui ne se résume pas à la France.
Ses diverses prestations au Québec témoignent d’une évidence : l’attachement d’un public de passionnés sensibles à sa trajectoire artistique au service de chansons signées Bernard Dimey, Claude Nougaro, Anne Sylvestre, Allain Leprest, et tant d’autres encore.
Coup de projecteur sur un artiste à la VOIX UNIQUE engagé sur une VOIE UNIQUE à bien des égards.
C’est une info « Planète francophone » (et seulement une des facettes de l’actualité liée à cet ouvrage d’ores et déjà de référence) : après deux premières réimpressions en octobre et décembre de son livre sur Jacques Brel aux Marquises, L’aventure commence à l’aurore, paru en septembre dernier, Fred Hidalgo travaille actuellement à une édition « revue et augmentée », enrichie de nouveaux témoignages.
On l’attendait depuis un moment déjà ce nouvel opus. Et on se demandait bien ce que Vyviann Cayol et Jean-Yves Liévaux nous mijotaient avec leur 5ème album.
Ce CD qui arrive à point, à un moment des plus charnières de la trajectoire de ces ambassadeurs d’une chanson vivante résolument audacieuse. Avec à la clé 13 titres qui retiennent l’attention tant sur le fond que la forme.
Salle des plus attentives et immédiatement conquise en ce vendredi 6 décembre 2013. Normal … car Louis Arti n’a rien perdu de son audace, de ses utopies et de son bon sens.
Retour sur “Tout en main”, un concert à deux talents, Arti étant accompagné par le guitariste Michel Gaudioso, “compositeur, arrangeur et improvisateur”.
Une soirée accueillie par le Forum Léo Ferré à Ivry, où l’expression CHANSON VIVANTE a eu, ce soir-là, une intense signification avec Louis Arti, par ailleurs créateur aux multiples facettes : auteur-compositeur-interprète, littérature, théâtre, peinture, etc.
“Le vent qui nous mène” ? C’est le titre du 5ème album de cet auteur-compositeur-interprète français en ce moment de passage à Mulhouse pour divers spectacles pour enfants mais aussi pour adultes, en formule trio.
Au-delà de ces rendez-vous pour tous publics en Alsace longuement détaillés sur son site, embarquement immédiat pour Montréal.
C’est en effet au Québec, samedi 16 novembre que j’ai eu le plaisir de découvrir cet artiste à la fois talentueux et chaleureux, souvent qualifié d’ “Alain Souchon pour enfants”.
Inutile de chercher de midi à quatorze heures : si vous n’avez pas encore vu “Gabrielle”, qu’attendez-vous ? Drôle et émouvant, pudique et réaliste. Avec une manière attachante d’enraciner le vécu des personnages dans Montréal, ville assurément bilingue et multiculturelle.
Incroyable mais vrai ! Voici un quart de siècle déjà que Régis Cunin suit son bonhomme de chemin dans la chanson française.
A son rythme, sans raz-de-marée médiatique mais avec une talentueuse détermination. Loin des éphémères bulles de savon du show-business et tout près des authentiques amoureux d’une chanson entre coups de cœur et coups de gueule.
Ces 25 ans de chanson, il les célèbre depuis le début de cette année à travers diverses initiatives artistiques.
Avec en guise de bouquet final un exceptionnel concert ce samedi 14 décembre à Jarny, dans sa Lorraine natale en compagnie … mais oui … de plusieurs artistes venus de différentes régions françaises.
Coup de projecteur sur un auteur-compositeur-interprète attachant par ses qualités humaines et artistiques, et tellement … détaché des miroirs aux alouettes du “milieu de la chanson”.
Bonne nouvelle pour ceux qui s’intéressent VRAIMENT à la chanson française … et notamment à l’auteur-compositeur-interprète Eric Frasiak. Il vient de publier un livre de partition des albums “Parlons-nous” et Chroniques”.
Un recueil de 110 pages INDISPENSABLE à ceux qui désirent mieux connaître son répertoire. Une initiative lancée sous l’égide de CROCODILE Productions.
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Un des artistes français les plus représentatifs de la “chanson vivante”
Inutile de chercher de midi à 14 heures : Eric Frasiak est un des artistes français les plus représentatifs de cette “chanson vivante” qui me tient à cœur. Un de ces créateurs qui avance avec détermination, sans structure professionnelle pour décrocher des contrats. Et ça marche …
“Cet ouvrage contient les partitions chant/piano des 27 chansons dont je suis l’auteur compositeur avec les accords guitare, les textes et de nombreuses photos” explique le chanteur de Bar-le-Duc.
La publication de ce document est un bel exemple d’une créativité des plus efficaces qui m’incite une fois de plus à faire appel à une de mes expressions favorites : “Dans la vie, il y a le savoir-faire … et il faut aussi le faire-savoir”.
Nul doute que l’ami Frasiak conjugue avec aisance ces deux facettes assurément complémentaires.
110 pages : un outil de travail et un ouvrage de référence
Dédiée à son père récemment disparu, cette publication bénéficie de photos de l’artiste en pleine action en diverses circonstances : elles sont signées Etienne Begouen, Magali Etienne, Dominique Flahaut, Claude Leprieur, Frédéric Mercenier, Typhaine Michel et Noémie Nobre Félix.
Sans oublier, évidemment, Chantal Bou-Hanna dont le site “Au doigt et à l’oeil” offre un formidable voyage au coeur des concerts de cette fameuse “chanson vivante” trop méconnue des “grands médias” : http://chantalbouhanna.eu/
Les temps forts de la “trajectoire artistique frasiakienne” sont mis en évidence dans une bio express d’une page.
La mise en page assurée par l’Atelier Corinne François joue avec brio entre les paroles des chansons, les partitions et les photos. S’y ajoute également une préface reproduite ci-dessous…
A la fois outil de travail et ouvrage de référence, ce document mérite une large audience, c’est évident.
En vente 18 € (+3 € de frais de port) uniquement sur frasiak.com.
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Albert WEBER
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Eric Frasiak ? Parlons-en : “Qu’est-ce que c’est beau !”
Ah, il fallait bien que ça nous arrive un jour ! Et nous y voilà !
Nous ? Je veux parler de celles et ceux qui suivent avec obstination et passion la trajectoire artistique de cet auteur-compositeur-interprète barisien, sa manière de retenir notre attention avec des mots de la vie de tous les jours qui nous vont droit au cœur et à l’esprit.
Oui, à force d’entendre (et surtout d’écouter) les chansons de l’ami Frasiak (sans Z s’il vous plait !), il y a de quoi donner des idées à certains d’entre nous. Des envies d’interpréter à notre tour les chansons des albums “Parlons-nous” et “Chroniques”.
Alors pour satisfaire à diverses demandes, et aussi pour se faire plaisir (l’un n’empêche pas l’autre, bien au contraire !) voici un livre contenant les partitions de 27 chansons dont Frasiak auteur et le compositeur.
Oui les amis, voici près d’une trentaine de titres à savourer sans modération. Histoire de cerner encore un peu mieux ce répertoire à la fois intemporel et sans frontières … et pourtant enraciné avec force dans notre quotidien entre désillusions et espoirs, doutes et réussites.
Ici pas de manichéisme malsain ni de refrains pour vous faire croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais attention, les “chansons frasiakiennes” n’ont rien à voir avec des pamphlets ravageurs et pessimistes sur notre pauvre planète où tout va mal entre chômage croissant ou sur nos années qui s’enfuient trop vite !
Prenez donc le temps de redécouvrir “Monsieur Boulo” ou “50/50″ pour bien comprendre de quoi il en retourne. Ces deux chansons parmi tant d’autres témoignent de la manière dont Frasiak raconte la vie avec ses notes et ses mots teintés d’audace et de lucidité : des chansons pour COLORER SANS DÉNATURER nos états d’âme et nos raisons de croire en des lendemains meilleurs.
En relisant les textes ou en vous référant aux accords de guitare pour interpréter les chansons de cet amoureux de Dimey et de Béranger (“Mon vieux maître à chanter”) une évidence s’impose : demain sera plus beau qu’aujourd’hui, même si “Le rêve de MLK” ne s’est pas (encore) réalisé comme souhaité.
Et comme l’ami Frasiak, malgré “La vie qui court», agissez pour qu’il y ait de plus en plus “De l’amour dans l’air”. Et même si vous avez le cœur à marée basse à cause «De la pluie », restez-vous-même avec vos propres valeurs loin du “Tango de la jet-set”.
Comment ? Vous me dites “Je sais tout ça” ! D’accord alors n’en ajoutons pas davantage et vivons aujourd’hui INTENSÉMENT tous ces rêves qui faisaient battre nos cœurs loin de tous “Les Bonimenteurs”.
Albert WEBER www.planetefrancophone.fr
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Mai 2013, durant le Festival Dimey de Nogent. Rencontre à Chaumont avec Eric Frasiak et Sandrine Roy, parolière de nombreuses chansons enregistrées par divers artistes aussi bien au Québec qu’en France
Mars 2013, sortie de l’album “Chroniques”. D’où ces trois dessins reproduits sur le site d’Eric Frasiak avec la légende suivante :
“Ouaaaaaahhhhhhhhh. C’était dans L’HUMANITE du mercredi 6 mars…
Quand j’étais gamin, je dévorais Pif Gadget et j’adorais Pif et son pote Hercule. J’aurais jamais pensé qu’un jour Pif chanterait une de mes chansons.
Et vous avez vu, il a piqué mon chapeau.
Merci Kort pour ce joli cadeau…”
Depuis le 21 octobre 2013, Edgar Bori et Cathie Bonnet ont repris les commandes de Productions de l’onde avec la ferme intention de renflouer le navire abandonné par deux capitaines “Crochet” auxquels ils ont vendu leur entreprise en juin dernier : Nicolas Asselin et Steve Desgagné de NSF Média.
Et en moins de quatre mois de “gestion irresponsable” selon l’expression du couple, les nouveaux propriétaires ont laissé l’entreprise avec près de 400 000 $ impayés concernant principalement nombre d’ “artistes et artisans de la chanson”. Explications.
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Mardi 19 novembre, entretien avec Cathie Bonnet et Edgar Bori
Jean-François Groulx, Catherine Major, Ivy, Antoine Corriveau, Guillaume Arsenault, Guy-Philippe Wells, Stéphane Côté, Charles Dubé, Gaële, Josiane Paradis, Bon Débarras, Sophie Lemaire, etc : autant de talents québécois concernés par les mésaventures financières des Productions de l’onde.
Edgar Bori, président fondateur et propriétaire de cette entreprise de 1992 à juin 2013, est donc de retour depuis le 21 octobre 2013, avec l’efficace soutien de son épouse.
Pourquoi ce site ? Tout simplement pour trouver 300 000 $. “C’est avec l’objectif de rembourser tous et toutes liés à cette traversée houleuse, que Productions de l’onde, met sur pied, aidées de nombreux bénévoles et partenaires, cette campagne de collecte de fonds”.
Logo du RIME mis en évidence sur sa page Facebook
Spectacles clés en main du RIME à travers le Québec
Cette catastrophe financière frappe de plein fouet les Productions de l’onde ainsi que le RIME, le réseau indépendant de musique émergente fondé par Nicolas Asselin, originaire de Saint-Siméon.
Ce dernier a laissé en plan des dizaines de communautés, plusieurs artistes, des partenaires d’affaires et des créanciers en disparaissant, le 15 octobre 2013. Il aurait été retrouvé au Maroc où il se ferait fait passer pour un journaliste du “Chicago Tribune” !
Le RIME proposait à des localités du Québec une formule de spectacle “clé en main”, dans laquelle il prenait en charge la sonorisation, l’éclairage et la promotion. Il jumelait un artiste émergent avec un artiste établi. C’est ainsi qu’entre autres Yves Lambert, Daniel Boucher, Dumas et le chanteur country Irvin Blais ont été “recrutés” par le RIME.
D’où ces affirmations relevées sur le site www.canoe.ca lors de la création du Rime :
“On voulait offrir un espace aux artistes émergents et la chance de recevoir des spectacles pour des petites municipalités, a expliqué Nicolas Asselin, président de la Coopérative La Boîte à musique, qui a fondé le RIME. Il y a plusieurs lieux mal-aimés dans les villages québécois, des sous-sols d’église ou des salles communautaires qui sont peu utilisées, mais qui ont beaucoup de potentiel, a-t-il ajouté.
Comme les spectacles se tiendront dans des salles non professionnelles, le RIME, fournira tout le matériel nécessaire à la production du spectacle. “C’est difficile pour ces petits milieux d’accueillir des spectacles, car ils manquent de budget. C’est pour ça que l’on offre un concept clé en main” a précisé Nicolas Asselin”.
Au-delà de ces déclarations qui prennent une signification tout à fait particulière dans l’actuel contexte … une évidence s’impose : Cathie Bonnet et Edgar Bori sont décidés à réagir en toute connaissance de cause du dossier des plus explosifs au niveau financier. De quoi inciter Cathie Bonnet à définir les deux prédateurs de l’entreprise en ces termes : “Une incompétence crasse alliée à une mégalomanie complètement dingue”.
Cette détermination sans faille à réagir, elle est au cœur de l’entretien enregistré mardi 19 novembre, au domicile de Cathie et Bori à Montréal. Près de 40 minutes de dialogue à bâtons rompus, sans aucune langue de bois.
Voici les temps forts de cette conversation axée sur une sacrée course contre la montre : une levée de fonds dont l’échéance a été fixée à six mois.
Pourquoi avoir repris le contrôle des Productions de l’onde ?
C’est d’abord un geste pour renflouer les pauvres petits comptes de banque des artisans qui n’ont déjà pas beaucoup de sous : artisans de la chanson, artisans techniciens, attachés de presse qui ont despetites boîtes, etc.
On a vendu le 12 juin officiellement et on a repris le 21 octobre les Productions de l’onde qui se dédiaient à la diversité culturelle et la défense des artisans
En quatre mois et une semaine, les deux Capitaine Crochet ont fait sombrer une entreprise qui était sans aucune dette au livre, payable et recevable qui valait beaucoup d’argent (catalogue, éditions, subventions, etc)
Ils nous ont laissé avec des employés non payés sur les six dernières semaines, et des chèques en bois, pour à peu près de 400 000 $.
Qui peut contribuer à cette levée de fond ?
Je crois que tout le monde peut aider les artisans qui ont été floués en participant à cet appel public.
On ne crachera pas sur les dons des compagnies, ni desgouvernements. On a sensibilisé les instances gouvernementales à notre problème, vu qu’on était depuis 15 ans des gens très bien reconnus, très honnêtes, et qu’on avait un crédit.
On a fait un bon travail en 15 ans, on n’a pas seulement lancé des artistes qui sont devenus des vedettes comme Gaële ou Catherine Major par exemple.
On a fait beaucoup de travail pour beaucoup d’artistes, et on s’est aussi occupé de la carrière de Bori ; c’est pour cela d’ailleurs qu’on avait lancé au départ les Productions de l’onde car aucune compagnie ne voulait rien savoir de moi.
Et avant de vendre les Productions, on l’a annoncé à tout le monde qui nous a dit “Parfait, espérons que ça continue”.
Et en quatre mois il y a eu un gros déficit !
Cela n’a pas été un déficit de bonne foi de quelqu’un qui veut bien faire et se pète la gueule. Nous avons eu affaire à quelqu’un qui avait peut-être des bonnes intentions mais qui a tellement mal agi à tous les niveaux qu’il fallait qu’on reprenne les choses en main.
Pourquoi avoir décidé de reprendre la société ?
On n’était pas responsables de ce qui s’est passé. Mais si on laisse les choses se fermer, ça enclenche des poursuites judiciaires, des mises en demeure et la compagnie fait faillite.
Une compagnie est protégée par la loi, donc c’est la compagnie qui aurait reçu les demandes et les avis de paiement des fournisseurs et des créanciers.
Si elle avait fermé, si elle avait fait faillite, tous les artistes dans cette compagnie seraient entrés dans un brouillamini judiciaire pendant deux ans : ils n’auraient pas pu être libérés du contrat !
Et ils n’auraient pas pu poursuivre leur carrière ! Car c’est un atout pour la compagnie : les créanciers peuvent dire : “Très bien, nous avons négocié le contrat de tel artiste et nous allons le vendre à une autre compagnie et on va se payer avec ça !”
Nous avons donc contacté tous les artistes – une quinzaine – et tous les créanciers aussi… On ne peut pas laisser tomber. J’ai comparé les Productions de l’onde à une entreprise dont le capitaine aurait été parachuté sur le Titanic, se faisant dire par son lieutenant : “Capitaine, il y a un léger problème sur le flan”.
Etiez-vous au courant de l’ampleur de la catastrophe financière ?
Quand on est arrivés là, quand on a repris le contrôle des Productions de l’onde, on ne savait pas qu’il y avait 400 000 $ de déficit !
On savait qu’il y avait 30 ou 40 000 $ de chèques impayés mais pas autant ! Les nouveaux propriétaires avaient demandé aux salariés de ne pas nous dire que leurs salaires n’étaient pas payés comme prévu.
On ne connaissait pas l’ampleur du dégât.On a fait l’état des lieux au milieu de ce souk, et au fur et à mesure on voit émerger de ce magma toutes sortes d’affaires incroyables, … comme l’achat d’une loge au Centre Bell pour les Canadiens pour 13 000 piastres. Pendant que les employés n’étaient pas payés !
On s’est dit qu’on pouvait redresser l’affaire, et on a ouvert les livres lundi 21 octobre … tout en nous faisant évincer par le propriétaire du local dont les nouveaux propriétaires n’avaient pas payé plusieurs mois de loyer !
On nous a dit : “Demain on change les serrures !”
Et nous étions avec les employés qu’on avait réunis en urgence pour faire le point… on est 7 ou 8 et on apprend qu’il faut quitter les lieux : ils changent les serrures si on ne règle pas les 8 000 $ d’impayés !
Comment avez-vous réagi face au propriétaire des lieux ?
On a sorti toute la paperasse et les ordinateurs en laissant tous les disques, les trophées, les archives, etc.
Que pouvions-nous faire d’autre à 5 heures du soir ?
Et tout cela arrive alors qu’avec Cathie je suis en train d’amorcer la création du prochain spectacle de Bori : un spectacle de théâtre chanté plus que de chanson théâtre. Un spectacle prévu pour avril 2014.
On y travaille déjà depuis deux ou trois semaines avec notre metteur en scène et ami de toujours, Yvon Bilodeau, quand cette tuile nous tombe sur la tête ! Et là depuis le 21 octobre, il n’y a pas de spectacle en vue, on est dans la merde jusque par-dessus les oreilles.
En découvrant l’ampleur des dégâts, vous vous êtes tous les deux sentis prêts à relever le défi financier sans avoir de solution immédiate sous la main ?
Cathie et moi avons donc fait un choix, et on est fier de pouvoir dire que déjà on a contacté tout le monde.
On a arrêté l’hémorragie, on a vu des bureaux d’avocat à s’assurer que personnellement on ne serait pas liés aux fraudes ou aux mauvais agissements des deux personnes.
Il y a des personnes, des grosses compagnies qui sont intéressées d’acheter les Productions de l’onde malgré les difficultés : pour elles c’est peu d’argent et cela leur fera une belle publicité…
On est en plein là-dedans, et on est en train de négocier et on avance petit pas par petit pas ! Tout le monde est plein de compassion mais quand vient le temps de demander 5 piastres à quelqu’un pour t’aider, la personne est occupée !
C’est pour cela qu’on a décidé de ne pas seulement se fier aux compagnies et au gouvernement : on va essayer de lancer un appel à nos supporters et amis, les convaincre de réagir.
Quand on a émis un communiqué de presse le 23 octobre pour faire état de la situation, on a reçu plus de 100 messages de gens qui nous laissent leur adresse : graphistes, journalistes, artistes, etc. des mots pour nous aider …
C’est sûr que si on avait eu une grosse équipe, on aurait lancé dès le lendemain matin une campagne pour réagir face à une catastrophe … mais l’équipe c’est Cathie et moi, et on ne dormait pas très bien la nuit !
Il y avait cinq salariés pour les Productions de l’onde et sous l’étiquette du RIME, le réseau indépendant de la musique émergente.
Photo du véhicule du RIME parue le 31 août 2013 sur sa page Facebook
Les agissements financiers liés au RIME ressemblent, eux aussi, à une fuite en avant ?
C’est le propriétaire du RIME qui a acheté avec un autre Québécois les Productions de l’onde.
Il signait des contrats avec les municipalités et encaissait d’avance l’argent pour le RIME en disant que ce sont les Productions de l’onde qui vont payer les dépenses.
Et quand est venu le temps de verser de l’argent du RIME aux Productions de l’onde pour renflouer les coffres, tous les chèques ont rebondi … il avait dilapidé l’argent du RIME ! A quelles fins je ne sais pas …
On peut aussi dire que si ces gens-là avaient été un peu mal intentionnés, ils ont quand même fait payer des municipalités pour des spectacles : chaque fois 2 500 $ d’avance !
Leur façon de bâtir le budget – Cathie et moi avons toujours été très stricts là-dessus – était incroyable : une chambre par technicien, une chambre par musicien, etc et chaque spectacle coûtait 8 500 $ ! Ils ont agi comme s’ils avaient eu les sous …
Nos négociations avec eux ont duré de novembre 2012 à juin 2013. Ça aurait du être signé en février ou mars et ça a été retardé : ils n’avaient pas le financement ! Financement qu’ils nous ont donné seulement à un tiers de la hauteur de la valeur de l’entreprise.
Et c’était parce qu’ils attendaient de l’argent du gouvernement sur nos actions passées, argent qu’ils devaient nous remettre et quand ils ne nous l’ont pas remis, c’est là qu’on a mis en marche un mécanisme très violent dans les ententes : ils avaient quatre jours pour nous régler.
Fin août, ils devaient nous remettre 40 000 $ sur une subvention de la SODEC pour l’année 2012. Cela nous appartenait et ils ne voulaient pas nous payer !
Et début septembre en appelant la SODEC on apprend que cet argent avait été encaissé le 16 août ! Ils ont nié avoir reçu cet argent, et ça a été ensuite de mise en demeure en mise en demeure de nous payer … et c’est là que Nicolas a disparu et que Steve m’a appelé le mercredi matin, avant le 21 octobre donc.
Comment expliquez-vous le comportement de Nicolas Asselin ?
C’est totalement incompréhensible… En fait Nicolas Asselin avait plusieurs entreprises et il avait même un associé depuis 10 ans à qui il n’avait même pas dit qu’il était devenu acquéreur des Productions de l’onde : cet associé a une entreprise de location de son dans la région de Charlevoix.
Et il a réalisé une entente entre les Productions de l’onde et la société dans laquelle l’autre était associé mais sans lui dire qu’il avait acheté les Productions de l’onde ! Et cet associé de 10 ans ne s’est évidemment pas méfié !
Nicolas Asselin avait plusieurs comptes bancaires et avant de disparaître dans la nature, il a laissé partout des lettres de suicide dans lesquelles il s’apitoie sur son sort.
Quelle était la situation de Bori face aux Productions de l’onde une fois vendues ?
C’est simple : quand les deux se sont portés acquéreurs je restais dans l’entreprise comme artiste. En effet, une bonne part de l’entreprise concerne la carrière de Bori …et dès le 12 juin je me suis consacré à travailler comme un fou sur mon prochain album.
J’ai eu un vent de liberté mais toujours une petite inquiétude pour voir si la balance de vente était honorée fin août …
En fait, Nicolas Asselin est parti en laissant tous ses associés dans la misère. Il a comme joué au poker en disant que s’il misait gros il allait attirer de gros joueurs … et il a laissé beaucoup de petits artisans sur le pavé …
Dans la dette de 400 000 $, le RIME représente 125 à 130 000 $ de dettes : plus 35 000 $ de locations à SONOTEC, une compagnie de location d’équipements de spectacle.
Le grand défaut du RIME c’est qu’il allait dans des municipalités n’ayant aucune organisation sur le plan d’une salle de spectacle. Le RIME arrivait avec le camion, le système de son, le système d’éclairage, comme à l’ancienne.
Là je reçois des factures de location de projecteurs avec aucun devis … du genre 3 000 $ pour six projecteurspendant six soirs …
Le RIME a fait beaucoup de promesses à beaucoup d’artistes et de groupes comme Bon Débarras par exemple.
Et Cathie Bonnet de préciser : “Bon Débarras avait bloqué à leur agenda pas loin d’une vingtaine de dates sur l’automne pour le RIME … tout était bidon.
Le RIME avait aussi beaucoup de réactions au niveau des diffuseurs ce projet n’a pas été monté en collaboration avec les diffuseurs … sur le terrain il y avait un problème de collaboration.
L’idée était bonne maisil aurait fallu que le RIME travaille en collaboration avec les autres professionnels”.
Photo extraite de la vidéo en ligne sur le site de TCM- VM, la télévision de Charlevoix. Cet entretien a été réalisé dans le cadre de la tournée RIME POP avec DUMAS qui a fait escale à La Malbaie le 28 septembre 2013. La journaliste culturelle, Elise Tremblay, a profité de l’occasion pour s’entretenir avec le président du RIME (Regroupement Indépendant de la Musique Émergente), Nicolas Asselin, afin de “comprendre la mission et les objectifs du regroupement”.
Comment voyez-vous la suite de ces deux affaires ?
Nous allons porter plainte au criminel.
Nicolas Asselin est un menteur compulsif. Il est pris dans son mensonge, et il croit dans ses mensonges comme il le raconte dans les lettres de suicide qu’il a laissées. Il met la faute sur les autres, sur les banques, etc. Nous on ne peut pas s’arrêter à cela. Nous ce qu’on veut, c’est payer les artisans avantNoël !
Si on atteint les 300 000 $, on organisera un gros spectacle gratuit dans une ou deux villes du Québec avec tous les artistes des Productions de l’onde. En attendant, notre priorité c’est de concrétiser un élan de solidarité… et c’est bien parti en ce sens !
Vidéo de Bori : à regarder, à partager … avant de soutenir concrètement les Productions de l’onde. Vidéo de la chaîine québécoise CIMT dioffusée sur le site de Bori et Cathie Bonnet au sujet de l’arrestation de Nicolas Asselin
Vidéo de la chaîne québécoise CIMT diffusée sur le site de Bori et Cathie Bonnet au sujet de l’arrestation de Nicolas Asselin
[box_light]Rendez-vous à Bruxelles le 19 décembre pour un concert signé Dominica Merola, auteure-compositrice-interprète. Une soirée unique au Palais des Beaux-Arts plus connu sous l’appellation Bozar ![/box_light]
Comment ? Vous le connaissez pas L’Appassionnata ? La chanteuse-pianiste québécoise qui ne renie pas ses origines italiennes … bien au contraire.
Née à Montréal au sein d’une famille d’artistes, Dominica commence à étudier le piano avec passion dès l’âge de six ans. Elle poursuit ses études musicales en chant et piano et en théâtre.
Elle a sorti deux albums au Canada : “Les signes du désir” et “Appassionata” en collaborant avec des grands de la chanson québécoise. Et un troisième opus est prévu pour 2014.
Depuis plusieurs années, Dominica Merola parcourt le Québec, les Etats-Unis et maintenant l’Europe en charmant ses auditoires avec sa grande voix au timbre unique.
Des aigus les plus audacieux jusqu’aux murmures intimistes et aux sons plus graves d’une sensualité surprenante, elle s’exprime à travers une grande palette d’émotion.
Elle possède un registre à couper le souffle (3 octaves). Dominica est une véritable magicienne des atmosphères.
Pianiste virtuose, elle occupe toute la scène par sa présence, avec ses chansons en français, en italien et en anglais et plusieurs de ses créations.
En concert ce 19 décembre au Bozar à Bruxelles
“J’ai épousé le Père Noël 20 ans plus tard … mais oui ! “
Il faut dire aussi que le choix de la période de Noël n’est pas une coïncidence !
En effet, Dominica est au coeur d’une incroyable histoire dont elle a mis des années à découvrir la vérité ! Elle a en effet épousé sans le savoir(et lui non plus) le père Noël de son enfance.
Car en se mariant, elle ignorait que Jacques Van De Voorde l’avait déjà rencontrée dans une vie antérieure, alors qu’il assurait le rôle du Père Noël dans un centre commercial de Montréal … et que la petite Dominica avait posé avec lui pour une photo !
Cette photo a été retrouvée un jour, lors d’une discussion entre proches enracinée dans des souvenirs d’enfance. Et c’est là que le couple s’est rendu compte de cet épisode de leur vie qu’ils avaient tous deux oublié !
D’où l’idée de la chanteuse québécoise d’enregistrer une chanson des plus entraînantes mettant en relief cette histoire : “Dans son habit rouge et blanc, qu’il était beau mon Père Noël”… souvenir d’enfance, 20 ans plus tard, on se rencontre !! Une histoire vraie pour le temps des fêtes, “J’ai épousé le Père Noël” mais oui c’est vrai ! ” raconte la chanteuse.
Et de préciser qu’un CD de trois titres a été enregistré en septembre dernier à Montréalen français, anglais et italien sous la direction artistique de Sylvain Michel … et sur la base de cette histoire d’enfance.
Dominica Merola en signe la musique ainsi que les paroles, pour lesquelles elle a travaillé avec Sandrine Roy pour la version française et l’adaptation anglaise ainsi que Sara Ottobini pour l’adaptation italienne.
Mixé par Toby Gendron, professionnel québécois bien connu dans le milieu artistique, ce mini-CD de trois titres est également disponible sur Itune et Amazon. Une aventure discographique suivie de près par Jehan V. Valiquet (Musinfo Inc), éditeur du répertoire de Dominica Merola.
A quelques jours de la FrancoFête de Moncton-Dieppe au Nouveau-Brunswick et de Coup de Coeur Francophone à Montréal, voici un texte à partager entre passionnés de chanson francophone et de la langue française.
En l’occurrence le discours prononcé lors de la remise de l’Ordre des francophones d’Amérique par Françoise Enguehard le 26 septembre 2013 à Québec.
L’Ordre de francophones d’Amérique est une décoration décernée annuellement depuis 1978 par le Conseil supérieur de la langue française.
Présidente de la Société nationale de l’Acadie (SNA) de 2006 à 2012, elle a reçu cet honneur de la part du Conseil supérieur de la langue française.
Cette distinction reconnaît “les mérites de personnes qui se sont consacrées ou qui se consacrent au maintien et à l’épanouissement de la langue française en Amérique ou qui ont accordé leur soutien à l’essor de la vie française sur le continent américain”.
Coup de projecteur sur Françoise Enguehard, militante des plus déterminées de la langue française : un destin aux multiples facettes sans aucun doute !
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Françoise Enguehard photographiée par le Conseil supérieur de la langue française
“Chers Amis,
En m’accueillant aujourd’hui dans l’Ordre des francophones d’Amérique, vous avez choisi d’honorer, pour la toute première fois, une personne née aux Îles Saint-Pierre-et-Miquelon, minuscule terre française d’Amérique du Nord.
Contrairement à la majorité des francophones des Amériques, je n’ai donc eu aucun mérite à apprendre ma langue puisque j’étais en République française, appuyée dans mes études et dans ma vie par ses institutions.
Si mérite j’ai eu qui justifie l’honneur qu’on me fait, il m’est venu par la suite lorsque j’ai quitté mes îles, à seize ans, pour Halifax puis Saint-Jean de Terre-Neuve, m’installant ainsi à la fois en Anglophonie et en Acadie.
De ce pays du cœur qu’est l’Acadie, j’avais reçu de ma grand-mère maternelle, fière descendante de Zélie Poirier, Madeleine Bourgeois et de tant d’autres déracinées, l’enseignement le plus ardent ainsi qu’une grande leçon d’humilité : je n’avais aucun mérite à bien parler français m’expliquait-elle, les Acadiens, eux, forçaient l’admiration.
Il convenait de ne se moquer ni de la parlure ni de l’accent mais de se réjouir d’y retrouver la langue de Rabelais, préservée dans toute son exubérance comme au jour où Jacques Cartier quitta Limoilou pour Terre-Neuve.
Cette manière d’envisager la langue a guidé mon travail et mon action en francophonie et demeure d’actualité plus que jamais, à l’heure de l’internet, des tweets et des textos.
Oui, les gens font des fautes de grammaire et d’orthographe, de prononciation, le vocabulaire de tous les jours s’appauvrit souvent mais tout cela ne m’inquiète pas outre mesure puisque, à bien y regarder, on a rarement autant écrit, peu importe le support électronique, rarement autant lu non plus.
Par contre, j’ai deux craintes :
La première c’est le peu d’inquiétude de la France face à la place sans cesse croissante qu’elle accorde à l’anglais sur son territoire, des panneaux d’affichage aux magazines en passant par le vocabulaire de l’élite : “dispatcher au staff”, “regarder un spectacle en live”, pourquoi donc? Jusqu’à l’aimant de collection du fromage La Vache Qui Rit qui devient “un magnet collector”. N’eut été de l’article indéfini on était complètement en anglais.
Oui, le français a toujours intégré les mots étrangers, mais seulement lorsqu’il n’avait pas d’équivalent à sa disposition. Aujourd’hui, c’est tout le contraire et pour nous, francophones des Amériques, ce laisser-aller dans “la maison-mère” a de quoi inquiéter.
L’autre crainte est plus subtile : selon l’Organisation internationale de la Francophonie il y a 220 millions de locuteurs français de par le vaste monde et 33 millions de personnes dans les Amériques qui connaissent notre langue, dont 11 millions aux États-Unis.
Mais combien d’entre elles s’en servent ? Et combien d’entre elles la transmettront ?
Être francophone dans les Amériques exige un grand niveau d’engagement, une dévotion de tous les instants, une rigueur et une constance exigeantes pour donner au français la place qui lui revient.
Ma famille – mon mari, nos deux garçons et moi – avons ensemble fait cet effort tant nous étions convaincus que c’était là notre responsabilité de citoyens et nous avons fait nôtre, cette phrase :
“Une langue ne disparaît pas parce qu’on ne l’apprend plus mais parce que ceux qui la connaissent ne l’utilisent plus”. J’ai étudié le latin pendant sept ans, je confirme l’exactitude de cette citation.
FrancoFête, novembre 2012. Françoise Enguehard assise à côté de Philippe Beaulieu, durant la présentation du Centre de ressources international et acadien (CRIA) par Carol Doucet
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“Ses liens privilégiés avec Saint-Pierre-et-Miquelon ont également permis de fortifier les relations entre la SNA et l’Archipel”
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Françoise Enguehard a assurément plusieurs cordes à son arc ! Journaliste et auteure de romans jeunesse et pour adultes, elle travaille actuellement à son compte à Vivat Communications, une compagnie de communication et de relations publiques, tout en demeurant plus que jamais mobilisée sans hésitation en faveur de l’Acadie.
[/box_light] Pour mieux connaître Françoise Enguegard, une visite s’impose sur le portail des francophones de Terre-Neuve et Labrador.
De quoi en savoir plus sur cette militante de la langue française ainsi saluée par la Société Nationale de l’Acadie (SNA) lors de sa remise de l’Ordre des francophones d’Amérique.
“Françoise Enguehard est une grande dame qui se donne corps et âme à l’Acadie tout entière. Bien avant son passage à la SNA, ses engagements et son dévouement pour sa communauté francophone de Terre-Neuve et Labrador ont permis à la Francophonie de découvrir la ténacité de son peuple” a affirmé fièrement la vice-présidente, Mme Amély Friolet-O’Neil. “Je me joins au peuple acadien afin de la remercier pour ses nombreuses contributions. Cet insigne de l’Ordre des francophones d’Amérique qui lui est décerné est grandement mérité. Toutes nos félicitations Françoise! »
Dès son arrivée à Terre-Neuve, Mme Enguehard, qui est originaire de Saint-Pierre-et-Miquelon, s’investit à l’Association francophone de Saint-Jean. Elle participe d’abord à sa création et y travaille ensuite comme directrice générale.
Elle se consacre également de manière bénévole aux droits à l’éducation en français pendant une vingtaine d’années et assiste finalement, alors qu’elle fait partie du comité de parents de l’école française, à la construction et à l’ouverture du Centre scolaire et communautaire Les Grands Vents de St-Jean.
En 2006, Mme Enguehard entame un nouveau défi en tant que présidente de la SNA. Pendant ces six années, elle permet à l’organisme de se solidifier et contribue à sa plus grande visibilité en Atlantique, mais également à l’échelle nationale et internationale
Mme Enguehard a de plus insisté sur le rôle important de la jeunesse en Acadie et en particulier au sein de la SNA en encourageant avec succès la jeunesse acadienne de s’impliquer davantage au sein de l’organisme. Ses liens privilégiés avec Saint-Pierre-et-Miquelon ont également permis de fortifier les relations entre la SNA et l’Archipel”.
Sans doute le livre le plus important et le plus personnel aussi de Françoise Enguehard. Un passionnant ouvrage de 356 pages, entre saga familiale et destin hors du commun de la belle Marie-Jo …
Une histoire émouvante et tellement réaliste enracinée dans le difficile quotidien de cette île au large de Saint-Pierre-et-Miquelon aujourd’hui plus connue sous le nom d’Ile aux Marins.
Également publié en France sous le titre L’Île aux chiens, ce livre a reçu le Prix Queffélec 2001 : un honneur destiné à des “œuvres maritimes”.
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TEXTE ET PHOTO ALBERT WEBER
SOURCES Françoise Enguehard, Société nationale de l’Acadie
C’est grâce au Prix LOJIQ-Voix du Sud remporté en septembre 2012 au Festival international de la chanson de Granby que Geneviève Morissette s’est envolée pour Astaffort. Pour y vivre intensément ces 37èmes Rencontres organisées par l’association Voix du Sud.
Extravertie, explosive, inventive, audacieuse, décontractée sur scène et dans la vie : souvent comparée à Diane Dufresne, la jeune auteure-compositrice-interprète québécoise n’est pas passée inaperçue durant la dizaine de jours passés dans le village de Francis Cabrel.
Assurément un nouveau départ dans sa jeune carrière qu’elle est bien décidée à mener entre le Québec et la France. Au point d’avoir publié sur son blog une “Lettre d’amour à la France” émouvante, enthousiaste et réaliste aussi … illustrée par le drapeau tricolore ! A découvrir ci-dessous en fin d’article.
Rencontre avec une talentueuse artiste originaire du Saguenay. Son séjour dans le village de Francis Cabrel constitue une expérience inoubliable, synonyme de nouvelles collaborations artistiques. Voire de remise en question de sa manière de créer. Explications.
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“Geneviève Morissette fait partie de ces rares artistes qui brûlent d’une flamme intérieure. Ce talent d’interprète est mis au service de textes et de musiques qui lui ressemblent : intenses, innovateurs, toujours vrais”.
Cette citation est signée Robert Léger, ancien membre de Beau Dommage et directeur de l’École nationale de la chanson de Granby.
De quoi retenir l’attention aussi bien de l’industrie musicale québécoise que du grand public en quête de nouvelles voix, de nouveaux talents.
Avec Jacques Schleef, directeur du festival Summerlied en Alsace, et un des formateurs de Voix du Sud, Christian Alazard (identité vocale et arrangement)
D’Astaffort à Rimouski via Montréal
En 2012, Geneviève Morissette avait remporté le Prix du Public, le Prix LOJIQ (Stage en France, à Astaffort, avec Francis Cabrel), le Prix Vitrines ROSEQ, et le Prix Festival du Voyageur à Winnipeg.
Autant de repères parmi d’autres pour cette chanteuse qui est partie en voiture pour Rimouski, à peine revenue au Québec : une nouvelle étape dans sa vie d’artiste avec une vitrine musicale présentée sous l’égide du ROSEQ.
C’est-à-dire le Réseau des Organisateurs de Spectacles de l’Est du Québec, existe depuis 1978 : le plus ancien réseau de diffuseurs au Québec !
Oui, à peine rentrée d’Astaffort, Geneviève Morissette a pris une part des plus actives à cet événement qui fait autorité dans le milieu de la chanson québécoise !
Le ROSEQ est en effet un regroupement de diffuseurs pluridisciplinaires disséminés de Saint-Irénée à Natashquan, sur la Côte-Nord, en passant par Fermont; de Lévis à Rimouski, sur la rive sud; sur toute la péninsule gaspésienne, aux Iles-de-la-Madeleine; et quelques diffuseurs au Nouveau-Brunswick.
En pleine “Crise de nerfs” entourée par Emilie Marsh et Oldelaf à la Music-Halle
“Crise de nerfs” à la Music-Halle avec Emilie Marsh
Vendredi 11 octobre, 23 heures. Nous voici dans la cour de l’ancienne école des garçons d’Astaffort, siège de l’association Voix du Sud créée par Jean-François Laffitte, Richard Seff et Francis Cabrel. Lequel vient de chanter sur la scène de la Music-Halle “Octobre”, avec tous les Astagiaires de ces 37èmes Rencontres parrainées par le chanteur Dominique A.
Geneviève Morissette est encore sous l’émotion de l’intense concert avec pas moins de 16 chansons présentées par les Astagiaires. Dont la 14ème “toune” composée à Astaffort par elle et Emilie Marsh : “Crise de nerfs”.
Un texte percutant et un refrain efficace sur un sujet plutôt rare dans la chanson française : les règles et leur influence sur la vie à deux : les règles (“J’suis mensuellement dans le rouge”).
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“Avec Francis Cabrel, c’est juste fou ! C’est trop beau pour être vrai !”
Dans cet entretien de 7 minutes réalisé après le concert de clôture, la chanteuse québécoise a laissé échapper sa joie.
C’est là, dans la cour de l’ancienne école des garçons d’Astaffort – quartier général de Voix du Sud, qu’elle a évoqué cette incroyable aventure artistique et amicale de dix jours.
“Je suis heureuse que toutes ces émotions là soient passées … parce qu’avec Francis Cabrel, c’est juste fou ! C’est trop beau pour être vrai ! Je ne réalisais pas que j’étais sur scène en train de chanter avec lui. L’ambiance du groupe était tellement chaleureuse. J’avais le sourire jusqu’aux oreilles et là je suis un peu nostalgique quand même car demain on s’en va.
J’ai la chance de partir avec Joko, une des Astagiaires, ma colocataire de chambre chez qui je vais rester à Paris jusqu’au départ. La transition sera donc moins pire ! J’ai pleuré tantôt en sortant de scène.
J’avais beaucoup entendu parler d’Astaffort, je savais que c’était génial. J’avais déjà vécu la tournée du Grand Huit donc j’étais heureuse de retourner en France”.
A Astaffort chaque Astagiaire est tour à tout chanteur, choriste, musicien …
Le Grand Huit : complicité avec Bastien Lucas
Le Grand Huit ? C’est une passerelle de création musicale entre la France et le Québec. Ce projet de collaboration franco-québécois a vu le jour en 2002 et donne la chance à huit jeunes artistes de vivre deux résidences de création-spectacles, suivies de tournées en France et au Québec.
Geneviève Morissette a participé au Grand Huit en 2010 avec les Québécois Andréanne A. Malette, Isabelle Dupont, et Raphaël Freynet, artiste invité de l’Alberta.
Les quatre Français étaient Pierre-Antoine, Myriam Kastner (Astagiaire aux 10èmes Rencontres en mai 1998), Anaël Miller et Bastien Lucas. Lequel continue de travailler avec Geneviève.
“Depuis le Grand Huit, on collabore ensemble artistiquement. Il m’aide souvent sur les paroles ou musique de mes chansons en fin de parcours.
Juste avant Astaffort, on a aussi fait une tournée ensemble de quatre dates en France. C’était un concert rencontre entre un artiste français et une artiste québécoise. On a entres autres jouer à Thou bout d’chant (Lyon) et au Limonaire sur Paris.
On écrit un duo ensemble : c’est la chanson thème du spectacle ».
Une chanson à découvrir sur la vidéo ci-dessous.
Dernière photo des Astagiaires avant le début du concert de clôture
“Avec Emilie Marsh, on a écrit des chansons en trois heures, paroles et musiques”
C’est évident, la France occupe une place de choix chez l’artiste québécoise !
“J’avais le désir de revenir en France, j’avais beaucoup aimé la manière dont les Français travaillent, surtout au niveau créatif. Les Français sont très créatifs dans les textes, les jeux de mots, les interventions entre les chansons, ils font attention dans tous les domaines. Chez nous au Québec, c’est beaucoup plus musical et moins les textes. On n’a pas la même façon de travailler.
Moi j’ai vraiment besoin de travailler mes textes pour que mon univers musical soit cohérent. J’ai besoin de pousser là-dessus !
Et en plus je ramène deux chansons pour moi, un duo avec Oldelaf que j’aimerai mettre sur mon album. J’ai aussi travaillé sur un trio de filles avec Joko et Géraldine Battesti : j’aimerai qu’on puisse continuer ce trio là qu’on n’a pas eu le temps de mettre à terme.
Ce n’est pas une aventure artistique qui finit demain !
Avec Emilie Marsh, on a écrit des chansons en trois heures, paroles et musiques ! Et je veux les mettre sur mon album. Je n’ai jamais vécu ça de ma vie !
C’est une expérience très riche, avec des collaborations que j’espère continuer dans l’avenir. Je n’ai pas encore pris le recul de cette expérience là”.
Vendredi 11 octore 2013. Les Astagiaires en compagnie de l’équipe de Voix du Sud
Répétition d’ “Octobre” dans la cour de l’ancienne école
“Il y a un avant Astaffort, et un après Astaffort”
Et Geneviève de citer un des Astagiaires, Greg Laffargue : “Il y a un avant Astaffort, et un après Astaffort”. C’est ce que je ressens moi aussi, et j’ai le grand désir de revenir en France rapidement.
J’ai un double déchirement,car je m’en vais d’Astaffort et de la résidence, et de France aussi. Je rentre chez moi dans deux jours, c’est sûr que c’est déchirant”.
‘”Octobre” de et avec Francis Cabrel en compagnie d’Astagiaires en fin de première partie du concert de clôture des 37èmes Rencontres
“Ici j’ai vécu beaucoup d’émotion et de dépassement de soi
Que racontera Geneviève Morissette à ses amis artistes au Québec ? Avec un large sourire elle répond spontanément et avec détermination : “Je vous souhaite vraiment d’y aller ! Je ne sais pas comment résumer en un mot : c’est très riche !
J’ai pu parler un peu en aparté avec Francis Cabrel dans la cour, il me disait que les Québécois sont des gens qui travaillentfort et tiennent bien la scène. Ils ont un bon niveau musical. Il a bien aimé ma chanson “Crise de nerfs”, il me l’a dit !
Il m’a aussi dit que le thème n’est pas courant dans la chanson française. Au Québec, je n’ai jamais entendu de chanson sur ce thème là ! Francis Cabrel m’a dit que Jeanne Cherhal acomposé une chanson sur ce sujet … mais je ne le connais pas encore.
J’ai aussi pu parler un peu avec le parrain des 37èmes Rencontres d’Astaffort, Dominique A. Ça s’est passé dans un climat très sympathique. C’est un chanteur très ouvert, facile d’approche
En guise de conclusion à cet entretien, avant que la chanteuse ne rejoigne ses nouveaux amis pour chanter et faire la fête jusqu’au bout de la nuit, elle affirme : “Ici j’ai vécu beaucoup d’émotion et de dépassement de soi. J’ai fait des choses que je ne pensais pas capable de faire comme écrire une chanson en trois heures ! Et je me suis découverte comme artiste !”.
“Crise de nerfs” face à Oldelaf
“Depuis des années, je me sens comme une guerrière qui part à la conquête de sa liberté ayant le silence pour prison”
Nul doute qu’on n’a pas fini d’entendre parler de Geneviève Morissette. Outre divers “démos” déjà disponibles, elle prépare avec exigence un premier album correspondant à ses choix.
Question de patience, tout simplement. De respect d’elle-même et d’un public croissant qui suit l’évolution de sa jeune carrière : une des nouvelles voix d’une chanson québécoise résolument décomplexée face à ses illustres aînés.
Une de ces artistes qui s’aventurent sur une voie où le besoin d’être bien dans sa peau – autant sur scène que dans la vie – va de pair avec l’envie de retenir l’attention du grand public, des deux côtés de l’Atlantique. Mais surtout pas à n’importe quel prix, en enregistrant n’importe quoi pour “faire le buzz” ou accéder à une notoriété aussi fulgurante qu’éphémère.
Cette volonté de réussir sa vie d’artiste ET sa vie tout simplement, elle l’exprime avec intensité dans divers textes de son blog. Des paroles sans tabou, sans langue de bois. Juste le désir de se montrer tel qu’on est. Sans jouer un personnage.
En témoigne entre autres le texte “Pour sortir du silence” dont voici un extrait proposé en guise de conclusion à cet article.
“Depuis des années, je me sens comme une guerrière qui part à la conquête de sa liberté ayant le silence pour prison. Le combat est long et les soldats se fatiguent des fois. Au bout d’une si longue attente, une joie profonde s’installe quand mes projets se réalisent.
C’est un peu comme si chaque marche significative que je monte comme artiste, y’ avait trois escaliers avant pour y arriver. Pierre Falardeau disait la même chose par rapport à ses films alors ça me rassure mais j’en ai souvent voulu à la vie même au monde entier pour ça. Je gueulais avec toute la voix que j’étais capable de trouver à l’injustice”.
Et voici la Lettre d’amour à la France publiée par Geneviève Morissette juste après avoir quitté Astaffort.
“Il y a 3 ans, lors de la tournée franco-québécoise du Grand Huit, j’ai mis pour la première fois de ma vie les pieds en France.
A ce moment, je découvrais l’architecture incroyable que je résumais en une phrase pour m’amuser: A mannée (Traduction: A un moment donné) des rues croche, à mannée un pont, à manné un château.
A ce moment là, la France s’était comme un homme qui me “teasait” qui me faisait du charme, comme pour vérifier si ça allait faire son effet. Je suis rentrée au Québec avec une impression de “pas fini” de “pas déjà”.
Tellement, qu’en arrivant au Québec, je me suis pris un coloc français comme pour continuer de vous découvrir dans ses yeux.
Trois ans plus tard, je reviens pour ma tournée avec Bastien et pour les résidences d’Astaffort. Cette fois-ci, c’est un sentiment de déjà connu une sorte d’ivresse, de boîte à souvenirs qui s’est ouverte lorsque je suis arrivée sur Paris.
Cette fois-ci, je peux le dire, ce n’est pas juste un béguin, un “kik” c’est carrément un coup de foudre. Je suis tombée amoureuse de vos vachement bien, de vos putain de merde, de vos 9h am qui sont en fait des 9h 30, de vos remises en questions qui prennent des heures de discussions pour un détail qu’on règle en 5 minutes au Québec, de votre histoire grandiose, du côté gentleman des hommes qui portent tes valises ou qui t’emmène à l’aéroport, de votre accent des fois chantant comme dans le sud, ou des 10 000 mots minutes des Parisiens.
J’ai vécu des moments incroyables, avec des artistes, des organisateurs de spectacle, avec le public aussi curieux de connaître mes textes, ma folie et surtout un bout du Québec à travers moi.
Comment ne pas rendre grâce pour l’incroyable chance d’avoir chanter avec Francis Cabrel. Dans la série, rêve à réaliser je coche un grand check.
Pour la petite fille du Saguenay qui regardait des émissions musicales enregistrées à Montréal. Déjà Montréal c’était New-York dans ma tête d’adolescente réservée. Je portais de grands rêves et je n’avais aucune idée comment les réaliser.
Maintenant, qu’est-ce que je fais avec tous ces cadeaux créatifs que j’ai reçu à part tout faire pour redonner au centuple ce que j’ai maintenant au fond du cœur, une trace de vérité, un sentiment d’être entière comme si en vous rencontrant, j’avais retrouvé une moitié perdue, une part de mon histoire, de mon identité.
Je vous aime de tout cœur et je fais tout ce que je peux pour revenir le plus rapidement possible à votre rencontre.
Geneviève, franco-québécoise et fière de l’être. xxx
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“Je ne réalisais pas que j’étais sur scène en train de chanter avec lui”
Diversité et nouveauté sont les deux incontestables repères de la 17ème FrancoFête en Acadie.
Chanson, danse, théâtre, humour, variété, musique sont au rendez-vous de cet événement international organisé du 6 au 10 novembre à Moncton, au Nouveau-Brunswick, sous l’égide de RADARTS : le Réseau Atlantique de diffusion des arts de la scène créé le 8 novembre 2001 et alors dirigé par Martine Thériault.
Coup de projecteur sur cet événement UNIQUE à bien des égards dans l’espace francophone.
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9 octobre, conférence de presse de la FrancoFête 2013. Jacinthe Comeau, directrice de RADARTS en compagnie de François Albert, président de RADARTS et du maire Yvon Lapierre, maire de Dieppe. Photo Véronique Godin
La FrancoFête 2013 accueillera plus de 50 extraits de spectacles acadiens et francophones qui se produiront devant public et délégués pendant ces cinq jours d’activités.
Sans parler des fins de soirées avec “Les Oiseaux de Passage” et des nuits “Aft’heures du Plan ” pour amoureux de la chanson et de la musique francophone et autres insomniaques en quête de nouveaux talents musicaux !
Parmi les nombreux artistes invités, l’Acadienne Lina Boudreau et le Québécois Stéphane Côté
Également sur scène à Moncton Mehdi (Ontario) et Violett Pi (Québec) ici en juin 2013 aux Francos de Montréal … ainsi que Marcie (Québec) et Yao (Ontario) ci-dessous en compagnie de Ludo Pin au Festival de Petite-Vallée en juin 2013
La Québécoise Joëlle Saint-Pierre (ci-dessus) et l’Acadienne Caroline Savoie (ci-dessous): deux des rendez-vous de la FrancoFête, ici aux vitrines francophones internationales de L’Estival à Saint-Germain-en-Laye le 6 octobre 2013
Nombre de vitrines musicales sont prévues au Capitol, sur la Main Moncton
De 1887 à 1982, l’Acadie a vécu au rythme de L’Evangéline, un des plus vieux journaux de langue française au monde. Il n’en subsiste qu’une plaque sur un édifice de la Main à Moncton
Danse, théâtre, humour, chanson, musique et variété
Chaque année en novembre, la FrancoFête en Acadie revêt une grande importance pour les diffuseurs et les artistes des arts de la scène francophone dans les Provinces Atlantiques mais également, pour toutes les provinces du Canada.
Les tournées RADARTS et Cerf-volant (pour jeune public) découlent, en grande partie, directement de cet événement.
C’est évident, la FrancoFête en Acadie est réputée et reconnue à l’échelle de la francophonie canadienne, québécoise et internationale pour la qualité et le professionnalisme de son événement.
La diversité et la nouveauté sont au premier plan quant à la présentation des artistes et des disciplines diverses, entre danse, théâtre, humour, chanson, musique et variété.
Impossible évidemment ici de passer en revue tous les rendez-vous artistiques et notamment toutes les vitrines musicales.
Comme chaque année, un des temps forts de la FrancoFête sera le Salon-Contact auquel prendront part quantité de professionnels acadiens et québécois dont Carol Doucet, créatrice du Grenier Musique (ci-dessus) ou Marie Bujold (ci-dessous)
Le Salon-Contact accueille chaque année l’APCM, Association des professionnels de la chanson et de la musique (Ontario). Ici Eric Auclair, alors en poste à l’APCM
Délégués internationaux de la FrancoFête 2012 avec la SNA et de la SPAASI
Avec la SPAASI : la Stratégie de promotion des artistes acadiens sur la scène internationale.
Mais attention, ne vous y trompez pas !
La FrancoFête ne se résume pas à un enchaînements de vitrines artistiques … comme le confirment nombre d’initiatives signées SPAASI, la Stratégie de promotion des artistes acadiens sur la scène internationale.
Les nombreux délégués – notamment en provenance de la France, la Suisse et la Belgique – bénéficieront aussi de rencontres professionnelles comme un “déjeuner réseautage et vitrines Bienvenue en Acadie”, ou d’ateliers sur divers sujets d’actualité comme par exemple “L’édition musicale à l’international”.
Novembre 2011 au Capitol : Philippe Beaulieu passe le relais à Christine Lavoie
L’Acadie Nouvelle, 10 novembre 2 000, article de Sylvie Mousseau, observatrice avertie de la chanson acadienne : entretien avec Christian Bordarier, un des “délégués historiques” de la FrancoFête
Cercle de la SOCAN animé par Monique Poirier
Comme les années précédentes, la FrancoFête accueillera aussi un Cercle des auteurs de la SOCAN animé par Monique Poirier : il réunira Diane Tell, France d’Amour, Joseph Edgar et Michel Thériault.
Par ailleurs, le nouvel album du groupe Les Païens aura lieu durant la FrancoFête, avec présentation d’un documentaire réalisé par Radio-Canada sur ses 20 ans.
Quant à la remise des prix RADARTS, elle aura lieu lors de l’ouverture officielle de l’événement, le 6 novembre.
De nombreux prix seront également remis aux artistes acadiens s’étant démarqués durant l’événement pour les soutenir dans leur promotion à travers le pays.
De quoi mettre largement en valeur les arts de la scène en Atlantique du 6 au 10 novembre 2013.
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EN MEMOIRE DE MAURICE SEGALL : L’ACADIE AU CŒUR
Été 2000, Déferlantes Francophones de Capbreton : remise du drapeau acadien à Annie Benoît (L’Autre Distribution), Maurice Segall et Albert Weber par le chanteur Patrice Boulianne (Blou)
En rédigeant cet article sur la FrancoFête 2013 me reviennent évidemment en mémoire tant de souvenirs liés à Maurice Segall.
C’est en effet grâce à lui qu’à la fin des années 90 j’ai eu la chance de découvrir la FrancoFête Dieppe Moncto.
Telle était alors l’appellation officielle de l’événement présidé par Louis Doucet et dirigé par René Légère. Les voici ci-dessous en train de poser avec le programme de la FrancoFête en novembre 2005.
Un des nombreux articles de la presse acadienne consacrés à Maurice Segall. Ici l’Acadie Nouvelle en novembre 2002
Grâce au créateur et directeur des Déferlantes Francophones de Capbreton, dans les Landes, j’ai plongé sans hésitation au cœur d’une chanson francophone dont je connaissais, à la fin des années 90, encore si peu de talents.
Et d’année en année, et de Déferlantes Francophones de Capbreton en FrancoFêtes à Moncton j’ai découvert un art de créer, de chanter, de vivre et de s’affirmer des plus attachants, dans un environnement majoritairement anglophone.
FrancoFête 2004 : Maurice Segall entouré par Gary Gallant (Ile du Prince-Edouard) et Pierre Robichaud (groupe 1755)
Patrick Verbeke, Maurice Segall, Gerry Boudreau et Patrice Boulliane (Blou)
“Nous, nous sommes des Acadiens, pas des Québécois !”
Pas étonnant que les Hay Babies aient lancé ce cri du coeur et de la raison au public de près de 250 personnes venues les applaudir à la Maison pour Tous de Beaucourt, sur le Territoire de Belfort le mardi 1er octobre dernier.
Aujourd’hui plus que jamais, la nouvelle génération acadienne est fière de son identité enracinée dans une langue française enrichie de chiac. Ici on a forgé une manière de parler différente de celle de la France, ce qui surprend toujours les puristes d’une langue française débarrassée d’anglicismes.
Et cette nouvelle génération reprend avec fierté le flambeau de ses aînés.
Mais attention, elle marche cependant à son rythme, à tous les sens du terme. Et avec des répertoires qui ne sont pas seulement enracinés dans l’histoire du Grand Dérangement et de l’infatigable Évangéline en quête de son amoureux Gabriel !
Février 2000, en route vers Capbreton, au Nouveau-Brunswick pour les ECMA avec Maurice Segall. (Photo Gerry Boudreau)
Oui, grâce à Maurice Segall, chaque nouvelle FrancoFête m’aura permis de découvrir des jeunes talents. Et bien souvent, Maurice et moi étions assis l’un à côté de l’autre durant les vitrines musicales et nous échangions nos impressions.
Et nous parlions évidemment de la préparation des prochaines Déferlantes Francophones et de son fameux tremplin coordonné par celui qui l’accompagnait : Jean-Michel Tambourré, créateur du site francomag.com.
Ce tremplin aura accueilli à Capbreton tant d’ “artistes en émergence” comme on dit et dont la personnalité et le répertoire ont pris un incroyable envol par la suite, tel le franco-ontarien Damien Robitaille.
Oui, c’est la plupart du temps à Moncton que Maurice Segall aura repéré de jeunes talents francophones originaires d’Acadie évidemment, mais aussi du Québec et des autres provinces du Canada.
Novembre 2000, Moncton. De gauche à droite Jacques Gascuel, alors consul de France, René Légère, Louis Doucet et Maurice Segall
Journal interne de la FrancoFête qui eut son heure de gloire !
Durant la FrancoFête de novembre 2012, à l’invitation de René Légère, nouveau président de la Société nationale de l’Acadie, j’avais pris la parole, dans la salle de l’Empress à Moncton.
Face aux délégués internationaux j’avais évoqué la mémoire de Maurice Segall et lancé une suggestion : pourquoi ne pas perpétuer sa mémoire en créant un Prix Maurice Segall ?
Histoire de ne pas jeter aux oubliettes le souvenir de celui qui a tant aidé à FAIRE CONNAITRE ET AIMER la chanson francophone d’Amérique du Nord en France …
Le “noyau dur”des bénévoles des Déferlantes Francophones de Capbreton avec Maurice et Françoise Segall, créateur de du festival
La plupart des jeunes artistes repérés par Maurice Segall se sont par la suite affirmés avec brio.
Un souvenir parmi tant d’autres, enraciné dans la musique traditionnelle : en l’occurrence les premiers pas d’Emmanuelle et Pastelle LeBlanc, se produisant à la fin des années 90 dans une petite salle d’un sous-sol de Moncton avec leur papa musicien.
C’était bien avant la création du groupe Celtitude dont le nom a été transformé par la suite en Vishten !
Mai 2013, Île-du-Prince-Édouard. Ten Strings and a Goat Skin présente son 1er CD «Corbeau» salué trois mois plus tard par Patrick Plouchart dans Trad Magazine
… et les “Aft’heures du Plan b” jusqu’au cœur de la nuit !
En songeant à l’aventure des soeurs LeBlanc, ou dans un autre registre musical, Lisa LeBlanc découverte à la FrancoFête alors qu’elle n’avait que 16 ans, bien des questions se posent sur l’actuelle relève.
Autant d’interrogations positives car rien n’est plus enthousiasmant que de découvrir – hélas sans pouvoir partager mes impressions avec Maurice Segall – des jeunes talents. Et de leur souhaiter un destin artistique à l’instar de celui des jumelles musiciennes et chanteuses !
En pensant à l’histoire de Celtitude devenu Vishten – groupe trad de l’Ile-du-Prince-Edouard aux tournées désormais internationales sur divers continents – je pense évidemment à un autre trio de cette même terre acadienne : Ten Strings and a Goat Skin.
On ne peut que leur souhaiter de s’aventurer à leur tour sur les traces de Visthen. En l’occurrence un destin artistique sans frontières pour Jesse Périard, et les frères Rowen et Caleb Gallant.
Ce trio de musique traditionnelle de l’Ile du Prince-Edouard a d’ailleurs retenu l’attention de Patrick Plouchart. Et leur premier album, “Corbeau”, lui a inspiré une chronique des plus élogieuses dans la revue de référence Trad Magazine.
En novembre 2013, TSAAGS devrait – une fois de plus – retenir l’attention des professionnels venant à Moncton. En effet, le groupe se produira dans le cadre des “Aft’heures du Plan b”. Tous les détails sur les horaires de ces groupes en cliquant ici
Après leur vitrine musicale en novembre 2012 à la FrancoFête, suivie au printemps 2013 par une autre prestation toute aussi éclatante aux ECMA à Halifax, un constat s’impose : la musique traditionnelle acadienne a trouvé avec TSAAGS une NOUVELLE valeur sûre.
Un des nombreux articles sur la FrancoFête paru dans le trimestriel Chorus n°42 hélas disparu. Ici une page sur l’édition de novembre 2002 avec des photos du Québécois Stéphane Côté et des Acadiens Ronald Bourgeois et Lennie Gallant
Une renommée d’envergure internationale
Aujourd’hui, il est évident que la FrancoFête s’est forgée une renommée d’envergure internationale.
Fini le temps des premières éditions vécues avec Maurice Segall dans des circonstances parfois insolites… comme ces vitrines musicales proposées en plein air au Marché de Moncton !
Ou alors au premier étage d’un immeuble de la Main de Moncton, dans un établissement nommé “Le 2ème”. Ce soir-là il y avait de la concurrence musicale entre des vitrines présentées par des artistes de la FrancoFête et non loin de là, dans une salle voisine, une percutante musique dansante ponctuée par force cris de joie !
En effet, à quelques dizaines de mètres des artistes-guitaristes résonnait une toute autre ambiance : on s’y amusait pour un mariage ! Souvenirs, souvenirs d’un temps évidemment révolu !
Deux des programmes des FrancoFêtes conservés dans mes archives
Et pour avoir conservé quantité de documents – programme, photos, articles de presse, etc – de chaque édition de la FrancoFête depuis la première vécue à la fin des années 90 jusqu’à celle de novembre 2012, une évidence s’impose.
Oui, ces vestiges des FrancoFêtes d’antan en disent si long sur l’histoire et l’évolution de la chanson acadienne. Et plus globalement de la chanson francophone d’Amérique du Nord !
En ce temps-là on se retrouvait à l’Arrière-Scène pour des nuits plus ou moins blanches …
Oui, les pionniers Louis Doucet et René Légère – à pied d’œuvre dès les premières éditions – peuvent être fiers de l’évolution de cette INCONTOURNABLE FRANCOFETE.
Le “repli stratégique” mené à bien en novembre 2012 à Dieppe témoigne d’une nouvelle étape de cet événement UNIQUE en Acadie. Une nouvelle étape que nous vivrons intensément, une fois de plus, du 6 au 10 novembre 2013.
Chaque FrancoFête est synonyme de retrouvailles. Ici en novembre 2012 avec Rico Pierrard (Festival de Pully-Lavaux), le chanteur acadien Danny Boudreau et Guy Zwinger, animateur radio en Lorraine.
Novembre 2011, hall du Capitol : présentation du Centre de ressources international et acadien. Le CRIA est un site axé sur les artistes acadiens et francophones du Canada Atlantique prêts pour l’international
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Ce dossier sur la FrancoFête est dédié à Maurice Segall, incontestable militant de la chanson francophone d’Amérique du Nord en France, notamment via les Déferlantes Francophones de Capbreton créées avec Françoise
Après un premier article sur les 37èmes Rencontres d’Astaffort, une question se pose : que savez-vous au juste de cette commune dont le nom est si connu dans l’espace francophone ?
Du moins auprès de celles et ceux qui s’intéressent à la chanson francophone.
En effet, chaque Rencontre d’Astaffort accueille des artistes de diverses régions de France mais aussi d’autres pays, voire d’autres continents, notamment de l’Amérique du Nord francophone.
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Cour de l’ancienne école des garçons : répétition d’ “Octobre” quelques heures avant le concert de clôture des 37èmes Rencontres. L’ambiance a bien changé depuis la traditionnelle photo de classe (ci-dessous) présentée page 52 du livre d’Alain Beyneix sur l’histoire d’Astaffort !
En reportage de francomag.com à planetefrancophone.fr
Avant de retrouver dans un autre article les Astagiaires de la Rencontre d’automne 2013, allons nous promener dans les rues de d’Astaffort, une commune au riche passé comme en témoignent divers édifices.
A cette promenade au coeur d’Astaffort sont également conviés les Astagiaires des 37èmes Rencontres : ils n’ont évidemment pas eu le temps de flâner au gré des ruelles et des bâtiments d’antan.
Pas question de jouer aux touristes quand on a la chance d’être retenu pour vivre une dizaine de jours et de nuits au Centre des Écritures de la Chanson ! D’où cet article illustré de photos prises entre le 9 et le 12 octobre 2013. C’est une version réactualisée d’un reportage intitulé “Une question d’équilibre” paru le 24 avril 2012 sur le site francomag.com
Alors prêts à découvrir Astaffort ?
Bienvenue à Astaffort ! (Photo Jacques Schleef)
Conversation entre Francis Cabrel et un Astagiaire dans l’ancienne cour d’école
Pas le temps de traîner ni de partir les mains vides vers la Music-Halle pour finaliser le concert de clôture !
Au cœur de la cité, la mairie de cet ancien village fortifié, sur la rive droite du Gers
“Cher Monsieur le Maire …”
Premier constat : Francis Cabrel n’est pas – mais non … – et n’a jamais été le maire d’Astaffort, ni un des adjoints de l’équipe municipale. Une légende pourtant tenace comme en témoignent divers courriers et appels téléphoniques auxquels la mairie d’Astaffort est habituée de longue date !
De quoi alimenter quelques savoureux quiproquos évoqués avec humour par André Garros, premier magistrat de cette cité. Lequel confirme cependant que le chanteur a été conseiller municipal un certain temps.
Si Francis Cabrel n’était pas d’ici, nul doute que cette commune ne retiendrait guère l’attention des médias. Ici pas d’agitation médiatique particulière : la vie suit son cours au quotidien, tout simplement … “Une question d’équilibre” pour cette commune où l’on vit comme si de rien n’était. Ou presque.
Ancien village fortifié situé sur la rive droite du Gers, Astaffort est un chef-lieu de canton situé à 18 km d’Agen.
Et pour arriver jusqu’ici, la plupart des Astagiaires prennent tout simplement un bus en provenance d’Agen. Une excellente immersion dans la vie locale pour ces chanteurs et chanteuses immédiatement plongés dans la “vraie vie d’Astaffort” : celle d’une cité qui vit tout simplement au rythme de son environnement régional.
Nombre d’Astagiaires arrivent par bus à Astaffort : l’arrêt se trouve près du Centre des Écritures de la Chanson
A droite Pascal Bagnara, directeur de Voix du Sud, ici avec le parolier Marc Estève, un des formateurs des Rencontres d’Astaffort
“Un lieu improbable pour le show-business parisianiste”
Pour mieux comprendre Astaffort, arrêtons-nous sur une citation signée Fred Hidalgo, ancien directeur de la rédaction et rédacteur en chef de “Chorus, les cahiers de la chanson”.
Il vient de publier aux Éditions L’Archipel “Jacques Brel, l’aventure commence à l’aurore” : un ouvrage de référence de 380 pages sur le créateur de “Quand on a que l’amour” aux Marquises. Mais ne nous attardons pas (pour le moment du moins !) aux Marquises et revenons à Astaffort, dans le Lot-et-Garonne !
Dans un dossier de cinq pages consacrées en juin 2004 aux Rencontres (Chorus 48, page 114), Fred Hidalgo insiste sur trois aspects d’Astaffort à la fois différents et cependant tellement complémentaires.
“Une expérience triplement atypique : par leur implantation géographique, bien sûr, un lieu improbable pour le show-business parisianiste ; pour leur animateur principal, ensuite, véritable star de la chanson – sans doute le chanteur français le plus apprécié de tout l’espace francophone ; par leur formule, enfin, qui comme leur nom l’indique privilégie les rencontres à la formation professionnelle classique”.
L’ancienne Halle aux Grains accueille tous les concerts de clôture des Rencontres. Ci-dessous une des entrées de la Music-Halle
Face au Centre des Ecritures de la Chanson, un paisible kiosque au cœur de la cité
1992 : création de l’association Voix du Sud
Et quand on prend la peine de se promener dans les rues d’Astaffort, on imagine difficilement que tant d’artistes français et francophones y aient déjà séjourné…
L’association Voix du Sud s’y est installée en 1992, soit deux ans avant la création des premières Rencontres : de quoi donner un nouveau souffle à cette commune du département du Lot-et-Garonne !
C’est vrai, il est agréable de marcher en toute sérénité dans le village, d’arpenter les ruelles d’antan. Et d’y découvrir forces traces d’une Histoire qui a défié les siècles. Avec pour commencer un patrimoine et un passé mis en valeur avec nombre de plaques sur diverses façades de maisons et murs.
Office de tourisme d’Astaffort : en vitrine affiche de la soirée de clôture des 37èmes Rencontres et du concert de Dominique A
Comme dans toutes les communes de France, le monument aux morts des deux guerres mondiales : celui d’Astaffort est à quelques minutes de Voix du Sud
Jusqu’au 18e siècle, trois portes percées dans les murailles permettaient d’aller et sortir de la ville fortifiée
“A l’époque gallo-romaine, Astaffort bénéficiait déjà d’une situation remarquable puisque située entre deux chefs-lieux de canton : Agen et Lectoure” selon un dépliant bilingue (français-anglais) disponible à l’Office de tourisme
Astaffort ? Le nom viendrait d’une ancienne devise latine « Stat Fortier qui signifie “position forte”
Deux châteaux et des murailles au Moyen-Age
Entre le 11e et le 14e siècle, Astaffort était dominé par deux châteaux forts : celui de la Craste situé près de l’église Sainte-Geneviève et celui du Mous, près de l’église Saint-Félix.
Et la cité était entourée de murailles qui permettaient de réunir ces deux bastions !
Jusqu’au 18e siècle, trois portes percées dans ces murs permettaient d’aller et sortir de la ville : celles de Corné, de Bouc et du Gers.
Les Astagiaires en manque de vitamine C peuvent s’en procurer à la pharmacie, à quelques pas de la Music-Halle et de Voix du Sud !
En prenant le temps de marcher dans les rues et les ruelles d’Astaffort, l’on découvre nombre de plaques, vestiges d’un prestigieux passé
Impossible de se perdre avec la signalétique de cette cité à taille humaine !
Ouvrage de référence sur Astaffort préfacé par Francis Cabrel
“Alain Beyneix fait ici un précieux travail de mémoire aidé par les rares personnes encore capables d’identifier ces bonnes figures de jadis”
Au 18e siècle, la population était estimée à 2 000 habitants. Les activités principales étaient l’agriculture, le tissage et les métiers du cuir. C’est aussi à cette époque que la ville grandit et sort de ses murs avec la construction de plusieurs faubourgs.
“A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, les quelques 1700 âmes qui peuplent Astaffort vivent au rythme des saisons. L’acteur principal du “pays” reste le paysan, tour à tour cultivateur, arboriculteur, bûcheron, viticulteur ou jardinier …
Les jours de foire, la foule se presse autour des tables sur tréteaux des exposants, place de Craste. Là règne une intense activité ! Route nationale et ligne de chemin de fer d’Agen à Auch assurent les débouchés aux productions locales de vin, de bestiaux ou de blé”.
C’est en ces termes qu’est présenté l’histoire de la cité dans un livre d’Alain Beyneix, avec 200 reproductions de photos, cartes postales et documents divers : un ouvrage de référence sur “Le vieil Astaffort” paru aux Éditions Alain Sutton.
Ce livre bénéficie de la préface suivante signée Francis Cabrel qui rend hommage à ces habitants anonymes et travailleurs immortalisés par les photographes.
“Et voilà ceux dont nous avons pris la place, les murs, les rues.
Ils ont probablement posé de longues minutes, mais ça ne changeait pas grand-chose à leur quotidien. On passait, de ce temps, les journées devant la porte.
Ainsi le bourrelier, la modiste, la pâtissière, le bijoutier. Siècle heureux des petits commerces.
Alain Beyneix fait ici un précieux travail de mémoire aidé par les rares personnes encore capables d’identifier ces bonnes figures de jadis.
Des gens d’Astaffort comme lui et moi”.
Astaffort sous la lune un soir d’octobre …
“Redonner au Boiron une partie de ses lettres de noblesse et de voir au cours des saisons ressurgir ses couleurs initiales”
Aujourd’hui Astaffort compte 2126 habitants, comme le précise André Garros, maire depuis 2004, suite à la disparition de la mairesse Danièle Esteban décédée en cours de mandat : la médiathèque porte désormais le nom.
La commune compte nombre de personnes âgées, notamment des retraités agricoles des villages des alentours qui vieillissant pour la sécurité viennent habiter ici pour bénéficier de tous les services. Dont le système de portage de repas mis en place par Madame Esteban.
L’entrée de la commune dans la Communauté d’Agglomération d’Agen (L’Agglo d’Agen) date de septembre 2011. Elle permet – entre autres – aux habitants de profiter des avantages de la compétence transport en bus, suite à une convention entre L’Agglo et la SNCF. D’où des transports en commun moins cher … qui facilitent la vie des habitants et aussi celle des Astagiaires
De quoi se déplacer ainsi sur la ligne Auch-Agen … Un point important pour le désenclavement d’Astaffort, qui demeure une commune essentiellement agricole, notamment les céréales et les vignes.
“Jusqu’au début du 20e siècle, une centaine d’hectares de vignes étaient plantées sur notre domaine jusqu’à ce que le phylloxera ne contraigne le propriétaire d’alors de tout arracher. En tant que nouveau propriétaire l’idée paraissait naturelle de redonner au Boiron une partie de ses lettres de noblesse et de voir au cours des saisons ressurgir ses couleurs initiales. C’est en 1996 que nous avons décidé de replanter et de faire revivre le Domaine du Boiron”.
Cette présentation est signée “Francis Cabrel, viticulteur” : son frère Philippe assure le fonctionnement du Domaine Boiron. Cliquez ici pour découvrir son site.
Tabac-presse comme dans la plupart des villages de France
Pascal Bagnara et Rania Serrano, deux des permanents de Voix du Sud en discussion avec Dominique A, parrain des 37èmes Rencontres d’Astaffort (à droite)
“Il a voulu faire profiter la commune de son expérience”
La plupart des Astagiaires ne mettent pas le nez dehors durant les Rencontres, trop concentrés sur leurs chansons créées ensemble : tout juste les rencontre-t-on en train de se déplacer entre la Music-Halle et l’ancienne école, voire du côté du bar-tabac pour les amateurs de cigarettes …
Et qu’en est-il donc du citoyen le plus illustre de la commune ?
“Il faut bien reconnaître que Voix du Sud repose sur ses épaules” explique le maire André Garros, évoquant la genèse de cette structure née du temps où Francis Cabrel était encore conseiller municipal.
“Il a voulu faire profiter la commune de son expérience” précise le premier magistrat, insistant entre autres sur l’aménagement de l’ancienne Halle aux Grains devenue Music-Halle – suite au soutien de Jack Lang, alors ministre de la Culture – et également de l’ancienne école communale des garçons devenue Centre des Écritures de la Chanson et Maison des Associations.
Les deux anciens logements de fonction – l’école disposait alors de deux enseignants – ont été aménagés en bureaux pour Voix du Sud et en chambres pour l’hébergement des Astagiaires. La salle de danse utilisée par les associations locales et les Astagiaires faisait, elle aussi, partie de l’un des logements de fonction.
Au coeur de Voix du Sud dans le bureau de Rania Serrano
“Je dis tout le temps aux stagiaires de prendre le temps de visiter la ville, de faire un tour dehors !”
C’est au début des années 90, avec l’ouverture d’une nouvelle école des garçons que les locaux du 1 rue du Plapier se sont retrouvées vides.
D’où le projet à deux facettes mis en place et où Rania Serrano occupe une place stratégique, étant en poste à la fois pour Voix du Sud et pour l’École de Musique. Hubert Delpech, maire à l’époque de ces transformations, est d’ailleurs membre du conseil d’administration de Voix du Sud.
Et l’actuel maire d’Astaffort de mettre en relief un point luit tenant particulièrement à cœur «Je dis tout le temps aux stagiaires de prendre le temps de visiter la ville, de faire un tour dehors !
Je regrette que les stagiaires ne sortent pas plus souvent : ils sont tous les mêmes, ils ne mettent pas le nez dehors même la médiathèque ils n’y vont pas beaucoup alors qu’elle est aussi destinée aux stagiaires. Il y a un intéressant fond !”.
Et de rappeler que pour l’inauguration de la médiathèque, Astaffort a reçu plusieurs anciens Astagiaires : ils se sont produits dans divers pôles d’animations de la ville : mairie, hall des HLM, kiosque à musique, et … même au supermarché.
L’inauguration a en effet été l’occasion d’organiser “la journée de la chanson” à Astaffort, le 17 mai 2005.
Jean-François Laffitte se souvient : “Une centaine d’Astagiaires sont venus de toute la France (certains pas revus depuis la 1ère session en 1994). La commande aux artistes était un titre du répertoire et un titre personnel : “Général à vendre” de Francis Blanche a été ainsi chanté au monument aux morts !
Le public circulait dans tout le village de petite scène en petite scène. Serge Hureau nous avait fait l’amitié de représenter le hall de la chanson en donnant une conférence sur “le petit conservatoire de Mireille” à la mairie, à la “salle des illustres”. Alors que son responsable multimédia faisait de son coté une présentation du hall en vidéo projection à la Médiathèque”.
Près de la Music-Halle, la Médiathèque Danièle Esteban en mémoire de l’ancienne mairesse décédée en cours de mandat
Depuis 1992 la commune d’Astaffort est jumelée avec Saint-Zénon, municipalité québécoise de la Lanaudière. D’où cette rue face à la stèle consacrée au jumelage (ci-dessous)
L’auteure-compositrice-interprète québécoise Geneviève Morissette (astagiaire des 37èmes Rencontres) en compagnie de Jacques Schleef, directeur du Festival Summerlied, Albert Weber (www.planetefrancophone.fr) et Jean Bonnefon, président de Voix du Sud
Depuis 1992 la cité d’Astaffort est jumelée avec Saint-Zénon, au Québec
A Astaffort, une évidence s’impose : ici on prend le temps de vivre et on respecte son voisin, même s’il est connu bien au-delà de son village. Certes, il y a bien des touristes qui viennent à Astaffort dans l’espoir de rencontrer – en vain – le créateur de “Sarbacane” en demandant aux habitants où est sa maison !
Le temps des Fêtes de la Musique où plus de 10 000 personnes convergeaient vers Astaffort pour un concert gratuit de l’enfant du village est révolu. Pas évident de gérer une telle foule et les embouteillages qui en découlent !
Depuis 1992 Astaffort est jumelée avec Saint-Zénon, municipalité québécoise d’un millier d’habitants dans la région de la Lanaudière. A plusieurs reprises, une délégation d’Astaffort s’est rendue à Saint-Zénon.
Ce jumelage avec une commune québécoise a des allures de clin d’oeil pour cette francophonie qui fait régulièrement battre le coeur d’Astaffort où ont déjà séjourné tant de talents francophone sous l’égide de Voix du Sud.
Sacré parcours que celui de cette association lancée par Francis Cabrel, Jean-François Laffitte et Richard Seff : un trio de pionniers qui a cru en un incroyable projet au début des années 90. Et s’est donné les moyens de le réaliser, et de tenir la distance.
Entre Lorraine et Québec, les deux jumelages de la commune d’Astaffort
Chaque Rencontre d’Astaffort bénéficie d’un parrain commeGrand Corps Malade, en septembre 2012
Vendredi 11 octobre, avant le concert de clôture : photo-souvenir en coulisses. Bonne humeur et émotion au rendez-vous avec (ci-dessous) avec Christian Alazard, un des formateurs (identité vocale et arrangements) et Annie-Flore Batchiellilys
Vendredi 11 octobre, quelques heures avant l’inoubliable concert des “astagiaires” des 37èmes Rencontres d’Astaffort parrainées par le chanteur Dominique A, s’est réuni le conseil d’administration de Voix du Sud.
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Quelques minutes avant le début de la réunion du conseil d’administration
Cette association est présidée par Jean Bonnefon,un des pionniers du renouveau de la chanson occitane.
Et son CA réunit divers professionnels de grande expérience du milieu de la chanson, dont Gérard Davoust (Éditions Raoul Breton) ; Jean-Michel Boris, ancien directeur de l’Olympia ou Fred Hidalgo, fondateur avec Mauricette, son épouse, du mensuel “Paroles et musique” et du trimestriel “Chorus les cahiers de la chanson”.
Précisons que la photo ci-dessus a été offerte à deux représentants de la direction d’Orange Sud Ouest présents sur ce cliché : Gérard Krebs, Délégué Régional Aquitaine et Jean-Marc Colin, Directeur des Relations avec les Collectivités Locales, Lot-et-Garonne.
Tous deux ont prévu de la transmettre dans la presse locale et aussi de la publier en “communication interne”d’Orange. Ils ont même promis d’en mentionner l’auteur. Une démarche qui mérite d’être soulignée d’autant plus qu’il est de plus en plus fréquent aujourd’hui que les photos de presse soient reproduites, recadrées voire même détournées de leur fonction première sans aucun respect pour le photographe … ni pour d’ailleurs le lecteur !
Sur cette photo figurent également André Garros, maire d’Astaffort ainsi que Pascal Bagnara et Jean-François Laffitte, respectivement directeur et directeur-adjoint de Voix du Sud.
Ce dernier est d’ailleurs un des trois fondateurs de l’association créée en 1992 avec Francis Cabrel et Richard Seff. Deux ans plus tard étaient organisées les premières Rencontres d’Astaffort.
Oui, au début des années 90, le trio s’est lancé dans une incroyable aventure tant artistique qu’humaine.
Au coeur d’Astaffort, l’ancienne école …
La fameuse cour synonyme de tant de créations de chansons : l’ancienne école des garçons de Francis Cabrel
Nul ne saura jamais le nombre de “tounes” – comme disent les Québécois – qui ont été composées sur les bancs de cette cour, sous l’égide du Centre des Écritures de la Chanson !
Cette année 2013 aura été des plus intenses pour l’association Voix du Sud : 61 concerts, 11 formations (Labos, Rencontres d’Astaffort et Répertoire; 34 chantiers de création dans les établissements scolaires; une journée de création pour les entreprises, deux résidences de création sans oublier … 35 000 vidéos vues.
Bienvenue à Astaffort !
Présentation du concert de clôture par Jean Bonnefon et Francis Cabrel
Ci-dessus et ci-dessous les astagiaires reprennent “Octobre” avec Francis Cabrel en fin de 1ère partie du concert de clôture
Superbe duo de Dominique A et Francis Cabrel pour “Les Gens absents”
Répétition d’ “Octobre” des “astagiaires” avec Francis Cabrel
Merci à Voix du Sud pour son accueil et son feu vert à prendre des photos en toute liberté.
A DÉCOUVRIR un dossier de 8 reportages sur les Rencontres d’Astaffort paru en avril-mai 2012 sur www.francomag.com
Qui disait donc que la chanson d’expression française manque de relève ? Vaste interrogation plus que jamais d’actualité des deux côté de l’Atlantique !
S’il est vrai que les grands médias écrits et audio-visuels se concentrent hélas essentiellement sur les artistes déjà connus et/ou les étoiles filantes de l’industrie musicale, il existe tant de talents (encore) méconnus.
En témoigne par exemple le Centre de la chanson ! Ce lundi 7 octobre 2013, il a remis son grand prix (2 000€) à Lise Martin lors de la 19ème édition du Tremplin Vive la reprise à La Maison de la Poésie à Paris.
Yves Jamait, à gauche, a présidé cette édition 2013
Lise Martin a également remporté le Prix du public (une programmation au forum Léo Ferré) ainsi que les prix Ecoutez-voir (Belgique) et Chanson de Parole (Barjac ex-aequo avec Garance).
Le prix de l’ADAMI a été remis à Strange Enquête pour une valeur de 2000€. Garance remporte le Prix de la SACEM (1000€) ainsi que le prix de l’UNAC (500€).
De plus l’Esprit frappeur (Suisse) et le festival decOUVRIR (Concèse), ACP La Manufacture chanson (Paris) et Edito Musique lui offrent une programmation en 2014.
Les autres partenaires qui constituaient également le jury de Vive la Reprise, ont offert une programmation à l’un des lauréats de Vive la Reprise : A Thou bout d’chant (Lyon) et Le Bijou (Toulouse) à Guillaume Barraband.
L’association Chant de Gouttière à Chaumont offre une première partie à Fabula ainsi qu’à Hélène Piris et Soria. Cette dernière est l’invitée du Mans Cité Chanson en 2014.
Sept finalistes et un président d’honneur nommé Yves Jamait
Fabula; Garance; Hélène Piris; Guillaume Barraband; Lise Martin; Soria et Strange Enquête : les sept finalistes, pour participer à ce tremplin, ont d’abord enregistré une chanson du répertoire français, une création personnelle et un titre d’Yves Jamait.
Puis ils ont pris part aux auditions publiques organisées à Paris mais aussi pour la première fois à Lyon et Toulouse.
Le président d’honneur était Yves Jamait, et chaque candidat a d’ailleurs interprété une de ses chansons.
Notons enfin que Les Edition Raoul Breton, Gérard Morel et Anne Sylvestre ont été membres du jury pour cette 19e édition du tremplin.
“Nous, on n’est pas des Québécoises. On est des Acadiennes ».
Le ton est donné dès le début du concert, en ce mardi 1er octobre, à la Maison pour Tous-Foyer Georges Brassens : haut-lieu de la chanson d’expression française dont la renommée dépasse largement la région de Beaucourt, dans le Grand Est de la France.
A quelques pas de là, le hall d’entrée de la salle est illustré de nombreuses affiches d’artistes des plus connus. Et ce soir, c’est aux Hay Babies d’apprivoiser sans aucune difficulté près de 250 personnes venues les applaudir.
Retour sur une inoubliable soirée où le cœur de l’Acadie a battu bien fort au cœur du Territoire de Belfort, non loin de l’Alsace.
Viviane, Katrine et Julie : décontractées sur scène comme dans la vie
Des “tounes” qui racontent la vie telle qu’elle est sans maquillages ni misérabilisme
Durant plus d’une heure et demie avec plusieurs rappels, Viviane Roy, Katrine Noël et Julie Aubé vont s’en donner à cœur joie pour le plus grand bonheur de ces spectateurs qui n’ont, pour la plupart d’entre eux, jamais mis les pieds en Acadie.
D’où la mise au point lancée d’emblée, en début de concert, par Julie Aubé.Et il est assurément bon de remettre les pendules à l’heure, d’autant plus que les puristes de la langue française en auront été pour leurs frais.
Car ici on chante comme on parle chez soi en famille ou entre amis. Et le chiac prend évidement toute sa place dans cet enchaînement de “tounes” qui racontent la vie telle qu’elle est sans maquillages ni misérabilisme. Et avec une perpétuelle valse entre langue française, chiac et termes anglais. En l’occurrence le reflet de la vie quotidienne au Nouveau-Brunswick tout simplement.
Vue partielle du public de la Maison pour Tous à Beaucourt
Chansons acadiennes aux thèmes universels
Qualifié par le programme de la Maison pour Tous de Beaucourt de “indie-folk canadien”, le répertoire des Hay Babies ne se résume pas à un fidèle reflet de la vie d’hier et d’aujourd’hui en Acadie. Car la plupart des thèmes mis en valeur par Julie (banjo), Katrine (ukulélé) et Viviane (guitare) ont une résonance universelle.
Chanter le destin de Neguac, c’est évoquer ce qui se passe aussi dans les campagnes françaises. Se souvenir de “Avant nous”, c’est plonger dans des réalités désormais enfouies sous l’omniprésente technologie.
Evoquer “le fil de téléphone”, c’est raconter la fragilité de tous les couples séparés par la distance et les fuseaux horaires. En rajouter dans le comportement de l’amoureuse “obsédée” par son chum, c’est décrire une réalité de la dépendance amoureuse qui a la vie dure sur tous les continents et toutes les latitudes …
Et on pourrait ainsi décortiquer une à une toutes les chansons de ces attachantes Hay Babies : elles cultivent avec brio l’art de dire des choses sérieuses d’une manière totalement décontractée. Et toujours avec un professionnalisme des plus confirmés.
Car un des atouts – et non des moindres- de ce trio acadien, c’est que les trois artistes ne jouent pas un personnage. Ici pas starlette en mal de reconnaissance, de chanteuse narcissique ou d’artiste mal dans sa peau. Elles sont sur scène comme en coulisses et comme dans la vie : naturelles, bien dans leur peau.
Et pour les avoir vu en pleine action dans diverses circonstances, des deux côtés de l’Atlantique, une évidence s’impose : leur gérante Carol Doucet a sans aucun doute l’art et la manière pour que cette formidable aventure artistique ne se limite surtout pas à un enchaînement de concerts d’un bord ou de l’autre de l’océan.
Carol Doucet et Luc Renaud, président de la Maison pour Tous de Beaucourt
Une partie des bénévoles mobilisés pour la préparation et le déroulement de la soirée : sans eux, une telle soirée aurait été impossible
Après les balances, Maurice, un des bénévoles, demande l’autorisation de prendre une photo-souvenir
Une identité acadienne jamais synonyme de ghetto
Complices dans leur quotidien comme sous les projecteurs, les Hay Babies évoluent avec bon sens entre le CŒUR et la RAISON.
Le cœur, c’est cette affirmation d’une identité acadienne qui n’est jamais synonyme de ghetto : une identité qui leur tient à cœur, à l’instar de leur grande amie Lisa Leblanc dont le bon sens va de pair avec un talent qui s’est affirmé sans tarder.
Et la raison, c’est une carrière dont le décollage n’a pas tardé. De quoi laisser rêveurs, voire envieux bien des artistes acadiens possédant tout autant d’inspiration mais ne bénéficiant pas de l’expérience et du réseau sans frontières de Carol Doucet.
Entre signatures de contrats et gestion de droits d’auteurs, entre tournées et préparation d’un nouvel album (des plus attendus !), les Hay Babies prouvent que la chanson acadienne n’a pas besoin de paillettes ou d’effets sonores spéciaux pour s’affirmer hors de son territoire d’origine. L’authenticité paie, à tous les sens du terme.
Berceuse acadienne face au public, sans instruments de musique
Et quand les trois amies reprennent a capella une berceuse acadienne, debout face au public des plus silencieux, on sent passer dans la salle une onde de bonheur. Un moment de grâce où le temps s’est arrêté, histoire de savourer chaque instant de ce chant d’antan qui nous replonge en enfance.
Et quand les trois amies reprennent avec leurs instruments la fameuse chanson de Mélanie, le public ne demeure pas silencieux : il répond spontanément à l’invitation et chante “Ils ont changé ma chanson”.
Encore un autre temps fort de ce concert, dernier d’une intense tournée qui aura mené les Hay Babies dans divers lieux entre le 21 septembre et le 1er octobre : Chaînon Manquant à Laval ; Les Trois Baudets à Pari ; spectacle à L’Irlandais à Limoges enregistré par France 3 ; concerts à Rilhac Rancon, Rochechouart et Bosmie l’Aiguille. Et pour finir en beauté à la Maison pour Tous –Foyer Georges Brassens à Beaucourt.
Et à chaque fois l’accueil du public français aura été à la hauteur des espérances. Et ce n’est pas fini, puisqu’il est question d’une nouvelle tournée au printemps en France et en Suisse.
Salut final après un ultime rappel
Amicales retrouvailles avant le dernier concert de la tournée d’automne en France
Ici pas de vitrine musicale pour professionnels mais un concert pour un public payant
C’est évident, on n’a pas fini d’entendre parler des Hay Babies, ni de leur entendre chanter non plus !
Et le fait d’avoir vu le trio acadien en pleine action au cœur de la France, loin des vitrines musicales où elles excellent par ailleurs, aura permis de constater que leurs chansons touchent vraiment le public.
En l’occurrence le vrai public, celui qui paie sa place, qui se laisse séduire par un accent inconnu, par des chansons dont il ne cerne pas toutes les nuances, mais qu’importe après tout : la magie demeure intacte.
Oui, le public a eu RAISONde venir passer une soirée dans cette salle qui a accueilli tant d’artistes. Et c’est indéniable : il a été touché au CŒUR à Beaucourt.
Conserver un souvenir du concert en achetant un CD pour le faire dédicacer
Et on s’applique pour dédicacer les affiches !
TEXTE ET PHOTOS ALBERT WEBER
Compte-rendu du concert paru dans L’Est Républicain du 4 octobre 2013
Impressionnante programmation que celle de la Maison pour Tous de Beaucourt comme en témoignent ci-dessus et ci-dessous les affiches dédicacées par Graeme Allwright, Allain Leprest, François Béranger, Robert Charlebois
Du 20 au 27 juillet 2013, Saint-Pierre et Miquelon a vécu au rythme des Déferlantes Atlantiques. Une grande première pour l’auteur-compositeur-inteprète Patrick Ochs et ses complices de Rue de la Muette.
Retour sur cet événement sous la plume et avec les photos de Patrick Ochs : un regard original, décalé et tendre sur un festival d’Amérique du Nord faisant battre le cœur de cet attachant archipel français au large de Terre-Neuve.
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En route pour Saint-Pierre et Miquelon
Ceux qui avaient raté l’avion…
D’excellents pilotes ! C’est ce que je me suis dit quand l’avion bimoteur s’est posé sur la petite piste de l’aéroport de l’archipel deSaint Pierre et Miquelon. Josette Dodeman, notre logeuse m’a expliqué plus tard que les femmes de Miquelon prenaient toutes l’avion pour venir accoucher à l’hôpital Saint-Pierrais.
Quand il y a trop de brume, faut attendre le soleil oula fin de la pluie,attendre l’avion qui vient de Terre-Neuve, attendre le bateau sur le rivage. Attendre la fin de la neige.
J’ai pris cette brume dans la figure quand je suis descendu de la minuscule passerelle. Çame faisait penser à l’une de ces vieilles photos en noir et blanc : Les Beatles arrivent sur un aérodrome et sortent de l’avion, assaillis par des filles hystériques. Sauf que nous, on n’avait pas de fans un peu cinglées pour se jeter sur nous. Même les chiens renifleurs nous ont regardés avec mépris. Pas la moindre boulette dans la chaussette.
Un douanier nous a demandé si nous étions les musiciens de Rue de la Muette, ceux qui avaient raté l’avion de la veille et le concert d’ouverture sous le chapiteau. Le type n’a même pas regardé les instruments, il m’a demandé si nous n’avions rien à déclarer et nous sommes passés comme de gros nazes.
La veille, pourtant, les musiciens de Martin Deschamps — de vrais tueurs du rock ceux là, des Canadiens hors pairs — avaient eu droit au grand jeu des vérifications à la douane : les questions tordues,la fouille des double fonds dans les étuis, les chiens renifleurs.
De gauche à droite Breen Leboeuf, Patrick Ochs, Martin Deschamps, David Ceresa et Gilles Puyfagès
Je me ferais teindre en blonde si tu me le demandais…
En fait, on est arrivés pendant le concert du samedi soir. Ils jouaient à fond. On s’est retrouvés derrière la console du sonorisateur, tous les voyants dans le rouge.
Martin Deschamps, sautait, en équilibre sur sa jambe unique et ses béquilles dansaient autour de lui. Il avait la voix que j’aurai aimé avoir au moins une fois dans ma vie: un truc entre Bob Seeger et AC/DC, entre le soleil et la grisaille de la pluie qui bat le bitume. Il jouait un solo sur sa guitare coincée entre ses bras atrophiés, plaquant les cordes avec ses coudes.
Il chantait en français, reprenait des titres de Gerry Boulet du groupe québécois Offenbach, interprétait Je suis un rocker, ce vieux truc de Chuck Berry adapté par Eddy Mitchell, balançait Jumpin’jack flash des Stones.
Les gens tendaient à bout de bras des briquets allumés. Fin de concert sur L’Hymne à l’amour de Piaf. Un rocker-biker sans bras ni jambe qui chante je me ferai teindre en blonde si tu me le demandais avec un magnifique sourire d’enfant ! La classe d’une vraie star. Un beau groupe au son west-coast. Même le vieil Hallyday n’aurait jamais osé.
D’ailleurs, aucun manager français n’a jamais osé prendre en charge la carrière française de Martin Deschamps : trop de membres atrophiés, de béquilles dérangeantes pour un public français pourtant sensible au téléthon annuel.Moins moelleux que Céline Dion ou Garou, j’imagine. Il a fait une tournée avec Charlélie Couture.
Un petit département français en Amérique du Nord…
Le matin après la nuit, le soleil après la brume. On s’est baladés en t-shirt au soleil.On a roulé au milieu des petites maisons multicolores. Du rose frais au vert pomme ! Tout succède à quelque chose. La couleur succède à la couleur.
On n’a pas joué ce soir-là. Ni le soir suivant. On a déambulé entre les petits pavillons, jaunes et bleus jusqu’au cap des Basques. Le geyser puissant d’une baleine qui passait. Comment nous voient les baleines quand elles sortent la tête hors de l’eau ? Savez-vous que la planète se réchauffe vraiment ?
Gilles a défait la caisse en bois dans laquelle il avait transporté son accordéon dans les soutes d’Air France, d’Air Canada et d’Air Saint-Pierre. Il s’est installé dans le salon de Josette et Bernard Dodeman pour l’essayer. “Ça marche !”
Josette nous a expliqué comment on reconnaissait les sexes de homards. Je vous expliquerai ça un jour.
David a essayé une contrebasse et un ampli. Un formidable luthier habitait sur l’archipel : Pierre Salomon, un des organisateurs du festival et président des Déferlantes Atlantiques. Les gens adorent chanter des chansons francophones en s’accompagnant à la guitare. Le conservatoire refuse du monde tous les ans.
Patrick Boez, qui nous avait invités à venir jouer ici travaille à la station météo. Un accueil de roi et un transport de rock star dans son 4×4. On a chargé la contrebasse à l’arrière de son van. On l’a saucissonnée avec une corde, comme pour une soirée bondage. On l’a tranquillement laissée là et on est allés boire un coup à la Chauve-souris.
Ici, on ne ferme pas les portes, on laisse les appareils photos sur la banquette, les portefeuilles dans la boîteà gants, les maisons ouvertes. Pas de voleurs, pas de gens mal intentionnés. Si quelque chose disparaît, un portefeuille, un ordinateur, on laisse un message sur la page d’accueil de Facebook et la plupart du temps, tout réapparaît, comme par enchantement.
5000 personnes. Tout le monde se connaît. Un petit département français en Amérique du Nord.
Patrick Ochs et Patrick Boez
Le blues de Tomislav : Ma mère, mes pensées s’envolent vers toi
Au restaurant un vieux monsieur s’est encore fichu de nous. L’ancien directeur de l’école primaire de Miquelon. En fait, je crois qu’on avait parlé de notre avion raté aux infos. Tout le monde nous reconnaissait !
Il nous a raconté qu’un jour il avait traversé sur un petit bateau en ferraille de Langlade à Saint-Pierre en s’accrochant à une baleine. Elle l’a regardé droit dans les yeux mais elle n’avait pas un regard méchant ! Juste curieuse. À la fin du repas, il a appelé la serveuse : “Mon petit ange, amène-moi un autre Cognac !”.
Malgré le soleil on a passé plusieurs jours dans les brumes. Pour certains, c’était celles de la bière, du Cognac et des nuits de rigolade. Pour moi, c’était surtout le brouillard des antidouleurs. Aïe ! L’arthrose. Les mains, le dos et les bras cloués.
La veille de notre concert, j’ai vu Tomislav sur scène. Seul avec sa guitare, sa batterie aux pieds, quelques pédales d’effets, ses harmonicas, casquette vissée sur la tête. Un jeune homme-orchestre assis sur une chaise de bluesman.
Il parle doucement la tête en avant, les yeux clos, cherche ses mots mais l’énergie est là dans la disto qui gronde, dans la grosse caisse et la Charley qui claquent, dans la voix de pierres et de brumes. Tout est prêt à fondre, délicatement : j’écoute Tourner les talons et le magnifique Ma mère, mes pensées s’envolent vers toi (Tebi Majko misli lete) en boucle depuis ce soir-là.
Lui a eu droit à la fouille des douaniers, au démontage de ses pédales, au scan de ses harmonicas, à la guitare scrutée. Un vrai chanteur de blues blanc, comme ceux qui se baladaient à La Nouvelle-Orléans, l’étui de leur Gibson rafistolée dans le coffre d’une Cadillac bleu rouillé, quelques bouteilles de whisky de secours planquées sous un tas de couvertures.
Le grand Léo n’était pas un rigolo
On a joué le premier soir à la Chauve-souris, comme un groupe d’excités sans batteur. Deux sets de 45 minutes à toute vitesse, à fond les ballons. Faire chanter les gens, les faire s’approcher du rond que la lumière trace au sol, les inciter à écouter ce qui se raconte malgré le tintement des verres au bar.
Mes compagnons musiciens, Gilles et David les bras nus en Marcel. 27 titres enchaînés, avec une petite pause au bar en plein milieu. Un ancien espion bulgare, qui travaillait dans l’aéronautique, est venu me dire qu’il nous avait vus en 2007 à Plodviv, lors du festival de la francophonie. Que faisait-il là ? On a fini le spectacle sur Comme à Ostende de Léo Ferré et Jean-Roger Caussimon et une jeune fille : Apoil ! Enlève la chemise !
Juste à ce moment-là, mon esprit passait et repassait en titubant devant l’estaminet que décrit la chanson. Sincèrement, çam’a fait plaisir car ça ne m’arrive plus très souvent, ce genre de choses. Peut-être que ça les aurait fait marrer aussi, le Grand Léo et Monsieur Caussimon, mais ce n’est pas sûr parce que je pense qu’ils n’étaient pas des rigolos.
La queue de la baleine, un sorbet de plate-bières
Tomislav a vu les baleines. Il en a même écrasé une larme. Nous on les a juste croisées, entr’aperçues, sous les vols de macareux.Et le passage d’un rorqual.Encore un geyser et plouf droit devant ! Le petit bateau métallique tangue au dessus du trou par lequel une baleine s’est engouffrée, mais la coquine ne remontera jamais pour nous scruter.
Les photos des queues de baleines sont recensées quelque part dans une sorte de fichier d’empreintes digitales pour queues de baleines.
Aucun dessin sur la nageoire ne ressemble à un autre. Patrick Boez en a photographié une qu’on avait déjà vue dans la région dans les années 70. Moi, je ne les ai pas photographiées. Juste la figure de David, les lunettes de travers, blanc comme un linge. Gilles en train de téléphoner du bateau, la main sur l’oreille.
On a mangé chez Patrick Boez. C’était une soirée formidable. Il y avait Sophie Bry, sa délicieuse compagne, l’accordéoniste Steve Normandin et d’autres amis encore. On a mangé du crabe des neiges, du saumon sauvage pêché localement, cuit au sel pendant deux heures sur le barbecue et un sorbet de framboises et de plate-bières.
Je n’oublierai jamais ce repas, cette belle maison vaporeuse sur cet archipel au milieu de l’Atlantique.Merci de nous avoir invités dans ce bel endroit. Ça restera comme l’un de mes meilleurs souvenirs. De ceux que j’emporterai avec moi le jour ou je devraimettre mes quelques souvenirs dans un modeste bagage.
David Ceresa essaye une contrebasse
Rue de la Muette et le groupe BBQ
C’est toi qui fais aboyer mes chiens ?
On est partis jouer à Miquelon avec le groupe de jazz BBQ. J’avais dormi sur le bateau à l’aller. J’ai fait le tour de la petite presqu’île.
Quelques heures de marche sur un chemin vers Langlade entre la mer et la mer, au milieu d’une bande de chevaux froussards et mélancoliques. 600 personnes habitent là.Quelques photos du port, lumière transparente. Les quais et les rues déserts.Un type qui trie des crabes des neiges sur le quai.
Comment ça va ? Ça va bien ? C’est toi qui fais aboyer mes chiens ? me demande une dame en passant, avec un gamin dans une poussette. Elle s’arrête devant l’église bleue comme le ciel. Elle se poste sous la webcam du portail internet de Saint-Pierre et Miquelon, au milieu de la place vide, sous le drapeau bleu blanc rouge installé en haut d’un lampadaire. Fais coucou, dit-elle au gamin. Peut-être que quelque part ailleurs, de l’autre côté de l’Atlantique, quelqu’un le regarde en train de balancer sa petite main.
Concert le soir avec BBQ et la chanteuse Katerine Desrochers. De beaux arrangements et une voix magnifique.
Moi, en début de soirée, j’explique au public que nous sommes venus du département voisin pour faire leur connaissance. Des gens d’origine acadienne, québécoise, métropolitaine à l’accent rude. Un cameraman circule autour de nous.
Les gens chantent, posent leur bière et lèvent les bras pour taper dans leurs mains. Un jeune homme au visage d’Inuit me dit qu’il travaille ici. Il va parfois à Terre-Neuve, mais pas souvent. Il n’est jamais venu en métropole. Un jour peut-être.
Le journaliste de la télé me propose de m’interviewer après le concert puis disparaît. Je transpire et j’ai mal partout : le dos, les mains, les articulations. J’ai l’impression de trimballer un vieux et que le vieux c’est moi.
Plus tard, je retrouve le cameraman en train de filmer Gilles et David sur une banquette. Ils parlent avec enthousiasme du groupe et de la tournée. Ils sont heureux et participent jours et nuits à la vie du Festival.
Moi, je pars me coucher en claudiquant. Je remonte la rue, un sac plastique sous le bras. A l’intérieur il y a mon pantalon et ma chemise, trempés de la sueur du concert. Je me douche, prends deux comprimés contre la douleur et repars dans le brouillard. Le lendemain, nous roulons jusqu’à Langlade. Les musiciens improvisent un bœuf dans une cabane en attendant que le bateau sorte de la brume. Une cinquantaine de passagers.L’avion de Saint-Pierre n’a pas pu décoller.
Katerine chante Girl of Ipanema soutenue par deux guitaristes de BBQ,réveillées en vitesse.Le bateau décharge les passagers en zodiac. Les musiciens ferment les yeux pour s’allonger sur les banquettes qui commencent à balancer sérieusement.
Quelqu’un a enfermé un gros labrador dans une cage étroite qu’il a abandonnée sur le pont. La cage tangue à bâbord, à tribord, battue par les embruns. Avant que le chien ne passe par-dessus bord, un homme la ramène au milieu du pont et la cale avec une barre de métal. Le chien regarde d’un air piteux, entre les barreaux de la cage, sans émettre le moindre son, dans l’indifférence générale. En même temps, sur les rochers, une dizaine de phoques plongent dans l’eau transparente. Le bateau ralentit pour que nous puissions les admirer.
Heckle and Jeckle
De vrais passionnés de chansons reprennent en chœur ce soir-là les titres que joue le groupe le soir même au restaurant. Des chansons d’Yves Jamait, de Moustaki, de Brassens, de D’Gé, un artiste local. Moi, au dessert, j’ai chanté en duo avec le chanteur Charly Yapo ce titre des Charlots :
QuandlaMarieestjalouseJechantele blues
Quandje marche dans la bouse Jechantele blues
Quandle médecin me dit de me coller des ventouses jechantele blues.
Charlie, j’adore ton chapeau de bluesman ! C’est celui de Jean Leloup me dit-il et il me tape dans la main en rigolant avec ses dents blanches ! Mon pote, t’es génial. Il shake mon bras blanc contre son gros bras noir et je te jure putain que ça fait mal !
Pascal, un ancien de la marine marchande parle de la Charente et dePérigueux qu’il traversait autrefois quand il allait en métropole. Aujourd’hui, il est le patron du restaurant des îles. Il me ramène son gendre, un jeune chef talentueux. Je le reconnais. Il était élève dans l’école hôtelière ou je travaillais autrefois, à Boulazac, en Dordogne.
La semaine se déroule ainsi : David et Gilles, les musiciens de Rue de la Muette, rencontrent d’autres musiciens, de nouveaux amis, se confrontent, picolent, se couchent à pas d’heures, rigolent, rentrent tard après le spectacle, font du bruit,toujours ensemble. Tomislav les appelle Heckle and Jeckle, les deux corbeaux inséparables du cartoon.
Ils rentrent au petit matin, essaient les pantoufles de Bernard, le mari de Josette notre logeuse, font la course dans le couloir en pouffant avant de s’effondrer en position fœtale sur le lit. Au petit-déjeuner, David propose à Bernard de le tatouer. Bernard hésite.Josette s’interpose.
Rue de la Muette en studio pour l’émission Jambon Beurre de Patrick Boez
Le sens de la chanson
Quand nous sommes invités par Patrick Boez pourjouer dans son émission Jambon Beurre.Nous jouons trois titres en live : Ma mère traîne au café, Un pas pour danser,La Muette à Drancy.Cette chanson parle du sinistre camp de Drancy près de Paris. Des tziganes, des juifs, des résistants, des opposants politiques, des homosexuels y sont passés avant d’être envoyés vers les camps de la mort, en Pologne durant la seconde guerre mondiale…
La toute jeune journaliste de la radio me demande : Peux-tu m’expliquer le sens de la chanson que tu chantes sur Dreeeency ?
Elle diffuse aussi mon duo avec Charlélie Couture.
Promo : latélé, quelques émissions de radio. On me voit parler avec David, en pleine forme. Un technicien arrange mon écharpe autour du cou pour dissimuler un minuscule micro. David parle et parle. Les gens finissent par le reconnaître dans la rue.
En photographiant les quais brumeux et déserts de Saint Pierre au petit matin, je croise Fabrice en train d’inspecter son bateau, un beau Doris jaune à fond plat, l’un des derniers authentiques de l’île. Il est commerçant. “J’aurai aimé être pécheur. Ici, en France, c’est trop compliqué. Impossible d’embaucher. Les charges sont trop élevées, alors, je fais du bisness au Québec. Ici autrefois, arrivaient 60 bateaux par jours ! Des bars, des restaurants, des cinémas. Les marins descendaient à terre pour rigoler. Une plaque tournante pendant la prohibition dans les années 30.Mais tout ça c’est fini. Tout est à l’abandon”.
Le capteur de mon appareil photo est opaque comme du brouillard. On y distingue quelques silhouettes. Plus tard je montre les photos à Sophie, la compagne de Patrick Boez : Y’en a marre de voir toujours les mêmes photos de l’archipel, les baraques de pêcheurs, les Doris, les casiers à homards, le phare et la brume, les quais déserts.
Deux concerts. L’un au Joinville. Les musiciens totalement épanouis et une vraie complicité entre nous. Parfois les morceaux s’enchaînent sans que je nesache ce que nous allons jouer. J’improvise le début de la chanson sur la contrebasse jusqu’à ce que j’en reconnaisse le thème. Je danse avec plaisir au milieu du public malgré ma cheville et mon bras tordu. Je me recouche le soir, un peu moins malade qu’après les concerts précédents.
Le lendemain nous jouons sous le chapiteau pour clore le festival. Ça fait une semaine que nous sommes là et j’ai l’impression de connaître tout le monde. Les gens viennent vers moi et me saluent gentiment. On se tutoie, on rigole. J’ai envie de jouer. On est au milieu du matériel des autres groupes qui passent après nous.
Je me prends un peu les pieds dans les câbles, je trébuche et dès que je me déplace un redoutable larsen me punit les oreilles. Arrête de dire que nous sommes le groupe qui a raté l’avion ! Ça devient lourd,me dit Gilles. Je danse au milieu du public en boitillant. Ma chanson Ma mère traîne au café est souvent passée en radio et les gens la chantent. Merci au public de Saint-Pierre qui nous a encouragés.
Le verre de l’amitié chez Patrick Boez
Bagatelle pour un massacre
Kodiak avec son ours bassiste, un homme gigantesque avec un bonnet sur la tête et un son terrible. Ses 3 enfants l’attendent au coin de la scène.Ilssont minuscules quand il les prend doucement dans sesbras pour les endormir… Sa jeune et toute petite épouse porte un bébé contre son sein. Ils sont venus en voiture jusqu’à Halifax puis l’avion. 14 heures de route avec les trois gosses en bas âge à partir de Québec.
Le niveau des musiciens de là-bas est excellent, bluffant, concurrentiel.Nous y avons rencontré des artistes simples et charmants, au tutoiement facile, cools et talentueux, originaux et parlant un incroyable français magique et bigarré.
Pas d’intermittents du spectacle au Canada. Les musiciens ont un autre job et joignentdifficilement les deux bouts. Bagagistes, ouvreuses, manutentionnaires, employés de bureau, serveuses, caissières. Pas de reconnaissance des branches artistiques.Des conditions sociales plus rudes que les nôtres même si l’emploi semble plus accessible à tous. Il faut donc continuer à nous accrocher à nos métiers d’artistes artisans.
On a encore marché, roulé, cherché la baleine dans ce lointain département français en Amérique du Nord. On a encore pris du temps pour en parler avec Patrick Boezsans qui nous ne serions jamais venus.
Plus tard, Patrick Boez m’a raconté que Chateaubriand est passé par Saint Pierre et Miquelon. Il parle del’Ile aux Chiens et narre une impossible chasse aux ours blancs.
Louis-Ferdinand Céline aussi est passé par ici, en 1938 juste après la publication de Bagatelle pour un massacre, son pamphlet antisémite. Rejoindre Montréal pour en savoir un peu plus sur le mouvement fasciste canadien dirigé par son leader pro-nazi Adrien Arcand. En rigolant, il aurait même demandé à Laval de le nommer un jour gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon.
Hey les gars, un jour on mangera encore du homard ensemble
Nous sommes allés dans un bar tenu par un ancien marin espagnol. Rue de la Muette jouait dans un juke-box Ma mère traîne au Café.Dominique Jamait et Tomislav. Raoul de Godewarsvelde : Quand la mer monte, j’ai honte, j’ai honte. Quand elle descend, je l’attends.
En rentrant, il y avait une jeune fille qui pleurait dans l’avion. Elle pleurait parce qu’elle retournait aux études en métropole, à Rennes.Ses parents essayaient de faire bonne figure, mais le cœur n’y était pas.
Les enfants s’en vont après le bac et reviennent quand ils reviennent. Tout se suit, tout se succède,le gris et le rose, la brume et le soleil,le départ et le retour, le silence succède à la musique et au silence.
Nous avons d’excellents pilotes. Ne vous inquiétez pas. Le même bimoteur. Le même pilote brushing et bronzé. L’hôtesse souriante rassure les enfants du bassiste de Kodiak qui cache un paisible nourrisson entre ses bras épais.
David Yapo somnole dans l’avion parce que le concert de la veille a été long, très long.
Dix minutes avant de démarrer le spectacle, il m’a dit : Y’en a marre je vais jouer 4 morceaux et on se casse !je suis trop fatiguétrop fatiguétrop fatiguéet il m’a encoreserré contre lui comme si j’étais le pote le plus cooldu monde. Il adonné sa carte à David : Si tu passes par Montréal, viens me voir, on fera quelque chose ensemble puis il a fait danser le public jusqu’à deux heures du matin en leur chantant interminablementEst-ce que vous êtes fatigués ?
Hey les gars, un jour on mangera encore du homard ensemble.
De la petite musique country française
en faisant glingglinggling sur un petit violon
On est repartis par Halifax, puis Montréal, puis Paris. On a essayé différentes boutiques à bières et à sandwiches, acheté de l’alcool et des clopes. A Montréal, Gilles a laissé son passeport sur un comptoir.Unefille l’a interpellé Hey y Jill, tu n’as pas besoin de ton passeport ? Je suis chanteuse lyrique ! Je peux venir avec vous ?
J’ai juste eu le temps de voir à Montréal, mon copain Jean-Yves, l’homme qui s’arrange pour me croiser partout ou je me trouve, surtout quand je suis en galère. Il nous a même trouvé un hébergement grâce à Facebook. Un gars qui m’a écrit un jour pour me demander de lui expliquer l’une de mes chansons inexplicables! Hélas, j’ai encore traversé le Canada sans m’y arrêter pour chanter.
La douleur m’embrouille encore. Un type qui ressemble à Jimmy Connors me regarde en se marrant, commande du champagne et me tend une coupe. David et Gilles dorment profondément, alors il ne leur propose rien. L’avion est silencieux. Jimmy Connors est complètement bourré. Il parle dans l’oreille de la jolie hôtesse qui lui répond en souriant quelque chose comme Calmez-vousMonsieur. Jecrois que vous avez assez bu.
Jimmy se penche vers moi et me demande quel genre de musiciens nous sommes. Des french musiciens countryqui jouent de la petite musique folklorique française enfaisant glingglinggling sur des petits violons ? Il mime un archet qui monte et qui descend sur des boyaux de chats imaginaires. On se tord de rire. Il fait du bruit entre ses dents, dans un brouhaha silencieux pour ne pas réveiller nos voisins.
Tout se ressemble et tout se poursuit. Quatre avions pour revenir à Bordeaux,la chaleur ou le froid à la descente de la passerelle, les fouilles au portique, les douaniers qui me chatouillent le corps en cherchant des objets dissimulés, des traces de substances explosives comme dans les séries télé : “Avez-vous de la drogue ou des objets dangereux” ?
La nuit n’en finit pas de tomber au fur et à mesure qu’on remonte le temps, sans succéder à aucune journée en particulier.Un café à Roissy, l’avion en retard. On attend. On attend. On somnole, on se lève, on marche, on se réveille, on tire des valises. On s’embrasse. On se quitte pour toujours.
On se retrouvera. On verra. Tout se succède. Tout commence et tout finit. David me quitte sur le parking à Mérignac. Il rigole mais pas trop.Gilles file parce qu’il joue ce soir au bal vers Argentat.
Moi, j’avance. J’avance avec ma main droite qui s’ouvre et se ferme toute seule. Quand retournerons-nous au Québec ?
Paris, quartier de Beaubourg, jeudi 5 septembre 2013, 23 heures. Stéphane Côté vient de terminer le premier de ses trois concerts de près d’une heure et demi : trois soirées débutées à 21h30 dans l’une des deux salles de l’Essaïon, celle d’une cinquantaine de places.
Attablés devant une bière, nous voici embarqués dans un entretien à cœur ouvert : 32 minutes de dialogue non-stop enregistré. A deux pas de là, un autre Québécois savoure, lui aussi, une bière : François-José Brouillette, producteur de Stéphane Côté, et “homme à tout faire” selon sa propre expression.
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Première question lancée au chanteur québécois : comment se sent-il au terme de ce premier concert ?
“Je me sens euphorique. C’est comme si je m’animais d’une énergie nouvelle, l’énergie de la scène. Ça faisait presque trois mois que je n’avais pas fait de scène, depuis août.
Ça me ramène les deux pieds sur les planches et ça fait du bien ! Ce soir j’ai eu du plaisir et le fait d’avoir du plaisir rend la chose encore plus belle”.
Stéphane Côté à l’affiche à l’Essaïon, salle louée par François-José Brouillette
Comment un artiste québécois ayant autant de chansons à son répertoire sélectionne-t-il celles qu’il présentera à Paris ?
A ce jour, Stéphane Côté a enregistré quatre albums : Rue des Balivernes (2001), Le cirque du temps (2006), Des nouvelles (2009) et Ballon d’héliHomme (2013). Alors comment un artiste québécois ayant autant de chansons à son répertoire sélectionne-t-il celles qu’il présentera à un public parisien ? Question d’autant plus délicate pour Stéphane Côté que son tour de chant comporte 16 chansons … plus deux rappels.
“Ah ça c’est difficile ! Plus on fait d’albums, plus on a de choix !
Le premier critère, c’est le dernier album. Mais évidemment il faut aussi chanter des chansons connues des gens dans la salle. C’est important de gâter le public.
J’ai donc agi avec les coups de cœur des gens, ils m’en parlent quand je les croise, en me disant leurs chansons préférées. J’y vais donc avec ça et aussi avec mes propres coups de cœur ! Je me permets aussi de me faire plaisir. J’ai chanté toutes les chansons du dernier album sauf “Il neige”. Toutes les autres étaient là !”
“Je n’ai pas repris “Le torchon”, un de mes gros hits » lance-t-il en souriant. « Le torchon » a toujours fait partie des spectacles jusqu’à maintenant et là je lui donne une petite pause. Ce qui n’empêche pas de le ramener plus tard !
Pour les concerts à L’Essaion, j’ai ajouté “Semaine”, de l’album “Le cirque du temps”. J’avais envie de la faire…J’ai préparé un spectacle de 16 chansons, plus deux rappels : “Rue des Balivernes” du premier album et “Longue vie” qui l’album “Des nouvelles”.
Quartier du Marais, avant le premier concert. Clin d’œil au « Festival européen des jeunes talents” !
D’autres interventions entre les chansons pour le public français
Chanter pour un public français, est-ce différent que chanter pour un public québécois ?
Chanter devant l’un ou l’autre public, ce n’est pas différent. Ce qui change, c’est ce qui se passe entre les chansons : les interventions.
J’adapte un peu … d’ailleurs Réjean m’en a fait le commentaire quand on sortait pour le rappel Il a constaté que j’avais changé mes intros. Il m’a dit : «Tu as adapté ça pour la France ! »
Oui je change dans la manière de parler, d’expliquer certains mots ou expressions par exemple. J’y vais un peu au feeling, à l’instinct. Je sens qu’ici à Paris, faire le show de telle façon c’est mieux … je ne pourrais pas tout expliquer !
J’ai déjà fait des spectacles avec d’autres artistes québécois qui n’adaptaient pas leurs interventions, ici en France… et j’ai constaté que ça ne marche pas ! J’ai toujours été soucieux, non pas de me faire comprendre, mais d’amener des images qui correspondent plus à ce que les gens connaissent… c’est si important de rejoindre les gens !
Par exemple “tomber en amour”, une expression québécoise. J’aime en parler entre deux chansons et l’expliquer : le mot tomber est juste, car il faut savoir se relever quand on n’est plus aimé.
Je trouve important d’aller chercher les gens ! C’est un peu comme un artiste anglophone qui vient chanter chez nous et qui sort une couple de petites phrases en français. C’est niaiseux mais ça fait la différence ! Comme sur les Plaines d’Abraham quand un artiste anglophone lance “Bonsoir Québec !”. Ça donne une petite proximité de plus. Je suis partisan de ça.
Chanter en France, et notamment à Paris, est-ce important ?
“Oui c’est très important car j’aime ça. J’aime le défi d’aller chercher un public qui est différent de chez nous. Qui est parfois difficile aussi parce qu’à Paris souvent le public est plus difficile.
Oui c’est un beau défi ! Quand on arrive à les charmer …Je pense qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui était déçu de ce premier concert !
Les gens étaient enchantés : pour moi c’est mission accomplie ! Pour moi la chanson c’est un moyen de communication universelle … qu’il faut adapter un peu. Si quelque chose qui passe chez nous doit aussi passer ici en France, dans mes chansons”.
A droite, Suzanne Chamak, présidente de l’association Puce et Cie : promotion de la chanson française et du spectacle vivant
“Je tiens au texte, j’ai un souci des mots”
“Je me suis toujours beaucoup intéressé à la chanson française”
Avec Stéphane Côté, pas besoin de dresser l’oreille pour comprendre ses chansons, à la différence d’autres répertoires profondément enracinés dans la réalité québécoise, comme les textes de Richard Desjardins par exemple.
“C’est peut-être du à beaucoup d’influences que j’ai eue de la chanson française. J’ai beaucoup … vraiment beaucoup écouté la chanson française ! Ça va de Renaud à Brassens, à Ferré, à Trenet, Jean Ferrat, Gilbert Bécaud, etc.
Je me suis toujours beaucoup intéressé à la chanson française, à un âge assez jeune quand même. J’avais peut-être 15 ans quand j’ai commencé à en écouter. Ça s’est imprégné en moi : c’est peut-être ce qui a fait en sorte que j’ai été forgé de cette façon là pour écrire. J’ai tellement écouté de chansons françaises dans cette période là que ça m’a marqué.
Je tiens au texte, j’ai un souci des mots mais je ne suis pas un grand connaisseur des mots, de la langue, mais j’aime les mots !
Des fois je discute avec des gens qui connaissent plein de mots à 20 piastres, que j’en “perd des boutes”. Quand j’entends un mot qui m’accroche, qui m’intéresse, je l’intègre. Je suis curieux des mots exactement et en même temps je suis un peu un élève paresseux.
Je pourrai prendre un dictionnaire, en faire le tour et apprendre mais ce n’est pas comme ça que je veux apprendre.
J’apprends au fur et à mesure de la vie. Des fois c’est une rime qui m’amène à un mot. Il me manque un mot et je me demande alors ce que je peuxtrouver ! Et là il y a toujours un piège de mettre un mot à 20 piastres qui sonne faux, qui fait que j’ai ouvert le dictionnaire ! Je suis très conscient de cela et essaye de ne pas embarquer dans ce piège là ! Il faut toujours pousser le texte le plus loin possible, que les images soient le plus claires possible avec les mots”.
“C’est compliqué de faire une chanson simple” : l’expression est de Francis Cabrel, je crois bien… Qu’en penses-tu ?
“Il a tellement raison ! Mais j’ai des chansons qui ne sont pas tout à fait simples, il y a des moments où c’est quand même compris.
J’ai commencé à écrire pour d’autres artistes depuis deux ou trois ans et il m’est arrivé d’avoir des commandes de chansons simples.
C’est du travail pour faire une chanson simple, un texte qui ne sonne pas niaiseux ou simplet. C’est tellement difficile ! Oui, on peut faire un texte simple et l’écrire en 30 secondes, c’est fait ! Mais il faut qu’il soit intelligent, charmant, qu’il amène quelque chose : oui c’est très difficile !”
Stéphane Côté a écrit pour divers artistes, dont Lina Boudreau et Valérie Lahaie. Il travaille aussi avec un compositeur québécois, René Grignon, spécialisé dans la musique de film et des émissions de télévision : “Il m’amène des défis, il m’emmène dans un univers complètement différent du mien. Je ne suis plus dans ma zone de confort, il faut que je travaille! ”
Entretien à cœur ouvert avec Stéphane Côté (Photo François-José Brouillette)
A te voir évoluer dans le monde de la chanson au Québec, j’ai l’impression que tu n’es pas intégré dans un réseau d’artistes, une famille musicale : tu avances plutôt en solitaire, non ?
“Oui … Probablement par ma façon de faire : j’ai une étiquette chansonnier ancienne mode et je m’y obstine. On me compare de temps en temps à Brassens, à Brel, à Félix, à Vigneault, etc.
C’est comme si je n’étais pas de mon époque : peut-être qu’éventuellement ce serait un atout dans certaines circonstances ! Il y a des gens qui aiment ça et comme il n’y en pas beaucoup ils me suivent. Mais pour un large public c’est un peu plus difficile.
C’est pour cela que j’ai fait quatre disques et que je suis encore relativement étiqueté. En même temps cela ne me dérange pas et même les gens du milieu, tout le monde me connaît. Il y a des artistes qui sont à la mode, actuellement dans le vent, qui me connaissent et ont une forme de respect pour moi : je le sens et ils me le disent. Comme si j’étais un extra-terrestre !
J’aime ça, mais ce que j’aime moins c’est que un peu plus ardu, plus difficile de gagner sa vie … mais avec du recul, même des artistes connus ont de la difficulté à gagner leur vie !
Je reste égal à moi-même, je suis la première personne à contenter, je n’écris pas des chansons en me disant que les critiques vont l’aimer.
Je ne fais pas du sur-mesure quand j’écris pour moi et c’est un problème quand j’écris pour les autres.
J’ai tellement ma couleur à moi que lorsque vient le temps de m’adapter pour les autres, pour leur écrire des chansons, c’est difficile. Mais plus ça va plus ça évolue, plus j’y arrive.
Certains artistes sont un peu découragés par moi … je ne dirai pas “découragé” mais comme j’ai une certaine exigence … Telle personne me dit : je ne suis pas capable de chanter ça, ça ne me va pas. Et je me dis : ce sont les quatre meilleures phrases du texte ! Les quatre phrases dont je suis le plus fier et l’artiste n’est pas capable de les chanter ! Alors j’essaye de faire le compromis et ça se dilue un peu : je finis le texte … de manière correcte !
Quand on travaille avec des artistes établis, qui ont un certain chemin de fait, c’est plus difficile de les amener ailleurs, et c’est là que ça met de l’eau dans le vin.
Une idée de chanson : l’un et l’autre, ce n’est jamais pareil. Il y a toujours une mélodie quand j’écris même si ce n’est pas la bonne. J’ai besoin de ça pour écrire : un rythme musical. Ça donne un rythme, une sonorité aux mots.
Ça m’est déjà arrivé d’écrire à partir d’une musique d’une chanson connue. Par exemple j’écris un texte sur une chanson de Bécaud et après je créé ma propre mélodie !
Stéphane Côté et François-José Brouillette devant L’Essaïon et ci-dessous devant la Fontaine des Innocents, quartier des Halles
Que va-t-il se passer pour toi en France après L’Essaïon ?
“Autant que faire ce que, les moyens étant ce qu’ils sont, relativement limités, on se débrouille pour faire le mieux qu’on peut, pour être le plus présent possible.
Mais ça va quand même bien ! Je viens au moins deux fois par année en France et en Suisse où j’ai aussi un public qui me suit, du côté de Pully et de Lausanne, de Fribourg aussi. J’y vais assez souvent et le public est là. J’ai toujours des belles salles là-bas.
“Il est très à l’écoute, très réactif”
“Réjean Bouchard ? Je suis en sécurité totale avec lui”
“Nous avons une complicité amicale et artistique. Musicalement ça clique, en ce sens qu’on se complète. Il est bon pour cacher mes erreurs … ou plutôt faire en sorte que mes faiblesses n’aient pas l’air de mes faiblesses !
Il est très à l’écoute, très réactif. Si je rajoute une mesure, personne ne va s’en apercevoir mais Réjean ne va même pas lever la tête et garde les yeux fermés : il rajoute une mesure, c’est bon, j’embarque …je suis en sécurité totale avec lui.
Réjean a joué dans tous les contextes et a accompagné tant de monde. Il ne peut rien arriver avec lui.
“J’essaye toujours de ne pas juste parler de moi”
D’où naît une chanson ? D’où surgit l’inspiration ?
“C’est avant tout une émotion. Souvent j’écris une chanson sans savoir de quoi je vais parler. Je m’installe le matin et j’improvise sur la première phrase qui me passe par la tête.
Je ne sais pas de quoi je vais parler, j’écris, et puis je relis mon couplet et me demande : de quoi je parle ? Ah d’accord je parle de tel sujet … Si ça me touche, si c’est sorti spontanément c’est qu’il y a quelque chose de façon inconsciente qui voulait sortir. Une partie de ma façon de créer est inconsciente, j’improvise beaucoup dans ma création et après évidemment il faut resserrer.
Ça mijote un peu, mais je ne dirai pas que je suis un obsédé de composer une chanson du matin au soir mais c’est sûr ! Certaines expériences me marquent. A un moment, je me rends compte que je l’ai écrit dans une chanson et que c’est à cause de tel événement ! C’est de là que l’inspiration vient.
Mais jamais je ne vais parler au premier degré, ça me “turn-off” ! Des fois ça peut venir des nouvelles que je viens d’écouter. J’essaie toujours de trouver un angle qui va me plaire.
S’il est arrivé un drame à quelque part, je ne vais pas chanter “Ah le drame est arrivé”. Je vais trouver une autre manière d’en parler même si ça ne parle pas directement du sujet.
Mais l’émotion de fond qui se dégage de cet événement là, la peine que ça me fait, que ça fait de voir un enfant qui souffre… c’est cette émotion qui va nourrir ma chanson.
Par exemple la chanson sur la rupture enregistrée avec Linda Lemay, quand je dis “On se retrouve en décembre” on comprend tout de suite : c’est un temps, une image, une température, une sensation, ça peut être triste…
Des chansons autobiographiques ? Oui mais c’est sûr qu’il y a des chansons où je m’implique davantage, comme sur le dernier album.
Mais j’essaye toujours de ne pas juste parler de moi… d’amener le sujet en fonction de ce que je ne suis pas tout seul à vivre ça. Il y a quelqu’un d’autre qui le vit aussi. J’écris aussi pour le voisin au bout de la rue à qui c’est arrivé. Je pense à çà aussi quand j’écris.
Quand j’ai écrit “Au large de nous”, c’était avant même de me séparer. Iln’était aucunement question qu’il arrive de quoi dans ma vie et c’est sorti comme ça ! Une sorte de chanson prémonitoire ; elle me faisait un peu peur quand je l’écrivais et en même temps je pensais à des amis. J’ai une dizaine de couples qui se sont séparés cette année là autour de moi. Et quand ça m’est arrivé, cette chanson, je ne voulais plus l’entendre !
Photo-souvenir de Stéphane Côté et François-José Brouillette dans le quartier des Halles
Existe-t-il un thème que tu n’as pas encore abordé dans tes chansons ?
“Peut-être pas un thème en particulier ! Mais ce qui est difficile à aborder dans une chanson, c’est un thème qui ne me rejoint pas, qui ne me fait rien.
Quand quelqu’un me parle d’un thème et que ça ne me touche pas, j’essaye de me documenter le plus possible pour aller trouver ce qui peut me toucher là-dedans.
Ça ne me fait ni froid ni chaud, mais bon, c’est ce thème-là… je fais à la bibliothèque, je me renseigne sur internet. Et je fais des découvertes dans ce qu’on me demande et là l’émotion arrive. Mais il faut faire plus de travail, plus de recherche”.
Chanteur et producteur québécois devant le Centre Georges Pompidou
Concert parisien sous voûte historique : un cadre exceptionnel au cœur de la capitale
Es-tu un chanteur heureux de faire ton métier ? Pourquoi chantes-tu ?
“Quand je chante, quand j’écris je suis heureux. La contrainte c’est de ne pas pouvoir le faire davantage. C’est sûr qu’il y a toujours un petit moment avant de chanter … ça faisait deux mois que je n’avais pas chanté ! D’abord je ne suis pas à l’aise. La bonne image, c’est que je suis au bord de la piscine et puis je saute.
Oui je suis heureux là-dedans, si ça pouvait n’être que ça, ce serait formidable !
Pourquoi je chante ? Je pense que je chante pour moi, pour mon propre bonheur. Oui ça finit sur la scène pour qu’il se passe quelque chose avec les gens.
Je ne suis pas un accro : “Ah mon public ! J’ai besoin de mon public”. Je n’ai pas besoin de mon public. Oui c’est important la magie de me donner quelque chose, de recevoir, c’est le fun. Mais ce n’est pas ça mon moteur !
Mon moteur, c’est de me faire triper. Me faire plaisir. C’est comme m’asseoir et faire un bon repas : je suis capable de faire ça tout seul. Prendre une marche tout seul, voir un lever de soleil je le fais pour moi.
L’autre, le public est important : s’il n’était pas là ce serait très différent ! Mais je pense que le premier déclic, la première étincelle, c’est moi. Donc je chante quelque part pour cette première étincelle. Et je chante parce que je sais que ça me rend heureux de le faire, et de créer. Ça fait du bien, il n’y a rien de comparable.
Chanter les chansons des autres aussi, ça fait du bien. Je me mets un album dans l’auto et appuie sur le piton et je chante ! Ça sort, ça fait du bien ! Quand ça va mal ça soulage ! C’est mieux qu’une thérapie à 500 piastres !”
Avec Chris Land et Stéphane Côté (Photo François-José Brouillette)
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Chris Land : “Une façon universelle de s’adresser aux gens”
Réaction à chaud, quelques minutes après le concert, de Chris Land, un des piliers de Puce et Cie, association axée sur la promotion de la chanson française et du spectacle vivant, et présidée par son épouse Suzanne Chamak.
“Ce que je retiens de cet concert ? Le charme, le fait qu’il s’adresse directement à moi. On était une salle pleine et j’ai l’impression que chaque personne avait l’impression que Stéphane Côté s’adressait à lui. Il a une espèce de tendresse, de façon universelle de s’adresser aux gens.
Ses thèmes tiennent à l’avenir, à l’inquiétude de l’avenir peut-être, la vieillesse mais aussi la naissance, la vie qui va, la vie de tous les jours, les rapports humains, les rapports qui peuvent être compliqués aussi, les ruptures, les rencontres aussi.
Son vocabulaire ? Des mots tout droits, tout simples, des mots que tout le monde peut employer et recevoir. Des mots qui entrent dans les oreilles car on a l’impression que nous aurions pu les prononcer. Et il le fait à notre place, et il le fait tellement bien. Une poésie du quotidien comme on dit.
Et il le fait avec tendresse, avec de belles mélodies qui sont simples. Elles sont souvent en Anatole en do … Je ne veux pas entrer dans les détails mais des choses qui que Charles Trenet a utilisé tout sa vie. Des mélodies qui peuvent nous rester dans l’oreille et nous permettre aussi de rentrer dans le texte, parce que la mélodie est évidente sur de tels textes.
Et Réjean Bouchard ! Discret et omniprésent. Une vraie complicité, une connivence même: ils s’écoutent, et il y a aussi des moments de silence où lui ne joue pas, puis intervient dans le cours de la chanson, puis reprend la main. Un bel échange !
Avec quelques clins d’œil au Québec, mais pas plus que ça. Si, quelques mots comme ça, mais entre les chansons. J’ai l’impression qu’il pourrait être d’Ivry ou de Paris, et pas du Québec !
Un concert très beau, très satisfaisant.
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Stéphane Pistre : “Beaucoup d’humilité dans l’interprétation et dans la sensibilité”
Autre réaction enregistrée à chaud, celle de Stéphane Pistre passionné de la chanson au point de fréquenter plusieurs fois par semaine les salles de concert à Paris. Il collabore aussi avec Eric Nadot, créateur des indispensables “Tranches de Scène”
“Un concert très intime. Ce qui m’a frappé ? Beaucoup d’humilité dans l’interprétation et dans la sensibilité. Les thèmes sont justement très intimes. Même dans ce qui est un peu plus social…
Il y a les mots, les regards, des gestes. Des tas de choses qui passent au-delà des mots justement.
Il faut même réécouter les textes : on ne capte pas tout au premier abord, ce n’est pas possible.
Stéphane Côté chanteur québécois ? Il chante l’humanité comme beaucoup de chanteurs … qu’il soit québécois ou français. Il pourrait chanter en anglais, il chanterait les mêmes thèmes”.
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Trois concerts au coeur de Paris, les 5, 6 et 7 septembre
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PARIS, STEPHANE COTE : MISSION ACCOMPLIE A L’ESSAÏON
Pour compléter cet entretien, et en savoir un peu plus sur les concerts à l’Essaïon ses 5, 6 et 7 septembre, voici l’article rédigé quelques heures après son dernier concert et mis en ligne sur ma page Facebook.
Histoire de ne pas jeter aux oubliettes ce texte écrit à chaud et mis en ligne au coeur de la nuit du 7 au 8 septembre, le revoici dans son intégralité. Rien n’y a été modifié.
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Et voilà c’est fini ! Ce samedi 7 septembre aura eu lieu le dernier des trois concerts parisiens signés Stéphane Côté, accompagné par Réjean Bouchard, à la fois tout en retenue dans ses gestes et d’une efficacité redoutable à la guitare.
Le comportement du musicien est à l’image de celui de l’auteur-compositeur-interprète québécois qui aura, encore une fois, en une heure et vingt minutes, capté l’attention d’un public des plus attentifs.
SACRÉE COMPLICITÉ AVEC REJEAN BOUCHARD
Il est vrai qu’une sacrée complicité lie les deux artistes, depuis des années, tant sur scène que dans la vie, et ces liens amicaux ont rejailli avec force tout au long de ces trois soirées (notre photo)
L’historique salle voûtée de l’Essaion aura résonné avec entrain sous le signe de la “couleur mélodie” “en attendant l’hécatombe” sur “des airs de toi” avec “une lettre” aux couleurs “rouge rose” et un “ballon d’héliHomme » avec “du soleil du vent” en songeant aux “caves”, avant de passer par la “rue des balivernes”, et de souhaiter une “longue vie” au public !
Sans oublier “au large de nous”, sublime chanson de rupture si intense en tendresse partagée et respect mutuel à l’origine d’un émouvant duo enregistré avec Linda Lemay sur le nouvel album de Stéphane Côté…
Réjean Bouchard, Stéphane Côté et François-José Brouillette : le temps d’une bière après le concert
AVEC “BOB LE BRICOLEUR”
Durant l’une ou l’autre de ces trois soirées, divers passionnés engagés concrètement, à un titre ou un autre, en faveur de la promotion de la chanson francophone, sont venus applaudir Stéphane Coté.
Mentionnons Chris Land et Suzanne Chamak (association Puce et Cie oeuvrant à la promotion de la chanson française et du spectacle vivant) ; Stéphane Pistre, fidèle spectateur de tant de concerts, qui soutient notamment Eric Nadot, le créateur des indispensables “Tranches de Scène” … ou encore Danielle Colleta, sensible à la venue d’artistes québécois en France et d’artistes français au Québec (tout un programme assurément!).
Et la liste de ces “spectateurs avertis” n’est pas exhaustive pour cette “tournée Essaïon” mise sur pied par François-José Brouillette, producteur et “homme à tout faire” selon sa propre expression … également surnommé “Bob le Bricoleur” par Stéphane durant ce 3ème concert en lui rendant hommage en public !
A gauche, Danielle Colleta, passionnée de la chanson québécoise
DÉVELOPPER UN INDISPENSABLE FAIRE-SAVOIR : UNE PRIORITÉ
Chez Stéphane Côté s’affirme un évident talent à offrir des chansons qui nous touchent car elles sont authentiques : un remarquable SAVOIR-FAIRE !
Reste à présent à développer un INDISPENSABLE FAIRE-SAVOIR des deux côtés de l’Atlantique : une médiatisation plus percutante et incontestablement des plus méritées pour cet artiste soutenu au Québec par des professionnels tels Marie Bujold ou Jehan V. Valiquet (Groupe Éditorial Musinfo Inc).
Stéphane Côté nous a accordé un entretien-vérité de près d’une demi-heure jeudi 6 septembre, avant son premier concert. A retrouver prochainement sur www.planetefrancophone.fr avec diverses photos prises sur la scène et dans les coulisses de l’Essaïon.
D’ici là, rien de tel que de (re)découvrir ses quatre CD et de le retrouver sur youtube et sur son site www.stephanecote.com
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Le temps d’une photo … devant le commissariat du quartier des Halles !
En attendant les prochains concerts de Stéphane Côté à Paris …
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TEXTES ET PHOTOS ALBERT WEBER
Voir aussi les superbes photos de Chantal Bou-Hanna prises au concert du samedi 7 septembre : www.chantalbouhanna.eu
Et voici le 2ème volet de notre dossier sur le Festival en Chanson qui s’est déroulée du 13 au 16 juin 2013 à Tadoussac.
Cette 30ème édition aura marqué par une intense variété de concerts : une diversité qui a visiblement enthousiasmé les festivaliers de tous âges. Un concentré extrême de talents francophones proposé sans temps mort durant quatre jours et … quatre nuits !
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Sous la direction de Dominique Gagnon, les enfants de l’école Saint-Joseph de Tadoussac ont interprété plusieurs “fabulettes marines” chères à Anne Sylvestre (Photo Mireille Caron)
Avant de braquer nos projecteurs sur certains concerts dans les prochains volets – tels Paule-Andrée Cassidy, Daran, Marcie ou Jofroi par exemple – en piste pour un tour d’horizon global de cet événement.
Sous le titre “Vent de succès sur Tadoussac”, voici un texte signé Paulette Dufour et Thérèse Fournier. Les deux chargées de la communication au niveau national et régional pour cet événement passent en revue la riche programmation de l’édition 2013.
Plutôt que de paraphraser le long communiqué de presse reçu au lendemain du “plus grand des petits festivals québécois”, découvrons-en le contenu intégral.
Vue partielle du public durant le concert en plein air des Hay Babies
Sous un soleil estival, le public est au rendez-vous durant les prestations assurées tour à tour par les artistes en résidence, comme ici à la Marina
“Quelques milliers de festivaliers étaient présents tout au long de la fin de semaine”
Pour le 30e Festival de la chanson de Tadoussac, tout y était, à commencer par le soleil, le talent et la générosité des artistes… et aussi le public : quelques milliers de festivaliers étaient présents tout au long de la fin de semaine dans les différentes salles de spectacles, dans les rues et sur la plage, assurant encore une fois le succès au plus grand des petits festivals.
Loin de s’essouffler, l’enthousiasme des festivaliers continue.
Ovation debout pour Anne Sylvestre et ses trois musiciennes, dont la pianiste Nathalie Miravette.
La grande absente de l’édition 2012 s’en est donné à coeur joie face à un public conquis, alternant chansons anciennes et refrains plus récents. Raison de plus pour lire “Et elle chante encore ?”, bio de Daniel Pantchenko (Fayard, octobre 2012
Une partie du public durant l’ovation debout pour Anne Sylvestre
Il fallait évidemment s’y attendre ! L’Open Country de Mountain Daisies a été synonyme de triomphe sur la Scène Desjardins. Ci-dessous l’imprévisible et talentueux Steven Faulkner en pleine action
“L’intensité est sûrement un des mots-clés pour décrire cette trentième présentation”
Plusieurs surprises avaient été préparées pour cette édition anniversaire: un spectacle au lever du soleil, l’utilisation du chapiteau de la troupe Vague de cirque comme salle de spectacle, une promenade autour de la Pointe de l’Islet jalonnée de spectacles.
Toutes ces innovations ont de loin dépassé les objectifs et on peut penser que certaines deviendront des traditions.
Le festival a été le théâtre de plusieurs belles rencontres entre le public et les artistes. L’intensité est sûrement un des mots-clés pour décrire cette trentième présentation.
Mell, Xavier Lacouture, Anne Sylvestre et Marcie : quatuor d’artistes franco-québécois. La toute dernière photo prise au Festival de Tadoussac : symbole de la diversité du”plus grand des petits festivals québécois”
Après avoir fait salle comble à la Maison Symphonique pour la clôture du Festival Montréal en Lumière en 2012, “Ne me quitte pas” – soirée-hommage à Brel – a été présenté à Tadoussac par une dizaine de voix québécoises parmi les plus connues
Danielle Oderra a le mieux partagé l’émotion de l’hommage à Brel. Elle a d’abord lu une très touchante lettre de Jacques à son amie Clairette, sœur de Danielle. Sa vibrante “Valse à mille temps” a ensuite suscité de (très) vifs applaudissements
Metteur en scène du spectacle-hommage à Brel, Luc De Larochellière dans une convaincante version de “Mathilde”, secondé par le pianiste Benoit Sarrasin
“Combler les amoureux de la chanson en leur proposant une programmation alliant découvertes et artistes populaires”
Du 13 au 16 juin, le Festival de la chanson de Tadoussac a une fois de plus réussi à combler les amoureux de la chanson en leur proposant une programmation alliant découvertes et artistes populaires.
De France, la grande Anne Sylvestre était là pour ouvrir en beauté le festival avec son tout nouveau spectacle (présenté une seule fois à Paris en mai) devant une salle comblée. Des spectacles événements ont eu lieu dont l’Hommage à Brel présenté le vendredi et L’Open Country de Mountain Daisies le samedi.
Le premier a réuni une variété d’artistes qu’on a pris plaisir à retrouver sur scène dont Danielle Oderra, Diane Tell, Marie-Élaine Thibert, Paul Piché, Bia, Bruno Pelletier, Isabelle Boulay, Pierre Flynn et Marie-Josée Lord sous la direction artistique de Luc De Larochelière.
L’Open Country de Mountain Daisies s’est déployé sur la scène Desjardins faisant redécouvrir les succès de Pierre Flynn, Michel Faubert, Stephen Faulkner et Mario Pelchat revisités avec des accents country. Louis-Jean Cormier, Lisa Leblanc, Amylie et Daran se sont également prêtés au jeu pour l’occasion !
Samedi 15 juin peu après minuit. Ambiance totalement délirante sur la Scène Sirius XM, au sous-sol de l’église de Tadoussac ! L’Acadienne Lisa LeBlanc face à un public déchaîné : pareille exubérance a même surpris l’artiste ayant invité Louis-Jean Cormier à chanter avec elle (ci-dessous)
Lever du soleil (vraiment) magique sur les dunes de sable de Tadoussac, immortalisé par Michel Pinault
“Sur les dunes de sable, Caïman Fu a fait se lever le soleil samedi à l’aurore pour le plus grand bonheur des couche-tard et lève-tôt”
Que ce soit sur l’une des dix scènes érigées pour l’événement ou dans l’ambiance chaleureuse de l’église du village, il y a eu de la musique à toute heure du jour et de la nuit.
Les artistes du Québec et des alentours dont Damien Robitaille, Bernard Adamus, Marie-Pierre Arthur, Louis-Jean Cormier, Paule-Andrée Cassidy, Daran, Katie Moore, Marcie, Pascal Lejeune avec Georges Langford, Keith Kouna, Karim Ouellet, le Badaboum Band et les Hay Babies ont séduit un public de tous les âges ravi de carburer aux émotions fortes !
Isabelle Thériault, Georges Langford et Pascal Lejeune : entre Nouveau-Brunswick et Iles de la Madeleine, des artistes de générations différentes unis par la passion des chansons enracinés dans leur terroir et cependant de portée internationale. Un trio formé spécialement pour le festival de Tadoussac et … dans le vent, notamment Isabelle Thériault ci-dessous
Le festival a permis également de sublimes découvertes telles que Olivier Bélisle, VioleTT Pi, Koriass, Nomadic Massive, Collectivo, Propofol et Ponctuation.
La fête s’est complétée avec les mots et l’énergie des copains européens dont Xavier Lacouture, MeLL, Lili Cros et Thierry Chazelle (un énorme succès!) et le géant belge Jofroi.
Sur les dunes de sable, Caïman Fu a fait se lever le soleil samedi à l’aurore pour le plus grand bonheur des couche-tard et lève-tôt.
Un des coups de cœur de cette édition : le percutant duo Lili Cros-Thierry Chazelle, entre chanson française et rock, avec une bonne dose d’humour. Efficace formule électro-acoustique qui a mis le feu à la Scène de Télé-Québec
Chaque artiste en résidence s’est produit à plusieurs reprises durant le festival, notamment en plein air, seul face au public
Directrice artistique du festival, Catherine Marck entourée par les artistes de la résidence d’écriture animée par Xavier Lacouture (Photo Michel Pinault)
Parmi les artistes en résidence, Caroline Savoie : une des voix majeures de la relève acadienne. Elle vient d’entrer pour un an à l’École nationale de la chanson à Granby : une étape décisive pour cette auteure-compositrice-interprète remarquée dans nombre de concerts, dont le Festival interceltique de Lorient
Une des révélations de Tadoussac 2013 : le déjanté chanteur du groupe “electro-clash” VioleTT Pi. Un attachant extra-terrestre surgi avec fracas dans la chanson québécoise. Aisance scénique et sens du rythme éclatent avec brio chez cet artiste d’une décontraction absolue avec ses musiciens (ci-dessous)
Avec “Dans la cour de grands”, Badaboum Band a offert une nouvelle jeunesse aux classiques de la chanson francophone. Humour garanti pour ce spectacle destiné aux enfants de tous âges ! (Photo Michel Pinault)
Rod le Stod et son copain DJ : un duo qui décoiffe tant par les rythmes que les textes. Une chanson québécoise épanouie et “sans politiquement correct”, percutant reflet d’une nouvelle génération sensible à l’engagement citoyen
Les artistes sur la Scène Desjardins. Depuis 2003, huit auteurs-compositeurs-interprètes se retrouvent chaque année à Tadoussac pour une résidence d’écriture animée par Xavier Lacouture (Photo Michel Pinault).
Artistes en résidence “sous la supervision bienveillante de Xavier Lacouture”
Terreau fertile à la créativité et au perfectionnement, le festival a eu le plaisir d’accueillir cette année en résidence les artistes Tina-Ève Provost, Félicia, Kwal, Mary-Beth de Scène, Amylie, Rod le Stod et Caroline Savoie placés à nouveau sous la supervision bienveillante de Xavier Lacouture.
La foule ne s’est pas fait prier pour affronter le vent fort et le soleil et participer en grand nombre au Tour de l’Islet, nouveau parcours musical extérieur à travers lequel Paule-Andrée Cassidy, Keith Kouna et Mary Beth de Scène ont pris plaisir à interpréter leur propre répertoire et celui du Grand Félix.
A l’instar des autres artistes en résidence, la Néo-Ecossaise Mary-Beth de Scène a chanté à plusieurs reprises. Initialement connue par le duo Bette et Wallet, la chanteuse-accordéoniste avance désormais en solo, avec ses airs entrainants aux accents trad’
Sur la promenade, non loin de la Marina : les Hays Babies savent s’y prendre pour mettre de l’ambiance !
Juste après le concert : Viviane Roy, Katrine et Julie Aubé en compagnie de Carol Doucet (Le Grenier Musique). En attendant le nouveau CD en cours d’enregistrement, les Haby Babies sont à l’affiche le 24 septembre aux Trois Baudets, la célèbre salle parisienne
“En plus d’être un rendez-vous artistique incontournable, le Festival de la chanson est aussi un apport important pour l’économie régionale”
Charles Breton, directeur général du Festival de la chanson de Tadoussac, dresse un bilan très positif de l’événement.
“Encore une fois, la connexion entre les artistes et le public était exceptionnelle, c’est d’ailleurs une des forces du festival.
En plus d’être un rendez-vous artistique incontournable, le Festival de la chanson est aussi un apport important pour l’économie régionale.
Actuellement il est trop tôt pour faire le bilan financier, ce qui est certain c’est que cette 30eme présentation est une réussite comme événement”.
Énergique et touchante, la rockeuse française Mell au Café-bar le Gibard. Elle a notamment interprété les chansons de “Relation Cheap”, nouvel album de 10 titres
“Grâce à la loyauté de plus d’une centaine de bénévoles, de même qu’à l’implication de précieux partenaires”
Le ministre de la Culture et des Communications, Monsieur Maka Kotto venu le vendredi soir, a assisté à quelques spectacles et a assuré le festival d’une aide pour moderniser les équipements techniques et améliorer l’accès aux personnes à mobilité réduite
Le succès de ce 30e festival est possible grâce à la loyauté de plus d’une centaine de bénévoles, de même qu’à l’implication de précieux partenaires dont le village de Tadoussac, les Ministères de la culture et du Tourisme du Québec, la SODEC, Patrimoine Canada, Développement économique du Canada, Musicaction ainsi que les partenaires privés notamment, le Mouvement des caisses Desjardins (présentateur de l’événement), Hydro-Québec, la Bière Belle Gueule, Télé-Québec, Sirus XM et BMR”.
Et le texte de Paulette Dufour et Thérèse Fournier de conclure sur une convaincante invitation ponctuée par un point d’exclamation : “Prochain rendez-vous du 12 au 15 juin 2014 “.
Surtout ne vous y trompez pas ! Sous son air malicieux et ses chansons drôles, Xavier Lacouture s’y prend à merveille pour raconter la vie telle qu’elle est entre petits travers et surprises en tous genres. Sa fausse légèreté fait mouche par des textes ciselés avec soin et des mélodies qui vous tournent dans la tête
Georges Langford : créateur de l’inoubliable “Frigidaire” popularisé par le Québécois Tex Lecor et enregistré par tant d’artistes. Rires garantis quand le chanteur madelinot présente diverses versions de son “tube” : les paroles originales ont souvent été modifiées par d’autres chanteurs d’inspiration plus ou moins heureuse !
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Intertitres de la rédaction
Merci aux photographe Mireille CARON et Michel PINAULT
et à Thérèse FOURNIER pour l’envoi des clichés
PHOTOS Albert WEBER, Mireille CARON et Michel PINAULT
C’est évident : pour nombre de Français passionnés de la chanson, le festival de Tadoussac a des allures de mythe, de destination rêvée, de fantasme impossible à satisfaire.
Nulle exagération dans ces propos. Il suffit tout simplement d’engager la conversation avec des passionnés de la chanson habitant l’Hexagone et n’ayant (encore) jamais mis les pieds dans cette localité québécoise.
Tant par sa programmation artistique que son environnement naturel, ce village est assurément des plus attachants. En témoigne avec intensité une inoubliable 30ème édition accueillie du 13 au 16 juin 2013.
De surcroît, Tadoussac est situé au cœur de deux parcs des plus majestueux : le parc national du Saguenay et le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.
Envie d’en savoir un peu plus sur ce “festival du bout du monde” ? Prêts à vous aventurer à Tadoussac où “découvrir, respirer et vivre” assurément des repères essentiels pour tout festivalier ?
Alors embarquement immédiat pour Tadoussac reconnu comme le plus vieux village du Québec : ses 400 ans ont en effet été fêtés en 2001.
Feu d’artifice de talents francophones est l’expression qui définit le mieux le 45ème Festival international de la chanson organisé du 4 au 14 septembre 2013 à Granby.
Ce constat s’impose suite à la conférence de presse ayant réuni nombre de professionnels de l’industrie musicale francophone d’Amérique du Nord le 19 août à Montréal.
L’intégralité de cette conférence de presse du 19 août à Montréal est d’ailleurs visible sur le site du FICG.
Retour sur quelques-uns des temps forts de cet événement animé par Pierre Fortier, directeur général et directeur artistique.
C’est sous l’égide du Musée de la Civilisation, de la ville de Québec, que Steve Normandin a enregistré un album de 21 chansons jaillies de la Belle Époque.
Ce 26 août 2013 marque le premier anniversaire de la disparition de Christopher J. Reed, à 61 ans durant un séjour en République dominicaine
Inconnu du grand public sensible à la chanson francophone d’Amérique du Nord, il aura été un attachant et incontournable repère du milieu artistique québécois. Et aujourd’hui plus que jamais, il est un exemple pour ses pairs.
Né à Londres en 1951 et arrivé au Québec à la fin des années 60, il fonde en 1973 les Éditions Intermède Inc. Il va ainsi gérer les catalogues de Gilles Vigneault, Robert Charlebois, Diane Tell, Sylvain Lelievre et Jim Corcoran, Jean-Pierre Ferland, etc.
Barbara, Françoise Hardy, voire “Amélie Poulain de la chanson québécoise”… Il faut toujours se méfier des comparaisons artistiques, si flatteuses soient-elles, reprises dans la presse québécoise.
Certes, depuis la sortie de son album homonyme de dix titres en mai 2013, Marcie a bénéficié de (très) nombreux coups de projecteurs dans les médias québécois. Et, pour cerner la personnalité et le style d’une illustre inconnue – si talentueuse soit-elle – il est toujours tentant d’en référer à des voix reconnues, à des répertoires renommés.
Mais à force de faire allusion à ses illustres aînées, subsiste le danger d’offrir une image déformée – donc partielle et partiale – de cette jeune auteure-compositrice-interprète originaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Alors en piste pour l’univers de Marcie Michaud-Gagnon qui fait carrière sous son seul prénom.
Du 8 au 15 août 2013, Saint Aubin-sur-Mer accueillera la 8ème Semaine Acadienne.
Ce festival rend hommage aux soldats acadiens du North Shore Regiment du Nouveau- Brunswick ayant débarqué sur sa plage le 6 juin 1944. Il célèbre aussi la vitalité de l’Acadie d’aujourd’hui grâce à divers artistes et groupes. Explications.
Ambiance assurée à la 13ème ChantEauFête de Charlevoix organisée du 6 au 10 août 2013 à Saint-Siméon.
Une quarantaine d’artistes se produira sur les cinq scènes et dans les dix lieux de ce festival souvent surnommé “le party de cuisine des amoureux de la chanson”.
“Juste assez grand, pas trop petit, bien garni, ce festival de chansons d’expression francophone prend des airs de fêtes de famille, de la première note à la dernière ” selon Dominic Marier, directeur général et artistique.
Chaque année depuis un demi-siècle (!), le Festival acadien de Caraquet attire des milliers de visiteurs pour célébrer l’héritage et la vitalité de la culture acadienne.
Devenu au fil des décennies une des plus importantes attractions touristiques des Provinces Atlantiques du Canada, ce festival est sans doute la plus grande fête de la musique en Acadie.
Son Grand Tintamarre du 15 août n’en constitue qu’une des nombreuses et attrayantes facettes ! Embarquement immédiat pour le 51ème Festival acadien de Caraquet accueillant une bonne centaine d’artistes du 1er au 15 août 2013.
On croyait tout savoir, ou presque, de l’Acadienne Lina Boudreau qui s’est forgée une incontestable renommée dans la chanson francophone d’Amérique du Nord. En effet, cette auteure-compositrice-interprète aux multiples facettes évolue avec brio dans le milieu artistique bien au-delà de son Nouveau-Brunswick natal.
Et il serait d’ailleurs illusoire et réducteur de lui coller une étiquette de «chanteuse acadienne» tant les thèmes de ses chansons sont variés, à l’instar des atmosphères musicales qui les enrobent efficacement. En témoigne avec conviction “Si fragile univers”, son 5ème album.
Soyons francs : dans l’abondante production discographique francophone d’Amérique du Nord, “Le Bonheur Domestique” est une véritable curiosité, au sens noble du terme. Il est en effet extrêmement rare qu’un album composé exclusivement de nouvelles chansons en français soit enregistré à Terre-Neuve Continue Reading →
“L’histoire du grand rapaillage”, c’est le titre d’un article paru samedi 6 juillet dans Le Rappel, journal de bord de mer : le quotidien distribué aux festivaliers du 31ème Festival En chanson de Petite-Vallée, entre compte-rendus de concerts, tribunes libres, entretiens, photo du jour, témoignages, … et même des mots croisés liés à la chanson !
Le Rappel a également publié le (long) texte du parolier Marc Chabot présenté par son auteur au Forum sur la chanson québécoise organisé par le Conseil des Arts du Québec les 4 et 5 février à Montréal. Un document à retrouver dans la rubrique Tribune Libre de ce site !
A travers divers articles de www.planetefrancophone.fr, nous avons découvert la vitalité et la diversité de la chanson franco-ontarienne. Cette réalité artistique si peu connue au Québec et en Acadie est devenue une raison de vivre de Pierrette et Guy Madore.
Rencontre avec un incroyable couple qui voue un amour sans faille aux talents francophones de sa province, au point d’en être devenu de (très) fervents archivistes !
“Je n’ai compris que plus tard à quel point mon enfance avait été la pire période de ma vie. Ce fut une espèce de lent choc, de conscience progressive, d’émergence dans la rage et le besoin de vengeance. Je suis devenu drop-out, punk, maudit…”
C’est en ces termes que l’auteur-compositeur-interprète Ivy -incontestable porte-flambeau du slam au Québec – parle de la chanson “L’Enfance”. Et plus précisément du clip “Contres les maux, trouve les mots” : ‘une initiative alliant création artistique et engagement solidaire. Explications.
Voici déjà un an, le 4 juillet 2012, il s’en est allé subitement, à 67 ans, victime d’une crise cardiaque. Journaliste, auteur-compositeur-interprète, amoureux de la langue française, Jean-Yves Vincent a retrouvé Félix Leclerc, Georges Brassens, Serge Gainsbourg, …
Autant de figures majeures parmi tant d’autres de la chanson qu’il aimait chanter en public, lors de divers festivals en France, ou dans un contexte amical, chez lui dans la grande maison de Marcoussis, en région parisienne.
Samedi 6 juillet 2013, midi. La salle du Camp Chanson de Petite-Vallée se remplit. Les conversations vont bon train, une évidente cordialité est perceptible entre celles et ceux qui prennent place.
Normal, nous voici parvenus au dernier jour du 31ème Festival en Chanson. Dernière ligne droite donc, avec au programme “Trois artistes, trois territoires”. Coup de projecteur en paroles et en musiques sur le Congrès Mondial Acadien organisé du 8 au 24 août 2014 dans “L’Acadie des terres et forêts” entre Nouveau-Brunswick, Québec et Etat américain du Maine.
C’est au Camp chanson de Petite-Vallée que se sont réunis ce jeudi 27 juin les invités, artisans et artistes du Festival en chanson pour le lancement officiel de la 31ème édition de l’événement.
Au menu, grand barbecue et présentation des chansonneurs, paroliers, compositeurs et des participants aux Rencontres qui chantent.
Décontracté, chaleureux et professionnel : c’est dans une bonne humeur contagieuse qu’Alan Côté a animé mardi 18 juin la conférence de presse du Festival en Chanson de Petite-Vallée.
Rendez-vous avait été donné aux médias et aux artistes concernés par l’édition 2013 dans les locaux des Francofolies de Montréal. Coup de projecteur sur cet événement gaspésien fertile en bonnes surprises du côté d’une programmation jouant la carte de l’innovation sans pour autant négliger les talents confirmés.
Alexandre Bonneau, co-compositeur du 1er album, en est aussi le réalisateur et arrangeur. Cet opus bénéficie aussi de la complicité de Toby Gendron pour la réalisation et les arrangements de trois des dix chansons (Un aller simple; Le plus doux de mes combats; Les amoureux) En direct des Francos de Montréal. Convaincante, décidée, souriante : Ella Bens a su séduire le public de la Scène Sirius, sur l’esplanade de la Place des Arts. Mission accomplie pour la jeune artiste rencontrée pour la 1ère fois en avril 2012 aux Rencontres d’Astaffort du côté de chez Francis Cabrel. Depuis cette expérience d’intense création artistique, elle a visiblement gagné en maturité, en aisance scénique aussi, avec un répertoire à fleur de peau aux accents pop-folk. Entre poésie et réalisme, douceur et détermination, Ella Bens chante la vraie vie : une évidente sincérité exprimée dans les 10 titres de «Un aller simple». Ce 1er album bénéficie du soutien de Jehan Valiquet/Groupe Musinfo. Une talentueuse auteure-compositrice-interprète québécoise à suivre de près : www.facebook.com/ellabens
Une évidente aisance scénique, des textes poétiques et percutants
Face à 25 000 personnes enthousiastes un concert entre refrains connus et chansons de « Le fou », son 20ème et nouvel album aux accents militants envers la langue française et le respect de la Terre
“En Amérique du Nord, chanter en français, c’est un ACTE DE RESISTANCE !”
C’est une des phrases lancées ce mardi 18 juin par Zachary Richard face à un enthousiaste public de 25 000 personnes, aux 25ème Francofolies de Montréal.
Superbe concert qui aura une fois de plus prouvé combien cet auteur-compositeur-interprète de Louisiane est une des voix majeures de la chanson francophone.
Zachary Richard en compagnie de la chanteuse acadienne Lisa LeBlanc invitée à partager avec lui la chanson «J’peux pas m’empêcher»
Hé oui, voici déjà un an, dans la nuit du 15 au 16 juin 2012 à 71 ans, que Momo s’en est allé, abandonnant sa chère «Passerelle Francophone» érigée au fil des ans avec Françoise.
En ce premier anniversaire de sa disparition, je vous partage une pensée fraternelle envers Momo, ainsi qu’une photo prise à sa demande en novembre 2004, durant la FrancoFête en Acadie.
Nous marchions tous deux vers le Capitol de Moncton pour découvrir de nouvelles vitrines musicales. Cigarette aux lèvres, il m’a demandé de le photographier devant cette affiche synonyme d’interdiction !
Si le cœur vous en dit, découvrez ou relisez le long article sur l’incroyable trajectoire sans frontières de Momo paru sur francomag.com et réactualisé sur www.planetefrancophone.fr.
Et vive la chanson francophone d’Amérique du Nord ! Son cœur continue plus que jamais à battre, notamment au rythme des festivals de Tadoussac et Petite-Vallée.
Allez Momo, on ne t’oublie pas, tu le sais bien. Albert Weber
A l’heure où la perspective de changement de nom de Radio Canada en ICI alimente nombre de débats via internet, voici une tribune libre signée Françoise Enguehard.
Ancienne présidente de la Société nationale de l’Acadie, cette journaliste et romancière aborde ce fameux changement de nom sous un angle inattendu, dans un contexte où la réalité francophonie prend un relief tout à fait particulier… selon l’endroit où l’on vit. A chacun son “Ici” !
Le texte est illustré par une photo dont la légende est des plus directes et laconiques : Ici. Il s’agit en fait du village de Quidi Vidi qui se trouve englobé dans la ville de Saint-Jean de Terre-Neuve.
Pour plus de précisions sur le parcours en journalisme, communication et littérature de Françoise Enguehard, consultez le site figurant sous son nom dans notre rubrique « En lien avec… ».
Ici
Ici, c’est où?
Voilà que Radio-Canada s’appellera désormais « ICI », minuscule mot de la langue française qui est en fait immense, vaste comme notre pays, le Canada, vaste comme le monde.
Quelle sotte idée me direz-vous? Mais non… Pensez-y une seconde. ICI c’est là où je suis, c’est là où tu es, là où ils ou elles sont…
ICI ce n’est pas seulement un quartier plutôt étroit de Montréal compris entre la tour de Radio-Canada, la rue Saint-Denis et le Plateau Mont-Royal… non, pas du tout. Détrompez-vous! ICI c’est ma province de Terre-Neuve-et-Labrador, c’est son réseau culturel francophone et ses artistes, ses artisans; c’est Louise Moyes danseuse, conteuse et musicienne, c’est Marry Barry qui chante du jazz en français, c’est Bernard Félix, accordéoniste connu de par le monde qui transmet patiemment son patrimoine musical aux jeunes de l’école Sainte-Anne de La Grand’Terre; c’est Anita Best qui interprète de sa voix de cristal les chansons de marins français préservées sur la péninsule de Port-au-Port. Ce sont les pêcheurs, les travailleurs du pétrole, les mineurs de Labrador Cité, les ingénieurs de Churchill Falls.
ICI c’est aussi l’Acadie, ce pays du cœur qui est comme un défi jeté aux forces de l’assimilation et de l’uniformité culturelle; ce sont ses centaines d’auteurs, de chanteurs, de peintres, ce sont les toiles de Roméo Savoie, les chansons de Pascal Lejeune, ce sont les combats d’une jeunesse qui prend sa place sur la scène internationale, ce sont les travailleurs de la tourbe, les pêcheurs de crabe, le festival de musique baroque de Lamèque, les Gallant de l’Île du Prince-Édouard, les Boudreau de Nouvelle-Écosse, les Cormier et les Chiasson de Terre-Neuve-et-Labrador, des Îles de la Madeleine ou de Saint-Pierre et Miquelon.
ICI enfin c’est notre pays dans toute sa diversité; le million de francophones qui y vivent et qui ne sont pas tous, de loin s’en faut, des Québécois exilés en quête d’émotions fortes ou de dépaysement. Ce sont les visages divers et colorés de tous ces Canadiens qui regardent et écoutent Radio-Canada, se cherchent et, la vaste majorité du temps, ne se trouvent pas.
Parce que du haut de la tour de Radio-Canada, ICI c’est Montréal, « chez nous » comme on dit dans les bulletins météo. « Chez vous » c’est pour le reste du Québec, « ailleurs » c’est chez nous, chez vous… « Ailleurs », comme une miette, un reste, un fond de tiroir, un moins que rien, compris entre Halifax et Vancouver, petite phrase assassine qui, comme une éponge sur un tableau noir, efface d’un coup ma province et Victoria.
Et puis, on me l’a dit si souvent, ailleurs mon ICI donc, est loin!. Loin de quoi ou de qui? Loin de Montréal, bien sûr. Vu d’ICI, ai-je toujours répondu, c’est Montréal qui est loin…
Loin, si loin, dans « la maison mère », où des animateurs, présentateurs et journalistes pour la plupart myopes à l’extrême ne s’intéressent qu’à ce qui vit, bouge, créée un tant soit peu dans leur ICI, dans leur quartier. C’est dommage pour nous dont l’ICI est ailleurs. Et c’est très dommage pour nous tous qui manquons cette belle animation, ce bel élan, ces personnes qui enrichiraient tellement notre vie si seulement la société d’état leur prêtait attention, leur donnait la chance de s’exprimer, de se raconter…
Ainsi, à mieux se connaître… on découvrirait que ICI c’est PARTOUT!
Vraiment, en devenant ICI, Radio-Canada s’est donné tout un défi.
A l’heure où la chanson québécoise s’apprête à vivre – une nouvelle fois – au rythme de festivals tels Tadoussac ou Petite-Vallée, l’entretien réalisé à l’île de la Réunion par Geoffroy Géraud Legros et Nathalie Valentine Legros, créateurs de notre site partenaire “7 Lames La Mer”, prend un relief particulier.
Personnage majeur de la vie artistique et culturelle de cette île française de l’Océan Indien depuis des années, Jérôme Galabert surprend toujours par ses prises de position, son regard lucide et décalé sur les réalités locales et ses nombreuses initiatives : des événements musicaux enracinés aussi bien dans des talents émergents que des artistes confirmés.
En témoigne notamment le fameux festival Sakifo fondé en 2004 et dont la notoriété dépasse largement l’archipel des Mascareignes. D’où l’intérêt de cet article paru le 11 mai chez notre site partenaire … le reflet d’une certaine réalité réunionnaise d’où émerge notamment cette affirmation : “Quand on parle culture, on s’adresse à l’âme et on a peur de traduire cela en valeur financière, en potentiel économique”.
“Lorsqu’il parle du passé, il le conjugue au présent. Nous rencontrons Jérôme Galabert dans un bureau du Kabardock à l’heure où le piapia des oiseaux dans les arbres accompagne une fin de journée bien remplie : conférence de presse, coups de fil, rendez-vous… Quelques banalités échangées devant la machine à café et l’interview s’engage sur la « réunionnaiseté » de Jérôme Galabert… avant d’aiguiller vers un thème cher à « 7 Lames la Mer » : création culturelle et initiative économique vont-elles de pair ?
7 Lames la Mer : Jérôme Galabert, vous définissez-vous comme Réunionnais ?
Jérôme Galabert : Bien-sûr ! Lorsque mes parents arrivent à La Réunion en 1968, j’ai six mois. Mes enfants sont nés là. La grande majorité de ma famille est là. C’est là que je me suis construit.
Je n’ai pas de problème par rapport à cela : je me sens profondément Réunionnais, malgré le regard de certains ; avec l’âge, on apprend à dépasser ces regards. J’ai grandi à Saint-Denis, Sainte-Suzanne, Saint-André… A partir du collège, j’ai habité Trois Bassins, puis la Saline… Plus tard, lorsque j’ai pris mon particulier, je me suis installé à Saint-Leu.
7 Lames la Mer : Votre nom, Galabert, est prédestiné…
Jérôme Galabert : C’est effectivement un nom qui a plusieurs traductions en créole. « Corbeille d’or » est la plus valorisante. « Caca Martin » l’est un peu moins… Il y a aussi la chenille. Galabert, c’est une jolie plante avec plein de petites fleurs… Une plante qui grafine in ta… Cette image me convient bien.
7 Lames la Mer : Votre première émotion artistique.
Jérôme Galabert : Il y a des choses dans lesquelles on baigne tous les jours sans y prêter attention. Je quitte l’île en 1984, après le Bac, pour faire des études de langues. Bordeaux, Toulouse, Londres, Les Canaries… Confronté à d’autres réalités, je prends conscience de ce que j’ai laissé dans l’île. Après quelques années, je rentre et ma première émotion artistique, c’est un concert de Ziskakan au théâtre de Saint-Gilles.
7 Lames la Mer : A quelle occasion mettez-vous le pied à l’étrier ?
Jérôme Galabert : A cette époque, Pierre Macquart monte le premier « Ti Bird » au dessus du Rallye. Je lui donne un coup de main sur le suivi des travaux, l’aménagement, puis, de fil en aiguille, sur la programmation. Derrière le bar, il avait même affiché un télégramme de félicitations de Jack Lang, alors ministre de la culture ! Pierre organisait des concerts tous les soirs. C’était la folie… Cette affaire n’a pas tenu longtemps mais quelle belle aventure !
7 Lames la Mer : Vos premières armes dans la culture.
Jérôme Galabert : D’abord j’ai la chance de travailler comme VAT [1] à la communication du conseil général, sous la présidence d’Eric Boyer. Là je rencontre Paul Mazaka. C’est aussi la rencontre avec un courant de pensée politique. C’est l’époque de créations fondatrices dans le secteur culturel, comme l’ODC [2], l’époque de la « politique du haut niveau » et de « l’homme réunionnais », deux notions couplées. C’est le discours sur la « réunionnaiseté », leitmotiv d’Eric Boyer.
7 Lames la Mer : Cette « réunionnaiseté » prônée par Eric Boyer, comment la vivez-vous alors ?
Jérôme Galabert : Je construisais mon parcours et cela m’a profondément marqué. J’ai alors une vingtaine d’années et je suis fortement impliqué dans certaines opérations… Je travaille avec Paul Mazaka sur le « Carrefour des cultures ». Avec Jacqueline Farreyrol aussi. C’est l’époque des CES musique et de la prise d’initiatives : bousculer les choses acquises sur l’action culturelle, bousculer le rapport emploi-culture…
Toutes ces préoccupations étaient déjà présentes. Il y avait un courage politique sur l’initiative en matière de culture. Peu d’acteurs politiques ont réussi à incarner cela comme l’a fait Eric Boyer. Il y avait une volonté de construire un discours fondateur.
7 Lames la Mer : Caméléon, Carrousel, groupes mythiques, devenus des références. Un tournant dans le champ culturel réunionnais ?
Jérôme Galabert : Incontestablement, ces groupes ont été marquants. Outre l’aspect musical, c’était presque un nouveau mode de vie. Ils ont vite fait des petits.
Dans la lignée, on peut dire aussi que le festival de Château-Morange a joué un rôle énorme sur l’évolution de la musique réunionnaise. Par rapport à l’offre culturelle, il y avait une forme de modernité qui alliait la promotion de la tradition musicale et une programmation audacieuse. Cela a accéléré le processus. 7 Lames la Mer : Sakifo, un enfant de Chateau-Morange ?
Jérôme Galabert : J’ai toujours dit que moi, j’étais un enfant de Château-Morange. Le virus des festivals, je l’attrape sur Château-Morange. Par la suite, avec Pierre Macquart, on s’est occupé de la décentralisation pour la dernière édition.
Indéniablement, Sakifo a hérité de Château-Morange : l’ouverture, l’éclectisme, la mise en valeur de pratiques endogènes, les rencontres entre artistes, les rencontres professionnelles, la revendication du rôle de locomotive joué par le territoire, etc. L’aventure humaine aussi ! La façon de conduire l’équipe, le fonctionnement de l’organisation en interne… C’est là que j’ai appris.
7 Lames la Mer : Une rencontre marquante ?
Jérôme Galabert : Il y en a beaucoup… Paul Mazaka, Pierre Macquart… Comment les citer tous ! Dans mon parcours professionnel, Jean-Pierre Clain a été un de mes mentors. Il m’a beaucoup appris. Premier directeur de l’ODC, il avait une réflexion sur la globalité du territoire. Il n’était pas un directeur de théâtre mais bien un directeur d’ODC.
7 Lames la Mer : On assiste depuis quelques années à la multiplication des festivals, voire à leur « communalisation ». Quelles réflexions cela vous inspire-t-il ?
Jérôme Galabert : J’avais prédit cela juste au lendemain des dernières élections municipales.Quand nous avons eu le conflit avec Thierry Robert, j’ai pris conscience que plus rien ne serait comme avant et que l’on allait direct vers la “festivalite”. Chaque commune ou communauté d’agglomération allait vouloir son Sakifo. La suite a montré que certains ont essayé et peu ont réussi.
7 Lames la Mer : Ce conflit avec Thierry Robert sera à l’origine de la migration du Sakifo vers Saint-Pierre. Avec le recul, acceptez-vous de revenir sur cet épisode ?
Jérôme Galabert : Oui et en toute transparence. Ce que je vais dire là, je peux le redire devant lui et en public. A l’époque, je ne connaissais pas Thierry Robert. Il m’aborde un samedi matin dans un commerce et me dit : «Je suis le futur maire, il va falloir que l’on travaille ensemble »… J’ai connaissance plus tard qu’il prend un certain nombre d’engagements sur le Sakifo (tarif pour les Saint-Leusiens, concerts décentralisés dans les hauts…). Il est en campagne, il fait feu de tout bois. Ce n’est ni le premier ni le dernier.
7 Lames la Mer : Comment réagissez-vous ?
Jérôme Galabert : La rosée sur feuille songe… mais cela produit quand même un certain agacement car est-ce-qu’il me viendrait à l’idée d’aller faire des promesses, si j’étais en campagne, sur le thème : « vous aurez accès aux appartements de Thierry Robert gratuitement » ? Rien n’est neutre : il sait que j’ai travaillé à la construction de la politique culturelle de Saint-Leu pour Jean-Luc Poudroux…
7 Lames la Mer : Thierry Robert gagne les élections…
Jérôme Galabert : Oui et le festival approchant, je demande à la commune d’honorer les engagements de l’équipe précédente. Nous n’avions pas de convention, les engagements étaient verbaux…
Face à l’absence de réaction, je finis par annoncer dans les médias la suspension du festival. Panique à bord. Le maire nous reçoit et nous explique — je résume — que la ville n’a plus les moyens…
Donc, après quelques péripéties, le Sakifo s’est tourné vers d’autres interlocuteurs : Saint-Pierre et Saint-Paul. On demandait une convention de partenariat de trois ans. Saint-Pierre a proposé sept ans. Il nous incombait de réinventer un festival. Une semaine à peine s’était écoulée depuis l’annonce de la suspension… C’était compliqué.
7 Lames la Mer : Cet épisode démontre aussi qu’un évènement comme le Sakifo repose, inévitablement, sur des fonds tant privés que publics.
Jérôme Galabert : Evidemment. Aujourd’hui, dans tous les domaines, on considère le maillage public-privé comme naturel, sauf pour la culture où l’on constate encore des blocages — psychologiques ou autres. Or c’est un secteur où historiquement, il y a peu de moyens et de moins en moins parce que l’offre et les besoins augmentent alors que l’enveloppe ne fait que diminuer.
7 Lames la Mer : Comment expliquez-vous ce blocage ?
Jérôme Galabert : Il y a là une sorte de paradoxe qui tient à un apriori culturel : quand on parle culture, on s’adresse à l’âme et on a peur de traduire cela en valeur financière, en potentiel économique.
Par exemple, il est admis que le cinéma et la chanson sont des industries mais ce modèle là n’est pas descendu jusqu’aux instances décisionnelles, qui agissent dans le cadre de la décentralisation. C’est descendu pour tout le reste : on subventionne l’agriculture, le tourisme, le social, la redynamisation des centre-villes… Pas de problème.
Le seul secteur qui semble poser problème, c’est la culture. Dans le domaine musical, il y a en plus cet aspect fantasmatique du « producteur-qui-va-faire-fortune », ce qui amène certains à me comparer à Eddie Barclay… Comme si j’étais la Metro-Goldwyn-Mayer de la musique réunionnaise ! C’est ridicule. Il faut arrêter de déconner : j’ai une PME qui fait 2 millions de chiffre d’affaire, qui dégage entre 50 et 100.000 euros de bénéfices les bonnes années. Ou sa nou sava avek sa ? 7 Lames la Mer : La culture peut-elle devenir un levier économique ?
Jérôme Galabert : Oui. C’est là que nous avons un des plus forts potentiels de création d’emplois, en particulier à La Réunion. Un exemple : il y a 4 à 5 ans, le projet « Tournée générale » est né des rencontres professionnelles de Sakifo. A l’époque, le Kabardock — qui est une SMAC [3] — est isolé sur un territoire sans partenaires : Palaxa fermé, K/véguen moribond, Théâtres Départementaux pas concernés…
Seul, le Kabardock est comme une locomotive sans wagons. Dans le même temps, les cafés-concert constituent le premier réseau de diffusion de l’île : c’est là où jouent tous les groupes. Le boushé-manjé des musiciens, c’est ce réseau informel, cette économie souterraine.
Donc avec Stéphane Rochecouste, le directeur du Kabardock, nous avons travaillé à créer du lien entre ce réseau là — les privés — qui a besoin d’être structuré et l’institution qu’est le Kabardock — le public. Au bénéfice de qui ? Des artistes : cinq groupes au début, cinq lieux… A l’époque, le PRMA et l’Etat ne nous suivent pas. En revanche, la Région et la SACEM nous soutiennent. 7 Lames la Mer : Un premier bilan de « Tournée générale » ?
Jérôme Galabert : Concrètement, aujourd’hui le dispositif « Tournée générale », c’est 40 groupes inscrits et un potentiel de 600 cachets. Ainsi, on permet à des artistes d’accéder à un statut, ce qui avant n’était pas toujours possible mathématiquement.
Avant, ces groupes s’adressaient directement au Kabardock ou au Sakifo pour se produire mais — toutes proportions gardées — c’est comme si un groupe de la Creuse essayait de faire l’Olympia ou le Printemps de Bourges sans avoir expérimenté des scènes intermédiaires. Aujourd’hui, avec le dispositif « Tournée générale », les groupes peuvent acquérir de l’expérience. 7 Lames la Mer : « Tournée générale » se veut aussi un dispositif économique, grâce au maillage public-privé évoqué plus haut. Une expérience concluante ?
Jérôme Galabert : Oui. L’autre aspect, c’est effectivement l’impact économique de ce dispositif. On crée un appel d’air en sollicitant les fonds de l’intermittence et il y a un effet boule de neige.
Quand un artiste effectue un certain nombre d’heures, il bénéficie d’une compensation mécanique à travers le système de l’intermittence. Donc ses revenus augmentent. Cet artiste, il vit ici et dépense ici. Il fait vivre des lieux — les cafés-musique — qui eux-même embauchent, qui vendent des produits qu’ils achètent à des gens qui sont embauchés pour les leur vendre. On recrée ainsi une économie dont 80% de la dépense a lieu sur le territoire.
7 Lames la Mer : « Tournée générale », un modèle économique, à votre avis ?
Jérôme Galabert : Ce que je peux dire c’est que La Réunion est dans une situation catastrophique. Cela ne va pas nous tomber tout cuit dans la gueule.
Le truc que je sais faire, c’est creuser mon cerveau pour imaginer des choses pour m’en sortir. Mon modèle, c’est ça. On s’en sortira si on est capable d’imaginer des systèmes qui collent à notre réalité territoriale.
Oui, le Festival en Chanson de Petite-Vallée célèbre cette année sa 31ème édition ! Rendez-vous du 27 juin au 6 juillet pour cet “incontournable événement gaspésien” selon son créateur Alan Côté, directeur général et artistique du Village en chanson de Petite-Vallée, également connu comme auteur-compositeur-interprète québécois.
Une programmation riche, diversifiée et festive : ainsi peut-on résumer en une phrase l’édition 2013 qui joue plus que jamais la carte de “la chanson sous toutes ses formes, qu’elle soit nouvelle, actuelle ou bien établie”.
Rien de tel qu’une plongée dans le Festival en Chansons de Petite-Vallée pour découvrir la chanson québécoise entre artistes de légende et jeunes talents
Artiste passeur de la 31ème édition, la chanteuse Laurence Jalbert photographiée par Denis Clermont
Trois spectacles autour de Laurence Jalbert
Après Michel Fugain et Catherine Major, “passeur” et “muse” de la 30ème édition, c’est au tour de Laurence Jalbert d’être l’artiste passeur de cette année. Et par conséquent de fêter ses 35 ans de chanson avec trois initiatives mises en relief pour ce festival !
La Petite école de la chanson réunira à l’église de Cloridorme le 29 juin, plus de 300 enfants venus des quatre coins de la Gaspésie, du nord du Nouveau-Brunswick, de Rimouski et de Longueuil, pour chanter les plus grandes chansons de Laurence.
La chanteuse québécoise sera également à l’honneur lors d’un spectacle hommage, qui sera présenté au centre socioculturel de Grande-Vallée le 30 juin. Lors de cette soirée, Paul Piché, Marc Déry, Daniel Boucher, Michel Faubert et nombre d’artistes gaspésiens mettront en valeur la carrière de l’artiste passeur.
Et ce n’est pas tout, puisque Laurence Jalbert montera sur la scène du Théâtre de la Vieille Forge le 5 juillet pour son plus récent spectacle, “Depuis 35 ans sur scène… et encore et encore !”
Village gaspésien de 240 habitants, le village est blotti près d’une anse, au creux d’une petite vallée, d’où son nom. Petite-Vallée bénéficie d’une incontestable notoriété chez tous les passionnés de chansons francophones d’Amérique du Nord
Un festival en prise directe avec la jeunesse québécoise : un des atouts de Petite-Vallée depuis ses débuts
Paul Daraîche et Laurence Jalbert : “Je pars à l’autre bout du monde”, un des titres du CD vendu à ce jour à plus de 100 000 exemplaires par le pionnier de la musique country du Québec
Coup de chapeau des plus mérités à Paul Daraîche
A l’occasion de la sortie de son nouvel album, l’une des figures marquantes de la musique country au Québec se produira lors d’un spectacle unique, qui se tiendra le samedi 6 juillet à l’église de Cloridorme.
Au cours de cette soirée, le Gaspésien Paul Daraîche livrera ses plus belles chansons accompagné sur scène de Laurence Jalbert, Mario Pelchat, Kevin Parent, Daniel Boucher, Pierre Flynn, Michel Faubert, Patrice Michaud, Manuel Castilloux et plusieurs autres amis du Festival. Les Mountain Daisies assumeront la direction musicale de ce spectacle à grand déploiement.
Illustre inconnu en France, Paul Daraîche s’est récemment illustré avec éclat au Québec. Son dernier CD, “Mes amours, mes amis”, a reçu fin janvier la certification PLATINE pour ses 80 000 copies vendues à travers tout le Canada, moins de trois mois après sa sortie en magasin ! La barre des 100 000 exemplaires a été franchie depuis cette distinction ! De quoi remettre à sa juste place cet artiste toujours présent 45 ans après ses débuts : un triomphe : sans précédent pour ce pionnier de la musique country du Québec. Paul Daraîche reçoit ENFIN la reconnaissance qu’il mérite après plus de 45 ans de métier et près de 1,8 million d’albums vendus en carrière !
Après avoir accueilli l’an dernier les 12 Hommes rapaillés chers à Gilles Bélanger et enracinés dans l’oeuvre poétique de Gaston Miron, l’église de Cloridorme reçoit samedi 6 juillet Paul Daraîche et ses amis artistes pour une soirée unique. C’est ici aussi que le 29 juin, plus de 300 enfants de la Gaspésie, du nord du Nouveau-Brunswick, de Rimouski et de Longueuil, chanteront les plus grandes chansons de Laurence Jalbert
Avec l’église de Cloridorme et le Théâtre de la Vieille Forge, le centre socio-culturel de Grande-Vallée constitue le 3ème espace accueillant les concerts du Festival en Chanson
Le Théâtre de la Vieille Forge résonnera aux rythmes des infatigables Tireux d’Roches photographiés en mars 2012 en Alsace au Printemps des Bretelles, Festival des accordéons du monde
A deux pas du Théâtre de la Vieille Forge, la Maison Lebreux, un des repères du festival
Au bord du Saint-Laurent, soirées aux accents trad et country
Et Marc-Antoine Dufresne, adjoint à la direction artistique et aux communications du Village en chanson de Petite-Vallée de préciser : “Pendant les dix jours du festival, pas moins de quatre spectacles aux accents trad et country permettront aux festivaliers de se dégourdir au son des Tireux d’roches, de Temps Antan et des Mountain Daisies.
Les après-midi à la Vieille Forge débuteront avec l’émission quotidienne de Radio-Gaspésie. S’y produiront ensuite Les Soeurs Boulay; Paul Piché; Michel Faubert; Amylie, Myëlle et Francis Faubert; Trois artistes, trois territoires, avec Pascal Lejeune, Patrice Michaud et Denny Breau et enfin Kevin Parent”.
Et ce n’est pas tout puisque le Festival en Chanson de Petite-Vallée proposera également une sacrée brochette d’artistes à découvrir ou à redécouvrir au Centre socioculturel de Grande-Vallée. Parmi eux, les participants de la sélection officielle 2013. A noter entre autres Le Bal des chansonneurs 2013, le 28 juin ; le Rendez-vous des chansonneurs 1ère vague, le 1er juillet et le Rendez-vous des chansonneurs 2e vague, le 2 juillet.
Sans oublier un double plateau signé Marcie et Félix-Antoine Couturier ainsi que Daran, le 3 juillet. De quoi mettre à l’honneur la chanson d’expression française dans des registres vraiment variés, avec en plus des fins de soirées Sirius XM, à la salle Hydro-Québec du Théâtre de la Vieille Forge : Koriass; Damien Robitaille; Les Tireux d’roches; Louis-Jean Cormier; Moran; Jipé Dalpé et Bernard Adamus.
L’auteur-compositeur-interprète québécois Moran, un des artistes programmés cette année, ici sur scène à Petite-Vallée avec Catherine Major, “muse” de la 30ème édition
Juin 2012. Catherine Major, Michel Fugain et Alan Côté en direct au micro de Radio-Canada, dans le studio temporaire installé au coeur du Village en Chanson
Céline Pruvost, Valérien Renault et Xavier Lacouture : trois des artistes sur scène durant la 30ème édition
Depuis 30 ans, le Festival joue un rôle majeur dans l’histoire de la chanson québécoise
N’ayons pas peur des mots : le Festival en chanson de Petite-Vallée est un des événements majeurs de la vie artistique au Québec, au même titre que le festival de la Chanson de Tadoussac.
Oui, depuis maintenant 30 ans, le Festival joue un rôle majeur dans l’histoire de la chanson québécoise. S’y sont révélés plusieurs artistes tels Isabelle Boulay, Daniel Boucher, Catherine Major, Pépé, Alecka et plus récemment Bernard Adamus, Patrice Michaud, Lisa LeBlanc et Émile Proulx- Cloutier. Et la liste est loin d’être exhaustive !
Ici, en Gaspésie, près du Saint-Laurent, place à 10 jours et nuits de festivités durant lesquels un artiste passeur expérimenté et une douzaine d’artistes en émergence sont mis de l’avant. Et ce n’est pas tout ! Comme le savent si bien les festivaliers et les artistes, Petite-Vallée ne se résume surtout pas à un enchaînement de concerts en journée et en soirée. Car ici, l’équipe dirigée par Alan Côté fait la part belle à plusieurs autres manières de “vivre la chanson”.
C’est dans cette dynamique artistique que s’enracine le fameux Camp chanson de Petite-Vallée : le premier camp québécois spécialisé en chanson ! Sa mission ? Offrir une formation sur mesure à tous les amoureux de la chanson, que ce soit au niveau de la technique vocale, de l’interprétation, de l’écriture que de l’accompagnement musical ! Voilà pourquoi le Camp chanson dispense des ateliers autant aux jeunes qu’adultes.
Durant sept jours, les campeurs suivent des ateliers avec des professionnels expérimentés, et profitent des spectacles de la programmation du Théâtre de la Vieille Forge. Ils occupent le bâtiment du Camp chanson, comprenant notamment une salle de répétition, une cuisine, des dortoirs rénovés en 2011 grâce au Fonds Dan-Gaudreau.
Parmi les nombreuses affiches ornant les murs du Bistro du Village en Chanson, un invité incontournable : Félix Leclerc
Mettre en évidence les jeunes talents de la chanson québécoise : une des priorités du Festival en Chanson de Petite-Vallée comme ici avec le groupe des artistes chansonneurs de la 30ème édition
Entre Petite-Vallée et Cloridorme, face au Saint-Laurent, un lieu de mémoire en souvenir de celui qui fut un des piliers du Festival : le guitariste et comédien Dan Gaudreau, décédé par noyade à 33 ans et 6 mois, en mai 2010
“Pour se souvenir de notre ami musicien, artisan de notre organisation parti trop tôt et pour garder bien vivantes les activités qui lui tenaient à coeur”
Dan Gaudreau : personne ne l’a oublié à Petite-Vallée …
En 2013, pour la 3ème année consécutive, Alain Côté a lancé un appel sous l’égide du Fonds Dan-Gaudreau soutenant les activités culturelles auprès des jeunes Gaspésiens et de la jeunesse bénéficiant des installations du Festival.
Et Alan Côté de préciser ainsi sa pensée : “Pour se souvenir de notre ami musicien, artisan de notre organisation parti trop tôt et pour garder bien vivantes les activités qui lui tenaient à coeur, nous du Village en chanson de Petite-Vallée avons mis en place cette initiative. Organisme de charité reconnu, le Village en chanson émettra des reçus pour fin dimpôts à tous les donateurs. Il n’y a pas de petites contributions, elles sont toutes importantes et participent aux mieux-être des jeunes de nos communautés. Notre politique de billetterie, c’est un prix maximum de 10$ par spectacle pour tous les jeunes 17 ans et moins locaux ou visiteurs”.
Ce fonds Dan-Gaudreau donne un appréciable coup de pouce financier à plusieurs initiatives : bourses pour participer au Camp chanson;production dune production théâtrale avec des comédiens adolescents encadrée par des professionnels; soutien financier et artistique pour la production de la Petite-école de la chanson qui accueille plus de 300 jeunes au sein de ce grand chœur; présentation de spectacles professionnels pluridisciplinaires (entre 6 et 8 par année) pour les élèves des écoles de Grande-Vallée, Mont-Louis, Gros-Morne, Murdochville et Cloridorme.
Oui, le Festival en Chanson de Petite-Vallée, c’est tout cela, et bien d’autres aspects encore tant artistiques qu’humains. Avec une double volonté : celle de mettre en relief des artistes francophones, toutes générations confondues, et de faire vivre cette attachante région de Gaspésie si éloignée des grandes villes québécoises. Les festivaliers ne s’y trompent pas : une fois qu’on a mis les pieds à Petite-Vallée, une envie d’affirmer immédiatement : celle de revenir.
Infos complémentaires sur le site du festival http://www.villageenchanson.com
A lire aussi sur www.francomag.com les articles sur la 30ème édition
A découvrir aussi le reportage sur Petite-Vallée et sur la Gaspésie paru le 4 juillet 2010 sur Si ça vous chante, blog de Fred Hidalgo, incontournable référence des amoureux de la chanson d’expression française
Le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Maka Kotto, et le ministre des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur, Jean-François Lisée, ont annoncé lundi 6 mai 2013 l’attribution du prestigieux prix Rapsat-Lelièvre 2013 à Lisa LeBlanc pour “la qualité et la singularité de son tout premier album” lancé en mars 2012.
Juillet 2012, Festival de Petite-Vallée, en Gaspésie
Le prix Rapsat-Lelièvre souligne l’excellence d’un album de chansons. Il est remis chaque année, en alternance, à un artiste québécois à l’occasion des Francofolies de Spa, et à un artiste de Wallonie-Bruxelles, au Coup de cœur francophone de Montréal. Ce fut le cas en novembre dernier au Lion d’Or pour le groupe Suarez.
Il est attribué par un jury international composé de spécialistes de la chanson issus du Québec et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le prix comprend une bourse de 5 000 $ pour l’auteur-compositeur-interprète et une aide financière de 10 000 $ au producteur du disque afin d’en assurer la diffusion sur le marché belge.
“Cette étoile montante de la musique dont la carrière est déjà bien ancrée au Québec”
“Le prix Rapsat-Lelièvre met en relief le talent et la créativité de nos artistes avec un rayonnement grandissant de chaque côté de l’Atlantique. Je veux féliciter chaleureusement Lisa LeBlanc, cette étoile montante de la musique dont la carrière est déjà bien ancrée au Québec. C’est maintenant au tour de la communauté de la Wallonie-Bruxelles d’apprécier l’immense talent et l’originalité de cette auteure-compositrice-interprète qui n’en est pas à sa première incursion en Europe et qui est loin d’avoir fini de conquérir de nouveaux publics” a déclaré le ministre Maka Kotto.
« Parce qu’elle puise largement dans cette langue que nous avons en partage, la culture constitue naturellement l’un des moteurs de la riche coopération du Québec et de la Wallonie-Bruxelles. Je salue l’attribution du prix Rapsat-Lelièvre à cette artiste singulière qui est appelée à contribuer au rayonnement de la culture québécoise auprès des francophones de la Belgique », a indiqué le ministre Jean-François Lisée.
Et le communiqué de préciser : “Originaire du petit village de Rosaireville au Nouveau-Brunswick et maintenant installée au Québec, Lisa LeBlanc écrit des chansons aux propos sans détour, empreintes d’une grande sensibilité. Son charisme, sa fraîcheur, son sens de la mélodie et la qualité de réalisation de l’album sont autant d’éléments qui ont su convaincre le jury international”.
Remise du prix en juillet prochain durant la 20e édition des Francofolies de Spa, en Belgique
Certifié disque d’or au Québec, l’album éponyme de Lisa LeBlanc réalisé par Louis-Jean Cormier est maintenant distribué en Belgique, en France et en Suisse, sous l’étiquette Tôt ou tard. C’est en juillet prochain, dans le cadre de la 20e édition des Francofolies de Spa, en Belgique, que l’auteure-compositrice-interprète recevra son prix et y présentera son spectacle.
Créé en 1984, le prix Rapsat-Lelièvre, initialement connu sous le nom Prix Québec/Wallonie-Bruxelles du disque de chanson, vise à encourager le développement et la promotion de la langue française et à stimuler la production et la diffusion de disques francophones tout en favorisant les échanges entre le Québec et la Communauté Wallonie-Bruxelles.
Ce prix est décerné par un jury international composé de spécialistes de la chanson du Québec et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le prix comprend une bourse de 5 000 $ pour l’auteur-compositeur-interprète et une aide financière de 10 000 $ au producteur du disque afin d’en assurer la diffusion sur le marché belge.
Certifié disque d’or au Québec, l’album éponyme réalisé par Louis-Jean Cormier est maintenant distribué en Belgique, en France et en Suisse, sous l’étiquette Tôt ou tard
En mémoire de Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre
En 2003, lors du 20e anniversaire de sa création, changement d’appellation … On parle désormais du prix Rapsat-Lelièvre : un hommage à Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre, deux grands artisans de la chanson disparus à quelques jours d’intervalle en avril 2002.
Ce prix évoque en effet la mémoire de deux figures incontournables de la chanson francophone : le Belge Pierre Rapsat et le Québécois Sylvain Lelièvre. Durant leur carrière, qui s’est étalée sur une trentaine d’années, Pierre Rapsat et Sylvain Lelièvre ont su traverser les modes. Ils n’ont pas hésité à pratiquer leur art sans compromis, en empruntant souvent des chemins moins fréquentés, loin du show-business… Chacun avait à son actif plus d’une dizaine de disques qui ont conquis un public fidèle. Tous deux sont décédés à un moment où ils opéraient un virage musical important.
Le Prix Rapsat-Lelièvre est administré conjointement par Wallonie-Bruxelles International (WBI) et par le ministère des Relations internationales, de la Francophonie et du Commerce extérieur (MRIFCE) ainsi que le ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC).
Au terme de ce texte publié sur la base d’informations relayées par trois sites (Ministère de la Culture et de la Communication du Québec; Coup de Coeur Francophone; Prix Rapsat-Lelièvre), deux précisions s’imposent.
Signalons tout d’abord l’excellent livre “Toi l’ami Cent regard sur Sylvain Lelièvre” paru en avril 2013 met en relief avec d’innombrables documents la vie et la carrière de cet auteur-compositeur-interprète québécois. Cet ouvrage unique en son genre est signé Elizabeth Gagnon (Radio Canada) et Monique Vaillancourt-Lelièvre, veuve du chanteur (229 pages, Editions L’instant scène/ Productions Basse-Ville). Nous en reparlerons bientôt plus longuement sur notre site.
Un ouvrage de référence sur un artiste disparu à 59 ans, alors que sa carrière prenait un nouveau tournant et accédait enfin à une reconnaissance du grand public
“Son charisme époustouflant ainsi que son ardente énergie sur scène vous laisseront éblouis sur votre siège !”
Seconde précision, et non des moindres. L’attribution de ce prix d’envergure internationale à l’artiste d’origine acadienne Lisa Leblanc va évidemment réjouir ses nombreux fans des Provinces Maritimes.
De quoi les ravir face à ce nouveau coup de projecteur braqué sur la chanteuse de plus en plus connue et appréciée hors de son Nouveau-Brunswick natal … tout en étant surpris par la déclaration ministérielle la qualifiant d'”artiste singulière qui est appelée à contribuer au rayonnement de la culture québécoise auprès des francophones de la Belgique”.
Car une évidence s’impose. Bien qu’établie au Québec, Lisa LeBlanc n’a pas pour autant oublié ses racines. Ni son accent et son incroyable présence sur scène… déjà évoqués en 2010 dans le premier document officiel parlant d’elle. En l’occurrence une petite page la présentant d’une manière à la fois enthousiaste et prometteuse : “Son charisme époustouflant ainsi que son ardente énergie sur scène vous laisseront éblouis sur votre siège ! Ses jeux prestigieux de guitare et ses mélodies accrocheuses aux intonations folk/rock vous feront également vouloir la connaître davantage et de suivre le parcours prometteur de cette artiste émergente! “.Voir le document ci-dessous.
Premier document présentant Lisa Leblanc, en 2010, juste avant son entrée à l’Ecole de la Chanson de Granby
Mars 2009, sortie sur le marché acadien d’un mini-album de trois titres médiatisé par Carol Doucet. Réalisé par Etienne Leblanc, l’album a bénéficié de l’appui de la Société culturelle des Hauts-Plateaux; Laquelle organisait alors chaque année “le Sommet de la Chanson”, une compétition pour les artistes musicaux du Nouveau -Brunswick remportée en 2008 par Lisa LeBlanc.
“Je suis une Acadienne qui roule ses « r », qui aime se moquer d’elle-même”
Que de chemin parcouru en quelques années par la jeune chanteuse de Rosaireville – village de son enfance avec ses 40 habitants- au Nouveau-Brunswick, en passant par le travail de longue haleine mené à bien par Carol Doucet, jusqu’à l’enregistrement au studio Piccolo du fameux album sous le label Bonsound Records !
Un des tournants de cette carrière aura été l’inoubliable Cercle des auteurs de la SOCAN, en novembre 2008 à la FrancoFête de Moncton. La soirée était animée par le Québécois Michel Rivard entouré par trois artistes acadiens : Edith Butler, Danny Boudreau et … Lisa LeBlanc : une véritable révélation tant par son talent que sa manière de s’exprimer avec audace et bon sens face à ses aînés. D’où cette “une” du quotidien L’Acadie Nouvelle du lundi 10 novembre…
Lundi 10 novembre 2010. La “une” de L’Acadie Nouvelle après l’inoubliable Cercle des auteurs SOCAN en compagnie de Michel Rivard, Edith Butler, Danny Boudreau et Lisa LeBlanc
En remportant le Festival international de la chanson de Granby en septembre 2010, Lisa Leblanc élargira rapidement sa notoriété auprès de nombreux médias francophones à travers le Canada, et tout autant auprès d’un public en quête de nouveaux talents.
Dès lors, sa carrière a connu une ascension fulgurante. Récipiendaire du Félix de la Révélation de l’année au Gala de l’ADISQ de 2012, elle compte à ce jour près de 400 spectacles à son actif. Mais l’accélération de sa carrière n’empêchera pas Lisa LeBlanc de continuer à rester égale à elle-même. Naturelle et spontanée, aimant se définir comme “Une Acadienne qui roule ses “r”, qui aime se moquer d’elle-même, qui écrit des textes sans trop de froufrous et qui est tannée de chanter des chansons de fi-filles!”.
Il est évident qu’on n’a pas fini d’entendre parler (et chanter) Lisa LeBlanc. Et le Prix Rapsat-Lelièvre 2013 constitue assurément une nouvelle étape pour la fille de Rosaireville bien décidée à conquérir de nouveaux publics tout en demeurant égale à elle-même. Un défi de plus pour cette Acadienne à la fois extravertie et sensible, au répertoire assurément bien nuancé et varié que ne le laisse croire sa chanson la plus connue.
Mais oui, c’est bien elle, crinière au vent, durant la FrancoFête en Acadie, Moncton, Nouveau-Brunswick e, novembre 2012
En grande conversation avec Jérôme, un des bénévoles du Festival Pully-Lavaux à l’heure du Québec, juin 2012
Amateurs de (bonnes) chansons françaises, à vos agendas. En piste pour la 13ème édition du Festival Bernard Dimey du 8 au 11 mai 2013 à Nogent, Haute-Marne !
L’occasion de revenir ici en photos sur divers temps forts de l’édition de l’an dernier et surtout de donner envie aux passionnés de se retrouver dans une ambiance des plus chaleureuses dans la ville chère au créateur de « Syracuse », « Si tu me payes un verre », « Mémère » et autres chansons connues ou non qui ont, indiscutablement, marqué l’Histoire de la chanson française.
En guise d’introduction à ce long voyage au coeur du Festival de Nogent d’hier et d’aujourd’hui, bienvenue à “Dimey de Nogent”, une chanson franco-québécoise signée Joseph Moalic (paroles) et Jean Custeau (musique) ! Texte à découvrir en fin d’article…
Plaque sur la maison natale du poète de Nogent
Samedi 12 mai 2012. Passage du “Marching Band” de Chaumont devant la médiathèque Bernard Dimey
Depuis quelques années, la tombe de Bernard Dimey bénéficie enfin d’un fléchage au cimetière : il était grand temps …
Bernard Dimey, Pierre Brasseur et Michel Simon : fresque dans le hall du Centre culturel, quartier général et salle de concert du festival de Nogent
«Derrière ce joli nom il y a toute une équipe qu’il faut absolument féliciter »
Il en aura fallu de l’obstination et de la passion pour mener à bien cette association Bernard Dimey ! Ses objectifs ? « Promouvoir l’œuvre de Bernard DIMEY, la poésie et la chanson francophones et ce, au moyen de l’organisation de manifestations, réunions, conférences ou toutes autres actions à caractère notamment culturel, et, en général, toutes initiatives pouvant aider à la réalisation de son objet ».
Bien, mais qu’en est-il des débuts de cette association présidée depuis trois ans par Yves Amour ?
Un retour dans le passé s’impose, histoire d’en savoir un peu plus sur ce festival bénéficiant d’une solide équipe de bénévoles. Ce qui a incité le président à remettre les pendules à l’heure, lors de son discours de remerciements en mai 2012 : « Je suis un peu agacé quand on remercie Yves Amour. Derrière ce joli nom il y a toute une équipe qu’il faut absolument féliciter : tous les bénévoles de cette association ! Je ne suis qu’un porte-nom ». Des propos qui suscitèrent unepluie d’applaudissements…
Et sur le site de l’association, l’ancienne présidente Annie Roquis-Millet, de préciser : «C’est toute une équipe de lutins qui, comme dans les contes, s’affairent sans ménager leur peine pour accueillir au mieux et toujours chaleureusement artistes et public.
Ils se transforment en mirlitons, plongeurs, cuistots occasionnels, coursiers, hôtesses, barmen, barmaid, techniciens, vendeurs, médiateurs, caissières, placeuses, colleurs d’affiches, standardistes, chargés de com’, couturières, nounous, décoratrices, secrétaires, souffleurs, docteur, masseuses, pharmaciennes, chauffeurs, logeuses, guides et accompagnateurs touristiques, que sais-je encore ?
La municipalité de Nogent nous accorde son soutien depuis le début. Ses équipements surprennent toujours très favorablement les artistes et nous sommes conscients de son effort et de la contribution du personnel de la salle, des services techniques et administratifs ».
Gâteau d’anniversaire pour les 10 ans du festival. Photo-souvenir avec quelques bénévoles en compagnie d’Annie Roquis-Millet, Dominique, la fille de Bernard Dimey, et le directeur de la médiathèque de Nogent Philippe Savouret
« Poésies et chansons francophones », c’est le « label » du festival Bernard Dimey présidé depuis 2010 par Yves Amour
Eric Frasiak, Patrick Boez, Robin Rigaut, Christian Valmory et Philippe Savouret
Mai 2009. Sur les traces de Bernard Dimey à travers les rues de Nogent. A quand une nouvelle visitée guidée avec tant de passion par Philippe Savouret et intégrée dans le programme du festival ?
Inspirée de l’affiche du festival illustré par le dessinateur Cabu, la pochette du CD « Dimey de Nogent » : texte de Joseph Moalic, musique du chanteur québécois Jean Custeau. Cette chanson dédiée à Annie Roquis-Millet a inspiré une vidéo visible au début de cet article ainsi que dans la rubrique vidéo sur la page d’accueil de www.planetefrancophone.fr
Mai 2010. Annie Roquis-Millet en compagnie du compositeur Francis Lai, lors de l’inauguration de l’Espace qui lui est dédié à la médiathèque de Nogent
Incontestable passionné de l’oeuvre du poète de Nogent, Philippe Savouret, directeur de la médiathèque Dimey
Annie Roquis-Millet en compagnie de Georges Varenne, fils du chanteur Pierre Louki devant l’exposition consacrée à son père
A l’origine, la rencontre de deux responsables de bibliothèque
Saviez-vous que l’origine du festival s’enracine dans la rencontre de deux responsables de bibliothèque ?
Mais oui, comme le raconte avec force détails le site de l’association, l’histoire débute en l’an 2000 avec un duo d’amoureux de la chanson et de la langue française : Philippe Savouret chargé de la médiathèque de Nogent et Annie Roquis Millet de celle de Biesles.
Tous deux partagent « la même vision du développement culturel et ont conscience de l’intérêt de lancer des opérations communes groupant ainsi les moyens financiers et humains avec le concours des municipalités. Ils créent « l’intermédiathèque » avant « l’intercommunalité » par des actions groupées sur un territoire élargi au canton de Nogent ».
Et l’histoire se poursuit de plus belle avec le duo Savouret-Roquis-Millet : » En travaillant ensemble pour la programmation de spectacles, sur des expositions, ils partent même sur le terrain, à savoir en Martinique, à leurs frais. Philippe, passionné, a raconté, lors de veillées, la maman de Bernard, ses recherches, ses contacts et échanges avec les artistes, la commémoration du 10e anniversaire, son séjour avec Dominique et Claude Dejacques à Tartane pour la création du disque « Le droit des enfants ».
Dès lors le compte-à-rebours est enclenché : « Au retour, l’appétit aiguisé, Annie plonge dans ce monde de Dimey, grâce aux documents rassemblés du fonds, et après leurs trois expos réussies, vient le moment de préparer la commémoration du 20e anniversaire de la mort de Bernard ».
Mai 2009. Quand Daniel Manchin donne de la voix sur scène en compagnie de Jean-Pierre Laurent et son orgue de barbarie
« Pour des raisons pratiques, Daniel Manchin a proposé de créer une association, pour contribuer à faire connaître l’œuvre de notre poète nogentais »
Le duo Savouret-Roquis-Millet lance d’abord une manifestation à Biesles. Un tournant de taille, puisqu’ils y rencontrent le troisième homme : « Daniel Manchin, PDG d’une entreprise, amoureux de poésie. Il a découvert Dimey, en écoutant un texte sur les quais de la Seine, par hasard, lors d’un de ses nombreux déplacements professionnels.Il a ensuite proposé à Michel Thomassin, alors directeur de la Mutualité Sociale Agricole, président du Lion’s Club, d’en faire le thème d’une manifestation au cœur du festival ; ce dernier plonge aussitôt dans la marmite et met en place une soirée réussie ! »
Dès lors les événements vont se précipiter : « Pour des raisons pratiques, Daniel Manchin a proposé de créer une association, pour contribuer à faire connaître l’œuvre de notre poète nogentais. Et les statuts déposés, ils se lancent dans le premier festival en 2001, entraînant d’autres passionnés avec le concours de la ville de Nogent représentée par Michel Brocard, maire ».
Le festival résulte d’un sacré travail de bénévoles. Ici finale de l’édition 2010 animée par l’auteur-compositeur-interprète québécois Steve Normandin avec à gauche la présidente fondatrice Annie Roquis-Millet à côté de Daniel Manchin
Dans la Cave à Bernard “Entre Pigalle et les Abbesses” poésie et chansons avec Michèle Crevecoeur et Jean-Pierre Laurant
“Jean-Pierre Laurant est un artiste attachant. Animateur infatigable autant que généreux”
Après cette première édition, d’autres festivals ont suivi chaque année autour du 10 Mai … évidemment !
Les premiers seront très axés sur les textes de Dimey pour le faire connaître avec « des spécialistes reconnus » comme Dominique Dimey, sa fille; les chanteurs Jehan et Alain Flick puis plus tard Valérie Mischler… Le cercle s’élargira peu à peu avec « une causerie avec des témoignages comme Francis Lai, des camarades de classe, des universitaires…et cela s’est élargi vers d’autres horizons, tout en gardant le lien Dimey, avec des artistes connus et d’autres pas médiatisés. La poésie est à l’honneur, souvenez-vous de cette soirée inoubliable avec Bohringer ! Un grand merci à ce Monsieur ».
Au fil des ans, des repères se mettent en place : « Dans l’équipe, après avoir créé un petit groupe de colporteurs, certains se sont pris au jeu et continuent de dire du Dimey par plaisir comme Chantal et Yvon Baude. Michèle Crèvecœur, Belge, s’est associée à un artiste Jean-Pierre Laurant pour créer un spectacle donné gratuitement dans le cercle de ses amis belges, puis au festival ».
Jean-Pierre Laurant ? Sans doute un des artistes les plus connus des festivaliers de Nogent !
“Jean-Pierre Laurant est un artiste attachant. Animateur infatigable autant que généreux, il aime faire partager son vaste répertoire dans lequel Mouloudji tient souvent une place privilégiée, de même que Brassens, Vian et quelques autres, dont, évidemment, Dimey. Je vous suggère en passant de ne pas rater le spectacle consacré à ce dernier, monté et joué avec Michèle Crevecoeur (“Entre Pigalle et les Abbesses”).
Cette présentation signée Joseph Moalic (Les Amis de Georges, n° 133, mai-juin 2013) est extraite d’un article consacré à “J’ai rendez-vous avec vous”, nouveau CD enregistré à l’orgue de barbarie par le chanteur-musicien Jean-Pierre Laurant. Assurément une figure familière à Nogent, où il s’est souvent produit… à l’instar du québécois Steve Normandin (voir le dossier abondamment illustré sur cet artiste québécois sur le site www.francomag.com)
Ne pas oublier les maisons de retraite des environs de Nogent : une des priorités du festival. Ici le québécois Steve Normandin au coeur de l’événement !
Mai 2010, collège de Nogent avant l’inauguration de l’Espace Bernard Dimey par le compositeur Francis Lai entouré ici par Annie Roquis-Millet, Philippe Savouret et Michèle Crevecoeur
Viviane Cayol et Jean-Yves Liévaux, alias Alcaz, en compagnie de l’artiste peintre Yvette Cathiard, dernière compagne de Bernard Dimey et auteure de “Dimey la blessure de l’ogre” (Editions Christian Pirot, 2003). Cet ouvrage a obtenu le Grand Prix de l’Académie Charles Cros (Littérature)
« Ce festival permet d’élargir l’offre culturelle indispensable au développement économique de notre pays »
Selon Annie Roquis-Millet, présidente de l’association de 2000 à 2010, «Dimey reste bien le pivot central de cette manifestation, et sur une idée d’Yvette Cathiard chaque artiste doit nous interpréter un de ses textes, à sa convenance.Ce festival permet d’élargir l’offre culturelle indispensable au développement économique de notre pays, au même titre que bon nombre d’associations locales tout aussi dynamiques ».
Autre argument, et non des moindres mis en évidence sur le site du festival : la valorisation de Nogent et de sa région, sous l’angle économique : « Nous sommes convaincus qu’il mérite d’exister et les entreprises locales qui nous soutiennent par leur mécénat l’ont bien compris. Nous avons des richesses à développer ici dans notre magnifique département ».
Parmi les animateurs ayant soutenu le festival figurent entre autres Elisabeth Gagnon de Radio-Canada, et Jean-Louis Foulquier venu pour une émission retransmise en direct sur France-Inter !
« On se souvient d’Elizabeth Gagnon pour Radio-Canada, auteur de dix heures d’émission sur Bernard Dimey »
Comme le met en évidence le site de l’association, « le festival, à sa mesure, favorise l’exportation de notre patrimoine par un maximum de relais médiatiques qui contribuent à faire connaître Nogent et la Haute-Marne : dans des émissions télévisées, de radios : on se souvient d’Elizabeth Gagnon pour Radio-Canada, auteur de dix heures d’émission sur Bernard, de la sympathique équipe de Jean-Louis Foulquier pour POLLEN, des journalistes de revues plus spécialisées comme Chorus, Je chante, Vinyl.
Au même titre que les autres manifestations de notre département, il contribue au développement économique, touristique : nous accueillons des personnes extérieures : Belges, Suisses, Hollandais ».
A noter qu’en mai 2007 toute une équipe de Québécois emmenée par Pierre Jobin et Renée Marcoux est venue partager l’ambiance du festival Dimey.
Mai 2007. Groupe de festivaliers québécois emmenés par Pierre Jobin et Renée Marcoux
Pierre Jobin en conversation avec Allain Leprest, invité d’honneur du Festival Dimey
Mai 2012. Le festival va dans la rue et fait danser devant la maison de retraite de Nogent !
« On y vient chercher de la qualité mais aussi de la convivialité dans une ambiance familiale avec plein de petits bonheurs accessibles à tous ! »
« Les textes de Bernard Dimey sont populaires au sens noble du terme (dixit Gilles Vigneault), tout comme notre festival. De plus, nous montrons le talent de dessinateur de Bernard Dimey et sommes heureux que le grand dessinateur CABU, nous ait gratifiés en 2007 d’une affiche qui, à nos yeux, reste emblématique.
Le public du festival s’agrandit doucement. C’est un public de « découvreurs ». On y vient chercher de la qualité mais aussi de la convivialité dans une ambiance familiale avec plein de petits bonheurs accessibles à tous! Et si demain, ces artistes sont médiatisés, tant mieux ! ».
Ces propos signés Annie-Roquis Millet en disent long sur les défis relevés par le président Yves Amour.Lequel expliquait en mai 2012, après la soirée finale, que l’association repose sur une trentaine de bénévoles de Nogent et environs durant le festival, et d’un noyau d’une dizaine de personnes à l’année.
De làlancer un appel il n’y a qu’un pas franchi par le président « en quête de gens ayant des compétences dans certains domaines qui ne sont pas forcément la chanson ». Oui, toutes bonnes volontés sont accueillies, et les initiatives peuvent, dans ce domaine, réserver de belles surprises, comme la participation de jeunes du Lycée Charles de Gaulle de Chaumont, section BTS productique : ils ont fabriqué des tables fort utiles durant l’édition de mai 2012.
Yves Amour en compagnie du chanteur Gérard Berliner, à gauche. Comme un air de ressemblance …
Sur le livre d’or de l’association, le message du chanteur Gérard Berliner, quelques mois avant son décès en octobre 2010
Mai 2008, « Le Déserteur de Boris Vian » repris en chœur par Steve Normandin, Christiane Oriol, Denis Peterman, Christian Valmory, Jean-Pierre Laurant et Thomas Pitiot
Concert de Thomas Pitiot sous l’égide de l’association Arts Vivants 52
Autre piste de réflexion et d’action : développer des passerelles avec des établissements scolaires – écoles, collèges, lycées – il n’y a qu’un pas franchi par l’association soucieuse d’ouvrir son champ d’action au-delà de la salle de spectacle du centre culturel !
Une de ces passerelles entre milieu artistique et milieu scolaire est illustrée par le concert pédagogique de Thomas Pitiot au centre culturel de Nogent mardi 7 mai à 14 h : une co-réalisation du festival Dimey et l’association Arts Vivants 52.
Ce concert réservé aux écoles participant au projet rassemble des classes de cycle 3 du Pays Coutelier. Elèves et équipe pédagogique ont travaillé le chant choral avec un professeur de chant et de technique vocale Anna Rochelle – professeur au conservatoire de Dijon – auquel s’est joint Thomas Pitiot, un des auteurs-compositeurs interprètes de l’édition 2013.
« L’artiste partira de la créativité et de l’imaginaire des élèves pour écrire et mettre en musique des chansons » souligne le site d’Arts Vivants 5. Une association départementale de développement du spectacle vivant qui assure « une mission permanente de service auprès du public et des acteurs de terrain » : éducation artistique, enseignement spécialisé, pratique artistique, diffusion et création pour la danse, la musique et le théâtre.
D’où l’affirmation d’Yves Amour au sujet du festival : « Ce ne sont pas seulement des spectacles avec des gens qui viennent faire des cachets, il y a aussi de vraies rencontres … des artistes qui restent et partagent avec le public… des échanges entre professionnels et amateurs». En somme un festival de taille humaine soutenu par des subventions de la municipalité de Nogent, du Conseil Général ainsi que de l’ORCA, l’Office régionale culture Champagne-Ardenne).
A l’instar de tant de festivals ne bénéficiant pas de gros budgets, celui de Nogent repose sur un groupe de personnes motivées par la vie culturelle de leur région et une passion envers la chanson française. Avec en ligne de mire des artistes et groupes d’expression française qui – sans faire la une des « grands médias » n’en sont pas moins synonymes de talent.
Bien au contraire comme en témoigne la programmation de cette 13ème édition : Jeanne Garraud, Thomas Pitiot, Céline Bardin, Tournée générale, , François Corbier, Hervé Akrich, Les Papillons, Topel Théâtre, Bernard Moninot et Chouf. Sans oublier “le fil rouge” assuré par “Chansons à gogo” alias Martine Scozzesi, Samuel Péronnet et Riton Palanque et les 3ème mi-temps signées Christian Codfert !
Demandez le programme de la 13ème édition du Festival Bernard Dimey à Nogent du 8 au 11 mai 2013 !
De retour pour le festival 2013, les trois compères du Topel Théâtre : Serge Saint-Eve, Serge Martel et Bernard Lélu. L’art de célébrer Dimey avec humour et talent dans “Quand on n’a rien à dire !’, spectacle cabaret aux allures de “soirée bistrot-cabaret entre amis, une bonne histoire, un bon vin, un moment fraternel”
Prise à Bazicourt le 31 octobre 2011 par Annie Roquis-Millet, cette photo de Jean Custeau et Joseph Moalic illustre la pochette du CD « Dimey de Nogent » bénéficiant d’une maquette de Robin Rigaut
Bernard Dimey célébré par le Québécois Jean Custeau sur des paroles de Joseph Moalic
Pour en savoir plus sur Bernard Dimey, il suffit de se promener sur internet qui le met en valeur sur nombre de sites tous empreints d’une évidente passion tant pour l’homme que l’œuvre.
S’y ajoute aussi nombre de documents sonores et visuels…comme le clip de la chanson « Dimey de Nogent » enregistré, mixé et matricé au Studio Bleuciel, à Stanstead au Québec. Un bel hommage au créateur de Nogent, avec un clin d‘œil à la fameuse « Cave à Bernard » située dans la médiathèque de Nogent !
Quant au site du festival, il fourmille de détails sur l’édition 2013 et sur l’histoire de l’association présidée par Yves Amour qui a pris la relève d’Annie Roquis-Millet. A découvrir ici http://yamour.ovhsitebuilder.com/
Directeur de la médiathèque de Nogent et auteur d’un livre sur Bernard Dimey, l’infatigable Bernard Savouret toujours au coeur de l’événement en mai 2012 !
Souvenirs, souvenirs : dans les coulisses du Festival Bernard Dimey …
Amical clin d’œil de Graeme Allwright sur le livre d’or
ll est à présent grand temps de revenir en photos sur quelques temps forts de l’édition 2012, voire des années précédentes ! Impossible évidemment d’offrir un panorama exhaustif de tous les talents qui ont fait vibrer le centre culturel de Nogent, ainsi que divers autres lieux du bassin nogentais.
D’où cette série de coups de projecteurs offerts en toute subjectivité, un regard partiel et partial sur un festival aux accents sans frontières, où le Québec aura plus d’une fois été à l’honneur.
Rappelons que l’édition 2012 a bénéficié d’un compte-rendu détaillé dans la revue Vinyl : une des (très) rares publications encore consacrées à une chanson d’expression française vivante et de proximité. Une revue à découvrir SANS TARDER en cliquant sur le nom de son créateur, Robin Rigaut, dans la rubrique « En lien avoir » sur notre site.
Mai 2010. Avec Manu Galure au piano, ambiance assurée par Jean-Sébastien Bressy, Jean-Pierre Laurant, Christian Valmory, Steve Normandin pour une réjouissante 3ème mi-temps
Autre inoubliable 3ème mi-temps en mai 2010 avec Gérard Berliner au piano et le québécois Steve Normandin à l’accordéon
Energique et attachante Evelyne Gallet dimanche 13 mai 2012 au Centre culturel de Nogent : le rythme dans la peau et des textes-coup de poing. “Un bon coup de pied au cul du ronron de la chanson française” selon l’artiste qui n’a pas la langue dans sa poche.
Fil rouge de l’édition 2009, le chanteur-guitariste marseillais Jean-Marc Dermesropian accompagne Claude Fèvre, créatrice du Festiv’Art et passionnée par l’oeuvre de Barbara
Fan avertie du duo Alcaz, Claude Fèvre dans les rues de Nogent durant une visite guidée animée par Philippe Savouret
Mai 2008. Dans les coulisses de la célèbre table ronde entre Brel, Brassens et Ferré organisée et animée par le journaliste François-René Cristiani dans l’appartement de sa belle-mère à Paris : présentation du livre paru en 2003 chez Fayard-Chorus 2003
Dessin d’Allain Leprest sur le livre d’or, sous les messages de Bernard Joyet et Nathalie Miravette
Mai 2012. Le chanteur Gilles Roucaute anime le kiosque de l’association Tranches de Scène créée par Eric Nadot. Une association à découvrir dans notre rubrique « En lien avec … »
Mai 2012. Touchant et ironique, tendre et réaliste : Govrache s’enracine dans une chanson française. L’artiste au pseudonyme-clin d’oeil à Gavroche surprend par une évidente aisance scénique assurée au Centre Culturel de Nogent avec la complicité d’Adrien Daoud (contrebasse) et Antoine Delprat (violon)
Amicales retrouvailles au cœur du festival. De gauche à droite Christian Valmory (revue Vinyl), le chanteur Eric Frasiak, Albert Weber (www.planetefrancophone) et venu de St-Pierre et Miquelon Patrick Boez, créateur et animateur de « Jambon Beurre » émission sur la chanson d’expression française: voir son site dans la rubrique « En lien avec … »
Le temps des retrouvailles avec Jean-Yves Liévaux et Viviane Cayol (Alcaz) avec leur ami Christian Hee (à gauche) en compagnie de Christian Valmory et de sa femme
Une 3ème mi-temps signée Eric Frasiak, dans le prolongement de son concert avec ses trois musiciens, jeudi 10 mai 2012
Mai 2012. Eric Frasiak très à l’aise sur la scène du Centre culturel de Nogent avec Jean-Pierre Fara (guitare), Sylvain Collet (contrebasse) et Raphaël Schuler (percussions). Cet artiste barisien s’impose depuis plusieurs années comme un des plus efficaces ambassadeurs d’un répertoire de qualité et grand public. En témoigne son dernier album « Chroniques », 15 titres à découvrir par tout amateur de chanson française digne de ce nomCet
Concert d’Yves Paquelier en mai 2012. Encore un de ces artisans d’une chanson française de qualité et à fleur de peau. Son album « Encore une chanson » a été le disque de la semaine dans l’émission « Jambon Beurre » de Patrick Boez (26 mai 2012) à écouter sur internet
Mai 2011. Séance de dédicace d’Eric Frasiak après son concert, à côté du stand de la revue Vinyl
Mai 2012. Salle comble pour un concert dé localisé du Topel Théâtre sous l’objectif de Patrick Boez, « envoyé spécial de St Pierre et Miquelon » : de quoi alimenter son cher « Jambon Beurre » disposant d’archives très complètes pour internautes ayant envie de découvrir ses émissions
Cortège musical en pleine nature, en sortant de la cité avant d’y revenir pour donner l’aubade devant la mairie de Nogent
Mai 2012, Annie Massy dédicace son livre sur Bernard Dimey. Pour rédiger cet essai biographique, elle a consulté la Bibliothèque nationale de France, les archives de l’INA et le fonds Dimey de la médiathèque de Nogent et … interviewé divers proches du poète
Mai 2010. La chanteuse québécoise Micheline Bouzigon accompagnée par son compatriote Steve Normandin au piano et Patrick Leroux au violoncelle
Mai 2010. Présentation de l’exposition Jacques Canetti par sa fille Françoise, près du panneau consacré au chanteur québécois Félix Leclerc … juste avant une conférence animée par Françoise Canetti et Joseph Moalic (ci-dessous)
Mai 2012. Le président-photographe Yves Amour en pleine action devant la maison natale de Bernard Dimey
Mai 2012. Séance de dédicace du chanteur Govrache après son concert
Michèle Crevecoeur : la poésie au service des textes de Bernard Dimey
Le festival de Nogent est efficacement soutenu par Chants de Gouttière, de Chaumont, présidée par Fred Castel. Comme l’an dernier, le hall du Centre culturel de Nogent accueillera un stand de l’association qui fête ses dix ans cette année. Ici quatre des adhérents de l’association : Jean-Paul et Josette Dupont, et Denis et Françoise Lionneton
Signée Annie Roquis-Millet, cette photo réunit Jean Custeau et Joseph Moalic. Elle illustre la pochette du CD « Dimey de Nogent » bénéficiant d’une maquette de Robin Rigaut
“Je vous laisse l’idée un peu folle, un espoir/ Comme un myosotis entêté, goguenard/ Qu’on célèbre Dimey dans « La Cave à Bernard »
Impossible de terminer ce dossier sur le Festival Bernard Dimey sans un dernier clin d’œil à la francophonie d’Amérique du Nord. En l’occurrence à la complicité tant amicale qu’artistique entre le parolier Joseph Moalic et le chanteur québécois Jean Custeau, compositeur de la musique de la chanson “Dimey de Nogent”.
D’où cette interrogation : et si l’artiste québécois était invité à Nogent en mai 2014 pour y chanter cet hymne à Dimey ? A vrai dire pas seulement cette chanson mais des extraits de son répertoire mis en valeur dans plusieurs albums au fil des décennies !
Il est vrai que l’appellation« Poésies et chansons francophones » qui définit le Festival Dimey s’applique avec justesse à Jean Custeau. L’un de ses CD, « Le vin des anges » est en effet consacré au poète québécois Gilbert Langevin (1938-1995). Un argument de plus … à faire réfléchir avec Amour (Yves) les responsables de l’association. A suivre …
“Dimey de Nogent”
À Annie…
Quand je traîne le soir dans les rues de Paris
Ces soirs de vague à l’âme où les rêves sont gris
Je carbure à plein spleen et je lâche la bonde
A des délires fous. Mon esprit vagabonde
Et j’ai alors envie d’interpeller les gens :
Si l’on m’aimait un peu du côté de Nogent ?
Si l’on m’aimait un peu du côté de Nogent ?
Mais ne confondons pas, ce s’rait désobligeant,
Le mien n’est pas celui des guinguett’s à touristes
Avec leurs canotiers, leurs accordéonistes
Le mien est plus discret, c’est mon Nogent à moi
Et si un jour là-bas on se souv’nait de moi ?
Et si un jour là-bas on se souv’nait de moi ?
Je veux dire qu’un jour il s’rait de bon aloi
De fair’ pour une fois mentir le vieux proverbe
Nul n’est prophète en son pays, dit-on. Et merde !
On l’oublie trop souvent, et ma foi ça m’amuse,
J’ai célébré Nogent bien plus que Syracuse !
J’ai célébré Nogent bien plus que Syracuse,
Mais trouverais dommage qu’un intello s’amuse.
A décompter mes vers à l’aune des lieux-dits
Mes vers, tout simplement, on les chante, on les dit
J’aim’rais tant que, chez moi, il se trouve peu ou prou
D’amis pour s’y livrer, un peu dingues, un peu fous.
J’ai trop traîné ce soir dans les rues de Paris
Trop parlé et trop ri. Peut-être trop écrit
Trop rêvé. Caressé trop d’espoirs. Il est tard
Et si je continue à écumer les bars
Y’aura plus qu’le cafard pour m’y accompagner.
Rentre chez toi, Bernard. Bon, d’accord, un dernier
Au Lux-Bar ou ailleurs : une cave enfumée…
Tous les comptoirs se valent quand on veut oublier
Mais une cave, c’est bien, c’est mieux, c’est plus intime
Et puis on s’imagine à deux pas de la vigne
Et ça me fait penser, en m’y forçant un peu
(A l’heure où je vous cause, j’ai le souv’nir fumeux…)
Ça me fait donc penser, comme je vous disais
À cette cave oubliée où, tout petit, j’allais
Comme un aventurier, comme on aborde une île
Pour une chasse au trésor en plein coeur de ma ville
Quelle rue ? Je ne sais plus : ma mémoir’ m’ joue des tours…
Cette cav’ ferait l’affaire si l’on voulait un jour
Un jour – on peut rêver – me faire un peu d’honneur.
Faudrait quelques travaux, faudrait surtout du cœur
Soyons francs, la question mérite d’être posée sans détours : pour quelles raisons Stéphane Côté n’est-il pas plus connu du grand public, aussi bien au Québec qu’en France ? Textes ciselées, mélodies douces-amères et cependant accrocheuses mais sans effets spéciaux, univers à la hauteur des exigences de cet attachant auteur-compositeur-interprète. Autant d’incontestables atouts mis en évidence via ses trois premiers opus : Rue des Balivernes (2001), Le cirque du temps (2006) et Des nouvelles (2009).
Un incomparable homme-orchestre nommé Eric Goulet
Et voici Ballon d’héliHomme, 4ème album de cet auteur-compositeur-interprète québécois de 42 ans : 12 nouvelles chansons plus que jamais à la mesure d’un talent affirmé avec constance tant en studio que sur scène. Sans doute l’album de la maturité.
Travail d’orfèvre ? Assurément tant sur le fond que la forme grâce à une complicité sans failles entre le chanteur-guitariste et cet incomparable homme-orchestre nommé Eric Goulet : guitare, basse, claviers, harmonica, banjo, percussions … et choriste ! Lequel assure aussi – avec brio – réalisation, arrangements et direction musicale de cet album synonyme de réussite au sens fort du terme. Sans oublier l’efficace et discret Vincent Carré à la batterie.
C’est dire l’importance de la poignée de talents réunis pour cet opus dont la direction artistique et la coordination sont signées Marie Bujold. Cette production de François-José Brouillette (Bleu Plume) est à découvrir de toute urgence, et je pèse mes mots. Tous deux sont longuement remerciés – parmi nombre d’autres professionnels – sur la pochette intérieure de l’album avec en guise de conclusion “une pensée pour Bruno”…
La chanson québécoise s’exprime ici avec une intensité qui devrait retenir l’attention de tout (authentique) passionné de chanson francophone. Car au-delà des textes et des refrains signés Stéphane Côté, une évidence s’impose : l’incontestable qualité apportée à cet album dont les guitares acoustiques offrent un incontestable plus comme dans le réaliste “En attendant l’hécatombe” :
“Le désert s’allonge un peu dans tous les sens
Avec du recul on songe qu’on avance
Quand le sable doux nous conduit à l’errance
On cherche un caillou pour s’accrocher la chance “
En duo avec Brigitte Saint-Aubin et Linda Lemay
S’y glissent deux duos où les choses de la vie sont évoquées avec lucidité. Comme si le temps était le maître absolu de toute destin, qu’on le subisse ou qu’on tente de le maîtriser. Le duo avec Linda Lemay, “Au large de nous”, nous entraîne dans une ambiance teintée de tendresse et de réalisme : histoire d’une relation qui se délite inexorablement :
“Que se lève la tempête un immense ouragan
Qu’il emporte ce qu’il reste de nous
Pour un ultime naufrage pour trouver le courage
De revivre enfin seuls libre et debout”
L’autre duo enregistré avec Brigitte Saint-Aubin souligne avec justesse la difficulté de s’apprivoiser, de franchir le pas, de maîtriser le temps qu’exige une vraie relation à deux :
“C’est vrai qu’il y a de l’attraction
Entre nous deux
Que même à la télévision
Ils ne font pas mieux
Que même sans se voir on se perd
Dans le labyrinthe de nos yeux
On a peut-être ce qu’il faut pour se plaire”
Un chanteur québécois aux chansons de portée internationale par ses sources d’inspiration
Sensibilité, bon sens et clairvoyance
Difficile d’extraire “une chanson préférée” parmi la douzaine qui compose cet opus. Osons tout de même le défi en mettons en relief “Couleur de mélodie”, qui symbolise avec justesse le pari relevé tout au long de cet album par cet ACI québécois.
Chaque chanson de cet album permet à Stéphane Côté d’exprimer une sensibilité, un bon sens et une clairvoyance sur les êtres et la société qui n’a rien de superficiel ou de mièvre. Un album – reflet d’un répertoire qui ne cesse de ne bonifier au fil des ans, au gré des concerts au Québec, en France … et aussi en Suisse aussi où “Ballon d’héliHomme” a bénéficié d’un lancement à l’instar de celui de Montréal et de Québec (Espace Félix Leclerc, Ile d’Orléans).
Ballon d’héliHomme résulte de la complicité d’une poignée de professionnels mobilisés pour un album dont l’écoute répétée permet – à chaque fois – d’en découvrir de nouveaux aspects. Un de ces enregistrements qui vous donnent assurément envie d’y revenir, par exemple en se déplaçant en voiture. Histoire de se laisser embarquer dans un univers où rien n’est figé d’avance, où la ligne entre lumière et obscurité n’est pas toujours perceptible. Où les paroles affirmées avec conviction sont, parfois, moins importantes que les non-dits, les émotions suggérées à mots couverts.
Une chanson d’expression française évidemment, teintée ici et là d’accents folk et country qui en rehaussent l’impact
Cet album n’a rien à voir avec celui d’un chansonnier québécois des fameuses boîtes à chanson d’antan s’accompagnant seul à la guitare. Il s’inscrit dans une double dynamique, tant au niveau des paroles, avec des textes sans doute encore plus personnels que sur les trois précédents opus. Mais aussi au niveau de ses couleurs musicales : une chanson d’expression française évidemment, teintée ici et là d’accents folk et country qui en rehaussent l’impact.
Que de chemin parcouru avec obstination et talent par Stéphane Côté 1996, lorsqu’il se retrouve en demi-finale au Festival international de la chanson de Granby ! Et oui, il est plus que temps qu’il trouve enfin sa place parmi les créateurs majeurs d’une chanson québécoise à la fois grand public et de qualité. Une chanson qui refuse à la fois l’élitisme pour intellos heureux de (sur) vivre dans leur ghetto branché … mais aussi une certaine facilité dans les paroles et la musique à l’instar de ces voix que la foule adore le temps d’une mode. Des voix souvent synonymes d’étoiles filantes certes fascinantes et attirantes mais si éphémères, dans la plupart des cas.
Par ailleurs auteur de trois chansons sur “Si fragile univers”, le nouvel album de Lina Boudreau, Stéphane Côté dispose de tout ce qu’un artiste de son expérience a besoin pour ENFIN franchir une nouvelle étape. En l’occurrence celle qui le fera connaître d’un plus grand nombre de personnes, des deux côtés de l’Atlantique.
Mais encore faut-il que les « grands médias » et les radios-télévisions offrent une réelle visibilité à cet album enraciné dans un vécu québécois (“Il neige”) et cependant de portée internationale de par son inspiration à multiples facettes.
Un album enraciné dans un vécu québécois (“Il neige”) et cependant de portée internationale de par son inspiration à multiples facettes
Des mots simples qui font tilt et interpellent tant le coeur que la raison
Le talent de Côté, c’est de raconter les choses de la vie avec des mots simples qui font tilt et interpellent tant le coeur que la raison. Avec en prime une diction sans failles qui permet de savourer chaque mot de chaque chanson et une voix qui fait parfois – au gré de diverses intonations et d’un certain phrasé – penser à celle du chanteur du groupe québécois Les cowboys Fringants … et vice-versa.
Peintre d’un quotidien entre réalisme et espoirs, avec des envies d’utopies et de rêves, Stéphane Côté cultive aussi des élans de fraternité, tout en affichant le droit à conserver la faculté de s’émerveiller … comme dans la superbe chanson “Une lettre” :
“J’écrirai une lettre à ceux qui grandiront
Qui suivront les courants
Pour leur dire en cachette que l’enfance a raison
Qu’après on désapprend”
Les photos de cet article ainsi que du nouvel opus de Stéphane Côté sont signées Karolanne Roy
C’est confirmé. Mathieu Joanisse quitte l’Ontario pour l’Abitibi-Témiscamingue ! Oui, après la tenue du plus grand et plus important Gala des prix Trille Or à Ottawa, Ontario, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique a annoncé le départ de son directeur des événements artistiques. Rencontre avec ce professionnel de 35 ans prêt à relever de nouveaux défis en qualité de directeur général du Festival de Musique Émergente (FME) à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.
C’est après avoir durant 5 ans assuré la réalisation des événements majeurs de la francophonie tels le Festival “Quand ça nous chante” (six éditions), Ontario POP (cinq éditions) et le Gala des prix Trille Or (trois éditions) que Mathieu retourne finalement à ses “premiers amours” !
En l’occurrence “l’heureux mariage de la musique émergente et la diffusion” selon Natalie Bernardin, directrice générale de l’APCM. “Nous sommes heureux d’avoir pu être un tremplin et une structure apportant de l’expérience pour nos artisans de l’industrie leur permettant de voler vers de nouveaux défis”.
Comme il l’explique avec conviction, c’est un vrai rêve qui se réalise pour Mathieu fortement influencé par ce festival de grande envergure : “Le FME a toujours été une inspiration pour moi et a fortement contribué à mon évolution en tant que directeur des événements artistiques au courant de mes cinq dernières années au sein de l’APCM.
J’ai participé aux 5 dernières éditions du FME. Je suis fier et surtout honoré de faire maintenant partie de cette équipe dynamique et pouvoir ainsi redonner au FME de mon expérience acquise depuis 10 ans dans le milieu de la scène culturelle canadienne”.
Mathieu Joanisse en compagnie d’un des pionniers de la chanson franco-ontarienne, Robert Paquette
“En chef de fil de l’industrie musicale, Mathieu apportera son positivisme, son expertise et sa main de maître à son nouveau poste”
Nul doute que Mathieu Joanisse apportera son expertise à un festival qui ne cesse de grandir et qui connaît d’année en année “un succès resplendissant”.
Avant d’arriver à l’APCM, Mathieu œuvrait au sein du Centre culturel Frontenac. Selon l’APCM, “il a su laisser son emprunt sur non seulement la communauté de Kingston mais la communauté franco-ontarienne entière par son leadership et son implication au sein de Réseau Ontario. En chef de fil de l’industrie musicale, Mathieu apportera son positivisme, son expertise et sa main de maître à son nouveau poste.
Pas surprenant donc que Natalie Bernardin affirme que « l’APCM sera désormais changée pour le meilleur après le passage de Mathieu au sein de l’équipe. Sa vision artistique et sa passion ont su rehausser les activités artistiques de l’association.
Sa personnalité et son dévouement laisseront un vide au sein de l’équipe et au sein de la communauté. L’équipe de l’APCM, son conseil d’administration et tous ses artistes membres souhaitent beaucoup de succès à Mathieu dans ses nouvelles fonctions. Mathieu quitte l’APCM la tête haute avec une grande fierté des accomplissements réalisés et passe le flambeau pour la continuité de l’évolution de la scène franco-canadienne”.
Samedi 23 mars, Auditorium Fraser, Université Laurentienne. Final de la 40ème Nuit sur l’Etang avec l’ensemble des artistes de la soirée
“Est-ce que les coupures, les abolitions de programmes et le contexte d’austérité économico-culturel diminuent notre soif pour l’art ? Non”
Directeur général des événements artistiques au sein de l’APCM, Mathieu Joanisse s’est exprimé sur la signification des Prix Trille Or, et plus globalement sur la chanson franco-ontarienne, dans un texte paru dans le programme de cette manifestation.
Ce texte cosigné avec Caroline Yergeau, la metteure en scène du 7ème Gala, en dit long sur les talents fleurissant en Ontario, et les défis auxquels ils sont confrontés. Avec pour commencer cette rafale de questions : “Est-ce que les coupures, les abolitions de programmes et le contexte d’austérité économico-culturel diminuent notre soif pour l’art ? Non. Est-ce que ca diminue notre enthousiasme créatif ? Encore moins”.
Selon Mathieu Joanisse et Caroline Yergeau, “le Gala des Prix Trille Or, c’est l’une des plus belles occasions de partage : partage entre l’Ontario et l’Ouest francophone, partage entre les artistes et leur public, partage d’une grande passion, partage d’une même scène par des talents musicaux…
Du talent, il y en a. de nouveaux noms émergent sur la scène musicale francophone et cheminent tranquillement. Les noms que l’on aime déjà continuent à offrir des albums et des spectacles de plus en plus riches et à rayonner ici et ailleurs. Nos artistes créent, se renouvellent et voyagent. Ils s’investissent afin que leurs œuvres, empreintes de toute leur unicité, deviennent des représentantes de notre culture.
Et c’est à nous de souligner aujourd’hui, de leur montrer notre appréciation et de souligner la place de choix qu’ils occupent dans nos vies. Célébrons l’excellence de ceux qui accompagnent musicalement, en français, nos joies, nos peines, nos expériences extrêmes et notre petit train-train quotidien”.
Un outil de travail indispensable pour tout passionné de chanson francophone d’Amérique du Nord : réalisé par Mathieu Joanisse avec un assemblage numérique signé Denis Paquette, cette compilation met en évidence 19 chansons figurant autant d’albums enregistrés par des artistes, duos ou groupes francophones hors Québec.
“APCM et Réseau Ontario : des structures indispensables”
Réalisé dans la foulée du fameux Gala des prix Trille Or à Ottawa et de la 40ème Nuit sur l’Etang avec un concert de 4h30 à Sudbury, notre conversation avec Mathieu a évidemment débuté sur le bilan de ces deux événements majeurs pour la communauté franco-ontarienne.
Certes, il y a la satisfaction d’avoir revu et applaudi des artistes bénéficiant d’une incroyable carrière depuis plus de 40 ans : Marcel Aymar, François Lemieux, Robert Paquette, Paul Demers, etc.
Pour Mathieu s’y ajoute aussi l’impact d’une formation telle que Cano dont la reformation, voici trois ans, lors des 20 ans de l’APCM, à l’occasion d’ “une année complète d’anniversaire marquée par de nombreux événements musicaux”. Avec entre autres la satisfaction de voir comment “la nouvelle génération franco-ontarienne tripait sur les chansons de ce groupe mythique, notamment sur des titres de neuf minutes plutôt rares sur les ondes radiophoniques” !
Pour Mathieu, l’évocation de la 40ème Nuit sur l’Etang, c’est comme si on tournait les pages d’un album photos qui comprend encore nombre d’espaces vierges à remplir avec plein de pages qui restent encore à écrire ! Evidemment, la chanson franco-ontarienne est différente de la chanson québécoise : une question de langue, de méthode d’écriture, de références à la vie quotidienne, etc.
“Ici on n’a pas le stress de l’industrie musicale. Nous avons des projets neufs, des projets qui viennent du cœur. Le jeune artiste ou le nouveau groupe savent que ce ne sera pas évident. Nous ne sommes pas à Montréal, avec un milieu artistique bien organisé qui n’existe pas ici. A ce jour en Ontario il y a encore peu de professionnels, comme Michel Benac avec LaFab”.
Et d’insister aussitôt sur le rôle de structures telles que l’APCM et Réseau Ontario : des repères incontournables pour ce militant d’une chanson française quo bénéficie désormais d’une réelle variété d’expression : “On a tant de diversité, tellement de produits à faire connaître avec les moyens qu’on a ! Nous avons aussi des ambitions pancanadiennes pour montrer ailleurs ce qui se fait en Ontario”.
Mathieu se lance alors dans une énumération de talents tels que les groupes Pandaléon et Mastik, la chanteuse Marie-Claire (“Super rafraîchissante”) et les Hula-Hoops, etc.
Le groupe Mastik face au public, lors de la Nuit Emergente au Collège Boréal, Sudbury
“Nos groupes ont réussi à faire leur rock à eux”
“Les artistes prennent enfin leur place ici sans gêne comme on l’a vu avec AkoufèN à L’Autre Gala de l’APCM : il n’y a pas vraiment ce style de musique avant dans l’Ontario français. Oui, il y a de l’influence des bands de Montréal, mais nos groupes ont réussi à faire leur rock à eux avec une saveur métal comme AkoufèN par exemple. Les jeunes du secondaire reprennent des chansons de ces groupes ! Ca fait plaisir à voir et à entendre !”
Mathieu insiste aussi sur le travail d’artistes sans doute moins connus mais tout aussi importants … comme l’auront confirmé à de multiples reprises aussi bien les deux galas de l’APCM que la 40ème Nuit sur l’Etang. Et de parler entre autres du pianiste Nic Carey, directeur musical des deux galas. Avec lui pas de reprise de standards mais «”des créations, des duos, des surprises musicales” : un créateur efficacement entouré par des pointures nommées Kevin Daoust (guitare), Shawn Sayniuk (batterie), Marc-André Drouin) et des musiciens invités comme Bobby Lalonde et François Gravel … et aussi du trio a capella de la Nuit sur l’Etang : Leila Reguigui, Darquise Poulin et Chelsea Rooney.
Se glissent aussi dans notre conversation l’évocation du travail mené à bien par l’orchestre ayant accompagné les artistes sur la scène de l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : une formation composée de Daniel Bédard, Guy Coutu, Cory Lalonde, Dayv Poulin, et Don Reed.
Autant de noms qui représentent pour Mathieu Joanisse une des clés de l’impact de ces événements d’Ottawa et Sudbury. Avec un constat qui en dit long sur la manière de créer des artistes franco-ontariens : ici pas de musique sous cloche, pas de ghetto mais une façon de composer en lien direct avec d’autres influences musicales, comme le confirment par exemple les parcours de Tricia Foster ou Mehdi Hamdad. Des artistes à la fois audacieux musicalement et extravertis dans leurs relations humaines. “Ils vont devenir des références pour les nouveaux groupes, pour les nouveaux artistes, c’est sûr”.
Vendredi 22 mars, Collège Boréal, Sudbury; Mehdi Hamdad quelques minutes avant de monter sur scène pour la Nuit Emergente.
L’importance pour la chanson franco-ontarienne d’avoir des têtes d’affiches dont la notoriété dépasse le cadre provincial
Alors qu’en est-il de l’importance pour la chanson franco-ontarienne d’avoir des têtes d’affiches dont la notoriété dépasse le cadre provincial ?
C’est évidemment indispensable selon Mathieu qui cite entre autres le parcours d’Andrea Lindsay assuré tant en solo qu’en compagnie de l’auteur-compositeur-interprète québécois Luc De Larochellière, ou encore Damien Robitaille. Lequel, après avoir participé à L’Autre Gala de l’APCM eu au Cercle des auteurs-compositeurs SOCAN à Ottawa remplissait quelques jours plus tard le Métropolis à Montréal (nous y reviendrons dans un autre article).
Mais, comme le reconnaît volontiers Mathieu, l’impact populaire de ces artistes connus hors de l’Ontario ne doit surtout pas faire oublier les autres talents. Eux aussi, entament – doucement mais sûrement – un parcours qui devrait les fait connaître hors de leur terre d’origine : “Tricia Foster, Konflit, Mehdi Cayenne Club, Pandaléon, Mastik et d’autres encore“.
En somme des parcours synonymes d’obstination, d’albums auto-produits, de recherches de bailleurs de fond, de débouchés commerciaux pour vendre les CD, de concerts à trouver, etc. “Il y a des shows un peu partout en Ontario. C’est le fun, on assume la musique franco, on n’en parle pas, on en joue tout simplement”.
Et si les artistes et groupes remportent un succès croissant en Ontario, la question de la gestion de la carrière fait partie de ces défis dont on parle peu en public. Et pourtant il s’agit de priorités selon Mathieu, qui a souvent donné des cours de gérance d’artiste en Ontario. Avec à la clé “des exemples concrets, des anecdotes précises, des histoires à ne pas faire. Et pour un groupe c’est encore plus compliqué quand il faut prendre des décisions, trouver de nouvelles orientations à accepter ensemble. Pas toujours facile de mettre en pratique la théorie… En plus en Ontario rares sont les artistes qui font ce métier à temps plein ! Il leur faut trouver un job … sauf quelques rares exceptions comme Damien Robitaille”.
Montréal, Métropolis, 4 avril. Plus d’un millier de spectateurs enthousiastes pour Damien Robitaille accompagné par sept musiciens et Carolina, sa choriste et compagne colombienne
Un millier de vinyles et sept tables tournantes
Au fil de notre entretien, Mathieu Joanisse apparaît comme un professionnel totalement tourné vers la mise en valeur des talents individuels et collectifs… et en même temps cela ne l’empêche pas de cultiver se propres passions.
A commencer par celle du vinyle et aussi des tables tournantes à laquelle n’est pas étrangère Eric Auclair rencontré “voici six ou sept ans”. Aujourd’hui, avec un bon millier de vinyles et sept tables tournantes, Mathieu cultive une passion qu’il ne garde pas pour lui. Et pour cause puisqu’il devient, au gré des événements, un des deux Dj masqués qui font danser jusqu’au bout de la nuit tant de monde. Cette complicité partagée avec Christian Pelletier, elle éclate dans les soirées dansantes animée par le duo des DJ masqués !
“Le fun des soirées c’est qu’il n’y ait pas de demande spéciales et que gens dansent comme des fous sur ce qu’on leur passe ! On peut très bien s’amuser en dansant sur de la chanson et de la musique française et francophone … entre funk, yéyé, electro, rock et j’en passe ! La musique est bonne partout … mais on est capable de s’amuser en français … on aime ça … et on fait même danser des gens qui ne comprennent pas le français !”.
Mathieu Joanisse et Christian Pelletier, alias les DJ Masqués
De Led Zeppelin à André Gagnon via Chopin et Beethoven
Le temps est bien révolu où le jeune Mathieu tripait – “en fin de primaire et début de secondaire” – sur les musiques des années 70 signées Led Zeppelin, Pink Floyd, Janis Joplin, etc. Et à cette époque, comme il le dit si bien, “c’était moins le fun en français. Mes parents écoutaient juste de la variété française comme Michel Sardou. Et j’étais alors rebelle”.
Arrivé en secondaire 3, un sacré virage s’opère dans la vie de Mathieu. Place au classique, au piano ! Le voici qui compose, qui a le projet d’enregistrer aussi. “J’ai étudié l’opéra, j’ai été beaucoup touché par le grégorien. André Gagnon, je ne peux pas défendre tous les albums… mais je l’adore”.
Et d’évoquer son admiration envers la complicité musicale développée entre André Gagnon et Claude Leveillée mais aussi les œuvres de Chopin et Beethoven, autres compositeurs importants pour ce pianiste désormais tout aussi sensible aux “pianistes avec une touche, un support électro aujourd’hui”.
Marie-Claire Claire Cronier, une des voix majeures de la relève de la chanson franco-ontarienne évoquée par Mathieu Joanisse
Après l’Ecole du Show-Busines, sur les routes avec Transakadie
Au terme d’études à l’Ecole du show business à Montréal – une période synonyme de tant d’échanges musicaux, de rencontres amicales et nouvelles découvertes artistiques – Mathieu Joanisse s’est lancé à 22 ans dans une aventure qui lui aura beaucoup appris. Une expérience qui lui aura bien ouvert les yeux sur la vraie vie d’artiste.
Il décroche un contrat de directeur de tournée pancanadienne dans la série “Rendez-vous de la francophonie” en se déplaçant de l’Ouest jusqu’au Nouveau-Brunswick le groupe Transakadie.
“J’ai dirigé la tournée, et monter en une semaine un cahier de tournée. Il n’y avait alors pas encore d’iphone. Ca a été une expérience formidable et tant de souvenirs ! Quand tu arrives à Régina, en Saskatchewan, et que 150 Francos dansent toute la soirée ça laisse des souvenirs : Surtout si la moitié ne connaissent pas le groupe … ca donne un coup dans la face … on ne nous avait pas tout expliqué à l’école ! Là j’ai vraiment mieux compris comment fonctionne le marché québécois mais aussi le marché d’ailleurs !”.
11ème Festival de musique émergente du 29 août au 1er septembre en Abitibi-Témiscamingue.
En attendant de vivre trois de ses rêves – voir sur scène les groupes Muse, Matmos, et Gros Méné – Mathieu est sur le point de franchir une nouvelle étape dans sa vie personnelle et professionnelle. Il va quitter l’Ontario pour une autre province du Canada et prendre début mai la direction du FME : le Festival de musique émergente organisé du 29 août au 1er septembre en Abitibi-Témiscamingue.
Composer des mélodies pour des artistes ? A ce jour le pianiste Mathieu Joanisse n’a pas encore franchi ce cap. «”Le timing sera la clé, j’y avais déjà pensé !”. Et on le croit bien volontiers quand on songe aux nouvelles responsabilités qui l’attendent du côté de Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.
Mathieu Joanisse, nouveau directeur général du Festival de Musique Émergente (FME) à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue (Photo APCM)
Folk, hip-hop, rap, jazz, blues, rock, métal, pop, traditionnel, instrumental, alternatif, chanson, instrumental, etc. Si vous réduisez l’expression musicale franco-ontarienne à une seule facette, vous serez (agréablement) surpris par la diversité qui s’affiche avec de plus en plus d’audace dans cette province du Canada.
Cette étonnante diversité s’enraciné dans la création des pionniers historiques mis à l’honneur lors d’un concert de près de 4 heures et demie, samedi 23 mars, à l’occasion de la 40ème Nuit sur l’Etang organisé à l’Auditorium Fraser de l’Université Laurentienne à Sudbury : Robert Paquette, Marcel Aymar, François Lemieux, Jean-Marc Dalpé, Paul Demers, Jean-Marc Lalonde, Yves Doyon, etc.
Ottawa, place de la Francophonie, à deux pas des locaux de l’APCM, l’association des professionnels de la chanson et de la musique
Le symbole d’une dynamique génération de créateurs émergents ou confirmés
Nous reviendrons dans un autre article avec force photos sur cette inoubliable soirée de 4 heures et demie à laquelle un public de tous âges a répondu présent : un auditoire fier de proclamer son identité franco-ontarienne; applaudissant à tout rompre ceux qui ont osé s’aventurer sur des voies artistiques différentes de celles de la chanson québécoise. Et cela même si nombre de passerelles artistiques existent évidemment entre l’Ontario et le Québec, comme l’aura rappelé l’animateur Eric Robitaille, chaleureux militant d’une francophonie nourrie de ses jeunes années au Québec et désormais enracinée à la cause franco-ontarienne.
Mais avant de nous attarder sur cet événement historique au sens fort du terme – tant cette soirée aura été synonyme de “véritable audio-encyclopédie vivante de la chanson franco-ontarienne – arrêtons-un à présent sur cette fameuse relève qui éclabousse avec brio les genres musicaux en Ontario : le symbole d’une dynamique génération de créateurs émergents ou confirmés qui ne demandent qu’à affirmer, aussi bien face à des publics franco-ontariens qu’au-delà de la province natale.
D’où l’intérêt d’événements tels que le Gala des Prix Trille Or et l’Autre Gala organisés les 20 et 21 mars 2013 au Centre des Arts Shenkman, à Orléans, localité située non loin d’Ottawa : des événements mis en relief dans d’autres articles de ce site.
Près du Centre nationale des arts, clin d’oeil au pianiste de jazz Oscar Peterson né à Montréal et décédé à Mississauga , Ontario.
D’autres coups de projecteurs ont été donnés au cours de ces journées artistiques en faveur d’une chanson franco-ontarienne des plus efficaces, dans des registres qui dépassent bien souvent le contexte identitaire pour célébrer sans hésitation des thèmes plus généraux, plus universels.
Ce constat, il aura éclaté avec vigueur au cours des vitrines musicales d’artistes membres de l’APCM, l’Association des professionnels de la chanson et de la musique : une initiative bénéficiant de l’appui financier de Musication et du programme vitrines musicales.
“Des nouveaux projets musicaux qui n’ont pas encore été vus en vitrine à Contact Ontarois mais qui pourraient être en vitrines aux événements contacts de 2013-2014″ selon la directrice de l’APCM, Nathalie Bernardin. Place en l’occurrence à une artiste du Saskatchewan (Alexis Normand) et trois de l’Ontario (YAO ; Louis-Philippe Robillard et Konflit).
Ces quatre vitrines ont confirmé de surprenantes sources d’inspiration tant sur le fond que la forme chez les artistes et groupes qui se sont produits au Centre National des Arts, un des haut-lieux de l’expression artistique et culturelle d’Ottawa. Une bâtisse impressionnante tant par sa programmation que la multiplicité de ses équipements avec, en guise de clin d’œil aux promeneurs, une statue d’Oscar Peterson située à quelques pas de l’entrée principale de l’édifice, à quelques enjambées du Parlement du Canada.
Ottawa, le Centre national des arts avec annonce d’un concert de la chanteuse québécoise Ariane Moffatt
Sans nous embarquer dans de longues considérations sur le répertoire des quatre vitrines, quelques précisions s’imposent sur l’esprit dans lequel se sont déroulées ces vitrines.
INNOVER, RESISTER, CELEBRER sont sans doute les termes qui définissent le mieux ces quatre talents : en l’occurrence innover dans de nouvelles voies artistiques ; résister à l’environnement anglophone omniprésent mais aussi célébrer une identité francophone sans se replier dans un ghetto culturel.
Alexis Normand : attachante nouvelle voix du Saskatchewan
Un premier album de dix titres à découvrir, reflet d’une nouvelle voix francophone du Saskatchewan
Entre innovation, résistance et célébration : c’est ainsi que s’affirme la jeune Alexis Normand, auteure-compositrice-interprète originaire du Saskatchewan. Elle s’aventure dans un registre francophone tout en nuances, à l’instar de Mirador, album de dix titres lancé en début d’année.
Cet opus représente en fait une des facettes d’une efficace collaboration menée à bien avec Fortier, une artiste visuelle fransaskoise : une complicité également déclinée en une série de tableaux et un spectacle. D’où cet album intéressant à plus d’un titre. Ici pas d’effets spéciaux ou spectaculaires pour retenir l’attention de l’auditeur, mais une ambiance toute en nuances dès la première chanson “Quand il pleut”.
“Un folk chaleureux et atmosphérique dans lequel un groove entraînant et une voix suave s’installent. Sa poésie simple et sincère, empreinte d’émotions discrètes nous révèle une sensibilité touchante” … Au-delà de cette auto-présentation, une évidence s’impose : sous une apparente timidité, cette jeune artiste s’affirme avec brio dès que l’occasion se présente, face à un public qui ne demande qu’à se laisser séduire par l’ambiance jazz-folk distillée par cette artiste attachante et déterminée sous ses airs réservées. Une détermination que le public aura pu apprécier au cours de sa vitrine musicale.
YAO : le poids des mots, le métissage des rythmes
Yao, cousin d’Abd-al-Malik : un album en vue pour l’automne 2013
Autre registre avec l’extraverti YAO. Sans se lancer dans des comparaisons teintées de flagornerie, il suffit de fermer les yeux pour marcher – avec assurance – sur les traces d’un certain Abd-al-Malik au niveau du phrasé, de l’intonation, de certains thèmes aussi.
S’y affirme entre autres références le parti-pris d’un “message positif” synonyme de respect réciproque, de tolérance mutuelle, de besoin et d’envie de mieux comprendre l’autre, surtout s’il est différent. Un message dont l’impact sans assurément amplifié de par la complicité entre le chanteur et ses musiciens qui offrent une couleur tout à fait particulière aux textes : Olivier Philippe-Auguste (violon), Manon Gaudreau-Fess (flûte traversière), Ammayas Khidas (djembe, derbouka) et Peterson Altimo (guitare acoustique, basse).
Pas étonnant donc que Yao évolue avec aisance dans une poésie aux accents slam, avec ici et là des escapades du côté du blues et du jazz. Ses textes ont des allures d’instantanés de la vie ie telle qu’elle est, sans angélisme ni misérabilisme, où rien n’est impossible … mais où le soleil l’emporte sur les zones d’ombre. Autant de repères qui devraient être mis en évidence d’ici l’automne 2013 avec un deuxième album réalisé sous la houlette du producteur canadien Sonny Black.
Louis-Philippe Robillard : une voix, une guitare et de l’émotion
Un des artistes majeurs de la relève franco-ontarienne
Troisième vitrine musicale au Centre national des arts avec Louis-Philippe Robillard, autre artiste majeur de la nouvelle génération franco-ontarienne.
Ses chansons à fleur de peau distillent une émotion perceptible avec cette volonté de retenir l’attention de l’auditoire avec juste une guitare et une voix. Un sacré défi aux accents minimalistes, surtout lorsqu’on chante juste après Yao et ses talentueux complices !
Dans la foulée de son fameux opus “Le café des oiseaux”, cet artiste se sera, une fois de plus, envolé dans un univers tantôt réaliste, tantôt onirique, où la forme est peut-être aussi importante que le fond. Un peu à l’image du Québécois Alexandre Desilets dont la voix devient instrument de musique.
L’ambiance distillée par ses chansons semble ici toute aussi importante que ses thèmes. Pourtant, au cours de cette vitrine assurée en solo par Louis-Philippe Robillard, le public est sans doute resté sur sa faim : précisément à cause des conditions minimales dans lesquelles l’artiste s’est produit avec conviction. Difficile de recréer tout seul sur scène l’atmosphère tant appréciée par le public découvrant son premier album : un opus récompensé par de nombreux prix de l’industrie musicale tant en Ontario qu’au Québec, avec ( conséquence logique – nombre de commentaires élogieux dans la presse francophone d’Amérique du Nord.
KONFLIT : efficaces pionniers aux accents rock
Sacrée complicité scénique entre les membres de Konflit
Dernière vitrine proposée au Centre national des Arts avec l’énergique groupe franco-ontarien Konflit. Une formation résolument située à des années-lumière des chansons de Louis-Philippe Robillard.
Place donc à un groupe formé de sacrés musiciens. Pionnier est assurément le terme qui définit le mieux cette fougueuse formation qui a marqué une génération de jeunes (et pourquoi pas moins jeunes aussi !) Franco-ontariens en quête de sons qui bougent. De refrains percutants et de rythmes qui vous donnent des fourmis dans les jambes.
Et quand on apprend qu’il s’agit d’un des uniques groupes francophones de l’Ontario dont les clips sont diffusés sur la station québécoise MusiquePlus, on peut se dire – sans hésitation – que ces talentueux fous de rock représentent une des composantes incontournables de la nouvelle vie musicale de cette province du Canada.
Difficile d’évoquer Konflit sans insister sur l’évidente complicité entre les musiciens/chanteurs très à l’aise sur scène, emportés avec enthousiasme par l’évident plaisir à jouer. A se faire plaisir aussi avec sans doute le regret – fort compréhensible par ailleurs – que le temps était décidément trop compté pour donner totalement libre cours à leurs capacités scéniques au cours de cette vitrine musicale.
Quatre talents si différents pour le premier Cercle de la SOCAN en Ontario
1er Cercle de la SOCAN pour le 15eme anniversaire de Réseau Ontario
Reste au final le souvenir d’une série de vitrines musicales aux accents les plus diversifiés, à tous les sens du terme. Avec en guise de “dessert”, une soirée qui devrait laisser un sacré souvenir à celles et ceux qui ont eu la chance de la vivre ! . Et pour cause puisqu’il s’agissait d’un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN : une grande première en terre francophone en Ontario !
Cet événement était présenté dans le cadre de son 15ème anniversaire par Réseau Ontario dirigé par Josée Vaillancourt en collaboration avec l’APCM, la SOCAN et le Centre national des Arts.
Au fait pourquoi un Cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN ? Selon Réseau Ontario, “cette soirée a pour objectif de créer un moment de rencontres et d’échanges uniques entre les artistes qui, à tour de rôle, présenteront quelques compositions de leur cru. Ensemble ils échangeront sur leurs compositions et sur l’instant du moment, ils y contribueront artistiquement en joignant à l’interprétation des chansons. Une soirée inusitée lors de laquelle le public assistera à un moment unique en étant témoin de la chimie qui unira les artistes sur scène”.
Derrière cette présentation que les esprits grincheux qualifieront d’idyllique, il est tout à fait évident que ce premier cercle d’auteurs-compositeurs SOCAN aura marqué le public à la fois silencieux durant les chansons et prises de paroles, et en même temps enthousiaste avec force applaudissements.
Ici par d’artiste tirant la couverture à lui mais une réelle complicité entre les quatre créateurs aux parcours pourtant si différents : Damien Robitaille, le Paysagiste (Davy Poulin), Yves Doyon, et Le R (pseudo d’un artiste né au Bénin, en Afrique de l’Ouest et désormais établi en Ontario.
Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Yves Doyon, Le R et le Paysagiste (Davy Poulin)
Une animation signée Geneviève Toupin, Franco-Manitobaine
Il faut reconnaître que le bon sen pragmatique et la faculté d’adaptation de l’animatrice Geneviève Toupin auront été des atouts majeurs dans la préparation et le bon déroulement de cette rencontre à quatre talents. Oi plutôt à cinq puisque la Franco-Manitobaine s’est transformée en pianiste au gré des chansons. De quoi surprendre agréablement le public, en attendant la sortie de son nouvel album francophone pour 2014.
Certes – et cela est tout à fait normal – le site de la SOCAN propose de cette soirée un compte-rendu des plus élogieux : “Une grande complicité régnait entre les auteurs-compositeurs-interprètes qui ont chacun interprété trois de leurs compositions, accompagnant aussi les autres avec un instrument ou en chantant. L’ambiance était décontractée et l’accent mis sur la création et l’origine des chansons. Le public a même eu droit à des primeurs. Ce premier Cercle organisé en Ontario fut donc un franc succès”.
Damien Robitaille et Yves Doyon, aussi décontractés sur scène que dans la vie
Le contenu de ce texte de la SOCAN correspond vraiment à ce qui s’est passé ce soir là dans cet événement saluant le 15ème anniversaire de Réseau Ontario. Cette évidence, elle repose aussi bien sur les réactions de l’assistance que celles des cinq artistes.
Assurément une grande première qui ne demande qu’à être renouvelée au gré d’autres rendez-vous artistiques en Ontario : histoire de mettre en valeur d’autres talents. Non pas pour les confronter entre eux, mais pour susciter des passerelles musicales, voire de vraies complicités amicales entre des créateurs qui n’auraient peut-être jamais eu la (bonne) idée de se retrouver ensemble pour vivre des moments privilégiés en paroles et en musique.
Les membres de la SOCAN ayant participé au premier Cercle des auteurs produit en Ontario. De gauche à droite Yves Doyon, Geneviève Toupin, Damien Robitaille, Le Paysagiste (alias Dayv Poulin) et Le R. (Photo Réseau Ontario)
“Après mes trois premiers mois de présence en terre africaine à Cape Town et avec mon complice, Marc Friederich, ancien restaurateur, établi en Afrique du Sud depuis une vingtaine d’années, nous avons décidé de mettre en projet la création d’une association d’Alsaciens, ici, sur ses terres”.
Oui, une nouvelle association va renforcer sous peu les effectifs de l’Union internationale des Alsaciens présidée par Gérard Staedel.
Et cette bonne nouvelle, elle est signée René Vogel, ancien président-fondateur des associations des Alsaciens d’Autriche, Washington et du Québec, qui précise :
“Aussi , il nous paraissait important de donner le coup d’envoi de ce projet en organisant un 1er évènement ! Un Stammtisch, par exemple, avec des alsaciens résidents à Cape Town ainsi que des personnes ayant un intérêt ou présentant de la curiosité pour notre belle région alsacienne. Bien du monde sera présent à cette grande première : diplomates, chefs d’entreprises, une sénatrice, des amis,… Soit une cinquantaine de personnes ! Elles auront l’occasion de déguster nos spécialités alsaciennes (plats et vins) ainsi que de rencontrer les œuvres et la vie de Tomi Ungerer”.
En attendant cet événement alsacien en Afrique du Sud le 8 novembre, retour sur ces derniers mois d’Autriche en Afrique du Sud via les Etats-Unis avec René Vogel, photographié en ouverture de cet article devant la plus ancienne maison alsacienne de Castroville, la maison Steinbach.
Le nouveau bureau élu des Amis de l’Alsace en Autriche. De gauche à droite Cécile Roehn, Claude Brendel, Elisabeth Monamy, (présidente) Patrick Borras et Yolande Jemiai
“Me voilà, après trois belles années passées en Autriche et en particulier à Vienne, embarqué avec la famille, dans une nouvelle aventure à Cape Town en Afrique du Sud.
Le compte à rebours avait commencé, après le passage de témoin à la nouvelle présidente et son équipe lors de l’assemblée générale “Des Amis de l’Alsace en Autriche”.
Partir ne fut pas aisé et nous n’avons pas résisté à l’idée de fêter ce départ depuis Truchtersheim, mon village natal et familial et depuis Vienne, à l’occasion du Fan Day avec des partenaires exceptionnels au sein de l’association alsacienne, nos amis et collègues de mon épouse.
Fête à Truchtersheim. Ma mère, 91 ans, offre une chanson alsacienne qu’elle reprenait aux retrouvailles familiales festives.
Après le passage d’Albert Weber me transmettant une précieuse documentation sur Castroville, on a organisé une soirée de départ à Truchtersheim, le 31 mai.
Ça s’est passé dans le salon VIP du club de Handball, en la présence de la famille, les amis notamment de l’AVTP, de Robert Walter, d’Isabelle Grussenmeyer, du maire du village, Justin Vogel et bien d’autres personnes.
Le temps des au-revoirs à Vienne lors de la célébration de l’Alsace Fan Day
Une semaine plus tard, Fan Day et Fête de départ à Vienne en la présence de Jeannot et Charlotte Vix, de l’Ambassadrice des USA, du Directeur de l’Institut Français, Philippe Sutter, des amis de Vienne, de la présidente ainsi que les membres des “Amis de l’Alsace en Autriche”. Un très bel après-midi au “Heuriger Wagner” particulièrement animé et dansant.
Amicale ambiance au “Heuriger Wagner
Mon épouse, Allison, étant américaine, nous allons profiter des congés d’été, pour rencontrer non seulement sa famille à Atlanta, mais aussi – pour des raisons évidentes et pour certaines sur invitation – des lieux et des personnages marqués par leur lien avec l’Alsace.
Retrouvailles avec Alain Boy et Caroline Whitman (présidente)
Partis de Vienne, le 21 juin, nous avons atterri à Washington DC et sans attendre avons rejoint l’association des Alsaciens de Washington.
D’où chaleureuses retrouvailles avec mon compère Alain Boy ainsi que Caroline Whitman, la présidente, ainsi que les membres de l’association pour célébrer le Fan Day. Journée chaude mais agréable et sympathique marquée par la présence de la Consule Générale de France, Caroline Monvoisin.
Rencontre avec Virginie Striebel, présidente des Alsaciens de Houston et Valérie Baraban, Consule Générale de France et son équipe
Après une semaine de formation sur “la conduite défensive” formation indispensable pour tous les diplomates et conjoints lors d’un changement affectation, nous faisons escale à Atlanta pour rejoindre Houston au Texas.
Après une visite sur invitation des centres opérationnels de la NASA, nous avons été accueillis par Virginie Striebel, présidente des alsaciens de Houston au Consulat Français et reçu par Valérie Baraban et son équipe.
Cette rencontre nous a permis d’entreprendre une meilleure compréhension et collaboration entre l’association alsacienne de Houston avec le Consulat de France. Et également de prendre en compte la présence de Castroville en tant que promoteur de la culture alsacienne et Française.
1ere église érigée par les pionniers alsaciens de Castroville
Trois heures de route, et nous débarquons à Castroville, nous sommes hébergés à l’Hôtel Hillside, (anciennement hôtel d’Alsace). En soirée nous rejoignons la troupe de danse alsacienne chez Phil qui ont organisé une fête pour notre arrivée.
Une soirée mémorable où l’Alsace était présente à tout moment sauf peut-être pour les hamburgers.
Nous y avons fait connaissance des acteurs majeurs, dont le maire, de la préservation de l’Identité culturelle de cette ville alsacienne de Castroville.
Groupe de danse alsacienne avant de s’installer sur le char du défilé
Le lendemain, 4 juillet, Fête Nationale Américaine, l’association des danseurs folklorique ont défilé en costume alsacien lors de la parade.
Installé sur la plateforme d’un véhicule sur lequel nous avons été conviés, nous avons pu mesurer la popularité de l’Alsace auprès de la population. Un moment inoubliable où j’ai pu bavarder en alsacien avec les plus anciens.
Salutations alsaciennes sur le char lors du défilé
Que de découvertes ! La visite du musée historique, de la première église, des maisons d’époque, la maison Steinbach (photo en ouverture d’article) ainsi que l’ancien couvent.
Des journées assurément inoubliables tant cette ferveur, cet engouement à préserver l’identité alsacienne à Castroville, m’a encore davantage rendu “missionnaire” pour la promotion de notre si belle région.
Peut-être pourrions, sous l’égide de l’Union Internationale des Alsaciens, organiser un voyage à Castroville ? Par exemple à l’occasion du Festival Alsacien fin avril ?
Le groupe de danse sur son char avant la parade du 4 juillet à Castroville
Castroville fut aussi la destination de deux arrières-grandes tantes, Barbara (sœur Héléna) et Salomé Kaiser (Sœur Mary – Sœur Eugénia). Barbara et Salmée étaient les sœurs de Rosalie, mon arrière-grand-mère.
A 13 ans et 15 ans elles ont quitté Truchtersheim et leur ferme familiale pour rejoindre le Texas, en 1883. Debut d’une nouvelle vie : elles sont recrutées comme novice puis religieuse au couvent de Castroville pour devenir enseignante.
Barbara est décédée 8 ans plus tard de “Heimweh”». Quant à Salomé, elle est morte à 95 ans en tant que Mère supérieure du couvent de la Providence de San Antonio.
Salomé Kaiser devenue Soeur Eugénia
Nos avons suivi leurs traces de Castroville jusqu’à San Antonio où elles sont enterrées.
Des textes, des témoignages ont été recueillis abondant au projet d’écriture d’un livre sur leur histoire et du contexte l’immigration alsacienne aux USA à la fin du 19eme siècle.
Avec Carla à Atlanta
Après ces journées émouvantes au Texas, nous avons rejoint la famille de mon épouse à Atlanta, mi-juillet.
Et là, comme à chacune de notre visite familiale, nous avons rendu visite à Carla, 99 ans, alsacienne d’origine, “une malgré elle” qui a rejoint Atlanta avec son mari restaurateur après la deuxième guerre mondiale.
Elle est toute seule dans une petite résidence familiale et nous attend à chacun de notre passage ainsi que celui de Valérie Granzov, présidente de l’association alsacienne de l’Etat de Géorgie. Et, bien sûr, nous bavardons en alsacien pendant des heures. C’est un de ses moments de bonheur. Elle me dit souvent “gall, dù gesch nem vort “, ” Du bleibst bei mir”.
Notre résidence à Cap Town visitée par Nelson Mandela
Mais bon, il fallait partir, le départ pour Cape Town approchant !
Arrivée à Cape Town après de longues heures de voyage, nous nous installons dans cette belle résidence, (statut de mon épouse oblige) avec un environnement exceptionnel.
Avec Marc Friedrich
Et, bien entendu, rencontre avec Marc Friedrich, résidant en Afrique du Sud depuis de nombreuses années. Cet Alsacien a préparé le terrain pour le projet de création d’une association alsacienne à Cape Town. Nos retrouvailles s’annoncent prometteuse en vue de belles perspectives.
Bon maintenant, on ne bouge plus !
Ah oui, dernière chose ! Là je viens de rencontrer le 1er ministre de la Région de Western Cape. Il aurait des ancêtres alsaciens. Et aussi la Consule Générale de France. Elle m’affirme qu’il y aurait un vigneron alsacien installé à Cap Town.
Frédéric Dard, vous connaissez ? Assurément l’un des écrivains francophones majeurs du XXe siècle, avec près de 300 livres vendus de son vivant à plus de 220 millions d’exemplaires. Une œuvre monumentale à deux faces : sombre avec ses romans noirs signés Dard, éclatante et jubilatoire sous le nom de son héros devenu presque son alter ego, le fameux commissaire San-Antonio, dont le style inimitable le situe quelque part – mais tout à fait à part ! – entre Rabelais et Céline.
En témoigne aujourd’hui Le Roman de San-Antonio publié par Fred Hidalgo, sans doute l’auteur le plus légitime pour écrire sur Frédéric Dard, que celui-ci considérait comme un fils (n’est-il pas né l’année même, en 1949 – amusant clin d’œil du destin –, où l’écrivain accouchait de son double ?!) ; un ouvrage en deux tomes et deux époques :
Première époque (1921-1971) : San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra
Seconde époque (1971-2021) : San-Antonio sans alter ego
En somme « le siècle de Frédéric Dard », de sa naissance le 29 juin 1921 à Bourgoin-Jallieu jusqu’à l’année de son centenaire, retracé à travers des entretiens exclusifs, des confidences inédites et nombre d’anecdotes drôles ou émouvantes.
Une biographie ? Bien plus que cela : la résultante passionnante d’une longue complicité affective, malgré un écart de vingt-huit ans, entre les deux Frédo.
Une édition “collector” numérotée
Le livre aurait dû paraître en 2020 pour les 20 ans de la mort, le 6 juin 2000, de « Frédéric Dard dit San-Antonio ».
Mais comme dans un polar à l’intrigue réglée au cordeau, dont Dard avait le secret (Les salauds vont en enfer, Toi le venin, Le bourreau pleure, Quelqu’un marchait sur ma tombe…), un grain de sable inattendu est venu enrayer la machine : l’apparition de la pandémie a décidé l’éditeur à reporter d’un an son programme éditorial… et l’auteur, entre-temps, à enrichir largement son tapuscrit.
Patatras ! À la réception de celui-ci, l’éditeur jette aussitôt l’éponge au motif de «potentiel commercial trop faible pour un volume de cette importance ».
Deux autres éditeurs sont contactés en 2021, qui félicitent l’auteur en long, en large et en travers, s’étonnant de découvrir « autant d’informations, servies par une écriture agréable et simple à lire », tout en déplorant eux aussi, « dans la situation actuelle de l’édition, un lectorat probablement insuffisant ».
Que faire face à cette frilosité du monde éditorial ? se demande Fred Hidalgo. Seule alternative : se résigner à remiser son tapuscrit au placard ou lancer une souscription pour un ouvrage désormais scindé en deux volumes.
Le succès est quasiment immédiat, qui permet la sortie en mai dernier d’une « édition collector » numérotée et réservée à 500 (heureux !) souscripteurs.
Dans l’intervalle, le centenaire de Frédéric Dard avait suscité bien des hommages dans les médias, avec notamment un numéro hors-série du Point sur « Le génial univers de Frédéric Dard : San-Antonio, personnages, langue, philosophie… », multipliant les témoignages d’admiration de personnalités en tout genre.
Mais pas d’Hidalgo (Fred !), malgré une brève annonçant, entre autres livres jugés incontournables, la sortie imminente de San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra, chez l’Archipel : «Un récit biographique sur le créateur de San-Antonio, plein de confidences et de documents inédits. »
Bizarre… N’aurait-il pas été préférable de donner la parole à son auteur, tout aussi qualifié voire davantage que certains « grands noms » mis en avant dans les cent pages de ce numéro spécial ? Frédéric Dard ne le considérait-il pas comme « le premier des fidèles », puis comme « le plus féal de [ses] féaux » dans un livre écrit un an avant sa mort ?!
13 juin 1965. Première rencontre. Photo Dora Hidalgo
Fred Hidalgo a 15 ans quand il découvre San-Antonio dans un tourniquet à l’enseigne du Fleuve Noir, attiré par les couvertures aguichantes (pour l’époque) dessinées par Gourdon.
Cela se passe en 1964 à la Maison de la Presse de Dreux, sa ville natale. Il en achète quatre d’un coup, dont une nouveauté, Bérurier au sérail, et les dévore sans discontinuer. C’est le choc, la révélation d’un ton, d’un style, d’un univers… De là à prendre la décision d’écrire à « Monsieur San-Antonio », aux bons soins de son éditeur, il n’y a qu’un pas franchi sans hésitation par l’adolescent.
« Pour être honnête, écrit-il aujourd’hui, je ne sais plus trop si j’espérais une réponse à ma lettre. En supposant qu’elle fût arrivée à bon port et que l’éditeur l’eût bien transmise (ouverte ou pas ? effectuait-il un tri préalable, les courriers jugés intéressants d’un côté, les autres au panier ?) à son destinataire. Ou si je l’avais écrite comme une vraie bouteille à la mer, sans autre choix que de lui confier, quelque sort qu’on lui réservât (coulée, touchée, délivrée…), la tornade de sentiments qui s’était abattue sur moi en abordant ce continent littéraire inconnu jusqu’alors. »
On imagine sa joie, son émotion – et sa stupéfaction ! – à la réception d’une réponse de l’écrivain, signée San-Antonio, qui se déclare « touché » par les mots de Fred. Une vraie lettre personnalisée : « Je suis ravi que “Bérurier au sérail” vous ait amusé. […] Écrivez-moi à nouveau quand vous aurez lu “L’Histoire de France…” (1) »
En effet, Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.
C’est le début d’un dialogue épistolaire aussi étonnant que régulier entre le lycéen et l’auteur à succès, mais bien loin encore d’être reconnu par l’intelligentsia, à l’exception notable d’un Jean Cocteau ou encore d’un Robert Escarpit, de l’Université de Bordeaux.
Un échange ponctué bientôt par un événement extraordinaire, presque inimaginable : Frédéric Dard prend sa voiture et rend visite à son jeune lecteur, chez ses parents ! Une première rencontre immortalisée le 13 juin 1965 par le Polaroid et la caméra super 8 de Dora, la maman de Fred.
Comment imaginer alors que, près de soixante ans plus tard, l’adolescent devenu journaliste, éditeur et auteur lui-même, nous offrirait cette histoire admirable en partage dans San-Antonio poussa la porte et Frédéric Dard entra… ?!
Le début d’une histoire, en fait, puisque Fred obtient l’accord de l’écrivain pour créer une association dédiée à San-Antonio, puis de lancer sa première aventure de presse avec Le Petit San-Antonien, comme le note Alexandre Clément, un spécialiste de Dard et des « romans et films noirs » (auxquels il consacre un blog) :
« Fred Hidalgo, avec l’amitié de Frédéric Dard, va s’investir dans la création du Club San-Antonio, lointain ancêtre de l’association des Amis de San-Antonio, et il éditera un petit bulletin, Le Petit San-Antonien, marquant ainsi son goût pour le journalisme, métier qu’il exercera par la suite. Cela lui permit sans doute d’assouvir sa volonté de célébrer l’œuvre de Frédéric Dard, mais aussi d’apprendre son futur métier de journaliste et puis de côtoyer le milieu artistique. »
Entre lettres, coups de fil et retrouvailles régulières, un lien fort va s’affirmer entre Dard et Hidalgo.
Très vite, le romancier lui annonce qu’il va lui dédier un de ses prochains livres, mais l’adolescent lui suggère de le faire plutôt au nom du Club pour valoriser l’action du collectif san-antonien. « Tu es sûr ? » lui demande-t-il. « Oui, ça serait plus utile, ça nous aiderait à le faire connaître… »
Et voilà comment est paru – en mai 1968 ! – Bravo, docteur Béru ! dédié « À mes féaux du Club San-Antonio de Dreux ».
Plus de 800 pages de rires et de larmes
Longtemps après, en 1988, Frédéric Dard remettra les points sur les i en dédiant à son « cher Fred Hidalgo, en souvenir des temps anciens » le San-Antonio inaugurant une nouvelle présentation de la série, Baisse la pression, tu me les gonfles !
Mieux encore, en 1999, dans Ceci est bien une pipe – l’antépénultième San-Antonio –, le héros de la saga interrompt son récit en pleine scène de bagarre pour faire ce constat : « Je connaissais la chanson, paroles et musique, comme dirait mon cher Fred Hidalgo, le plus féal de mes féaux », avant d’écrire ces mots lourds de sens pour les amateurs de l’univers san-antonien, comme pour entériner publiquement quatre décennies d’amitié et de fidélité : « Je le proclame ici Grand Connétable de la San-Antoniaiserie, titre dont il pourra se parer sa vie durant et orner ses pièces d’identité. »
C’est dans cette formidable complicité que le récit s’enracine : « Un seul et même ouvrage, écrivait son auteur dans l’annonce de la souscription, oui, mais en deux tomes : plus de 800 pages de rires et de larmes au total – la moindre des choses quand le Grand Maître de la San-Antoniaiserie en personne vous désigne également dans les siennes comme son “Grand Connétable de la San-Antoniaiserie”. »
Extrait du tapuscrit de “Ceci est bien une pipe”
Mise à l’épreuve du temps, l’amitié de Fred et de Frédéric ne sera pas non plus exempte d’embûches et d’impondérables, jusqu’à des retrouvailles mémorables au retour d’Afrique du premier (après avoir créé le quotidien national du Gabon, L’Union, qui existe toujours) et un appel du pied du second dans un de ses livres, le croyant toujours « quelque part dans les Afriques ».
Fred n’hésite d’ailleurs pas à livrer quelques souvenirs aussi surprenants pour le lecteur que dramatiquement marquants pour lui, dont celui du jour où, à 16 ans, il s’apprêtait à se rendre chez l’écrivain qui l’avait invité à déjeuner, lorsqu’il apprit soudain que « le père de San-Antonio » avait tenté de se suicider la nuit précédente et se trouvait encore entre la vie et la mort…
Mais l’essentiel est là : « Frédéric vous aimait infiniment », lui écrit Françoise Dard, au lendemain du décès de son époux, en juin 2000.
Une disparition qui commotionne la France entière, dans toutes les couches de la société, tant les gens estimaient l’écrivain (« Je ne connais personne qui soit autant aimé que toi », lui soufflera un jour Françoise) et voyaient en ses personnages des compagnons de route qui les faisaient rire… et réfléchir sur la condition humaine. Fred Hidalgo le rappelle dans un chapitre au titre emprunté à l’un de ses romans noirs : Le Cahier d’absence.
Oui, il fallait bien deux tomes pour rendre compte de cet univers foisonnant et du génie protéiforme de l’écrivain, également dramaturge, scénariste, dialoguiste, adaptateur pour le théâtre (Carco, Simenon, Hadley Chase, Stevenson…), metteur en scène (Une gueule comme la mienne…), nouvelliste et même librettiste (la comédie musicale Monsieur Carnaval, musique d’Aznavour, où Georges Guétary créa La Bohème…).
Un premier volume pour la première partie de sa vie et de sa carrière où, malgré un lectorat qui l’adorait, Dard resta « tricard » dans les médias et boudé voire méprisé par les tenants de la « grande littérature ».
Un second pour raconter son ascension au firmament médiatico-littéraire marquée par de grands succès signés San-Antonio (Y a-t-il un Français dans la salle ?, Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ?, La vieille qui marchait dans la mer, etc.), désormais loué sur les plateaux de télé (Chancel, Pivot, etc.), vénéré par des membres de l’Académie française (Alain Decaux, Érik Orsenna, Poirot-Delpech, etc.), disséqué par l’Université (objet de colloques à la Sorbonne et ailleurs), adulé par les chanteurs (Leny Escudero, Nilda Fernandez, Goldman, Juliette, Renaud, Souchon, Tachan…) et même courtisé par François Mitterrand (devenu sous la plume de San-Antonio un personnage récurrent de la saga !).
Après le Club San-Antonio et Le Petit San-Antonien, le jeune Drouais tombé amoureux de San-Antonio deviendra journaliste (2) .
Et il vivra avec sa « chère et tendre » Mauricette (elle aussi lectrice de San-Antonio depuis sa prime adolescence !) au rythme de plusieurs créations de journaux, dont le mensuel Paroles et Musique et la revue Chorus qui ont marqué l’histoire de la presse musicale de l’espace francophone.
7 mars 1997. Photo Mauricette Hidalgo
San-Antonio, la totale !
Autant vous l’avouer : avant de lire ces deux volumes, je n’avais pas beaucoup navigué dans l’univers de San-Antonio, truffé de personnages rabelaisiens, oublieux de toute langue de bois pour mieux adopter celle inventée par leur créateur (plus de 10 000 néologismes recensés par des universitaires dans un dictionnaire très sérieux). Et pourtant, j’ai dévoré sans retenue, soir après soir, voire nuit après nuit, ce récit à deux voix et quatre mains.
On y découvre ou revisite, c’est selon, le parcours de « l’auteur de Bourgoin-Jallieu », sa ville natale, à Saint-Chef en Dauphiné où il vécut enfant et repose à présent, en passant par Les Mureaux où il inventa San-Antonio, restant longtemps écartelé entre ses Dard, à l’écriture sobre et incisive, et le style luxuriant de la saga, foisonnante de personnages hauts en couleur. Fred s’amuse d’ailleurs à les passer tour à tour en revue : Bérurier, Pinaud, Berthe, Marie-Marie, le Dabe, Monsieur Félix, Jérémie Blanc, Salami (« le chien qui pense » !)…
Outre la tendre Félicie, la « brave femme de mère » de San-Antonio ; celui-ci aussi, bien sûr, auto-affublé de multiples surnoms dérisoires, car la différence entre un héros ordinaire de polars et San-Antonio, qui ne se prend jamais au sérieux, c’est son autodérision permanente. Et le lecteur de faire chorus !
Le Roman de San-Antonio, beaucoup plus qu’un recueil de souvenirs, c’est la totale sur l’immense écrivain lyonnais. Sur son blog, Alexandre Clément exprime bien mon propre ressenti :
« Comme on le comprend, l’ouvrage de Fred Hidalgo ne se réduit pas à un genre singulier, ce n’est pas une biographie plus ou moins autorisée de Frédéric Dard. Il revisite à la fois la biographie de Frédéric Dard et son œuvre, la mettant en perspective avec sa propre existence et l’époque, disons celle qui va du milieu des années soixante au milieu des années quatre-vingt. Il y a beaucoup de nostalgie dans la démarche, comme si San-Antonio, malgré sa mélancolie, ne pouvait appartenir qu’à une période heureuse qui n’existe plus ».
En prime, un cahier de photos exclusives (dont celles de la fameuse première rencontre !) et de très riches annexes, dont près de 40 pages de repères chronologiques détaillés année après année – une première ! – et une présentation minutieuse de l’œuvre intégrale de Frédéric Dard classée en trois chapitres : bibliographie, théâtre, cinéma et télévision (avec leurs dérivés et compléments audiovisuels).
S’y ajoutent encore une partie de la correspondance de l’écrivain à son « féal », ainsi que des documents d’archives du Club San-Antonio, où l’on retrouve par exemple des dédicaces de ses membres nommés Gérard Barray, Jean Richard, Paul Préboist – qui en furent les parrains et l’incarnation à deux reprises du trio san-antonien à l’écran – et puis Raymond Devos, Pierre Doris, Gilles Dreu, Philippe Nicaud, etc., sans oublier Patrice Dard, par ailleurs très présent dans l’ouvrage.
« Fred Hidalgo a réalisé la première biographie magistrale de Frédéric Dard/San-Antonio, écrit Michel Trihoreau sur le site du « quotidien de la chanson » Nos Enchanteurs : un régal pour la pensée honnête ! […]Rien ne manque pour étancher la soif du lecteur. Cet ouvrage est le monument qui manquait au plus insolite des auteurs du XXe siècle. »
La totale, vous disais-je, qu’on dévore avec bonheur… et l’envie constante de découvrir la suite (surtout entre les deux tomes, l’auteur ayant ménagé un suspense bien inattendu).
Cali, Aznavour, Juliette, Souchon : 4 parmi des millions de lecteurs
“Il truffait ses livres de citations de chansons”
Ah ! la chanson… Impossible qu’elle soit absente de cet ouvrage.
Un chapitre du tome 2 lui est même spécialement dédié en grande partie sous le titre « La goualante de San-Antonio ». «La chanson, il en fut question entre nous dès nos premières rencontres, d’autant plus qu’il truffait ses livres de citations. Au début des années 80, il s’abonna spontanément à “Paroles et Musique” (aujourd’hui je regrette de n’avoir pas encadré son chèque, mais on galérait trop, en toute indépendance, pour se priver du moindre abonnement…), puis en offrit un spécialement à sa fille Joséphine, et rebelote en 1992 avec “Chorus”, raconte l’auteur avec force anecdotes, dans “San-Antonio connait la chanson” sur son blog “Si ça vous chante”.
Et maintenant ?
Après avoir dégusté, savouré, ces deux volumes, m’en être régalé alors que je ne connaissais pourtant pas bien le monde de San-Antonio, je ne comprends pas qu’aucun éditeur sérieux ne se soit encore emparé de ce nouvel ouvrage de Fred Hidalgo, après Jean-Jacques Goldman confidentiel (2016) et Jacques Brel, le voyage au bout de la vie (2018), salués par la critique et le public.
Pourquoi aucun grand éditeur ne s’est-il empressé de s’en emparer ?!
«Ces réactions ne m’étonnent pas, a écrit Daniel Sirach, président de l’association des Amis de San-Antonio, créée une trentaine d’années après le Club San-Antonio, à Fred Hidalgo :
« Pour tous les amoureux de Frédéric Dard, ce livre n’est pas qu’une référence, c’est LA référence ! Bien bêtes sont les éditeurs et ceux qui ne l’ont pas commandé… Tous les fans de San-Antonio rêvent d’avoir vécu ta rencontre… Mais grâce à ton talent littéraire et de conteur (tu as eu de bonnes lectures !), tu nous permets de la vivre à notre tour : c’est le plus beau cadeau que tu pouvais faire aux amis de San-Antonio. Donc, merci ! »
Comment comprendre en effet que l’édition accorde si peu de crédit à l’intelligence des libraires et des lecteurs potentiels ?
La baisse, hélas constante en France, des amoureux des livres suffit-elle à l’expliquer ?
À moins que ses responsables (souvent soumis aux mêmes consignes commerciales, du fait du rachat des maisons d’édition autrefois indépendantes par des groupes tentaculaires) n’estiment qu’un livre sur Frédéric Dard dit San-Antonio – aussi réussi et passionnant soit-il – n’aurait pas droit en 2022 au chapitre médiatique, rabougri par le politiquement correct ?
Qu’en penserait l’intéressé, dont chaque San-Antonio tirait d’emblée à 600 000 exemplaires ?! Deux ou trois plus de ventes que pour un prix Goncourt…
Une chose est sûre : tel quel, tel que les circonstances ont permis à Fred Hidalgo de concevoir l’ouvrage (sa première mouture s’arrêtait à la mort de l’écrivain), il constitue avec ses deux volumes un ensemble indissociable et définitif : Le Roman de San-Antonio aurait pu être sous-titré Le Siècle de Frédéric Dard.
Tout y est, oui, sur l’homme et son œuvre, sans la moindre zone d’ombre ni omission, jusqu’à la perception qu’on en a aujourd’hui.
Avec la question qu’on peut légitimement se poser… et qu’Hidalgo n’a pas manqué de poser à l’ancien éditeur, agent et ami de Dard, Albert Benloulou, ainsi qu’à son fils Patrice, écrivain lui-même (et auteur, à la demande de Françoise Dard, des « Nouvelles aventures de San-Antonio » chez Fayard entre 2002 et 2016) : Frédéric Dard, « en cette époque si peu épique, tristounette, castratrice et révisionniste où l’humour, autre que potache, incolore, inodore et insipide, dénué d’audace, ne court plus guère les rues », pourrait-il continuer à écrire ses San-Antonio de la même manière ?
Sans restreindre sa liberté d’expression, lui qui en repoussait sans cesse les limites, mais jamais pour le pire, toujours pour le meilleur et pour le rire, malgré un pessimisme foncier.
La réponse dans San-Antonio sans alter ego… pourvu qu’on puisse le trouver en librairie !
Pour paraphraser le titre d’un de ses grands livres (porté à l’écran par Jean-Pierre Mocky) : y a-t-il un éditeur dans la salle ?
Albert Weber
‘Photos collection Fred Hidalgo)
1. Fred venait d’apprendre l’existence de ce premier hors-série, L’Histoire de France vue par San-Antonio (il y aura ensuite Le Standinge selon Bérurier, Béru et ces dames, Les Vacances de Bérurier, Les Con, etc.), qu’il avait aussitôt commandé.
2. Éditeur également d’ouvrages sur la chanson francophone, créant son propre label (Nougaro, Trenet…) ou en coédition avec Robert Laffont (Cabrel, Coluche, Julien Clerc, Ferré, Renaud…), Anne Carrière (Brel), Fixot (Brassens, Hallyday), puis Fayard (Aznavour, Balavoine, Barbara, Ferrat, Gainsbourg, Moustaki, Thiéfaine, Vigneault… ou encore les beaux-livres Brel-Brassens-Ferré, trois hommes dans un salon et Cabrel-Goldman-Simon-Souchon, les chansonniers de la table ronde).
- “San-Antonio / Frédéric Dard”, le groupe de référence sur les réseaux sociaux (près de 12 000 membres”.
“Quante ma mort viendra” : dernier titre du 33 T CAFRINE, 1978
Voilà c’est fait.
De l’ami Jacques, il nous reste désormais ses chansons, ses livres, ses photos, des extraits de spectacle en vidéo sur internet, tant d’articles qui lui ont été consacré.
Et surtout d’innombrables souvenirs, anecdotes, fous-rires et confidences partagés avec lui entre Ile de la Réunion, Madagascar, Paris et Alsace.
Avec Frère Jacques, c’est une histoire d’amitié, de fraternité, de complicité de plus de 40 ans qui vient de se terminer. Elle aura débuté en septembre 1980, lors d’un reportage pour le Quotidien de la Réunion où je venais de débuter.
Pas question de vous submerger ici de dates, chiffres et autres infos sur cet auteur-compositeur-interprète, comédien, créateur de comédie musicale, auteur (romans pour enfants, ouvrages de vulgarisation scientifique, etc), magicien, clown, ventriloque … (notamment pour MAGEV (Magie pour les enfants éprouvés par la vie) … et la liste n’est évidemment pas exhaustive.
Carrière, discographie, bibliographie, … Pour tout savoir ou presque sur Jacques Poustis, c’est simple : allez donc sur sa page Wikipédia.
Plutôt que de me lancer dans un long texte, je vais suivre l’exemple de l’ami Fred Hidalgo qui s’est exprimé sur Facebook, préférant publier photos et documents que de s’épancher avec des mots. A l’annonce de son décès, j’ai passé en revue tout ce qui y avait été archivé depuis des décennies dans un gros carton d’archives consacré à Jacques Poustis. Et j’ai décidé d’en scanner divers articles, photos, flyers.
Ici pas d’article comme il en a été publié depuis son décès. Articles à découvrir en bas de page via une liste de liens.
Donc pas de parcours de vie exhaustif …
mais un album souvenir pour celles et ceux qui ont été proches de Jacques Poustis … sa famille, ses enfants et petits-enfants, ses amis vivant à la Réunion et ailleurs. Et bien sûr celles et ceux qui l’ont vu en spectacle à la Réunion, à Paris et en province et ailleurs dans le monde, notamment sous l’égide de l’Alliance Française.
Jacques Poustis est décédé d’une crise cardiaque dimanche 24 avril 2022 à 18 heures, chez lui à la Réunion, dans l’ancienne école primaire de Fleurimont transformée en si accueillant lieu de vie.
Il y vivait depuis 1990 avec son épouse, l’artiste réunionnaise Patricia Tatel, connue sous son nom de scène TatiPat en tant qu’auteure-compositrice de chansons pour enfants ; spectacles de marionnettes … Et aussi comédienne dans “Zoubête lo fim” , long-métrage de Jean-Marc Seguin, et membre de l’association Bistrac créée par Roland Fontaine et Jacques Poustis.
UN ALBUM POUR SE SOUVENIR DE JACQUES POUSTIS SUR SCÈNE ET (SURTOUT) DANS LA VIE
1984. Photo prise par Jean-Yves Kee-Soon chez Jacques Poustis lors de ma première rencontre avec Fred Hidalgo.
Photos de Fred Hidalgo prises chez lui lors d’une soirée réunissant Jacques Poustis et le chanteur uruguayen Daniel Viglietti (1939 -2017).
“Ma chanson” est un texte de Jacques Poustis écrit en 1985. En 1991, il est publié par Fred Hidalgo dans l’avant-propos de son lire “PUTAIN DE CHANSON’.
Chanson enregistrée sur le 33 Tours “LE COURS DE MA VIE” et, comme indiqué sur la pochette du disque, dédiée à la revue “Paroles et Musique” créée par Fred et Mauricette Hidalgo.
DU CÔTÉ DE “PAROLES ET MUSIQUE” ET “CHORUS”
Chronique dans le 1er numéro de Chorus, automne 1992
EXTRAITS D’UN VOLUMINEUX DOSSIER DE PRESSE …
Revue Artquivi publiée par l’UDIR, Union pour la diffusion du livre réunionnais
COMÉDIEN ET DIALOGUISTE POUR “LE MOUTARDIER”
CHANTEUR, POÈTE, CONTEUR, CLOWN, MAGICIEN, POUR “LES ENFANTS ET LES ADULTES ACCOMPAGNÉS”
Quotidien de la Réunion, 17 décembre 1992
Dernières Nouvelles d’Alsace
1992. Supplément de Noël, Dernières Nouvelles d’Alsace
AVEC GEORGES MOUSTAKI, MAXIME LEFORESTIER, ALLAIN LEPREST, ROMAIN DIDIER, HENRI TACHAN …
1985. Inoubliable soirée sous l’égide du mensuel Paroles et Musique
CITOYEN ENGAGÉ : TRIBUNES LIBRES, COURRIER DES LECTEURS, LETTRES OUVERTES ET PROCÈS
Auteur, compositeur, interprète, chanteur pour adultes et jeune public, conteur, écrivain, magicien, ventriloque, oui bien sûr …
ET AUSSI pourfendeur de la connerie humaine et de l’intolérance via tant de lettres de lecteurs et tribunes libres dont certaines l’ont mené au tribunal …
LETTRE A CHARLIE HEBDO ET RÉPONSE DE RENAUD
1985 : CHANTS FLEURIS ET BARBE D’ADIEU
1ère page du texte de Jacques Poustis lu pour sa soirée d’adieu
45 TOURS, 33 TOURS, CASSETTES, CD …
“J’essaie de mettre dans mes chansons ce que j’appelle du “T.P.H”, c’est à dire de la Tendresse, de la Poésie, et de l’Humour. Je pense que cela fait un ensemble varié mais “qui me ressemble”, ou tout au moins qui ressemble à ce que j’aime”.
De 1985 à 1990, outre nombre de spectacles à Paris et en province, Jacques Poustis tourne beaucoup dans les Alliances Françaises avec son répertoire pour adultes.
Un pseudo pour chanter à Athènes, Georges Moustaki lui ayant dit que “Poustis” est un gros mot en Grèce.
AVEC ROGER SIFFER, PIERRE CHÊNE, CLAIRE, MOISAN
Couverture d’une brochure de 10 pages. Chaque page présentait présentait un artiste (bio, critiques, contact, etc) : Pierre Chêne, Claire, André Dulamb, le groupe Impression, Jean-Pierre Le Gall, Alain Moisan, Gérard Phalippou Jacques Poustis, Roger Siffer.
COMÉDIE MUSICALE ZOUBETE : LIVRE, SPECTACLE, DVD AVEC LES TROIS MOUSTIQUAIRES
“LA PLACE DES SINGES” AVEC ROLAND FONTAINE
Trimestriel “Chorus, les Cahiers de la Chanson”
“UN CLOWN A L’ESPRIT CRITIQUE” : “TU RETIRES LA SCIENCE DE TA CONSCIENCE ET HOP ! TU RESTES CON !”
Fanzine créé par Jacques Poustis
Hé oui, Jacques Poustis était aussi très engagé dans « la lutte contre les croyances de toutes sortes (pseudo-sciences, paranormal, sorcellerie, sectes et religions…)”.
Et cela lui valut « parfois quelques belles inimitiés. On me reproche mon matérialisme et mon rationalisme obtus, on me traite de “meurtrier du rêve”, de “tueur de merveilleux”, de “briseur d’imaginaire”. Il en longuement question sur les sites
L’exposition “Science et pseudo-sciences” créée par Jacques Poustis a été recommandée par Georges CHARPAK, Prix Nobel de Physique.
Jacques POUSTIS y parle “des influences conjuguées de médias sensationnalistes, de gourous déifiés, de charlatans sans scrupules ou d’illuminés sincères. L’accent est mis sur les dangers de dérives sectaires, d’escroqueries cyniques, et de cafouillages intellectuels où se confondent, sans discernement et dans un joyeux désordre, l’indispensable rêve et l’incontournable réalité”.
Il lui est même arrivé de s’exprimer au nom du M.A.L.O.L. (Mouvement d’Aide à la Lutte contre l’Obscurantisme Latent) dont il était le créateur…
On appréciera le clin d’œil à la langue réunionnaise avec ce fameux mot créole MALOL synonyme du chassie … vous savez cette désagréable matière gluante s’accumulant sur le bord des paupières, et qui vous empêche de bien voir et comprendre ce qui passe autour de vous !
DESSINER, ENCORE ET ENCORE …
Chanson dédiée à Jeanne Brezé, poétesse réunionnaise (1961-2019)
Dessins d’un article sur Danyel Waro, Chorus, juin 2001
PLUS DE 40 ANS DE COMPLICITÉ
Souvenir de tournée à Madagascar. Ce jour-là j’avais convaincu Jacques de m’accompagner à la visite d’un élevage de crocodiles.
Photo de Jean-Yves Kee-Soon reprise dans un magazine réunionnais
Repose en paix Frère Jacques, tu l’as bien mérité.
Albert WEBER
“L’ami Jacques s’en est allé. Artiste aux multiples talents, Jacques Poustis a ouvert des horizons magiques à la littérature réunionnaise pour enfants et enchanté le cœur des petits Réunionnais.
Il a mis sa joie, son humour, l’énergie de toute une vie au service du bonheur des autres et rendu le Monde meilleur en défendant avec conviction les valeurs progressistes de partage et de respect. A ses enfants que je connais et que j’aime, à tous ses proches, je présente mes condoléances attristées.”
Huguette Bello, Présidente de la Région Réunion
ENVIE D’EN SAVOIR PLUS ?
Nombre de médias réunionnais ont parlé de la disparition de Jacques Poustis. On trouve aussi divers extraits de spectacles sur internet d’où cette liste de liens nullement exhaustive !
N’en déplaise aux pessimistes et autres oiseaux de mauvais augure. Il y a toujours du nouveau dans la chanson alsacienne …
Et en ce début d’année les bonnes nouvelles proviennent de la vallée de la Bruche avec “A wort em hàls”, album de 7 titres aux accents rock, blues et ballade signés Jaki Koehler. Assurément une grande première pour cet auteur-compositeur-interprète.
“Enfant j’ai toujours parlé l’alsacien avec ma famille” me confie celui qui est bien connu depuis plus de 30 ans dans le milieu musical en Alsace.
“Derrière ma batterie dans les années 80, j’ai joué dans plusieurs formations de jazz et de blues, et ai aussi accompagné la revue du Barabli et Roger Siffer. J’ai monté mon 1er studio d’enregistrement dans les années 90 et produit plusieurs albums dont Marcel Loeffler, Dédé Flick, Remes un Sini Band, etc. Plus tard j’ai produit 5 albums pour la chanteuse américaine Lisa Doby dans un registre soul /rock, albums sur lesquels l’on peut retrouver une dizaine de musiques que j’ai composé pour elle”.
MAQUETTES EN SOLO PUIS ENREGISTREMENT AVEC PLUSIEURS MUSICIENS
C’est durant ces années-là que Jaki Koehler apprend à utiliser d’autres instruments dont les claviers et les guitares “pour communiquer avec les musiciens avec qui je travaillais”. Mais de là à se lancer en tant qu’auteur, compositeur et interprète dans sa langue maternelle il y a un pas à franchir. Le déclic a lieu voici près de quatre ans, à l’occasion des 60 ans d’un ami.
“J’ai écrit une première chanson en alsacien à cette occasion, puis une deuxième pour un autre anniversaire … J’ai pris beaucoup de plaisir à essayer de faire sonner l’alsacien et de le phraser comme le ferait un songwriter anglo-saxon, car ça aussi c’est ma culture”.
Hé oui, tel est le point de départ de cette aventure discographique enracinée dans une bonne demi-douzaine de chansons écrites et enregistrées durant l’hiver 2019-2020.
La 1ère étape sera consacrée aux maquettes réalisées en solo.
“Puis, j’ai invité plusieurs amis musiciens : Aurel King (guitare électrique) Jérôme Spieldenner (batterie) et Bernhardt Ebster (contrebasse) à élaborer et rejouer certaines parties. J’y joue de la guitare acoustique, électrique, des batterie, percussions et la basse et quelques pistes de claviers.
Au final j’ai souvent repris les pistes enregistrées moi-même, malgré les imperfections : j’y trouvais un caractère d’urgence qui collait aux chansons. J’ai réalisé le mixage dans la foulée”.
« LE CALME DE L’HIVER EST PROPICE À L’EXPLORATION DE NOUVELLES PISTES MUSICALES »
Ces chansons dormiront plusieurs mois sur un disque dur à Poutay, près de Plaine et quelques amis proches les écouteront.
Mais il faut bien le reconnaître, Jaki Koehler n’assume pas d’emblée cette casquette de singer/liedermacher. Et pourquoi donc ?
“Autant cela m’a amusé de réaliser les chansons, je ne me voyais pas les rendre publiques, pas assez bon, trop personnel … Et quand on me demandait quand j’allais les jouer live, l’angoisse m’a fait ranger ce projet aux oubliettes “.
L’histoire ne s’arrête pas là et pour cause puisque ces 7 chansons sont désormais disponibles.
“J’aime passer du temps au studio avec mes instruments, et le calme de l’hiver est pour moi propice à l’exploration de nouvelle pistes musicales. Puis je me suis dit : à quoi bon ? refaire des chansons ? pour les ranger au placard ? Du coup j’ai décidé de libérer ces quelques titres enregistrés il y 2 ans, tels quels sans retouches, ni mastering… Au moins ces 7 chansons-là ne vont pas hanter pas les prochaines journées d’hiver ! “.
Pascal Frank, directeur des programmes de Fréquence Verte, avec Jaki Koehler et Antoine Jacob
Ces chansons ont retenu l’attention d’Antoine Jacob, animateur de “Lieder un Gedìchtle, e Elsassichi Sendung, fer eich un mìt eich” : une émission consacrée à la chanson et la poésie en alsacien et aussi en platt et en badois.
Soit près d’une heure entièrement en alsacien avec interview Jaki Koehler et programmation de plusieurs extraits de l’album “A Wort Em Hàls”.
A écouter dimanche 23 janvier de 10 h à 11 h sur Fréquence Verte et à retrouver ICI en podcast.
« J’AIME TROUVER LES MOTS EN ALSACIEN QUI COLLENT A LA MUSICALITÉ »
“Geh Us De Luft”, “Unterem Debbi”, “Am Kleine Weyer”, “Du Besch”, “Di Plakate Sen A Schand”, “Mer Redde Nem Davon”, “Angelo” : l’écoute attentive de ces titres réserve bien des surprises pour qui aime la langue alsacienne, la richesse de ses expressions, la subtilité des doubles sens.
Dans « Geh Us De Luft », Jaki Koehler se met dans la peau d’un personnage fictif (ou peut-être pas !) en évoquant cette personne que nous connaissons tous dans notre entourage. Vous savez bien, celui qui vous énerve chaque fois que vous le voyez ou l’entendez.
“Unterem Debbi” parle des faux semblants que l’on entretient et qui peuvent engendrer des ragots. D’où l’importance de faire le tri, histoire d’y voir plus clair et de ne surtout pas oublier de s’amuser !
« Am kleine Weyer », c’est une ballade sur le temps tranquille, envie et besoin d’une pause. D’une escale dans la nature, dans l’attente sous les sapins rouge, et le souhait de laisser les animaux boire tranquille à l’étang. Une chanson qui me fait penser à “La maison près de la fontaine” de l’inoubliable Nino Ferrer. Sans doute ma préférée … disons à égalité avec “Di Plakate Sen A Schand”.
Autre titre : “Du besch”, « Je me suis inspiré de “The Golden State”, un titre de de John Doe. J’ai organisé quelques concerts de John il y a une dizaine d’année et cette chanson m’est restée … Je l’ai adaptée en Alsacien sur un tempo bien plus lent, et d’autres accords ». Une chanson à savourer à divers registres : elle peut évoquer l’amour, l’amitié, la filiation, les complicités entre deux êtres, des liens invisibles aux autres.
Une autre chanson est dédiée à son père. Son titre rappelle évidemment le titre de la fameuse pièce de théâtre de Germain Muller “Enfin… redde m’r nimm devun !”». Peut-être le texte le plus personnel…
“Di Plakate Sen A Schand”, assurément le titre le plus percutant fait allusion à de mauvais souvenirs. “Il y a quelques années les murs de Schirmeck étaient recouverts des affiches de campagne de Marine LePen et consorts … D’où cette chanson où je parle d’un certain discours extrémiste, et d’affiches qui m’emmerdent et polluent le paysage… D’autant plus que les affiches de notre Festival Poutay Jazz & Blues étaient recouvertes toutes les nuits !”.
Quant à “Angelo”, c’est la seule chanson dans laquelle intervient Lisa Doby, dans les chœurs. Un intense hommage à un “frère de musique” disparu trop tôt, en 2018 : Angelo Mannarelli : un guitariste/chanteur de blues, avec qui Jaki Koehler jouait dans le groupe Blue Lagoon dans les années 80.
“J’aime trouver les mots en alsacien qui s’assemblent en musicalité” souligne Jaki Koehler, aux chansons enracinées dans des sources d’inspiration variées.
Pas de doute, c’est avec brio que le créateur de la web radioWe Bruche franchit une nouvelle étape, en s’affirmant avec fierté comme auteur-compositeur-interprète dans sa langue maternelle. A suivre, en attendant des concerts….
Albert Weber
“A Wort Em Hàls” est disponible par la poste (15 € + frais de port) et à La Cavine à Poutay.
Et à partir du 4 février en téléchargement et en streaming sur toutes les plateformes.
Un sujet plus que jamais d’actualité comme l’aura confirmé avec conviction et sans langue de bois l’éditeur musical Laurent Balandras, auteur du livre sur “l’anatomie d’un scandale / chronique d’un blasphème républicain sur fond d’antisémitisme”.
Pas de doute ! Elle en aura fait du bruit, cette Marseillaise version reggae interprétée par Gainsbourg sous le titre «Aux armes et cætera».
De quoi provoquer une vague, que dis-je un tsunami de réactions. A commencer par un édito du très conservateur Michel Droit dans Le Figaro Magazine du 1er juin 1979.
De quoi mettre le feu aux poudres en attaquant Gainsbourg en tant que juif.
Hé oui, un des atouts de cette conférence de près d’une heure aura été de bien situer “La Marseillaise de Gainsbourg” dans le contexte de son époque.
Une contextualisation qui a eu le mérite de bien faire comprendre à l’assistance ce qui s’est vraiment passé durant la polémique et aussi par la suite dans sa vie quotidienne souvent plus Gainsbarre que Gainsbourg.
Laurent Balandras ne s’est pas contenté de présenter des faits.
Il les a illustrés par des photos, couvertures de revue et extraits de journaux télévisés extrêmement révélateurs de l’ambiance survoltée et malsaine suscitée par cette Marseillaise et subie par son créateur.
Dont, évidemment, la “soirée mouvementée” au Hall Rhénus à Strasbourg : Gainsbourg chantant l’hymne national a capella, face à une salle surchauffée avec active présence de parachutistes et autres manifestants.
La fameuse photo de Christian Lutz-Sorg, emporté par le cancer dans sa 63eme année le 8 décembre.
Autres images/séquences symboliques mises en évidence par Laurent Balandras : la vente aux enchères du manuscrit acheté par Gainsbourg, quittant la salle sous les huées d’une partie de l’assistance.
En effet c’est à Versailles, en décembre 1981, que Serge Gainsbourg décide de s’offrir le manuscrit autographe signé de la Marseillaise par Claude Rouget de Lisle. Ce manuscrit n’était pas l’original mais une réécriture “au propre” de l’hymne, datée du 7 août 1833 et accompagné d’un envoi ironique à Luigi Chérubini (“Je vous adresse une de mes vieilles sornettes…”).
Gainsbourg fut l’acquéreur pour la somme de 130.000 francs (ce qui d’après le convertisseur francs-euros de l’Insee – qui prend en compte l’évolution inflationniste) équivaudrait aujourd’hui en 2019 à la somme de 63.000 € (hors frais de vente). “J’étais prêt à monter jusqu’à 1 million de francs” déclarait l’auteur-compositeur à la sortie de la salle. (sources BLOG LETTRE AUTOGRAPHE)
Un des moments les plus intenses de la conférence de Laurent Balandras aura été l’évocation des nombreux messages insultants/ antisémites/racistes provoqués par l’émission de Jean-François Kahn consacrant à la Marseillaise de Gainsbourg son émission sur France-Inter dédiée à la chanson.
S’y ajoute aussi les considérations … disons plutôt le torrent d’injures toutes aussi malsaines déversées par le journaliste Dominique Jamet.
Parmi les nombreuses photos projetées par Laurent Balandras figurent deux couvertures de Hara-Kiri présentées au MAMCS dont celle-ci :
Cette photo, je l’ai publiée sur ma page Facebook le 21 novembre en l’accompagnant d’une autre couverture de “Hara-Kiri” parue en août 1979 avec une photo-choc : en l’occurrence la mise en scène du meurtre du chanteur sous le titre “La Marseillaise vengée”.
La mise en ligne de cette seconde reproduction d’une couverture de “Hara-Kiri” a suscité une réaction immédiate de Facebook : un message d’avertissement retirant cette photo pour cause de nudité. Et dire que cette couverture de Hara Kiri censurée est évidemment bien visible au MAMCS où l’expo sur la Marseillaise est présentée ‘Sous le haut patronage de Monsieur Emmanuel Macron Président de la République”.
J’ai évidemment envoyé une lettre contestant la réaction de Facebook.
Dans le même registre, vous savez sans doute que les fameux algorithmes ont récemment censuré le tableau symbolisant l’exposition de Jean-Jacques Henner. Ce tableau illustre la couverture d’un hors-série des Saisons d’Alsace entièrement consacré à ce peintre.
Cette censure de la couverture de “Hara-Kiri”, j’en ai évidemment parlé à Laurent Balandras ainsi que Monique Fuchs, Conservateur en chef du musée Historique et Commissaire de l’exposition La Marseillaise. Et aussi, avant d’entrer dans le MAMCS, à Denis Leonhardt, un des fondateurs des Weepers Circus.
OÙ EST PASSÉ ROUGET DE LISLE …
Un mot enfin sur la formidable expo sur la Marseillaise, histoire de ne pas passer sous silence deux regrets, deux absences : Rouget de Lisle et Graeme Allwright.
Pas de précisions, pas de panneau consacré à ce fameux Rouget de Lisle (1760-1836) qui faillit être guillotiné durant la Révolution. Étrange personnage aux multiples facettes : une girouette “évoluant” au gré des événements de l’Histoire de France.
En témoigne “Rouget de Lisle inconnu” de Maurice de La Fuye (Librairie Hachette, 1943) : l’ouvrage de cet histoire, je l’ai trouvé chez un bouquiniste de la Place Kleber. De quoi mieux cerner le créateur d’un hymne symbole de révolution et de liberté dans le monde entier et par la suite compositeur de chants en hommage à la royauté… Des évidences confirmées par la conférence de Laurent Balandras … dont il n’a pas été possible d’acheter et de faire dédicacer le livre, vu la fermeture de la boutique du MAMCS après sa conférence.
ET LA MARSEILLAISE FRATERNELLE DE GRAEME ALLWRIGHT ?
Et pour finir, aucune référence /évocation/allusion dans cette exposition à la Marseillaise humaniste /fraternelle de Graeme Allwright qui la chantait à chaque concert.
Oui je sais bien que l’hymne national a suscité tant de versions/transformations au fil des siècles, et il en est bien question sur divers panneaux, textes à l’appui.
Mais bon, dans le cas de Graeme, il ne s’agissait pas d’une parodie mais bel et bel d’une démarche militante.
Une vidéo qui aurait évidemment sa place dans cette exposition mettant en valeur en textes, photos, vidéos, etc tant de créations suscitées par la Marseillaise.
EXPOSITION A DÉCOUVRIR JUSQU’AU 20 FÉVRIER
Exception faite de ces trois regrets, je vous incite VIVEMENT à vous rendre au MAMCS. J’ai eu la chance de participer à la visite destinée aux médias : elle aura duré une heure et demie, et je peux vous dire qu’elle a eu lieu sans temps mort et presqu’au pas de course, comme je l’ai rappelé à Monique Fuchs.
D’abord conçue comme chant de guerre pour l’Armée du Rhin à Strasbourg en 1792 avant de devenir l’hymne national français en 1879, La Marseillaise est un chant révolutionnaire qui a connu plusieurs postérités. D’abord conçue comme chant de guerre pour l’Armée du Rhin à Strasbourg en 1792 avant de devenir l’hymne national français en 1879, La Marseillaise est un chant révolutionnaire qui a connu plusieurs postérités.
L’expo du MAMCS met en relief “les multiples rôles de ce chant qui résonne lorsque la patrie ou les droits de l’homme sont en danger”. Elle s’organise autour de trois axes majeurs :
l’année de la composition de La Marseillaise (1792)
sa diffusion comme chant de guerre, refrain révolutionnaire et hymne national
son rôle patrimonial en France et à l’étranger.
Déjà présentée au Musée de la Révolution française à Vizille, du 25 juin au 4 octobre, elle l’est au MAMCS depuis le 5 novembre 2021 et jusqu’au 20 février. Puis ce sera au tour du Musée d’histoire de Marseille du 18 mars au 3 juillet 2022.
Article dédié à Christian Lutz-Sorg, emporté par le cancer dans sa 63eme année le 8 décembre. Il est l’auteur de la fameuse photo de Gainsbourg à Strasbourg face aux paras.